EN ATTENDANT L’ANNÉE DERNIÈRE (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
En 2055, la Terre est la proie d’une guerre interminable contre les Reegs, sorte d’insectes extra-terrestres. Elle s’est alliée avec les Lilistariens, autres extra-sterrestres, aussi exigeants qu’encombrants pour ne pas dire envahissants et totalitaires. Le secrétaire des Nations Unies, Gino Molinaro, essaie par tous les moyens de préserver les intérêts des Terriens. Il ménage la chèvre et le chou, tente tous les subterfuges possibles et imaginables. Mais il est hypochondriaque, dispose de plusieurs existences et intervient dans diverses dimensions… Eric Sweetscent est un médecin spécialisé dans les transplantations d’organes. Il travaille pour une société spécialisée, la FCT dont le patron Vigil Ackerman est un sorte de vieux fossile qui n’a plus aucun organe d’origine et qui n’est pas loin de devenir immortel. Eric va devenir le médecin privé de Molinaro, ce qui va lui amener bien des déboires sans oublier ceux créés par sa femme Kathy. Le couple ne se supporte plus. Et tout arrive à un paroxysme quand Kathy se met à prendre du J-J 180, drogue hallucinogène particulièrement addictive qui peut provoquer de graves séquelles physiques et psychiques voire amener à la mort. Comme cette substance est sans goût, sans odeur et sans saveur, elle réussit à en faire prendre à son insu à Eric qui n’aura de cesse de chercher à se désintoxiquer…
Ma critique
« En attendant l’année dernière » est un roman de science-fiction un brin alambiqué ne comportant que peu de personnages et une intrigue assez simple pour ne pas dire simpliste. Philip K. Dick en profite pour développer les problèmes de couple (« Je t’aime, moi non plus ») avec une fin assez banale, ainsi que sa vision de l’évolution de la technologie dans les années à venir. Le livre datant des années 60, il est amusant pour le lecteur d’aujourd’hui de constater que certaines choses sont assez conformes (transhumanisme et mondialisme entre autres) et d’autres pas du tout. Le principal intérêt de l’ouvrage se situe à notre avis dans les descriptions d’effets de cette drogue qui fait penser au LSD en dix fois pire avec ses voyages dans le temps, l’espace et dans diverses dimensions. Le style est toujours vivant et agréable à lire, mais l’ensemble laisse quand même l’impression que l’on a pas affaire au meilleur titre du grand auteur américain.
Ma note
3,5/5
QUAND LE DORMEUR S’EVEILLERA (H.G.WELLS)
Le résumé du livre
Isbister, jeune peintre en villégiature à Boscastle, part à pied faire le tour de la baie de Pentargen, quand, au détour d’un chemin, il rencontre un certain Graham qui lui raconte que depuis six jours et six nuits, il n’arrive plus du tout à dormir. Il en devient dépressif et pas très loin du suicide. Il ne veut pas prendre de somnifères. Il a beau s’épuiser à faire du sport, cela n’arrange rien. Il trouve même que l’exercice physique ne fait qu’aggraver les choses en ajoutant de la fatigue physique à la détresse morale. Il lui avoue également vivre en solitaire, sans femme ni enfants. Il s’en faut de peu qu’il ne se décide à sauter de la falaise pour en finir. Peu de temps après, il tombe dans une sorte de catalepsie et n’arrive plus à se réveiller cette fois. Il ne reprendra vraiment conscience que presque trois siècles plus tard dans un monde tout à fait différent, particulièrement étrange, en pleine révolution. La violence, la guerre et l’agitation règnent partout. Un des puissants, Ostrog, lui annonce qu’il est une sorte d’élu, que le peuple le révère et n’attend qu’un mot de lui. Il serait le « Maître » et possèderait une considérable fortune…
Ma critique
« Quand le dormeur s’éveillera » est un roman de science-fiction un brin fantastique datant de 1898, bien écrit et encore intéressant à lire même à notre époque. L’intrigue basée sur une plongée dans un monde troublé et quasi absurde après une interminable durée de sommeil est assez étonnante. La chute est surprenante quoique logique au bout du compte. Le lecteur sera surtout intéressé par les intuitions de Wells sur l’avenir de nos sociétés. Il a la prémonition de la montée des totalitarismes (nazisme, fascisme, communisme), de l’affaiblissement des religions et de la spiritualité au profit de l’individualisme, de l’hédonisme et du culte de l’argent-roi. Il sourira sans doute de l’émerveillement de Wells face aux premières machines volantes et s’étonnera sans doute de découvrir que celui-ci ne voyait d’autre avenir pour l’humanité que dans un gouvernement unique au niveau mondial. À noter de nombreuses réflexions sur la sottise des masses, leur incapacité à s’organiser vraiment, leur propension à se laisser mener, berner, manipuler par des leaders pas forcément recommandables. Mérite le détour bien que ce ne soit pas et de loin le meilleur opus de Wells.
Ma note
3/5
OH VOUS SAVEZ (LUDOVIC SALMON)
Le résumé du livre
Kevin a trompé sa petite amie Elsa à trois reprises. Très fâchée, celle-ci se sépare de lui sur le champ… Les Lovers 2000 sont une catégorie assez particulière d’androïdes. Prévus comme partenaires de sexe ou comme simple personnels de compagnie, ils sont si proches de leurs modèles humains qu’ils en arrivent à éprouver des sentiments et à s’attacher à leurs maîtres au point que ceux-ci les renvoient à l’expéditeur en demandant un échange standard pour un modèle moins sophistiqué. Abandonné dans la nature, l’un d’eux décide un jour de quitter la forêt où il a trouvé refuge en compagnie de quelques autres et de marcher droit devant lui. Il se retrouve dans sa ville d’origine, sous les fenêtres de Kevin, lequel est en train de jeter dans la rue le pendentif préféré d’Elsa…
Ma critique
« Oh vous savez » relève de la science-fiction parodique, foutraque voire déjantée. Le lecteur y trouvera une femme téléportée sur une autre planète, un garagiste rock-star surnommé « Cheval Fougueux » célèbre dans toute la galaxie, excepté sur Terre, un pilote de fusées de courses qui se crashe un peu trop fréquemment et même un banc misanthrope qui parle tout seul. En gros, une histoire sans queue ni tête, sans doute un peu trop écrite au fil de la plume. Bien qu’amusante et facile à lire en raison de nombreux dialogues, cette histoire aurait mérité de bénéficier d’une intrigue plus étoffée. Le plaisir du lecteur reste aussi un peu gâché par un style lourd, assez répétitif (« frapper un sac de frappe »), verbeux à force de vouloir être trop précis (« Il l’attrapa par un de ses bras et la retourna d’un geste brusque pour qu’elle lui fasse face ») et entaché de nombreuses approximations langagières et d’autant de pléonasmes (« voyageur non conducteur »), sans oublier l’omniprésence un brin agaçante du narrateur qui interpelle le lecteur pour lui raconter qu’il va boire un café. On sent que Ludovic Salmon a dû apprécier les films des Monthy Pythons et lire les grands spécialistes anglo-saxons de la fantaisie délirante et de la SF barrée. Mais n’est pas Pratchett, Adams ou Gaiman qui veut. Un premier petit roman bien sympathique, sans nul doute. C’est donc prometteur, mais l’élève va devoir pas mal bosser pour arriver à la cheville des maîtres !
Ma note
3/5
RÉCITS DE SCIENCE-FICTION TOME 2 (J.H.ROSNY-AINE)
Le résumé du livre
Dans un futur très lointain, les peuplades plus ou moins primitives survivant sur Terre doivent subir l’invasion d’étranges créatures, les Xipéhuz. Tels des cyclopes, ils ne disposent que d’un seul œil qui brille comme une étoile dans la nuit. Ils ont entrepris d’exterminer les derniers humains en se servant d’un rayon lancé depuis leur unique orbite faciale. Après de nombreuses tentatives infructueuses de riposte à l’aide de lance-pierres ou d’arcs, Bakhoun, un des chefs de tribus, finit par trouver un moyen de les vaincre. Il imagine un arc amélioré, une sorte d’arquebuse et vise l’œil. Et là les intrus tombent morts, pétrifiés. Un combat sans merci, s’engage alors… Après une catastrophe « nucléaire » provoquant éruptions volcaniques et séismes en grand nombre, les humains survivants se sont regroupés en petites unités dans des oasis de déserts. Mais leur plus gros problème reste le manque d’eau. Ils ne peuvent y pallier qu’en organisant une euthanasie planifiée…Une expédition menée par le capitaine Devreuse aux confins de la Sibérie orientale et de la Chine fait d’étranges découvertes : un tigre géant à dents de sabre, tout droit sorti des temps préhistoriques, puis des peuplades d’Hommes-des-Eaux à la peau verdâtre capables de rester des heures sous l’eau…Sévère et Luce assistent à un étrange phénomène astronomique : l’arrivée de la Roge Aigue, dévorant sur son parcours étoiles et Lune et répandant partout des lueurs rouges d’incendie sans chaleur ni consumation…
Ma critique
« Récits de science-fiction » est un recueil de quatre nouvelles et novellas sur un thème post-apocalyptique pour deux d’entre elles, catastrophique pour une autre et d’aventures fantastiques pour la dernière. Le style est de belle facture, précis et descriptif et les histoires sont étonnamment modernes. Le lecteur découvrira d’ailleurs que Rosny-Aîné fut un visionnaire dans la mesure où il imagina une catastrophe nucléaire à une époque où les recherches en ce domaine n’en étaient qu’aux balbutiements ! Mis à part l’écriture excellente mais datée, ces nouvelles restent d’un grand intérêt ne serait-ce que pour découvrir que la plupart des thèmes de SF ou de fantastique avaient déjà été explorés dès le début de l’autre siècle. Depuis cette époque, les auteurs n’ont fait que broder dessus. Tout comme Jules Verne avec qui il a de nombreux points de convergence, Rosny-Aîné fut un précurseur et un maître du genre ! Le monde se porterait mieux si les puissants écoutaient poètes et romanciers…
Ma note
4/5
RÉCITS DE SCIENCE-FICTION (ROSNY-AÎNE)
Le résumé du livre
En Hollande, dans un milieu plutôt modeste, nait un enfant assez bizarre. Sa peau est presque verdâtre, ses yeux sont étranges et ses membres longs et très fins. En grandissant, ses particularités physiques ne font que s’aggraver. Il devient de plus en plus grand et de plus en plus maigre. Il parle tellement vite et tellement étrangement, il écrit si mal, que personne ne parvient à le comprendre. Il ne distingue pas vraiment les couleurs mais est capable de voir à travers les murs. Il dispose de facultés extraordinaires comme la télépathie. Il est capable également de courir plus vite que les plus rapides des animaux. Et il ne peut rien ingérer d’autre que de l’alcool dilué. Il vit donc solitaire et rejeté par tous. Et à l’âge adulte, il consulte un médecin dans l’espoir de comprendre pourquoi il est si différent de tous ses semblables… L’équipage du « Stellarium », vaisseau spatial français disposant d’une énergie nouvelle, parvient à atteindre la planète Mars et même à s’y poser sans encombre après un voyage spatial de trois mois. Les Terriens y découvrent, en plus d’une absence d’eau et d’atmosphère, toutes sortes de créatures animales bizarres, vaguement zoomorphes, en formes de longues lanières gluantes, de reptiles géants ou de mille-pattes immenses qui les intriguent beaucoup. Ils doivent même utiliser des rayons pour les éloigner. Et l’affaire se corse encore quand ils se retrouvent en présence d’humanoïdes à trois jambes qu’ils baptisent Tripodes…
Ma critique
« Récits de Science-fiction tome 1 » est un recueil comportant quatre nouvelles parues entre 1898 et 1930. Les deux premières sont assez longues (quasiment des novellas) et les deux dernières beaucoup plus courtes. Seule « Les navigateurs de l’infini » peut vraiment être classée dans la catégorie science-fiction pure. Les trois autres relèvent plus du fantastique ou de l’étrange. Écrivain belge francophone, l’auteur, surtout célèbre pour sa fameuse « Guerre du feu », fut aussi l’un des fondateurs de la science-fiction qui fut européenne avant d’être américaine. (Avec entre autres le roman « Xipehuz », datant de 1888). Le lecteur peut trouver un certain plaisir à lire ces textes bien écrits, même s’ils sont marqués d’une certaine naïveté et d’une crédulité sans faille dans le développement perpétuel et bienveillant de la « science ». On notera également une appétence pour les monstres, les créatures horribles et dangereuses paradoxalement couplée avec des amours séraphiques, une sexualité sans contact, par échanges de fluides et même une nutrition par osmose. Ses Martiens sont bienveillants, accueillants et même reconnaissants envers les Terriens pour leur aide. Intéressant pour ceux qui veulent explorer l’enfance de la SF !
Ma note
4/5
DOCTEUR BLOODMONEY (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
Sur la rue principale d’une petite ville de l’Amérique profonde, Fergesson, revendeur de postes de télé, remonte les bretelles à Stuart McConchie, son employé black, à qui il reproche de trop rêvasser, appuyé sur son balai. Il vient aussi d’embaucher un nouveau réparateur, un certain Hoppy Harrington dépourvu de bras et de jambes et se déplaçant dans une caisse à roulettes, mais pourvu de prothèses électroniques lui permettant de très bien se débrouiller. De l’autre côté de la rue, le docteur Stockstill, psychiatre, est en pleine consultation avec un patient qui se présente sous le nom de monsieur Tree et ne supporte plus les regards et les commentaires des gens sur les imperfections de son visage irradié ni sur l’impression qu’ils lisent dans ses pensées. En réalité, il s’appelle Bloodmoney ou Bluthgeld et traine derrière lui l’insupportable culpabilité d’avoir à lui seul déclenché quelques années plus tôt une catastrophe nucléaire qui a renvoyé l’humanité des années en arrière, donné des pouvoirs bizarres à certains individus et fait muter des animaux au point d’en faire parler certains. Si les rescapés mangent parfois du rat et n’ont plus d’électricité, ils arrivent quand même à capter les émissions radios diffusées depuis un satellite bloqué en orbite au-dessus de la terre alors qu’il devait emporter un couple d’astronautes sur Mars pour y établir une colonie.
Ma critique
« Docteur Bloodmoney » est un roman de science-fiction post-apocalytique qui a malheureusement assez mal vieilli. Le lecteur se retrouve à suivre quelques personnages improbables comme cette petite fille qui croit avoir son frère à l’intérieur de son ventre, ce handicapé, victime du drame de la Thalidomide sans aucun doute, qui, d’homme à tout faire bienveillant, se transforme peu à peu en démiurge de plus en plus inquiétant, sans parler de Tree qui croit avoir déclenché la catastrophe finale. Tous ont plus ou moins un grain, mais cela n’est pas le plus gênant. Dès le début, l’histoire est assez longue à se mettre en place. Et après un démarrage plutôt poussif et quelques incidents et tribulations diverses comme la liquidation à distance de Bloodmoney par Hoppy, on se retrouve avec une fin ouverte, sans développement d’une véritable intrigue bien construite, sans retournement, sans chute surprenante, juste avec la vie qui continue presque comme avant dans cette petite rue d’une petite ville pleine de petites gens qui mènent leur petite vie presque comme si rien ne s’était passé. En dehors de quelques trouvailles amusantes ou fulgurances abracadabrantesques de-ci de-là, vraiment pas le meilleur opus du génial Philip K. Dick.
Ma note
3/10
LES CHAINES DE L’AVENIR (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
Irma, Louis, Franck et quatre autres humains doivent vivre reclus dans une bulle boueuse et spongieuse appelée « Le Refuge ». Ils sont considérés comme des mutants supérieurs. Personne ne les oblige à rester là. Mais ils savent que s’ils quittent l’endroit, il leur sera impossible de survivre à l’extérieur car leurs organismes sont trop faibles pour résister aux conditions de vie réelles. Un certain Floyd Jones qui prétend être en train de revivre une année d’une vie qu’il a déjà vécue fait des prédictions devant quelques badauds dans une foire. Il annonce à Cussick, agent des services secrets de la Polsec, la montée au pouvoir du chef du parti nationaliste. Floyd ayant de nombreux disciples et représentant un danger pour le pouvoir est vite jeté en prison. Pourtant, un grave danger menace la Terre, une invasion de « Dériveurs », sortes de protozoaires venus de quelque part dans l’espace, ressemblant à des poulpes ou à des méduses, mous, lents et sans véritable conscience ni consistance, mais terriblement dangereux quand même car capables de limiter les voyages spatiaux.
Ma critique
« Les chaines de l’avenir » est un roman de science-fiction du grand Philip K. Dick, publié en version française en 1976, mais écrit en 1954 et paru aux Etats-Unis en 1956. Le lecteur découvrira une œuvre de jeunesse avec toutes ses faiblesses mais aussi quelque chose de très daté et qui semble mal supporter l’épreuve du temps. À cette époque, le monde venait juste de découvrir avec les bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki, la possibilité pour l’homme de complètement détruire son environnement. Ce fut un épisode charnière pour la science-fiction à l’origine optimiste et faisant une confiance aveugle dans la science et le progrès qui découvrait soudain l’éventualité d’un futur beaucoup moins réjouissant et abandonnait toute naïveté. Dans cet ouvrage, Dick ne se montre visionnaire que pour avoir pressenti la nécessité du transhumanisme. Les humains même entrainés ne pouvant s’adapter aux conditions de vie d’une autre planète, il imagine qu’on pourra améliorer leurs capacités physiques en créant des êtres adaptés dès la conception comme ce bébé au génome trafiqué doté de mains et de pattes palmées ainsi que de narines pouvant se fermer à volonté. En dehors de ça, rien de bien original, juste une intrigue sans grande consistance, des situations assez mal développées et des personnages assez peu intéressants. Pas du tout le meilleur de Dick. Lu juste par curiosité pour la genèse d’une œuvre littéraire foisonnante et hors du commun.
Ma note
2,5/5
L’INVITE DU CIEL (ISAAC ASIMOV)
Le résumé du livre
Âgé de 12 ans, le jeune Jonathan arrive avec sa mère, inspectrice planétaire, sur Anderson 2, dernière conquête de l’humanité qui est peu à peu couverte de végétation grâce à des graines venues de la Terre. Au cours d’une promenade, il découvre une étrange créature, une sorte d’énorme roue mécanique qui s’approche d’un homme roux armé de cartouches de dynamite, prêt à faire exploser la chose. Jonathan tente de l’en dissuader. La roue se met à briller de mille feux et à lancer des éclairs. Un peu plus tard, Jonathan entre en communication télépathique avec une plus petite roue. Il est persuadé que ces choses sont des êtres vivants à part entière. Il tente de convaincre sa mère qui a le pouvoir d’autoriser ou d’interdire la conquête définitive d’Anderson 2. En effet, si une planète est habitée par des êtres vivants, les Terriens s’interdisent de la coloniser, sans doute pour ne pas perturber l’harmonie des sphères célestes. Le jeune garçon y parviendra-t-il ?
