ESSAISPHILOSOPHIQUE

SUR LA DOULEUR (ERNST JÜNGER)

Le résumé du livre

Qu’est-ce que la douleur, la peine, la souffrance ? De sa naissance à sa mort, la vie de l’homme n’en est-elle qu’une longue suite, parfois interrompue de courtes et passagères périodes de répit ? La noblesse de la condition humaine n’est-elle pas de supporter vaillamment la douleur, de surmonter les épreuves, de faire preuve de courage, de patience et d’abnégation ? La vie moderne n’a-t-elle pas tenté de masquer la douleur, de la rendre moins prégnante, plus supportable, tout en niant en contrepartie à l’homme toute identité individuelle, toute singularité et toute liberté. Comme patient entre les mains de chirurgiens et d’anesthésistes, le voilà devenu tel un morceau de viande. Comme élément d’un régime totalitaire, il ne peut plus penser que comme le veut la ligne générale. Et comme soldat, il ne peut qu’aller au combat et donc à la mort qu’en marchant au pas, sans renâcler, n’étant plus qu’un rouage d’une machine de guerre lancée par les puissants contre des ennemis qu’il ne connait même pas.

Ma critique

« Sur la douleur » est un court essai philosophique et politique du grand écrivain allemand Ernst Jünger. Contrairement à nombre de ses autres ouvrages, ce texte reste un peu aride d’abord, même si les considérations présentées, déjà évidentes pour son époque, le sont encore plus pour la nôtre. Le lecteur y découvrira comment les concepts de douleur, de liberté et de tyrannie sont étroitement liés. À titre d’illustration, Jünger s’élève contre la création du permis de conduire, instauré pour lutter contre la mortalité routière. Déjà le fameux principe de précaution. Que ne dirait-il pas du permis à points et de l’installation de ces milliers de radars sur les routes ? Jünger a une vision héroïque du monde ainsi qu’une conception originale, volontariste et intellectualiste de l’homme. Le lecteur s’entend dire : « Dis-moi quel est ton rapport à la douleur et je te dirai qui tu es. » Intéressant sans plus.

Ma note

3/5

ANTICIPATIONROMAN

DEMAIN LES BARBARES (FRANCK POUPART)

Le résumé du livre

À la fin du premier quart du XXIᵉ siècle, la France, qui doit assumer une dette s’élevant à 400% de son PIB, se retrouve contrainte par le FMI d’appliquer un plan de rigueur drastique appelé « Lois temporaires de sauvegarde nationale ». Ce plan comporte des licenciements massifs dans la fonction publique, une hausse drastique de la fiscalité, une suppression de toutes les aides sociales, une privatisation de l’assurance maladie et un gel des salaires et des retraites. Les riches se réfugient dans des zones sécurisées comme l’hypercentre de la capitale alors que les pauvres sont abandonnés à leur triste sort dans les périphéries. Et quand l’Etat ne fut plus en mesure de verser les salaires des policiers ni les soldes des militaires, ce fut l’explosion. Des zones entières déjà sous influence islamique firent sécession. Des milices para-militaires se créèrent pour tenter de récupérer ces territoires perdus de la République. Et en 2028, l’Union Européenne n’existe plus. Deux flics, Alex et Lucas patrouillent encore un peu dans les rues de Paris. Juste devant eux une voiture piégée explose. En même temps, une brasserie est mitraillée rue de Lappe, une école juive est prise pour cible. Une trentaine d’enfants y trouvent la mort. Et un fou d’Allah kamikaze déclenche sa ceinture d’explosifs devant le musée d’Orsay. Ainsi débute une guerre civile ethnique dont personne ne peut imaginer la fin…

Ma critique

« Demain les barbares » est un roman d’anticipation dystopique dans lequel l’auteur a basé toute son intrigue sur les conséquences prévisibles de réalités qui existent déjà. Il a continué de tracer les lignes de force d’une tendance et poussé à l’extrême la logique tout ce que nous vivons ou avons déjà vécu (Charlie-Hebdo, Bataclan, Stade de France, égorgements de prêtres ou de profs, attentat de Nice, etc.) Les tueries, les viols, les tortures, les actes de barbarie en tous genres (émasculations) se succèdent dans cette histoire qui fait froid dans le dos. Toutes ces horreurs, que l’on déconseillera aux âmes sensibles et à tous ceux qui vivent dans le déni de réalité, alternent avec de nombreuses scènes de sexe particulièrement torrides. Les personnages sont assez stéréotypés, tel ce président de la république déchu portant le nom de « François », pleutre, incapable et trouillard qui semble la simple démarque d’un certain autre. Le style de l’auteur est assez vivant malgré quelques approximations langagières et une tendance à abuser des pronoms personnels, ce qui oblige le lecteur à deviner de qui l’on parle et parfois d’y arriver à grand peine. Si les katibas islamistes sont décrites de manière assez réaliste et vraisemblable (simple reprise de l’actualité), leur pendant « Rempart » avec leur leader charismatique Cyrus Rochebin, sorte de cocktail 2/3 Soral, 1/3 Zemmour, relève de la fiction la plus totale. Ce mouvement est aussi caricatural qu’improbable, même s’il s’appelle « Renaissance et Partage » (cf « Egalité et Réconciliation »). En lisant cet opus, on peut même se dire que le futur sera sans doute pire que ce que l’auteur nous raconte. Pour qu’il y ait guerre civile, il faut deux factions en présence, sinon il s’agit plutôt d’une épuration ethnique, d’un génocide. Et l’histoire du monde est déjà pleine d’invasions, de tueries et d’appropriations indues de territoires. Et ça peut ne pas arriver qu’aux autres. Glaçant, mais donnant à réfléchir sur notre destin.

Ma note

3,5/5

AVENTURESHUMOURROMAN

LES NOUVELLES AVENTURES DU BRAVE SOLDAT CHVEÏK (JAROSLAV HASEK)

Le résumé du livre

Au cours d’un voyage en train en compagnie de son lieutenant, le brave soldat Chvéïk fait une remarque déplacée sur le crâne chauve d’un autre voyageur du compartiment qui s’avère être leur général en tournée d’inspection. Placé dans le couloir dans l’attente de sa sanction, il tire presque sans le vouloir sur la sonnette d’alarme. Le train s’arrête immédiatement. L’étourdi encourt une amende de 200 couronnes. Il n’en a pas la moindre. Le contrôleur le fait descendre à la gare suivante. Un brave homme paie l’amende à sa place et lui fait la charité d’un petit billet pour payer son train. Mais le soldat préfère aller déjeuner et tout dépenser en boisson au café de la gare en compagnie d’un soldat hongrois de passage. Et le voilà bientôt embarqué au poste par une patrouille de la police militaire qui l’a surpris sans le moindre papier sur lui. Et sa situation empire peu à peu. Le lieutenant qui l’a arrêté le soupçonne aussi d’espionnage au profit de l’ennemi…

Ma critique

« Les nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk » est le deuxième tome de la trilogie de ces aventures humoristiques datant du début de l’autre siècle. Journaliste anarchiste un brin alcoolique, Hasek a voulu proposer au lecteur une caricature de la vie militaire, une satire, une parodie désopilante et au bout du compte une démonstration de l’absurdité de la guerre qui broie les petits pour le plus grand bénéfice des puissants qui n’y vont jamais bien entendu. Le personnage du héros est celui d’un niais, d’un candide, d’une sorte d’idiot du village, très respectueux de son lieutenant, cherchant toujours à bien faire, mais accumulant les gaffes et bévues au point d’attirer toutes les catastrophes sur sa petite personne. Mais les pires situations finissent toujours par se retourner et Chvéïk s’en tire toujours sans trop de casse. Le style est très agréable à lire et très vivant sans doute grâce à une grande abondance de dialogues bien enlevés. Le lecteur y découvrira également l’antipathie réciproque des Tchèques et des Hongrois qui se retrouvent à devoir ensemble se battre sous le drapeau autrichien contre les Russes et en arrivent parfois à se tirer dessus ! Une armée de Bourbaki, une palanquée d’ivrognes et de toquards commandés par des officiers crétins et bornés qui ne redoutent qu’une chose, être amenés sur le front. Heureusement pour eux, les chemins de fer sont si mal organisés qu’ils pourront se retrouver à l’autre bout du pays après avoir attendu leur train des jours entiers en gare. Désopilant. À ne pas manquer !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

EXTENSION DU DOMAINE DU CAPITAL (JEAN-CLAUDE MICHEA)

Le résumé du livre

Depuis près de trois siècles, le capitalisme ne fait que croître et prospérer en dépit de toutes ses crises et de tous ses krachs. Il se retrouve comme condamné à s’accroître dans tous les domaines de la vie et à se développer jusqu’au bout du monde, faute de quoi il serait condamné à périr. Mais cette fuite en avant perpétuelle, cette expansion continue, l’amenant à monter ces pyramides de Ponzi que sont ces bulles spéculatives de richesses virtuelles représentant plusieurs fois le total des PIB mondiaux ne peut l’amener qu’à devenir de plus en plus totalitaire de plus en plus intrusif au point d’en arriver à réguler progressivement toutes les sphères de l’existence humaine. L’espace réservé à la démocratie se réduit comme peau de chagrin tout comme celui des libertés individuelles (liberté d’expression, de se soigner comme bon vous semble et même de faire pousser quelques légumes dans un petit potager familial…) Cette fuite en avant démentielle n’a aucune chance de déboucher sur un quelconque avenir radieux pour les populations (excepté les 0,1% d’ultra-riches et des 10 ou 20% de classes moyennes supérieures CSP++ métropolitains), si un grain de sable ne vient pas enrayer cette machine devenue folle (wokisme, transhumanisme et autres genrismes intersectionnels). « La catastrophe, c’est lorsque les choses suivent leur cours », (dixit Walter Benjamin)…

Ma critique

« Extension du domaine du capital » est un essai de sociologie politique basé sur deux interviews données par l’auteur à des publications locales, complétées par une trentaine d’articles. Sur divers aspects du problème La particularité de la présentation des idées de Michéa vient surtout des notes et des notes de notes. Ainsi, un article d’une page sur un thème peut-il donner lieu à plusieurs pages de notes et de renvois à toutes sortes d’ouvrages d’autres auteurs. Il faut une bonne dose de constance pour ne pas trop se perdre dans cet étrange labyrinthe intellectuel. La condamnation du capitalisme devenu « néo-libéralisme », sa forme la plus « chimiquement pure », autant dire la plus sauvage et la plus inhumaine, n’épargnant ni les hommes ni la nature, est totale et sans appel. Michéa en bon penseur de gauche appuie sa démonstration sur Marx, Engels, Mauss et une kyrielle d’autres. Il fait aussi beaucoup référence à Orwell qui ne fit pas que critiquer le stalinisme. S’étant réfugié il y a quelques années dans un petit village des Landes à 10 km de la première boulangerie et à 20 du dernier médecin de campagne, Michéa a pu toucher du doigt la réalité de la France périphérique de Guilluy sans se comporter en prêcheur ou en colon, mais avec le désir de s’intégrer en respectant les us et coutumes du coin. Ses traits les plus aigus sont d’ailleurs réservés à la gauche post-mitterrandienne qui a abandonné le social au profit du sociétal et qui est ainsi devenue une alliée objective du capitalisme qui mène une sorte de révolution permanente. Aymeric Caron, Sandrine Rousseau et quelques autres écolo-bobos médiatisés en prennent d’ailleurs pour leur grade. Mais si le constat de faillite est pertinent et difficilement discutable, le lecteur reste sur sa faim sur la conduite à tenir pour sortir de ce piège.

Ma note

3,5/5

ROMAN

SEPTENTRION (LOUIS CALAFERTE)

Le résumé du livre

Ouvrier qui se morfond dans une sinistre usine, Louis rêve de devenir écrivain mais n’arrive pas vraiment à concrétiser son projet et à se lancer pour de bon dans l’écriture du roman de sa vie. Il finit par laisser tomber son boulot et se retrouve vite dans la dèche la plus noire. Un jour, il séduit Nora Van Hoeck, une Hollandaise plus âgée que lui et un brin nymphomane qui accepte de l’entretenir. Elle le rhabille, le nourrit, lui donne de l’argent. Mais quand elle lui propose d’habiter à plein temps chez elle, toute cette passion vire au cauchemar pour Louis qui ne voit plus que les défauts de Nora, commence peu à peu par la détester et finit par partir en claquant la porte. Il retourne à ses petits hôtels miteux, à ses gargotes et à sa procrastination. Il ne se décide pas plus à chercher du travail qu’à écrire le chef-d’œuvre littéraire qu’il imagine. Il en est donc réduit à taper ses amis et connaissances et à quémander leur hospitalité avec des résultats parfois décevants…

Ma critique

« Septentrion » est un roman autobiographique qui ne brille pas par son intrigue tout à fait banale et mille fois racontée, mais par un style narratif assez punchy, assez proche de ceux d’Henry Miller et de Louis-Ferdinand Céline. L’un pour le côté imprécateur, révolté, et écorché vif et l’autre pour le côté érotique pour ne pas dire pornographique. On n’est d’ailleurs pas loin de l’obsession sexuelle. C’est d’ailleurs cette obscénité omniprésente qui a fait interdire de parution cet ouvrage pendant environ 20 ans à une époque où la morale était plus sévère que maintenant. Il n’en demeure pas moins que si toutes ces descriptions de relations sexuelles ne choquent plus, elles finissent par lasser à la longue. Il peut même arriver que le bouquin tombe quelquefois des mains. Il ne reste de cette lecture que quelques fulgurances sur l’amour physique, la mort et la condition humaine. Mais tout ça manque quand même de souffle et d’élévation. Avec Calaferte, on patauge un peu trop dans la crasse, la caricature machiste et le sperme… N’est pas Céline ou Miller qui veut…

Ma note

3/5

FANTASTIQUENOUVELLESSCIENCE-FICTION

RÉCITS DE SCIENCE-FICTION TOME 2 (J.H.ROSNY-AINE)

Le résumé du livre

Dans un futur très lointain, les peuplades plus ou moins primitives survivant sur Terre doivent subir l’invasion d’étranges créatures, les Xipéhuz. Tels des cyclopes, ils ne disposent que d’un seul œil qui brille comme une étoile dans la nuit. Ils ont entrepris d’exterminer les derniers humains en se servant d’un rayon lancé depuis leur unique orbite faciale. Après de nombreuses tentatives infructueuses de riposte à l’aide de lance-pierres ou d’arcs, Bakhoun, un des chefs de tribus, finit par trouver un moyen de les vaincre. Il imagine un arc amélioré, une sorte d’arquebuse et vise l’œil. Et là les intrus tombent morts, pétrifiés. Un combat sans merci, s’engage alors… Après une catastrophe « nucléaire » provoquant éruptions volcaniques et séismes en grand nombre, les humains survivants se sont regroupés en petites unités dans des oasis de déserts. Mais leur plus gros problème reste le manque d’eau. Ils ne peuvent y pallier qu’en organisant une euthanasie planifiée…Une expédition menée par le capitaine Devreuse aux confins de la Sibérie orientale et de la Chine fait d’étranges découvertes : un tigre géant à dents de sabre, tout droit sorti des temps préhistoriques, puis des peuplades d’Hommes-des-Eaux à la peau verdâtre capables de rester des heures sous l’eau…Sévère et Luce assistent à un étrange phénomène astronomique : l’arrivée de la Roge Aigue, dévorant sur son parcours étoiles et Lune et répandant partout des lueurs rouges d’incendie sans chaleur ni consumation…

Ma critique

« Récits de science-fiction » est un recueil de quatre nouvelles et novellas sur un thème post-apocalyptique pour deux d’entre elles, catastrophique pour une autre et d’aventures fantastiques pour la dernière. Le style est de belle facture, précis et descriptif et les histoires sont étonnamment modernes. Le lecteur découvrira d’ailleurs que Rosny-Aîné fut un visionnaire dans la mesure où il imagina une catastrophe nucléaire à une époque où les recherches en ce domaine n’en étaient qu’aux balbutiements ! Mis à part l’écriture excellente mais datée, ces nouvelles restent d’un grand intérêt ne serait-ce que pour découvrir que la plupart des thèmes de SF ou de fantastique avaient déjà été explorés dès le début de l’autre siècle. Depuis cette époque, les auteurs n’ont fait que broder dessus. Tout comme Jules Verne avec qui il a de nombreux points de convergence, Rosny-Aîné fut un précurseur et un maître du genre ! Le monde se porterait mieux si les puissants écoutaient poètes et romanciers…

Ma note

4/5

ContesPHILOSOPHIQUE

LE PAYS DE RÊVE (DAVID DIOP)

Le résumé du livre

Quelque part dans un pays que l’on devine d’Afrique noire, Rêve, jeune orpheline dont les parents ont été tués par quelques soldats désœuvrés, a été recueillie par sa grand-mère. Pour que la beauté de l’enfant ne suscite pas les convoitises, elle la cache dans un bidonville, la revêt de haillons et la nourrit de ce qu’elle trouve dans les poubelles du Palais du Grand Désœuvré. Ainsi protégée, Rêve grandit et devient une jolie jeune fille qui rêve d’un destin meilleur. Un jour, la grand-mère lui montre deux anneaux d’or, les alliances des parents de l’enfant, qui devraient lui permettre de sortir de la misère en temps utile. Mais elle ne devra les recevoir qu’après sa mort, quand viendra le moment de se lancer dans le monde. Rêve ne l’entend pas de cette oreille. Elle voudrait récupérer son bien sans attendre. Même une seule bague en or lui suffirait…

Ma critique

« Le pays de Rêve » est un très court conte, présenté comme « initiatique sur l’injustice du monde », peut-on lire sur la couverture. Effectivement le texte est bref, l’ouvrage ne comportant que 54 pages dont on peut retrancher une vingtaine en comptant les en-têtes et les présentations de chapitres occupant chacune deux pages blanches. Le style de l’auteur se veut minimaliste et un brin allégorique. En dehors de Rêve, aucun personnage n’a de nom, aucun lieu non plus. L’Afrique donne l’impression d’être une sorte de vaste décharge publique, un tas d’ordures plein de vêtements « pulvérulents ». La corruption et la violence gratuite semblent omniprésentes avec tous ces soldats désœuvrés, mal-payés et sans doute prêts à tous les crimes et à tous les viols. Dans un tel contexte, le lecteur ne peut éprouver que de la compassion pour les deux héroïnes. La fin de cette histoire triste laisse un goût assez amer. Le salut de Rêve, tout comme celui de tout le continent serait-il impossible en dehors de l’émigration vers l’Europe ? L’auteur ne le dit pas ouvertement, mais le laisse supposer. Le lecteur ne peut donc que rester avec ses interrogations.

Ma note

3,5/5

NOUVELLESSCIENCE-FICTION

RÉCITS DE SCIENCE-FICTION (ROSNY-AÎNE)

Le résumé du livre

En Hollande, dans un milieu plutôt modeste, nait un enfant assez bizarre. Sa peau est presque verdâtre, ses yeux sont étranges et ses membres longs et très fins. En grandissant, ses particularités physiques ne font que s’aggraver. Il devient de plus en plus grand et de plus en plus maigre. Il parle tellement vite et tellement étrangement, il écrit si mal, que personne ne parvient à le comprendre. Il ne distingue pas vraiment les couleurs mais est capable de voir à travers les murs. Il dispose de facultés extraordinaires comme la télépathie. Il est capable également de courir plus vite que les plus rapides des animaux. Et il ne peut rien ingérer d’autre que de l’alcool dilué. Il vit donc solitaire et rejeté par tous. Et à l’âge adulte, il consulte un médecin dans l’espoir de comprendre pourquoi il est si différent de tous ses semblables… L’équipage du « Stellarium », vaisseau spatial français disposant d’une énergie nouvelle, parvient à atteindre la planète Mars et même à s’y poser sans encombre après un voyage spatial de trois mois. Les Terriens y découvrent, en plus d’une absence d’eau et d’atmosphère, toutes sortes de créatures animales bizarres, vaguement zoomorphes, en formes de longues lanières gluantes, de reptiles géants ou de mille-pattes immenses qui les intriguent beaucoup. Ils doivent même utiliser des rayons pour les éloigner. Et l’affaire se corse encore quand ils se retrouvent en présence d’humanoïdes à trois jambes qu’ils baptisent Tripodes…

Ma critique

« Récits de Science-fiction tome 1 » est un recueil comportant quatre nouvelles parues entre 1898 et 1930. Les deux premières sont assez longues (quasiment des novellas) et les deux dernières beaucoup plus courtes. Seule « Les navigateurs de l’infini » peut vraiment être classée dans la catégorie science-fiction pure. Les trois autres relèvent plus du fantastique ou de l’étrange. Écrivain belge francophone, l’auteur, surtout célèbre pour sa fameuse « Guerre du feu », fut aussi l’un des fondateurs de la science-fiction qui fut européenne avant d’être américaine. (Avec entre autres le roman « Xipehuz », datant de 1888). Le lecteur peut trouver un certain plaisir à lire ces textes bien écrits, même s’ils sont marqués d’une certaine naïveté et d’une crédulité sans faille dans le développement perpétuel et bienveillant de la « science ». On notera également une appétence pour les monstres, les créatures horribles et dangereuses paradoxalement couplée avec des amours séraphiques, une sexualité sans contact, par échanges de fluides et même une nutrition par osmose. Ses Martiens sont bienveillants, accueillants et même reconnaissants envers les Terriens pour leur aide. Intéressant pour ceux qui veulent explorer l’enfance de la SF !

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

LA MYSTIQUE DE LA LAÏCITE (YOUSSEF HINDI)

Le résumé du livre

La République est née avec la Révolution de 1789 dont le but avoué était d’en finir avec l’absolutisme royal et l’obscurantisme religieux. (Constitution civile du clergé, prêtres et évêques élus par le peuple, saisie des biens de l’Eglise). En 1905, la religion catholique semblant vouloir regagner du terrain, Ferdinand Buisson poursuivit l’œuvre en instituant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et en cherchant à évacuer la religion de l’enseignement et de la vie publique. Mais comment donner aux valeurs républicaines une armature durable si ce n’est en instaurant une nouvelle religion, une nouvelle mystique pour remplacer l’ancienne ? La laïcité ne peut pas être la neutralité totale, ni le vide intégral. Elle crée donc un culte de l’Être Suprême, prône l’universalisme en plus de la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Le projet révolutionnaire et républicain est d’abord mystique avant d’être politique. La Révolution fut d’ailleurs inspirée par Junius Frey, apparenté à Jakob Frank. La secte messianique frankiste qui prônait la venue de temps nouveaux par la destruction de tous les ordres établis et même de la morale élémentaire ainsi que les loges franc-maçonnes tenues par la bourgeoisie, la noblesse et même par certains membres de la famille royale (Philippe d’Orléans) eurent une plus grande influence sur son avènement et ses principes que les fameux « Illuminatis ». En effet, comme le précise Vincent Peillon, philosophe et homme politique ayant beaucoup étudié le sujet, il ne faut pas confondre anticléricalisme et anti-religiosité. La laïcité serait-elle donc une autre forme de religion avec ses dogmes, ses rites, son clergé, ses saints et sa nouvelle inquisition pourchassant impies et blasphémateurs ?

Ma critique

« La mystique de la laïcité » est un essai philosophico-religieux qui s’attache à partir du passé (Rome aurait été sauvée de la décadence grâce au christianisme qui lui aurait permis de garder son influence plusieurs siècles supplémentaires) pour envisager en toute fin un avenir possible pour ce genre de régime édifié en opposition à cet ordre ancien. L’analyse des tenants et aboutissants de la Révolution française, ses aspects sous-jacents montre le côté artificiel et imposé par le fer et le feu (génocide vendéen). Il va même jusqu’à écrire que « l’Histoire démontre que la République est une sorte d’organe étranger rejeté à intervalle régulier par la France ; la greffe n’a jamais pris et ne prend toujours pas. La solution ne se trouve pas dans une régénération de la Révolution ou une expiation kabbalistique ou illuministe, mais par la refondation d’institutions familières à l’Histoire du pays. Ce qu’ont défait les révolutionnaires à partir de 1789 doit maintenant être rebâti. » Il prédit même un effondrement dans le style de celui de l’Union Soviétique quand dirigeants et peuple n’y croiront plus. Reste à savoir si, au-delà de cette explication simpliste, il n’y aurait pas eu d’autres causes cachées. Les peuples ont toujours eu les régimes et les dirigeants qu’ils méritaient. Quant aux Révolutions ; elles ne furent pas l’émanation du seul génie populaire. Bien d’autres forces y contribuèrent, beaucoup plus puissantes, beaucoup plus influentes. Livre intéressant pour le parallèle entre République et religion. Analyse plus légère des causes et conséquences. Impression mitigée dans l’ensemble…

Ma note

3/5

ESSAISRELIGIEUX

INSTRUCTIONS SPIRITUELLES (SERAPHIM DE SAROV)

Le résumé du livre

Dieu nous montre son amour du genre humain non seulement quand nous faisons le bien, mais aussi quand nous l’offensons, méritant sa colère… Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle… Il ne l’a pas envoyé pour condamner le monde, mais pour le sauver… Rien ne contribue plus à la paix intérieure que le silence et, si possible, la conversation incessante avec soi-même et rare avec les autres…

Ma critique

« Instructions spirituelles » est un recueil d’enseignements, de pensées, du plus grand mystique de l’orthodoxie, Séraphim de Sarov ainsi que de citations de l’Evangile ou d’apophtegmes d’autres grands saints. Tout un enseignement destiné aussi bien aux laïcs qu’aux religieux. Cet ouvrage peut être d’une grande aide à la prière, à l’oraison et à la méditation en ces temps de matérialisme et d’hédonisme triomphants. L’homme ne vit pas que pain et de jeux. Le lecteur découvrira aussi un mysticisme un peu différent de celui du catholicisme romain, quelque chose à la fois de plus éthéré et de plus concret comme les techniques ayant recours à la « prière du cœur » qui a des points communs avec les mantras. Il découvrira aussi que Dieu est sagesse et réconfort et qu’il se manifeste par une sensation de chaleur alors que le diable est folie, mensonge et confusion et donne une impression de froid glacial.

Ma note

4/5

ESSAIS

LES DOSSIERS DU VATICAN (PAUL WILLIAMS)

Le résumé du livre

Alors que tous les premiers évêques de Rome étaient morts en martyrs, le 32e, Miltiade se retrouve convoqué un jour par l’empereur Constantin. Alors qu’il s’attend à subir le même sort, le voilà au contraire reçu avec tous les honneurs. Pour remplacer ses guenilles, on le revêt de riches atours. On lui offre une première belle demeure puis une seconde. Il est même question de construire une basilique sur l’emplacement de la tombe de Simon Pierre. En effet, Constantin vient subitement de se convertir suite à un miracle sur le champ de bataille. Il veut faire du christianisme la nouvelle religion d’Etat, voilà pourquoi il comble d’honneurs ce pauvre Miltiade qui de « père » des chrétiens (« papa ») devient ainsi « Pontifex Maximus » (« Grand Pontife »), c’est-à-dire « Pape » avec toutes les nouvelles prérogatives et les nouveaux honneurs y afférant… Quelques siècles plus tard, au Moyen-Âge, le Vatican a accumulé une fortune considérable. Rien qu’en Sicile et en Calabre, ses revenus annuels s’élèvent à 35 000 florins d’or. La papauté possède ainsi d’immenses propriétés et même des villes qui doivent lui verser l’impôt. Mais en 1929, l’Eglise est complètement ruinée. Les révolutions sont passées par là (Garibaldi en Italie), plus de terres, plus d’impôts. Les caisses sont vides. Le Palais du Latran tombe en ruines, les toitures prennent l’eau, des rats courent un peu partout. Pie XI, alors âgé de 71 ans, en est réduit à signer un Concordat avec Mussolini, sorte de nouveau pacte avec le diable. En compensation des pertes de territoires, il obtient une somme de 90 millions de dollars en espèces et en bons du Trésor ainsi que le versement du salaire des prêtres. Il en signera ensuite un second tout aussi avantageux avec Hitler…

Ma critique

« Les dossiers noirs du Vatican » sont une enquête historique et journalistique très sérieuse sur les aspects cachés et les compromissions du Vatican depuis Miltiade jusqu’à Jean-Paul II. Depuis l’instauration d’une religion d’Etat, donc une alliance permanente avec le pouvoir quel qu’il soit (« le sabre et le goupillon »), jusqu’à des dérives de plus en plus inquiétantes. Le soutien des Etats devenant défaillant au sortir de la seconde guerre mondiale, le Vatican dut se reconvertir dans les « affaires » pas forcément très « catholiques » (Banque du Vatican), confier ses intérêts à des personnages de plus en plus douteux et finalement tomber entre les mains de la Mafia. Un seul exemple à titre d’illustration : la Banque du Vatican déclare un déficit de 78 millions de dollars alors que ses avoirs seraient de plus de 10 milliards de dollars (selon certaines estimations). Le livre décortique bien toutes sortes d’affaires peu ragoûtantes comme celles de Licio Gelli, de la loge P2, de la banque Ambrosiano, mais également de la mort très suspecte de Jean-Paul Ier qui fut sans doute empoisonné alors qu’il voulait mettre fin avec la collaboration mafieuse, sans oublier tous les scandales de prêtres ou de prélats pédophiles. L’enquête s’arrête au pontificat de Jean-Paul II dont l’image de « saint » en est un brin écornée (affaire Marcinkus). Et la situation est loin de s’être amendée depuis ! L’auteur ne présente que des faits avérés. Le lecteur pourra même lire en annexes les textes complets des deux Concordats. Aussi intéressant que désolant.

Ma note

4/5

POLICIERROMAN

LE SONNEUR NOIR DU BAGAD QUIMPER (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

Non loin des Glénans, le cadavre d’un homme noir flottant entre deux eaux est repêché par un équipage de sauveteurs en mer. L’écrivain public Gwenn Rosmadec et son épouse Soazic sont en train de fêter l’anniversaire de Gwenn quand l’adjudant-chef de gendarmerie Irène Le Roy leur téléphone pour leur demander de venir reconnaître le cadavre du noyé inconnu à la morgue de Pont l’Abbé. Rosmadec ne le reconnaît en aucune manière. Pourtant, le décédé, qui n’avait aucun papier sur lui, gardait quand même dans la doublure de sa veste un petit morceau de carton avec le nom et la profession de l’écrivain public. Un peu plus tard, à la fin d’un concert donné dans le cadre du festival interceltique de Lorient, Gwenn a la stupéfaction de voir et d’entendre jouer un sonneur noir qui est la copie conforme, le sosie parfait de l’inconnu de la morgue. Il l’invite à boire une bière, histoire d’en savoir un peu plus. Le sonneur noir lui apprend qu’il est originaire de l’île de Mayotte, qu’il a été adopté et ramené en France par un couple de Bretons et que son frère jumeau, qu’il a perdu de vue depuis longtemps, est resté au pays. Il n’en faudra pas plus pour que le trio se lance dans une enquête qui les emmènera jusqu’à Mayotte…

Ma critique

« Le sonneur noir du Bagad Quimper » est un roman policier de facture très classique, mais avec quasiment aucune fausse piste. Son principal intérêt réside dans les descriptions de ce confetti de l’Océan Indien où se pratique un véritable trafic de chair humaine dans les tristement célèbres « kwassas-kwassas ». Le style n’est pas désagréable, un brin descriptif, mais assez vivant quand même en raison de nombreux dialogues. L’intrigue pêche un peu par un certain nombre d’invraisemblances. C’est incroyable le nombre de Bretons que Gwenn rencontre un peu partout, bien entendu à tous les postes clés et qui tous contribuent de bon cœur à son enquête. Jusqu’à la Marine Nationale qui est mise à contribution. Et, autre originalité qui laisse un peu pantois : les immigrés ne sont pas de pauvres Comoriens en quête de meilleures conditions de vie, mais des Chinois dont on se demande quelle lubie leur a pris de passer des Comores à Mayotte pour finir en Grande-Bretagne en passant par la Bretagne ! Difficile de faire plus improbable comme itinéraire. Ouvrage de divertissement sans plus.

Ma note

3/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LES APPRENTIS SORCIERS (ALEXANDRA HENRION CAUDE)

Le résumé du livre

Qu’est-ce que cet ARN messager inclus dans les injections qui furent pratiquées pour protéger les populations de la pandémie de Covid ? Comment fonctionne-t-il ? Peut-il se combiner avec notre ADN ? Quelles peuvent en être les conséquences pour notre santé ? 70% environ de l’humanité a été plus ou moins forcée de recevoir une ou plusieurs injections au risque de ne plus pouvoir avoir de vie sociale, d’être suspendu sans salaire, ni indemnités, ni droits au chômage, comme les professions de santé, les pompiers et les militaires. Chaque jour, la propagande répétait : « Tous vaccinés, tous protégés… Vaccinez-vous pour éviter les effets graves… » Et pourtant ce « vaccin » n’a pas stoppé l’épidémie, ni empêché d’attraper le Covid, ni d’infecter les autres, ni d’éviter de mourir du Covid. Quant aux effets secondaires indésirables, ils se comptent par milliers, même le laboratoire Pfizer le reconnaît. Les injectés auraient-ils servis de cobayes à grande échelle ? Leurs défenses immunitaires en ont peut-être été amoindries. Au total, les risques ont été pour les peuples et les bénéfices pour Big Pharma. En février 2022, Pfizer a annoncé que l’entreprise prévoyait de réaliser la bagatelle de 54 milliards de chiffre d’affaires grâce à la vente de ses vaccins et de ses traitements anti-Covid. Juteuse affaire, cette pandémie !

Ma critique

« Les apprentis sorciers » est un essai scientifique bien écrit, facile à lire, compréhensible par tout le monde et parfaitement sourcé (Une douzaine de pages de références sur toutes sortes d’études sérieuses sur le sujet). Quand on veut vraiment s’informer, il est toujours préférable de s’en référer aux meilleurs spécialistes dans ces domaines et non à des « médecins de plateaux télé », à un neurologue n’ayant jamais exercé ou à des bateleurs d’estrades. L’auteur est une généticienne de renom qui fut directrice de recherche de l’INSERM dans plusieurs hôpitaux, lauréate du prestigieux prix Eisenhower Fellowship aux Etats-Unis et découvreuse de l’implication de l’ARN dans différentes maladies génétiques de l’enfant et de l’existence des ARN MitomiR. On peut difficilement trouver plus qualifiée. Et ce qu’elle nous explique fait quand même froid dans le dos. Nous aurait-on menti, roulé dans la farine, manipulé, en nous cachant la réalité de ces injections à base d’ARN messager ? Comment a-t-on pu bricoler un vaccin en quelques semaines alors qu’il fallait auparavant une dizaine d’années pour en lancer un ? Comment l’OMS et les gouvernants ont-ils pu faire confiance à des laboratoires déjà de nombreuses fois condamnés par la justice à de lourdes peines pour les effets secondaires délétères de leurs « médicaments » ? Et surtout pourquoi tout ça ? Il faut absolument lire ce livre pour découvrir tout ce qu’on nous a caché sur cette affaire inquiétante.