Ma critique
« L’invité du ciel » se présente comme un court roman ou plutôt une « novella » de science-fiction plutôt destinée aux ados, mais pouvant être lue avec plaisir par des adultes. On y trouve, outre le style du maître, beaucoup de poésie et de sagesse. C’est même une sorte de très joli conte de Noël tout à fait touchant de naïveté, de charme et de bons sentiments. Ces roues ne symbolisent-elles pas la nature saccagée par l’homme voire les animaux exploités, en voie de disparition et même les autres hommes génocidés, liquidés comme les Peaux-Rouges de l’Ouest américain, comme les aborigènes d’Australie et autres pour laisser place aux envahisseurs ? À conseiller bien évidemment.
Ma note
4,5/5
LA NUIT DES TEMPS (RENÉ BARJAVEL)
Le résumé du livre
Dans la base française du pôle sud, plusieurs savants procèdent à des sondages en profondeur. Ils font des constatations assez étranges entre 900 et 1000 mètres sous la glace. Ils enregistrent même un signal sonore qui fonctionnerait depuis la bagatelle de 900 000 ans. Ils rentrent à Paris pour faire connaître leur découverte. Bientôt tous les journaux du pays titrent : « La plus grande découverte de tous les temps ! », « Une civilisation congelée » ou « L’UNESCO va faire fondre le pôle sud. » Peu après, une énorme mission internationale se met à creuser un puits dans la glace à l’endroit concerné. À plus de 900 mètres de profondeurs, les mineurs découvrent un premier oiseau pris dans la glace et tout au fond du puits, toutes sortes de ruines et divers animaux pétrifiés. Mais dès qu’arrive un peu de chaleur, tout se met à fondre et à disparaître. Mais comme le signal continue à émettre, ils continuent à creuser toujours plus profond. Ils finissent par atteindre une roche extrêmement compacte, puis une masse de sable et enfin une grosse plaque en or massif. Ils finissent par dégager une sphère de 27 mètres de diamètre soit la hauteur d’un immeuble de dix étages à l’intérieur de laquelle ils feront une découverte stupéfiante…
Ma critique
« La nuit des temps » est un des meilleurs romans de science-fiction de René Barjavel. En se référant aux histoires légendaires de l’Atlantide, du continent de Mu et autres, il nous entraine à la découverte de Gondawa, une brillante civilisation qui aurait fini par disparaître dans les profondeurs de la terre sans laisser de traces suite à un conflit titanesque avec leurs ennemis. Bien évidemment, cette intrigue fort bien menée, relève de la parabole ou du conte philosophique. L’auteur veut nous faire partager son horreur de la guerre et les risques de fin de notre propre civilisation en cas de conflit nucléaire généralisé. Ce ne serait pas la première fois que l’humanité aurait accumulé tant d’armes qu’elle aurait été en mesure d’éradiquer toute vie sur terre. Mais nos prédécesseurs en folie destructrice auraient placé dans un œuf d’or deux « germes » cryogénisés capables de faire refleurir la vie une fois la tourmente apaisée. Mais ils n’avaient pas anticipé le basculement de l’axe terrestre et la congélation du pôle sud. Publié en 1968, cet ouvrage majeur de la SF, est malheureusement encore d’actualité aujourd’hui. Le lecteur ne peut qu’approuver tout ce que Barjavel avance sur la nécessité du pacifisme, avec un petit bémol quand même sur l’espoir que le salut ne puisse venir que de la jeunesse…
Ma note
4,5/5
LE VOYAGEUR IMPRUDENT (RENÉ BARJAVEL)
Le résumé du livre
Pendant la seconde guerre mondiale, le 27e bataillon de chasseurs pyrénéens occupe depuis deux mois le petit village lorrain de Vanesse. Le caporal Pierre Saint-Menoux, prof de maths dans le civil, se trouve responsable des dix-sept conducteurs de la compagnie de mitrailleurs, des chevaux et des voitures, sans oublier la popote et toute l’intendance. Il a l’ordre de lever le camp, ce qui ne se réalise pas sans peine avec les hommes peu motivés qu’il a sous ses ordres comme le chiffonnier Crédent ou le tourneur Pilastre. En chemin, il s’arrête dans la maison de Noël Essaillon, un infirme et savant physicien avec qui il a déjà dialogué autrefois. Celui-ci a fait une découverte extraordinaire qu’il a appelée « noëlite » permettant de voyager dans le temps et se prenant sous forme de cachet. Il en donne deux à Pierre, ce qui devrait lui permettre de voyager aussi bien dans le passé que dans le futur. Il se propose de lui donner rendez-vous à Paris à la fin de la guerre…
Ma critique
« Le voyageur imprudent » est un roman de science-fiction tournant autour du thème assez rebattu du voyage dans le temps. L’originalité de l’intrigue repose sur la possibilité d’aller et venir dans les deux sens. Pierre est d’abord intéressé par le futur. Il veut comprendre comment arriver à améliorer la condition des hommes. Peu à peu, il s’éloigne de plus en plus du présent, jusqu’à atteindre l’an 100 000 dans lequel il découvre un monde totalement différent du nôtre. Il n’y a plus d’électricité, plus la moindre machine, tout est à nouveau fabriqué à la main. L’homme s’est évertué à aplanir les montagnes, à éradiquer toutes les plantes inutiles, tous les insectes prédateurs et tous les animaux gênants. Lui-même est dépourvu d’organe sexuel et même d’anus. La perpétuation de l’espèce a quelque chose à voir avec les pratiques de la mante religieuse et de la reine des abeilles. À un moment donné de leur vie, les mâles sont attirés par une énorme femelle pourvue de nombreuses vulves qui les absorbent entièrement pour pouvoir engendrer. Livre divertissant, pourvu d’un certain humour et qui fait réfléchir sur la condition humaine surtout quand tout se gâte avec un retour raté vers le passé qui donne une fin à la fois surprenante et paradoxale. L’auteur s’en explique dans une postface dans laquelle il met en parallèle « être ou ne pas être » et « être et ne pas être ». Le lecteur nage un peu dans l’étrange et l’invraisemblable. Mais la fantaisie, le rêve et la poésie n’ont rien à faire du rationalisme et du cartésianisme. Un bon Barjavel.
Ma note
4/5
UNE ROSE AU PARADIS (RENÉ BARJAVEL)
Le résumé du livre
M et Mme Jonas et leurs deux enfants, Jim et Jif, vivent dans l’Arche, sorte d’immense abri anti-atomique souterrain où ils se sont réfugiés pour tenter de survivre encore pendant une dizaine d’années, aux conséquences des explosions de bombes U ayant ravagé la terre et détruit toute l’humanité. Il s’agit dans un premier temps d’attendre que notre planète se régénère elle-même. Puis, à l’aide des animaux cryogénés et des graines de toutes sortes qu’ils ont avec eux, de tenter de faire revivre notre planète quand ils ressortiront. La petite famille est sous la coupe du concepteur du lieu, le mystérieux Monsieur Gé, être qui leur semble tout-puissant, car il voit tout et entend tout, oligarque plus riche que bien des pays du monde qui a mis des millards dans ce projet. Dans cet environnement artificiel, Jim et Jif, les deux adolescents nés dans l’Arche ignorent tout du ciel, de la terre et même des réalités de la vie naturelle. La puberté aidant, les voilà qui s’initient mutuellement aux jeux de l’amour en toute innocence. Jusqu’au jour où Monsieur Gé convoque la famille pour lui annoncer qu’il y a un gros problème : l’Arche conçue et programmée pour faire vivre cinq personnes va bientôt devoir en supporter six, vu que Jil est tombée enceinte. Va-t-il falloir ouvrir les portes plus tôt que prévu ? Va-t-on devoir liquider quelqu’un ? Et qui choisir ?
Ma critique
« Une rose au paradis » est un roman de science-fiction en forme de parabole inspirée de thèmes bibliques bien connus comme l’Arche de Noé, et le bannissement d’Adam et Eve du jardin d’Eden. D’une manière à la fois ironique et tendre, Barjavel invite son lecteur à réfléchir sur toutes sortes de problématiques posées par le monde moderne. Sera-t-il possible de recréer toute une humanité et toute une civilisation à partir de rien, quand l’homme disposant d’un pouvoir de nuisance absolu aura lui-même entièrement détruit son biotope ? Un monde aussi artificiel que cette Arche ne peut-il se révéler qu’extrêmement fragile ? Il suffit qu’un petit incident se produise quelque part pour que peu à peu tout se dégrade d’une façon inéluctable et d’ailleurs impeccablement décrite. On ne peut que conseiller la lecture de cet ouvrage visionnaire aussi instructif que divertissant, au style vif et agréable, plein de rythme, de rebondissements, d’humour et d’humanité. Un des meilleurs textes du très grand René Barjavel !
Ma note
4,5/5
LE GUÉRISSEUR DE CATHÉDRALES (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
Joe Fernwright propose à de lointains IA des définitions de mots croisés bizarres ou des phrases sibyllines du genre « le persil perspicace se suce le pouce » ou « l’interjection n’a pas d’expérience ». L’interlocuteur n’a droit qu’à cinq petites minutes pour proposer une réponse ce qui arrive rarement. Bien que Joe soit l’un des meilleurs compétiteurs, il songe à quitter le Jeu. Il dispose d’une cagnotte de 65 pièces, soit 10 millions de dollars en timbres-primes qu’il distribue à des inconnus. Un jour, il reçoit un message anonyme : « Guérisseur de poteries, j’ai besoin de toi et je suis prêt à bien te payer. » Joe accepte la proposition. Et le voilà parti dans un vaisseau spatial vers la lointaine planète du Laboureur avec quelques autres recrutés comme lui par un certain Glimmung. Ils ont tous pour mission de renflouer la cathédrale Heldscalla puis de la reconstruire sur la terre ferme. Mais les « Kalendes », un livre saint et prophétique qui peut dévoiler le passé, le présent et le futur, leur prédit que l’œuvre échouera et que la plus grande partie des employés de Glimmung seront détruits…
Ma critique
« Le guérisseur de cathédrales » est un roman de science-fiction un peu particulier. Il parut sous différents titres et traductions. L’intrigue en est sombre et quasi désespérée. Il faut préciser que l’auteur traversait une période difficile quand il l’écrivit. Sa femme l’avait quitté et il souffrait de la prises de diverses substances peu licites. Le texte s’en ressent. Sans être abscons, il semble moins fluide et moins abouti que d’autres titres plus connus. Rien ne fonctionne dans cette mission de bras cassés. Glimmung se révèle une sorte de monstre doublé d’un second, un Glimmung noir qui n’est peut-être que la face cachée du personnage. De même, la cathédrale a son double maléfique. Et quand Joe, qui n’arrive à rien et sent que l’affaire tourne au vinaigre, veut quitter le groupe et revenir à ce qu’il sait le mieux faire, il ne produit plus rien de valable. Allégorie de la propre vie de Dick ? Sans doute. Cette histoire, qui peut aussi se lire comme un conte philosophique noir et désabusé, pose les thématiques de la vie, de l’amour, du sacrifice, de la réussite et de l’échec d’une existence entre autres. On peut aussi y voir un roman à clé. Intéressant donc, mais pas le meilleur opus du maître.
Ma note
3/5
MORTELLE EST LA NUIT (ISAAC ASIMOV)
Le résumé du livre
Louis Peyton envisage d’assassiner un certain Albert Cornwell, fourgue à la petite semaine. Celui-ci lui dit connaître une cachette de « chante-cloches » qui se situerait quelque part sur la lune. Ils décident d’y partir en exploration le 10 août prochain. Peyton pilotera l’astronef et Cornwelle fera office de passager. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, ils finissent par en découvrir une douzaine. Une vraie aubaine. Chacune peut rapporter cent mille dollars au minimum. Mais au moment de les charger, Peyton sort son fulgurateur et désintègre Cornwell. Comme ce crime est le premier qui soit perpétré sur notre satellite, l’inspecteur Davenport chargé de l’enquête demande conseil au Dr Urth, célèbre extraterrologiste… Edward Talliafero revient de la lune. Il retrouve ses amis, Kaunas, Ryger et Villiers, lequel leur fait part d’une découverte qui pourrait révolutionner les voyages spatiaux. Quelque temps plus tard, il est retrouvé mort d’une crise cardiaque. Ce décès lui semblant suspect, le doyen Mandel entame une enquête préliminaire auprès des trois amis avant de faire appel au fameux Dr Urth…
Ma critique
Cet ouvrage est un court recueil ne comportant que deux nouvelles (« Chante-cloche » et « Mortelle est la nuit ») relevant à la fois de la science-fiction et de l’enquête policière, cocktail assez peu fréquent s’il en est. Le lecteur devine que le grand Asimov a dû s’amuser à pasticher la célèbre Agatha Christie avec un certain Dr Urt dans le rôle d’Hercule Poirot. Le polar l’emportant sur la SF, le lecteur prendra un certain plaisir à suivre ces deux enquêtes presque parallèles. La seconde semble mieux menée que la première, car elle respecte tous les critères du genre avec fausses pistes, bras de fer psychologique et découverte surprenante du coupable après interrogatoires serrés. Amusant et divertissant, sans chercher plus…
Ma note
3,5/5
L’HOMME BICENTENAIRE (ISAAC ASIMOV & ROBERT SILVERBERG)
Le résumé du livre
Andrew Martin est en consultation chez le robot chirurgien qui doit bientôt l’opérer. Il lui demande à brûle-pourpoint s’il ne préférerait pas être un humain, s’il n’en a pas assez d’obéir à n’importe quel ordre émanant de n’importe qui. L’autre lui répond qu’il est tout à fait satisfait de sa condition et que, s’il devait souhaiter quelque chose, ce serait de devenir un meilleur chirurgien, et rien d’autre. Andrew est lui-même un robot de ménage NDR au service de la famille Martin. Un jour, Petite Demoiselle lui donne un morceau de bois trouvé sur la plage et un couteau de cuisine. Il se met à sculpter un petit bijou très délicat. Monsieur n’en croit pas ses yeux. Il demande à Andrew de lui fabriquer d’autres objets en bois. Le robot devenu ébéniste de grand talent finit par demander à son maître de l’affranchir à la grande surprise de ce dernier. Et, au fil des années, Andrew continue à s’humaniser de plus en plus…
Ma critique
« L’homme bicentenaire » est excellent roman de science-fiction doublé d’un conte philosophique sur l’essence même de la nature humaine. Il pose toutes sortes de questions sur la notion d’intelligence, l’amour, la haine, les sentiments. Il aborde toutes les questions d’éthique et même la problématique du transhumanisme. Un homme augmenté, pourvu d’un nombre important de prothèses n’est-il pas déjà lui-même une sorte de robot ? Un robot « humanisé » doté d’un grand nombre d’organes biologiques ne peut-il pas revendiquer une certaine part d’humanité ? Peut-il ressentir des sentiments ? Le style est fluide, léger et très agréable à lire. On y sent l’influence de Silverberg. Un ouvrage de deux visionnaires très en avance sur leur temps. Une intrigue au dénouement prévisible bien sûr. Une histoire intéressante, divertissante, qui donne à réfléchir sur un thème d’autant plus pertinent à notre époque d’inscription du transhumanisme dans le concret.
Ma note
4,5/5
GLOBALEMENT INOFFENSIVE (DOUGLAS ADAMS)
Le résumé du livre
Tricia McMillan, présentatrice télé britannique, souhaiterait être embauchée par une chaine américaine histoire de voir son salaire décuplé. Pour l’heure, elle vient d’interviewer une certaine Gail Andrews laquelle demande peu après à la retrouver au bar de son hôtel. Elle veut dissiper un malentendu entre elles deux et surtout savoir pourquoi Tricia s’est montrée aussi déplaisante à son égard. Elle apprend que c’est à cause de ses prises de position en faveur de l’astrologie. Quelque temps plus tard, un vaisseau spatial atterrit dans le jardin de Tricia. Trois extra-terrestres en sortent. Croyant tenir le scoop du siècle, la jeune femme se précipite sur sa caméra et sur son magnétophone. Mais elle se retrouve largement déçue quand elle apprend que ces trois visiteurs ne connaissent même pas leurs noms ni celui de leur chef, qu’ils ne savent pas d’où ils viennent ni même où ils vont. Ils n’ont qu’une certitude : ils sont ici pour emmener Tricia avec eux !
Ma critique
« Globalement inoffensive », cinquième et dernier volume de la saga « H2G2 » n’apporte pas grand-chose de nouveau à l’ensemble, si ce n’est quelques personnages féminins supplémentaires qui apparaissent un temps pour mieux disparaître ensuite. En effet, l’intrigue reste à nouveau sans consistance, mais le lecteur n’est pas là pour l’histoire. L’humour british fait de nonsense, de paradoxes et d’auto-dérision est encore là, mais semble-t-il avec moins de fréquence et de puissance. Une sorte de lassitude semble avoir saisi l’auteur qui ne fait que reprendre des situations déjà plusieurs fois exploitées. Rien de nouveau, rien de surprenant sous le soleil. La fin qui aurait pu donner lieu à une chute surprenante est aussi décevante que le reste. Tout cela tire un peu trop à la ligne et l’ennui du lecteur s’insinue carrément en raison de toute cette monotonie. On fait « ouf » d’être arrivé au bout de ces 1100 pages qui auraient gagné à être réduites de moitié au moins !
Ma note
3/5
SALUT, ET ENCORE MERCI POUR LE POISSON (DOUGLAS ADAMS)
Le résumé du livre
Arthur Dent se retrouve sur terre à six kilomètres de son village. Sa maison est toujours là. Sa boîte aux lettres est pleine de factures et de prospectus. Il retrouve sa chambre et s’étend sur le lit qui sent le moisi. À part la présence d’une épaisse couche de poussière et de pas mal de choses pourries ou mortes comme le chat, rien n’a vraiment changé. Il trouve un joli bocal dans un carton. Il le remplit d’eau du robinet et y place le babbelfish qu’il a dans l’oreille à titre de traducteur avant de s’endormir. Le lendemain, il enterre le chat, essaie d’obtenir des nouvelles de Fenella ou Fenny et finit par aller au pub où il raconte qu’il a fait un long séjour en Californie. Là-bas, les Californiens ont redécouvert l’alchimie. Il prétend même qu’ils ont trouvé comment transformer en or l’excès de graisse corporelle !