Ma note

4,5/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LE CLIMAT PAR LES CHIFFRES (CHRISTIAN GERONDEAU)

Le résumé du livre

Les émissions annuelles de CO2 de notre pays ne représentent que 1/20 000e de la masse de CO2 atmosphérique et celles de toute l’Union Européenne que 1/2000e. La masse mondiale actuelle de 3200 milliards de tonnes n’a rien de dramatique. Elle fut beaucoup plus importante du temps des dinosaures. La végétation était luxuriante. On oublie aussi de dire que le CO2 est bon pour la croissance des plantes. Les efforts gigantesques demandés aux pays, aux entreprises et aux citoyens pour réduire leurs émissions de gaz dits « à effets de serre » ne servent donc pas à grand-chose, d’autant plus que les plus gros producteurs (Chine, Inde, Etats-Unis et autres pays du tiers-monde) promettent beaucoup mais agissent peu. Contrairement aux affirmations mensongères du GIEC, la température terrestre moyenne n’a pas connu de « réchauffement accéléré » depuis les accords de Paris de 2015, mais plutôt une légère baisse. Tout au long de l’Histoire, les températures ont toujours varié avec des périodes plus douces (Moyen Âge) ou de petits âges glaciaires (XVIe-XIXe siècle). Les Nordiques baptisèrent le Groënland (Terre verte) car ils y cultivaient et des arbres y poussaient à leur époque… Très bien équipée en réacteurs nucléaires et en barrages, la France ne devrait même pas avoir besoin de recourir aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques. Quand il y a trop de vent ou de soleil, nous nous retrouvons en surproduction, nous sommes alors obligés d’exporter 80% du surplus à vil prix et même de freiner nos centrales ! Energies vertes et nucléaires sont incompatibles. Et on oublie de dire que 6 millions d’enfants meurent chaque année dans le Tiers-monde par manque d’accès à l’électricité et à l’énergie. Jamais les dirigeants des pays pauvres n’accèderont aux demandes des pays riches…

Ma critique

« Le climat par les chiffres » est un court essai direct, bien étayé et bien écrit qui remet les pendules à l’heure et l’église au milieu du village. Christian Gerondeau renverse trente ans d’intimidation intellectuelle en prouvant, sur la base des chiffres officiels que les affirmations des plus hautes autorités au sujet du climat sont infondés pour ne pas dire mensongères. Toute la première partie de l’ouvrage présente une batterie de graphiques officiels avec commentaires et explications qui laissent rêveur. Nous aurait-on menti depuis si longtemps ? Tout ce narratif répété, martelé à longueur d’émissions et de bulletins météo (présentés sur fond rouge pour faire plus chaud) ne serait donc que fantasmes et science-fiction ? Mais alors quel en serait le but ? Instaurer une écologie punitive ? Créer les conditions d’un appauvrissement généralisé des pays qui participent à cette « dé-carbonisation » ? L’auteur ne répond pas à ces questions. Il n’entre ni dans la politique ni dans les polémiques. Il se contente de présenter des faits et des chiffres. La réalité. Et elle ne colle pas vraiment avec la fiction réchauffiste…

Ma note

4,5/5

 

POLICIERTHRILLER

DEUX ENFANTS TRISTES (CHARLES EXBRAYAT)

Le résumé du livre

En juin 1922, à Beltonville, petite cité pourrie du New Hampshire, cohabitent un maire corrompu, Red Torphins, et une forte communauté italienne tenue de main de fer par Salvatore Busselo, parrain de la mafia locale, assisté de son « capo », Guilio Alcamo. Mais Bruce, le fils du maire, a séduit et engrossé Gelsomina, fille d’un très modeste cordonnier italien, lequel vient demander réparation au maire qui le renvoie illico comme un malpropre. Pourtant Bruce est prêt à se marier avec Gelsomina, mais son père, ne voulant pas entendre parler de la moindre mésalliance, l’éloigne en l’envoyant étudier à Harvard. Comme le parrain ne veut pas non plus se mêler de cette affaire, histoire de garder de bonnes relations avec le maire, le cordonnier s’énerve et menace de faire justice lui-même, ce qui lui fait perdre tout appui mafieux. Craignant pour sa réélection si ce scandale est étalé sur la place publique, Torphins a alors les mains libres. Il décide de faire liquider le bonhomme et sa fille. Mais les quatre tueurs, hommes de main de la police locale, arrivant dans la famille en pleine célébration d’anniversaire, font un véritable carnage en laissant la bagatelle de huit morts sur le carreau. Seuls, deux jumeaux âgés d’une dizaine d’années échappent à ce massacre. Ils sont récupérés par un ami de la famille qui les cachent dans une autre ville. Mais dix années plus tard, les voilà qui réapparaissent à Beltonville…

Ma critique

« Deux enfants tristes » est un roman policier de bonne facture tel qu’on en produisait dans les années 70 de l’autre siècle. En fait, c’est plutôt un roman noir ou un thriller, tant les morts sont nombreux. C’est même une sorte de fable ou de parabole sur la justice immanente, le fait que la vengeance se mange froide et que nos actes nous suivent toujours. Les deux enfants témoins de l’horreur ont été tellement traumatisés par ce qu’ils ont vu qu’ils n’ont survécu et grandi que pour pouvoir assister à la manifestation d’une justice divine qu’ils appellent de tous leurs vœux. Et il est étonnant pour le lecteur de voir que leur seule apparition dans la petite ville suffit à déclencher un processus d’auto-destruction des méchants qui finissent tous soit par s’entretuer, soit par devenir fous, soit par être enfin mis en taule par la police fédérale. Un ouvrage agréable, divertissant, facile à lire et qui n’a pas pris une ride en raison de la qualité du style d’Exbrayat, auteur prolifique et à grand succès, sans oublier l’intemporalité du thème. Que demander de plus ?

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

L’ENTRAIDE, UN FACTEUR D’EVOLUTION (PIERRE KROPOTKINE)

Le résumé du livre

Au cours de ses voyages en Sibérie, Pierre Kropotkine a pu observer de nombreuses situations d’entraide chez toutes sortes d’animaux confrontés aux rigueurs d’un climat extrême qui ne leur permettrait pas de survivre sans elle. Il se demande s’il n’en est pas de même chez les humains et également si l’entraide n’a pas été déterminante dans le processus d’évolution de nos sociétés. Ces impitoyables luttes pour la vie, constatées chez les animaux, ou même ces luttes de chaque « sauvage » contre tous les autres puis de chaque être « civilisé » contre tous les autres ne sont-elles pas compensées, transcendées par une solidarité et une entraide généralisée ? Le monde moderne ne reposerait-il que sur le « chacun pour soi et l’Etat pour tous » ? À l’occasion de migrations, de défense naturelle ou de chasse, très rares sont les espèces qui ne la pratiquent pas. L’auteur poursuit son étude avec les peuplades primitives de la Préhistoire et d’endroits reculés de la planète. Bien avant la famille mono-nucléaire, la tribu, la bande furent les toutes premières formes de vie sociale la pratiquant systématiquement pour survivre. Puis il étudie toutes les périodes historiques jusqu’à nos jours pour voir comment ce phénomène a évolué…

Ma critique

« L’entraide, un facteur d’évolution » est un essai sociologique et historique passionnant, paru d’abord sous forme d’une suite d’articles dans un journal britannique « 19th Century ». Très bien écrit et parfaitement documenté (nombreuses notes et appendices en fin d’ouvrage), il n’a pas pris une ride en dépit de son grand âge (1906). L’étude s’achève avant la révolution bolchévique sur le constat que le monde moderne (enfin celui de l’époque) a réduit comme peau de chagrin la solidarité et l’entraide, même s’il en trouve encore quelques traces avec les syndicats ouvriers ou les associations diverses et variées (type loi 1901). Principe de base de toute société humaine, l’entraide qui était vitale et systématique chez les tribus primitives a donné naissance aux communautés villageoises et aux villes libres qui ne dépendaient que d’elles-mêmes, organisaient leurs échanges, leur commerce, leur justice et disposaient même de terres en propriété collective. Il constate le début de la fin vers les XIVe et XVe siècle quand les paysans, un peu négligés par les bourgeois des villes, pensèrent trouver aide et protection auprès de seigneurs ou de prélats qui profitèrent de la situation pour commencer à s’enrichir en privatisant d’importantes portions du territoire. La Révolution de 1789 acheva le processus en interdisant les guildes, les corporations et toute forme de regroupement en dehors d’elle-même (Loi Le Chapelier). Toutes les Jacqueries, révoltes, mouvements populaires et même la Réforme protestante ne furent que des tentatives pour revenir au principe de solidarité d’antan. Le lecteur termine sa lecture en se demandant ce que le prince Kropotkine, idéaliste et grand inspirateur de l’anarchisme, pourrait dire aujourd’hui de notre société atomisée, où le citoyen ne connait pas son voisin de palier mais attend tout de l’Etat-Providence.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

L’OCCULTISME DANS LA POLITIQUE (GÉRARD & SOPHIE DE SEDE)

Le résumé du livre

À Crotone, Pythagore fonda une société secrète limitée à 300 membres. Elle comportait trois niveaux d’initiation : au sommet, on y trouvait les mathématiciens-philosophes, au centre, les nomothèques, chargés d’enseigner la doctrine et à la base, les politiques responsables de sa mise en pratique. Et le tout, uniquement sur cooptation… À Jérusalem, l’ordre des Templiers, appelés également « les pauvres chevaliers du Temple » qui se rendirent indispensables lors de la conquête de la Terre Sainte, sut s’y maintenir en profitant des rivalités entre Arabes et Turcs et même en s’alliant avec les Ismaéliens du « Vieux de la Montagne » en lutte contre les mêmes. Ne dépendant que du Pape et établis dans toute l’Europe, ils devinrent rapidement de grands propriétaires terriens et même les plus importants banquiers de l’époque (grâce à la mise en place des lettres de change) au point de faire de l’ombre aux rois eux-mêmes, ce qui précipitera leur chute… Et que sait-on vraiment du royaume chrétien secret des Nestoriens, établi quelque part aux confins de l’Iran et de l’Inde, et de leur fondateur le prêtre Jean ? Légende ou réalité historique ?

Ma critique

« L’occultisme dans la politique » est un essai historique sur un thème qui ne peut que laisser songeur. Secrets, conjurations, complots, pratiques occultes, magie blanche ou noire n’ont en effet cessé de marquer de leur sceau un grand nombre de séquences historiques. Le couple de Sède en a sélectionné quelques-unes depuis la plus lointaine antiquité grecque jusqu’à nos jours. Le lecteur y croisera nombre de personnages célèbres comme Saint Louis, Jeanne d’Arc, Louis XIV, le comte de Saint-Germain, Cagliostro (Joseph Balsamo), le baron Ungern, etc. Il découvrira plusieurs évènements peu connus ou présentés différemment par l’Histoire « officielle », comme cette improbable alliance ratée entre Saint Louis et les Mongols pour une reprise de Jérusalem et des révélations un peu sujettes à caution comme l’origine royale de Jeanne d’Arc qui aurait été une demi-sœur bâtarde de Charles VII ou comme celle de Louis XIV, l’enfant du « miracle », qui serait en fait celui de Mazarin et d’Anne d’Autriche. L’ouvrage est intéressant, mais on peut lui reprocher de ne pas avoir suffisamment approfondi le chapitre sur l’occultisme nazi. La société de Thulé, la secte du Vril, l’Aggartha ne sont évoquées qu’assez superficiellement. Quant à celui qui clôture le livre en traitant de notre époque où il y aurait tant à dire, il ne fait qu’évoquer encore plus superficiellement la secte Moon, la loge P2, l’affaire Gladio et l’Opus Déi. Conclusion : on se trouve plus dans la vulgarisation et l’ouvrage de divertissement que dans la recherche historique approfondie. Utile juste comme première approche de ce phénomène.

Ma note

4/5

ROMAN

OLYMPUS, TEXAS (STACEY SWANN)

Le résumé du livre

Dans la petite ville d’Olympus, coin perdu du Texas profond, vivent June et Peter, couple dans la quarantaine et parents de trois enfants « officiels », plus quelques « bâtards » issus des frasques extra-conjugales de Peter, agent immobilier plutôt prospère. Un matin, Hayden, le frère de Peter, l’appelle pour lui annoncer que March, leur benjamin, est de retour en ville après deux années d’exil sans donner la moindre nouvelle. Il souhaite venir déjeuner chez ses parents dans l’espoir de renouer avec eux. Mais son frère aîné, Hap, lui en veut toujours autant d’avoir osé coucher avec son épouse, Véra. Alors qu’il les imaginait séparés ou divorcés, March découvre qu’Hap et Véra vivent toujours ensemble et qu’ils ont même eu un enfant… Et quand March se présente chez ses parents, sa mère le reçoit très froidement. Puis Hap surgit, s’empare d’une masse, commence à démolir le 4X4 de March avant de lui casser la figure. Le retour du fils prodigue s’annonce plus difficile qu’il ne l’imaginait et ce n’est que le tout début de tous les ennuis qui attendent la famille…

Ma critique

« Olympus, Texas » se présente comme un drame familial et non une saga vu que la situation empire assez rapidement pour se dénouer en l’espace de moins d’une semaine, du vendredi au jeudi suivant. Rien ne va plus dans cette famille texane de la classe moyenne. Tromperies et trahisons ont été nombreuses, les rancœurs se sont exacerbées et pour ne rien arranger un accident de chasse dont on ne révélera pas les tenants et aboutissants pour ne pas trop déflorer l’intrigue amène à une situation paroxystique qui va faire rien moins qu’imploser toute la famille Briscoe. La plume de Stacey Swann, qui signe ici un premier roman d’excellente facture, est alerte et agréable, même si elle se révèle descriptive et un brin minutieuse voire méticuleuse à certains moments. Les personnages sont attachants même si les situations ne sont pas particulièrement originales, l’accumulation des péripéties maintenant l’intérêt du début à la fin. Le lecteur aura l’impression de découvrir l’œuvre d’une émule du talentueux Richard Russo (« La chute de l’Empire Whiting » et « Quatre saisons à Mowhawk », entre autres). Il appréciera la finesse des analyses psychologiques et sentimentales, mais cherchera en vain, l’humour, la malice et la causticité promises sur la 4ᵉ de couverture. En prime, plusieurs citations du poète Ovide, auteur des « Amours » et de « l’Art d’aimer », car on l’aura compris, toute cette histoire repose sur l’amour, mais aussi sur le désamour, l’infidélité et la haine. Une bonne surprise de voir cette forme de « naturalisme » américain toujours bien vivant…

Ma note

4,5/5

HISTORIQUERELIGIEUX

JAKOB FRANK, LE FAUX MESSIE (CHARLES NOVAK)

Le résumé du livre

Qui fut vraiment Jacob Frank, l’initiateur du mouvement frankiste ? L’historien Heinrich Graetz (1817-1891) le qualifie de menteur, d’imposteur et de traitre et son mouvement de plus « nauséabond de toute l’histoire juive ». Le frankisme aurait fait du tort aux Juifs et même empêché leur émancipation. Gershom Sholem considère ses disciples comme des hérétiques qui ne s’intéressent qu’au côté obscur du judaïsme, la Kabbale. « C’est en violant la Torah qu’on l’accomplit », proclamait en effet Frank. Né en 1726 à Korolowka en Podolie, Frank voyage beaucoup. Sa famille s’installe d’abord en Bucovine, puis à Bucarest, à Smyrne et à Salonique. Frank a une vision de Sabbataï Svi, son grand inspirateur, Juif converti à l’Islam et fondateur des Dönmehs turcs, qui lui donne son prénom de Jacob. Il a ensuite une seconde vision, celle d’Elie et de Jésus qui lui ordonne de rentrer en Pologne. Il se déclare alors « Messie », commence à prêcher et à être suivi par de nombreux disciples. On dit qu’il aurait fait des miracles. Il annonce être venu pour « abolir toutes les lois et les religions et apporter la vie au monde et ainsi faire arriver la fin des temps, lorsque la société sera totalement dépravée. » La rédemption devra passer par le péché, le chaos et la destruction d’Edom. (Rome) « Je ne suis pas venu pour élever, je suis venu pour tout détruire », proclame-t-il.

Ma critique

« Jacob Frank, le faux Messie », se situe aux limites de l’essai historique et de la biographie. Ce volet de l’ouvrage laisse d’ailleurs assez à désirer. Le lecteur aurait aimé en apprendre nettement plus sur ce personnage vraiment hors du commun qui, pour mieux assumer son judaïsme, rejette toutes les obligations de la Torah, applique certains aspects sombres de la Kabbale au pied de la lettre, se convertit à l’Islam et organise des orgies sexuelles pour sauver les âmes. Ses adeptes se convertiront en masse au christianisme pour mieux accomplir une judéité intégrale. Ils seront protégés par les dignitaires religieux et les puissants et très souvent anoblis avant de s’enrichir assez rapidement et atteindre des postes clés. Toute la première partie du livre développe toutes sortes de thèses sur la déviance de la Kabbale et sur les théories du complot qui accompagnent ce mouvement, sans trancher dans un sens ou un autre, même si l’auteur semble assez compréhensif envers le frankisme. Le versant historique également aurait mérité de plus amples développements. Le lecteur reste sur sa faim en ce qui concerne la participation des Frankistes à la Révolution française, des diverses tentatives de sauver la famille royale, du rôle des Francs-Maçons et des Illuminatis et également de celui de Meyer Amshel Rothschild qui est présenté comme franc-maçon et financier de la secte. Juste deux phrases sur ce personnage-clé, difficile d’être plus discret. On aurait aussi aimé en apprendre plus sur les répercussions actuelles du mouvement. Mais là, rien. Au total, un ouvrage assez décevant, l’auteur ayant sans doute voulu trop étreindre sans choquer personne. Dommage.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LA MAFIA D’ÉTAT (VINCENT JAUVERT)

Le résumé du livre

« L’Etat a ses chasses gardées, ses réseaux occultes qui évoquent facilement une mafia », écrivait il y a près d’un demi-siècle Pierre Viansson-Ponté. On peut à juste titre se demander si cette situation de copinage et d’entre soi particulièrement malsaine ne serait pas pire aujourd’hui qu’hier. Cette mafia de grands commis de l’Etat, de hauts fonctionnaires et d’hommes politiques de haut niveau représente une caste de dignitaires hors sol qui ne songe qu’à défendre ses intérêts particuliers en se cooptant et en s’entraidant dans le but d’accroître pouvoir et revenus. Au fil de cet ouvrage, le lecteur découvrira nombre de grands commis de l’Etat qui bénéficient de retraites-chapeaux dépassant parfois le million d’euros par an… Des personnalités politiques qui jouissent de jetons de présence dans de grands groupes pouvant atteindre jusqu’à 250 000 € par an ; Des conseillers d’Etat, des inspecteurs des finances, des membres de la Cour des Comptes qui peuvent profiter d’émoluments pouvant atteindre 30 000 € par mois. Un seul exemple : Jean-Dominique Comolli privatise la Seita, ferme de nombreuses usines, fait perdre plus de 3000 emplois, fusionne ensuite avec les Tabaccaleras espagnoles tout en restant à son poste de président. Et quand le consortium est racheté par les Anglais, Comolli est recyclé chez Engie en dépit de sa gestion catastrophique contre l’avis d’Arnaud Montebourg alors ministre, puis chez Air France par la grâce d’Emmanuel Macron…

Ma critique

« La mafia d’Etat », troisième volet d’une trilogie (après « Les Intouchables », et « Les Voraces ») est une enquête d’investigation journalistique basée sur les témoignages de nombreuses personnalités et sur les chiffres officiels qui ne sont d’ailleurs disponibles que depuis peu (présidence Hollande) et ne concernent que le patrimoine des politiques, mais pas encore celui des hauts fonctionnaires. Le lecteur y découvrira tout un petit monde sélectionné dès les grandes écoles (ENA, Polytechnique, Sciences Po, Mines, Ponts et chaussées, etc.) qui investit les grands corps de l’Etat avec des salaires déjà très conséquents, se lance ensuite dans la carrière politique sans jamais démissionner, se recycle dans le monde des affaires et ne cesse de pratiquer nombre d’aller et retour entre ces trois univers. Ainsi a-t-on vu récemment un ancien premier ministre, Edouard Philippe, immédiatement recyclé chez Atos et son successeur Jean Castex en faire de même à la direction de la RATP. La liste est longue de ces profiteurs et pantouflards émargeant la plupart du temps dans la fourchette des 200 000 € par an. Quelques noms rencontrés au fil des pages de cet ouvrage : Guillaume Pépy, Florence Parly, Louis Schweitzer, Anne-Marie Idrac, Nicolas Bazire, Jean-Pierre Jouyet, Muriel Pénicaud, parmi des dizaines d’autres. En lisant cet ouvrage salutaire mais un peu déprimant quand même, on comprend pourquoi tous ces gens se retrouvent si loin du peuple, du réel et des difficultés quotidiennes des gens. Ces privilégiés, ces petits marquis de la République en rappellent étrangement d’autres. Subiront-ils le même sort ? On peut en douter. L’auteur conclut d’ailleurs par cette phrase quelque peu désabusée : « La mafia d’Etat, peut-être affaiblie par ces réformes, a donc encore de beaux jours devant elle. »

Ma note

4/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

DE LA SOCIÉTÉ PHARMACO-PUNITIVE AU CRÉDIT SOCIAL (ALEXIS HAUPT)

Le résumé du livre

Un pays où la population se méfie de ses médias et redoute la police n’est plus vraiment une démocratie. Les journalistes devraient avoir pour mission d’informer objectivement le peuple et non d’être de simples vecteurs d’une pensée unique virant à la propagande gouvernementale. La police devrait servir et protéger la population et certainement pas se comporter en garde prétorienne du pouvoir. Certains objecteront que nous sommes quand même en démocratie, car nous glissons de temps en temps un bulletin dans une urne. L’ennui, c’est que nous votons pour désigner des représentants, mais que nous n’avons aucun moyen de contrôle sur leurs décisions. Si celles-ci sont mauvaises et même contraires aux souhaits ou intérêts de la majorité comme on a pu s’en rendre compte tout au long de ces dernières années, elles passent quand même quitte à abuser d’un certain article dispensant le pouvoir de l’aval du parlement. Ainsi de reculs de la représentativité en grignotages des libertés fondamentales, glisse-t-on insensiblement dans une pure et simple tyrannie. Et le pire, c’est que beaucoup de gens n’en ont même pas conscience. « Élire des représentants sans pouvoir les révoquer revient à avoir le simple droit d’élire des maîtres », note Haupt.

Ma critique

« De la société pharmaco-punitive au crédit social » est un essai philosophique, politique et social de belle qualité, bien écrit sous forme de courtes démonstrations ou articles bien écrits qui peuvent se lire en diagonale. Et comme ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, tous plutôt convaincants les uns que les autres. Pour étayer ses démonstrations, Alexis Haupt se réfère entre autres à la sinistre expérience de Milgram sur la soumission à l’autorité ainsi qu’à l’œuvre de La Boétie qui avait déjà démonté le mécanisme de la servitude volontaire au temps de la Renaissance. Il est remarquable de constater qu’à plusieurs siècles de distance, les réactions des gens n’ont guère évolué sur ce plan. La tyrannie, sans doute plus « soft » (l’auteur la qualifie de « rose »), plus pernicieuse et encore plus efficace grâce au matraquage des médias, est toujours présente et l’esclave ne veut toujours pas reconnaître son état de servitude. Il la nie, il la réclame, il s’y complait parfois. Le lecteur remarquera qu’Alexis Haupt reprend aussi à son compte la brillante démonstration d’Etienne Chouard qui prouve la réalité du simulacre de démocratie dans lequel nous nous trouvons et promeut le référendum d’initiative citoyenne ainsi que les assemblées constituantes. Espérons que cet essai qui se lit comme un roman permettra à Alexis Haupt de toucher un plus grand public que celui de X Twitter où il diffuse des analyses nettement plus pertinentes que celles de nos pseudo-philosophes et vrais propagandistes plastronnant sur les plateaux télé pour diffuser leur pensée unique…

Ma note

4,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

LA CONTRE-HISTOIRE DE MICHEL ONFRAY (JONATHAN STUREL)

Le résumé du livre

Personnage incontournable de la scène médiatique, auteur prolifique d’une bonne soixantaine d’ouvrages de compilations philosophiques plus ou moins digestes, qui est réellement Michel Onfray, ex-prof de lycée technique à Argentan, aujourd’hui philosophe de plateaux, penseur de gauche reconnu avant de dériver vers la droite voire une certaine forme de populisme ? Est-il vraiment le rebelle anti-système, le révolutionnaire qu’il s’imagine ? Avec ses convictions fluctuantes, ses prises de positions contradictoires et son athéisme rabique, il est pourtant un très bon client des médias qui se servent de lui comme représentant d’une opposition contrôlée pour ne pas dire instrumentalisée voire muselée. En retour, ceux-ci assurent la promotion de ses livres qui se vendent bien grâce à cette exposition exceptionnelle et lui assurent des revenus conséquents. Ne serait-il en fait qu’un simple rouage d’un mécanisme de propagande parfaitement au point. Il n’y a sans doute que lui et les naïfs pour s’imaginer qu’il puisse représenter la moindre menace pour l’ordre établi…

Ma critique

« La contre-histoire de Michel Onfray » est un essai critique qui parvient très aisément à démontrer l’imposture que représente ce genre de personnage qui sous des apparences trompeuses du rebelle n’est qu’un des plus efficaces gardiens du temple de la pensée unique tout autant que ses collègues Enthoven, Glucksman ou BHL. Onfray est un athée hédoniste combattant la religion dans un monde où celle-ci est à terre et où l’hédonisme et le « jouir et faire jouir » triomphe comme jamais dans l’Histoire. Pour étayer son discours si peu coruscant, il n’hésite pas à détruire ce qu’il a mis sur un piédestal en fonction de la tendance du moment. Ainsi après avoir porté aux nues le « divin » marquis de Sade, le voue-t-il aux gémonies pour complaire aux féministes. Même chose pour Freud mis à mal suite aux dernières découvertes des neuro-sciences et aux révélations sur des mœurs peu compatibles avec le mouvement MeToo. Dans sa préface servant de mise à jour de son texte, l’auteur se réjouit de la dérive droitière du grand penseur. Sans doute un peu trop vite, les dernières prises de positions très covidistes lors de la dernière « crise sanitaire » l’ayant définitivement classé comme opposant en carton bouilli de la pensée unique.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA PREUVE PAR L’ÂME (FRANCOIS DE WITT)

Le résumé du livre

La clé de compréhension de notre univers, c’est l’information. (« Au début, était le Verbe ») Elle circule partout, entre nous, entre le vivant et nous, mais également entre ici-bas et là-haut. Et ce qui nous rattache, nous relie, nous permet de communiquer, est une entité immatérielle, impalpable et indescriptible, nichée au plus intime de tout être humain et qu’on peut appeler « âme ». Au-delà de l’inné et de l’acquis se pose d’ailleurs la question de l’intuition, potentialité des plus mystérieuses. « Nous devons être reconnaissants au ciel de posséder une fonction qui nous octroie quelques lumières sur ce qui est par-delà des choses », disait Jung. Et « il n’est d’autre conscience qu’intuitive », ajoutait Sartre. Mais d’où nous vient cette intuition ? « L’intuition est la voix de votre Soi profond, le murmure de votre âme », concluait Krishnamurti. Même si la science moderne montre quelques réticences avec ce genre de concepts, des chercheurs matérialistes se sont risqués à certaines expériences dont la principale consistait à vouloir la peser. Elle accuserait seulement 21 grammes sur la balance…

Ma critique

« La preuve par l’âme » est un essai dans lequel, François de Witt, un polytechnicien sérieux, donc a-priori ni un farfelu ni un illuminé, a voulu démontrer notre immortalité par le biais de l’existence de l’âme, de l’au-delà et d’une autre vie après la mort. Pour mieux explorer ces frontières floues de la connaissance, de Witt fait appel à la psychanalyse, au paranormal, aux neurosciences, à l’astrophysique, à la mécanique quantique, mais aussi aux intuitions des philosophes et même aux fulgurances des mystiques. Le chapitre sur les expériences de mort imminente (NDE) est particulièrement intéressant et même assez troublant. Discrètement, notre âme nous accompagne tout au long de notre vie terrestre. À notre mort physique qui n’est pas une fin, elle passe dans une autre dimension d’où parfois elle peut encore communiquer avec les vivants (dans certaines circonstances bien particulières). L’essentiel, c’est qu’elle n’a qu’un seul et unique message, celui de l’Amour universel. En lisant ce livre très bien écrit et d’abord facile, le lecteur fera de nombreuses découvertes dont certaines peuvent prêter à caution. En effet l’auteur ne croit ni au jugement dernier ni à l’enfer, tels que l’enseignent les religions. Confrontées à cet autre monde, les âmes « mauvaises » pourraient rejeter un certain temps le divin salut et s’exclure d’elles-mêmes avant de changer d’avis. De plus, si Dieu est infiniment bon, il ne peut se placer en juge et condamner à perpétuité une âme corrompue. Donc, si on en croit de Witt, un jour où l’autre, Hitler, Mao, Staline, voire Landru se retrouveront tous un jour au Paradis ! Ouvrage passionnant néanmoins qui devrait tous nous intéresser que nous soyons croyants ou athées.

Ma note

4,5/5

THRILLER

LE SANG DU TEMPS (MAXIME CHATTAM)

Le résumé du livre

En 2005, Marion, 40 ans, se retrouve embarquée par trois agents de la DST qui la mettent en sécurité au Mont Saint Michel pour une durée indéterminée. Elle y est accueillie par sœur Anne, une religieuse de la communauté qui a l’habitude de rendre ce genre de service aux autorités. Elle a néanmoins l’impression d’être encore en danger et à tout le moins espionnée en permanence. Secrétaire à l’Institut médico-légal de Paris, elle aurait vu ou fait quelque chose qui l’aurait mise dans cette situation. Et au matin, elle découvre sur son lit une enveloppe contenant un message chiffré en forme d’énigme à résoudre. Puis, emmenée par un frère aux archives de la ville d’Avranches, elle tombe par hasard sur le journal intime d’un détective privé anglais, Jeremy Matheson basé au Caire. Il y relate une enquête assez étrange remontant au mois de mars 1928. Tout avait commencé avec la découverte des cadavres de trois enfants issus des quartiers pauvres atrocement mutilés, « martyrisés à mort, griffés, mordus jusqu’à amputation de morceaux de chair. » Il se raconte dans la ville que le célèbre monstre des Mille et une nuits, la Goule, serait réapparu et aurait à nouveau frappé…

Ma critique

« Le sang du temps » est un thriller assez bien mené et comportant les habituels ingrédients du genre, barbarie, sadisme, meurtres en série. Cependant l’intrigue est menée de façon assez surprenante. Le lecteur croit au départ que le personnage principal est Marion. Il se fourvoie et doit d’ailleurs attendre la page 269 pour enfin savoir la raison de sa mise à l’isolement. À part des descriptions de parties plus ou moins fermées au public, des allées et venues furtives et pas mal de courant d’air, il ne se passe pas grand-chose pendant les deux tiers de la narration. L’intérêt se tourne alors vers l’histoire de Jeremy. Et là encore, le lecteur va se retrouver avec toutes sortes de fausses pistes et surtout une fin complètement surprenante, paradoxale, voire invraisemblable, avec rien moins que trois hypothèses possibles qu’on ne révèlera pas pour ne pas trop gâcher le plaisir d’un éventuel lecteur. L’impression générale que donne la lecture cet ouvrage de divertissement est celle d’une narration un brin poussive, tirant parfois un peu trop à la ligne. Cet opus est loin d’être le meilleur de maître Chattam…

Ma note

3/5

RELIGIEUXvoyages

SITES SACRES SECRETS (MARTIN GRAY)

Le résumé du livre

Avez-vous déjà entendu parler du Grand Zimbabwe, ruine archéologique datant de la fin de l’âge du fer qui servait sans doute de lieu de culte et d’observatoire astronomique ? Connaissez-vous le temple penché d’Huma, dans l’Odisha (Inde) dédié à la déesse Shiva ? Ou le mausolée de Hasan al-Basri dans le centre-ville de Bassora (Irak) ? Ou le site d’El Infiernito, étonnant ensemble constitué de deux lignes de 36 pierres levées et orientées selon leur position par rapport aux astres et au soleil et de 30 hautes colonnes de pierres en forme de phallus situées non loin de Villa de Leyva (Colombie) ? Ou encore le sanctuaire shinto Futami Okitama-jinja, deux rochers sacrés situés en mer à environ 15 kilomètres à l’est du grand temple d’Ise (Japon). Reliés par une grosse corde, ils symbolisent Izanami et Izanagi, le couple divin à l’origine du monde ? Et 130 autres lieux tout aussi étranges, imposants monuments, modestes édifices, grottes secrètes voire humbles tombeaux, peu connus des masses touristiques et souvent uniquement fréquentés par les autochtones ?

Ma critique

« Sites sacrés secrets » est un beau livre doté d’une couverture de très belle qualité, d’un joli papier et de magnifiques photos. Passionné de voyages, de photo et d’archéologie, l’auteur a choisi ces lieux de cultes particuliers voire étonnants pour leur originalité et leur confidentialité en évitant bien sûr tous les grands classiques du tourisme religieux. Pas de cathédrale de Reims dans ce livre, mais le sanctuaire de Notre-Dame de La Salette, nettement moins connu que celui de Lourdes, où la Vierge Marie apparut également en 1864. Pas d’alignements de Carnac ni de site de Stonehenge, mais les cercles de pierres du tumulus d’Anund (Suède) en forme de bateau, dédiés au dieu nordique Freyr. Pas de Taj Mahal, mais le site sacré de Ramkund à Nashik, dans le Maharashtra (Inde)… Chacun est présenté sur deux pages avec une courte explication en plus des photos. Toutes les religions, tous les continents sont représentés. On notera aussi une très intéressante introduction. De quoi donner envie à plus d’un d’aller découvrir un ou plusieurs de tous ces sites humbles ou imposants, témoins de la foi millénaire de toute l’humanité. Le lecteur y découvrira toutes sortes de similitudes plus ou moins étranges entre les religions et mysticismes divers et variés. Un magnifique ouvrage qui ravira les amateurs d’archéologie, de lieux secrets et de voyages.

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

L’AUTRE CÔTE DE LA VIE (PHILIPPE RAGUENEAU)

Le résumé du livre

La très chère épouse de Philippe Ragueneau, Catherine Anglade, ancienne actrice et productrice d’émissions télévisées, subit une première très lourde intervention chirurgicale avec ablation d’une partie de l’œsophage et de la totalité de l’estomac. Elle espère avoir ainsi vaincu son cancer, mais il n’en est rien. Elle souffre encore de divers symptômes. Quelque temps plus tard, elle doit repasser sur le billard, car le foie est lui aussi atteint. Et quand le chirurgien découvre qu’il est perdu et qu’il y a des métastases partout, il referme sans intervenir et annonce à Philippe que Catherine est condamnée… Il dira à sa patiente que l’opération a réussi pour qu’elle ne se laisse pas aller et poursuive sa lutte. Mais celle-ci ne se fait pas d’illusions. Elle sait qu’elle va mourir. Mais avant de partir, elle promet qu’elle continuera à communiquer avec Philippe même depuis l’au-delà… Et quelques mois après son décès, c’est ce qu’il se produit. Philippe commence à ressentir sa présence immatérielle à ses côtés et même ses interventions alors qu’il séjourne dans sa résidence secondaire dans le Luberon. Il parvient peu à peu à esquisser un incroyable dialogue.

Ma critique

« L’autre côté de la vie » est un témoignage troublant et réconfortant sur une expérience extraordinaire de contact avec l’au-delà. Le style de Philippe Ragueneau est très fluide et très agréable à lire. Le lecteur sent qu’il a affaire à un honnête homme ressentant un amour éternel pour sa femme. Il note avec précision tous les dialogues, toutes les interventions et tous les faits étranges qui émaillent sa vie de veuf inconsolable. Il n’est d’ailleurs pas le seul à sentir la présence de Catherine. La femme de ménage en est aussi témoin. Et même les chats qui ont des comportements bizarres. Pourtant Philippe reste un homme rationnel avec les pieds « bien sur la terre », pas du tout un mystique enflammé, ni un illuminé. Même s’il peut rester un doute raisonnable, (Ne s’agit-il pas d’auto-suggestion ? Ces conversations ne sortent-elles pas de son imagination ? Ne fait-il pas les questions et les réponses), le lecteur a envie de le croire. La mort n’est pas une fin, mais le début d’autre chose, un passage dans une dimension merveilleuse que les religions appellent « paradis », n’en déplaise aux matérialistes. « Un merveilleux message d’espoir pour tous ceux qui ont perdu un proche », lit-on en couverture. On ne peut qu’approuver…

Ma note

4,5/5

RELIGIEUX

LE LIVRE DES SECRETS D’ENOCH (ANDRÉ VAILLANT)

Le résumé du livre

Enoch nous propulse dans le monde si lointain de Sumer, celui de la toute première écriture de l’humanité. Faisant partie de la race des Patriarches de la Bible, il vécut 365 ans et son fils, Mathusalem 965. La légende raconte qu’il fut emporté au ciel par deux anges qui lui refroidirent le visage pour qu’il puisse supporter la splendeur rayonnante du Très Haut, lequel reconnut sa sainteté et lui ordonna de revenir sur Terre achever sa mission en écrivant le livre qu’Il lui inspirerait. Ce livre fut écrit entre 3000 et 1200 ans avant J.C., donc bien avant l’Ancien Testament, sur des tablettes en écriture cunéiforme sumérienne. Même si l’on trouve des pans de cet ouvrage dans la Bible, il disparut totalement pendant plus de 1400 ans avant de reparaître sous deux formes (sumérienne et slavonique). Mais aucune de ces deux versions (très proches d’ailleurs) ne fut acceptée par l’Eglise et intégrée à la Bible. Certains exégètes parlèrent même de l’œuvre d’un faussaire. Mais la découverte et l’étude des manuscrits de la Mer morte au début de l’autre siècle changèrent totalement la donne. Le texte était bien authentique.

Ma critique

« Le livre des secrets d’Enoch » se présente comme un texte d’inspiration biblique. L’auteur nous en présente une traduction avec assez peu de commentaires et même un moment avec les deux versions en parallèle. Il se lit sans difficulté particulière et se caractérise par l’impression étrange de « déjà-lu quelque part ». Une sorte de version proto-historique de la Génèse avec une création du monde assez poétique, un Dieu presque plus proche des hommes et moins vengeur que Yahvé, avec autour de lui toute une cour d’anges et d’archanges dont certains se rebellent contre son pouvoir et d’autres arrivent même à épouser les filles les plus charmantes de la Terre pour engendrer une race de géants. Le lecteur qui se retrouve donc en pleine mythologie, découvrira que les mythes ont la vie dure, vu qu’ils se retrouvent au fil des millénaires dans les récits de Gilgamesh, puis dans la Bible et finalement dans le Coran sous des formes assez voisines. Donc pas mal de découvertes en perspective pour les esprits curieux. Un seul exemple : il n’y aurait pas eu un seul et unique déluge comme le dit la Bible avec Noé comme personnage central, mais au moins quatre majeurs en – 9000, – 5600, – 3000 et – 2100 et les rescapés n’auraient pas gardé dans l’arche des paires d’animaux, mais des douzaines ! Au-delà de l’aspect religieux voire mystique, on peut toujours en conclure que la sagesse est éternelle.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

SÉVICES COMPRIS (MICHEL DE ROY)

Le résumé du livre

Jessica est une jolie prostituée occasionnelle à qui il peut arriver certains ennuis quand elle tombe sur des clients peu respectueux. Elle est sous la coupe d’un souteneur nommé Jonathan, petite frappe avec qui elle monte l’enlèvement de Florian Balmont, libraire à Montpellier, pour le compte d’un mystérieux commanditaire. Le malheureux est enfermé dans une cave lugubre, nu et dépourvu de tout objet personnel. Mais bizarrement, aucune rançon n’est réclamée et le captif est même relâché assez rapidement. Craignant d’avoir à nouveau affaire à eux, vu qu’il a eu quelques faiblesses pour Jessica, le libraire demande l’aide de Marc, demi-frère de son épouse Virginie, journaliste de son état, et de Rémy de Choli, son cousin détective privé. Lequel se retrouve bien vite assommé d’un coup de batte de base-ball derrière le crâne. Un message lui intime d’ailleurs de ne plus se mêler de cette affaire. Et tout se complique encore quand Rémy découvre avant la police le cadavre de Jonathan baignant dans son sang à son domicile avec deux balles de gros calibre dans la tête…

Ma critique

« Sévices compris » est un roman policier aux limites du thriller. Un enlèvement, quatre macchabées et un psychopathe œuvrant en coulisse, le compte est bon pour la recette du genre. L’ennui viendrait plutôt de l’intrigue assez alambiquée et qui vogue à plusieurs reprises aux limites du vraisemblable. L’auteur mélange un peu les registres en passant du récit de narrateur, au témoignage direct du privé, et en navigant du présent au passé en permanence, histoire de mieux aborder les problèmes d’un enfant souffre-douleur, victime de dédoublement de la personnalité, et devenant peu à peu un dangereux sociopathe. Si on y ajoute un style assez approximatif rempli de redites et de rappels souvent inutiles des épisodes précédents ainsi qu’un bizarre parti pris de re-francisation de termes franglais (« kidnappage » pour éviter « kidnapping » alors qu’ « enlèvement » ou « rapt » existent, ou « debreffage » en lieu et place de « debriefing » alors qu’un recours à « rapport » ou « compte-rendu » aurait suffi), on obtient un petit roman de divertissement qui se lit assez facilement, mais sans grand plaisir.

Ma note

3/5

ESSAIS

L’EMPRISE DU MONDIALISME (CHRISTIAN ROUAS)

Le résumé du livre

Toute la médecine allopathique actuelle se base sur les théories plus ou moins erronées de Louis Pasteur comme il le reconnut lui-même en confiant peu avant sa mort à son ami le docteur Renon : « Bernard avait raison : le microbe n’est rien, c’est le terrain qui est tout. » À l’inverse, celles d’Antoine Béchamp, beaucoup plus pertinentes, mais insuffisamment médiatisées et bien moins « rentables », ont malheureusement été ignorées voire rejetées. Pour lutter contre virus et microbes, les vaccins comportent pourtant dans leurs adjuvants entre autres de l’aluminium, cause de nombreuses allergies, syndromes divers (Guillain-Barré) et même d’autisme chez les enfants (phénomène inconnu chez les Amishs qui refusent toute vaccination). De plus, les dérivés de mercure particulièrement toxiques sont toujours utilisés dans les injections anti-grippales. La liste des effets indésirables de celles-ci est plus longue qu’un jour sans pain, mais les impératifs commerciaux et la corruption sont tels que la faculté persiste à nier tout lien de cause à effet. (Quid des morts subites de jeunes sportifs injectés ? De la multiplication des myocardites et péricardites d’adolescents ? De celle des fausses couches et autres problèmes gynécologiques des femmes ?) Un seul exemple : en 2009, la Suède suspend l’utilisation du Pandemrix, vaccin antigrippal fabriqué par Glaxo-Kline-Smith, en raison d’une explosion de cas de narcolepsie. La commission européenne refuse d’en tenir compte…

Ma critique

« L’emprise du mondialisme » est un essai à charge sur les pratiques de Big Pharma et les erreurs ou malversations de la médecine dominante. Son sous-titre résume parfaitement son propos « Hérésie médicale et éradication de masse ». L’auteur que certains pourront taxer de « complotisme » ne se contente pas de dénoncer les méfaits des vaccins et de nombreux médicaments inutiles ou dangereux, ce qu’il fait longuement et arguments à l’appui dans une première partie très intéressante. Le lecteur y découvrira par exemple un étrange pari datant de 2001, jamais relevé par personne. Un riche homme d’affaires américain a offert une prime de 200 000 dollars à tout médecin diplômé ou à tout représentant d’une firme pharmaceutique s’il acceptait de boire une fiole ne contenant que les additifs vaccinaux (sans aucun agent pathogène) correspondant à son poids. Vingt ans plus tard, il tient toujours ! La seconde partie traite du plan de destruction des défenses immunitaires et de réduction de la démographie, par les pandémies occasionnées par les virus manipulés en laboratoires, véritables armes biologiques et par les vaccinations contraintes ou obligatoires, sans oublier les épandages de toutes sortes. Les faits présentés relevés dans le Tiers-Monde (en Afrique, en Inde et en Asie du Sud-Est) avec des injections massives entrainant des stérilités, décès et handicaps, sous la houlette de l’OMS et du grand philanthrope Bill Gates demeurent troublants. L’ouvrage édité en 2015, ne tient pas compte bien sûr de la dernière crise Covid. Pourtant, en démontant l’affaire du H1N1 où s’illustra si bien notre charmante Roselyne Bachelot, le lecteur découvrira que tous les pions étaient déjà en place pour la suite.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

LES FANATIQUES DE L’APOCALYPSE (NORMAN COHN)

Le résumé du livre

Du nord de la France jusqu’en Bohème en passant par les Pays-Bas et l’Allemagne, on vit se répandre de très nombreux mouvements millénaristes du XIe au XVIe siècle. Professeur au King’s College de l’Université de Durham à Newcastle, Norman Cohn, pour éviter sans doute de trop se disperser, a pris le parti de se cantonner à ce territoire particulier et à cette période précise, même si ces mouvements et ces idéologies ont existé à d’autres époques et ailleurs dans le monde. C’est dans l’Ancien Testament que ces acteurs ont puisé l’essentiel de leurs théories eschatologiques et révolutionnaires. Pour eux, l’univers est dominé par une puissance maléfique et tyrannique dont la capacité de nuisance et de destruction semble infinie. Elle est envisagée comme surhumaine et démoniaque. Elle inflige à l’humanité des souffrances perpétuelles (guerres, famines, grandes épidémies) jusqu’à ce que l’Eternel vienne mettre fin à son règne. Alors arrivera un âge d’or de paix, bonheur et prospérité pour au moins mille ans. Mais pour hâter ce retour du divin, l’homme doit se retrousser les manches et commencer lui-même le travail de nettoyage (liquidation du clergé, des riches, des nobles, des puissants, abolition des taxes et impôts et même mise en commun de tous les biens…)

Ma critique

« Les fanatiques de l’Apocalypse » est une étude historique assez fouillée des innombrables courants millénaristes et révolutionnaires qui secouèrent l’Europe du Nord à de très nombreuses reprises. L’ennui, c’est que qui trop embrasse mal étreint. Tous ces mouvements sont survolés presque trop vite tant il y en a (Montanus et le montanisme, Tanchelm, Eudes de l’Etoile, Tafur, Fulk de Neuilly, le Maître de Hongrie et la croisade des Pastoureaux, Joachim de Flore, Conrad Schmid et les Flagellants, Amaury de Bène et les communautés de l’Esprit Libre, Pierre Valdo et les Vaudois, Guillaume Cornelis, Marie de Valenciennes, Quintin, Jean Boullan, Jean Huss, Bohm, Joss Fritz, Muntzer, Jean de Leyde, pour ne citer que les principaux). Tout part en général d’un individu qui déclare avoir reçu une inspiration divine, être une sorte de nouveau Messie. Il réunit autour de sa personne des groupes de gens du petit peuple, des artisans, paysans et autres vagabonds ou miséreux. C’est toujours dans des périodes de misère, de famine ou d’épidémies comme la peste noire que cela se produit. Le meneur promet de faire arriver l’âge d’or en liquidant le clergé et les nantis, en abolissant l’argent et la propriété privée et en mettant tous les biens en commun et parfois même les femmes. Et quand le mouvement rencontre un certain succès, les révolutionnaires s’emparent de villes ou de régions entières. Les princes, les rois et les évêques finissent par réagir. Et tout s’achève dans un bain de sang. Le pseudo-messie finit brûlé. Bien qu’un peu indigeste à lire, cet ouvrage reste fort intéressant, car il montre un aspect assez peu étudié de l’histoire du Moyen-Âge et de la Renaissance et permet de mieux comprendre que tous ces mouvements furent les précurseurs de nos grandes et terribles idéologies modernes, le nazisme, le communisme et même le mondialisme, mélange paradoxal et détonnant des deux précédents. Tout trois promettant d’ailleurs le paradis sur terre par la grâce d’un état de nature égalitaire, sans argent, ni propriété privée. « Vous ne possèderez rien et vous serez heureux », dixit Klaus Schwab. Ouvrage à lire pour mieux comprendre les ressorts du fanatisme religieux ou idéologique, de l’obscurantisme et de l’esprit moutonnier et si facilement manipulable du petit peuple.

Ma note

4/5

NOUVELLES

LE TRÉSOR DE M. BRISHER (HERBERT GEORGE WELLS)

Le résumé du livre

M.Bisher n’a jamais été marié. Tout juste fut-il un temps fiancé avant de découvrir un trésor et de finir par s’enfuir. Jane, la jeune fille qu’il fréquentait était pourtant charmante et très amoureuse de lui. Issue d’un milieu aisé mais un peu strict, elle jouait aussi fort bien du piano. Mais le futur beau-père ne voulait pas entendre parler de mariage tant que le prétendant ne bénéficiait pas d’une bonne situation. Pour montrer ses capacités et sa bonne volonté, Brisher a l’idée de composer une jolie rocaille dans le fond du jardin des parents de sa fiancée. Et voilà qu’en creusant le sol, il découvre un gros coffre rempli de milliers de demi-couronnes bien brillantes. Mais comment arriver à s’emparer discrètement d’une telle fortune sans éveiller les soupçons ?

Ma critique

« Le trésor de M. Brisher » est une courte nouvelle fort bien écrite du grand H.G. Wells qui ne relève ni de la science-fiction ni de l’anticipation, mais plutôt du naturalisme voire du réalisme. Quelque chose d’assez proche du style et de l’esprit des nouvelles de Guy de Maupassant, teinté d’un brin d’humour anglais en prime. La fin aussi surprenante qu’amusante en reste la meilleure illustration. Le lecteur n’est jamais déçu avec ce grand auteur que fut Wells !

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

CHASSEURS ALPINS DES VOSGES AUX DJEBELS (JEAN MABIRE)

Le résumé du livre

Le corps des chasseurs qui portait alors le nom de « compagnie de chasseurs d’essai » fut créé en 1837 par le duc d’Orléans, fils de Louis XVIII, qui voulait en faire un bataillon d’élite. Il s’appellera ensuite « chasseurs à pied », puis pour un temps, « Chasseurs d’Orléans », en hommage à leur créateur. Leur premier fait d’armes a lieu en Algérie en 1845, du côté de Sidi-Brahim où ils durent se battre à un contre cent face aux guerriers de l’émir Abd-El-Kader. Retranchés dans un fortin, les derniers survivants vécurent un équivalent de ce que fut Camerone pour les légionnaires. Ils se battirent jusqu’au dernier, jusqu’à la dernière cartouche sans jamais accepter de se rendre. Le 24 décembre 1888, un projet de loi fixe à 12, le nombre total de bataillons de chasseurs à pied, affectés spécialement à la défense du massif alpin. Leur nom officiel sera « Bataillon alpin de chasseurs à pied » que l’usage simplifiera en « Chasseurs alpins » (BCA). Ils s’illustrent dans de très nombreux combats lors de la pacification des djebels marocains. Puis ils se retrouvent dès le début de la guerre de 14 dans les Vosges, en première ligne face aux Allemands. Ils y paient un très lourd tribut. Pendant la seconde, ils sont sur tous les fronts, à Narvik, dans les Vosges, dans la Somme, et les derniers à essayer de bloquer le déferlement de la Wehrmacht avec les Cadets de Saumur. Ils font ensuite partie de l’armée d’armistice. Et quand elle est dissoute, ils entrent dans la Résistance. Ils se battront sur le plateau des Glières, dans le Vercors et dans la région de Grenoble. Ils participeront ensuite aux guerres d’Indochine et d’Algérie en restant toujours fidèles à leur devoir.

Ma critique

« Chasseurs alpins » est une étude historique particulièrement intéressante d’un corps d’élite particulièrement prestigieux au sein de l’armée française. L’ouvrage, parfaitement documenté est illustré de nombreux documents photographiques. Le style de l’auteur est très vivant. Il comporte de nombreux dialogues et se lit comme un roman. L’auteur consacre une très grande partie de son propos aux deux guerres mondiales (les exploits dans la résistance et les batailles inégales et sans espoir aux Glières et dans le Vercors sont particulièrement émouvantes). Le lecteur lambda et pas particulièrement « fana mili » pourra y trouver de beaux exemples de courage, de témérité, de bravoure, d’abnégation, d’esprit de sacrifice au service de la patrie, autant de qualités dont on se demande où elles sont passées aujourd’hui. Les jeunes Résistants des années 40 voulaient égaler leurs pères, les Poilus de 14, quitte à se battre avec des pétoires contre des Allemands lourdement équipés et bien supérieurs en nombre. La liste est longue de tous ces soldats qui y laissèrent la vie. Autrefois, ils étaient considérés comme des héros et montrés en exemple. Cet ouvrage passionnant, mais qui aurait pu s’étendre un peu plus sur les deux derniers conflits, s’achève par un rappel détaillé de tous les combats de chacun des bataillons.

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGETERROIR

UNE MAISON DE FAMILLE (MICHEL TESTUT)

Le résumé du livre

Au printemps 2020, l’auteur, Michel Testut, 78 ans, se retrouve confiné chez lui, dans sa maison de famille de Dordogne à cause d’un très dangereux virus prénommé Corona dont on dit qu’il rôde à travers villes et campagnes mettant en danger de mort toute l’humanité. Seul chez lui, Michel se demande comment employer ses journées. Appeler ses amis au téléphone ? Ecouter la radio ? Regarder la télé ? Ranger ses nombreuses bibliothèques ? Tout cela l’ennuie un peu. Vider toutes les bonnes bouteilles de sa cave ? Sans amis pour trinquer avec lui, il craint d’avoir le vin triste. Il opte pour relire Colette et en particulier « La maison de Claudine ». Et pourquoi ne pas s’intéresser à la sienne ? C’est une très vieille maison de famille, construite sous le Second Empire par ses ancêtres, qui a vu défiler pas moins de six générations qui toutes ont laissé « des réserves d’amour, de joie et d’espoir dans tous les placards. »

Ma critique

« Une maison de famille » se présente comme un récit personnel, un « inventaire sentimental » et un témoignage de gratitude à l’égard d’un bâtiment, d’une demeure ancestrale, une maison de maître avec un joli parc et quelques hectares de terres attenantes dont l’auteur hérita dans sa jeunesse, où il vécut avec son épouse, éleva ses enfants, tout comme le firent ses parents, ses grands-parents et toute sa lignée, même si beaucoup n’en usèrent que comme résidence secondaire bien agréable pour les vacances, mais nettement plus inconfortable en hiver vu son manque de chauffage et même d’eau courante installée seulement dans les années 60 de l’autre siècle. La maison sert de prétexte à évoquer toutes sortes de souvenirs d’enfance ou de vie au fil de la description de toutes les parties de la demeure et même du domaine. Tout y passe. Le vestibule, le salon, la salle à manger, la cuisine, les trois chambres et même le grenier, la cave, la grange, le parc et les « cabinets ». Tout est tellement chargé de souvenirs et d’émotions. L’écriture de Testut est précise et agréable à lire. Ses observations sont fines, intelligentes et souvent touchantes. Elles sont même pleines d’une certaine nostalgie qui rappellera aux anciens des époques depuis longtemps disparues, celles où l’on semait, binait et récoltait sans machine et où on allait en calèche de la station de chemin de fer à ce charmant domaine de Mareynou, perché sur sa colline. À conseiller.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’ART SUBTIL DE S’EN FOUTRE (MARK MANSON)

Le résumé du livre

L’air du temps, les médias et la pub poussent chacun d’entre nous à être toujours plus performant, plus intelligent, plus beau, plus riche, plus sexy, plus convivial, etc. Et par la même occasion, nous faire prendre conscience que nous ne le sommes pas autant que nous le souhaiterions. D’où la nécessité de consommer plus de services ou de produits pour atteindre ces objectifs chimériques. Il faudrait donc toujours chercher à se procurer le dernier smartphone, la dernière voiture, le dernier parfum sorti, suivre la nouvelle tendance à la mode, acheter la lotion amincissante la plus performante, les tenues les plus branchées, sans parler des destinations de vacances, des stages de ressourcements divers et variés et autres coaching en tous genres. Mark Manson, lui, conseille d’arrêter de toute urgence cette course du rat qui ne mène qu’à toujours plus de frustration, de se moquer de ces modes et tendances aussi sottes qu’artificielles et de nous assumer tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts. La vie n’est qu’une suite de choix plus ou moins heureux. On apprend plus de ses erreurs que de ses réussites…

Ma critique

« L’art subtil de s’en foutre » est une sorte de manuel de bien-être un peu comme il en sort des milliers chaque année. Il se démarque assez des autres par son ton simple et familier et son parti pris de ne justement pas donner de conseils ou de directives précises. Son sous-titre « Un guide à contre-courant pour être soi-même » en est la plus belle illustration. Et il est moins trompeur que son titre qui pourrait faire imaginer une ode à la nonchalance, à l’indifférence, à la paresse ou au je m’en foutisme ritualisé. Non, il s’agit simplement d’assumer ses choix, d’aller au bout de ses décisions et expériences. Manson illustre son propos de faits divers souvent connus, comme cette histoire de soldats japonais continuant à tenir leurs postes dans la jungle des années après la fin de la seconde guerre mondiale par fidélité à leur empereur et aussi de beaucoup d’épisodes de sa propre vie. Il reconnaît avoir fait lui-même énormément d’erreurs, avoir beaucoup voyagé, couru les filles, bu et pris de la drogue et ne pas lui-même être toujours certain de ce qu’il avance ou préconise. Et c’est là que réside le plus grand intérêt de ce livre, dans ce parler franc et ces confidences intimes. Le lecteur a souvent l’impression d’écouter un ami bienveillant et compréhensif. C’est dans doute la principale raison du succès mérité de cet ouvrage léger, réconfortant (car non culpabilisant) et bien agréable à lire.

Ma note

4,5/5

HUMOUR

DERNIER GUEULETON AVANT LA FIN DU MONDE (JONAS JONASSON)

Le résumé du livre

Johan, jeune homme pas très futé, sert plus ou moins de domestique pour son frère Frédérick. Tous deux partagent un immense appartement familial dans la rue la plus huppée de Stockholm. Johan est nul en tout sauf en cuisine où il se révèle un chef hors pair. Mais quand Frédérick se retrouve nommé troisième secrétaire de l’ambassadeur de Suède à Rome, il vend l’appartement et offre un camping-car à Johan qui n’a même pas le permis de conduire. Pétra, ex-institutrice et astrophysicienne autodidacte, a calculé que la fin du monde devait arriver dans 11 jours. Mais pourquoi attendre plus ? Autant en finir tout de suite, vu que personne ne la croit. Une corde autour du cou, la voilà dans sa caravane, cherchant un crochet pour se pendre. Quant à Agnès, veuve de 75 ans aux cheveux mauves, elle a vendu son usine de sabots et de canots pour aller vivre sur une île proche avant de découvrir le plaisir de voyager virtuellement autour du monde en la personne de son avatar. Ainsi fait-elle rêver de voyages bidons des millions de followers sur les réseaux sociaux.

Ma critique

« Dernier gueuleton avant la fin du monde » est un roman humoristique bien dans la ligne des précédents (« Le vieux qui ne voulait pas souhaiter son anniversaire », « L’analphabète qui savait compter » ou « L’assassin qui rêvait d’une place au paradis »). Cette histoire pleine de rebondissements incroyables reste dans le cadre d’une sorte de road-trip picaresque plein d’humour grinçant et déjanté. Les personnages sont caricaturaux à souhait. L’intrigue complètement improbable pour ne pas dire invraisemblable. Mais il faut accepter les critères de la fable et de la parodie pour trouver un vrai plaisir à lire ce pavé de 522 pages qui part un peu dans tous les sens. L’auteur a voulu y glisser pas mal de piques sur les travers de nos sociétés contemporaines pleines de préjugés et d’a-priori. Autant il tombe juste quand il s’attaque aux défauts individuels, autant il reste mesuré quand il aborde les sujets généraux, politiques ou sociaux. Là, l’humour n’est plus vraiment transgressif. Il rentre même discrètement sur les rails de la ligne officielle de la bien-pensance. Obama est un homme charmant. Bill Gates est dépensier mais délicieux. Trump un fieffé crétin et Poutine un stalinien très très méchant. À notre époque, on ne peut plus rire de tout et de tout le monde, même si l’on sort des satires désopilantes tirées à des millions d’exemplaires. Au total, ce dernier opus, bien que n’étant pas vraiment le meilleur de Jonasson, reste néanmoins divertissant et agréable à lire.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

APOCALYPSE À LA LUMIERE DES SAINTS PROPHÈTES DE L’ÉGLISE (REMI DECHAMPLAIN)

Le résumé du livre

Selon l’auteur, les mœurs sont si dépravées qu’elles finissent par en devenir bestiales, ce qui n’est pas très juste en ce qui concerne les animaux. Le culte de l’argent (Mammon), l’hédonisme et le matérialisme dominent partout. Le rejet de Dieu et de toute spiritualité en général est massif. Et comme l’avait écrit Dostoïevski, « si Dieu est mort, tout est possible ». Et surtout le pire. Le monde pourra-t-il descendre encore plus bas ? Peut-être, mais pour peu de temps. Si l’on s’en réfère à l’Apocalypse de Saint Jean, nous serions parvenus à la 7e et ultime étape de l’odyssée chrétienne, celle de l’Eglise de Laodicée avec toutes ses tribulations et son règne de l’Antéchrist. Une ère de désolation absolue marquée par les guerres, les épidémies et toutes sortes de catastrophes naturelles et de calamités diverses et variées. Arriveraient les dernières épreuves avant le Jugement Dernier et le retour du Christ en gloire. Seuls les justes et les fidèles, ceux sur qui les forces démoniaques déchainées n’ont pas eu de prise, ceux qui ont refusé à tout prix la marque de la Bête, sans laquelle nul ne peut vendre ni acheter, seront sauvés alors que tous les autres n’échapperont pas à la damnation éternelle. Et cette période trouble passée, l’humanité débarrassée de ses démons connaîtra mille ans de paix, de bonheur et de prospérité dans l’amour de Dieu…

Ma critique

Cet ouvrage d’accès facile est un essai de vulgarisation eschatologique qui se base en premier lieu sur le livre de l’Apocalypse. Ce texte reste pourtant d’un accès difficile. Les interprétations en furent nombreuses et parfois contradictoires. L’auteur s’est efforcé de reprendre verset par verset la totalité du texte en en proposant une explication assez simple, évidente et quasi littérale. Le lecteur y apprendra que le Grand Monarque sera l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse et que les prophètes Elie et Enoch reviendront sur terre pour contrer l’Antéchrist, tenter de convertir l’humanité avant d’être exécutés. Remi de Champlain a surtout l’intelligence de ne pas dater, même approximativement, les évènements prévus ni de donner de noms pour l’Antéchrist ou pour le pape apostat ou pour la capitale qui sera détruite totalement (Rome, Jérusalem, New York ou Paris ?). Il a aussi l’originalité (et cela constitue sans doute le plus grand intérêt du propos) de prendre à témoin un certain nombre de saints et de bienheureux (Hildegarde de Bingen, Marie Julie Jahenny, Saint Jean Bosco, Saint François d’Assise, Anne-Catherine Emmerich, sœur Lucie de Fatima ou les visions des petits bergers de la Salette) en citant de larges extraits de leurs prophéties qui toutes appuient ou éclairent le message de Jean. Oui, nous sommes bien dans les derniers temps. Et ils ne seront certainement pas une partie de plaisir…

Ma note

4/5

ESSAISLOISIRS

POURQUOI COURIR ? (HENRI MACE)

Le résumé du livre

Chacun a de bonnes raisons d’enfiler un tee-shirt, de mettre un short et de chausser une paire de runnings pour aller courir en ville, à la campagne ou à la montagne… Pour Alix, étudiante, c’est pour rester maîtresse de son image, pour Amandine, mère de famille, c’est pour appréhender le monde. Pour Emmanuel, conseiller patrimonial, c’est pour une révélation chiffrée. Pour Arnaud, banquier, c’est pour prendre de la hauteur. Pour Baptiste, ingénieur mécanique en biomasse, c’est pour être un dans le présent. Pour Bastien, architecte, c’est pour connaître son corps et se sentir vivant. Pour Christophe, restaurateur, c’est pour se sentir fort. Pour Emilie qui voyage en Bolivie, c’est pour partager avec l’Autre. Guillaume, informaticien, veut casser les frontières… Julie veut se voir autre et invincible. Marcel, marin, veut se sentir bien. Quentin cherche un sentiment d’appartenance. Pierre souhaite se laisser guider. Mathilde, DRH, privilégie la sérénité post-course. Quant à Romain, il s’entraine dans l’espoir de courir un jour un marathon…

Ma critique

« Pourquoi courir ? » n’est pas un ouvrage technique sur le footing, le jogging et autre trails plus ou moins ultras. Il n’aborde pas les questions techniques et ne donne aucun conseil ni programme d’entrainement comme le font tant d’autres ouvrages. En dépit de son sous-titre accrocheur, « Quinze histoires pour quinze raisons », ce n’est pas non plus un recueil de nouvelles. Les quinze personnages sont à peine esquissés, tout juste sait-on leur nom, leur âge et leur profession, pas toujours d’ailleurs. N’ayant ni véritable histoire ni anecdote à raconter, ce ne sont que des artefacts, des prétextes, des illustrations servant à introduire les développements philosophiques, psychologiques voire sociologiques de l’auteur. Lequel s’attache surtout à décortiquer les motivations qui sont aussi nombreuses que diverses, mais aussi à décomposer un à un tous les mouvements du corps pendant la course, à décrire toutes les impressions et tous les ressentis du coureur avec une précision chirurgicale et un pointillisme frisant la méticulosité. Le lecteur trouvera dans cet essai un hymne à la joie de courir en tout temps et en toute circonstance qu’il appréciera s’il fait abstraction d’une certaine verbosité et de coquilles un peu trop nombreuses à notre goût. On notera aussi la présence de quelques expressions savoureuses comme « joujou à jambes » ainsi qu’une bibliographie en fin de volume ne comportant en tout et pour tout que 6 ouvrages !

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

NEMESIS MÉDICALE (IVAN ILLICH)

Le résumé du livre

Le taux de mortalité de la tuberculose avait fortement décru alors que Koch était encore en train de cultiver ses premiers bacilles. Son éradication n’a donc pas été obtenue uniquement grâce à la vaccination généralisée. Même chose pour le choléra, la dysenterie et la typhoïde qui ont atteint leur maximum de la même manière avant de disparaître en échappant à toute action médicale. 90% de la diminution de la mortalité pour la scarlatine, la diphtérie, la coqueluche et la rougeole s’est produite avant l’arrivée des antibiotiques et l’immunisation à grande échelle. Une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation et de meilleures conditions de logement ont eu plus d’influence sur la santé des populations que les médications. Il suffit d’observer la situation du tiers-monde pour s’en convaincre. Etrangement, plus une société se médicalise, plus elle donne de l’importance aux médecins, moins bien elle se porte. Il faut des médicaments et des vaccins pour tout et n’importe quoi. À croire que les industriels de la pharmacie et les médecins n’ont qu’un but, nous maintenir dans des états de santé médiocre pour engranger le plus de profit possible. Et que dire des maladies iatrogènes provoquées par des traitements inadaptés ou des médicaments aux effets indésirables ou des maladies nosocomiales contractées lors de séjours à l’hôpital…

Ma critique

« Némésis médical » est un essai que vulgarisation scientifique datant des années 80, mais qui n’a pas pris une ride. Ivan Illich se place à la fois en historien de la médecine, en sociologue et même en philosophe. Après un réquisitoire sévère mais juste sur la médecine, il propose de longs développements sur la douleur puis sur la mort. Comment ces deux réalités de la condition humaine ont été perçues et vécues au cours des âges. Pourquoi l’homme moderne, aveuli dans son confort et médicalisé à outrance, n’accepte plus d’affronter la souffrance, et pourquoi il cache la mort de toutes les manières possibles. La partie consacrée à la paradoxale contre-productivité de la médecine allopathique moderne est certainement la plus intéressante. Elle fut même révolutionnaire en son temps. Illich participa à la prise de conscience générale et à l’essor des médecines parallèles dites « douces » que l’on croyait alors promises à un bel avenir. Presque un demi-siècle plus tard, il est assez triste de constater que nous en sommes toujours au même point. Nous avons peut-être même un peu reculé. L’horreur sanitaire de la crise covid avec son rejet de l’immunité naturelle en constitue malheureusement la nouvelle preuve.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

4000 ANS DE MYSTIFICATIONS HISTORIQUES (GERALD MESSADIE)

Le résumé du livre

La Grèce n’a pas inventé la démocratie. Des conseils de clans ou de tribus existaient bien des siècles auparavant. Néron n’a pas fait incendier Rome. La bataille de Poitiers qui vit la victoire de Charles Martel sur l’armée d’Abderahman ne fut qu’une escarmouche non décisive. Bien d’autres combats furent nécessaires pour libérer le territoire. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient polygames. Ainsi Charlemagne eut-il 9 épouses qui lui donnèrent 19 enfants dont un seul, Louis le pieux, restait vivant au moment de la succession. Charlemagne n’a pas non plus « inventé » l’école. La papesse Jeanne n’a jamais existé. Marco Polo n’est pas allé en Chine. Ses voyages n’ont pas dépassé Sébastopol. Son « Livre des Merveilles » n’est qu’une compilation de récits d’autres voyageurs de l’époque. Jeanne d’Arc était une enfant bâtarde de lignée royale. Christophe Colomb ne fut pas le premier à « découvrir l’Amérique ». Au Xᵉ siècle, les Vikings Erik le Rouge et Leif Erikson y abordèrent et y implantèrent une première colonie. Et en 1421, une importante expédition maritime chinoise avait longé les côtes américaines et abordé sur le continent…

Ma critique

« 4000 ans de mystifications historiques » est un gros pavé dans lequel l’auteur s’est donné pour objectif de corriger un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur y trouvera de tout : quelques énormes scoops comme le fait que Saint Paul n’était pas juif ou que la dépouille de Napoléon Ier aux Invalides n’est pas la sienne. Des informations connues sur la santé de certains présidents comme Pompidou ou Mitterrand qui cachèrent leurs maladies. Moins connues comme l’état mental avancé du président américain Wilson qui influa sur sa politique (création de la Fed, entrée en guerre de 1917). Malheureusement, il restera sur sa faim sur d’autres affaires comme l’assassinat des frères Kennedy (en dehors de la présence certaine d’un second tireur à Dallas, rien de nouveau), ou l’agression japonaise de Pearl Harbour (Roosevelt n’était au courant de rien, dixit Messadié) et sur les attentats du 11 septembre (il note juste que beaucoup de monde était au courant !). L’auteur semble tellement craindre de tomber dans le complotisme, qu’il ne va jamais au fond des choses et se contente de petites corrections à la marge. Il donne dans le révisionnisme de détail. Pourtant l’Histoire du monde n’est bien souvent qu’un tissu de mensonges, de falsifications et de mystifications au service des idéologies, celles des puissants et des vainqueurs bien entendu. Il y a l’Histoire officielle, celle qu’on enseigne à l’école, celle qui laisse dans l’ombre les tireurs de ficelles cachés dans les coulisses et l’autre, celle des chercheurs de Vérité. Messadié se veut de ceux-ci, mais il ne soulève trop souvent qu’un tout petit coin du voile. Un peu décevant dans l’ensemble.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

MENACE SUR NOS LIBERTES (JULIAN ASSANGE)

Le résumé du livre

Redoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.

Ma critique

« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…

Ma note

3/5

ESSAIS

OUVRONS LES YEUX ! (BERTRAND DE LA BOURDONNAIS)

Le résumé du livre

En 2022, la dette de la France s’élevait à 2800 milliards d’euros, soit 42 000 euros par Français. L’endettement public qui ne dépassait pas 5% du PIB dans les années soixante atteint maintenant les 115% et file allègrement vers les 120%. Nous vivons à crédit en ne remboursant que les intérêts de cette dette. Jusqu’à quand un tel système peut-il perdurer ? De plus, notre pays souffre d’un chômage de masse et d’une paupérisation généralisée qui ne fait que s’aggraver du fait de l’inflation et du renchérissement des prix de l’énergie. Le taux de natalité (1,7 enfant par femme) ne permet plus le renouvellement des générations, même si l’allongement de la durée de la vie et une immigration massive de peuplement masquent un peu la réalité démographique. La famille est attaquée de toutes parts. La violence gangrène les rapports sociaux. La drogue fait des ravages. L’école part à vau-l’eau. Tel Mammon, l’argent est roi. La vie n’est plus respectée (euthanasie, avortement). Ne serait-il pas temps de redresser la barre ? « Jusqu’où peut amener la démagogie, dit l’auteur ; à l’anéantissement d’une nation. »

Ma critique

« Ouvrons les yeux » est un essai économique, sociologique, politique et même philosophique qui tente de brosser un panorama relativement exhaustif de la situation de notre pays. Un très grand nombre de sujets sont abordés avec plus ou moins de pertinence : la drogue, l’immigration, la fracture sociale, l’argent, le dérèglement climatique, l’endettement, les « avancées » sociétales, la bio-éthique et autres… En général, La Bourdonnay analyse avec intelligence et finesse la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, il lui arrive de ne pas aller au fond des choses et de s’en tenir un peu trop à la doxa des médias mainstream. On ne peut pas parler sérieusement de la dette sans évoquer la loi de 1973 (Pompidou-Giscard) obligeant l’état à se financer auprès de banques privées en leur versant des intérêts, ni le problème de l’euro, monnaie artificielle et néfaste pour notre économie car calée sur le Deutschmark. Evoquer la crise sanitaire sans aborder le problème des effets secondaires des injections (fausses couches, myocardites et morts subites inexpliquées) et en restant simplement sur la ligne « tous vaccinés, tous protégés » laisse un peu rêveur également. Rien non plus sur la désindustrialisation du pays par le biais des délocalisations, ni sur les conséquences de la mondialisation et des grands enjeux internationaux. Le bilan de la première partie est très intéressant néanmoins, même s’il reste un brin incomplet. La seconde tente d’élever le débat en passant au niveau de la nécessité du retour d’une morale qui serait plutôt d’essence chrétienne, alors que l’auteur pense que les religions ont paradoxalement « fait leur temps ». Il en appelle à la raison, au bon sens, à la bonne volonté et au discernement entre le bien et le mal, illustrant son propos avec deux lettres bien envoyées à un croyant et à un athée en fin d’ouvrage. L’ennui, c’est que tout cela reste un peu trop au niveau du volontarisme, de l’engagement individuel et ne tient pas assez compte d’un certain nombre de facteurs déterminants, comme la propagande d’état, la manipulation mentale des masses, la corruption généralisée des élites, le rôle des multinationales et des organismes internationaux, etc. Oui, « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ne serait-ce que pour ce cri d’alarme si justifié, cet important ouvrage (650 pages) mérite toute notre attention.

Ma note

4/5

ESSAIS

LEGENDES DE LA MYTHOLOGIE NORDIQUE (JEAN MABIRE)

Le résumé du livre

Beaucoup moins connue que les mythologies grecques et latines, leurs homologues nordiques sont assez différentes, tout en ayant néanmoins bien des points communs. (La création du monde, les personnalités des dieux, les incarnations du Mal (Loki) et du Bien (Balder), la fin du monde, le Ragnarok, cette terrible Apocalypse du Septentrion, etc.) Toutes ces légendes commencent par un meurtre. Aidé de ses deux frères Vili et Vé, Odin tue le géant Ymir. Son petit-fils Bergelmir réussit à s’enfuir avec toute sa famille sur un navire voguant sur des eaux écarlates. Il donnera naissance à de nouveaux géants élevés dans la haine et l’esprit de vengeance. Du corps du géant Ymir va naître la terre. Le sol est formé de sa chair, l’océan de son sang, les montagnes de ses os, les forêts de ses cheveux et les cailloux de ses dents. Son crâne donnera le ciel et son cerveau les nuages. Et les dieux fabriqueront à partir de deux arbres, le premier homme Ask (le frêne) et la première femme Embla (l’orme). Ils sont dotés d’un beau teint clair et de cheveux blonds qui les distinguent de la race si sombre des géants. Et pour ne rien gâter, tous deux sont beaux, bons et sages…

Ma critique

« Légendes de la mythologie nordique » est un essai de vulgarisation sur un sujet rarement abordé. Les dieux de l’Asgard ayant été à la fois méprisés et ignorés dès l’arrivée du christianisme, l’auteur est retourné aux sources, les « Eddas » islandaises et les sagas danoises et norvégiennes pour nous présenter une mythologie tourmentée, bien à l’image des peuples et des climats qui en furent la matrice. Le lecteur aura sans doute un peu de peine à s’y retrouver dans la multitude de dieux, de géants (leurs perpétuels ennemis), mais aussi d’elfes, de nains et de monstres en tous genres. Ces histoires pleines de bruit et de fureur n’en demeurent pas moins relativement poétiques, et surtout terriblement symbolique, même si la lutte, le combat, la violence, en marquent quasiment tous les épisodes. Il est aussi noble pour les dieux de brandir une épée que de vider une corne à boire. Ce qui est ignoble, c’est la lâcheté, le mensonge et le parjure. Cet ouvrage agréable à lire pourra servir de référence pour qui veut s’initier aux anciens mystères du Nord. On y trouve d’ailleurs en fin de volume un important index regroupant une courte présentation de tous les intervenants qui sera très utile pour s’y retrouver dans ce foisonnement.