Ma critique
« Salut, et encore merci pour le poisson », quatrième tome de la saga « H2G2 », est un roman de science-fiction humoristique qui ne s’embarrasse ni de logique ni de vraisemblance. La terre a été pulvérisée pour former une déviation spatiale, cela n’empêche nullement Arthur d’y revenir d’abord dans une caverne, puis carrément chez lui ! Avec Douglas Adams, on fait fi du temps et de l’espace. L’ennui, c’est que tout ça donne un peu beaucoup l’impression de tourner en rond, que l’intrigue est toujours aussi peu travaillée. Résultat : le lecteur, au fil des tomes, est de moins en moins surpris des trucs, ficelles et astuces drôlatiques de l’auteur. Seule originalité de cet opus, l’amourette, décalée bien sûr, entre Fenny ou Fenchurch, on ne sait trop, et le héros principal, Arthur Dent. Un peu mince pour sortir d’une monotonie qui commence un peu à lasser les meilleures volontés.
Ma note
3/5
LA VIE, L’UNIVERS ET LE RESTE (DOUGLAS ADAMS)
Le résumé du livre
Comme tous les matins depuis quatre ans, Arthur Dent se réveille en poussant un cri d’horreur dans sa caverne, sise au beau milieu d’Islington. Il a perdu de vue son ami et complice Ford Perfect. Et voilà qu’apparait un long vaisseau spatial argenté d’où descend un être étrange appelé Wowbagger l’Infiniment Prolongé, qui s’approche de lui juste pour lui lancer : « Vous êtes un ringard ! Un vrai trou du cul ! » avant de tourner casaque, de remonter dans son vaisseau et de repartir dans l’espace laissant un Arthur Dent complètement abasourdi d’une telle apparition. Peu après, c’est au tour de Ford Perfect de réapparaitre. Il explique que pendant quinze jours, il a décidé d’être un citron et de s’amuser à faire des plongeons dans un lac qui s’imaginait être rempli de gin-tonic…
Ma critique
On l’aura compris avec ce résumé, « La vie, l’univers et le reste » est un roman humoristique tout aussi dingue et barré que tous les autres de la trilogie en cinq volumes H2G2. Même si cette pochade se lit avec un certain plaisir, au fil des volumes, une légère lassitude commence à s’installer sournoisement. Douglas Adams est bien un maître de l’humour british, constitué d’une accumulation d’absurdités, de « nonsense » et de dérision vaguement philosophique. L’ennui, c’est qu’il recourt toujours aux mêmes procédés et que les intrigues manquent de consistance. Après tout, le but n’est pas de raconter une histoire, mais de divaguer au fil de la plume et des délires de l’auteur. Le lecteur suit ou ne suit pas, s’en amuse ou pas. On sourit parfois, mais on commence à rire de moins en moins. Dommage.
Ma note
3/5
LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE (DOUGLAS ADAMS)
Le résumé du livre
Eternelle menace pour les voyageurs galactiques, le capitaine vogon Prostetnic Jeltz du Conseil de planification hyperspatiale n’est pas quelqu’un dont il soit souhaitable de croiser la trajectoire. Son dernier exploit en date a été de démolir la prétendue planète Terre. Malheureusement le vaisseau spatial « Le cœur en or » avec ses propulseurs à générateurs d’improbabilité infinie est dans son collimateur. À son bord, Zaphod Beeblebox, ex-président de la galaxie et voleur de l’engin en question, Arthur Dent qui recherche désespérément une tasse de thé digne de cette dénomination auprès d’une machine qui ne produit que d’improbables breuvages, Ford et Marvin, le robot dépressif. En fait rien ne va vraiment bien à bord. Ainsi, l’ascenseur auquel on demande de monter ne désire que descendre, sans parler des mille et unes autres choses qui ne fonctionnent jamais comme il faudrait.
Ma critique
« Le dernier restaurant avant la fin du monde » est en quelque sorte la suite du « Guide du voyageur galactique », toujours dans la science-fiction déjantée et parodique. L’intrigue n’a qu’une importance secondaire. Elle fonctionne toujours un peu sur le même schéma. Les héros sont en permanence à une minute ou deux d’une catastrophe imminente dont ils n’ont pas la moindre chance de se sortir vivants. Cela n’empêche pas Adams de digresser sur toutes sortes de sujets plus futiles ou plus légers les uns que les autres. Si l’on se laisse prendre au jeu du « nonsense » et de l’humour anglais, on peut se laisser entrainer et bien apprécier. L’ennui, c’est que la technique tourne un peu au procédé redondant qui peut même finir par sembler lourd, ce qui est un comble pour un humour réputé « fin ». Mais l’ennui finit toujours par naître de la répétition.
Ma note
4/5
LE GUIDE DU VOYAGEUR GALACTIQUE (DOUGLAS ADAMS)
Le résumé du livre
Rien ne va plus sur la Terre pour Arthur Dent, Anglais tout ce qu’il y a de moyen et de banal. La mairie a décidé de raser sa maison pour pouvoir construire à la place une bretelle d’autoroute. Le chef de chantier est sur place, accompagné de ses ouvriers. Déjà, les bulldozers font vrombir leurs moteurs. C’est trop injuste pour Arthur qui décide de s’étendre dans la boue devant les mastodontes d’acier pour les empêcher de détruire sa maison. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Ford son meilleur ami, astrostoppeur natif de Bételgueuse et exilé depuis 15 ans sur Terre, lui annonce froidement que celle-ci va être détruite dans les deux minutes qui suivent. Déjà d’énormes engins se rassemblent dans le ciel avec des intentions fort peu pacifiques.
Ma critique
« Le guide du voyageur galactique » est un roman de science-fiction humoristique, parodique et complètement décalé qui peut se révéler un régal pour qui aime ce genre très particulier. Nous sommes en effet dans le registre de l’humour british le plus loufoque, le plus barré, en plein « nonsense » tout au long d’une histoire sans queue ni tête. Les personnages se retrouvent dans toutes sortes de situations improbables et s’en sortent toujours, même au prix de contorsions d’une totale invraisemblance. Rationalité, logique et vraisemblance sont bien sûr le cadet des soucis de Douglas Adams qui préfère rire de tout, pour le plus grand plaisir du lecteur. On notera une certaine parenté d’inspiration avec le regretté Terry Pratchett et avec l’excellent Neil Gaiman. Et, à certains moments, j’ai même eu l’impression de me retrouver avec une bande de Shadoks sur la planète du Petit Prince ! C’est dire…
Ma note
4,5/5
GLOBALIA (JEAN-CHRISTOPHE RUFIN)
Le résumé du livre
Kate et son compagnon Baïkal pénètrent dans une immense salle de trekking recouverte d’un dôme de verre comme le sont toutes les infrastructures de Globalia. Ils font partie d’un groupe d’une quarantaine de randonneurs pratiquant leur loisir en vase clos. Baïkal demande à Kate de se laisser distancer par le groupe pendant qu’il filera sur l’avant. Sous le couvert d’un petit bois, il la rejoint et, à l’aide de quelques outils, déverrouille une trappe d’évacuation d’eau, ce qui leur permet de passer clandestinement dans une non-zone. Pendant ce temps, Ron Altman, vieux dirigeant à qui on a déjà signalé l’évasion des deux jeunes gens, s’intéresse particulièrement à leur cas. Il songe à faire jouer au jeune homme le rôle de nouvel ennemi public, histoire de maintenir l’ambiance de peur qui règne en permanence à Globalia. Très vite capturé et incarcéré, Baïkal finit par se retrouver dans la somptueuse résidence de Cape Cod prêtée à Altman qui lui propose d’être renvoyé d’où il vient, mais cette fois sans la présence de Kate qui a également été arrêtée…
Ma critique
« Gobalia » est un roman d’anticipation intéressant, agréable à lire, quoiqu’un peu faible du point de vue de l’intrigue. La fin naïve et presque en happy end peut décevoir. Cependant la description de ce monde dystopique ressemble étrangement à ce qui nous attend et dont ne vivons actuellement que les prémisses (rappelons que pour les anglo-saxons « globalism » signifie pour nous « mondialisme »). Globalia n’est rien d’autre qu’une démocratie poussée aux limites extrêmes de ses possibilités de contrôle et de manipulation des individus. Un monde tellement oppressant que quiconque d’à peu près normal n’a qu’une envie, celle de le fuir. Ruffin fait preuve d’un talent de visionnaire ou de personne très bien informée. Son univers ressemble comme deux gouttes d’eau à celui prôné par Klaus Schwab, l’homme de Davos et du « grand reset ». On y trouve entre autres un « minimum prospérité » (revenu universel). Les livres papier ont disparu. L’histoire est revisitée en permanence. Plus de datation. On compte par cycles de 60 ans et on repart à zéro. On court après l’éternelle jeunesse. La gouvernance est basée sur la peur des attentats terroristes qui ne sont que des opérations sous faux drapeaux. Il ne manque qu’un virus très très mortel ! Il n’y a qu’une seule vérité, celle diffusée par les médias officiels et gobée par une majorité hébétée. Globalia étant toujours dans le camp du bien, chaque fois qu’elle bombarde un secteur de la non-zone, elle l’accompagne d’une distribution de nourriture aux populations survivantes. À noter également, l’histoire de Ron Altman, tireur de ficelles cynique et frustré, qui ressemble assez à celle d’un certain Georges Soros. Un livre qui donne à réfléchir.
Ma note
4/5
LES DIEUX DU FLEUVE (PHILIP JOSE FARMER)
Le résumé du livre
En compagnie de Yeshua, un Juif qui prétend avoir été le Christ et de sa compagne Bithniah, Tom Mix a réussi à échapper aux hommes du terrible Kramer surnommé « Tapedur », cruel potentat qui les avait réduits en esclavage. Ils se réfugient dans la Nouvelle-Albion, auprès de son chef Stafford, lequel envisage d’organiser bientôt une attaque du Doucevolents, histoire de prendre Kramer de vitesse et de l’empêcher d’étendre sa dictature sur toutes les principautés environnantes. Malheureusement, les Albionais sont battus. Tom Mix et Yeshua sont capturés. Kramer leur réserve une mort cruelle : ils seront brûlés vifs !… Huit ressuscités sous les ordres de Burton se sont rendus maîtres de la Tour des Ethiques après la mort de Loga. Ils commencent à se faire obéir des ordinateurs qui gèrent toute la logistique de la planète. Ils veulent reprendre à leur compte le processus de résurrection. Mais cela pose divers problèmes…
Ma critique
« Les dieux du fleuve » est le cinquième et dernier tome de la saga de science-fiction « Le fleuve de l’éternité ». Composé de deux parties (« Ainsi meurt toute chair » et « Les dieux du fleuve »), sa lecture est un peu moins laborieuse que celle des trois précédents. Philip José Farmer a voulu creuser un peu plus la biographie et la personnalité de certains de ses personnages, non sans avoir rappelé toute leur histoire en fin de volume. Le lecteur pourra éprouver un certain plaisir à découvrir le personnage hors normes d’Aphra Behn, première femme de lettres ayant vécu de sa plume en Grande-Bretagne. Il découvrira également une thèse historique intéressante sur Jack l’éventreur et pourra s’étonner de l’évolution paradoxale de Yeshua qui ne croit plus en Dieu et préférerait disparaître définitivement plutôt que d’aller au paradis ! Le pauvre est devenu dépressif, athée et totalement matérialiste ! Nul doute que Farmer a profité de ces « bonus » pour nous glisser quelques-unes de ses idées personnelles. On n’est pas forcé de partager toutes ces théories très à la mode dans les années 60/70, mais qui ont quand même pris un léger coup de vieux !
Ma note
4/5
LE NOIR DESSEIN (PHILIP JOSE FARMER)
Le résumé du livre
Sur une planète aménagée par Les Ethiques pour accueillir une quarantaine de milliards d’humains ressuscités, quelques personnages venus d’époques diverses comme Richard Burton (l’explorateur, pas l’acteur), Sam Clemens (Mark Twain) ou Cyrano de Bergerac cherchent par tous les moyens à connaître le fin mot de cette étrangeté. Après l’échec du bateau à aubes qui devait remonter tout le fleuve pour atteindre la Tour Noire, cœur apparent de l’énigme, les hommes décident de changer de moyen de transport et de se reporter sur un dirigeable géant qui sera placé sous le commandement de Firebrass. Et voilà qu’un nouveau personnage apparaît. Une certaine Jill Gulbirra, demi-sang aborigène australienne, après un long périple en pirogue sur le fleuve, finit par accoster à Parolando et veut se faire engager comme pilote de l’engin volant. Elle est reçue par Schwartz qui lui annonce tout de go que, quelles que soient ses brillantes qualifications, jamais elle ne pourra prendre la place de Firebrass. Jill s’estime discriminée en tant que femme…
Ma critique
« Le noir dessein » est le troisième tome de la saga « Le Fleuve de l’éternité » qui en compte cinq au total. Dans son avant-propos, Farmer annonce à son lecteur impatient de comprendre enfin de quoi il retourne dans cette histoire interminable que tout ne sera révélé que dans le tome quatre et que dans le dernier, il développera certains aspects secondaires ou parallèles de son affaire. Un peu comme les bonus de DVD en quelque sorte. Ainsi sommes-nous prévenus que l’intrigue n’avancera pas d’un millimètre malgré deux tentatives ratées de pénétration dans la fameuse tour de métal. Nous aurons cependant droit aux habituels combats, trahisons, escarmouches, batailles et tueries diverses et variées plus quelques nouveaux personnages à rajouter à une liste déjà longue. Chacun a droit à sa petite biographie. Quelques développements sur le féminisme, le soufisme, les religions, le psychédélisme et autres effets des drogues permettent de remplir les 544 pages de ce pavé qui se lit relativement agréablement si l’on ne s’agace pas trop de cette histoire qui tourne en rond comme le serpent qui se mord la queue et comme ce fleuve qui fait de même. Vivement le tome quatre qu’on en finisse !
Ma note
3,5/5
LE BATEAU FABULEUX (PHILIP JOSE FARMER)
Le résumé du livre
À bord du Dreyrugr, Sam Clemens, alias Mark Twain, remonte le Fleuve de l’Eternité en compagnie d’une bande de Vikings commandée par Erik la Hache quand il croit apercevoir sur la rive son ancienne épouse Livy. Il donne l’ordre au timonier d’accoster immédiatement. L’autre refuse. Ce n’est pas la première fois que Sam est victime de ce genre d’hallucination ! Alors Sam appelle à la rescousse son ami, le géant Joe Miller qui était en train de dormir dans l’entrepont. Mais voilà que trente galères, en formation de combat, fortes d’une soixantaine de rameurs chacune, descendent le courant pour venir attaquer les Vikings. Les assaillants disposent de fusils, de feux grégeois, de bombes, de fusées et de planeurs. Très vite, la bataille navale fait rage. Sam Clemens n’aura la vie sauve que grâce à une vague géante générée par la violente et subite émersion d’un monstre marin réveillé par une chute de météorite.
Ma critique
« Le bateau fabuleux » est le deuxième tome de la saga du « Fleuve de l’Eternité » qui en compte cinq au total. Richard Burton y cède peu à peu la vedette à Sam Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, lequel veut construire un énorme bateau électrique à roues à aubes pour remonter cet interminable fleuve qui part du pôle nord de la planète pour y remonter après en avoir réalisé le tour complet. Le but final étant de découvrir le secret de ce phénomène de résurrection perpétuelle. Présentée comme « chef-d’œuvre » par l’éditeur, ce deuxième volet peut sembler un brin plus poussif que le premier en dépit de la présence sympathique de Mark Twain et surtout de son ami titanesque affublé d’un amusant cheveu sur la langue. L’ennui, c’est que l’effet de surprise passé, Farmer ne semble plus en mesure de se renouveler vraiment. Il rajoute de nouveaux personnages tel le roi Jean sans terre dans le rôle du méchant, tel Cyrano de Bergerac dans celui du bretteur imbattable ou tel Mozart un peu perdu au milieu de tous ces énergumènes. L’intrigue se calque un peu trop sur la trame du premier tome : batailles rangées, tueries, trahisons et accumulations de tentatives pour remonter le fleuve. Et pour ne rien arranger, une impression de remplissage avec toutes sortes de développements sur le féminisme, le racisme, la fierté noire et la nouvelle liberté sexuelle « baba cool », thème un brin daté. Au total, tout cela n’a pas trop bien vieilli. Dommage.
Ma note
3,5/5
LE MONDE DU FLEUVE (PHILIP JOSE FARMER)
Le résumé du livre
Après leur mort, des millions d’humains de toutes générations et de toutes provenances se réveillent complètement nus sur les rives d’un fleuve immense serpentant sur une planète inconnue. Il y a là Richard Burton, célèbre explorateur britannique du XIXè siècle, Peter Frigate, son ami, Lev Ruach, rescapé de l’Holocauste, Mrs Alice Heargraves, jolie lady de l’époque victorienne, Loghu, la primitive, un Néanderthalien doté d’une force hors norme et d’une fidélité à toutes épreuves et beaucoup d’autres, tous circoncis, tous sans poils ni barbe ni cheveux et tous miraculeusement revenus dans l’intégrité physique de leurs jeunes années. De gros champignons percés de trous distribuent de la nourriture quand on leur présente un récipient appelé « graal », mais aussi du tabac, de l’alcool et même des chewing-gums contenant une puissante drogue. La nuit venue, son effet aphrodisiaque exacerbe l’instinct sexuel de celles et ceux qui l’ont mâchée. Hommes et femmes se ruent les uns sur les autres pour des accouplements aussi violents qu’orgiaques. Les passions déchaînées amènent meurtres et règlements de comptes. Tous ces gens sont-ils arrivés au paradis ou en enfer ? Qui a organisé cette étrange résurrection ? Comment Burton et ses amis vont-ils pouvoir survivre dans un monde aussi étrange ?
Ma critique
« Le monde du fleuve » est le premier tome d’une saga de science-fiction à succès qui en compte cinq. L’originalité de l’intrigue tient beaucoup à cette description d’une vie après la mort qui ressemble souvent en pire à celle d’avant. En bon explorateur, Burton n’a qu’une obsession, remonter aux sources du fleuve pour découvrir le fin mot de toute cette histoire. Il ne le trouvera pas, bien évidemment, vu que le suspens doit être maintenu sur toute la durée de la narration. Entre autres péripéties, il croisera plusieurs fois la route d’un certain Hermann Gœring, avatar du célèbre maréchal d’aviation et dignitaire du régime nazi, qui s’évertue à se recréer un petit royaume totalitaire avec esclaves et liquidation des Juifs. Ce monde est dangereux, on y meurt facilement, mais c’est pour très vite revenir dans le circuit. Bien que répertorié dans le registre humoristique, cet ouvrage nous semble surtout philosophique et assez influencé par les idées libertaires de mai 68 (amour libre). La suite qui devrait mettre en scène toutes sortes d’autres personnages historiques méritera toute notre attention. Sans crier au « chef-d’œuvre », il s’agit bien de science-fiction intelligente et de très belle qualité à conseiller aux amateurs du genre.