Ma note

4/5

DIVERSFANTAISIEROMAN

LE PORTE-MONNAIE, UNE SOCIETE SANS ARGENT (JEAN-FRANCOIS AUPTITGENDRE)

Le résumé du livre

Entre 2029 et 2040, Jacques Durieux, ancien notaire, note au jour le jour ses impressions sur le passage d’une société marchande, capitaliste, consumériste, à une société de l’accès, du don, de la gratuité, de l’égalité et de la liberté par la magie de la disparition totale de l’argent. Dans son immeuble de la Faisanderie, il cohabite avec un menuisier, un ancien commissaire de police, une institutrice, un mécanicien, un ingénieur, un archéologue et un petit escroc. Dès l’annonce de la disparition de l’argent et donc du commerce et de l’instauration d’une économie durable et solidaire, les magasins ont été pillés et la pagaille s’est installée un peu partout. Beaucoup ont cru pouvoir trouver refuge à la campagne. Leurs habitations ont aussitôt été investies par des squatteurs, la propriété privée n’ayant plus lieu d’être… Tout était parti d’un krach boursier phénoménal, d’une succession d’explosions de bulles spéculatives, d’une inflation galopante et de dévaluations inutiles. Ruinés, affamés, les peuples se soulevèrent un peu partout dans le monde, attaquèrent les banques, neutralisèrent les bourses. Au Brésil, les gens commencèrent à brûler des brouettes de billets et de titres qui ne valaient plus rien. Et le mouvement fit tache d’huile…

Ma critique

« Le porte-monnaie, une société sans argent » ne peut pas être considéré comme un véritable roman, même si l’auteur a cherché à illustrer son propos en convoquant quelques personnages sans grande consistance d’ailleurs. Il s’agit plutôt d’une parabole, d’une fable ou d’une allégorie, relevant du rêve, de l’utopie ou de la pure et simple fantaisie. Dans cette histoire fort peu crédible, le fait de faire disparaître l’argent et tous les moyens de paiement, permettrait de parvenir à une société solidaire, égalitaire et respectueuse de l’environnement. Plus de gâchis, plus de gaspillage, plus de dépenses inutiles comme la publicité. Rien que de l’entraide, du partage, de la bienveillance et de la gratuité. Après le grand Soir, le paradis sur terre. Sortant parfois de son rêve anarchiste, l’auteur conçoit qu’il puisse y avoir de-ci, de-là, quelques difficultés. Mais qu’à cela ne tienne, il y a toujours la solution de réunir un comité de discussion, une conférence internationale. Les palabres, les tractations, les blablablas interminables doivent toujours tout résoudre. À une époque où l’argent n’a jamais été aussi puissant au point qu’on en est arrivé aux crypto-monnaies de banques centrales qui vont faire disparaître le cash et nous faire basculer dans des sociétés de contrôle total, il est malheureusement facile de constater que cette histoire est aux antipodes de la triste réalité. Pour ceux qui veulent rêver d’un monde de Bisounours où la disparition de la richesse entrainerait celle de la pauvreté…

Ma note

3/5

DIVERSHISTORIQUE

KUBARK (LE MANUEL SECRET DE MANIPULATION MENTALE ET DE TORTURE DE LA CIA)

Le résumé du livre

Datant de l’époque de la guerre froide, Kubark est le nom de code d’un manuel d’interrogatoire destiné aux agents de la CIA. Très inquiets des résultats obtenus par les communistes russes et chinois, les Américains ne voulaient pas être à la traine dans les techniques de lavage de cerveau et d’extorsion de renseignements. Ils découvrent que l’on peut pratiquer une violence aseptisée et manipuler de toutes sortes de manières le psychisme d’un individu pour arriver à le faire craquer et à obtenir aveux ou informations. Ainsi commencent-ils à mettre en place, à une échelle individuelle, tous les éléments de ce qu’on a appelé ensuite « la stratégie du choc » pratiquée plus tard par le néo-libéralisme mondialiste à l’échelle de sociétés entières et tout récemment à celle de l’ensemble de la planète lors de la crise du Covid. Il s’agit de provoquer brutalement un état de régression psychique en agitant des peurs pour mettre le sujet sous emprise. Tous les moyens sont bons. L’isolement sensoriel est sans doute le plus important. La CIA expérimentera même un caisson d’isolement dans lequel un humain est attaché dans une sorte de cercueil rempli d’ouate où il ne peut rien voir, ni entendre, ni sentir. Il peut en résulter des perturbations graves du psychisme (amnésies, hallucinations ou désintégration totale de l’identité). Elle pratiqua également les électrochocs, l’hypnose, le détecteur de mensonges et l’administration de drogues. (dont le LSD distribué à grande échelle qui ne donna pas grand-chose si ce n’est le psychédélisme du mouvement hippie avec des gens comme Leary, Ginsberg ou Kesey…)

Ma critique

« Kubark » est un document récemment déclassifié, brut de décoffrage et relativement peu agréable à lire. De nombreux passages sont encore caviardés, rendant parfois la compréhension difficile. Le texte est précédé d’une très longue introduction qui représente un bon tiers de l’ouvrage et qui résume toute la suite. Le style est administratif, lourd, redondant. On sent que l’auteur patauge un peu. Ça bidouille de tous les côtés et, avec honnêteté, la plupart du temps ça reconnaît que toutes ces méthodes de manipulation du psychisme ne marchent pas vraiment bien. Que des aveux ou des révélations obtenus d’une façon aussi cruelle (même si la torture physique ne devient que secondaire) ne valent pas grand-chose. La CIA voulait pouvoir interroger des agents secrets étrangers ou vérifier la sincérité de transfuges. Elle se situait donc dans le simple contre-espionnage qu’elle appelle d’ailleurs « contre-renseignement » et n’avait pas tout à fait le même objectif que ses adversaires communistes qui se plaçaient sur le terrain politique et visaient la soumission, voire la désintégration psychique des opposants. Le lecteur pourra constater que ces méthodes ont bien empiré depuis ces années 50 et 60 en comparant ce qu’il lira dans cet ouvrage avec ce qu’il sait des horreurs pratiquées à Guantanamo et à Abou Grahib entre autres…

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

LE ROMAN DE BUDAPEST (CHRISTIAN COMBAZ)

Le résumé du livre

Bâtie sur des grottes et dans un emplacement stratégique, Buda fut pendant trois siècles le bastion le plus avancé de la paix romaine contre les assauts des Barbares venus des terres slaves et même du lointain Iran. Territoire des Magyars, peuple turbulent venu du Nord, la Hongrie devient assez vite un royaume chrétien avec son premier roi, Istvan, fils de Geza, qui l’impose par l’épée et reçoit du Pape une couronne surmontée d’une croix qui restera longtemps le symbole du royaume. Mais arrivent bientôt les invasions tatares qui ravagent la ville et tout le pays alentour. Quand ceux-ci finissent par se retirer, le château royal est reconstruit par les Français (Angevins). Un peu plus tard, la ville tombe aux mains des Turcs de Soliman le magnifique qui la brûle et la ravage totalement. La Hongrie restera occupée par les Ottomans pendant 150 longues années. Grâce au sacrifice des Hongrois et à leur résistance acharnée, la Sublime Porte ne parviendra jamais à s’emparer de Vienne en dépit de toutes ses tentatives. Mais cet épisode terminé n’apportera pas encore la liberté au pays qui tombera ensuite sous la tutelle des Habsbourg jusqu’à la première guerre mondiale. La Hongrie subira une première révolution communiste, puis une occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale et finalement une autre occupation, soviétique celle-là, qui durera quarante ans et verra en 1956 un soulèvement populaire qui sera réprimé de la plus cruelle manière. Il faudra attendre la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique pour que la ville et le pays retrouvent la liberté…

Ma critique

« Le roman de Budapest » est un ouvrage historique passionnant permettant au lecteur de faire un survol fort instructif de l’histoire de la Hongrie en prenant sa capitale comme base d’observation. Le lecteur découvrira que le destin de Budapest qui fut la réunion de deux villes (Buda, ville royale et Pest, ville plus populaire) fut particulièrement tragique. Placée en première ligne face à toutes les invasions, les habitants pourtant ouverts et tolérants, eurent beaucoup à souffrir de toutes sortes d’envahisseurs (Tatars, Turcs) aussi cruels que destructeurs. La ville et le pays furent également bien longtemps sous tutelle (autrichienne, allemande et russe) et sous influence française au XVIIIe siècle et anglaise au XIXe. Son architecture baroque et variée malgré toutes les destruction amenées par les guerres en témoigne. Au fil du temps, le récit vivant et agréable à lire de Combaz nous permet de faire plus ample connaissance de personnages comme Matyas Corvin, Istvan Széchenyi, Lajos Kossuth, François-Joseph, Sissi, Franz Liszt, Sandor Petofi, Tibor de Nagy, le cardinal Mindszenty longtemps prisonnier, Imre Nagy, Janos Kadar ou l’amiral Horthy qui marquèrent en bien ou en mal une Histoire tourmentée. Ouvrage aussi passionnant que le « Roman de Saint Pétersbourg », agrémenté de deux beaux cahiers d’illustrations et de photographies.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

SORTIR DE L’EUROPE (ALAIN FALENTO)

Le résumé du livre

Les deux « pères » de l’Union Européenne furent Jean Monnet et Robert Schuman. Le premier fut conseiller de Roosevelt, agent de la CIA et richissime homme d’affaires aux Etats-Unis. Le second qui fut 14 fois ministre de nombreux gouvernements, officia sous Pétain, se cacha dans des monastères pendant la guerre et se retrouva frappé « d’indignité nationale » à la Libération. Dès le départ, il aurait fallu se méfier. Mais cette « construction » européenne se pratiqua à petits pas pour ne pas choquer les opinions publiques, bribe par bribe, un peu selon la tactique du « voleur chinois » en commençant par une certaine CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier, chacun sait aujourd’hui ce qu’il est advenu de ces deux filières), puis en progressant par étapes, au fil des traités, pour en arriver à une sorte d’accomplissement avec la création de l’euro, en passant par la Pac, les accords de Schengen, les entrées successives de nouveaux pays avides de subventions communautaires, les traités de Maastricht et de Lisbonne et la mise en place de Frontex qui devait défendre les frontières extérieures de l’Union. À Lampédusa, Vintimille, Algesiras, Calais et jusqu’en Pologne, chacun a pu admirer son efficacité. Alors quelques années après le Brexit qui a fait la démonstration que la Grande-Bretagne n’a pas connu le chaos annoncé partout, tout citoyen un brin averti peut se poser la question : pour ce « machin » de Bruxelles (dixit de Gaulle), stop ou encore ? Frexit ou pas ? Qu’avons-nous à perdre ou à gagner dans les deux cas de figure ?

Ma critique

« Sortir de l’Europe » est un essai en forme de réquisitoire fort bien argumenté qui présente la liste interminable des inconvénients, des risques et des dangers que nous avons à rester dans cette entité qui nous coûte plus cher qu’elle ne nous rapporte. On nous l’a vendue comme étant facteur de paix, de sécurité, de plein emploi et de prospérité. Un demi-siècle plus tard, il est difficile de ne pas constater que ces promesses étaient toutes fallacieuses à moins de considérer que nous vivons dans un monde orwellien où la paix c’est la guerre (Ukraine), la sécurité ce sont les agressions à chaque coin de rue et la prospérité c’est la désindustrialisation, le chômage de masse, le naufrage de notre agriculture, les tarifs démentiels des énergies et la paupérisation rampante par le biais d’une inflation et d’une dette impossibles à maîtriser. Fallait-il perdre toute indépendance, toute souveraineté jusqu’à celle de battre monnaie en échange de ça ? Nos dirigeants et nos chefs d’État n’ont plus aucun pouvoir réel. Ils ne font qu’entériner toutes les décisions européennes. Le Parlement européen lui-même n’est qu’une chambre d’enregistrement. Le véritable et unique lieu de pouvoir est la Commission Européenne dans laquelle un certain nombre de technocrates coaché par une dirigeante teutonne recyclée décident aussi bien du diamètre des roues de bicyclettes que de nous faire participer à une guerre sans jamais avoir été élus et sans jamais nous avoir demandé notre avis. Livre à faire lire à tous ceux qui ne sont pas encore convaincus qu’il est grand temps d’en finir !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LE GUIDE DU BIEN-ÊTRE SELON LA MÉDECINE CHINOISE (YVES REQUENA & MARIE BORREL)

Le résumé du livre

Pour la médecine chinoise, les éléments ne sont pas au nombre de quatre (terre, feu, air et eau), mais de cinq : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, lesquels entrent en correspondance avec les saisons (excepté la terre), avec la nature et avec le corps humain. Contrairement à l’occidentale et en particulier l’allopathique qui est surtout réparatrice dans la mesure où elle s’attache à traiter les symptômes, c’est une médecine de prévention qui cherche à maintenir le « terrain » en harmonie et donc à permettre au patient de rester le plus longtemps possible en bonne santé. On dit qu’autrefois on cessait de payer son acupuncteur ou son médecin quand on tombait malade. Et non l’inverse comme chez nous ! Les saveurs sont elles aussi cinq : l’acide, l’amer, le doux, le piquant et le salé. Reste à découvrir de quel élément chacun de nous dépend. Les moyens employés, tous adaptés à chaque cas sont fort nombreux et complémentaires : acupuncture, moxas, massages, alimentation, plantes, huiles essentielles, élixirs floraux et exercices de Qi Gong.

Ma critique

Ce guide de bien-être de qualité n’en demeure pas moins un exercice de vulgarisation voire d’initiation ou d’introduction au monde complexe et très pragmatique de la médecine chinoise. Il tente d’être exhaustif en s’attachant à étudier séparément les cinq éléments, histoire « d’être bien dedans ». Tout démarre d’un test assez simple comportant 40 questions plus une étude de la main permettant de classer le patient dans l’élément qui le caractérise. Le lecteur peut se retrouver classé dans deux éléments, ce qu’admettent les auteurs, cette recherche nécessitant bien d’autres paramètres. D’autres ouvrages tiennent compte de beaucoup plus de critères comme la force du visage, celle du nez, le positionnement des yeux, les pouls et autres caractéristiques physiques pouvant aider plus finement à ce classement. Cet ouvrage de très belle qualité éditoriale (papier glacé, reliure solide) dispose de nombreuses et très belles illustrations ainsi que de photographies particulièrement utiles pour s’initier aux postures de Qi-Gong. Intéressant pour qui veut bénéficier d’une première approche du sujet, mais qui, bien sûr, ne pourra jamais remplacer un maître de Qi-Gong et à fortiori un acupuncteur…

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

ESCLAVES CHRÉTIENS, MAITRES MUSULMANS (ROBERT C. DAVIS)

Le résumé du livre

Peu étudié et même souvent négligé, l’esclavage des Blancs dans le monde méditerranéen fut pourtant numériquement plus important que celui des Noirs au XVIᵉ et jusqu’à la moitié du XVIIè avant que la tendance ne s’inverse. Mais quelle fut l’ampleur d’un phénomène qui frappa tout le pourtour de la Méditerranée et s’étendit même jusqu’aux lointains rivages de l’Angleterre et de l’Irlande ? Comment les Barbaresques et les Turcs se procuraient-ils leurs esclaves blancs ? Tout simplement en attaquant les navires de commerce ou de simple pêche, en ravageant les villes et villages des côtes espagnoles, françaises, italiennes et autres, en pratiquant de terribles razzias avec pillages et destructions systématiques et capture de prisonniers avec une préférence pour les enfants, les femmes jeunes et les hommes de bonne constitution. Le sort qui attendait ses malheureux n’était guère enviable. Les galères avec la chiourme ou le travail harassant dans les carrières ou dans les champs pour les hommes, les harems et les tâches de servantes pour les femmes. Un enfermement dans des « bagnes » (anciens établissements de bains dont les plus nombreux étaient situés à Alger) dans une promiscuité délétère, sans la moindre hygiène, avec une nourriture infecte et des épidémies de peste récurrentes. Le taux de mortalité des esclaves était de 15 à 20% dès la première année. Et les conséquences en furent terribles pour toute une population chrétienne, toute une société sans cesse agressée qui doit faire face aux ravages de cette piraterie et à ces coupes sombres de population par ces mises en esclavages qui durèrent pendant plus de trois siècles et ne prirent vraiment fin qu’avec la prise d’Alger.

Ma critique

« Esclaves chrétiens, maîtres musulmans » est un essai historique très bien documenté (les nombreuses notes de bas de pages en attestent) et fort intéressant sur une traite beaucoup moins connue et dont on parle beaucoup moins que la transatlantique et qui ne fonctionna pas du tout de la même façon. L’auteur américain fait d’ailleurs de très pertinentes comparaisons en mettant en parallèle un système purement économique de recherche de main d’œuvre et un autre basé sur le vol, le pillage, la prédation et la haine religieuse. Les souffrances des uns n’effaçant pas les souffrances des autres, le lecteur ne peut que ressentir de l’empathie pour tous ces malheureux esclaves privés de libertés, ces galériens enchainés à vie à leur banc de rame, battus et humiliés en permanence. Les maîtres musulmans cherchaient à obtenir des rançons souvent exorbitantes qu’ils ne pouvaient obtenir que des très rares riches personnages qu’ils capturaient parfois. Ils exigeaient néanmoins de tout esclave une redevance pour la nourriture et l’hébergement tout en profitant de sa force de travail. Malgré tous les efforts de congrégations religieuses comme les Trinitaires et les Mercédaires et toutes les collectes d’argent dans les paroisses, le taux de rachat des esclaves chrétiens ne dépassa jamais les 7 à 8%. Autant dire que l’espoir d’être un jour libéré de cette servitude pire que celle du goulag soviétique ou des camps nazis était plus que minime. Ouvrage passionnant pour qui veut bien se pencher sur cette page d’Histoire dont il ne reste que peu de traces, si ce n’est quelques noms de lieux (comme le Massif des Maures) et une tête sur le drapeau corse, région qui eut beaucoup à en souffrir tout comme l’Italie, particulièrement bien analysée d’ailleurs.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

APPROCHES, DROGUES ET IVRESSE (ERNST JÜNGER)

Le résumé du livre

Comment résumer ce livre qui part un peu dans tous les sens ? Il porte très bien son titre. Ce sont bien des « approches », des esquisses sur le thème des drogues et de l’ivresse. La recherche de la perte de contrôle, du rêve, de l’ailleurs par toutes sortes de moyens allant des plus bénins aux plus dangereux. L’auteur y a rassemblé en un grand nombre de très courts chapitres (plus de 300), en réalité de notes, toutes sortes de réflexions, méditations, pensées diverses et variées, citations d’auteurs, extraits de poèmes. Il ne s’agit en aucun cas d’une étude circonstanciée ni d’un traité exhaustif. Par exemple, Jünger compare les ivresses obtenues par la bière et le vin en amenant sa réflexion sur les différences civilisationnelles entre les pays du nord et ceux du sud, entre les terres de houblon et celles de vignobles et les mentalités qui vont avec. Il a expérimenté sur lui-même la plupart des produits dont il parle (haschich, cannabis, cocaïne, morphine, LSD, éther, chloroforme, peyotl, champignons hallucinogènes, etc.) Dans certains chapitres, il note même heure par heure et parfois minute par minute ses impressions. Les expérimentations sont parfois étonnantes, parfois décevantes…

Ma critique

« Approches drogues et ivresse » pourrait se classer dans les essais, mais ce n’est pas vraiment le cas, car ce livre n’est pas vraiment une étude, ni même un véritable retour d’expérience, ni même un témoignage au sens classique du terme. C’est plutôt une conversation à bâtons rompus où le thème principal autorise toutes sortes de digressions sociologiques, ethnographiques, mythologiques, historiques, linguistiques, mycologiques, pharmaceutiques, phytochimiques, etc. L’auteur en appelle à Baudelaire, Maupassant, Hoffmann, Poe, de Quincey, Cocteau, Novalis, Goethe, Mirbeau, Loti, Nietszche, Michaux, Huxley, Orwell et tant d’autres qui y ont touché de près ou de loin. Il analyse l’attitude des états et des religions vis-à-vis du tabac et de l’alcool (Islam et prohibition aux Etats-Unis). C’est intelligent, brillant, même si ça dérive un peu beaucoup. Nul doute que le plus intéressant pour le lecteur lambda restera surtout les anecdotes de la jeunesse de l’auteur dans les années 30 et 40.

Ma note

3,5/5

ESSAISHISTORIQUE

AUTOPSIE DU MYTHE GAULLISTE

Le résumé du livre

Militaire et homme politique hors normes, Charles de Gaulle a bâti autour de sa personne et de son action une légende fabuleuse de libérateur de la France et de tout premier résistant du pays grâce à son célèbre « Appel du 18 juin ». Il voulut rendre sa dignité et son indépendance à notre pays qui, sans lui, aurait été relégué au rang de puissance de troisième ordre. Encore aujourd’hui, longtemps après sa mort, il reste une référence obligée à droite et même dans certains cercles de gauche et plus d’un se demande encore ce qu’il aurait fait dans telle ou telle circonstance. Mais cette image d’Epinal garde quand même quelques côtés obscurs et peu glorieux comme l’Epuration avec ses procès iniques, ses femmes tondues et les vengeances mesquines de résistants de la 25è heure, le procès Pétain avec la condamnation à mort muée en détention à perpétuité du plus âgé prisonnier politique du monde (mort à 95 ans), l’alliance objective avec Staline, la réhabilitation du PCF compromis par le pacte germano-soviétique et son implantation durable dans de nombreux rouages de l’État (éducation, médias, services publics), sans oublier diverses liquidations (réussie pour Darlan ou ratée pour Giraud…)

Ma critique

« Autopsie du mythe gaulliste » est un essai historique donnant plutôt dans le procès à charge d’un personnage historique majeur de notre Histoire. Le lecteur y découvrira que tout ne fut ni tout blanc ni tout noir dans une période troublée et que toute cette saga dont on a édulcoré les côtés sombres ou même ridicules, a eu aussi des aspects nettement moins reluisants et des conséquences jusqu’à nos jours. Il y apprendra qu’il y eut en fait deux appels du 18 juin et non un seul et que le premier est assez différent du second, que le général avait songé à faire fusionner la France et l’Angleterre en un territoire unique où tout ressortissant français serait devenu britannique et réciproquement. Mal accepté par les Anglo-saxons qui lui auraient préféré quelqu’un de plus représentatif comme Weygand ou Giraud, il avait même envisagé de quitter Londres pour Moscou. Le livre est assez court, met beaucoup l’accent sur les côtés négatifs voire déplaisants du personnage et se cantonne à la période de la guerre, de l’Epuration et de son premier gouvernement qui ne fit pas de merveilles (le rationnement alimentaire dura jusqu’en 1949) et qu’il quitta bien vite. L’affaire d’Algérie, Mai 68 et ses conséquences n’y sont pas traités. C’est un peu dommage. Il y aurait eu tant à dire…

Ma note

3/5

THRILLER

INTENSITÉ (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

En Californie, deux étudiantes en psychologie, Laura et Chyna, sont invitées à passer le week-end dans la résidence des parents de Laura. Si celle-ci a eu la chance de bénéficier d’une enfance heureuse et équilibrée, ce ne fut pas le cas de son amie Chyna qui grandit sans père, avec une mère alcoolique, instable, sans emploi et souvent accompagnée de personnages peu recommandables. Elle a passé toute son enfance et sa jeunesse dans la peur, souvent en se cachant dans les endroits les plus improbables pour échapper aux avances des amis ivrognes ou drogués de sa mère. Accueillie chaleureusement par la famille, Chyna monte se coucher et peine à trouver le sommeil. Et soudain, elle entend un cri strident dans la nuit, suivi d’un bruit de chute bien inquiétant. Elle entend aussi des pas dans le couloir et en conclut qu’un inconnu s’est introduit dans la maison. Elle a l’excellent réflexe de se cacher sous son lit. Un inconnu aux bottes tachées de sang entre dans sa chambre mais ne la trouve pas. Quand le calme revient, elle sort de sa cachette. Mais c’est pour découvrir que toute la famille a été sauvagement assassinée et que son amie vient d’être violée. Le tueur l’embarque dans son camping-car. Chyna s’y glisse également dans l’espoir de sauver la vie de Laura. Mais quand elle s’aperçoit que celle-ci est déjà morte, il est déjà trop tard pour s’enfuir…

Ma critique

« Intensité » est un thriller d’assez bonne facture avec tous les ingrédients du genre : meurtres, tortures physiques et psychologiques, psychopathe aussi inquiétant que répugnant et suspens soigneusement entretenu. Peur et écœurement garantis presque à tous les chapitres. Dommage que tous ces ingrédients ne soient en fait que de grosses ficelles. L’intrigue manque de finesse et parfois même de rythme. Le lecteur tremble avec l’héroïne et est révulsé par le sadisme et la cruauté malsaine du tueur fou. Mais parfois la lassitude vient avec le dégoût. Trop, c’est trop… On patauge un peu trop dans l’hémoglobine et les sanies et tous les ressorts psychologiques sont autant usés qu’outrés. À déconseiller aux âmes sensibles bien évidemment. Mais également aux amis du rationalisme et de la vraisemblance. Sans parler des connaisseurs en psychologie humaine. À vouloir trop forcer le trait, on tombe dans l’outrance et la caricature. L’intrigue démarre assez lentement après une intro bien gore, puis monte crescendo pour une fin dantesque de bataille avec une meute de dobermans dressés à tuer. Dean Koontz est un maître du genre. Il maitrise son sujet. Mais là, il a sans doute trop chargé la mule. Conclusion : pas le meilleur de ses opus !

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

LA VERITABLE HISTOIRE DES CRISTEROS (HUGUES KERALY)

Le résumé du livre

Qui donc étaient dans les années 20 et 30 ces « Cristeros » mexicains ? De simples paysans fauchés à la mitrailleuse lourde par l’armée gouvernementale alors qu’ils récitaient des « Ave Maria »… De jeunes étudiants battus à mort parce qu’ils portaient une médaille de la Sainte Vierge autour du cou… Des enfants de 14 ans fusillés ou pendus pour avoir reçu la communion solennelle… Des prêtres « réfractaires » dénudés, émasculés, dépecés vivants et crucifiés devant leurs paroissiens horrifiés… Dès 1924, le président Callès, marxiste franc-maçon, entreprend de faire disparaître du pays tout culte chrétien. Il lance une grande campagne de « défanatisation ». Il donne carte blanche à son armée très anti-théiste et bénéficie de l’aide massive des Etats-Unis qui lui fournissent argent, armes et munitions pour mener à bien cette sinistre besogne. Ceux-ci y voient un bon moyen d’affaiblir le Mexique et de le maintenir pour longtemps dans une extrême pauvreté. Le pouvoir commence par interdire aux prêtres d’exercer leur sacerdoce, ferme les écoles chrétiennes, détruit les églises à coups de canons, s’empare des biens du clergé, expulse les congrégations religieuses, et jette en prison moines et moniales. Le peuple proteste d’abord en priant devant les églises fermées puis en manifestant pacifiquement devant les palais des gouverneurs. Le pouvoir n’hésite pas à faire tirer sur la foule à la mitrailleuse lourde. La résistance s’oriente ensuite vers le boycott économique des magasins d’état puis le clergé organise une suspension générale du culte. En bon Staline mexicain, Callès ne cède pas. Alors, c’est tout un peuple qui se dresse aux cris de « Viva el Cristo Rey ! », armé de machettes, de manches de pioches et de vieux tromblons et qui doit affronter des régiments lourdement armés qui arborent des drapeaux noirs ornés de tibias entrecroisés et qui hurlent en retour « Viva el Demonio ! »

Ma critique

« La véritable histoire des Cristeros » est un ouvrage historique de grande qualité, illustré de nombreux documents d’époque et basé sur des témoignages recueillis sur place, qui a le mérite de sortir un peu de l’oubli un épisode peu glorieux de l’histoire du Mexique et d’une certaine façon de l’histoire du marxisme en général. Le lecteur fera bien des découvertes surprenantes en le lisant. Même si le peuple s’était levé en masse, même si les Cristeros, avec pour seules armes celles saisies sur l’ennemi, avaient réussi à libérer plus des trois quarts du pays (Callès ne tenant plus à la fin que la capitale, quelques villes de garnison et les principaux axes), il fut volé de sa victoire par les « Arreglos », accords de paix obtenus par l’ambassadeur américain en forçant la main de deux prélats bien naïfs. Ce fut un véritable marché de dupes, une reddition en rase campagne. Le pouvoir ne céda pas un pouce de terrain dans sa persécution religieuse. Par obéissance à un ordre qu’ils crurent venu du pape, les Cristeros déposèrent les armes par obéissance. Les bolchéviques purent tout à loisir continuer leur liquidation physique des chrétiens mexicains. Le bain de sang fut encore pire après qu’avant. Il se poursuivit même durant des années dans le silence et l’indifférence des opinions publiques internationales. Cette « Vendée » mexicaine serait restée ignorée à jamais si le pape Jean-Paul II n’avait pas commencé à béatifier en 1979 les 38 premiers martyrs mexicains. Un ouvrage essentiel, très émouvant. Surtout le chapitre « Place aux martyrs » qui résume chronologiquement la vie et la fin tragique de ceux-ci.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

ENFANTS SANS FOI NI LOI (CHRISTIAN COMBAZ)

Le résumé du livre

Christian Combaz vient d’un monde où l’on obéissait à ses parents, où l’on recherchait l’approbation des professeurs et où les bons élèves étaient enviés voire admirés. Puis est arrivé Mai 68 qui fut une véritable révolution culturelle avec ses « interdit d’interdire » et ses « plages sous les pavés ». On commença, sous couvert d’hédonisme et de libération des mœurs à déboulonner le patriarcat, à s’affranchir de toutes règles et contraintes. La famille en subi les conséquences : explosions du nombre de divorces, famille recomposées ou monoparentales. L’enfant devint une sorte de petit tyran domestique qui pouvait tout faire, n’ayant plus de garde-fou paternel le plus souvent. Il commença à exercer une violence de plus en plus inquiétante : agressions qui tournent au lynchage, « tournantes », pour ne pas dire viol en réunion, délinquance (deal de drogues, trafics divers et variés). Cette violence est attisée par les jeux vidéos de type « Kill them all ! », le cinéma (« Orange mécanique », « Mad Max », « Les valseuses »), la littérature (Stephen King) et tous les médias. Sans oublier que cette violence se retourne parfois contre ses auteurs sous forme d’auto-destruction, de suicides plus ou moins conscients : alcoolisme (pratique des « shots »), drogues (cannabis mais aussi héroïne, cocaïne, crack et extasy) voire rodéos urbains se terminant tragiquement.

Ma critique

« Enfants sans foi ni loi » est un essai sociologique et littéraire sur un phénomène social d’abord encouragé puis devenu au fil des années de plus en plus inquiétant. C’est quand on permet aux enfants de ne plus respecter les parents, les enseignants, et n’importe quelle autorité qu’en toute naïveté ils se transforment en loups plus ou moins dangereux et que le pire totalitarisme s’en vient. Le nazisme n’a pu croitre et embellir que grâce à la jeunesse, rappelle Combaz. Publié il y a plus de vingt ans, cet ouvrage fort bien écrit n’a pas pris une ride. Il semble même prémonitoire vu que la situation n’a fait qu’empirer avec le temps. L’analyse de l’auteur est fine, nuancée et difficilement contestable. Il ne s’agit pas vraiment d’un essai, car les anecdotes ne manquent pas et surtout on suit un certain Steve, prototype de délinquant élevé par une mère célibataire et persécuteur d’un vieux toubib à la retraite qui d’ailleurs l’avait mis au monde. C’est court, lucide, bien observé et non dépourvu d’un certain humour. Seule faiblesse : pas le moindre début de commencement d’une thérapie possible. Comment mettre un coup d’arrêt à cette machine infernale ? Comment éviter le bain de sang ? Comment retrouver une société apaisée, vivable où femmes, enfants et vieillards pourront sortir dans la rue sans avoir la peur au ventre ? Comment redonner des repères, une morale, des valeurs à tous ces « petits anges » ?

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

L’INCROYABLE HISTOIRE DE GEORGES SOROS (ANNE-MARIE ROCCO)

Le résumé du livre

Dzjchdzhe Shorash, dont le nom a été anglicisé en George Soros, naquit le 12 août 1930 à Budapest (Hongrie) dans une famille juive aisée. En 1947, il part s’installer en Grande-Bretagne où il étudie à la prestigieuse London School of Economics. En 1953, il décroche un premier emploi de trader dans la City chez Singer & Friedlander. En 1956, il décide de s’exiler aux Etats-Unis. Il aura plusieurs employeurs à Wall Street avant de s’installer à son compte en 1973. Il lance son premier fonds spéculatif suivi de plusieurs autres qui se révèleront être les plus performants du marché. En 1979, après avoir fait fortune en spéculant surtout sur les monnaies, devenu multi-milliardaire, il se lance dans la création de sa fondation philanthropique « l’Open Society Institute ». Il veut « abolir les frontières et changer le monde ». Pour y parvenir, il a dépensé plus de 2 milliards de dollars d’abord pour soutenir les dissidents des pays de l’Est, puis pour agir un peu partout. Il est devenu l’égal de David Rockefeller, d’Andrew Mellon ou d’Andrew Carnegie, les plus grands philanthropes américains. Personnalité controversée, il se décrit lui-même comme un « homme d’État sans état », il distille ses précieux conseils aux chefs de gouvernements et est une vedette du Forum Economique Mondial. Cela n’empêche pas certains de dire « qu’il n’est pas Robin des Bois. Il prend aux pauvres pour remplir ses propres poches. »

Ma critique

« L’incroyable histoire de George Soros » est une biographie d’une indulgence rare sur la vie d’un personnage sulfureux que l’auteur cherche manifestement à rendre sympathique. Le lecteur est trompé sur la marchandise dès le titre « l’incroyable histoire de… ». Il n’y a pas grand-chose d’incroyable dans cette vie de milliardaire, spéculateur et mécène. Aucune véritable enquête d’investigation. Le lecteur qui voudrait en savoir un peu plus sur le personnage en reste pour ses frais. Tout juste apprend-il que le sieur Soros s’est marié deux fois, qu’il a eu trois enfants d’un premier lit et deux de sa seconde épouse de 25 années sa cadette. Qu’il fait gérer par ses services la bagatelle de 15 milliards de dollars d’actifs, ce qui est énorme mais finalement très inférieur aux encours de « Black Rock » et autres fonds de pensions américains. Qu’il influe sur la politique de nombreux pays grâce à ses fondations qui emploient 1400 permanents alors qu’il ne lui en faut que 200 traders pour gérer ses fonds Quantum. Qu’il est très bien implanté en Hongrie son pays d’origine. Qu’il a remporté un vif succès en Pologne, subi un échec retentissant en Chine et une déroute financière importante en Russie. Tout le narratif se résume en fait à une sorte de résumé complaisant de ce que raconte l’individu dans son propre livre « Soros on Soros ». Pas de recherche personnelle, pas de sources, pas de notes. Rien sur les côtés obscurs du personnage (collaboration pendant la guerre, implication dans les diverses révolutions de couleur, financement des « Femen » et autres associations LGBT, immigrationnistes, etc.) Mais comme ce « requin de Wall Street », ce prédateur financier, ce disciple de Popper, se déclare de gauche, démocrate, ultra libéral, soutien du clan Obama-Clinton, il peut pratiquer la « philanthropie » à l’américaine qui permet surtout d’optimiser la fiscalité en se parant des plumes du bon samaritain. On perd vraiment son temps à lire ce bouquin inutile et sans grand intérêt.

Ma note

2/5

DIVERSEXPLORATIONSRELIGIEUX

ERMITES DANS LA TAÏGA (VASSILI PESKOV)

Le résumé du livre

En 1978, dans les montagnes perdues du Khakaze, au fin fond de la taïga sibérienne et à 250 km du premier village, des géologues en mission découvrent les Lykov, une petite famille qui vit depuis plus de quarante ans totalement coupée du monde. Deux des quatre enfants n’ont jamais vu d’autres êtres humains que leurs parents et leurs aînés et ne connaissent le monde extérieur que par oui-dire. Karp Ossipovitch, l’ancien, le père de famille vit en compagnie de ses deux filles âgées d’une quarantaine d’années dans une cabane plus que rudimentaire avec de minuscules ouvertures et des murs noirs de suie et de crasse. Ses deux fils habitent à quelques kilomètres plus loin dans un abri encore plus misérable. Ils se consacrent à la chasse. La mère est décédée depuis plusieurs années. Tous sont vêtus de guenilles ou de chasubles faites de toile à sac rapiécée de partout. L’été, ils marchent pieds nus. L’hiver ils sont chaussés de bottines en écorce de bouleau. Ce sont de lointains descendants de Vieux-Croyants, persécutés depuis la réforme orthodoxe de 1666, menée par le patriarche Nikon, qui se sont enfoncés de plus en plus loin en Sibérie pour pouvoir vivre leur foi selon leurs anciennes traditions. Dans ces confins, ils ont pu trouver un peu de liberté jusqu’à ce que Staline, en 1945, envoie dans la région des militaires pourchasser les déserteurs. Pour leur échapper, les Lykov ont dû abandonner tout voisinage pour aller se terrer en un lieu où l’on ne peut accéder qu’en hélicoptère.

Ma critique

« Ermites de la taïga » est un récit, une sorte de reportage, relatant toutes les visites qu’un journaliste leur fit quand il découvrit le destin de ces malheureux qui bientôt se retrouvèrent à seulement deux, Karp et Agafia, la fille cadette, quand coup sur coup décédèrent l’autre fille et les deux fils suite à diverses maladies. Le lecteur ne peut que ressentir émotion et empathie quand il découvre les conditions de vie dantesques que ces « ermites » ont subi pendant si longtemps pour ne pas se retrouver dans un monde dont ils rejettent à peu près tout. Toute cette histoire qui ne manque pas de nouvelles épreuves, même après la découverte et en dépit de toute l’aide qu’ils reçoivent, se lit avec grand intérêt, un peu comme une parabole ou une allégorie qui pose toutes sortes d’interrogations existentielles. Jusqu’où peut mener l’extrémisme religieux ? Ne sommes-nous pas chacun l’extrémiste de quelqu’un ? Peut-on vraiment survivre en dehors de tout lien avec la société ? Quel est le véritable prix de la liberté ? Quelles sont les limites de l’autonomie ? Peut-on vraiment survivre complètement seul dans une nature sauvage ? Car tel est, au bout du compte, le destin de la pauvre Agafia. Une très belle histoire vraie, bien écrite, agréable à lire, qui est en même temps une magnifique leçon de vie, de courage et de résilience.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS DE RICHELIEU A NAPOLÉON (BERNARD GAINOT)

Le résumé du livre

La saga de ce premier empire colonial débuta grâce aux efforts de marins et pêcheurs des provinces de l’Ouest qui avaient l’habitude d’aller pêcher le long des côtes de Terre-Neuve ou de bourlinguer dans les Antilles pour y arraisonner les galions espagnols chargés d’or, d’argent et autres minerais plus ou moins précieux comme corsaires, flibustiers, voire pirates. La première étape de la colonisation consista en l’établissement de comptoirs provisoires ou permanents permettant de commercer avec les autochtones des deux côtés de l’Atlantique et dans l’Océan Indien. Ainsi échangeait-on des fourrures en Nouvelle-France, du tabac puis du sucre aux Antilles, du « bois d’ébène » au Sénégal et des épices à l’Île-Bourbon. Le flamboyant et richissime Nicolas Fouquet commence même à se monter sa propre compagnie de commerce entre sa base de Belle-Île et Sainte-Lucie. Il est rapidement évincé par Colbert qui créé les toutes premières compagnies de commerce en s’inspirant des compagnies des Indes néerlandaises. Tout autant que l’intérêt commercial, le désir d’évangélisation reste un moteur essentiel avec la Compagnie de Jésus à la manœuvre tout au moins dans un premier temps, car avec l’arrivée de la Révolution, l’accent sera plutôt mis sur l’émancipation des peuples et sur l’abolition de l’esclavage.

Ma critique

« L’empire colonial français de Richelieu à Napoléon » est un essai historique de très bonne qualité, sourcé et mesuré dans ses analyses. Chacun des chapitres présente les évènements d’une manière aussi brute que factuelle et se termine par de courtes biographies de personnages plus ou moins célèbres (Makandal) dont il a été question précédemment. Plus quelques documents d’époque, lettres, articles, textes de loi qui illustrent parfaitement le propos. Le lecteur remarquera entre autres découvertes que la France fut le premier pays au monde à abolir l’esclavage dans ses colonies, que le pays n’avait pas vraiment les moyens de sa politique (marine de guerre insuffisante, logistique souvent défaillante, faiblesse des peuplements quelques dizaines de milliers de francophones face à plus de 200 000 anglophones au Canada et en Louisiane), que nous ne nous maintenions que grâce à des alliances et un fort métissage avec les locaux et surtout que l’Angleterre n’eut de cesse de nous déloger de partout avec une certaine perfidie et par tous les moyens, même les moins loyaux. Si l’insurrection dominicaine qui tourna en révolution et en massacre (Toussaint L’Ouverture) et la longue lutte pour l’abolition de l’esclavage (abbé Grégoire) sont très minutieusement traité, le lecteur regrettera un peu que certains évènements marquants sont éludés en quelques lignes comme le traité de Paris qui fut désastreux, la vente de la Louisiane (en fait de tous les territoires allant de la Nouvelle-Orléans au Saint-Laurent en passant par tout le bassin du Mississippi, autant dire une immensité territoriale) pour quelques malheureux millions et surtout l’effondrement final avec la perte manu militari de la totalité des territoires y compris toutes les îles des Antilles, la Réunion, les Seychelles, les comptoirs du Sénégal et l’île Maurice en deux années (1809-1810). Un ouvrage de référence très intéressant néanmoins.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LES DOUZE MENSONGES DU GIEC (CHRISTIAN GERONDEAU)

Le résumé du livre

Comme autant d’apôtres de la nouvelle religion climatique, les mensonges du GIEC sont au nombre de douze : 1- Le GIEC agit pour le bien de l’humanité. (Pourtant moins un pays émet de CO2, plus il est pauvre et plus il compte de morts…)

2- Les énergies renouvelables peuvent et doivent remplacer le pétrole et toutes les autres énergies fossiles. (Pourtant elles ne représentent au mieux que 2% de la production mondiale d’énergie…)

3- Le pétrole va bientôt manquer. (Pourtant le monde dispose toujours de 100 ans de consommation à minima et peut-être nettement plus… En 1973, la fin du pétrole était déjà prévue pour l’an 2000.)

4- Les océans et les mers vont monter au point de submerger les Maldives voire Manhattan. (En fait, elle n’a été observée que pour moins de 2 mm par an aux endroits les plus sensibles.

5- Les températures vont s’élever dramatiquement. (En fait d’environ 0,6° sur un siècle !)

6- Les réfugiés climatiques vont déferler par millions. (La misère et les guerres y pourvoient déjà.)

7- Le changement climatique est responsable de toutes les catastrophes. (À toutes les époques même les pré-industrielles, on a aussi constaté quantité de cataclysmes.)

8- Les ours blancs sont en danger. (Faux, ils sont plus nombreux qu’au milieu du siècle dernier avant les mesures de protection de l’espèce.)

9- Le CO2 pollue. (Faux, il est bénéfique pour la végétation, les cultures et les récoltes.)

10- L’écologie favorise l’emploi et la croissance. (Elle commence par en détruire beaucoup, génère des taxes et impôts nouveaux et crée donc de la pauvreté.)

11- Le GIEC est un groupe d’experts scientifiques. (Faux. Il a été créé par trois militants verts allemands sans qualification particulière. C’est une instance politique tenue par les gouvernements.)

12- Les scientifiques sont unanimes. (Un grand nombre de savants de premier plan qui ont contesté les affirmations du GIEC se sont vus interdits de parole. Une pétition de 30 000 scientifiques aux USA et d’autres en représentant 500 venus de divers pays ont été signées pour proclamer que le climat avait toujours varié, que le réchauffement était beaucoup plus lent qu’annoncé, qu’il n’avait pas accru les désastres naturels et que la politique devait respecter les réalités scientifiques et économiques.

Ma critique

« Les douze mensonges du GIEC » est un essai scientifique court, bien écrit et solidement étayé qui représente le deuxième volet de « La religion écologique » et qui peut être lu indépendamment. L’auteur part d’un événement majeur datant du 21 novembre 2021, à la séance de clôture de la COP 26 à Glasgow, où l’Inde et la Chine ont clairement déclaré qu’elles n’appliqueraient pas la résolution de décarbonation totale de la planète pour 2050 et que leurs deux pays, poids lourds démographiques avec leurs 3 milliards de ressortissants, iraient à leur vitesse et refuseraient de sacrifier leurs populations sur l’autel de l’écologie. Et c’est là, l’argument massue de l’auteur. Il est techniquement impossible d’arriver au moindre développement économique sans un recours important aux énergies fossiles. Celles-ci répondent encore aujourd’hui à plus de 80% des besoins de l’humanité. Elles permettent à des pans entiers de la population de sortir de la pauvreté, ce qui a des répercussions directes sur la vie et la mort des humains. Entre autres exemples, il cite d’ailleurs la fin du « dirty cooking » (cuisson très polluante des aliments sur des feux de branchages, déchets et autres bouses de vaches) responsable de millions de morts dans les pays du Tiers-Monde. Un ouvrage de raison et de bon sens à lire et à faire lire à nos dirigeants pour sortir un peu du narratif anxiogène des médias stipendiés, du catastrophisme échevelé des écolo-bobos style Greta Thunberg et de l’obscurantisme quasi religieux d’une écologie dévoyée qui ne se rend même pas compte qu’elle roule pour une oligarchie délétère et égoïste qui rêve d’une planète débarrassée d’êtres « inutiles ». Une démonstration magistrale.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESAVENTURESHISTORIQUE

LE NEGRIER DE ZANZIBAR (LOUIS GARNERAY)

Le résumé du livre

En 1802, Napoléon ayant signé un traité de paix à Amiens avec l’Angleterre, c’en est fini de la vie de corsaire pour le jeune Louis Garneray, 20 ans. Comme il ne souhaite pas rentrer en France, il s’engage en qualité de lieutenant sous les ordres du capitaine Lafitte sur le brick « La petite Caroline », navire de commerce qui opère sur les côtes de l’Inde. Ils embarquent à leur bord une famille de Portugais qui voyagent avec une très grosse somme d’argent. Mais bientôt les voilà attaqués par un praw de pirates indiens. La bataille navale qui s’engage est des plus rudes et des plus sauvages. Les Français se battent avec l’énergie du désespoir, car ils savent que s’ils sont pris, aucune torture ne leur sera épargnée avant leur exécution. Les pirates tentent de monter à l’abordage. L’équipage parvient à les repousser au prix de très lourdes pertes. Le praw finit par couler. Mais « La petite Caroline » a tellement été endommagée qu’elle tarde pas à l’imiter. Les survivants doivent se réfugier sur une île et même s’y retrancher, car ils se retrouvent très vite aux prises avec d’autres pirates. Ils ne devront leur salut qu’à l’intervention d’un brick britannique qui leur prêtera main forte en y perdant d’ailleurs une partie de son équipage avant de les amener en Inde. Ruiné dans cette affaire, Louis devra s’enrôler comme simple matelot sur un cargo qui lui permettra de rentrer à l’île Bourbon où bien d’autres aventures l’attendront…

Ma critique

« Le négrier de Zanzibar » est le second tome d’une trilogie de récits d’aventures vécues dans les mers du sud. Tout aussi passionnant et agréable à lire que « Corsaire de la République », ce second opus ne se lit pas. Il se dévore, tant les combats, péripéties et rebondissements sont nombreux. Cette fois encore, la réalité dépasse la fiction. Aucun auteur de romans n’aurait pu imaginer pareille succession de naufrages, batailles, et catastrophes en tous genres. En plus de l’agrément apporté par ce récit d’aventures incroyables, le lecteur trouvera un intérêt plus historique sur la vie des équipages au tout début du XIXè siècle et surtout sur la réalité de la traite négrière du côté de Zanzibar. Celle-ci n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut s’imaginer aujourd’hui et même à l’époque (Garneray le souligne lui-même). Et comme son témoignage est de première main, il est difficile de ne pas lui faire confiance quand il explique que cette pratique faisait partie intégrante des us et coutumes africains et ne concernait pas que les prisonniers de guerres tribales. N’importe qui, s’il perdait un procès, pouvait se retrouver du jour au lendemain esclave d’un roitelet africain. Les marchands juifs et arabes n’étaient que des intermédiaires profitant de l’aubaine. Et les Européens ne s’y greffèrent qu’en dernier, en trafiquant avec les « revendeurs » principalement pour peupler leurs nouvelles colonies et les fournir en main d’œuvre. Les chapitres sur la traite du « bois d’ébène » sont les plus émouvants, les plus dramatiques et les plus tragiques quand le navire négrier marqué par une poisse incroyable doit essuyer une révolte des esclaves qui s’imaginent que les Blancs vont les tuer pour boire leur sang ! Ouvrage tellement passionnant que le lecteur se demande pourquoi ces aventures n’ont toujours pas été adaptées au cinéma.

Ma note

4,5/5

ROMAN

LE VOLEUR (GEORGES DARIEN)

Le résumé du livre

Au tout début de l’autre siècle, George Randal, jeune homme de bonne famille et orphelin ruiné par un oncle indélicat, décide de devenir voleur professionnel. Dès sa première tentative, il réussit un coup énorme en dérobant 400 000 francs de bijoux et de valeurs diverses en forçant le secrétaire de Madame de Montareuil, sans la moindre effraction grâce à la complicité d’une servante. Son oncle, qui avait organisé le mariage de sa fille Charlotte avec le fils Montareuil, débauché notoire, annule sa promesse à cause de la ruine de la famille. Bientôt, Georges séduit Charlotte qui se retrouve vite enceinte. Conséquence immédiate : l’oncle la chasse de chez lui. Un ami de notre voleur, Issacar, homme d’affaires israélite un peu louche, emprunte 20 000 francs à Georges pour les placer dans une affaire au Congo avant de lui faire rencontrer un industriel belge qui se vante sottement de garder toute sa fortune chez lui dans un coffre-fort scellé dans un mur de son bureau. Avec l’aide de son premier complice, un jeune voyou blond appelé « Roger-la-honte », le cambriolage de l’homme d’affaire imprudent ne sera qu’un jeu d’enfant pour Georges…

Ma critique

« Le voleur » est un roman à thème ou à « message » datant de 1898. Le lecteur peut à juste titre se poser la question de l’intérêt de le lire encore à notre époque, plus d’un siècle plus tard. Certains considèrent cet opus comme un « classique », autant dire un livre qui peut se lire avec plaisir ou intérêt à n’importe quelle époque. Il semblerait que ce ne soit que très partiellement le cas. L’intrigue basée sur une suite de vols et de cambriolages divers n’est pas d’une grande originalité. Elle ne sert d’ailleurs que de prétexte à l’auteur pour exposer ses théories. Le style de l’écrivain n’est ni particulièrement fluide ni extrêmement vivant en dépit de fort nombreux dialogues. En effet, tout est ralenti dans ce pavé de plus de 500 pages par de longs développements politico-sociaux plus ou moins indigestes, même s’ils reposent sur des observations souvent fort pertinentes des réalités sociales. De ce point de vue, l’ouvrage est profondément ancré dans une époque marquée par l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme. Toute la société repose sur le vol. Et les voleurs en col blanc, les escrocs boursicotiers et autres politiciens corrompus ne restent pas moins redoutables que les apaches à casquettes et rouflaquettes. L’ennui, c’est que tout cela implique le recours aux « actions » violentes de type « Ravachol » ou « Bande à Bonnot » qui a discrédité toutes ces théories pour longtemps. Darien se pose en moraliste et en censeur d’une société à la dérive, pétrie d’hypocrisie, de faux semblants, de fausses valeurs et de fausse démocratie. Sur ces points, l’avenir lui a malheureusement donné raison. On ne partagera pas forcément toutes ses positions violemment anti-cléricales, anti-capitalistes et anti-sociales de l’auteur (médecins, juges, flics, politiciens ou bourgeois en prennent tous pour leur grade). Le côté « Don Juan » irrésistible du jeune héros, avatar de l’auteur, est aussi agaçant que peu vraisemblable. Sans parler des idées un brin machistes sur la sottise et la vénalité de la gent féminine, elles datent tellement qu’elles en sont devenues inaudibles. D’où cette impression mitigée…

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

DOCTEUR BLOODMONEY (PHILIP K. DICK)

Le résumé du livre

Sur la rue principale d’une petite ville de l’Amérique profonde, Fergesson, revendeur de postes de télé, remonte les bretelles à Stuart McConchie, son employé black, à qui il reproche de trop rêvasser, appuyé sur son balai. Il vient aussi d’embaucher un nouveau réparateur, un certain Hoppy Harrington dépourvu de bras et de jambes et se déplaçant dans une caisse à roulettes, mais pourvu de prothèses électroniques lui permettant de très bien se débrouiller. De l’autre côté de la rue, le docteur Stockstill, psychiatre, est en pleine consultation avec un patient qui se présente sous le nom de monsieur Tree et ne supporte plus les regards et les commentaires des gens sur les imperfections de son visage irradié ni sur l’impression qu’ils lisent dans ses pensées. En réalité, il s’appelle Bloodmoney ou Bluthgeld et traine derrière lui l’insupportable culpabilité d’avoir à lui seul déclenché quelques années plus tôt une catastrophe nucléaire qui a renvoyé l’humanité des années en arrière, donné des pouvoirs bizarres à certains individus et fait muter des animaux au point d’en faire parler certains. Si les rescapés mangent parfois du rat et n’ont plus d’électricité, ils arrivent quand même à capter les émissions radios diffusées depuis un satellite bloqué en orbite au-dessus de la terre alors qu’il devait emporter un couple d’astronautes sur Mars pour y établir une colonie.

Ma critique

« Docteur Bloodmoney » est un roman de science-fiction post-apocalytique qui a malheureusement assez mal vieilli. Le lecteur se retrouve à suivre quelques personnages improbables comme cette petite fille qui croit avoir son frère à l’intérieur de son ventre, ce handicapé, victime du drame de la Thalidomide sans aucun doute, qui, d’homme à tout faire bienveillant, se transforme peu à peu en démiurge de plus en plus inquiétant, sans parler de Tree qui croit avoir déclenché la catastrophe finale. Tous ont plus ou moins un grain, mais cela n’est pas le plus gênant. Dès le début, l’histoire est assez longue à se mettre en place. Et après un démarrage plutôt poussif et quelques incidents et tribulations diverses comme la liquidation à distance de Bloodmoney par Hoppy, on se retrouve avec une fin ouverte, sans développement d’une véritable intrigue bien construite, sans retournement, sans chute surprenante, juste avec la vie qui continue presque comme avant dans cette petite rue d’une petite ville pleine de petites gens qui mènent leur petite vie presque comme si rien ne s’était passé. En dehors de quelques trouvailles amusantes ou fulgurances abracadabrantesques de-ci de-là, vraiment pas le meilleur opus du génial Philip K. Dick.

Ma note

3/10

HISTORIQUEvoyages

DE LA BÊTE HUMAINE AU TGV (GUY ROQUES)

Le résumé du livre

Un voyage en TGV qui démarre de la gare Saint-Lazare avec l’évocation d’un Emile Zola amoureux fou de sa jeune et accorte lingère, Jeanne, jolie bourguignonne qui lui donnera deux enfants alors qu’il termine son roman « La bête humaine » avec ses deux héros Lantier, le forçat du rail et sa locomotive à vapeur, la Lison. Puis, nous voilà arrivés gare de Lyon avec sa tour asymétrique, et l’évocation des travaux titanesques descendant jusqu’à vingt mètres en dessous du bassin alluvial de la Seine pour pouvoir mettre en place la nouvelle gare TGV et la plate-forme du réseau urbain. Le train prendra ensuite un peu de vitesse pour gagner Sens, l’Auxerrois, la Bourgogne viticole, Dijon, Mâcon, puis, passé Lyon, ce sera la descente tout le long de la vallée du Rhône afin de pouvoir arriver à destination à Marseille…

Ma critique

« De la bête humaine au TGV » ne se présente ni comme un essai, ni comme un roman, mais comme une sorte d’OLNI (Objet littéraire non identifié), une invitation au voyage, une rêverie, pleine de digressions le long de la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille) sur le thème de l’épopée ferroviaire de notre fameux train à grande vitesse, voulu par De Gaulle, mis en place sous Pompidou et Giscard et inauguré en grandes pompes à l’époque par Mitterrand. Le lecteur trouvera de tout un peu dans cet ouvrage. Bien entendu pas mal de considérations techniques (très abordables) sur l’implantation des voies et des infrastructures, les avantages et les inconvénients des différents substrats, calcaire, argile et autres, les techniques particulières avec ces rails de 288 m de long soudés sur place et ces traverses en béton très particulières. L’auteur nous gratifie également de descriptions type guide touristique sur différents sites comme la petite ville de Noyers sur Serin, la cathédrale de Sens ou l’abbaye de Cluny qui faisait en son temps de l’ombre à Rome. Les anecdotes historiques ne manquent pas (Chevalier d’Eon, Vauban, l’épopée d’Alexandre le Grand ou la saga de la famille Schneider au Creusot). Les références littéraires sont fort nombreuses allant de Zola à Kessel en passant par Larbaud, Madame de Sévigné, Lamartine et Vincenot. Sans oublier les détours par le cinéma et en particulier par un film à la gloire de TGV réalisé par Daniel Vigne et ceux par la poésie ou la chanson (« Les roses blanches »). L’ouvrage s’achève par quelques chapitres évoquant une mission préparatoire d’implantation du TGV en Afghanistan qui en resta là. Projet qui, sans nul doute sera repris un jour par les Chinois, promus aujourd’hui grands maîtres mondiaux d’une technique pourtant inventée par nous. Un glossaire des sigles administratifs et ferroviaires en toute fin peut être d’une certaine utilité pour le lecteur. Au total, un ensemble un peu brouillon mais intéressant néanmoins pour certains aspects peu connus comme la découverte du site archéologique de la ville de Bactries perdue dans l’immensité afghane, immense et splendide bastion avancé de la conquête d’Alexandre le Grand.

Ma note

4/5

NOUVELLES

DANS L’ŒIL DU CYCLONE (OUVRAGE COLLECTIF)

Le résumé du livre

Un chêne tricentenaire se retrouve jeté à terre au fond d’un jardin suite à une tempête particulièrement violente… Un volcan qui se réveille soudainement raye de la carte la petite ville de Varnesbürgh… D’où viendra la fin du monde ? Sera-t-elle causée par l’inversion des pôles ou par la collusion avec un astéroïde géant venu du fond de l’espace ou par autre chose ?… En 7953, les robots ont remplacé les humains. Ils se sont réfugiés sur la lune et autres planètes, mais ne sont pas à l’abri de tempêtes solaires… La tempête de 1999 a ravagé de nombreux arbres du parc du château de Versailles, lesquels avaient sans doute vu passer la reine Marie-Antoinette quelque temps avant qu’elle-même ne soit décapitée… Sur une terre ravagée, le tout dernier homme rencontre la dernière femme… Deux randonneurs sont surpris par une violente tempête de neige en haut des pistes d’une station de ski. Arriveront-ils à regagner leur hôtel ?

Ma critique

« Dans l’œil du cyclone » est un recueil de 27 textes variés produits par une vingtaine d’auteurs sur le thème des catastrophes naturelles, tempêtes, typhons, tornades, séismes, éruptions volcaniques, etc. Le lecteur y trouvera un peu de tout, descriptions, poèmes, nouvelles et même quelques photos de cyclones prises depuis l’espace et illustrant la puissance phénoménale des forces de la nature. Comme toujours dans ce genre d’ouvrage, l’ensemble reste très inégal. Il y a de l’excellent, du bon et du nettement moins bon pour ne pas dire plus. Un certain nombre d’auteurs restent cantonnés dans le descriptif sans grand intérêt et même dans la logorrhée ou le verbiage type « small talk ». On pourra oublier pour mieux s’intéresser à ce qui ressort du lot comme les jolis poèmes de Bruno Kroll et trois nouvelles qui méritent le détour : « 21/12/2012 » de Jean-Baptiste Foucau pour son humour un brin sarcastique, « Tremblement de terre » de Nicolas Gramain pour son style familier et goguenard et « Alerte au géocroiseur » de Maxime Ukronus, nouvelle de science-fiction d’excellente qualité. J’entends par là, bien construite, avec une vraie intrigue, un développement logique et une chute si possible surprenante, ce qui malheureusement devient de plus en plus rare dans les productions actuelles. Le bon Maupassant doit s’en retourner dans sa tombe…

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESHISTORIQUE

CORSAIRE DE LA REPUBLIQUE (LOUIS GARNERAY)

Le résumé du livre

En 1796, le jeune Louis Garneray, âgé de 13 ans et demi, fils d’un peintre et graveur parisien, quitte sa famille pour aller embarquer à Rochefort sur la frégate « La Flotte ». Sa vocation maritime lui est venue de son admiration envers son cousin Beaulieu-Leloup qui le présente au capitaine du navire. Pour faire son apprentissage, il sera confié à Kernau, solide matelot breton qui le quittera pour des raisons sentimentales quand ils feront escale à l’île de France alors que l’escadre fait route vers les Indes. Mais à l’époque, la maîtrise des mers est de plus en plus difficile du fait de l’omniprésence de la marine britannique. Très rapidement, Louis se retrouve au cœur de combats navals aussi violents que terrifiants. Les équipages, composés en majorité de « frères la Côte », se battent comme des lions, parfois à un contre trois, et font preuve d’un courage extraordinaire. Il faut dire qu’ils sont menés par des chefs prestigieux comme L’Hermite, de Sercey et Surcouf. Parallèlement, comme il est doté d’un très bon coup de crayon, Louis commence une carrière de peintre de marine en dessinant sur tout ce qu’il trouve, bouts de bois ou morceaux de voiles. Ce n’est que longtemps après toutes ses aventures en mer et à terre, lors de son retour définitif en France, qu’il prendra la plume pour en faire ce récit.

Ma critique

« Corsaire de la République » est un témoignage vivant et très agréable à lire sur les conditions de vie dans la marine à voile de la fin du XVIIIè siècle. La réalité y dépasse très largement la fiction. Que d’aventures arrivent à ce jeune garçon ! Que d’épreuves doivent subir les matelots ! Les combats navals avec canonnades, explosions, incendies et abordages tournant en terribles boucheries, sans oublier le scorbut, les fièvres et le manque d’eau douce lors des épisodes de calme plat. On ne s’ennuie pas un instant en lisant ce récit plein d’anecdotes authentiques toutes croquées sur le vif d’une plume alerte. Les épisodes en compagnie Surcouf, ses coups de génie et l’équipée au nord de Madagascar à titre d’ambassade auprès de la reine de Bombetoc méritent à eux seuls le détour. Sans parler de la description de personnages hauts en couleur, de capitaines courageux, fiers et loyaux, mais aussi de marins comme on n’en fait plus, gens de sac et de cordes, corsaires prêts à tous les sacrifices pour une part de butin, sortes de pirates légalisés qui vont oublier leur souffrance dans chaque port en la noyant dans l’alcool et en cherchant un peu de tendresse dans les bras de filles faciles. On quitte cet ouvrage passionnant également d’un point de vue historique, pressé de dévorer la suite de ses aventures avec « Le négrier de Zanzibar » et « Un corsaire au bagne ». Louis Garneray mériterait d’être aussi connu et autant lu que Dumas.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

REMÈDES MORTELS ET CRIME ORGANISE (PETER GOTZSCHE)

Le résumé du livre

Comment est-il possible qu’aux Etats-Unis et en Europe, les médicaments constituent la troisième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires et les cancers ? Les sociétés pharmaceutiques feraient-elles passer leurs profits avant la santé des patients et ne se préoccupent-elles guère du fait que leurs actions puissent augmenter les décès et tous les effets secondaires handicapants ? Une chose est sûre : le marketing de Big Pharma consiste à arroser généreusement tous ceux qui peuvent l’aider à placer ses produits, les médecins, les agences du médicament, les hommes politiques, les revues médicales et les journalistes. Les multinationales se font quelquefois prendre la main dans le sac. Ainsi Pfizer a dû verser 2,3 milliards de dollars en 2009 pour marketing illégal de produits dangereux. Sanofi-Novartis a dû payer plus de 95 millions de dollars pour fraude en 2009. Glaxo-Smith-Kline en a été de 3 milliards de dollars en 2011 pour la même raison. Astra-Zénéca de 520 millions en 2010, Johnson et Johnson d’un milliard d’amende en 2012, Merck de 670 millions en 2007, Eli Lily de 1,4 milliards en 2009 et Abbott de 1,5 milliards en 2012. Des sommes énormes, mais finalement peu de choses en comparaison des bénéfices himalayens réalisés. La liste est longue des médicaments qui se révélèrent inutiles voire dangereux pour la santé humaine : Vioxx, Tamiflu, Oxycontin, Prozac (qualifié par l’auteur de « médicament abominable » en raison du nombre incroyable de suicides générés par sa prise), sans oublier le scandale de la Thalidomide avec ses bébés naissant sans bras ni jambes !

Ma critique

Cet ouvrage qui n’est pas un pamphlet, mais une enquête sérieuse et solidement établie sur des faits et rien d’autre (une masse impressionnante de notes et de références à la fin de chaque chapitre permet au lecteur d’aller vérifier tout ce qui est avancé) est aussi un des réquisitoires les plus sévères que l’on puisse lire sur une profession qui se comporte comme une véritable mafia avec la complicité de quasiment toutes les strates des états et des instances mondiales (OMS). Tous les profits pour Big Pharma qui n’hésite pas à retirer du marché un vieux médicament efficace et peu cher pour le remplacer par un nouveau bien pire, mais surtout beaucoup plus cher et tous les risques pour les patients. Lire cet ouvrage fait aller le lecteur de scandales en scandales au point d’en avoir le cœur au bord des lèvres. Bien que l’auteur reconnaisse que Big Pharma puisse se targuer d’un nombre de morts plus importants que la mafia, il annonce quand même que les choses évoluent dans le bon sens, mais trop lentement et beaucoup trop peu à son goût. Nous qui bénéficions de plus de recul, avec la poignée d’années depuis la parution de cet ouvrage, nous avons pu constater qu’avec l’horreur de la crise sanitaire que nous avons traversée, il se trompait sur ce point précis. Non seulement cela ne s’améliore pas, mais cela s’aggrave de façon dramatique. La corruption des élites n’a fait que s’étendre, la malfaisance de Big Pharma également.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

PILLEURS D’ÉTAT (PHILIPPE PASCOT)

Le résumé du livre

Peut-on vivre confortablement et fort longtemps de sa fonction d’élu de la nation ? Les fonctions de député, sénateur, conseiller départemental ou régional, maire d’une ville importante ne représentent-elles pas de plus ou moins grasses sinécures si recherchées et si intéressantes que nombre de nos politiciens s’y accrochent au point de faire de charges qui devraient relever du service dû à la population un pré carré jusqu’à devenir des professionnels toujours prêts à défendre leurs avantages acquis tant ils sont nombreux : grasses indemnités de fonction, exonération d’impôts, gratuité des trains et des avions, 13 semaines de congés payés au lieu de 5, retraites douillettes et cumulables (jusqu’à cinq !), faibles cotisations pour gain maximum, privilèges divers et variés, cumuls de mandats, reconversion simplifiée en avocat ou en préfet « hors classe », retour automatique dans la fonction publique, sans oublier les conflits d’intérêts, les activités plus ou moins bidons et nombre de petits arrangements entre amis. La liste des avantages est presque interminable et si l’on tente de faire le total de leurs gains réels, on peut en arriver à des rentrées mensuelles allant de 6000 jusqu’à 20 000 euros et parfois plus !

Ma critique

« Pilleurs d’Etat » est une enquête sans concession sur les avantages et privilèges de la classe politique française menée par Philippe Pascot, l’homme au petit chapeau, ancien assistant de Manuel Valls qu’il présente d’ailleurs comme une sorte de petit marquis très imbu de sa personne. La France peut se vanter d’avoir le plus grand nombre d’hommes politiques par rapport au nombre d’habitants, beaucoup plus que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Est-elle mieux gérée ? Que nenni. Lois prises à la va-vite, sous le coup de l’émotion, absentéisme généralisé sur les bancs de l’assemblée, commissions « Théodule », etc. De plus, ces gens nous coûtent « un pognon de dingue » ! Et même si ces politiciens ne sont pas tous pourris (ce qui n’est d’ailleurs pas le sujet du livre, les affaires Cahuzac, Thevenoud et autres n’étant qu’évoquées au passage), tous profitent largement de leur statut, tous s’exonèrent de tout contrôle et veillent jalousement sur leurs avantages et leurs privilèges. Ils peuvent parfaitement être élus sans avoir besoin de présenter un casier judiciaire vierge et ne déclarer qu’une infime partie de leur patrimoine sans être inquiétés le moins du monde. Même si cette recension honnête et sans pitié date un peu (elle s’arrête en 2015), la lire aujourd’hui révolte toujours, d’autant plus que la situation est loin de s’être améliorée aujourd’hui. Euphémisme…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

CES PLANTES QUE L’ON MANGE (JEAN-MARIE PELT)

Le résumé du livre

Aux temps préhistoriques, quelques tribus de chasseurs cueilleurs découvrirent un jour que l’on pouvait récupérer les graines de céréales arrivées à maturité et les semer l’année suivante. L’agriculture était née. Puis les hommes commencèrent à stocker les graines récoltées, ce qui initia la fin du nomadisme et celle de la précarité alimentaire. Mais aussi amena l’édification des premiers hameaux, des premiers villages avec les premiers échanges des excédents de grains ou de plantes, ce qui permit d’améliorer la vie en diversifiant l’alimentation. Le commerce était né. Toute cette évolution entraina une explosion de la démographie, la population se multipliant très vite par un facteur mille… Le christianisme favorisa la culture du blé et de la vigne pour le pain et le vin nécessaires à la pratique du culte religieux. L’élevage relevant plus du paganisme (sacrifices d’animaux). Mais paradoxalement, les éleveurs s’enrichirent plus vite et plus facilement que les cultivateurs de céréales, car le blé fut toujours considéré comme une culture essentielle au maintien de la vie, au point de réglementer son prix de vente et même de faire procéder à des distributions gratuites en période de disette. Le régime des petites gens du Moyen-Âge consistait surtout en bouillies de céréales et en herbes sauvages et légumes au pot (chou principalement). Nombre de fruits et de légumes ne parvinrent chez nous qu’au fil de leurs découvertes en Orient ou dans le Nouveau Monde. Les légumes avaient d’autant plus de valeur et de qualités qu’ils étaient loin du sol. Les fruits étaient en haut de la hiérarchie vu qu’ils poussent sur des arbres. Idem pour les volatiles. Le canard et l’oie étant moins appréciés que le poulet et les rapaces qui pouvaient aider à la chasse tenaient donc le haut du panier…

Ma critique

« Ces plantes que l’on mange » est un essai de vulgarisation botanique comme sait si bien les produire Jean-Marie Pelt. Sans doute un peu moins fouillé que d’autres livres de l’auteur. Plus basique, plus généraliste. Il se veut exhaustif en abordant tout ce qui se mange de végétal aussi bien les fruits et les légumes que les céréales, les légumineuses, les huiles et les matières grasses, les épices et les aromates, le café, le thé, le chocolat et les sucres, sans oublier les plantes sauvages. Le tout aussi bien sous leur aspect historique, botanique, que nutritif et même diététique. Le lecteur éclairé n’apprendra pas grand-chose de nouveau sur ces sujets, mais appréciera les anecdotes amusantes ou non comme la saga de la pomme de terre qui eut quelques peines à s’imposer en Europe et surtout en France ou celle du chocolat, petite fève amère que les Indiens additionnaient d’épices et que les Européens marièrent au sucre et à bien d’autres choses pour en faire la denrée que nous connaissons. La plus étonnante est sans doute celle de ces trois condamnés à mort britanniques à qui l’on proposa la vie sauve à condition qu’ils ne se nourrissent plus que de chocolat, de café ou de thé. Celui qui choisit le chocolat ne survécut qu’un an, celui qui opta pour le café deux et celui qui prit le thé trois ! À noter aussi une profusion d’illustrations anciennes et beaucoup (trop?) de photos se voulant artistiques de Rob White.