Ma note
4,5/5
LE SYSTÈME VALENTINE (JOHN VARLEY)
Le résumé du livre
Kenneth Valentine est un acteur galactique assez particulier. Non seulement il est capable de jouer un grand nombre de rôles en se travestissant à toute vitesse dans des pièces de Shakespeare revisitées, mais encore peut-il entourlouper, escroquer, truander comme personne. Il jongle avec ses identités autant dans la vie que sur scène et passe sans arrêt d’une planète à une autre, tel un vagabond du cosmos. L’ennui, c’est qu’un jour, un détective privé se présente au théâtre où il se produit et demande à le rencontrer en le réclamant sous un de ses nombreux noms. Profitant de la confusion créée, Valentine file illico sur une autre planète. Sa carrière débuta très jeune. Son père, acteur également, le fit entrer dans la troupe du célèbre Gédéon Peppy qui animait un médiocre show télévisé pour enfants. Kenneth rencontra immédiatement le succès dans le rôle de Sparky. Il se mit peu à peu à améliorer les séquences et à enjoliver les scénarios jusqu’à faire de l’ombre à Peppy, puis à le pousser au suicide…
Ma critique
« Le système Valentine » se présente comme un roman de science-fiction dans la mesure où le héros vogue d’étoiles en planètes aussi facilement que d’aucuns prennent le train de banlieue. Mais cet aspect « space opéra » ne semble qu’être un prétexte à la parodie, à l’humour et à une dénonciation implicite de toutes sortes de travers de notre société actuelle. Le lecteur y trouvera une satire féroce du monde merveilleux de Disney Channel, de celui tout aussi féroce du théâtre shakespearien, de la télé-réalité voire poubelle et même de la médecine classique. Le fond de l’intrigue est basée sur les rapports difficiles entre Kenneth et son père. Une enfance qui fait penser à celle d’un Michael Jackson avec un père aussi maltraitant qu’ambitieux pour son rejeton. Son destin tragique ne sera que la conséquence logique de ses actes. Le style de l’auteur est agréable et percutant. L’histoire démarre sur les chapeaux de roues. Malheureusement, au bout de deux centaines de pages, le rythme ralentit nettement. On a l’impression que l’auteur se met un peu à tirer à la ligne. L’ennui et la lassitude sont pas loin de s’installer. Heureusement que dans les cent dernières, le rythme repart et le livre se termine au mieux, rachetant ainsi ce passage à vide.
Ma note
4/5
PRIME TIME (JAY MARTEL)
Le résumé du livre
Scénariste sans succès de séries télé, Perry Bunt, après une longue série de bides, s’est recyclé comme animateur d’ateliers d’écriture dans une faculté peu cotée de Californie. Mais il ne passionne guère ses élèves qui se prennent tous pour de futurs génies de la création artistique. Perry est en train de tomber amoureux d’une de ses élèves, la jeune et charmante Amanda Mundo qui garde une attitude réservée et un brin équivoque à son égard. Un jour, Ralph, un clochard de son quartier lui annonce que des entités extra-terrestres se servent des humains comme programme de distraction inter galactique. L’ennui c’est que ces gens commencent à se lasser du spectacle des bassesses humaines et que des autorités lointaines auraient décidé d’en finir une bonne fois pour toutes avec la planète bleue. Une apocalypse qui permettrait de faire remonter l’audimat au prix de plusieurs milliards de victimes. Perry Bunt parviendra-t-il, avec l’aide d’Amanda, à empêcher cette catastrophe ?
Ma critique
« Prime Time » se présente au premier abord comme un roman de science-fiction humoristique. En fait il s’agit plutôt d’une charge amusante contre la société de divertissement, la télé-réalité, pour ne pas dire la télé-poubelle, le voyeurisme et la virtualité omniprésente d’un monde si parfait qu’il en devient d’une uniformité et d’un ennui insupportable. L’intrigue est rondement menée avec son lot de rebondissements et d’épreuves subies par un anti-héros qui finit par emporter l’adhésion du public tant il subit de raclées et de déconvenues dans sa quête pour un monde meilleur. Le lecteur remarquera une troublante mise en abyme (les ET observent les humains et sont observés également par d’autres, etc) et une étrange mise sous surveillance avec des caméras partout même à l’intérieur de fausses mouches présentes partout. On se retrouve dans un univers assez proche du thème « Big Brother is watching you ! », mais en moins oppressant. Plus qu’un pastiche comique, cet ouvrage est une fable ou un conte philosophique plein d’humour léger et intelligent. Le style est agréable et fluide. L’ensemble est très divertissant tout en donnant pas mal à réfléchir sur les dérives de notre monde. Que demander de plus ?
Ma note
4,5/5
LE GOÛT DE L’IMMORTALITÉ (CATHERINE DUFOUR)
Le résumé du livre
En Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !
Ma critique
« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l’autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.
Ma note
3,5/5
CES CHERS VIEUX MONSTRES (HOWARD WALDROP)
Le résumé du livre
Employé par la Machine, un jeune Juif abat d’un coup de révolver un colonel de cosaques aux abords d’un village polonais en 1881. Puis il repart en 1348, en pleine peste noire, pour empoisonner un puits en y jetant le cadavre d’un cheval… Hudson, un savant fou, tente de transformer un homme en gorille que Tulez, son assistant, s’amuse à asticoter à l’aide d’un aiguillon électrique… Quelques lutteurs japonais s’affrontent dans un tournoi de sumo. L’un d’eux use d’un subterfuge imparable : il exhibe un hamburger au nez de son adversaire végétarien… Pour les neptunistes, la Terre n’était au début qu’un très vaste océan. Pour les vulcanistes, seuls les volcans ont façonné la Terre. De leur rencontre résulte un congrès des plus mouvementés… Des insectes géants et toutes sortes de monstres venus de l’espace ont envahi notre planète… Deux groupes d’apprentis rockers, les Kool Tones et Bobby & the Bombers doivent s’affronter. Le sort prévu pour les perdants sera plutôt désagréable… Un pharaon, recréé par manipulation génétique, repart dans le passé parachever un mystérieux événement qui s’est produit 5000 ans plus tôt… Une femme participe à un concours d’engins agricoles un peu particulier… Trois robots, Don, Dink et Mik, inspirés de Donald, Dingo et Mickey, partent à la recherche des derniers humains…
Ma critique
« Ces chers vieux monstres » est un recueil regroupant 10 nouvelles de science-fiction et de fantastique assez divertissantes mais pas particulièrement originales. Publiées en 1990 chez nous, elles ont été écrites dans les années 70 à 80. Elles portent toutes la marque de l’époque. Chacune est présentée dans son contexte, c’est-à-dire souvent des œuvres pour petites revues éphémères et dans quel esprit elle a été écrite. Waldrop ne cache pas qu’il s’est largement inspiré des films d’horreur des années 50/60 avec leurs monstres grand-guignolesques et leurs décors de carton pâte, mais aussi des musiques de l’époque et tout particulièrement du doo-wop, un rock uniquement vocal, sans oublier un détournement des personnages de Walt Disney ou un détour dans l’histoire de l’Egypte ancienne. On aura compris qu’il fait feu de tout bois, ce qui donne un ensemble assez disparate et même de qualité inégale. En quatrième de couverture, on parle d’un âge d’or de la science-fiction. Si c’est le cas, le moins qu’on puisse dire c’est que l’or a mal vieilli, qu’il s’est même plutôt terni.
Ma note
3/5
LE CHEVALIER A LA CANNE A PÊCHE (GUILHEM)
Le résumé du livre
Âgée de 11 ans, la petite Sélène est hébergée dans une maisonnette d’une seule et unique pièce qui sert également de four à pain au boulanger du village de Prin. Elle y pratique l’élevage d’escargots surtout pour améliorer son ordinaire. Si les femmes de la petite communauté se montrent aussi généreuses avec elle, c’est qu’elles espèrent que Sélène sera bientôt capable de prendre le relais dans leur pénible tâche de procréation. À Aleth, capitale de la principauté de Coriosolite, le teignome Coum, gros gnome grincheux et fort mal embouché, désire reprendre une partie de carte interrompue par le chant hypnotisant d’une elfe…
Ma critique
« Le chevalier à la canne à pêche » est un roman de fantaisie plutôt déjantée dans la lignée des bouquins du regretté Terry Pratchett (auquel ce livre est d’ailleurs dédié), mais aussi et encore plus de ceux de Neil Gaiman avec un petit côté Lewis Carroll, voire Monty Python. Autant dire de belles références pour un texte très réussi, plein d’humour et d’originalité. Quelle imagination ! Une suite de situations improbables ou farfelues, une galerie de personnages relevant de la plus haute fantaisie, voire de la chimère comme Anorin, le revenant qui prend toutes sortes d’aspects à intervalles réguliers. Ainsi peut-il se transformer en dragon ou en oiseau de feu tout en déclamant des alexandrins. Sans parler de Prof, l’ours-nandi, du gnome teigneux, de Sthéna, la chimère capable de pétrifier ses ennemis ou de Geungshi, personnage dont il ne reste plus qu’un crâne et qu’une dent, mais qui vit et parle encore ! Une mention spéciale pour Sélène, seule humaine de cette histoire, gamine attachante, amoureuse d’un inconnu et disposant de super-pouvoirs. L’intrigue, tout aussi improbable, regorge de combats, batailles rangées et péripéties de toutes sortes qui font beaucoup penser à une BD ou à un jeu video. Le style de l’auteur est fluide, agréable et efficace. Pour peu qu’on l’on ne soit pas trop cartésien, on passe un très bon moment de divertissement à découvrir cet univers de folie douce, finalement aussi poétique qu’humoristique qui pourrait d’ailleurs être aisément adapté au cinéma avec pas mal d’effets spéciaux bien sûr.
Ma note
4,5/5
LA DIMENSION DES MIRACLES (ROBERT SHECKLEY)
Le résumé du livre
Simple terrien du XXème siècle, Carmody reçoit un jour la visite d’un étrange envoyé spécial qui lui annonce qu’il est l’heureux gagnant d’un grand Sweepstake Galactique. Mais pour recevoir son prix, il doit aller le chercher lui-même au Centre Galactique sur une lointaine planète. Le voyage sera gratuit et instantané. L’ennui, c’est que le retour sur Terre n’est pas prévu dans la prestation. Il s’avère que le fameux prix, d’abord disputé par un alter ego venu de nulle part, un certain Karmod quasi sosie de Carmody, peut prendre toutes sortes d’apparences comme celles d’un serpent, d’une marmite ou d’une flute à bec ! Quant aux tribulations de planètes en planètes et de dimensions en dimensions, elles ne vont pas manquer. Dur, dur de ne pas se souvenir des coordonnées exactes de la planète dont vous provenez…
Ma critique
« La dimension des miracles » se présente comme un roman de science-fiction humoristique. Le ton est léger, l’intrigue amusante bien que sans grande épaisseur. On sent que l’auteur a lâché les rênes de son imagination et s’est laissé aller à une fantaisie des plus délirantes. Carmody croise la route de personnages aussi improbables qu’un dieu égocentrique et un tantinet paranoïaque, un qu’architecte aménageur de planètes perfectionniste ou qu’un dinosaure intelligent et amical. Vers la fin du récit, Shekley dérive vers une philosophie aussi dingue que parodique, ce qui lui permet au détour d’un paragraphe de fustiger la société de consommation, la gestion de nos déchets ou l’épuisement de nos ressources. Au total, un petit bijou d’intelligence qui donne à réfléchir tout en divertissant. Que demander de mieux ?
Ma note
4,5/5
CUGEL, L’ASTUCIEUX (JACK VANCE)
Le résumé du livre
Les affaires de Cugel n’étant guère florissantes, le voilà qui tente de cambrioler Iucounu, le Magicien Rieur, riche collectionneur de gris-gris et sortilèges en tous genres. Mais il se fait surprendre en pleine action. Pour compenser l’offense, il pourrait lui être infligé le sortilège de l’Enkystement lointain :être enfermé à seize pieds sous terre. Mais comme cette sanction ne permettrait pas de compenser le dommage causé, le Magicien préfère finalement lui demander de lui rapporter du pays de Cutz la seconde lentille magique qui lui manque pour vraiment jouir de la vision du Monde Supérieur. Et pour être bien certain que Cugel accomplira sa mission, il lui adjoint Firx, petit créature maléfique qui s’insinue dans ses viscères. Iucounu lui suspend au cou une tablette qui peut rendre comestible n’importe quelle matière et qui carillonne en présence du moindre poison. Il est enfin enfermé dans une cage qu’un diable volant emmène au loin et largue dans un désert…
Ma critique
« Cugel l’astucieux » est un roman de fantaisie pure, classé un peu à tort dans le registre de la science-fiction amusante. L’intrigue est originale et même parfois surprenante. L’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère au niveau magie, sortilèges, monstres et sorciers en tous genres. Au fil de l’histoire, les tribulations se multiplient pour le pauvre Cugel pour lequel on finit par éprouver de l’empathie alors que ce n’est qu’une fripouille sans grande envergure. Vers la fin, on ressent quand même un certain essoufflement avec l’épisode des pèlerins et ses développements pseudo métaphysiques trop facilement parodiques de la mystique chrétienne. Au total, un ouvrage distrayant, un style fluide, très agréable à lire, mais quand même assez loin du niveau du « Cycle de Tschaï », meilleur ouvrage de l’auteur à mon sens.
Ma note
4/5
CELLULOMAN (FRANÇOIS EMILE)
Le résumé du livre
Doter un homme de la force de l’éléphant, de la rapidité de la gazelle, de la résistance du rhinocéros, de la vue perçante de l’aigle, de l’ouïe du chat, de la capacité pulmonaire du dauphin et du radar de la chauve-souris, tel est l’objectif du Docteur David Bloub pour son cobaye Jean Forêt… Le professeur Baltus navigue au large de La Rochelle quand son bateau est littéralement happé par un engin sorti de la mer. Avec trois autres savants kidnappés comme lui, ils doivent mettre au point un véhicule blindé ultra perfectionné… L’Intelligence artificielle d’un prototype du Professeur Baltus est contaminée par un virus, ce qui permet à des gangsters de s’emparer de l’engin et de s’en servir pour un cambriolage… Au quartier général de l’armée américaine, un général annonce à son état-major qu’un contact vient d’être établi avec un extra-terrestre. Un OVNI se pose à la base de Scott AirForce. Son pilote fait une requête un peu bizarre… Le professeur Baltus met au point un androïde et un chien robot doté du cerveau de son propre chien, mort par sa faute… Le professeur Beckmann découvre un produit cicatrisant à base de propolis…
Ma critique
« Celluloman » est un recueil de sept nouvelles de fantastique et d’anticipation ne manquant pas d’un certain charme. L’ennui, c’est que, partant d’une idée intéressante (homme amélioré, cyborgs, morts-vivants télécommandés, etc.), l’auteur n’en tire pas grand-chose de vraiment original et ne trouve pas le moyen de faire atterrir son intrigue sur une fin surprenante. Le manque de style et de qualité littéraire particulière peuvent un peu gâcher le plaisir de la lecture. Beaucoup trop d’erreurs en tous genres, de coquilles et d’approximations lexicales ou grammaticales. Une fixation sur le militaire et des descriptions de personnages toujours centrées sur la couleur des yeux et des cheveux. Un ouvrage qui, s’il avait bénéficié d’une véritable relecture, aurait pu parvenir à un véritable professionnalisme.
Ma note
2,5/5
ENVAHISSEURS ! (ANDREW WEINER)
Le résumé du livre
Un homme voit de petits hommes verts envahir son appartement. Ils passent par un trou dans le plafond de sa salle de bains, sorte de faille spatio-temporelle. L’ennui, c’est qu’il est bien le seul à les voir… Dans une petite station balnéaire endormie, apparaît Marianne, très jolie femme qui propose un spectacle musical sur fond de chant de baleines et de sifflements de radiotélescopes. Elle diffuse des hologrammes de cerveaux humains. Une de ses conquêtes craint qu’elle ne lui ait volé son âme… Herschel Freeman bénéficie d’une chance insolente jusqu’au jour où les Vleeps, extraterrestres menacés, font appel à ses services… Kay, détective privé, est chargé par un certain Victor Lazare de retrouver Walter Hertz, directeur disparu du service des enregistrements de la ville… Un groupe de musiciens venus de la planète Zoom tentent de faire revivre le bon vieux rock n’roll des années 60…
Ma critique
« Envahisseurs » est un recueil de nouvelles de science-fiction entre rêve et humour. Les cinq sont de belle facture, bien écrites et amusantes. Ce n’est pas à se plier de rire ni à se taper les cuisses, mais quand même on peut y trouver un certain ton décalé qui permet de naviguer agréablement sur les rives de la parodie et de la dérision. La première, « Envahisseurs », est sans conteste la meilleure surtout pour sa chute surprenante et fort bien trouvée. Très originale, la dernière, avec ses extraterrestres plus tacherons de la musique que véritables innovateurs pose le problème de la création artistique. Un auteur à suivre…
Ma note
4/5
L’UNIVERS EN FOLIE (FREDRIC BROWN)
Le résumé du livre
10 juin 1954. La première fusée à être envoyée vers la lune rate sa cible et s’écrase dans le jardin des Borden, éditeurs de revues de science-fiction. Tout est détruit dans l’explosion à l’exception de Keith Winton, journaliste invité, qui se retrouve à quelques kilomètres de là dans un autre univers à la fois semblable et pourtant très différent du sien. Dans un drugstore, il rencontre un monstre rouge à tentacule. Le patron lui échange des centaines de crédits contre une simple pièce de 5 dollars avant de sortir un fusil et de lui tirer dessus. Il comprend très vite que tout le monde le prend pour un espion venu d’Arcturus. Il se retrouve dans la peau d’un fugitif traqué et sur lequel n’importe qui peut tirer sans sommation…
Ma critique
« L’univers en folie » est un roman de science-fiction décalée qui ne semble plus fantastique qu’humoristique. En effet, l’intrigue repose sur un principe de mondes parallèles très ressemblants et donc d’autant plus déstabilisants pour le héros. Les personnages et les situations sont devenus des classiques tant ce thème a été exploité depuis. On notera diverses trouvaille comme la brume sombre déployée sur les grandes villes pour les protéger des attaques de vaisseaux Arcturiens ainsi que la présence de Mekky, sorte d’ancêtre ou de précurseur des I.A, sous la forme d’une boule flottante, parlante et peut-être capable de sentiments. L’écriture de Brown est fluide et agréable sans fioritures ni descriptions inutiles. L’intérêt ne faiblit pas tout au long de ce classique toujours d’actualité bien que paru en 1967.