Ma note

4/5

ROMAN

UNE HISTOIRE BIRMANE (GEORGE ORWELL)

Le résumé du livre

U Po Kyin, petit fonctionnaire birman dans la cinquantaine replète a réussi grâce à mille intrigues à gravir presque tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à celui de magistrat sous-divisionnaire en attendant celui d’officier ministériel. Dans la petite ville de Kautkada, le Club est un lieu de détente strictement réservé à une quinzaine d’Européens qui tiennent absolument à rester entre eux alors qu’un peu partout ailleurs on commence à accepter la venue des premiers notables hindous ou birmans. Le toubib de l’endroit, Veraswami rêve pourtant de s’y faire admettre un jour, histoire de se retrouver hors de portée des calomnies et des manigances de son ennemi U Po Kyin qui voudrait bien se débarrasser de lui pour prendre sa place. Et voilà qu’une jeune et jolie Britannique fraîchement débarquée en ville jette son dévolu sur Flory, responsable de l’exploitation des bois et grand ami de Veraswami. Mais rien ne va plus quand la prétendante découvre que Flory a longtemps vécu avec une jeune indigène. Elle lui préfère un nouvel arrivant, Verrall, lieutenant de police de passage, plus jeune, plus fringant et plus riche que Flory…

Ma critique

« Une histoire birmane » est un roman classique et bien écrit dans le style riche et descriptif du début de l’autre siècle. Il mêle agréablement les observations politiques et sociales sur la réalité quotidienne de la colonisation à l’anglaise (on sent d’ailleurs que beaucoup de détails et de situations ont été croquées sur le vif, Orwell ayant été lui-même plusieurs années fonctionnaire territorial dans ces contrées lointaines), mais aussi les intrigues amoureuses plus ou moins ratées, la solitude de cette poignée de Britanniques, leurs attentes, leurs déceptions et jusqu’aux petitesses de leurs vies finalement pas si heureuses que cela. Orwell ne tombe pas dans le piège du manichéisme éculé. Pas de méchants colons d’un côté et de gentils colonisés de l’autre, mais des êtres de chair et de sang avec des bons et des nettement moins bons de chaque côté de la barricade. Et même de vraies crapules qui jettent de l’huile sur le feu et jouent les pompiers pyromanes ! On ne la fait pas à ce fin observateur qu’était Orwell. Ouvrage à conseiller ne serait-ce que pour découvrir ce qu’était vraiment la colonisation entre les deux guerres mondiales, ses véritables grandeurs et servitudes mais aussi ses lâchetés et ses mesquineries, sans parler du racisme des uns et des autres.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LA MARCHE ROUGE (MARION SIGAUD)

Le résumé du livre

À Paris, sous le règne de Louis XV, éclate un scandale particulièrement horrible. Des enfants d’artisans, d’ouvriers et de gens du peuple se mettent à disparaître mystérieusement. La rumeur court que des exempts (équivalents de nos « forces de l’ordre ») les enlèveraient en pleine rue pour en faire de petits esclaves sexuels pour de grands seigneurs dépravés style Marquis de Sade. Il se dit même que ces enfants seraient torturés avant d’être tués. Certains récupéreraient leur sang pour des soins voire une régénération. Des émeutes très violentes se multiplient. Des parents fous de douleur pourchassent des voleurs d’enfants ou présumés tels dans les rues pour les tabasser. Ces manifestations sont dispersées dans le sang et les meneurs pendus haut et court. Pour calmer les esprits, une enquête est menée. Quelques lampistes écopent de très légères amendes. De sorte que ces histoires d’enlèvements ne feront que croitre et proliférer jusqu’à la Révolution et bien au-delà. Parallèlement à ce scandale s’ajoute celui de « l’hôpital général », organisme créé par Louis XIV pour régler une bonne fois pour toutes, pensait-il, celui de la misère et de la mendicité. Il s’agissait d’une structure qui devait recueillir mendiants, miséreux, enfants abandonnés, filles de joie en allant les rafler dans la rue. Ils étaient nourris et logés dans des conditions déplorables et soumis au travail forcé, ce que refusa l’Eglise. Louis XIV en donna la gestion à des laïcs jansénistes, la « Compagnie du Saint Sacrement », elle-même sous la responsabilité du Parlement de Paris, lequel était un organisme qui se voulait indépendant du pouvoir royal. Il passera d’ailleurs des simples « remontrances » au roi à l’opposition complète. L’hôpital général, ancêtre de nos services sociaux, fonctionnera longtemps hors contrôle, ce qui permettra toutes les dérives, les détournements de fonds, les maltraitances diverses et variées, les trafics d’enfants, etc.

Ma critique

« La marche rouge » est un essai historique de très grande qualité traitant d’un scandale plutôt méconnu de l’Ancien régime. Marion Sigaut a mené l’enquête en épluchant les registres de l’époque et est arrivée à des découvertes troublantes. Les enfants au nombre de plusieurs centaines par an disparaissaient bien de la circulation quasi-officiellement pour aller servir au peuplement de la Louisiane, pour une faible part d’entre eux, mais surtout pour servir de chair fraîche pour les pédophiles de l’époque, déjà forts nombreux chez les aristocrates, mais aussi parmi les bourgeois aisés. Louis XIV fut le premier à découvrir le pot aux roses. Il préféra laisser courir pour ne pas effaroucher le petit peuple qui ne pouvait même pas imaginer pareilles horreurs. Louis XV tenta de régler le problème en envoyant un évêque intègre remettre de l’ordre dans l’hôpital général et en obligeant les magistrats du Parlement à rentrer dans le rang en assumant vraiment leur rôle de juges. Mais étant lui-même impliqué de par ses mœurs dissolues, cela ne fut pas d’une grande efficacité. Quant à Louis XVI, il accumula les bévues en renvoyant son garde des sceaux, Maupéou, et en rétablissant par faiblesse et sottise les pouvoirs exorbitants du Parlement de Paris. Les révolutionnaires ne résolurent rien. Ils pratiquèrent même l’inversion accusatoire en incriminant l’Eglise et en blanchissant les juges pourtant complices voire bénéficiaires de ces trafics. Ce scandale rampant fut une des causes profondes de la Révolution. N’a-ton pas dit que le poisson pourrissait toujours par la tête et qu’il fallait toujours agiter le peuple avant de s’en servir ?

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

LE ROMAN DE JEANNE D’ARC (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Qui ignore aujourd’hui le destin extraordinaire de Jeanne d’Arc, la petite bergère lorraine si joyeuse et si pieuse qui entendit un jour des voix divines lui ordonnant d’aller rencontrer le Dauphin Charles réfugié dans son château de Chinon alors qu’il voit son royaume écartelé entre Anglais, Armagnacs et Bourguignons et de l’accompagner pour le faire sacrer roi dans la cathédrale de Reims ? Qui a oublié la libération de la ville d’Orléans assiégée par les Anglais, toutes les batailles menées et gagnées avec l’aide de sacrés soudards comme La Hire ou le peu recommandable Gilles de Rais, puis son lâchage par le velléitaire Charles VII, son échec devant la ville de Paris restée fidèle aux Bourguignons et aux Anglais, sa capture non loin de Compiègne, son procès en sorcellerie et son martyre quand elle fut brûlée vive sur la place du marché de Rouen ? Les jeunes générations sans doute privés d’Histoire évènementielle par une Éducation Nationale à la dérive…

Ma critique

« Le roman de Jeanne d’Arc » est un ouvrage de vulgarisation historique dans la même veine que les autres (Saint Louis, Charrette). L’auteur a tenu à donner une image plus humaine à une icône assez vite réhabilitée par l’Eglise (1456), beaucoup plus lentement canonisée (1920) et récupérée par les politiques de tous bords à chaque fois qu’on appelait le bon peuple à bouter un envahisseur hors de France ! L’auteur fait parler son héroïne à la première personne du singulier, ce qui donne au récit une impression de témoignage direct et rend donc le texte d’autant plus vivant et agréable à lire. Lequel est parsemé de mots d’époque, mais en moins grand nombre que dans le « Roman de Saint Louis », ce qui n’est pas plus mal pour la compréhension. Le lecteur découvrira le « portrait d’une Jeanne loin des stéréotypes, celui d’une âme simple et portée par la grâce, toute entière vouée à la sincérité de son combat, à l’amour de son pays, la France. » Pour une fois qu’une quatrième de couverture rend justice au contenu d’un livre, il convient de la citer. Ouvrage fortement conseillé comme une bouffée d’espoir et de fraîcheur en ces temps difficiles.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

GÉNOCIDE EN VENDÉE 1793-1794 (JACQUES VILLEMAIN)

Le résumé du livre

Qu’est-ce qu’un génocide ? En quoi diffère-t-il d’un crime de guerre ou d’un crime contre l’humanité ? C’est qu’il relève d’une volonté politique claire et nette de vouloir exterminer tout ou partie d’une population en raison de sa race, sa religion, ses idées politiques ou autres prétextes. Que l’on peut constater l’existence de textes, lois ou décrets dans ce sens (ou non), d’une chaine de commandement allant du sommet de l’état jusqu’aux exécutants qui, bien sûr, diront qu’ils ont obéi aux ordres s’ils doivent un jour répondre de leurs crimes. Les guerres de Vendée (1793-1794) ont vu toute une population se voir tout retirer jusqu’au statut d’êtres humains parce qu’elle était catholique et royaliste, refusait la conscription et la constitution civile du clergé. La Convention et particulièrement le comité de salut public tenu par Robespierre donnèrent les ordres d’extermination en toute clarté. Des délégués nationaux veillèrent à ce qu’ils soient exécutés scrupuleusement par l’armée bleue (aux ordres de Carnot, Turreau, Carrier et autres…) Comme la Vendée ne se soumettait toujours pas, on passa par les armes les révoltés et même quelques patriotes au passage, et on déporta femmes, vieillards et enfants, passant ainsi du crime de guerre au crime contre l’humanité. Et quand la Convention, à bout d’arguments, ordonna la mise en place des colonnes infernales, brûlant, gazant (sans succès) et tuant tout ce qui était encore vivant sur son passage, il est difficile de ne pas admettre qu’on en arriva au génocide, même si le terme peut sembler un brin anachronique vu qu’il ne fut officiellement condamné qu’en 1948 alors que le fait avait déjà existé malheureusement dans l’histoire de l’humanité (Carthage, Arménie, Shoah…).

Ma critique

« Génocide en Vendée » est un essai très bien étayé et parfaitement argumenté dans lequel l’auteur ne se pose pas en historien, mais en juriste de droit international et donc en défenseur de la liberté d’opinion qui est la base de toutes les autres. Il se demande pourquoi ce génocide historique doublé d’un « mémoricide » n’a toujours pas fait l’objet d’une reconnaissance officielle par la République, ce qui aurait permis de réconcilier les mémoires tout en veillant à ce que pareilles dérives mortifères ne se produisent plus jamais dans notre pays. Il semble que nous en soyons assez loin vu le négationnisme d’essence robespierriste toujours présent dans l’université et les médias et que l’on peut même en constater d’autres formes plus atténuées de tous les côtés de l’échiquier politique. La République est l’héritière de 89 sans aucun doute, mais la Démocratie ne l’est pas de 93 bien évidemment. Dans cet ouvrage intéressant, le lecteur découvrira toutes sortes d’aspects peu évoqués du problème, comme l’étrange attitude de Louis XVIII qui décora le boucher Turreau de l’ordre de Saint Louis ou celle, non moins discutable, de Louis-Philippe de faire graver son nom en compagnie de celui de Carnot sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile, tout en faisant détruire des monuments du souvenir en Vendée même. Un désir de réconciliation poussé sans doute trop loin. Mais génocide ou « populicide » restent là et bien là comme une tache de sang indélébile sur le fronton de la révolution. À noter, en fin d’ouvrage, plusieurs documents (textes de lois, arrêtés, décrets, correspondances, preuves accablantes indiscutables) et une abondante bibliographie permettant de creuser un peu plus la question.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

CHANGEZ D’ALIMENTATION (HENRI JOYEUX)

Le résumé du livre

« Que l’aliment soit ton seul médicament ! », avait préconisé Hippocrate il y a bien longtemps. Plus que jamais, ce précepte découvert intuitivement, et scientifiquement prouvé de nos jours est d’actualité dans un monde où fast-foods, grande distribution et malbouffe règnent en maîtres. Pour rester en bonne santé, il faut donner à notre organisme les aliments qui lui conviennent, tout comme il faut donner le carburant adéquat au moteur de notre voiture si nous voulons qu’elle fonctionne bien. Quels sont donc les aliments qu’il serait préférable d’éviter ? Quels sont ceux qu’il faut privilégier pour préserver voire améliorer notre santé ? Une bonne nutrition peut-elle freiner ou stopper les symptômes de certaines maladies ? Peut-on éviter le cancer, les maladies dites de civilisation ? Que penser du gluten, du sucre, des produits laitiers, de la viande, des régimes, des additifs, de la nourriture industrielle, des édulcorants, des sodas, etc ? Dans une approche holistique pleine de bon sens et de sérieux, le professeur Joyeux tente de répondre à toutes ces questions et à bien d’autres.

Ma critique

« Changez d’alimentation est un essai de vulgarisation diététique qui a rencontré un grand succès puisqu’il a été édité et réédité à plusieurs reprises et à chaque fois complété au fur et à mesure des avancées de la science. Tout est sourcé, les études sont là, avec nombreux graphiques et tableaux à la clé. Facile d’abord et de compréhension, même si parfois il peut devenir assez technique, ce texte est particulièrement éclairant et difficilement discutable. Il devrait être lu par le plus grand nombre et repris par le corps médical et par les médias. Notre santé ne s’en porterait que mieux, la sécurité sociale aussi. Les médecins seraient moins surchargés, les services hospitaliers aussi. Seul Big Pharma y perdrait. Une mauvaise alimentation est source de toutes sortes de maladies et autres ennuis de santé, car elle affaiblit notre immunité en empêchant notre organisme de fonctionner au mieux. Il suffirait de réduire drastiquement notre consommation de graisses saturées, de charcuteries, de sucreries, de viande rouge, de laitages, de café, d’alcool et manger plus de légumes, de crudités, de fruits, de poissons, de fruits de mer, d’amandes, de noix et de graines germées pour obtenir et maintenir la pleine santé. Le lecteur apprendra beaucoup dans cet ouvrage mesuré et raisonnable. Même si le professeur condamne fermement le véganisme et l’instinctothérapie, il n’est pas un ayatollah de la diététique vu qu’il permet et conseille même un bon verre de vin rouge par repas et un carré de bon chocolat noir le soir. Une somme très complète et indispensable. Un des meilleurs ouvrages sur la question.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

LE ROMAN DE SAINT LOUIS (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Fils de Blanche de Castille, le futur Louis IX perd son père alors qu’il n’est encore qu’un très jeune enfant. Sa mère, désignée comme régente du royaume, doit faire face à la rébellion des ducs et barons de Bretagne, de la Marche et du Poitou qui refusent de se soumettre à l’autorité d’une femme. Blanche fait armer chevalier son fils alors qu’il n’a que 12 ans pour qu’il soit sacré roi avant de vraiment monter sur le trône dès ses 20 ans. Le royaume est en péril. Les Mongols menacent à l’est et les Musulmans sont toujours bien implantés au sud, bien que la Reconquista ait déjà commencé depuis la victoire de Las Navas de Tolosa. Louis se veut un roi juste et bon, proche du peuple qui le vénère et conciliant avec le Pape, l’Empereur d’Allemagne et le roi d’Angleterre. Très pieux, il achète fort cher la couronne d’épines et un morceau de la croix du Christ et fait construire la Sainte Chapelle qui doit être un reliquaire de lumière pour les recueillir dignement. Mais la Terre Sainte a été peu à peu reprise par les Turcs. L’empereur d’Orient l’appelle à son secours. À 30 ans, il décide de tout quitter et de partir en croisade pour délivrer Jérusalem et le tombeau du Christ. Mais son débarquement à Damiette en Egypte se soldera par un cuisant échec…

Ma critique

« Le roman de Saint Louis » n’est pas un roman comme son intitulé pourrait le faire croire. C’est un ouvrage historique très sérieux, très bien documenté et très agréable à lire. L’auteur a voulu, comme il le dit lui-même en post-face, « retrouver la trace et l’image d’un Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine ». Et il y a parfaitement réussi. Tout l’ouvrage est écrit à la première personne, un peu comme un témoignage, ce qui rend le récit d’autant plus vivant, même si, de-ci, de-là, il est parsemé de termes et d’expressions moyenâgeuses pas forcément évidentes pour un lecteur du XXIe siècle. Le lecteur découvrira toutes sortes de facettes méconnues de cette personnalité hors-norme, ce héros de la foi, ne songeant qu’au bonheur de son peuple, à son rayonnement sur l’Europe et le monde, considérant sa charge comme un service et l’assumant jusqu’au sacrifice de sa propre personne. Un ouvrage magnifique et passionnant que devraient lire tous les dirigeants de la planète, histoire de se rappeler qu’être au pouvoir ne signifie pas profiter de sa position pour soumettre les peuples, les écraser, les humilier et pas non plus pour se servir et s’enrichir à leur détriment…

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LE GUERRE DES BOERS (BERNARD LUGAN)

Le résumé du livre

En 1899, éclata en Afrique australe une guerre totale qui opposa les républiques « Boers » du Transvaal et de l’Orange à l’Empire britannique. Deux peuples blancs s’affrontèrent dans une lutte sans merci, l’un luttait pour sa survie, sa liberté et son indépendance et l’autre pour la suprématie coloniale de son empire sans oublier de faire main-basse sur les richesses du sous-sol (or, diamants). Très vite ce conflit prit des dimensions internationales. Face aux forces venues de tous les pays de l’Empire (Inde, Australie, Canada, etc.), les Boers obtinrent le renfort de volontaires allemands, italiens, français, russes, irlandais, américains, hollandais, scandinaves et autres, mais aucune aide des gouvernements européens. La cause plutôt désespérée des Boers déclencha un grand courant de sympathie en Europe. Héros de la gauche pour leur combat anti-colonialiste, ils le furent également de la droite pour leur défense de leur patrie menacée par le cosmopolitisme. Mais pour venir à bout de leur résistance acharnée, les Britanniques n’hésitèrent pas à vider les campagnes en enfermant les femmes et les enfants dans des camps de concentration (les premiers du genre) où ils moururent de faim, de maladies et de mauvais traitements et à pratiquer la politique de la terre brûlée en incendiant des dizaines de milliers de fermes.

Ma critique

« La guerre des Boers » est un essai historique de très grande qualité, une référence sur le sujet. Le lecteur y découvrira une page plutôt sombre de l’histoire de l’Afrique. Ces « Boers », descendants de Hollandais et de Français huguenots, avaient déjà dû fuir une première fois devant l’envahisseur anglais lors du grand Trek. Ils avaient fondé deux républiques pastorales et rurales, vivant en autarcie sur un territoire vierge, mais recélant des richesses insoupçonnées. Le lecteur découvrira que les méthodes de répression des régimes totalitaires sont toujours les mêmes que ce soit en France (Vendée), en Ukraine (Holodomor) ou en Afrique australe où les Britanniques pratiquèrent la première guerre totale contre des populations civiles, les soumirent par la faim et le feu et surtout inaugurèrent, presque un demi-siècle avant les nazis, les premiers camps de concentration qui n’eurent rien à envier à ceux-ci. Cette guerre ou plutôt ce génocide eut de graves conséquences sur la suite des évènements (prolétarisation du peuple boer, politique d’apartheid et ruine définitive à terme). Un ouvrage doté de nombreuses cartes pour mieux comprendre le déroulement des diverses batailles et d’un long index final comportant, outre une bibliographie conséquente, toute une série de biographies des principaux intervenants de ce drame qui donne toujours autant à réfléchir.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUESCIENTIFIQUE

COMMENT SE SOIGNER AVEC LE CHOCOLAT (HENRI JOYEUX & JEAN-CLAUDE BERTON)

Le résumé du livre

Où et comment le chocolat fut-il découvert ? Les Indiens d’Amérique du Sud avaient fait du cacao leur plante sacrée depuis des milliers d’années. Mais quand les premières graines furent présentées à Christophe Colomb, celui-ci ordonna de les jeter à la mer, car il les prit pour des déjections animales. Plus averti, Pizarre les garda pour sa consommation personnelle. Mais finalement, le cacao devenu chocolat finit par parvenir d’abord dans les cours royales qui l’adoptèrent à titre de médicament et surtout pour ses qualités présumées aphrodisiaques. Madame de Pompadour en buvait des quantités impressionnantes pour compenser la froideur légendaire que lui reprochait amèrement Louis XV. Puis, peu à peu, sa consommation finit par se démocratiser. La fabrication du chocolat, au départ pratiquée par des artisans chocolatiers, passa après la seconde guerre mondiale à l’industrialisation et à la concentration entre les mains de puissantes sociétés comme Cadbury, Lindt, Menier, Suchard, Poulain, et autres. Mais de valeureux maîtres artisans-chocolatier comme Jean-Claude Berton continuent la tradition de la qualité et même innovent avec des produits riches en fibres et en omégas 3 !

Ma critique

Cet ouvrage est une monographie ou un essai de vulgarisation sur le chocolat sous tous ses aspects. Entre les deux auteurs, Joyeux et Berton, c’est ce dernier qui se taille la part du lion. En effet, si l’aspect thérapeutique (celui qui intéressait au départ le lecteur) ne représente qu’à peine un petit quart de l’ouvrage, tout le reste est consacré à une présentation bio-géographique du chocolat, suivie d’une étude de celui-ci à travers l’Histoire et terminée par une présentation des différentes étapes permettant de passer de la cabosse de cacao à la plaque de chocolat. Le lecteur découvrira bien des choses dont il ne se doutait même pas sur les manipulations nécessaires, sur le travail des premiers chocolatiers, sur le Nutella, produit contenant plus de sucre et d’huile de palme que de cacao, et sur l’autorisation de l’introduction d’huiles végétales en lieu et place, dans une certaine proportion, du beurre de cacao. Les effets sur la santé du bon chocolat (noir avec fort pourcentage de cacao) semblent ne plus avoir à être démontrés. Le chocolat est bon pour le cœur, pour le transit intestinal, pour se libérer des addictions (tabac, alcool, haschich), pour lutter contre l’insomnie, pour stimuler la mémoire et même combattre les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. La liste est longue de tous ses bienfaits. Alors pourquoi se priver d’un ou deux carrés de bon chocolat noir chaque soir ? Dommage que cet ouvrage, intéressant par bien des aspects, tourne vers la fin au publireportage en faveur d’un produit sans doute de très haute qualité, mais pas à la portée de toutes les bourses, inventé par l’auteur chocolatier.

Ma note

3,5/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LA VÉRITÉ SUR LES VACCINS (DIDIER RAOULT & OLIVIA RECASENS)

Le résumé du livre

La France est devenue le pays au monde qui se méfie le plus des vaccinations. C’est aussi l’un des rares pays qui a rendu obligatoire onze vaccins pour les nourrissons dont certains contre des maladies éradiquées et des MST. La variole a disparu, la poliomyélite est sur le point d’être éradiquée, la rougeole est maitrisée, le tétanos et la rubéole sont sous contrôle. Seule exception, la tuberculose qui est responsable de la mort d’un million de personnes chaque année dans le monde, mais dont le vaccin date d’un siècle et reste de faible efficacité. Quant au paludisme et au sida, toutes les recherches d’un vaccin sont restées illusoires. Pour certaines pathologies, l’amélioration des conditions d’hygiène ont plus apporté que les vaccins. Et pourtant ceux-ci sont toujours imposés ou interdits sans réelle concertation avec les professionnels de santé. On n’est plus dans le scientifique, mais dans le politique et même dans la croyance quand, en agitant les peurs, on en arrive à faire basculer les gens dans la névrose collective. Pour Raoult, il faut savoir raison garder et rester dans l’observation des faits au cas par cas.

Ma critique

« La vérité sur les vaccins » est un essai de vulgarisation médicale sur un sujet brûlant qui déclenche les passions surtout depuis les dernières crises sanitaires (H1N1 et Covid 19). Le livre datant de 2012, cette dernière n’est pas abordée. Il n’en demeure pas moins que beaucoup d’analyses restent pertinentes. Le lecteur découvrira que contrairement à ce qu’ont pu avancer les médias, Raoult est un farouche défenseur des vaccins, mais de façon intelligente. Il s’oppose à l’obligation vaccinale qui ne fait qu’exacerber les passions, dresser vax contre antivax, alors qu’il faudrait laisser les médecins s’informer et prescrire. Pour lui, la question de savoir si l’on est pour ou contre la vaccination n’a aucun sens. Il vaut mieux envisager chaque cas de figure, pouvoir peser sereinement le rapport bénéfices-risques et bien apprécier les situations sanitaires réelles pour chaque pays ou continent. Il est toujours préférable de convaincre plutôt que de contraindre. Un livre intéressant, loin des polémiques stériles, plein de bon sens, mais qui reste quand même à la surface des choses dès qu’on aborde le problème de la puissance de corruption de Big Pharma. Pour Raoult, la production de vaccins ne rapporterait que 11% du chiffre d’affaires des multinationales et serait plus source d’ennuis que de profits pour elles. Naïveté ? Angélisme ? Ou complicité ? Le lecteur pourra se perdre en conjectures sur ce point précis. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire…

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

LE ROMAN DE CHARETTE (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Breton de petite noblesse, François-Athanase Charette de la Contrie commence sa carrière militaire en 1779, comme garde de la Marine à Brest. Il participe à la guerre d’indépendance américaine, d’abord au large des côtes françaises, puis dans les Antilles. En mars 1793, des paysans révoltés contre la levée en masse et les mesures anti-religieuses viennent le chercher pour le placer à la tête de leur insurrection. Charette s’impose difficilement comme commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé. Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s’unissent pour former l’Armée catholique et royale, mais dans les faits, Charette continue d’agir de manière indépendante. En septembre et octobre 1793, les républicains prennent l’avantage en occupant toutes les villes de la Vendée militaire et en ravageant le bocage. Charette passe alors à la guérilla et arrive même à contrôler pendant quelques mois l’île de Noirmoutier. Affaibli par plusieurs défaites successives à la fin de l’année 1793, Charette parvient à échapper aux colonnes infernales qui ravagent la Vendée dans les premiers mois de l’année 1794. Les massacres, les noyades et les incendies systématiques commis par les républicains poussent les paysans à se réfugier auprès de lui. En décembre 1794, Charette accepte d’entamer des pourparlers de paix avec les représentants de la Convention thermidorienne lors des négociations de La Jaunaye où on lui fait espérer la libération du Dauphin et une éventuelle restauration. Mais quand il apprend que l’enfant royal a été empoisonné, il comprend qu’il a été berné et reprend les armes. Mais la relance des hostilités tourne au désastre. Abandonné par ses hommes et grièvement blessé, Charette est capturé le 23 mars 1796. Condamné à mort, il sera fusillé six jours plus tard à Nantes.

Ma critique

« Le roman de Charette » est une biographie romancée très bien menée, très agréable à lire et parfaitement documentée. Ayant pu avoir accès à de nombreux documents et témoignages, Philippe de Villiers a vraiment pu faire œuvre d’historien tout en présentant la vie tout à fait extraordinaire d’un des héros de la Vendée sous la forme du roman, c’est-à-dire avec des dialogues, du rythme et toutes sortes de détails donnant humanité et épaisseur à un personnage qui se conduisit en héros et en martyr de la liberté autant dans sa participation courageuse à la guerre d’Indépendance américaine qu’à celle des atroces guerres de Vendée qui resteront comme une tache de sang indélébile au front d’une république qui se construisit sur la décapitation du couple royal, l’assassinat des nobles, le vol des « biens nationaux » et le massacre de pauvres gens perpétrés par d’autres pauvres gens. Dans cette guerre civile, Charette tenta de rester fidèle à sa foi et à ses idéaux. Même s’il ne prit pas toujours les meilleures décisions stratégiques, il alla au bout de ses convictions et jusqu’au sacrifice de sa vie. Ainsi, restera-t-il un héros aux yeux de la postérité. Tout comme le film « Vaincre ou mourir » qui fit un tabac dans les salles obscures, ce livre très réussi lui rend un très juste hommage.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESROMAN

LA FAIM (KNUT HAMSUN)

Le résumé du livre

À Christiania (Oslo), le jeune Knut peine à vivre des gains de rares articles donnés à un journal local. Il a bien essayé de se faire engager chez les pompiers, mais il a été rejeté, car il portait des lunettes. Ses habits sont si sales et si misérables qu’il n’ose plus se présenter pour une place « convenable ». Il n’a même pas de quoi s’acheter un livre pour tromper son ennui. Et le pire, c’est que la faim le tenaille en permanence. Pour la calmer malgré tout, il en est réduit à mâcher des copeaux de bois. Et les rares fois où une bonne âme lui donne quelque chose à manger, son estomac rétréci le rejette systématiquement. Il tente d’obtenir un peu d’argent du Mont de piété en mettant en gage ses lunettes, une couverture prêtée par un ami et même les cinq boutons de sa redingote, mais le préposé les refuse. Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, se retrouvant sans toit, il est arrêté par la police et passe une nuit au poste, les articles dont il espérait beaucoup sont rejetés par son rédacteur en chef et il est renversé par la charrette du boulanger qui lui écrase le pied…

Ma critique

« La faim » est une autobiographie ou une autofiction assez émouvante et qui sent bien son vécu. Par petites touches assez impressionnistes, l’auteur nous fait partager le quotidien aussi glauque que pénible d’un jeune écrivain en voie de clochardisation. Pas d’intrigue à proprement parler, pas de développement romanesque. Même la rencontre de la belle inconnue reste du domaine de l’évanescence, presque de l’onirisme. Même chose pour la fin avec l’embarquement sur un navire russe. Hamsun se fait engager sur sa bonne mine alors qu’il ne connait strictement rien aux choses de la mer. Le capitaine le prend à l’essai en se réservant le droit de le débarquer en Angleterre s’il n’est pas à la hauteur de la tache. Le lecteur restera lui aussi sur sa faim, car il ne saura jamais si l’auteur a fini par s’en sortir. Il comprendra que l’auteur ne voulait pas lâcher son thème central, la faim et surtout l’échec qu’il attire comme l’aimant le fait de la limaille, car il est à la fois trop naïf, trop honnête et trop généreux. Il va donner son gilet à un miséreux, un gâteau à un gamin de la rue et un billet de dix couronnes qui aurait pu l’aider pour un bon moment à une pâtissière peu avenante. Cette « Faim » aurait aussi pu s’appeler « La poisse » ! Lecture un brin déprimante quand même…

Ma note

4/5

ESSAIS

TOUT SAVOIR POUR ÉVITER ALZHEIMER ET PARKINSON (HENRI JOYEUX & DOMINIQUE VIALARD)

Le résumé du livre

La maladie d’Alzheimer est devenue la première cause de démence dans le monde et celle de Parkinson se maintient à la seconde place. Les femmes sont plus touchées que les hommes par la première. Eux seraient plus victimes de celle de Parkinson. Ces deux affections irréversibles sont redoutables. La première atteint 20% des octogénaires soit une femme sur 4 et même jusqu’à 40% au-dessus de 90 ans. Un homme sur 5 en souffre à partir de 85 ans. On compte 150 000 cas de Parkinson dans l’Hexagone et 8000 nouveaux chaque année. Ces maladies se développent de plus en plus rapidement dans les populations. On compte 1,3 million de malades aujourd’hui. Et on en prévoit 2 millions à l’horizon 2040. Leur nombre devrait même doubler tous les 20 ans ! De plus, les médicaments utilisés sont d’une efficacité douteuse et peuvent même se révéler nocifs en raison de graves effets secondaires. Et aucune molécule efficace ne se profile à l’horizon des prochaines années. Quel espoir nous reste-il ? La prévention…

Ma critique

Cet ouvrage est un essai écrit à quatre mains qui commence par un exposé de présentation de ces deux maladies. De la vulgarisation bien flippante qui remplit plus de la moitié de l’ouvrage. Les moyens pour éviter la catastrophe ne viennent qu’à la fin. Il faut réformer notre alimentation, manger moins de protéines animales, éviter barbecue et grillades, fuir la malbouffe et toute la production industrielle, (50% de risques éliminés). Faire de l’exercice de manière régulière. Marche, course, natation, vélo, etc (encore 50% de risques éliminés, mais il semble que cela ne soit pas cumulatif !). Ne pas oublier de faire fonctionner son cerveau en lisant, en faisant des mots croisés, des sudokus et autres. Garder un esprit positif et curieux. Au total, toutes sortes de petits et de grands conseils bien utiles que le lecteur devra mettre en pratique. Un ouvrage agréable, facile à lire et sans doute bien utile qui commence fort sombrement pour s’achever sur une note d’espoir. Nous irons tous au paradis (comme chantait l’autre), mais nous ne choperons pas tous ces deux saloperies…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’ÎLE DE TOUS LES VICES (JEAN-GABRIEL FREDET)

Le résumé du livre

En 2019, incarcéré dans l’attente d’un procès pour trafic de mineurs, et alors qu’il risque la perpétuité, Jeffrey Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule. À la suite de multiples dysfonctionnements dans l’organisation de sa détention au moment de sa mort, deux enquêtes sont ouvertes dans le cadre de ce qui est décrit comme un « suicide apparent ». Comment un personnage issu d’un milieu social des plus modestes a-t-il pu se muer en scientifique de haut niveau (il a disposé pendant 20 ans d’un bureau dans la prestigieuse université d’Harvard), en milliardaire à la tête d’une fortune estimée à plus ou moins un millard de dollars, en décideur de premier plan (il a siégé des années au CFR et à la Trilatérale deux instances réunissant tous les plus grands personnages de la planète ? Comment a-t-il pu devenir l’ami intime de deux présidents américains (Clinton et Trump), d’un membre de la famille royale, le prince Andrew, et de nombre de célébrités comme Bill Gates, Leon Black, Kevin Spacey, Woody Allen et tant d’autres ? Comment pendant trente ans a-t-il pu, avec l’aide de ses deux principaux complices, Ghislaine Maxwell, fille du milliardaire agent du Mossad retrouvé noyé au large des Canaries, et Jean-Luc Brunel, agent parisien de mannequins, organiser un trafic sexuel sur mineures d’une telle importance, sur son île privée ou dans ses diverses propriétés, sans jamais être vraiment inquiété par la justice ? Et comment, finalement inculpé en Floride en 2008, a-t-il pu bénéficier d’un abandon des poursuites alors que des dizaines de victimes venaient témoigner contre lui pour viols ou agressions sexuelles ? Tout est étrange dans cette affaire, même son suicide, par étranglement à genoux dans sa cellule avec des surveillants endormis et des caméras de surveillance en panne !

Ma critique

« L’île de tous les vices » se présente comme une enquête de journalisme d’investigation bien menée, bien étayée et agréable à lire en se disant que la réalité dépasse souvent la fiction. Malgré un grand nombre de révélations obtenues par le témoignage de victimes ou de membres du personnel, un bon nombre de zones d’ombres subsistent. Bien des questions restent sans réponse. Qui était vraiment Epstein ? Un escroc à la Madoff ? (Quelques-uns l’accusent d’avoir détourné des fonds à son profit.) Un agent du Mossad ? (La question est abordée sans être vraiment traitée.) Un obsédé sexuel pédophile doublé d’un proxénète ? (Il aurait « essayé » un bon millier de gamines de moins de quinze ans dont son âme damnée Ghislaine Maxwell qui évolua ensuite en mère maquerelle.) Un maître-chanteur pour l’élite ? (Tous les ébats de ses « amis » étaient filmés par des caméras cachées un peu partout.) Le livre, honnête et passionnant par ailleurs, s’achève sur une note dubitative quand l’auteur avoue que ce monstre, responsable d’un des pires scandales de notre époque, a emmené dans sa tombe un grand nombre de ses secrets. Qu’il ait été « suicidé » pour ne pas dire « liquidé » n’est nullement invraisemblable. Quant à espérer que sa complice finisse par se mettre à table et à tout révéler, rien n’est moins sûr. L’élite se veut et se croit au-dessus des lois et de la morale. Et elle sait comment s’y maintenir !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA STRATÉGIE DU CHOC (NAOMI KLEIN)

Le résumé du livre

En Louisiane, avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire de la ville de la Nouvelle-Orléans comptait 123 écoles publiques. Après, il n’en restait plus que 4. Quant aux écoles privées qui n’étaient que 7 avant la catastrophe, elles passèrent à 31, grâce aux subventions versées pour la reconstruction. Une fois de plus le public subventionnait le privé. Une fois de plus, on privatisait les gains et on nationalisait les déficits. C’est un certain Milton Friedman qui avait théorisé cette nouvelle sorte de capitalisme, un capitalisme sauvage, sans freins ni garde-fou, un « capitalisme du désastre » que l’on appelle aussi « ultra-libéralisme » en Europe. Il s’agit pour les oligarques du système, avec la complicité de politiciens et de journalistes stipendiés, de profiter de l’opportunité d’une crise, d’un cataclysme, d’une révolution ou d’une guerre pour vendre à la découpe tous les services d’un état pendant que le peuple est encore sous le choc et donc peu apte à réagir. Ce modèle économique très particulier se révèle à l’usage assez peu compatible avec la démocratie. Il a même besoin de conditions plus ou moins totalitaires pour s’imposer dans son expression la plus pure, comme on l’a vu en Amérique Latine au Chili et en Argentine, en Grande-Bretagne sous la férule de Mme Thatcher, en Chine (Tien an Men), aux Etats-Unis sous Reagan et en de nombreux autres lieux. En fait, ces techniques de sidération des masses, de conditionnement des esprits trouvèrent leur source dès la fin des années 50 quand la CIA se lança dans d’étranges expériences sur de malheureux cobayes humains. L’auteur a ainsi pu obtenir le témoignage de Gail Kastner, une patiente du docteur Cameron, sorte de Mengele yankee qui lui fit subir nombre d’électrochocs, d’injections de substances plus ou moins nocives (insuline), de barbituriques à haute dose, de psychotropes et d’hallucinogènes comme le LSD dans l’espoir de vider son cerveau pour le reprogrammer. Ce monstre ne cherchait pas à soigner ses patients, mais à les recréer, leur causant toutes sortes de souffrances inouies et leur causant des pertes de mémoire irréversibles. Friedman voulut transposer cela en économie. Le résultat en fut catastrophique pour les peuples mais très lucratif pour l’élite !