Ma note
4/5
ÉCHANGE STANDARD (ROBERT SHECKLEY)
Le résumé du livre
Marvin Flynn vit à Stanhope, petite ville paisible située à 500 km de New York. Bien qu’il ait déjà beaucoup bourlingué sur terre et visité nombre de pays, il rêve de voyager dans le cosmos pour découvrir des planètes lointaines. Mais ce n’est pas à la portée de sa bourse sauf s’il arrive à procéder à un échange d’identité, appelé Psycho-Troc avec un habitant d’une autre planète qui voudrait visiter la Terre. Un jour, Marvin tombe sur une annonce aussi étrange que prometteuse : « Mons. orig. de Mars, tranquille, soigneux, cultivé, échang. corps avec Mons. de la Terre, caract. équiv. 1er Août- 1er Sept. Ref. prod. Contr. notarié. » Il n’en faut pas plus pour que l’aventure commence.
Ma critique
« Échange standard » est un roman de science-fiction amusante, publié en 1966, mais toujours aussi amusant à lire. L’intrigue démarre très fort avec de nombreux rebondissements, des échanges étonnants et des circonstances inattendues. Le lecteur passe de l’univers sablonneux de « Dune » à celui du Far-West en passant par celui des chevaliers de Moyen Âge. On est dans un pastiche si délirant, si léger, et si ébouriffant que la première moitié de l’ouvrage se déguste au grand galop. La seconde partie avec la quête de la belle Catherine aussi mystérieuse qu’insaisissable est un peu différente. Sheckley y change de vitesse et surtout de registre. Il part dans une sorte de délire philosophique complètement déjanté dans le cadre d’un Monde Biscornu où tout est possible surtout l’improbable, l’incroyable ou l’hallucinant. On n’est plus très loin de l’univers du regretté Pratchett. Un très grand plaisir de lecture pour qui aime le parodique bizarroïde !
Ma note
4,5/5
L’ÈRE DES GLADIATEURS (FREDERIK POHL & CYRIL KORNBLUTH)
Le résumé du livre
Dans un futur assez lointain, le monde est régi par une violence institutionnalisée, organisée, canalisée. Les villes sont devenues des jungles de béton avec des quartiers de maisons-bulles qui, faute d’entretien tombent en décrépitude. Charles Mundin, jeune avocat pénaliste et candidat à une élection municipale, se voit confier des affaires peu intéressantes et même indignes de ses compétences, jusqu’au jour où l’importante société G.M.L. lui confie une mission délicate… Les nouveaux Jeux du Cirque sont des spectacles très recherchés. Norwell Bligh, un de ses plus célèbres organisateurs, se retrouve renvoyé du jour au lendemain, car un certain Stimmens, plus jeune et plus créatif que lui, vient de lui prendre sa place…
Ma critique
Paru en 1949, « L’ère des Gladiateurs » est un roman de science-fiction qui a plutôt mal vieilli et qui ne procure plus guère de plaisir à être lu aujourd’hui. Le monde imaginé par Pohl et Kornbluth est même en deçà de celui dans lequel nous vivons. Les ordinateurs en sont encore aux cartes perforées, c’est dire ! L’intrigue tourne beaucoup trop autour de grenouillages dans le milieu de la finance et des grosses sociétés du bâtiment. La partie « Jeux du Cirque », qui aurait pu être spectaculaire, l’est assez peu et n’intervient qu’en toute fin de l’ouvrage. En dehors du fait que les auteurs ont un regard déjà désabusé sur une société de consommation qui en était à ses balbutiements au moment où ils écrivaient, l’intérêt de cet ouvrage reste des plus limités.
Ma note
2,5/5
KRONOS, LE TEMPS DE RENAÎTRE (YVAN LANDIS)
Le résumé du livre
Au Mont Valérien, Daniel Orzon, ancien chercheur pour l’armée américaine, a mis au point, dans la cave de son pavillon, Kronos, une machine à re-créer à l’identique des êtres ayant déjà existé. Un engin capable de les faire revenir de l’au-delà, de les ressusciter des morts, mais pour un temps déterminé à l’avance. Ainsi parvient-il à refabriquer Clara, son épouse, décédée, quatorze années plus tôt. Après un premier essai qui tourne court, il recommence et réussit à lui donner un siècle d’espérance de vie supplémentaire. Clara travaillait pour les services secrets américains. Elle devait assurer la protection d’une ministre quand l’avion dans lequel elle se trouvait fut pris d’assaut par des terroristes. Les forces de l’ordre encerclèrent l’appareil. Un tireur d’élite, Ike « the Strike », en voulant abattre un des terroristes, la tua d’une balle…
Ma critique
« Kronos, le temps de renaître », se présente comme un roman de science-fiction doté d’une bonne part de fantastique. Avec cette machine en forme de soucoupe volante, sorte d’imprimante 3D capable de créer des humains à partir d’une simple image holographique, on n’est pas très loin du pouvoir du démiurge, de l’homme se hissant à la hauteur du divin. Dans le monde de l’imaginaire, pourquoi pas ? Mais le lecteur en constatera vite les limites. De cette idée originale et hyper intéressante, Yvan Landis n’a pas tiré le maximum, loin de là. Il s’est contenté de faire apparaître quelques personnages historiques complètement éberlués de ce qu’ils découvrent. L’intrigue est assez simpliste. Peu de suspens et peu de rebondissements. De méchants Russes volent l’invention. On se demande d’où ils sortent et comment ils ont obtenu l’information. La chute n’est pas surprenante du tout. Le style trop banal et trop banal aurait mérité d’être plus travaillé. (Trop de dialogues peu percutants et peu pertinents.) Une mise en page approximative, un trop grand nombre de coquilles, de faiblesses lexicales et grammaticales gâchent un peu le plaisir de la lecture de cet ouvrage de divertissement sans grande envergure.
Ma note
3/5
LES ENFANTS D’ICARE (ARTHUR C. CLARKE)
Le résumé du livre
Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Terre est envahie par des extra-terrestres invisibles appelés « Suzerains ». Leurs énormes vaisseaux spatiaux restent en vol stationnaire silencieux au-dessus de toutes les principales capitales du monde. De temps à autre, leur chef, le Superviseur Karellen, convoque Stormgren, le secrétaire général des Nations Unies. Il le reçoit sans se montrer dans une cabine de son vaisseau et il lui communique ses instructions. Dans l’ensemble, les humains acceptent assez bien la domination des Suzerains qui semblent disposer de pouvoirs illimités grâce à une technologie très avancée. Grâce à eux, la paix, la sécurité et la prospérité sont garanties sur l’ensemble de la planète. Quelques opposants regroupés dans une « Ligue de la Liberté » peinent à se faire entendre. Un jour, Stormgren est kidnappé par un certain Joe, colosse d’origine polonaise, au service du chef de l’opposition, un Gallois aveugle. Cette affaire ratée permet à Karellen de démasquer les dissidents. Mais quel est le but véritable de cette colonisation ?
Ma critique
« Les enfants d’Icare » est un roman de science-fiction avec un certain côté conte philosophique initiatique. L’intrigue est à la fois simple et complexe. Que sont venus faire ces « Suzerains » invisibles et bénéfiques qui ont mis fin à toutes les guerres, qui ont protégé les animaux et qui ont apporté la prospérité aux hommes au point de combler tous leurs besoins essentiels au-delà de toute espérance. Le lecteur ne découvrira qu’en fin de volume quel était le véritable but de cette mission. Il n’est pas question ici de le révéler, cela ôterait toute envie de lire ce livre un peu étrange, un peu dérangeant. Pas le meilleur du grand Arthur C. Clarke, mais quand même une histoire qui donne beaucoup à faire réfléchir sur la suite des générations, la descendance, l’avenir entre les mains des plus jeunes et l’ingratitude de l’enfance. Intéressant sans plus. Manque un peu de rythme, de spectaculaire et de rebondissements.
Ma note
3/5
LE MAGICIEN QUANTIQUE (DEREK KÜNSKEN)
Le résumé du livre
Dans un futur aussi lointain qu’improbable, Belisarius Arjona use de ses capacités intellectuelles hors normes d’homme quantique pour tirer profit de petites arnaques de jeux de casinos. Et voilà qu’on lui propose une fortune pour détourner une douzaine de vaisseaux spatiaux qu’il s’agit de faire disparaître en les faisant traverser un trou de ver ennemi. Disposant de propulseurs à énergie révolutionnaire, ces engins ont une très grande valeur. Pour réaliser sa mission, Belisarius doit faire appel à toute une équipe de post-humains dans son genre ou de proto-humains (mi-hommes, mi-animaux) et même à une intelligence artificielle qui se prend pour la réincarnation de Saint Mathieu.
Ma critique
« Le magicien quantique » est le premier roman d’un auteur canadien qui parsème son texte de jurons spécifiques de la belle Province, comme « Ostie », « Câlice » ou « Tabernak » et même d’un certain nombre de grossièretés gratuites (« Lèche-toi les couilles si t’arrives à les trouver ! », « Si tu n’es pas en train de baiser, t’es celui qui se fait baiser ! ») ! Comme genre c’est plutôt de la hard SF toute hérissée de concepts pseudo-scientifiques abscons qui n’aident pas à la compréhension du message et ne font qu’alourdir un style déjà ampoulé et peu fluide. L’intrigue, relativement mince, longue à démarrer (plus de 90 pages de mise en route et exposition sans grand intérêt), lente à se déployer s’achève dans une bataille galactique aussi lassante qu’interminable. Il faut s’armer de patience pour venir à bout de ce pavé indigeste de près de 500 pages qui tombent des mains. Espérons que le prochain opus de cet auteur sera plus magique que quantique !
Ma note
2,5/5
LA LENTE MARCHE DU CATACLYSME (A.J. WOODWIND)
Le résumé du livre
Woa, une klelech de la tribu Otokt, découvre un ancien campement abandonné depuis peu dans une forêt profonde. Et non loin d’un foyer presque éteint, une très jeune femme est endormie. Le lendemain, à leur réveil, les deux femmes font connaissance. L’étrangère s’appelle Mai. Elle parle une langue inconnue mais a de grandes dispositions pour très vite assimiler celle de Woa. De plus, elle ne semble pas avoir besoin de boire et mange des cailloux noirs. Sa peau est bizarre. Elle semble comme zébrée et luminescente. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Que fait-elle sur cette planète ? Woa pourra-t-elle la présenter à sa tribu ? Ne risque-t-elle pas d’être rejetée chez les parias si la rencontre ne se passe pas bien ?
Ma critique
« La marche lente du cataclysme » est un roman de science-fiction construit sous la forme de trois volets bien distincts, presque comme trois nouvelles ou novellas avec lieux et personnages différents, mais gardant pour fil rouge la personnalité particulière de l’héroïne May, sorte de superwoman, mi-humaine, mi-androïde, dotée de pouvoirs exceptionnels et d’une longévité hors normes. Dans la première partie, l’action démarre sur les chapeaux de roues. Dans la seconde, elle ralentit fortement. Le lecteur reste avec ses questions : qui est vraiment Mai ? Emissaire ? Ambassadrice ? De qui ? De quoi ? Pourquoi détruit-elle tout sur son passage ? La troisième et dernière partie finit par proposer quelques réponses. Malheureusement l’intrigue repose principalement sur de longs récits de combats, batailles, explosions et autres affrontements de sorte que le lecteur a le sentiment de se retrouver au cœur d’une narration de jeu video. Les tenants et aboutissants de cette histoire sont à peine esquissés, les personnages peu fouillés, la psychologie et toute ampleur géopolitique intergalactiques quasiment absentes, ce qui reste un brin frustrant pour l’amateur de SF friand de chocs des empires et d’épopées intersidérales. Comme on nage un peu dans le brouillard niveau compréhension, l’intérêt du curieux est maintenu tout au long des 625 pages de ce pavé, le style littéraire de qualité de l’auteur y est sans doute également pour quelque chose.
Ma note
3/5
L’AGE DES ÉTOILES (ROBERT HEINLEIN)
Le résumé du livre
Tom et Pat Bartlett sont deux frères jumeaux dotés d’une caractéristique assez rare : ils peuvent communiquer par télépathie. Cherchant à recruter des « communicateurs de l’espace », un institut contacte leur père pour leur faire subir une batterie de tests. Ils sont jugés aptes à participer au projet « Lebenraum » (espace vital). La terre étant surpeuplée, il faut trouver de nouvelles planètes habitables. L’un des jumeaux partira dans l’espace pendant que l’autre restera sur Terre. Ainsi, grâce à leur don, l’expédition pourra toujours donner des informations, même à des années-lumière, là où des moyens traditionnels comme la radio ne fonctionnent plus. D’abord volontaire pour partir, Pat, victime d’un accident, doit céder sa place à Tom qui embarque sur le « Lewis et Clarck », un vaisseau-torche capable de filer à la vitesse de la lumière. L’ennui, c’est que le temps ne s’écoule pas à la même vitesse sur terre et aux confins de la galaxie. Quand Tom ne vieillit que de quelques jours, Pat prend des années.
Ma critique
« L’âge des étoiles » est un roman de science-fiction de belle qualité du regretté Robert Heinlein qui fut avec Isaac Asimov et Arthur C.Clark un des trois « grands » de la SF américaine de l’autre siècle. Bien que ce ne soit pas le plus remarquable des ouvrages du maître, il se lit encore avec beaucoup de plaisir. Le style est agréable, l’intrigue solide et bien menée avec quelques rebondissements allant crescendo pour parvenir à une fin bien trouvée mais qu’il ne faut pas dévoiler. Au total, un livre divertissant mais donnant aussi à réfléchir sur la relativité, le temps qui passe, celui qui reste, l’incommensurable difficulté que pourrait représenter la colonisation de planètes lointaines. Avec cependant un côté naïf et optimiste bien dans l’esprit de l’époque : le « Lewis et Clark », merveille de technologie au début est surpassé à la fin par des fusées beaucoup plus rapides, capables de quasiment annihiler l’espace et le temps. C’est dire !
Ma note
3,5/5
DEMAIN LA TERRE (JEAN-PIERRE ANDREVON & AUTRES AUTEURS)
Le résumé du livre
En raison d’un dérèglement climatique accéléré, depuis des semaines et des mois, il pleut tout le temps sur Terre. Les eaux montent, les champs se transforment en lacs et des pays entiers disparaissent sous les eaux. Le père de Sébastien a l’idée de construire une nouvelle version technologique de l’arche de Noé… En 2040, au Japon, Shu Kishida vit dans une atmosphère tellement polluée qu’il ne peut sortir de chez lui sans son masque à air fabriqué par la société Yi-Yendi pour laquelle il travaille… En mer d’Arabie, un aqualier, tanker géant transportant 500 000 tonnes d’eau récupérée sous la mer est attaqué par des pirates. Le capitaine et son équipage sont promptement trucidés et jetés à la mer… Miror est un « spid ». Son espérance de vie est d’autant réduite que celle de ses parents, suite à un traitement biologique particulier, a été rallongée jusqu’à égaler celle des tortues des Galapagos… Dans une station spatiale en orbite autour de la Terre, Fershid et Milena, deux scientifiques, procèdent à des mesures et relevés climatiques pour le compte de l’Agence Spatiale Européenne. Et ce qu’ils observent est rien moins qu’inquiétant : l’Arctique se morcelle, l’Europe est grignotée par la montée des eaux, (plus de Pays-Bas, plus de Camargue) et le Bengla-Desh, entre autres est en voie de submersion…
Ma critique
« Demain, la Terre » est un recueil composé de cinq nouvelles relevant toutes du registre science-fiction écolo-catastrophiste. Chacune illustre une des catastrophes promises à notre malheureuse planète : dérèglement climatique avec son lot de fonte des glaces, ses cyclones et autres tsunamis, pollution aggravée au point de rendre l’air irrespirable, bataille autour des dernières réserves en eau potable et même fin du monde avec milliards d’humains disparus dans toutes sortes de catastrophes (« Marée descendante » de Jean-Pierre Andrevon). Cet ouvrage, plutôt destiné aux adolescents, mais pouvant parfaitement être apprécié par les adultes, se lit ou plutôt se dévore en quelques heures tant le style des auteurs est de qualité et leurs histoires fort bien tournées. Le lecteur les trouvera plus ou moins originales, plus ou moins pertinentes avec un « like » tout particulier pour la nouvelle de Christophe Lambert, « La compagnie de l’Air », qui se révèle comme la meilleure des cinq à tous points de vue. À noter la préface explicative de Joël de Rosnay ainsi qu’une présentation de chaque auteur et une autre de citations pour chaque texte. De l’écolo- pédagogie de qualité, en quelque sorte !
Ma note
4,5/5
LES CHEMINS DE L’ESPACE (COLIN GREENLAND)
Le résumé du livre
À Londres, sur la vieille Terre, un étrange gentleman dépourvu de chapeau, descend d’un fiacre, disperse quelques mendiants en leur jetant une poignée de piécettes et va frapper à la porte d’une taverne assez borgne. Il demande à voir une certaine Molly. C’est une prostituée qui semble ne pas lui être inconnue. Après un bref rapport, l’homme sort un poignard laser et fait passer la pauvre Molly de vie à trépas. En fait, le tueur est un Hrad, un exécuteur des basses œuvres, venu de Jupiter ou d’une de ses lunes… À Fort de Haut, sur les hauts de Hanovre, la jeune Sophie Farthing se présente au lecteur. Elle n’a jamais connu sa mère et vit avec son père, alcoolique notoire et Kappi, un Ophiq massif, de quatre pieds de haut, venu d’Arcturus IV. Comme il lui a appris à lire et à écrire, elle sert de scribe aux marins du port. Un jour, elle rencontre un certain Cox, dignitaire de la Guilde, qui prétend avoir connu sa mère. Pour le retrouver et en avoir le cœur net, elle se glisse par erreur à bord de l’Halcyon Dorothy qui quitte le quai et file dans l’espace avant qu’elle ait pu réagir…
Ma critique
« Les chemins de l’espace » est un roman de science-fiction plutôt atypique car très mâtiné steampunk. L’histoire se passe dans un univers à la Dickens avec machines à vapeur, fiacres, diligences et surtout vaisseaux spatiaux dignes de la marine en bois bien pourvus de voiles ! Toute l’intrigue tourne autour de Sophie, jeune orpheline, à la recherche de son identité au quatre coins de la galaxie. Le versant space-opera à la Silverberg (clin d’œil évident par rapport au titre) semble moins crédible. Il est d’ailleurs presque complètement occulté par le versant « Olivier Twist » ou « Mystères de Londres » qui reste néanmoins très passionnant. Comme le lecteur est touché par le destin de cette gentille héroïne à qui arrivent toutes sortes de malheurs et de tribulations, il ne peut que maintenir son intérêt tout au long d’une narration pourtant particulièrement minutieuse et descriptive. Un ensemble assez surprenant mais relativement agréable à lire.