Ma critique

« La stratégie du choc » est un essai géopolitique et historique de très belle facture. L’auteur démonte pan par pan toutes les tentatives que fit l’oligarchie au fil du temps pour parvenir à ses fins en commençant par l’Allemagne vaincue, mais relativement épargnée pour ne pas donner prise aux communistes, en continuant par le Chili de Pinochet et l’Argentine des colonels où on n’hésita pas à employer les méthodes les plus cruelles, puis la Bolivie, l’Afrique du Sud, la Pologne de Solidarnosc obligé de renier tous ses idéaux, la Russie d’Eltsine avec la main-mise des oligarques sur toutes les richesses du pays, Irak ravagé par la guerre et livré à Black Rock et à Halliburton, Sri Lanka ravagé par le tsunami et tant d’autres pays. Partout le même scénario : profiter d’une catastrophe pour privatiser le plus de domaines possibles, démanteler les services publics, licencier des fonctionnaires, faire disparaître les acquis sociaux et, sous prétexte d’apporter liberté et démocratie, faire plonger les peuples toujours plus loin dans la misère et le désarroi. Et si ceux-ci font mine de ne pas apprécier le traitement, ne jamais hésiter à frapper, enfermer, blesser ou tuer pour obtenir la soumission par la terreur. Ouvrage très éclairant sur la montée d’un phénomène fort inquiétant. Il commence à dater un peu. Et la conclusion de Klein, à la lumière des derniers développements de cette stratégie mortifère (crise sanitaire, climatique, guerre en Ukraine), semblera beaucoup trop optimiste. En effet, l’auteur constate l’échec complet de presque toutes les tentatives, une prise de conscience des peuples et même de très bonnes réactions de certains. Malheureusement, la machine libérale mondialiste ne renonce jamais. Si elle semble marquer le pas, ce n’est que pour mieux affiner ses techniques et relancer toujours plus fort et toujours plus loin son rouleau compresseur écrasant les peuples…

Ma note

4/5

ESSAIS

LA VOIE DU RETOUR A LA NATURE (MASANOBU FUKUOKA)

Le résumé du livre

Masanobu Fukuoka, le célèbre fermier philosophe japonais, nous propose dans cet ouvrage de réunifier Dieu, la nature et l’homme. Encore faut-il bien définir ce qu’est Dieu, ce qu’est la nature et ce qu’est l’homme. Si l’homme ne se sauve pas lui-même en s’efforçant d’arrêter d’abimer la nature, personne ne le fera à sa place… Fort du succès de son livre « La révolution d’un seul brin de paille », il donne des interviews, des conférences et est invité un peu partout. « C’est une chose merveilleuse d’être tout simplement vivant », dit-il dans l’une d’elles. Il visite les Etats-Unis deux fois autant sur la côte est que sur la côte ouest. Pour lui, la Californie est en passe de devenir un désert alors que le Japon qui jouit d’une exposition géographique et d’une roche-mère semblables, profite encore d’un climat tempéré et de quatre véritables saisons et ne redoute pas une élévation exponentielle des températures en raison d’une agriculture plus traditionnelle. Il voit les causes du phénomène dans l’élevage extensif des débuts qui a commencé par appauvrir les sols, puis dans la monoculture avec engrais chimiques et pesticides qui a achevé de les stériliser. Il constate ensuite des faits semblables en Europe où il rencontre un succès d’estime alors qu’il se déplace partout simplement vêtu de l’habit traditionnel du paysan japonais avec socques de bois aux pieds…

Ma critique

« La voie du retour à la nature » est un essai composé de nombreuses parties. On y trouve deux introductions une pour l’édition européenne et une autre pour la japonaise. En plus d’interviews et de compte-rendus de ses visites aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique (où il tentera d’appliquer ses méthodes en Somalie), le lecteur trouvera des chapitres sur certains problèmes spécifiques comme la rouille des pins japonais en raison de la disparition d’un champignon mykhoryse indispensable à la survie de l’arbre, ou une présentation succincte de son procédé qui va bien au-delà du simple bio et même de la fameuse permaculture. Fukuoka ne laboure jamais. Il se contente de semer à la volée du trèfle, puis de l’orge, puis du riz et laisse la nature faire. Il est même persuadé qu’il est possible de venir à bout de la désertification et de la stérilisation des terrains en semant massivement pour que tout finisse peu à peu par reverdir. Cette agriculture naturelle est en fait un retour aux sources, un laisser-faire de la nature et un non-interventionnisme de l’homme. Il est persuadé que les méthodes modernes de culture sont particulièrement nocives et ne mèneront qu’à la catastrophe sous toutes les latitudes. Il n’a qu’un regret : ne pas avoir été suffisamment entendu, ne pas avoir vraiment eu de disciples. Il compare les attitudes des Occidentaux et celles des Japonais trouvant ceux-ci nettement moins coopératifs que ceux-là ! Livre intéressant surtout pour son aspect pratique plus que pour ses aspects philosophiques et ses développements très personnels sur Dieu, la nature et l’homme.

Ma note

4/5

ESSAIS

LE MYTHE DE LA SINGULARITE (JEAN-GABRIEL GANASCIA)

Le résumé du livre

D’après Stephen Hawking, physicien et cosmologiste britannique de renom, les technologies de l’intelligence artificielle pourraient très vite devenir incontrôlables au point de mettre en péril l’avenir de l’humanité entière. D’autres savants réputés comme Max Tegmark et Franck Wilizek du MIT ainsi que Stuart Russell, spécialiste de l’IA à l’université américaine de Berkeley partagent cette inquiétude. L’IA pourrait même « conduire à l’extinction pure et simple de la race humaine. » Déjà aujourd’hui Big Data parvient à gérer des masses incroyables de données. Rien que le poids des Twitts échangés quotidiennement par les utilisateurs de Twitter se compte en téraoctets. Pour Facebook, il s’agit de 500 To par jour, soit l’équivalent en quantité d’informations de dizaines de Bibliothèques Nationales de France ! Et pour le web dans son ensemble, on compte qu’il a stocké environ 7 zettaoctets en 2015 et 7 milliards de téraoctets en 2020, soit la valeur de 1,5 milliards de fois le contenu de la dite BNF ! Jusqu’où cela va-t-il aller ? Un jour, les ordinateurs arriveront-ils à devenir autonomes, pourront-ils se passer de nous et agir jusqu’à dominer le monde à nos dépens ? Ils sont déjà presque partout. Dans l’avenir le seront-ils encore bien plus, jusqu’à s’immiscer sous notre peau et peut-être dans notre cerveau, nous transformant en homme-machine, en cyborg, en semi-robot capable de prouesses spectaculaires, mais sans âme ni conscience ?

Ma critique

« Le mythe de la singularité » est un essai scientifique sous-titré « Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? », qui s’attaque à une question fondamentale, celle de l’avenir de l’humanité après la révolution informatique. L’auteur semble partir sur une recension assez exhaustive de tous les dangers d’un développement exponentiel de ces techniques avant de tenter de démontrer leur innocuité, sans y parvenir d’ailleurs. Et, finalement, de conclure sans conclure ! De sorte que, ayant achevé la lecture de cet ouvrage intéressant par ailleurs, le pauvre lecteur reste sur sa faim. L’étude de l’impact des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), sur les sociétés humaines, celui du déclin irréversible du pouvoir des états qui n’ont plus grand-chose de souverains et surtout l’histoire, le développement et les risques de la généralisation des crypto-monnaies, laissent énormément à désirer. Ces sujets étant beaucoup trop vite survolés. Au total, un livre ambitieux, un peu fourre-tout et qui reste trop souvent à la surface des choses. Donc finalement assez décevant, même si le lecteur y apprend pas mal de choses sur cette fameuse pseudo intelligence qui n’a peut-être pas que de bons côtés !

Ma note

3,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LE MOYEN-ÂGE, UNE IMPOSTURE (JACQUES HEERS)

Le résumé du livre

En Histoire, certaines périodes sont portées aux nues comme l’Antiquité grecque et romaine alors que d’autres sont vouées aux gémonies comme le Moyen-Âge, considéré comme une longue période de ténèbres et d’obscurantisme qui s’achève à la Renaissance. De même, constate-t-on une différence de traitement entre l’avant 1789 et l’après, comme si un certain 14 juillet l’humanité était soudain passée comme par enchantement de l’ombre à la lumière et depuis n’avait cessé de progresser vers un avenir de plus en plus radieux. Il est aussi particulièrement difficile de situer le début de la période communément appelée « Moyen-Âge ». Doit-on le placer dès la chute de l’empire romain d’Occident ou après celle de Byzance ? Tout aussi peu évident est la datation de celui de la Renaissance. Doit-on s’en référer aux débuts de l’époque gothique ou à celle de la fin du gothique flamboyant, à l’époque de Dante, de Giotto ou de Boccace, donc au XIIᵉ, XIIIè, XIVᵉ, XVè siècle ou même après ? Les termes de « Moyen-Âge » et de « Renaissance » ne furent d’ailleurs que très tardivement utilisés par les historiens (vers 1800). Et c’est d’ailleurs en France que l’on parla en premier de Renaissance italienne alors que le terme était toujours inconnu en Italie. On comprend ainsi le côté artificiel de toutes ces notions !

Ma critique

« Le Moyen-Âge, une imposture » est un essai historique de grande qualité, très référencé, très documenté et taillant de jolies croupières aux tenants de l’Histoire des manuels républicains à la Michelet et autres Fernand Nathan qui servirent de références des maîtres d’école jusqu’aux maîtres de conférence pour distiller une Histoire assez éloignée de la réalité et même complètement déformée pour servir une idéologie. Quand la politique se mêle de réviser le passé, on peut s’attendre au pire… Jacques Heers, tout comme Régine Pernoud, autre référence sur le sujet, s’attache dans cet ouvrage remarquable à tordre le cou à un grand nombre d’idées fausses, de contre-vérités et mêmes de forgeries (comme l’histoire de la papesse Jeanne pour ne citer que la plus loufoque). Le lecteur découvrira un grand nombre de choses bien différentes de ce qu’on lui avait enseigné ou de ce qu’il avait entendu, lu ou vu un peu partout. Il est bon que des auteurs courageux remettent les choses du passé à leur juste place. Nous aurait-on menti, raconté des carabistouilles ? Une fois de plus, l’on constatera que si le mensonge prend l’ascenseur, la vérité ne peut prendre que l’escalier. Mais, au bout du compte elle finit quand même par apparaître un jour…

Ma note

4/5

ESSAIS

LE DIABOLIQUE SECRET DES OVNI (JEAN-MICHEL LESAGE)

Le résumé du livre

Depuis des années, Jean-Michel Lesage et ses collègues du cercle d’études Ouranos étudient les phénomènes d’OVNI (Objets volants non identifiés). Ils ont découvert qu’au fil des années, les descriptions de ces engins ont évolué selon les avancées techniques des différentes époques. Ainsi des témoins crurent voir des bateaux volants au début de l’autre siècle, des formes de cigares ou d’obus ensuite pour en arriver aux fameuses « soucoupes » volantes des années 1947/50 et suivantes. De même, les témoignages se révèlent variés, fluctuants, souvent peu réalistes ou peu vraisemblables. Quant aux enlèvements d’humains par des extraterrestres qui s’empressent de les examiner alors qu’ils semblent déjà tout connaître de l’anatomie humaine, ils sont encore moins convaincants. Lesage en arrive à développer une explication psychologique et sociologique très intéressante, mettant en cause les dérives du « New Age », la psychanalyse et toutes les inversions de valeur de la fausse spiritualité moderniste qui revient à du satanisme plus ou moins déguisé.

Ma critique

« Le diabolique secret des OVNIS » est un essai bien documenté sur un phénomène étrange voire paradoxal. Il ne s’agit nullement de science, mais de croyance. Et pour l’auteur « ufologie » rime souvent avec « fumisterie ». Ces histoires plus ou moins loufoques baignent dans l’illusion, l’enfumage, la manipulation mentale et la suggestion. Nombre de « témoins » et autres « enlevés » (comme le tristement célèbre Raël) ne produisent que des témoignages peu fiables pour ne pas dire des forgeries montées de toutes pièces. Certains en arrivent à se muer en gourous de sectes. Tout ce cirque cosmique ferait partie de manœuvres et de manipulations mentales visant à hâter la venue du Nouvel Âge, l’ère du Verseau et surtout le triomphe du nouvel ordre mondial. Le lecteur trouvera en fin d’ouvrage divers addenda et témoignages (tel celui de Gérard Monast), plus un important chapitre sur le projet américain « Blue Beam » qui consisterait à envoyer dans le ciel toutes sortes d’hologrammes adaptés à chaque continent et à chaque religion pour faire croire aux naïfs qu’ils assistent en direct au retour du Christ, de Mahomet ou de Bouddha. Quelle dinguerie !

Ma note

4/5

ROMAN

LE ROMAN DE TRISTAN ET ISEUT (JOSEPH BEDIER)

Le résumé du livre

Orphelin de père et de mère, Tristan, fils du roi Rivalin, est élevé par son maréchal, Rohalt le Foi-tenant. Sa mère lui avait donné ce nom, car elle était triste à mourir d’avoir perdu son cher époux. Puis à l’âge de 7 ans, il fut confié au bon écuyer Gorneval qui lui enseigna tous les « arts qui viennent aux barons », ceux de la guerre, mais aussi le chant, la harpe et la vènerie. Mais un jour, il fut enlevé par des marchands norvégiens qui l’abandonnèrent sur le sable d’une plage suite à une tempête qu’ils crurent créée par lui. Il se retrouve sur les terres du roi Marc lequel doit payer aux Irlandais un très lourd tribut. Il doit leur fournir 100 chevaliers une année et 100 jeunes filles la suivante à moins qu’un volontaire courageux ne provoque en duel leur envoyé, un géant invincible nommé Morholt. Tristan parvient à le tuer non sans peine. Mais c’est l’oncle de la très belle Iseut la blonde que le roi Marc veut demander en mariage. Tristan réussit à la convaincre de prendre le bateau avec lui pour l’emmener se marier à la cour de Tintagel. Mais un peu par mégarde, alors qu’il fait très chaud, tous deux se désaltèrent en buvant un étrange philtre d’amour concocté par sa mère et destiné aux deux futurs époux…

Ma critique

« Le roman de Tristan et Iseut » est une extraordinaire histoire d’amour impossible comportant 19 chapitres rassemblés au début de l’autre siècle par Joseph Bédier à partir de textes anciens datant de plusieurs époques. Il a principalement pris pour sources Eilhat d’Oberg, Béroul, Thomas d’Angleterre et quelques anonymes, ce qui lui a permis de reconstituer cette affaire assez compliquée, pleine d’amour courtois, de sorcellerie, de combats chevaleresques et de luttes contre toutes sortes de monstres et de dragons. L’ensemble est passionnant bien qu’un peu hétéroclite, chaque auteur ayant mis l’accent plus sur le fantastique, sur les combats et le côté « chevalier sans peur ni reproche » ou sur les amours contrariés. Une liaison légendaire pleine de rebondissement finissant dans la peine, la souffrance et le désespoir comme tout amour impossible. Avec Roméo et Juliette et Héloïse et Abélard, Tristan et Iseut sont certainement les amants légendaires les plus connus et les plus attachants de la littérature ancienne. Leur histoire, malgré une prose un peu « médiévale », reste fort agréable à lire quand même, car totalement intemporelle.

Ma note

4/5

ESSAIS

11 SEPTEMBRE, L’ULTIME VÉRITÉ (LAURA KNIGHT-JADCZYK & JOE QUINN)

Le résumé du livre

Personne n’oubliera jamais ces images d’avions de ligne percutant les buildings du World Trade Center. Ces attentats terroristes qui causèrent la mort de 2750 personnes le 11 septembre 2001 furent immédiatement attribués à une poignée de terroristes aux ordres du célèbre Oussama Ben Laden qui aurait tout commandé depuis une caverne cachée dans les montagnes d’Afghanistan. Mais très vite, le narratif officiel montra ses limites et ses incohérences. Transpondeur coupé, le vol 77 est ainsi resté 45 minutes en dehors des radars de l’aviation civile, mais non de ceux des militaires. Quand enfin la décision d’interception fut prise, les chasseurs partirent pour rien de la base de Langley et non de celle d’Andrews beaucoup plus proche… Le vol 93 qui était censé s’être écrasé au sol n’a laissé qu’un petit cratère de 3X4m, sans débris d’avion ni restes de corps humains. En revanche, on en retrouva jusqu’à 13 kilomètres de l’endroit, preuve qu’il fut abattu en vol… Les batteries anti-missiles dont étaient doté le Pentagone n’ont pas réagi, car elles ont interprété l’objet en approche comme « ami ». De plus, le trou d’impact ne correspondait pas à la taille d’un Boeing… En ce qui concerne l’effondrement des tours jumelles, il faut atteindre 1500° pour arriver à faire fondre les poutres centrales en acier qui forment l’armature du building. Le carburant et les fournitures de bureau qui brûlèrent de 10 à 15 minutes ne permirent d’atteindre que 500 à 800°. Il fallut donc y ajouter des explosifs de type super-thermites (pouvant générer jusqu’à 2500°) dans les sous-sols et à plusieurs niveaux pour obtenir une destruction contrôlée… Etc.

Ma critique

Cet ouvrage que l’on peut classer dans les enquêtes d’investigation ne dissèque vraiment les évènements de cette journée tragique que sur le premier tiers de l’ouvrage. Toutes les incohérences du discours officiel perpétuellement relayé par les médias dominants sont révélées une à une. Rien ne tient dans ce qu’on nous a raconté. De l’attaque du Pentagone sans débris d’avion, aux improbables appels par portable des otages, sans oublier la troisième tour qui ne fut même pas percutée et qui s’effondra exactement de la même manière que les deux autres, tout ne fut que fables et faux-semblants. Reste la question de savoir à qui le crime a vraiment profité. D’après les deux auteurs, au complexe militaro-industrie américain, à Georges Bush et à l’état d’Israël. Ce drame servit de prétexte aux guerres dites « contre le terrorisme » en Irak, Afghanistan et Syrie. Il permit aussi de mesurer l’état de soumission de l’opinion publique et de mettre en place le « Patriot Act » avec toutes les mesures liberticides qui suivirent. La faiblesse de cet ouvrage par ailleurs très bien documenté reste dans les deux derniers tiers consacrés à une étude du monothéisme comme racine de la violence universelle, aux secrets de la tombe de Toutankhamon qui remettraient en question certaines vérités sur les origines historiques du peuple juif. Abraham et Moïse ne seraient peut-être qu’une seule et même personne. Puis l’auteur continue à s’égarer dans les millénarismes, les fondamentalismes et la ponérologie (théologie du mal). Le lecteur a eu un peu de peine à faire la connexion entre tous ces éléments supplémentaires parfois superfétatoires !

Ma note

3/5

ESSAIS

LE TAOISME (JULIUS EVOLA)

Le résumé du livre

Lao-Tseu (570-490 av JC) et Confucius (552-479 av JC) furent contemporains, le premier étant plus métaphysique et plus initiatique que le second lequel était plus moral et plus politique que le premier. Alors que Confucius privilégiait l’orientation rationnelle, Lao-Tseu se plaisait plus dans le paradoxe, l’énigmatique et le déconcertant, d’où la difficulté d’une compréhension profonde et absolue du véritable taoïsme. Si Confucius fut un personnage historique défini et attesté, il n’en fut pas de même pour Lao-Tseu (dont le nom signifie « le vieil enfant ») qui aurait peut-être été un « historiographe » ou un archiviste de la cour impériale qui aurait tout quitté pour passer la fin de sa vie dans la solitude, avant de partir vers l’Occident (le Tibet) après avoir fixé sa doctrine et ses préceptes dans un livre appelé « Tao Te King » (« Le livre de la voie et de la vertu », Evola préfère traduire « Le livre du Principe »). On se demande même si le nom générique « Lao-Tseu » ne recouvre pas plusieurs auteurs de plusieurs époques… Au fil des siècles, taoïsme et confucianisme se mêlèrent, s’imbriquèrent jusqu’à perdre leur singularité et jusqu’à évoluer vers une forme de dogmatisme religieux très éloigné de l’esprit originel.

Ma critique

« Le taoïsme » est un court essai d’une soixantaine de pages fort intéressant que l’on peut recommander pour une première approche de la question. La partie historique et légendaire est remarquable. La définition classique que l’on trouve un peu partout parle d’une mystique quiétiste, reprise par le bouddhisme chán (ancêtre du zen japonais), d’une éthique libertaire qui inspira notamment la littérature, d’un sens des équilibres yin yang poursuivi par la médecine chinoise, du Yi-king et même d’un naturalisme visible dans la calligraphie et l’art. L’auteur précise tous ces points un à un, mettant l’accent sur le volet ésotérique, paradoxal et traditionnel de cette « sagesse » qui n’est ni vraiment philosophie, ni morale, ni mystique, ni religion, mais un peu tout à la fois. Ouvrage qui pourra servir d’introduction pour des recherches plus approfondies sur le sujet.

Ma note

4/5

PHILOSOPHIQUERELIGIEUX

CITADELLE (ANTOINE DE SAINT-EXUPERY)

Le résumé du livre

Au soir de sa vie, un roi berbère veut enseigner certains préceptes à son fils qui doit bientôt lui succéder sur le trône. Le roi semble avoir fondé un empire dont la cohésion repose sur la force de son armée, la vigilance des hommes de guet placés sur les remparts et la solidité des murs de sa citadelle. La plupart du temps il en réfère à son propre père et en appelle au divin. Souvent sortent de sa bouche des paroles de sagesse souvent teintées de pessimisme réaliste du genre : « N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité. » Ou bien : « Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. » Ou enfin : « Mauvais quand le cœur l’emporte sur l’âme, quand le sentiment l’emporte sur l’esprit. »

Ma critique

« Citadelle » est un ouvrage difficile à classer. Ce n’est ni un roman, ni un essai, ni une fable, ni un conte, mais plutôt une accumulation de préceptes philosophiques, moraux, politiques ou spirituels, écrits un peu au fil de la plume, jetés comme des notes en vue de quelque chose de plus travaillé. En effet, c’est une œuvre inachevée que l’auteur ne comptait pas du tout publier telle quelle. Il souhaitait rendre son texte plus concis et plus clair en se concentrant sur quelques thèmes majeurs. Le livre reste donc un pavé assez indigeste de 508 pages qui tourne à la méditation informelle sur la condition humaine et sur la manière de diriger les hommes. Les thèmes de la montagne, de l’arbre, du navire, du désert, de la forteresse, de la sentinelle, de la cathédrale, du silence, de la prière et de Dieu reviennent en boucle comme s’ils tournaient à l’obsession et comme si l’auteur voulait les reprendre pour les peaufiner de plus en plus. Le lecteur se retrouve face à une suite de métaphores, de paraboles et d’allégories plus ou moins évidentes, parfois un brin sibyllines, révélant une spiritualité omniprésente très marquée de christianisme syncrétique et souvent teintée de relativisme. On peut s’étonner aussi du statut particulier du locuteur : est-ce vraiment un roi, un empereur, voire Saint-Exupéry lui-même ? C’est selon. Parfois il semble parler comme Dieu lui-même et parfois être un humble pêcheur qui en appelle à Lui. On aura donc un certain mérite à lire cet ouvrage in extenso. Un index de fin d’ouvrage peut permettre de procéder en diagonale, de piocher selon sa fantaisie, ce qui est peut-être une moins inconfortable manière de l’aborder.

Ma note

3/5

NOUVELLES

PLUS DURE SERA LA CHUTE (PIERRE LADOUE)

Le résumé du livre

Bastien, 12ans, se comporte comme un cancre rétif à tout enseignement. Un jour d’averse assez violente, son professeur principal, Monsieur Martineau lui propose de le raccompagner chez lui en voiture. Un peu étonné, le jeune accepte, bien content d’éviter d’être trempé. L’ennui, c’est que le professeur ne prend pas du tout la bonne direction et qu’il l’emmène sur une route de campagne, car il veut lui montrer « un truc »… Inès, 17 ans a disparu un soir du domicile familial. Elle est partie faire un tour à bicyclette après le dîner et n’est jamais revenue. Les parents ont signalé sa disparition à la gendarmerie. Et c’est un jeune gendarme, en binôme avec un vieux briscard surnommé le moustachu, qui doit mener à bien une enquête qui s’annonce difficile. Et même inquiétante quand il découvre dans le journal intime de la disparue qu’elle est prête à se prostituer pour pouvoir s’offrir les implants mammaires dont elle rêve…

Ma critique
« Plus dure sera la chute » est un petit recueil (56 pages) composé de deux nouvelles que l’auteur présente comme « histoires brèves ». Elles mettent en scène deux jeunes bien de leur époque, ce qui permet à l’auteur de distiller quelques réflexions aigre-douces pour ne pas dire acerbes voire ironiques sur certaines dérives de notre société. La quatrième de couverture parle « style inimitable ». En fait, son originalité consiste à s’affranchir de toute ponctuation et à se priver de tout emploi de majuscules, artifices qui ne facilitent en aucun cas la lecture du texte. Le lecteur a même l’impression de lire la retranscription directe et sans aucun travail stylistique d’un témoignage enregistré au magnétophone. Si on y ajoute un certain nombre d’étrangetés orthographiques comme « ine fine » en lieu et place d’ « in fine » ou comme l’amusant « une série tévée », une accumulation aussi redondante qu’agaçante de conjonctions de coordination, « et or » revenant à plusieurs reprises sans parler de lourdeurs comme « dans l’internet » ou « et donc voilà et aussi », on obtient ce fameux « style à ne pas imiter » qui semble au pire du brut de décoffrage, au mieux un parti pris d’originalité discutable. Il n’en demeure pas moins que les histoires sont intéressantes, bien menées et surtout que les chutes sont surprenantes et donc parfaitement réussies, ce qui est essentiel dans ce genre littéraire particulier.

Ma note

3,5/5

ROMAN

LE BARON VAMPIRE (GUY DE CHARNACE)

Le résumé du livre

Tenancier d’une modeste taverne dans la Bohème du XIXe siècle, Pan Schmoul a réuni autour de la table familiale son épouse et la moitié de ses douze enfants. Il a également convié son ami le colporteur Mendel. Tout irait bien dans la petite famille si le seigneur des lieux n’avait pas interdit à leur fils Rebb âgé de 14 ans et demi de continuer à jouer avec sa fille dans le parc de son château. Ne supportant pas cette humiliation, le jeune amoureux décide de partir à l’aventure pour découvrir le monde au grand désespoir de ses parents. En chemin, il finit par retrouver le brave colporteur Mendel qui accepte de le prendre comme associé de son petit commerce. Quelque mois plus tard, il décède laissant à Rebb toute sa clientèle et même un petit pactole. Un peu plus tard, le jeune homme qui a bien réussi dans le colportage, se fait embaucher par Monsieur Cohn, important homme d’affaires de Vienne qui l’initie aux arcanes de la finance qui n’est après tout que l’art de plumer moins malin que soi. Petit à petit, Rebb grimpe tous les échelons de la société jusqu’à devenir à Paris le baron de Rakonitz, titre fantaisiste s’il en est, en n’oubliant jamais de mijoter une terrible vengeance pour effacer l’affront subi dans sa jeunesse…

Ma critique

« Le baron vampire » est un court roman social sur le thème de l’ambition, de la ségrégation de classe et de la rancœur de petites gens contre les nobles et les puissants de l’époque. Il y a du Rastignac et du Monte-Cristo dans le personnage de Reb Schmoul, arriviste pas spécialement sympathique tant il ne songe qu’à accroitre sa fortune pour mieux assouvir sa vengeance. Mais n’est pas Balzac ou Dumas qui veut. Le style de Charnacé laisse un peu beaucoup à désirer. Il manque d’originalité et de peps. Heureusement que le texte est court. L’éditeur y a ajouté un autre intitulé « Heurt et malheur », cette fois mettant en scène un autre arriviste, breton, celui-là, qui répand lui aussi le malheur autour de lui, mais par l’intermédiaire de son épouse, fille d’un homme d’affaires ruiné par de mauvais placements. On reste dans les histoires d’amours contrariés, de différences de niveaux sociaux, de nobliaux dans la panade et de problème de mariages sans dot. Tout ça reste très daté et a fort mal vieilli. On peut s’en dispenser sans problème.

Ma note

2,5/5

PHILOSOPHIQUEVIE PRATIQUE

CE QUE TU AS BESOIN D’ENTENDRE AUJOURD’HUI (MARIANNE VIALLET)

Avec ce charmant petit ouvrage, on nage dans le bien-être, le « feel good » et la zénitude . Cette série de 141 conseils et recommandations bien marquées au coin du bon sens, de la psychologie et de la philosophie un brin teintée de bouddhisme devraient nous être bien utiles tant ils sont tous très judicieux pour cheminer sur la voie pas forcément évidente du bonheur qui est peut-être ailleurs que « dans le pré ».

À conseiller à celles et ceux qui sont en recherche d’un mieux-vivre et d’un mieux-être, autant dire à tout le monde !

Ma note

4,5/5

 

VIE PRATIQUE

EN ROUTE VERS L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE (ROBERT ELGER)

Le résumé du livre

Etre autonome, c’est arriver à se suffire à soi-même. Etre autosuffisant dans le domaine alimentaire, c’est produire tout ou partie de nos besoins en nourriture. Pour y parvenir, il faut disposer d’un peu de terrain (l’auteur propose 6 à 8 ares soit 600 à 800 m2). On y installera un verger, un potager (même modeste), une petite basse-cour, quelques ruches et pourquoi pas quelques cages à lapins. Si l’on veut devenir encore plus autosuffisant et donc récolter en plus ses céréales et ses protéagineux, il faudrait disposer d’un terrain nettement plus étendu (12 à 25 ares au minimum). Mais il est possible de fournir une famille en légumes presque toute l’année avec seulement 2 ou 3 ares. Cette quête demandera cependant quelques capacités dans de nombreux domaines : botanique, météorologie, agronomie, maraichage, arboriculture, aviculture et apiculture. Sans oublier l’outillage indispensable…

Ma critique

« En route vers l’autosuffisance alimentaire » est un guide de référence pour le jardinier et l’éleveur amateur. En plus de nombreuses photos et tableaux de toutes sortes, il y trouvera de nombreux conseils judicieux sur la conduite du jardin potager, un peu moins sur celui du verger (la taille des arbres fruitiers juste abordée, seule la greffe en écusson est proposée), beaucoup sur l’élevage des poules et à peine quelques lignes sur celui des lapins. Le paragraphe consacré à l’apiculture semble un peu léger également. Quant à la permaculture, en dehors du fait que c’est la méthode qui respecte le plus le processus naturel et demande le moins de travail au jardinier, elle n’est envisagée que sur le thème des cinq zones du terrain. Le lecteur restera donc sur sa faim sur certains sujets. Qui trop embrasse, mal étreint, dit-on. Cet ouvrage de vulgarisation bien conçu et fort intéressant permettra surtout d’avoir une première vision d’ensemble du sujet. Libre à chacun de creuser ensuite. Alors, à nos binettes et à nos fourches-bêches et au boulot !

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LES CHAINES DE L’AVENIR (PHILIP K. DICK)

Le résumé du livre

Irma, Louis, Franck et quatre autres humains doivent vivre reclus dans une bulle boueuse et spongieuse appelée « Le Refuge ». Ils sont considérés comme des mutants supérieurs. Personne ne les oblige à rester là. Mais ils savent que s’ils quittent l’endroit, il leur sera impossible de survivre à l’extérieur car leurs organismes sont trop faibles pour résister aux conditions de vie réelles. Un certain Floyd Jones qui prétend être en train de revivre une année d’une vie qu’il a déjà vécue fait des prédictions devant quelques badauds dans une foire. Il annonce à Cussick, agent des services secrets de la Polsec, la montée au pouvoir du chef du parti nationaliste. Floyd ayant de nombreux disciples et représentant un danger pour le pouvoir est vite jeté en prison. Pourtant, un grave danger menace la Terre, une invasion de « Dériveurs », sortes de protozoaires venus de quelque part dans l’espace, ressemblant à des poulpes ou à des méduses, mous, lents et sans véritable conscience ni consistance, mais terriblement dangereux quand même car capables de limiter les voyages spatiaux.

Ma critique

« Les chaines de l’avenir » est un roman de science-fiction du grand Philip K. Dick, publié en version française en 1976, mais écrit en 1954 et paru aux Etats-Unis en 1956. Le lecteur découvrira une œuvre de jeunesse avec toutes ses faiblesses mais aussi quelque chose de très daté et qui semble mal supporter l’épreuve du temps. À cette époque, le monde venait juste de découvrir avec les bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki, la possibilité pour l’homme de complètement détruire son environnement. Ce fut un épisode charnière pour la science-fiction à l’origine optimiste et faisant une confiance aveugle dans la science et le progrès qui découvrait soudain l’éventualité d’un futur beaucoup moins réjouissant et abandonnait toute naïveté. Dans cet ouvrage, Dick ne se montre visionnaire que pour avoir pressenti la nécessité du transhumanisme. Les humains même entrainés ne pouvant s’adapter aux conditions de vie d’une autre planète, il imagine qu’on pourra améliorer leurs capacités physiques en créant des êtres adaptés dès la conception comme ce bébé au génome trafiqué doté de mains et de pattes palmées ainsi que de narines pouvant se fermer à volonté. En dehors de ça, rien de bien original, juste une intrigue sans grande consistance, des situations assez mal développées et des personnages assez peu intéressants. Pas du tout le meilleur de Dick. Lu juste par curiosité pour la genèse d’une œuvre littéraire foisonnante et hors du commun.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

FEU ET SANG (ERNST JÜNGER)

Le résumé du livre

Quelque part sur le front, dans le triangle Aras-Cambrai-Bapaume, le jeune Jünger s’éloigne un peu de la ligne de tir pour aller marcher dans une allée forestière, histoire de retrouver un peu de sérénité dans la nature, loin du fracas et de l’horreur des combats. Il constate mélancoliquement, qu’il ne se trouve plus dans l’enthousiasme et la fureur des débuts. Non, cette guerre de 14 n’est pas fraîche et joyeuse, se dit-il en évoquant la clairière recouverte de cadavres, découverte un peu plus tôt. En ce printemps radieux, il prend conscience de l’importance du « matériel », du pilonnage, de la préparation d’artillerie qui fait de terrible dégâts pour que l’infanterie puisse avancer de quelques mètres. Et à quel prix ! Seul un tout petit nombre de ses compagnons des premiers jours reste encore à ses côtés. Et voilà que se profile pour très bientôt l’assaut final, celui qui devrait être décisif et enfin mettre un terme à cette guerre cruelle…

Ma critique

« Feu et sang » est un court roman autobiographique sous forme de novella. C’est un témoignage précis, circonstancié, presque décrit minute par minute de quelques jours dans les tranchées côté allemand. L’assaut des lignes anglaises d’une barbarie absolue avec le mur de fer et de feu de l’artillerie est absolument dantesque. Les soldats tombent comme des mouches, se battent comme des lions souvent à la mitrailleuse lourde et finissent au corps à corps, à la baïonnette. L’auteur finit par être touché par une balle perdue alors que son groupe s’est victorieusement emparé d’un bout de tranchée. Il le sera quatorze fois au total ce qui lui vaudra la médaille de l’ordre « Pour le Mérite », la plus haute décoration militaire allemande. Cet ouvrage s’achève avec un second texte « La déclaration de guerre de 1914 », écrit 20 années plus tard dans lequel, jeune futur bachelier, Jünger raconte comme il a appris en vacances l’ordre de mobilisation générale et comment il s’est engagé volontairement. Il dut attendre trois jours pour pouvoir le faire tant les candidats étaient nombreux ! Un texte magnifique qui ne peut que faire réfléchir sur les réalités d’une guerre qu’on croyait la « der des der » à une époque où paradoxalement, Ukrainiens et Russes en reviennent quasiment aux mêmes « hachoirs à viande » que furent les guerres de tranchées, les drones et la technologie en plus !

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

SARNIA (GERALD B. EDWARDS)

Le résumé du livre

Ebenezer Le Page a passé toute son existence sur l’île anglo-normande de Guernesey. Il ne s’est jamais marié et n’a eu aucun enfant, à sa connaissance. Un peu trop âgé et faisant déjà partie de la milice de l’île, il n’est pas parti faire la guerre de 14-18 en France alors que nombre de ses camarades n’en sont pas revenus comme Jim, son meilleur ami et presque son frère. Arrivé au soir de sa vie, il entreprend de raconter ce que furent environ 80 années d’une toute petite communauté vivant sur elle-même dans une tranquillité relative. Tout le monde y est plus ou moins cousin ou cousine de près ou de loin. Ebenezer évoque entre autres la vie de ses parents, de ses deux tantes Hetty et Prissy, de leurs époux et de sa sœur Tabitha avec laquelle il vivra assez longtemps, une fois ses parents décédés. En 39-45, l’île subira une occupation allemande assez rude. Puis, après la libération, l’île évoluera assez rapidement à cause du tourisme. Les gens partiront un peu partout. D’autres arriveront. Ebenezer, lui, ne quittera jamais sa petite maison, sa serre et son carré de tomates. Il n’ira jamais plus loin que la ville pour toucher sa pension, faire quelques courses, boire une bière au pub et pêcher en mer sur son petit bateau. Toute une vie de calme un peu égoïste avant l’arrivée de la télé qu’il exècre et de toutes les nouveautés technologiques ou sociétales qui firent de son petit univers un monde disparu.