Ma note
3,5/5
LE PRINCE DES ÉTOILES (JACK VANCE)
Le résumé du livre
En juillet 1524, Kirth Gersen se présente à la taverne de Smade, établissement fréquenté par les pirates et les flibustiers les plus notoires de l’Au-delà. Il faut dire que Smade est le seul propriétaire de la planète qui porte son nom. Il s’y est établi avec ses trois femmes et ses onze enfants et y fait régner sa loi. Gersen y rencontre un autre explorateur de l’espace, Lugo Teehalt, lequel a travaillé pour le compte d’Attel Malagate, dit « Le Monstre ». Teehalt a fait la découverte d’une planète aussi magnifique qu’hospitalière, habitée par des créatures fascinantes telles les dryades. Pour la préserver, il veut garder secret son emplacement. Mais, dans la nuit, il est assassiné par trois individus, au grand dam de Smade qui n’admet aucun désordre sur sa planète. Gersen repart avec le moniteur de la fusée de Teehalt. Il espère réussir à l’ouvrir et à le faire parler, car il contient de précieux renseignements et en particulier la position de la fameuse planète.
Ma critique
« Le prince des étoiles » est un roman de science-fiction, catégorie space-opera, consacré à une chasse à l’homme et à une vengeance à travers la galaxie. C’est le premier de cinq tomes d’une saga intitulée « La geste des princes-démons ». Chacun retrace la traque d’un grand criminel et peut se lire indépendamment des autres. Après Attel Malagate, suivront Kokor Hekkus, Viole Falushe, Lens Larque et Howard Alan Treesong. Présentée comme un grand classique de la science-fiction (si l’on en croit la quatrième de couverture), cette série est plutôt une œuvre de divertissement sans grande prétention ni profondeur. L’intrigue est assez basique, les personnages peu travaillés et les méchants très caricaturaux. Reste le style de qualité du grand Jack Vance dont la production assez énorme comporte des titres de bien meilleur niveau que celui-ci.
Ma note
3,5/5
LA FLEUR DE DIEU (JEAN-MICHEL RÉ)
Le résumé du livre
Dans un futur très lointain, l’humanité a colonisé depuis des siècles de nombreuses planètes dont Sor’Ivanya sur laquelle pousse l’étrange « Fleur de Dieu » dont nul ne sait si elle relève du règne minéral ou végétal. Très rare et très recherchée pour ses propriétés hypnotiques voire hallucinogènes, elle fait l’objet d’un commerce très lucratif à l’intérieur de l’Empire. Mais voilà que Fawdha’anarchia, collectif d’anarchistes libertaires aux méthodes terroristes, taille des croupières aux forces impériales. Avant de disparaître dans des confins inexplorés, ces activistes ont eu le temps de détruire un certain nombre de vaisseaux de l’armée et surtout de dérober la formule secrète de composition de la « Fleur de Dieu ». Le seigneur de Latroce chargé de les retrouver pour les châtier n’est arrivé à rien. Le soupçonnant de sédition ou de double jeu, l’empereur Chayin X le convoque pour lui infliger la compagnie plutôt inquiétante de l’Inquisiteur Paznar…
Ma critique
« La fleur de Dieu » est un roman de science-fiction de fort belle facture. Dès le début, le lecteur est emporté dans un univers étrange empreint de religiosité syncrétique et de tyrannie particulièrement oppressive. Les évènements s’enchaînent sur un rythme soutenu. Le style est de qualité, la narration rythmée et les personnages bien campés. Difficile de lâcher un tel ouvrage. On ne lit pas on dévore et on arrive très vite à la fin du volume pour découvrir que l’on reste sur sa faim avec toutes ses interrogations. Qui est véritablement l’Enfant ? Que vient-il faire dans cette histoire ? Quel jeu mène vraiment le Seigneur de la guerre ? Etc. On attend donc la suite avec impatience. Sans doute une série particulièrement addictive. Pour s’y retrouver dans ce foisonnement d’évènements et de personnages, l’auteur a eu la bienveillance de proposer une liste de personnages en début de volume et surtout un important glossaire explicatif (45 pages) auquel il faut souvent se reporter pour bien comprendre le contexte de cette histoire passionnante.
Ma note
4,5/5
TOM O’ BEDLAM (ROBERT SILVERBERG)
Le résumé du livre
En 2103, l’humanité doit faire face aux terribles conséquences de la Guerre des poussières… Tom O’ Bedlam passe pour un simple d’esprit aux yeux d’un groupe de bandidos en train de rafistoler un van dans le désert californien. En effet, ce pauvre vagabond prétend avoir eu la vision d’une aurore verte, de neuf soleils, d’un monde d’émeraude et de créatures de cristal dotées de quatre rangées de trois yeux. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Le docteur Elszabet Lewis doit traiter par curage psychique le père Christie, pasteur ayant perdu la foi, qui, lui aussi, prétend avoir vu les neuf soleils et même avoir rencontré Dieu en personne et en majesté. Il y a aussi Jaspin, ex-professeur d’université, qui, lors d’une cérémonie de tumbondé, étrange culte cosmopolite basé sur un mélange de croyances guinéennes, haïtiennes, mexicaines et brésiliennes, a rêvé de Chungira-Il viendra, dieu gigantesque aux cornes enroulées de bélier surplombé par deux soleils reliés par une arche de feu lancée dans le ciel…
Ma critique
« Tom O’Bedlam » est un roman de science-fiction tout à fait étrange et fantastique et pouvant se lire avec différents niveaux d’interprétation. Le lecteur pourra y voir une méditation sur la mort et la résurrection, un conte philosophique voire une parabole sur la venue d’un nouveau messie en la personne de Tom, personnage tout ce qu’il y a d’ambivalent et de paradoxal, à la fois idiot de village et être doté d’énormes pouvoirs dont celui de faire passer ses frères humains d’un monde à un autre. L’ennui, c’est qu’une fois la problématique posée, l’intrigue ne prend pas l’ampleur escomptée. La narration piétine, fait du surplace. On a même l’impression de tourner en rond. De plus, aucune des questions posées n’est résolue. Jusqu’à la dernière ligne, tout reste en suspens, dans un flou pas très artistique. Le lecteur reste sur sa faim dans à peu près tous les domaines. Il ne saura même pas ce que devient le héros pas plus que ce que le sort de ses « protégés » ou « victimes ». Au total, un ouvrage qui ne tient pas vraiment ses promesses vu l’ambitieux point de départ. Pas le meilleur du grand et prolifique Silverberg !
Ma note
3/5
LES BRAS DE MORPHÉE (YANN BECU)
Le résumé du livre
En 2070, dans la ville de Prague, Pascal Frimousse, professeur de français, est capable de veiller douze d’affilée alors que la plupart des gens sont condamnés chaque jour à dix-huit ou vingt heures de sommeil. Depuis quelques années en effet, l’humanité souffre d’un syndrome étrange : son temps d’éveil journalier ne fait que diminuer au fil du temps et sans réelle explication. Ainsi sa compagne Aurélia, une « quatre heures », dort beaucoup plus longtemps que lui, utilise un langage simplifié avant de retomber très vite dans les bras de Morphée. Pour vaincre son ennui, Frimousse exerce un second métier, celui de troll professionnel. En échange de primes plus ou moins substantielles, il pourrit la vie de votre ennemi et peut même, avec la complicité de son ami Michel, autre réveillé, vous en débarrasser totalement. Une riche comtesse les embauche pour retrouver un étrange professeur…
Ma critique
« Les bras de Morphée », classé dans la catégorie science-fiction, relève plutôt de l’anticipation, voire de la fantaisie pure et simple. L’intrigue démarre sur un concept intéressant : que se passerait-il si tout le monde souffrait soudain de cette étrange maladie du sommeil ? L’ennui, c’est que l’auteur n’a pas vraiment poussé jusqu’au bout les conséquences de cette pandémie hormis la présence d’une violence institutionnelle accrue. On pend beaucoup, on liquide pour un oui ou un non. L’histoire manque un peu de consistance et les personnages d’épaisseur. Le lecteur sent que l’auteur a surtout voulu privilégier une certaine forme d’absurde et le faire passer avec un certain humour qu’on pourrait qualifier de potache (blagues, calembours, astuces vaseuses ne manquent pas). Les allusions et références littéraires sont innombrables et peuvent même finir par lasser certains. Heureusement, un style correct permet d’éviter de peu l’endormissement. À noter également la belle qualité éditoriale de l’ouvrage, graphisme magnifique, joli papier, couverture très réussie. En gros, un emballage de luxe pour un petit roman amusant mais sans grand contenu.
Ma note
3/5
LES TOMBEAUX DE L’ANTARCTIQUE (GEORGE-JEAN ARNAUD)
Le résumé du livre
Le caudillo Herandez a placé face à un dilemme terrible le malheureux Jdrien maintenu prisonnier dans des geôles blindées pour qu’il ne puisse pas communiquer par télépathie avec quiconque. Ou il arrive à obtenir que les Roux cessent leur guerre de sape ou il est condamné à mort par pendaison. Aucune des conditions demandées pour sa libération n’étant acceptable par Yeuse, son demi-frère Liensun va tenter de le libérer d’une manière pour le moins originale. Il pourra profiter de la collaboration d’une baleine géante, volante et habitée par de nouveaux Jonas. Il est presque sur le point d’y parvenir. Il réussit à sortir Jdrien de sa cellule, mais au moment de remonter en altitude, la pauvre baleine se retrouve coincée, ce qui compromet fortement la réussite de cette action spectaculaire d’autant plus que les gardiens un moment surpris réagissent très vite en usant de mini-missiles aussi puissants que dévastateurs…
Ma critique
« Les tombeaux de l’Antarctique », 60e tome de la saga-fleuve « La compagnie des glaces » continue dans la lancée science-fiction, rétro-futurisme et steampunk de l’œuvre, avec pour cet épisode une plus forte connotation dramatique. En dépit de tous les efforts de Gus, le Bulb n’en finit pas d’agoniser, hypothéquant les possibilités de survie des habitants de cet étrange satellite. Et tout se conclut devant trois tombes quelque part dans les immensités glacées de l’Antarctique. La figure émouvante de Jdriele, le très vieux Roux au grand cœur se détache de cette histoire. Son dévouement, sa ténacité et son courage nous laissent une belle leçon de fidélité à méditer. Style de qualité toujours aussi agréable à lire pour la détente et le divertissement bien sûr !
Ma note
4/5
LA GUERRE DU PEUPLE DU FROID (GEORGE-JEAN ARNAUD)
Le résumé du livre
Le Bulb, mi-animal, mi-intelligence artificielle géante sur orbite géostationnaire, se meurt lentement dans d’atroces souffrances. Gus tente désespérément de transférer toutes ses données sur un très jeune cerveau en usant d’une sorte de télépathie… Le caudillo Herandez détient en otage Jdrien, le fils aîné de Lien Rag, celui qu’on appelait « le Messie des Roux ». Ce qui a entrainé ces derniers dans un conflit qui tend à se généraliser. Ils creusent toutes sortes de souterrains en partant de très loin, ainsi arrivent-ils à saper les fondations d’édifices ou de voies de communication ce qui a pour conséquence d’engloutir trains, ponts et immeubles… Le Consortium des Bonzes se permet de ravitailler les troupes de la Guilde, provocation que la Présidente Yeuse Semper considère comme un acte hostile, un casus belli. Résultat : un navire est attaqué par ses hydravions…
Ma critique
« La guerre des peuples du froid » est un nouvel épisode de l’immense et improbable saga « La compagnie des glaces », œuvre assez difficilement classable. Disons aux limites de la science-fiction, de l’archéo-futurisme et du steampunk. Une fois encore les dirigeables, les hydravions, les trains et autres prototypes vont décider de l’issue d’une guerre qui n’en finit pas. Ann Suba et ses équipes n’arrivent pas à mettre au point leur dernier prototype, un dirigeavion, sorte de compromis géant entre l’avion et le dirigeable. Comme aucun des évènements n’arrive à sa conclusion, il ne reste au lecteur d’autre issue que de se précipiter sur le tome suivant pour en savoir un peu plus. Plus de 60 tomes, ça demande de la constance !
Ma note
4/5
En Patagonie, la Guilde a débarqué entre 20 et 30 000 hommes ainsi qu’un formidable matériel militaire. Pour éviter de se retrouver capturée, la Présidente Yeuse Semper, à bord de son train a fui en direction des sommets enneigés de la Cordillière des Andes. Elle finit par se retrouver encerclée à Isabel, petite station de l’ouest, au pied des montagnes, sur la ligne 1917. Elle avait tenté d’organiser un guet-apens qui a lamentablement échoué. Parviendra-t-elle à échapper à ses poursuivants ? Pendant ce temps, les Harponneurs détruisent systématiquement toutes les stations qui tentent d’opposer la moindre résistance à leur progression. Autant dire que la situation n’est pas loin d’être désespérée, les forces loyalistes étant en infériorité numérique et technique…
« Les millénaires perdus » fait partie de la saga fleuve « La compagnie des glaces ». On peut classer ce tome dans une forme de science-fiction uchronique, fantastique et avec des touches de steampunk. En effet, ce seront les hydravions, les dirigeables et autres monstres aériens qui permettront d’éviter la catastrophe annoncée. Une fois encore, les problèmes de logistique, de ravitaillement des populations et autres impédimenta purement matériels se retrouvent au premier rang des préoccupations. Si on y ajoute quelques épisodes assez crus et un certain nombre de scènes de batailles, on obtient un cocktail plutôt sympathique d’aventures pleines de suspens et de rebondissements. Le lecteur n’avance qu’un peu dans l’intrigue. Ainsi apprend-il que le fameux héritage du Bulb sur lequel il se posait des questions au tome précédent n’est après tout que désastre, misère, dégoût de l’humanité, haine et mort. Tome intéressant surtout pour l’imagination et la qualité du style du grand G.J.Arnaud.
4/5
L’HÉRITAGE DU BULB (GEORGE-JEAN ARNAUD)
Le résumé du livre
À la manufacture Kurts, six mois à peine après la mort dramatique de Kurts le pirate, Ann Suba fait mettre à l’eau un premier prototype d’hydravion géant doté de puissants moteurs à turbo propulsion. Pour y parvenir, elle utilise comme grue le dirigeable « Asia ». Pendant ce temps, Liensun fait débiter d’énormes quantités de bois destinées à être installés sur la plate-forme géante de Lacustra City qui, en moins de deux années devrait atteindre une surface de rien moins qu’un million de mètres carrés. En Antarctique, Jdrien lui, se retrouve à vivre dans un igloo au milieu des Roux, peuplade primitive qui n’a de cesse de se partager femmes, jeunes filles et même gamines de cinq ou six ans. Comme Jdrien refuse de se livrer à ce genre de fornication, les Roux ne comprennent pas…
Ma critique
« L’héritage du Bulb » est un des très nombreux épisodes de la saga fleuve de G.J. Arnaud « La compagnie des glaces ». Avec cette histoire étrange, le lecteur se retrouve dans un cadre que l’on pourrait qualifier d’archéo futurisme, d’anticipation rétroactive voire de steampunk. En effet, cette intrigue fait la part belle aux dirigeables, aux hydravions et aux vaisseaux géants capturés par des pirates. Le monde n’a pas subi un réchauffement climatique, mais un refroidissement avec expansion des glaces, inondations et autres cataclysmes. L’humanité n’a de cesse de tenter de survivre fort difficilement. Les besoins en ravitaillement en énergie (huile de baleine ou de phoque) et en nourriture (viande de mouton) sont un souci perpétuel et le principal ressort dramatique de cet épisode. Ce style est très en vogue aujourd’hui dans le milieu de la SF. Notre prolifique et fort imaginatif auteur fut donc un précurseur vu que l’œuvre date des années 90 de l’autre siècle. Style de qualité, narration vive et dynamique et nombreux rebondissements (nous sommes à un moment clé de la saga) permettent d’offrir un agréable moment de lecture et donnent surtout envie de poursuivre la découverte d’une saga hors-norme qui mériterait sans doute une adaptation cinématographique.
Ma note
4/5
LES JEUX DE L’ESPRIT (PIERRE BOULLE)
Le résumé du livre
Dans un futur relativement proche, les scientifiques les plus renommés, pour la plupart Prix Nobel comme Alex Keene ou O’Kearne, s’organisent pour obtenir des politiciens en place que ceux-ci acceptent de laisser la place à un gouvernement mondial uniquement dirigé par de jeunes savants. Le physicien Fawell, futur président du monde, est ainsi recruté suite à une longue série d’épreuves et de tests de très haut niveau. Il s’adjoint les services du Français Yranne et de Betty Han, psychologue d’origine chinoise. Le but de l’opération est d’en finir avec la guerre et avec la famine. Il suffirait pour cela d’éradiquer les nations et toute forme de patriotisme. Ce qui est obtenu avec un certain succès. Les richesses sont mieux répartis et comme on ne perd ni temps ni argent dans des préparatifs militaires, plus de pénuries ni de famine. Les heureux humains ne doivent plus travailler que deux heures par jour. Serait-on arrivé à faire descendre le paradis sur terre ?
Ma critique
« Les jeux de l’esprit » se présentent comme un roman en forme de conte philosophique. Publié en 1971, cet ouvrage semble l’œuvre d’un auteur ayant tellement d’avance sur son époque qu’il pourrait être écrit de nos jours et encore répondre à nombre de nos interrogations. À quoi bon tous ces changements ? Les hommes, libérés de toutes leurs chaînes s’ennuient lamentablement et sombrent dans une mélancolie incapacitante. Les suicides se multiplient de façon exponentielle. Les dirigeants n’ont d’autre issue que d’inventer sans cesse de nouveaux jeux de plus en plus violents et de plus en plus cruels. Rien de bien neuf depuis le « panem et circenses » (du pain et des jeux) des Romains ! Et quand le lecteur découvre qu’il faut en arriver à de véritables jeux de guerre pour enrayer le fléau, la boucle est bouclée et la démonstration par l’absurde évidente. Un régal pour les esprits intelligents. À conseiller aux utopistes béats et à tous les partisans de la mondialisation « heureuse »…
Ma note
4,5/5
E = MC2 ET AUTRES NOUVELLES (PIERRE BOULLE)
Le résumé du livre
À Paris, Oscar Vincent est tranquillement assis à la terrasse de la Coupole quand il est abordé par un étrange individu vêtu d’une toge romaine rouge, lequel lui demande en quelle année on se trouve. C’est un Badarien venu des temps anciens. Il est suivi de près par un Pergolien venu, lui, d’un très lointain futur… Bourdon, savant amateur d’énigmes, se lance le défi de reconstituer un texte écrit sur deux feuillets dont il ne reste que les cendres… Arrivée sur la face cachée de la Lune, une expédition américaine croit découvrir la présence de Luniens… Un savant parvient à fabriquer le robot parfait à tout point de vue. Il sait parfaitement compter, résoudre toutes sortes de problèmes compliqués mais également avoir des sentiments et, comble du raffinement, faire des erreurs !
Ma critique
« E = MC2 et autres nouvelles » est un excellent recueil comportant huit nouvelles de fantastique, de science-fiction ou d’étrange scientifique, toutes teintées de l’humour sarcastique ou décalé du grand auteur. Lui-même de formation scientifique est loin d’être tendre avec la profession. Bien des personnages sont de doux dingues comme « l’homme qui haïssait les machines » ou de joyeux lurons aussi naïfs qu’idéalistes comme l’équipe entourant Einstein dans la nouvelle éponyme, de loin la plus inquiétante du lot avec cette version uchronique et pleine de poésie de l’invention et de l’explosion de la première bombe atomique. Chaque nouvelle est un petit bijou distrayant mais faisant aussi réfléchir sur les possibles dérives d’une science sans conscience (on connait la suite du célèbre adage…). Une mention spéciale pour « L’amour en apesanteur », nouvelle particulièrement réussie dans laquelle Pierre Boulle donne libre cours à une cocasserie des plus débridées. À de tordre de rire !
Ma note
4,5/5
LES SEPT JOURS OU LE MONDE FUT PILLE (ALEXEÏ TOLSTOÏ)
Le résumé du livre
En 1933, Ignace Rough, puissant homme d’affaires américain, invite à bord de son majestueux trois-mâts, le « Flamingo », quatre de ses pairs ainsi que l’ingénieur Corvin, grand spécialiste de balistique et d’astronomie. Il leur propose d’organiser un complot qui devrait les rendre immensément riches et puissants en fort peu de temps. Il leur suffirait de profiter du passage de la comète de Biela pour envoyer un tir groupé de fusées bourrées d’explosifs en direction de la lune, laquelle ne devrait pas manquer de se disloquer. Il n’en faudrait pas plus pour que la panique soit totale dans la population et que les cours des bourses du monde entier s’effondrent. Les cinq milliardaires n’auraient plus qu’à racheter pour une bouchée de pains des millions d’actions et ainsi devenir les maîtres du monde. Mais rien ne va se passer comme prévu…
Ma critique
« Les sept jours où le monde fut pillé » se présente comme un court roman de fantaisie, une sorte d’uchronie ou plutôt de dystopie qui tient surtout du conte philosophique dans un contexte de science-fiction à la Jules Verne ou à la Méliès. L’auteur, apparenté à l’illustre Léon Tolstoï, d’abord émigré en Angleterre et en France puis communiste de la meilleure eau stalinienne, s’est attaché à démonter les mécanismes de prise de pouvoir d’une minorité de financiers sans grande moralité, juste occupés à accroître leur fortune et à accaparer le pouvoir. Condamnation sans appel du capitalisme trouvant son apothéose dans le mondialisme. C’est par ce côté « politique » que ce récit plein de naïveté et d’erreurs astronomiques ou techniques bien excusables vu l’époque est le plus intéressant. Le lecteur remarquera également le côté visionnaire de cette fable d’une prise de pouvoir totalement illégale en vue de l’instauration (déjà) d’un nouvel ordre mondial avec gouvernement centralisé entre les mains de cette « Union des Cinq » qui aura une fin aussi courte que surprenante.
Ma note
3/5
ARCA (ROMAIN BENASSAYA)
Le résumé du livre
Au XXIIème siècle, Sorany découvre dans les déserts glacés de la planète Encelade une étrange substance, l’Artefact qui, quelques années plus tard, permettra aux humains de dépasser la vitesse de la lumière et de naviguer bien au-delà du système solaire. Il est grand temps, car les Terriens, ayant épuisé les ressources de leur planète d’origine, peinent à terraformer Mars transformée en colonie pénitentiaire. Troubles divers et révoltes des esclaves s’y produisent. Tous les espoirs de l’humanité reposent sur « L’Arca », immense vaisseau spatial sorte de moderne arche de Noé, qui devrait permettre à près de 4000 passagers d’atteindre une planète habitable située à vingt-quatre années-lumière de la Terre, la « Griffe du Lion ». Le voyage devrait durer huit années. Mais rien ne va se passer comme prévu. Parvenus à la hauteur de Saturne, 800 adeptes de la secte d’Enlil dirigée par la machiavélique Ireen Tsei veulent déclencher une mutinerie générale…
Ma critique
« Arca » se présente comme un roman de science-fiction version space-opera fantastique pour ne pas dire onirique tant l’intrigue se permet de licences poétiques frisant souvent l’invraisemblance scientifique. Partie sur le thème ultra-rebattu de la conquête d’une lointaine exoplanète, tout finit par tourner autour de la maîtrise d’une substance magique permettant des vitesses phénoménales. Les personnages sont assez stéréotypés, le plus intéressant restant celui de Sorany, le seul, avec celui de son compagnon Franck, à avoir une certaine épaisseur. L’intrigue qui part sur de bonnes bases, s’enlise malheureusement assez vite. Le rythme ralentit avec de trop nombreuses redites, répétitions et retours sur les chapitres précédents. Si on y ajoute une narration alternée sur deux périodes (2147 et 2157) puis sur trois (date indéterminée), un agacement et un certain ennui s’installent sur une bonne moitié du livre. La fin rachète un peu cette faiblesse dans la mesure où elle explique enfin certaines circonstances importantes pour la compréhension tout en laissant le lecteur sur sa faim. Le plus intéressant aurait pu être à venir, la colonisation de la « Griffe du Lion ». Mais c’est peut-être l’intention du jeune auteur pour un tome 2. En résumé, pour un coup d’essai, cet ouvrage est loin du coup de maître. Juste un honnête ouvrage de divertissement sans grande ampleur.
Ma note
3/5
LE LIVRE DES MAÎTRES DU MONDE (ROBERT CHARROUX)
Le résumé du livre
En se basant sur les observations d’objets volants non identifiés, d’étranges monuments dont personne ne peut dire la destination, de constructions enfouies n’appartenant à aucune civilisation connue et de tablettes ou hiéroglyphes censés représenter des cosmonautes ou des vaisseaux spatiaux, Robert Charroux bâtit une thèse selon laquelle les débuts de l’humanité seraient bien antérieurs aux Sumériens ou aux Egyptiens. Pour lui, 12 000 années et plus avant notre ère, des voyageurs extra-terrestres sans doute venus de Vénus auraient fondé l’Atlantide et le continent de Mu, lesquels auraient fini par sombrer dans un grand cataclysme tellurique ou nucléaire. Tout le savoir venu du cosmos se serait perdu dans les masses d’eau du déluge. Pire, les rares rescapés n’auraient eu de cesse de nier et de diaboliser l’apport technologique dont les humains auraient profité auparavant…
Ma critique
« Le livre des maîtres du monde » est un essai de « Prim-histoire » (néologisme inventé par Charroux), période antérieure à la proto-histoire et parallèle à la préhistoire, mais bien différente, car elle suppose l’existence de civilisations avancées (maîtrisant le feu nucléaire, les voyages dans le cosmos, la radio ou la télévision, etc), ce qui n’a jamais été prouvé. Et c’est bien là que le bât blesse ! Qu’il y ait des pyramides (modestes) en France à Falicon (Provence) ou à Autun, des tours hermétiques (sortes d’énormes menhirs ou de massifs obélisques sans la moindre ouverture) à Saint Romain de Benest ou à Ebéon (Charente-Maritime) ainsi que d’étranges grimoires maya voire de curieux témoignages dans de vieux manuscrits chinois ou tibétains ne permet quand même pas de conclure que nous descendons tous des extra-terrestres. Un ouvrage un peu bâti de bric et de broc surtout vers la fin où les anecdotes curieuses se multiplient sans jamais rien prouver d’ailleurs. Un cahier de photos et de nombreuses illustrations voudraient étayer cette curieuse théorie sans vraiment y parvenir. Même peu versé dans l’archéologie, le lecteur a très vite l’impression d’être dans une rêverie pour ne pas dire « fumisterie », en un mot, plus dans la fiction que dans la science. Cartésiens et rationalistes pourront aisément faire un détour…
Ma note
3/5
LES CROISES DE MARA (GEORGES-JEAN MARA)
Le résumé du livre
Après un long périple en galère galactique, Laur le Négociateur fait escale à Vasa, la Cité des boues où les populations vivent une sorte de Moyen-Âge barbare et cruel sous la coupe du tyrannique Honorat. Aux jeux du cirque, il assiste au supplice infligé à quatre malheureux Ganathiens brûlés vifs, mais ne supporte pas qu’un sort semblable soit réservé à son ancien maître Cydras le Reclus. Il échoue à le faire évader et se retrouve dans un cul de basse fosse en compagnie d’un certain Buch l’Educateur. Laur s’attend à être exécuté à son tour. Mais il est stupéfait quand l’Honorat-Major lui assigne pour mission d’assassiner Dorle le Prophète ainsi que ses principaux lieutenants ganéthiens. La vie et la libération de Cydras est à ce prix.
Ma critique
« Les croisés de Mara » est un roman de science-fiction paru en 1971 aux mythiques éditions du Fleuve noir. L’intrigue se présente comme une lutte entre deux tyrannies, deux totalitarismes, l’un totalement matérialiste, l’autre nettement plus religieux et même carrément fanatique. Le lecteur pourra y voir une allégorie du bolchevisme et de l’islamisme. Inutile de dire qui l’emporte des deux. L’esprit est nettement moins optimiste que dans la SF des années cinquante pleines de confiance en l’avenir. Déjà pointait le pessimisme et les ambiances sombres et plus ou moins désespérées. Arnaud entrevoit l’importance des énergies nouvelles, le solaire en particulier, l’arrivée des androïdes quasi-humains, et des intelligences artificielles, mêmes si toutes ces nouveautés techniques n’ont que peu d’importance dans cette histoire assez bien écrite mais pas spécialement originale. Pas le meilleur opus du prolifique auteur.
Ma note
3/5
LE DOCTEUR OMÉGA (ARNOULD GALOPIN)
Le résumé du livre
Retiré dans son cottage normand, le violoniste Denis Borel est témoin d’un incident surprenant. Il aperçoit un éclair suivi d’une énorme explosion en provenance d’une propriété voisine, celle du docteur Oméga. C’est son laboratoire de recherches qui vient d’exploser dans la nuit ! Le lendemain, Denis tente de rencontrer l’étrange personnage qui souffre d’une sulfureuse réputation dans toute la région. Il découvre que l’homme travaille sur la gravité des métaux. Il aurait même réussi à en produire un si réfractaire à la pesanteur qu’il pourrait permettre de s’élever tout seul jusqu’à l’espace. Il l’a appelé « Répulsite ». Il veut s’en servir pour fabriquer un engin en forme d’obus lui permettant d’atteindre rien moins que la planète Mars. Il propose à Denis de l’accompagner dans cette extraordinaire expédition.
Ma critique
« Le docteur Oméga », publié en 1906, est un roman d’aventures et de science-fiction tout à fait charmant et fort agréable à lire, même aujourd’hui. Le style est excellent, l’écriture impeccable. Ah ! Comme on savait bien écrire au début de l’autre siècle ! Comme la langue était belle, fluide et précise ! Assez proche de celle de Jules Verne, l’inspiration de Galopin profite d’une imagination débordante bien qu’un peu naïve. Il faut dire que les connaissances scientifiques de l’époque étaient moins développées que celles de maintenant. Et pourtant, on se régale en découvrant tout ce qui arrive à ce malheureux équipage. Tous les éléments de la future science-fiction sont déjà là : le voyage dans l’espace avec rencontre d’astéroïde, l’environnement hostile de la planète Mars avec une kyrielle d’animaux plus monstrueux les uns que les autres, et, comme point d’orgue, les démêlés avec les Martiens (décrits presque comme l’homme de Roswell) qu’il ne faut pas raconter pour ne pas déflorer une intrigue aussi foisonnante que passionnante car riche en rebondissements et incidents de toutes sortes. À lire pour découvrir quel génial précurseur fut ce prolifique auteur français un peu oublié.
Ma note
4,5/5
LA VOIE TERRESTRE (ROBERT REED)
Le résumé du livre
Le jeune Kyle est un simple Terrien qui trouve son existence trop terne et trop morne et ne s’en satisfait pas. Pour se donner plus d’importance et pour séduire la jolie Billie, il se fait passer pour un « Vagabond ». Il en a le costume gris et en imite à la perfection démarche et intonations. Il faut dire que sur Terre les Vagabonds, extra-terrestres bienveillants et de grande utilité vu qu’ils font partager leurs avancées scientifiques, sont très appréciés. L’ennui, c’est que Billie finit par demander à Kyle de lui présenter Jy, légendaire inspiratrice de la quête des « Fondateurs ». Depuis des millions d’années, elle et ses semblables passent d’une Terre à la suivante dans le but de remonter une voie qu’ils nomment la « Clarté ». Jusqu’au jour où ils tombent sur des créatures nettement moins pacifiques que les Terriens, les « inTrouvés » qu’il va falloir neutraliser sous peine de faire échouer la belle initiative.
Ma critique
« La voie terrestre » est un roman de science-fiction des plus déjantés sur le thème des univers parallèles, de l’immortalité et de l’incommunicabilité. Le style de Robert Reed (mais peut-être est-ce dû à la traduction ?) semble assez lourd et redondant. La construction narrative est volatile, passant d’un personnage à un autre sans logique ni transition, d’un événement à un autre et d’une époque à l’autre de la même manière. Le pauvre lecteur lambda a un peu de mal à suivre et à trouver une logique et un fil directeur à cette histoire abracadabrantesque dans laquelle personne ne meurt jamais, où l’on extrait des cervelles des mémoires dures et où les consciences passent d’un corps à un autre comme certains changent de chemise. À se demander ce que l’auteur avait bu ou fumé avant de se mettre à l’écriture ! Les personnages manquent de consistance, l’intrigue est fort longue à atteindre un rythme de croisière. Il ne se passe pas grand-chose jusqu’à la moitié du bouquin de sorte que l’ennui pointe son nez assez vite. Au bout du compte, une impression de confusion et d’inachevé pour ne pas dire plus…
Ma note
2/5
L’AUTRE CÔTE DE NULLE PART (JEAN-PIERRE FONTANA)
Le résumé du livre
En classant livres et papiers d’un oncle défunt, un homme tombe sur un très étrange manuscrit… En Afrique, Tarz’an, l’homme-singe, suit à distance une colonne d’hommes blancs partis à la recherche d’une ville souterraine… Un Martien aussi caoutchouteux qu’indiscret, débarque à l’improviste chez un couple qui n’arrive plus à s’en débarrasser… Chaque fois que la Ville s’agite, Erwin le Serviteur doit intervenir pour rétablir l’ordre à n’importe quel prix… Un enfant rêve qu’une étoile vienne le chercher… Deux péripatéticiennes se plaignent de la musique diffusée par une de leurs ex-consœurs… Dans un Far-West quelque peu virtuel, le chasseur de primes Slim Dakota n’en finit pas de pourchasser l’affreux Ramirez, violeur et tueur d’une petite fille…
Ma critique
« L’autre côté de nulle part » se présente comme un recueil de 16 textes variés repris de diverses revues comme « Galaxies », « Gandahar », « Mercury », « Science-Fiction Magazine » et quelques autres. Quelle variété dans cette compilation ! Le lecteur y trouvera des nouvelles bien sûr, mais aussi un conte philosophique, un livret d’opéra-rock, une fable en hommage à La Fontaine et même une parodie désopilante de science-fiction. Le fond n’est pas en reste. Jean-Pierre Fontana exerce son indéniable talent dans tous les domaines de l’imaginaire : le fantastique, la fantaisie, la SF, l’horreur et même le scénario de jeu vidéo (« Demain matin au chant du colt », à mes yeux la meilleure nouvelle avec « Le Martien » et « L’autre côté de nulle part »). Que de facettes à son imagination ! Il y en a pour tous les goûts. Et, excepté le livret à la Manset et quelques clins d’œil en forme d’hommage, tout est bon et agréable à lire dans cet ouvrage édité avec soin par Armada. (Papier de qualité, couverture superbe de Lohran). À ne pas manquer !
Ma note
4/5
TEMPÊTES SOLAIRES (LUDOVIC SPINOSA)
Le résumé du livre
À quelques jours de la fête de Noël, une explosion coupe toutes les possibilités d’approvisionnement en électricité de notre planète. Les conséquences vont se révéler particulièrement dramatiques pour l’humanité. Une tempête solaire particulièrement violente est à l’origine de ce phénomène qui, en plus de détruire tous les moyens de communication et tous les accès aux sources d’énergie, provoque un énorme dérèglement climatique. En Europe du Nord, la température descend jusqu’à – 60°. Partout les tornades se comptent par centaines, les eaux montent au point de rayer de la carte de nombreuses zones côtières. Les tsunamis font des ravages… L’humanité vit-elle ses derniers instants ?
Ma critique
« Tempêtes solaires » est un roman d’anticipation apocalyptique articulé de façon chorale ou kaléidoscopique, procédé très bienvenu pour donner une idée générale de ce monstrueux cataclysme. Ainsi suit-on un certain nombre de personnages dans divers pays du monde. En Chine, Jiao devenu clochard pour avoir raté sa vie. Au Brésil, un gang issu des favelas. Aux Etats-Unis, deux traders Steve et Jack. En Allemagne, un couple de retraités coincés dans une télécabine en panne. En France, deux collégiens, Thibaut et Eva. Et quelques autres, ce qui fait quand même pas mal de monde à suivre dans toutes sortes de mésaventures souvent bien menées. Les chapitres sont introduits par quelques pages de données générales à tendance philosophique ou sociologique qui ralentissent un peu le rythme de la narration. Au total, un ouvrage original, intéressant et qui donne à réfléchir, mais dont le style un peu approximatif reste la petite faiblesse.
Ma note
3,5/5
PHANTASMOPOLIS (BERNARD BOUILLON)
Le résumé du livre
Dans un futur aussi lointain qu’indéterminé, Kobal et Malorel, deux astronautes embarqués dans un voyage commercial interstellaire de 500 années relatives, décident de faire étape sur Luxuria, planète de loisirs un peu particulière. La réalisation de tous les fantasmes, même les plus improbables y est possible. Fort peu vêtus, les habitants pratiquent l’amour libre sans le moindre complexe. Et pourtant, Kobal peine un peu à faire les rencontres qui lui permettraient d’enfin assouvir tous ses désirs…
Ma critique
« Phantamopolis » est un roman de science-fiction d’une belle originalité. L’intrigue en est très surprenante. Elle part sur un thème genre « île des plaisirs », avec une certaine malice et pas mal d’érotisme élégant mais sans la moindre vulgarité. Et elle s’achève en un space-opéra plein de turbulences galactiques avec empires décadents et androïdes fidèles pour des millénaires. Les personnages surprennent aussi, car ils ne sont jamais exactement ce qu’on imagine et prennent de l’épaisseur au fil de la narration. Si l’on y ajoute que la plume de Bernard Bouillon est de très belle facture, l’ensemble donne un ouvrage très agréable à lire, plein d’humour, d’onirisme et même de poésie. Une jolie découverte. C’est suffisamment rare pour ne pas le noter.
Ma note
4,5/5
ROVOLUTION (PATRICK S. VAST)
Le résumé du livre
L’inspecteur du travail Wilfrid Johnson arrive sur un chantier de construction tenu par des androïdes dirigés par un chef de chantier humain, Georges Lerbhaïm. Trouvant que les mesures de protection en faveur des robots sont très insuffisantes, Wilfrid inflige à Georges une amende représentant trois mois de son salaire. Dans ce monde futur, les androïdes qui sont en passe de remplacer les humains pour toutes les tâches, ont plus de valeur qu’eux et la R.I.C. (Robotic Innovation C°) ne plaisante pas avec la sécurité de ses machines. Catherine Hermanov a confié la garde de son fils autiste à Ted, autre androïde de la R.I.C. Paul, membre de la confrérie des Génésistes qui prône le retour à la valeur travail lui rend visite pour lui en faire l’amer reproche…
Ma critique
Dédié à Asimov, grand maître des robots, « Rovolution » est un roman d’anticipation et de science-fiction qui nous présente un futur rien moins qu’inquiétant. Il y a du « Meilleur des monde » et du « 1984 » en pire dans cet ouvrage. On ne sait qui, des trois forces qui s’affrontent, la multinationale sans foi ni loi, la secte bornée et fanatique ou le syndicat lancé dans une révolution sans issue, propose un quelconque espoir pour une humanité désespérée. Aucun manichéisme chez Patrick S. Vast, mais une fine réflexion sur divers thèmes comme l’avenir de l’homme éjecté du monde du travail et maintenu dans une oisiveté forcée, le fanatisme religieux des sectes, la manipulation des foules, l’euthanasie et l’asservissement de l’individu réduit à l’état d’ilote ou de robot. L’intrigue est intéressante, bien menée et pleine de rebondissements. Les personnages, un peu archétypaux, restent attachants quand même. Le style de l’auteur étant fluide, agréable et efficace, il est difficile de lâcher le livre avant la fin qui n’en est pas une d’ailleurs, vu que l’éditeur, « L’IvreBook », nous réserve une suite à ce tome 1 semble-t-il.
Ma note
4/5
2024 (JEAN DUTOURD)
Le résumé du livre
En 2024, Paris est devenue une ville fantôme, décrépie, dépeuplée et quasi en ruines. La raison de cette catastrophe ? La dépopulation. En effet, depuis plusieurs décennies, les femmes se sont refusées à avoir la moindre progéniture et les hommes n’ont rien pu ou voulu faire pour contrer ce mouvement. Résultat : l’humanité, composée principalement de vieillards cacochymes et de rombières acariâtres et flétries, chemine lentement vers sa fin programmée. Et voilà qu’un jour, le narrateur fait une rencontre extraordinaire dans un jardin public : un jeune père d’une trentaine d’années accompagné par un petit gamin de six ans prénommé Jean-Pierre…
Ma critique
« 2024 » est une dystopie écrite dans les années 70 sur le principe que l’humanité ne court pas vers la surpopulation, mais vers son contraire, la dépopulation générale due à un excès de progrès, de science, d’efficacité et à un manque de spiritualité, de charme, de magie. « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas », prête-t-on à André Malraux. Jean Dutourd en a tiré cette histoire en forme de conte philosophique. L’intrigue est simple et le recul du temps nous montre que cette hypothèse ne tenait pas la route. Cependant, elle sert à de magnifiques développements sociologiques ou philosophiques sur les conséquences des idées de Mai 68. Résultat : on a encore beaucoup de plaisir à découvrir ce texte tant la pertinence du propos reste flamboyante d’intelligence. Il faut lire Dutourd, même aujourd’hui. Il y a tout à gagner de profiter de la sagesse d’un grand esprit et de la plume alerte d’un merveilleux écrivain.
Ma note
4,5/5
THE CELL (CECILE DUQUENNE)
Le résumé du livre
Sur Bagne, planète prison particulièrement inhospitalière, Renaud retrouve Laura inerte. Est-elle mourante ou déjà morte ? Victime sans doute d’un accident de transfert. Et qu’est devenu son ami Killian auquel il est relié par un clou d’union qu’il garde précieusement ? Vingt années se sont écoulées. Il n’avait pas su se montrer courageux à l’époque. Il se fait maintenant bien des reproches. Beaucoup d’hommes sont morts à cause de lui. Et le voilà de retour avec mille questions qui le taraudent. Il est prêt à tout, mais certainement pas à retourner sur la Terre…
Ma critique
« The Cell » n’est que le premier (copieux) épisode de la 3ème saison de la saga « Les Foulards rouges ». Cette série de fantaisie mêlée d’un brin de science-fiction est très imprégnée de magie blanche et noire, d’étrange et de fantastique. Tout fonctionne par la puissance de l’esprit, on y pratique la téléportation, la télépathie, la télékinésie, etc. L’épisode en question, offert par l’éditeur Bragelonne-Snark, ne permet pas de se faire une idée sérieuse sur l’intérêt de l’ensemble de l’intrigue, tout juste de faire connaissance avec des personnages plutôt jeunes et sympathiques en butte aux complots des forces du mal. Donc, rien de bien original. On notera un style agréable, fluide et tout à fait efficace, donc un vrai plaisir de lecture. Mais on regrettera cette nouvelle manie de proposer des titres en anglais à l’instar de ceux des blockbusters américains que l’on refuse de traduire en raison d’un snobisme imbécile. Pour les amateurs (trices) de saga de ce genre particulier.
Ma note
3/5
DARWINIA (ROBERT CHARLES WILSON)
Le résumé du livre
En Mars 1912, l’Europe et une partie de la Grande Bretagne disparaissent subitement pour être remplacées par un continent inconnu à la faune et à la flore non terrestre que l’on appelle la Darwinie. Le jeune photographe Guilford Law se passionne pour le sujet qu’il considère comme une énigme scientifique à résoudre et non comme une intervention divine. Il participe à la première grande expédition d’exploration qui arrive à s’enfoncer au coeur de ce continent sauvage, inconnu et quasiment vierge de toute présence humaine. Il ne sait pas encore qu’il va devoir affronter de terribles dangers et remettre en cause quasiment toutes ses certitudes.
Ma critique
Ce livre qui démarre sur un thème que n’aurait pas renié le grand Jules Verne, se poursuit le long des rivages de la science fiction la plus échevelée pour s’achever en apothéose dans la fantaisie, le fantastique pour ne pas dire la poésie la plus démentielle. R.C.Wilson, qui nous a donné plus récemment « Spin », mérite largement sa place parmi les grands de la littérature d’imagination tant son talent est original, sa plume alerte et son ambition singulière. Oeuvre étrange et passionnante qui aborde autant les thèmes de la SF d’aventure classique que ceux de l’immortalité, des passerelles entre les mondes ou des couloirs du temps. Livre inclassable qui peut surprendre et révulser les esprits cartésiens et rationalistes. Mais n’est-ce pas le propre des grandes œuvres ?
Ma note
4/5
ACCELERANDO (CHARLES STROSS)
Le résumé du livre
Au début du XXIème siècle, Manfred Macx, courtier en trouvailles et inventions dans le domaine de l’informatique et des technologies de pointe, milite pour « l’open source », c’est à dire pour la totale liberté d’accès aux découvertes. Tout en se disant respectueux de la propriété intellectuelle. Totalement bénévole, il permet ainsi à pas mal de gens de s’enrichir. Lui-même vit très confortablement alors qu’il n’a officiellement aucun revenu. De discrets mécènes pourvoient à tous ses besoins. C’est la raison pour laquelle il est harcelé par un agent du fisc, en l’occurence son ex-compagne, qui lui réclame une somme faramineuse… Un jour, Manfred se fait voler toute sa mémoire… Quelques années plus tard, sa fille Amber, conçue en éprouvette, vogue avec quelques amis vers une naine brune à la recherche d’un signal extraterrestre…
Ma critique
Avec « Accelerando », le lecteur se retrouve face à un OLNI (objet littéraire non identifié) tant l’ouvrage est étrange, inclassable et déroutant. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman d’un seul tenant avec une intrigue construite et une histoire classique avec début, développement et fin, mais de neuf chapitres ou de neuf nouvelles sans autre lien que des personnages récurrents qui évoluent à des périodes et dans des contextes différents. Mais il y a bien pire que cette impression de grand foutoir sans queue ni tête, il faut aussi subir le jargon permanent, l’abus de termes techniques voire pseudo scientifiques qui obligent le lecteur à se référer presque à chaque page à un important glossaire qui peut sans doute éclairer informaticiens, astrophysiciens, chimistes et autres scientifiques de haute volée mais qui laisse le béotien dans une frustrante incompréhension. De nombreux thèmes sont abordés comme le clonage, la fécondation in vitro, la post humanité, l’invasion numérique, l’avenir de l’humanité, l’intelligence artificielle ou l’optimisation des performances du cerveau humain. Mais l’ennui, c’est qu’une idée chasse l’autre, qu’une nouvelle théorie scientifique annihile la précédente, qu’une tentative d’explication disparaît ou se ramifie dans une autre et qu’au bout du compte, tout ce verbiage se révèle confus, embrouillé et abscons. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément… » Avec Stross, c’est malheureusement loin d’être le cas et l’on a toutes les peines du monde à suivre les méandres d’un discours pour le moins obscur Très vite, Stross lasse la patience du lecteur le plus indulgent. Trop occupé à déballer toute cette esbroufe scientifique, l’auteur devient vite pesant pour ne pas dire pédant tout en ne racontant rien de bien intéressant ni de bien original. La quatrième de couverture parle d’intelligence et d’humour. Le lecteur, s’il n’est ni snob ni geek, les cherchera en vain.
Ma note
2/5
BLEUE COMME UNE ORANGE (NORMAN SPINRAD)
Le résumé du livre
À la fin du XXIème siècle, le réchauffement accéléré de la planète a précipité la montée des eaux, a fait disparaître des régions entières de la surface de la terre et a transformé les régions chaudes en déserts brûlants, la Sibérie en nouvelle Californie et en véritable eldorado. Des millions de réfugiés climatiques sont montés au nord pour s’entasser dans des bidonvilles. La Terre est-elle sur le point d’en arriver à la « Condition Vénus » c’est-à-dire à se transformer en fournaise inhabitable suite à un emballement du phénomène ? C’est à Paris, devenue une cité tropicale avec palmiers, perroquets et alligators que l’ONU décide de réunir un énième congrès sur le climat, mais cette fois avec le plus de faste possible, car il faut alerter l’opinion et les dirigeants. Pourtant, on soupçonne de gros cartels multinationaux d’avoir tenté d’aggraver la situation pour mieux vendre leur technologie…
Ma critique
Nous sommes plus dans l’anticipation que dans la science-fiction avec cet excellent livre qui nous montre vers quelles dérives nous entrainent certains. Formidablement bien écrit, rempli de personnages et de situations crédibles et intéressantes, c’est une condamnation sans appel de l’ecology-business, des magouilles des multinationales, de la décadence de la société du spectacle, du dieu-pognon et du système mondialiste en général. Le sort de la Terre se joue souvent entre orgies de vodka et de cocaïne et parties de jambes en l’air ! Les rires que l’auteur nous arrache valent à eux seuls le détour, et démontrent que le père de Jack Barron et l’Éternité, ex-enfant terrible des années soixante-dix, n’a rien perdu de ses qualités corrosives. Un bouquin majeur, passionnant, aux limites du thriller et du roman politico-social style Tom Wolfe. Décidément, Spinrad qui vit à Paris, est un des plus grands écrivains américains « francophiles » actuels.
Ma note
4/5
BABYLON BABIES (MAURICE G. DANTEC)
Le résumé du livre
Toorop, soldat de fortune et ex-mercenaire en Bosnie et au Kazakhstan, est chargé de convoyer d’Asie Centrale jusqu’au Canada Marie Zorn, une jeune schizophrène semi-amnésique porteuse d’une arme biologique révolutionnaire pour le compte d’un officier corrompu des services secrets russes qui lui-même travaille pour la mafia sibérienne. Réussira-t-il sa mission au milieu de sectes post-millénaristes, de scientifiques apprentis sorciers et de gangs de bikers déjantés qui se livrent à des guerres sans merci à coup de lance-roquettes ?
Ma critique
Le livre culte de Maurice G. Dantec nous entraîne dans une sorte de maelström d’anticipation où tous les grands thèmes sont abordés sur des bases plus ou moins scientifiques : le clonage, l’immortalité, l’intelligence artificielle, l’influence des drogues hallucinogènes, le phénomène sectaire, la transmission de pensée et la télépathie par le biais de machines devenues intelligentes. On l’aura compris, ce livre relève de la pure science-fiction. On se demande d’ailleurs pourquoi il est référencé comme « policier » par Gallimard… Malgré un aspect général brouillon et foisonnant, des personnages venus de nulle part qui apparaissent puis disparaissent et des évènements qui se produisent sans crier gare, l’auteur arrive à ménager un véritable suspens et à maintenir en alerte l’attention du lecteur qui ne peut lâcher le livre avant l’apothéose finale. À ne pas manquer.
Ma note
4/5
ANANSI BOYS (NEIL GAIMAN)
Le résumé du livre
Gros Charlie menait une vie tranquille. Petit employé de bureau, amoureux de Rosie sa fiancée qui se refuse à lui, il prépare néanmoins son prochain mariage avec elle. Et voilà qu’apparaît dans sa vie son frère Mygal qui se fait passer pour lui, séduit Rosie, le remplace dans son travail et lui occasionne de nombreux ennuis. Le père des deux frères était loin d’être un homme ordinaire, c’était Anansi, le Dieu-Araignée, celui qui monopolise les chansons et les histoires dont il a dérobé le monopole aux animaux. C’est un dieu filou, capable de renverser l’ordre social, de créer une fortune à partir de rien et même de défier le diable. Anansi vient de mourir, que vont devenir les deux frères ?
Ma critique
Un des livres les plus inclassables de la littérature contemporaine. Il relève autant du fantastique que du thriller, de la fantaisie que de l’épopée magico-horrifique. Mais peu importe, une fois qu’on a laissé son cartésianisme au placard, on ne boude pas son plaisir une fois parti à la découverte de cette histoire abracabrantesque que l’on dirait inspirée d’ « Alice aux Pays des Merveilles » de Lewis Carroll. Ici, aussi, les animaux parlent et influent sur cette histoire pleine de magie, mais aussi de sorcellerie. Neil Gaiman dit s’être beaucoup amusé en écrivant ce livre. Le lecteur n’en doute pas car l’humour et l’imagination poétique règnent en maîtres chez lui et c’est un véritable plaisir…
Ma note
4/5
AMERICAN GODS (NEIL GAIMAN)
Le résumé du livre
A peine sorti de prison, Ombre rencontre un étrange personnage, Voyageur, aussi sarcastique que malhonnête. Il s’agirait de Wotan, le roi des anciens dieux germaniques qui en serait réduit à de petites truanderies et à profiter de son statut pour séduire de pauvres gamines. Voyageur charge Ombre d’une mission un peu particulière, lui servir de garde du corps, de factotum et d’envoyé spécial. Mais en l’acceptant, il se retrouve au cœur d’un conflit qui le dépasse et qui oppose les anciens dieux de l’ancien monde (Odin, Thor, pour les nordiques, mais également les dieux de la mythologie grecque, hindoue ou égyptienne) à ceux du nouveau : la télévision, l’informatique, l’argent, la carte de crédit etc… Qui va l’emporter ? Et qui tire vraiment les ficelles de cette improbable histoire ?
Ma critique
American Gods est un roman-fleuve (604 pages) où l’on ne s’ennuie pas une seconde à la condition absolue de laisser cartésianisme et rationalisme au vestiaire. On nage dans la fantaisie et la loufoquerie la plus complète. En véritable disciple de Pratchett, Gaiman nous entraine dans un délire sans queue ni tête. Sa théologie est assez étrange. L’homme crée ses propres dieux et ne peut pas vivre sans eux. Au fur et à mesure que ceux-ci sont négligés, ils ne disparaissent pas, mais continuent à errer à la surface de la terre en ne réalisant pas grand-chose de bon d’ailleurs… En Amérique, les dieux « classiques » sont très malheureux, car les habitants leur préfèrent d’autres dieux plus techniques ou plus pragmatiques. Œuvre complètement inclassable, pris au second degré, ce livre peut se lire comme une sorte de conte ou de fable philosophique. Gaiman a cru bon d’introduire des « interludes » qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue et alourdissent l’ensemble. Le style est agréable, mais le livre m’a semblé légèrement inférieur à celui qu’il a écrit après, « Anansi Boys », plus réussi, moins brouillon, car plus détaché de l’influence de Pratchett.
Ma note
3,5/5
UN DIEU PARMI LES HOMMES (SYLVAIN JOHNSON)
Le résumé du livre
» La Terre… 6 milliards d’habitants… Quel serait l’avenir de notre planète bleue si un enfant d’un autre monde, doté de pouvoirs inimaginables, était recueilli par un couple dépravé ? Cet enfant devra mener un combat acharné : suivra-t-il sa nature profonde pour choisir de devenir un héros ? Se laissera-t-il influencer par le bagage environnemental et génétique d’un dégénéré de père pour devenir un monstre ? Il se pourrait bien que l’issue de ce combat conditionne l’avenir de notre monde… «
Ma critique
Dans un Montréal dévasté par un cataclysme, un homme entre dans la cathédrale et s’empare d’une chasse contenant le cœur d’un saint très vénéré. Diane et Marcel forment un couple qui ne s’entend plus et qui part à la dérive. Marcel boit beaucoup plus que de raison. Il frappe et humilie sa femme. Un jour, alors qu’il vient de lui faire subir une agression des plus horribles, Marcel découvre une capsule apparemment venue d’une autre planète.
« Un Dieu parmi les hommes » est plus un roman d’horreur que de science-fiction pure. Quoi que cette histoire d’extra-terrestre adopté par un couple infernal et lui-même issu d’une sorte de docteur Folamour tienne également de la fable ou du conte philosophique sur le thème du Dieu maléfique. Il y a beaucoup de détachement, de dérision et même d’ironie grinçante chez Sylvain Johnson qui nous donne là un ouvrage magistral qui ne se lit pas mais qui se dévore. Un véritable page-turner. Adapté au cinéma, il pourrait même donner un surprenant block-buster ! Et pourtant, la dernière page atteinte, on s’étonne d’avoir porté un tel intérêt à des personnages aussi déplaisants (excepté Diane bien entendu). Mais sans doute est-ce à cela qu’on reconnaît la belle ouvrage.
Ma note
4/5
Lisez Sylvain Johnson, vous ne serez pas déçu du voyage, à condition d’avoir le cœur bien accroché bien sûr !