Ma critique

« Sarnia » n’est ni un journal, ni un roman, ni un témoignage, mais un peu des trois. N’en déplaise à Maurice Nadeau qui avance dans son introduction qu’Ebenezer n’est en aucun cas G.B.Edwards, la sincérité, l’authenticité et la naïveté avec lesquelles toute cette saga ilienne est racontée laisse à penser qu’il y a au moins 90%, si ce n’est plus, d’Ewards chez Ebenezer. Il faut être de Guernesay, avoir vécu toute cette période, avoir connu tous les gens qui sont décrits pour pouvoir produire cet ouvrage un peu bizarre, mais tellement touchant. Il ne fut pas publié du vivant de l’auteur car refusé par tous les éditeurs de l’époque. Le temps a rendu justice à Edwards/Ebenezer qui savait si bien décrire ses contemporains. Il faut lire ce livre un peu long, mais jamais lassant ne serait-ce que pour les pages décrivant son amitié avec Jim, ses amours contrariés avec Liza (les deux s’aimaient sincèrement, mais n’arrivaient jamais à être en phase) et sa recherche éperdue d’un héritier à qui léguer sa maison, sa serre et le petit pécule en souverains d’or économisés sou à sou qu’il cachait dans coffre enterré dans son jardin. Les anciens pourront y retrouver la vie d’avant et les jeunes la découvrir.

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

GLACE (BERNARD MINIER)

Le résumé du livre

Au sortir du téléphérique privé les amenant à leur centrale hydroélectrique juchée à plus de 2000 mètres d’altitude dans les Pyrénées, quelques ouvriers découvrent horrifiés le cadavre d’un cheval décapité et dépecé accroché à un portique… Diane Berg, jeune psychologue suisse, vient prendre son premier poste à l’Institut Wargnier, centre psychiatrique de très haute sécurité, spécialisé dans la détention de tous les pires sociopathes et psychopathes d’Europe, dont la direction est assurée par un certain docteur Xavier, psychiatre venu de Montréal, qui l’accueille tout à fait froidement… Le pur-sang sacrifié était la propriété d’Eric Lombard, PDG fort influent d’une multinationale, lequel exige qu’une enquête approfondie soit immédiatement diligentée. Et l’affaire se complique lorsqu’un randonneur découvre un homme complètement nu pendu par les bras et par le cou sous la voûte d’un pont tout proche… Si on y ajoute une vieille affaire de suicide collectif inexplicable d’ados âgés de 15 à 18 ans, on se retrouve devant une enquête bien délicate que devront conjointement mener Martin Servaz, flic divorcé, trouillard et hypocondriaque, et Irène Ziegler, capitaine de gendarmerie, dynamique, casse-cou et lesbienne…

Ma critique

« Glacé » est un thriller à la française s’étirant sur plus de 730 pages qui se lisent assez rapidement, mais pas non plus à une vitesse folle. On n’est pas vraiment dans le page-turner yankee. Le suspens n’est pas très haletant. L’histoire, écrite d’une manière plus punchy et plus « close to the bone » aurait pu aisément tenir sur 300 pages ! L’intrigue démarre sur des chapeaux de roues aussi improbables qu’invraisemblables. Imagine-t-on un milliardaire sacrifier son yearling préféré, un animal lui ayant coûté une fortune, juste pour éloigner les soupçons de la police ? Après une enquête un peu poussive suivie de la découverte capillotractée d’une première coupable fort peu crédible, le lecteur en arrive à une fin logique mais nullement surprenante. Cet ouvrage reste dans le style polar de divertissement comme nos bons éditeurs français nous en produisent à la pelle. Seule originalité de son auteur : sa propension à nous gratifier d’un nombre impressionnant de proverbes en latin !

Ma note

3/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME (GÜNTHER ANDERS)

Le résumé du livre

Sommes-nous de taille à nous mesurer à la perfection de nos produits ? Ce que nous fabriquons ne dépasse-t-il pas notre responsabilité et notre capacité de représentation ? Ne croyons-nous que ce qu’on nous autorise à croire ? Ne vivons-nous pas dans un narratif permanent, une réalité truquée, tronquée, pré-digérée, fantomatique ? Quel est le rôle des mass-médias dans la crétinisation et la passivité généralisée ? La télévision, en particulier, ne rend-elle pas l’homme passif et ne lui apprend-elle pas à confondre systématiquement l’être et l’apparence ? N’empêche-t-elle pas toute réflexion en privilégiant toujours l’émotion au détriment de la réflexion ? En un mot n’est-elle qu’un outil de propagande au service du pouvoir et des puissants ? Pour Anders, l’homme post-nucléaire est plus petit que l’homme lui-même. Il ressent de la honte vis-à-vis de la machine qui dispose de plus de mémoire, calcule plus vite et beaucoup mieux que lui. Paradoxalement, devenu omnipotent puisque capable, grâce à l’arsenal nucléaire, de faire disparaître sa planète, l’homme est devenu passif, indifférent, nihiliste et même « annihiliste » (néologisme de l’auteur). Il ne réagit plus, se contente d’obéir aux ordres sans réfléchir, devenant ainsi lui-même partie de la machine et donc à la racine du problème…

Ma critique

« L’obsolescence de l’homme » est un essai philosophique et moral, sous-titré « Sur l’âme à l’époque de la 2ᵉ révolution industrielle ». Il est suivi de deux autres textes : « Etre sans temps », une analyse très fouillée de la pièce de théâtre bien connue « En attendant Godot » et « Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’Apocalypse », étude des conséquences psychologiques, philosophiques et morales sur l’humain et sur la société en général de l’arrivée de cette arme de destruction absolue. Cet ouvrage publié en 1956 ne fut traduit en français qu’en 2002. Il n’en demeure pas moins d’une actualité encore plus frappante aujourd’hui. Même si sa lecture peut être parfois un peu laborieuse tant l’auteur a cherché à atteindre une précision presque scientifique de sa pensée et de ses concepts, le lecteur ne pourra qu’admirer la lucidité, l’intelligence et la perspicacité dont l’auteur a pu faire preuve. Plus qu’un visionnaire, Anders fut un analyste rigoureux, plein de fulgurances paradoxales, un des premiers à dénoncer les dérives du modernisme et en particulier la réification de l’homme ainsi que son aveuglement devant l’apocalypse. Il faut faire l’effort de lire Anders pour mieux comprendre notre étrange époque.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

LA FACE CACHÉE DU 11 SEPTEMBRE (ERIC LAURENT)

Le résumé du livre

Pour commencer son enquête, Eric Laurent se lance sur les traces d’Oussama Ben Laden dans les montagnes de Tora-Bora. Il aimerait bien y découvrir la fameuse base souterraine secrète d’Al Qaeda, hyper-équipée, avec des kilomètres de galeries, des salles de contrôle, de vastes entrepôts d’armes et de munitions et des entrées assez larges pour laisser passer des chars d’assaut. Mais les talibans ne lui montrent que quelques petites caches ou grottes où une poignée d’hommes peut trouver place en se serrant bien les uns contre les autres. Quant au « palais » de Ben Laden ce n’est qu’une pauvre maisonnette en pisé qui n’a même plus de toit ! Pas d’électricité. Pas de route. Aucun moyen de communication moderne. Comment une opération aussi sophistiquée que celle des attentats du 11 septembre aurait-elle pu être organisée depuis ces montagnes perdues ? Un premier doute s’empare du journaliste. Puis, quand il remonte une autre filière, celle de l’argent et des capitaux, il découvre un incroyable délit d’initiés couvert par la SEC, le gendarme de la bourse américaine. Quelques jours avant l’attentat et jusqu’aux dernières heures, des spéculateurs avaient pris des milliers de « putt open » (actions jouées à la baisse) sur « United Airlines » et « American Airlines » et empoché des millions de dollars. Comment avaient-ils été informés ? Pourquoi la SEC n’a pas réagi ? Et les doutes continuent de s’accumuler avec les listes des pirates de l’air données par le FBI et même celles des passagers des avions, toutes fausses. Les kamikazes auraient été entrainés sur des bases de l’armée de l’air américaine, ce que celle-ci rejette parlant, d’identités dérobées. En mai 2001, le MI6 britannique et les services secrets allemands avaient prévenu la CIA que des détournements d’avions étaient en préparation. Aucune réaction. Et quelques mois avant les faits, les Américains avaient organisés des exercices de simulation avec détournement d’avions et attaque du Pentagone et des tours du WTC. Bizarre, vous avez dit « bizarre » ?

Ma critique

« La face cachée du 11 septembre » est le résultat décevant de l’enquête d’un journaliste d’investigation qui est allé frapper à toutes les portes possibles des Etats-Unis à l’Arabie Saoudite en passant par l’Afghanistan, le Pakistan et le Qatar pour essayer de faire la lumière sur un drame qui coûta la vie à plus de 3000 personnes et détermina toute une suite d’évènements aux conséquences terribles (guerres, lois liberticides, reculs démocratiques, etc.) Il a interrogé des chefs d’État, des responsables de toutes sortes et nombre d’honorables correspondants de services secrets et n’a jamais obtenu de réponses satisfaisantes à toutes ses questions. Le NORAD était ce jour-là en alerte maximum en raison d’un exercice. Les avions de chasse pouvaient aisément intercepter et abattre les avions détournés. Aucune réaction non plus. Pourquoi l’ordre n’a-t-il pas été donné ? Idem pour le rôle particulièrement trouble de l’ISI pakistanais, des services secrets américains, CIA et autres. Le lecteur ressort de ce livre passionnant avec encore plus de doutes sur la version officielle qu’il n’en avait avant. Rien ne tient la route dans le narratif que les médias nous ont servi. Et encore l’auteur a-t-il laissé de côté tous les aspects techniques abracadabrantesques de cette sombre affaire ! Il termine d’ailleurs son enquête sur un aveu d’impuissance total, comparant ce drame à l’assassinat du président Kennedy : « L’assassinat du président américain en 1963 demeure un mystère entouré de mensonges ; le 11 septembre, lui, reste un ensemble de mensonges, entouré de mystères. » Saura-t-on un jour la vérité ? On peut raisonnablement avoir des doutes…

Ma note

4/5

HISTORIQUE

HISTOIRE DES GUERRES DE VENDEE (EMILE GABORY)

Le résumé du livre

Le 12 juillet 1790, l’Assemblée constituante, se montrant plus antireligieuse qu’anti-monarchique, vote la « Constitution civile du clergé ». Evêques et prêtres seront élus par le peuple et devront prêter serment de fidélité à la République. Le clergé se retrouve aussitôt partagé entre « jureurs » et « réfractaires ». Bien qu’au départ très favorable à la Révolution, le petit peuple vendéen rejette « les jureurs » et à l’automne 1790, les premiers troubles éclatent dans le bocage vendéen. Des pétitions pleuvent, réclamant le retour de la liberté de culte. En vain. En août 1791, un décret permet de fondre les cloches des églises pour en faire des pièces de monnaie. Bientôt les paysans refusent de payer l’octroi, déplorant que la révolution qui avait promis de réduire les impôts n’ait fait que les augmenter. Les processions et les pèlerinages sont interdits. Des chapelles sont détruites. Et le 27 mai 1792, le pouvoir décrète la déportation de tous les prêtres réfractaires qui sont embarqués en Espagne ou en Angleterre. Les premières tentatives de révolte sont des échecs noyés dans le sang (500 morts à Bressuire). Et finalement, c’est la conscription et la levée en masse de 300 000 hommes qui mettra vraiment le feu aux poudres. Les Vendéens s’arment de fourches et de faux retournées et vont chercher dans leurs châteaux les quelques nobles un peu versés dans l’art militaire pour les mettre à leur tête. Ainsi Charette de la Contrie parvient-il à s’emparer pour un temps de Pornic. Puis ce sont d’Elbée, Bonchamps, les Sapinaud, La Rochejaquelein et tant d’autres qui se retrouvent contraints de suivre le mouvement. Ainsi débutèrent les guerres de Vendée qui s’achevèrent par le fer et par le feu sous les coups des terribles colonnes infernales de Turreau qui avait l’ordre écrit de la Convention de ravager le pays, de détruire les récoltes et les habitations et de trucider ceux qu’ils appelaient des « bandits », mais aussi les vieillards, les femmes, pour qu’elles ne produisent plus de rebelles, et les enfants, pour qu’ils n’aient jamais l’idée de venger leurs parents…

Ma critique

« Histoire des guerres de Vendée » est un essai historique d’une très grande qualité, précis, parfaitement documenté, antérieur aux travaux de Reynald Secher, l’historien contemporain qui fit le plus pour ramener à la surface l’histoire d’un génocide longtemps mis sous le boisseau. En effet, le « populicide » programmé, organisé, planifié par le comité de salut public et la Convention, fut doublé d’un « mémoricide ». Mais la vérité, même bien cachée au fond de son puits, finit un jour ou l’autre par revenir à la surface. Dans cet ouvrage qui est le condensé d’une œuvre monumentale de sept tomes, Emile Gabory ne fait qu’énumérer des faits tous indiscutables. Tout comme les Etats-Unis se sont construits sur le sang des Indiens, la République Française s’est établie sur celui des peuples de l’ouest qui avaient osé revendiquer la liberté de culte et donc s’opposer aux révolutionnaires. Il ne cache pas les nombreuses erreurs stratégiques que firent les Vendéens manquant de vigilance, d’organisation et de coordination. Il montre également le peu d’efficacité de l’aide des émigrés et du soutien de l’Angleterre (catastrophes de Quiberon et de l’île d’Yeu), la veulerie des princes, sans oublier le fatal franchissement de la Loire dans l’espoir fallacieux de faire alliance avec les Chouans de Bretagne et de Normandie et d’atteindre un port pour pouvoir continuer la lutte. Une « Virée de Galerne » qui sera aussi sanglante que fatale. Gabory termine cette tragédie avec la folle initiative de la duchesse de Berry en 1832 qui s’achèvera aussi dans le sang et enterrera pour toujours toute velléité de révolte dans l’Ouest. Entre temps, Napoléon avait ramené la paix religieuse en promulguant le Concordat. Un ouvrage majeur sur le sujet.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’EFFROYABLE IMPOSTURE DU RAP (MATHIAS CARDET)

Le résume du livre

Né au milieu des années 70 dans les ghettos noirs new-yorkais, le rap (signifiant entre autres « Rage against the police ») va rapidement s’imposer outre Atlantique comme le courant musical principal de la contestation. Dès les années 80, il envahit l’ensemble du territoire des Etats-Unis puis peu à peu celui de l’Europe en commençant par les banlieues défavorisées. Il devient le porte-parole des « sans-voix » qui peuvent enfin exprimer leur mal-être, leurs frustrations et leur rejet du système. Dans les années 90, il évolue en « gangsta rap », glorifiant les bienfaits des drogues, le bling-bling avec les grosses chaînes en or, les pétasses court-vêtues et les tueurs de flics. En ce qui concerne la France, ce sont quelques personnes branchées comme Bernard Zakri, correspondant à New-York du magazine « Actuel », Laurence Touitou, architecte et Sophie Bramly, photographe, qui l’importèrent et en firent la promotion. Ils passèrent le relais à Alain Maneval (Europe 1, émission « Pogo » et TF1 « Mégahertz ») qui commença à en diffuser sur les ondes croyant voir dans ce style musical un prolongement du mouvement « punk ». Une première tournée « Zulu Nation » fut un échec, le public préférant à l’époque le « rock steady ». Le succès finit par arriver en 1984 avec l’émission de télé « Hip-hop », NTM, IAM et autres Ministère Amer. Le rôle de Jack Lang, Jean-Paul Gaultier, SOS Racisme et Malek Boutih ne fut pas négligeable non plus…

Ma critique

« L’effroyable imposture du rap » est un essai sur un courant musical qui prédomina pendant plus de quarante années. Une incroyable longévité pour de la pseudo-poésie accompagnée de quelques riffs et scratchs de synthés, « rap » signifiant également « bavarder sur un fond rythmique » en argot noir américain. Si l’auteur, qui en fut grand fan avant de s’en éloigner, démonte bien le mécanisme de lancement d’un produit de consommation courante comme n’importe quelle lessive, s’il prouve que le but de l’opération était surtout de « calmer » les ghettos et ici les « banlieues » en y adjoignant une bonne dose de shit et qu’au bout du bout, que cette fausse « révolte » s’est terminée en consommation à outrance (basket, fringues, etc.) et donc en profits énormes pour ceux qui ont su en faire un bon filon (la fortune de Booba est évaluée à 40 à 60 millions de dollars), on se demande en quoi c’est plus une imposture que tout le reste et en quoi elle est effroyable, la récupération tout comme la marchandisation de tout et de n’importe quoi étant le principe même du capitalisme. Ouvrage intéressant si l’on veut s’informer sur les dessous de cette affaire, mais qui laisse un peu sur sa faim en raison de son titre racoleur.

Ma note

3/5

Contes

CONTES DE LA VIEILLE FRANCE (MAX JASINSKI)

Le résumé du livre

Au moment de passer un pont et de s’acquitter de son droit de passage comme tout un chacun, le roi Louis IX fait la connaissance d’un troubadour qui se plaint de ne pas pouvoir payer le péage. Le bon roi trouve une solution inattendue… À Pont de Briques, non loin de Boulogne, quelques moines vivent dans la solitude et la paix. Mais l’un d’eux se demande si, après une très longue période de béatitude, les élus ne finissent pas par s’en lasser quand même… L’acariâtre femme d’un pauvre paysan se plaint sans cesse de son sort. Et quand celui-ci rencontre un ânier qui fait obéir à coups de badine son animal rétif, il lui vient une idée… En enfer, Satan accueille l’âme pitoyable d’un pauvre poète. Il lui donne à pousser le feu de la chaudière où rôtissent les hôteliers qui le jetaient autrefois dehors… À Douai, Mme Elodie, épouse d’un riche drapier s’ennuie à mourir. Pour se distraire, elle invite à dîner trois bossus, tous très amusants, mais tous véritables fripouilles… Parti chasser, le jeune duc Désiré rencontre une jeune fée particulièrement jolie. Il en tombe amoureux et l’épouse aussitôt. Mais leur amour doit rester caché aux yeux des hommes… La mère Martin est si pauvre qu’elle finit par se faire saisir son unique bien, sa vache. Une voisine lui reproche de n’avoir pas su « graisser la patte » de son créancier. Cela lui donne une idée…

Ma critique

« Contes de la vieille France » est un recueil en comportant vingt-cinq, tous assez peu connus dans l’ensemble, quoi que de facture classique et comme inspirés des « Contes de Perrault » ou de « ma mère l’Oye ». Un conteur pourrait en régaler petits et grands au coin de la cheminée, devant une belle flambée un long soir d’hiver. Avec un égal bonheur, ils mettent en scène seigneurs et paysans, belles dames et bergères, tout comme bourgeois retors et avares et troubadours impécunieux. De temps à autres, apparaissent même de grands personnages ayant existé comme Charlemagne, Roland ou Saint Louis ou mythiques comme Merlin l’enchanteur ou la fée Viviane. Les textes sont courts, simples, efficaces et bien écrits donc tous très agréables à lire. Bien que publiés en 1920, ces contes n’ont pas pris une ride et peuvent parfaitement être lus et appréciés aujourd’hui, autant par les parents que par les enfants. Aucune mièvrerie, mais de la finesse et des histoires qui donnent à réfléchir sur les faiblesses et les vilenies humaines. À découvrir ou redécouvrir.

Ma note

4/5

ESPIONNAGEROMAN

JE SUIS PILGRIM (TERRY HAYES)

Le résumé du livre

Plongé dans une baignoire remplie d’acide type Destop, le cadavre de femme défigurée et avec toutes les dents arrachées est découvert par Pilgrim et son ami du FBI plongé dans une chambre de motel minable de la côte ouest. Pilgrim, qui cumule un nombre impressionnant d’identités différentes, fait partie de « La Division », une sorte de police des polices créée par le président Kennedy pour surveiller les multiples services secrets américains. Il en fut un des héros majeurs avant que celle-ci fut dissoute. Son ami, lui s’est distingué pendant les évènements du 11 septembre en sauvant un handicapé moteur bloqué dans les étages. À Djeddah (Arabie Saoudite) la décapitation au sabre de son père opposant au régime est à l’origine de la vocation de djihadiste du « Sarrazin » qui fut un héros de la guerre d’Afghanistan avant de diriger sa vengeance contre les Etats-Unis, meilleur soutien des Saoud. Il commence par énucléer le directeur adjoint d’un institut médical syrien, ce qui lui permet de voler des doses de vaccin contre la variole, maladie disparue depuis plus de trente ans mais qu’il veut répandre là-bas sous une forme nettement plus virulente…

Ma critique

« Je suis Pilgrim » est un roman d’espionnage à tiroirs dans lequel l’intrigue (une tentative de contamination par un virus « à gain de forme » se mêle à deux enquêtes policières adjacentes. Cet opus, premier roman de Terry Hayes, scénariste hollywoodien (« From hell », « Mad Max 2 ») spécialisé dans le spectaculaire et les effets spéciaux, se présente sous la forme d’un pavé de plus de 900 pages qui se lit relativement rapidement, mais sans être un véritable « page-turner », vu que le rythme s’essouffle parfois par manque de péripéties ou par des retours en arrière importants et même des histoires dans l’histoire. L’auteur a sans doute voulu trop en faire en privilégiant le gore et le spectaculaire au risque de tomber dans l’invraisemblance et le manichéisme. Le lecteur n’échappera pas au mythe du super-héros de chez Marvel qui sauve le monde à lui tout seul, qui se fait torturer à mort, mais arrive encore à se battre et à vaincre. Sans oublier le méchant qui arrive à bricoler un super virus dans un coin de garage avec quelques appareils d’occasion achetés sur internet et des tutos de même provenance. On y croit. Amateurs de vraisemblance, de nuance et de finesse, pourront s’éviter le pensum et en rester à John Le Carré et autres auteurs plus « sérieux ». Les autres apprécieront peut-être l’ouvrage pour son côté violent voire sadique, son spectaculaire et ses effets aussi faciles que clinquants.

Ma note

3/5

ROMANTERROIR

L’HOMME AUX GANTS DE TOILE (JEAN DE LA VARENDE)

Le résumé du livre

Sous Napoléon III, au fin fond de la Normandie, un homme dans la force de l’âge vit caché dans les bois où il bûcheronne rageusement. Bien qu’il ait des allures aristocratiques, il se fait appeler Monsieur Louis. Il semble vouloir expier quelque chose ou chercher à échapper à la police du régime. La plus jolie jeune fille de la région nommée Jacqueline, fille non reconnue d’un noble et d’une paysanne, s’attache à lui au point de venir chaque jour s’occuper de sa modeste demeure. Le hobereau du coin, le duc de Loigny, la tient plus ou moins sous sa protection. Il avait été page du comte d’Artois, puis aide de camp de Charrette et avait fini général d’Empire sous Napoléon Ier. Un soir, Monsieur Louis assiste par hasard à un coup de filet des gabelous contre des contrebandiers tentant de débarquer du tabac sur une plage. L’affaire tourne mal. Un homme grièvement blessé est récupéré par Monsieur Louis et ramené à sa famille. Il mourra le lendemain. Et quand les prisonniers devront être transférés au bagne, c’est un groupe de paysans qui viendra le solliciter de bien vouloir prendre leur tête comme au meilleur temps de la chouannerie pour organiser le coup de main qui devrait libérer leurs amis. Le faux bucheron accepte mais à la condition que les gueux ne se munissent ni d’armes à feu, ni d’armes blanches, mais juste de bâtons et de gourdins…

Ma critique

« L’homme aux gants de toile » est un roman que l’on pourrait classer dans le rayon « terroir » aujourd’hui. Publié en 1943, c’est surtout un livre nostalgique sur la fin de la petite aristocratie terrienne à peine plus riche que les paysans qui la servaient encore. Le style très travaillé et pas mal daté avec ses longues descriptions d’une méticulosité complètement inconnue de nos jours peut sembler un brin rébarbatif. D’autant plus que La Varende s’éternise un peu beaucoup dans la présentation de ses personnages qui ne sont que quatre pour les principaux si l’on inclut un certain Flammèche, colporteur trainant dans les campagnes, mais en réalité voyou parisien sans foi ni loi et surtout celui par qui le malheur arrive. À noter également quelques apparitions fugaces de Barbey d’Aurevilly que l’auteur a certainement dû fréquenter. Il le présente d’ailleurs comme nobliau de fraîche date, particulièrement attiré pour ne pas dire obsédé par l’étrange, le fantastique voire le « gore » comme on dirait aujourd’hui. Au total, un roman qui peut encore se lire surtout pour le dernier tiers où l’intrigue se déploie enfin, mais qu’on ne classera quand même pas dans les meilleurs du maître normand.

Ma note

3/5

ESSAIS

LA TREIZIÈME TRIBU (ARTHUR KOESTLER)

Le résumé du livre

Au temps de Charlemagne, la partie de l’extrême est de l’Europe allant du Caucase à la Volga était dominée par un puissant état appelé l’empire Khazar, suzerain d’une vingtaine de petits royaumes bulgares, polonais, magyars ou rhus qui lui versaient tribu. À cette époque, les armées du califat, qui étaient parvenues à franchir les montagnes du Caucase, furent stoppées net par les armées khazars. Il s’ensuivit un conflit qui dura plus de cent ans. Ils permirent ainsi un certain répit à l’empire romain d’Orient en bloquant cette avancée à l’est pendant qu’à peu près à la même époque, Charles Martel en faisait autant à l’ouest du côté de Poitiers. Les Khazars étaient un peuple nomade. Ils avaient la réputation de ne jamais se laver, de porter les cheveux longs (blonds aux yeux bleus pour les « Khazars blancs » et bruns aux yeux sombres pour les « Khazars noirs ») et de pratiquer des sacrifices humains. Pris entre l’autorité de l’empereur byzantin chrétien et le calife musulman de Bagdad, la Khazarie finit par adopter la religion juive, histoire de conserver son indépendance. Mais la montée en puissance du peuple russe et surtout les grandes invasions mongoles signèrent la disparition de leur empire et leur éparpillement en Pologne et en pays magyar principalement.

Ma critique

« La treizième tribu » est un essai historique qui, s’il apprend pas mal de choses sur une des véritables origines du peuple juif, n’en demeure pas moins basé sur des sources peu fiables voire contradictoires (lettres de voyageurs, de diplomates, voire témoignages de seconde main…). Il reste certainement beaucoup à découvrir sur le sujet. Le lecteur y découvrira combien ces temps pouvaient être barbares. Ainsi les Khazars se débarrassaient-ils des gens qu’ils jugeaient trop intelligents. « Si tu en sais trop, on te pendra. Si tu es trop modeste, on te marchera dessus », disaient-ils. Il pourra revoir également pas mal d’idées reçues. À cette époque, le prosélytisme religieux était courant, la mixité aussi, tout comme les viols de captives. Résultat plus de peuple élu ni de race pure, mais une immense majorité de gens métissés. Koestler prouve ainsi que l’idée d’une « race » juive issue uniquement de Palestine est un leurre. Si les Séfarades (juifs d’Espagne puis du Maghreb peuvent se prétendre d’une lointaine origine moyen-orientale), les Ashkénazes (descendants directs des Khazars éparpillés en Europe de l’Est) sont d’ascendance turco-mongole, voire aryenne d’Inde. Rien n’est simple en ethnologie historique. Ouvrage intéressant pour une première approche du sujet.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA FRANCE CONTRE LES ROBOTS (GEORGES BERNANOS)

Le résumé du livre

De 1938 à 1945, Georges Bernanos, pressentant la catastrophe qui allait s’abattre sur la France, s’est exilé volontairement au Brésil avec toute sa famille. Il tentera sans grand succès de s’y reconvertir en éleveur, publiera de nombreux articles dans des journaux brésiliens et se rapprochera des cercles gaullistes de Français de l’étranger. Farouchement opposé à la politique de collaboration de Pétain, il renvoie dos à dos communisme et libéralisme, considérant que c’est bonnet blanc et blanc bonnet, un socialisme d’Etat pouvant très bien être le fait d’oligarques capitalistes. Il rejette toute « espèce de socialisme d’Etat, forme démocratique de la dictature. » Pour lui, la valeur suprême reste sans aucun conteste celle de la Liberté pleine et entière. Mais, dit-il « un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ». Il se montre visionnaire quand il imagine les dérives que nous constatons aujourd’hui avec les QRCodes, les pass sanitaires et vaccinaux en attendant les pass « Carbone » et autres puçages sous la peau. « Et lorsque l’Etat jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer ou à la fesse comme le bétail. » Il démontre également l’impossibilité d’une coexistence entre Liberté et Egalité, cette dernière ne s’établissant qu’au détriment de la première. Sans oublier, les guerres de plus en plus techniques et meurtrières qui ne sont que les conséquences voulues et organisées du machinisme totalitaire. « Vos machines à fabriquer deviendront des machines à tuer », écrit-il.

Ma  critique

« La France contre les robots » est un recueil de textes divers et variés tous sur le thème de la défense et illustration de la liberté. En plus du texte éponyme, le lecteur pourra découvrir diverses conférences et interviews donnés au Brésil, 16 lettres à des amis et un attirail de notes et variantes. Tout est limpide, prémonitoire et encore plus vrai aujourd’hui dans ces écrits datant de plus de trois quarts de siècle. Notre liberté chérie était menacée depuis longtemps. Bernanos en note les débuts avec la conscription obligatoire de la Convention, forçant tout Français à laisser l’Etat disposer de sa personne et de sa vie, ce qu’aucun roi ne se serait permis. Il regrette le temps où l’on pouvait quasiment faire le tour du monde sans le moindre passeport et pratiquement sans contrôle policier. (Seule la Russie et la Turquie l’exigeaient alors). Partout ailleurs, montrer une simple carte de visite suffisait à justifier de son identité. À l’époque de sa jeunesse, le relevé d’empreintes digitale n’était infligé qu’aux voyous et jamais aux honnêtes citoyens. Sans parler de l’impôt sur le revenu institué au début de l’autre siècle. Ainsi constate-t-il déjà qu’une à une, toutes nos libertés étaient grignotées au fur et à mesure que la Machine prenait de l’importance. Que ne dirait-il pas aujourd’hui ? Des textes fondamentaux que tous les amis de la liberté devraient lire ne seraient-ce que pour prendre la mesure de notre dégringolade !

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

L’ENGRENAGE, MEMOIRES D’UN TRADER (JÉRÔME KERVIEL)

Le résumé du livre

Du 24 décembre 2007 au 24 janvier 2008, l’affaire Kerviel a fait éclater au grand jour la fragilité et les mensonges du monde de la finance. Quelques mois auparavant, le trader de la Société Générale Jérôme Kerviel avait fait gagner la bagatelle de 1,4 milliard d’euros à sa société grâce à des prises de risques assez insensées, mais encouragées par ses supérieurs tant que la banque ramassait la mise. C’est même le principe premier du bon trader : « Savoir prendre le maximum de risques pour faire gagner à la banque le maximum d’argent. » Comme son bilan de fin d’année a très largement dépassé le quota autorisé, il en reporte environ la moitié sur l’année suivante, espérant tout régulariser en quelques jours. Mais les marchés partent à la baisse et ne semblent plus vouloir remonter. Kerviel reste calme. Tant qu’il ne vend pas, il ne perd rien. Mais c’est à ce moment que les dirigeants se réveillent, le mettent en accusation, le licencient, portent plainte pour détournement de fonds, intrusion dans les systèmes informatiques et mise en danger de l’établissement bancaire. La Société Générale l’accuse de lui avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros alors que toutes les ventes à perte pratiquées dans la hâte sur trois jours ont été le fait de ses collègues sur ordre de la direction. Et c’est le début d’un véritable chemin de croix pour le trader qui se retrouve en garde à vue puis en prison alors qu’il n’a pas détourné un seul centime à son profit…

Ma critique

« L’engrenage, sous-titré Mémoires d’un trader » est le témoignage sincère et touchant d’un homme honnête qui s’estime injustement accusé de malversations qui ne sont d’après lui que pratiques courantes dans le milieu bancaire. « Pas vu, pas pris » étant le principe premier du banquier. Il tente par cet ouvrage de se réhabiliter, de donner une image différente de celle des médias acharnés à sa perte. Il bossait de 7 heures du matin à 22 heures quasiment non-stop pour suivre l’évolution des marchés asiatiques, européens et américains. Il n’avait plus de vie personnelle, passionné qu’il était par son métier. Il était pris dans « l’enfer de la bonne gagneuse ». Pris dans un engrenage qui le dépassait, il fut traité comme une sorte de bouc émissaire et même de fusible au moment où la banque se trouvait dans de grandes difficultés. L’affaire tombait à point nommé pour faire oublier le scandale bien plus énorme des « subprimes ». Même si ce témoignage n’est plus d’actualité, il reste pertinent, vu qu’il permet de mieux comprendre ce qui se passe à l’intérieur des salles de marchés, comment les banques jouent au casino avec de l’argent qui n’existe pas (et même avec le nôtre, bien réel lui) et comment cette spéculation effrénée filant à la vitesse des octets peut créer des bulles, des krachs et de la misère et de la désolation partout dans le monde pour que Big Money et ses « banskters » s’en mettent plein les poches. Dans cet ensemble, le pauvre petit Kerviel ne fut qu’un lampiste qui le paya très cher quand même, 3 ans de prison ferme et 2 avec sursis (aménagés au bout de cinq mois) et surtout 1 million d’euros de dommages et intérêts toujours dus à la Société Générale. Comme le casino, la banque est toujours gagnante…

Ma note

4/5

NOUVELLES

LE TELEPHERIQUE ET AUTRES NOUVELLES (SYLVAIN TESSON)

Le résumé du livre

Un jeune couple part en voyage de noces en Chine, dans le Yunnan. Dans un village, ils rencontrent un Chinois francophone qui leur propose de les emmener visiter le gigantesque barrage des Trois Rivières, construit de main humaine et qui représente un million de kilomètres carrés de territoire noyé… Un millier de Russes vêtus d’uniformes de soldats de la Grande Armée veulent, comme chaque année, se réunir pour commémorer la bataille de Borodino (1812) qui fut pourtant une victoire napoléonienne. Mais le maire de la ville veut interdire l’évènement… À la mort de sa femme, un conducteur de tramway quitte son travail, vend son appartement et se bâtit une petite isba de rondins dans une forêt sibérienne pour tenter d’y vivre en ermite… Un jeune homme qui vient de jeter dans la boîte une lettre de rupture se met à regretter son geste. Il attend le facteur pour lui demander l’autorisation de récupérer sa missive… Le soir de Noël, deux employés de la compagnie de téléphérique du Cervin se retrouvent coincés volontairement dans une cabine de téléphérique bloquée sur son câble à plus de 2000 mètres d’altitude…

Ma critique

« Le téléphérique et autres nouvelles » est, comme son titre l’indique un recueil de sept nouvelles assez courtes, agréables à lire, dues à la plume de l’écrivain voyageur et aventurier Sylvain Tesson. L’air vif des montagnes suisses et des steppes sibériennes y souffle tout comme l’esprit mystique et un brin loufoque de nos amis russes. Toutes sont des histoires de la vie quotidiennes avec des chutes bien trouvées, souvent surprenantes, grinçantes ou ironiques. Quelques-unes illustrent l’éternelle aspiration de l’homme à une vie meilleure, à un regain de spiritualité, voire à plus de grandeur militaire. Selon moi, les trois meilleures sont « L’ermite », « La bataille » et « Le téléphérique », trois petits bijoux qui méritent vraiment le détour.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA MARCHE IRRÉSISTIBLE DU NOUVEL ORDRE MONDIAL (PIERRE HILLARD)

Le résumé du livre

Dans l’esprit des promoteurs du nouvel ordre mondial, il est indispensable d’abattre toutes les frontières et de démanteler complètement tous les états-nations pour atteindre leur objectif, le « village » global avec gouvernement unifié. Il est donc question dans un premier temps de créer de grands blocs géo-économiques continentaux, de les unifier, et de les standardiser aux normes américaines pour finir par arriver à une véritable gouvernance mondiale dans laquelle un tout petit nombre de ploutocrates milliardaires doit pouvoir décider de tout sans le moindre contrôle démocratique. L’humanité, préalablement conditionnée à aimer sa servitude, sera alors unie, mais aussi et surtout, nomade et interchangeable. Tout sera bon pour favoriser l’éclatement des états comme la submersion par le numérique, comme l’installation massive de populations extra-européennes, comme l’encouragement à des régionalisations (Catalogne, Pays Basque, Alsace-Pays de Bade, Belgique, Italie du Nord, Ecosse, etc.) et comme les délégations de pouvoirs régaliens divers et variés.

Ma crique

« La marche irrésistible du nouvel ordre mondial » est un essai géopolitique très bien documenté. La masse importante de notes, cartes, documents et annexes diverses en apporte la preuve. L’auteur s’attache particulièrement à la régionalisation comme arme de destruction massive des états-nations. Il s’agit de détruire avant de reconstruire selon le vieux principe de la table rase, de « l’ordo ab chaos » bien connu. Et tous ces remaniements ne touchent pas que l’Europe, les Etats-Unis, le Canada, le Mexique (Alena), mais même le Proche-Orient avec des projets de démembrement de la Turquie (mise en place d’un Kurdistan à cheval sur trois pays), de l’Irak, de la Syrie (déjà bien avancé) et même de l’Arabie Saoudite avec un territoire indépendant pour La Mecque et Médine, un Yémen renforcé et une grande Jordanie. En lisant cet ouvrage, on en vient à se demander si cette nouvelle construction style Tour de Babel n’est pas destinée un jour ou l’autre à finir de manière identique. Ouvrage très intéressant d’un point de vue historique, vu qu’il commence à dater un peu et que depuis sa parution, les évènements se sont pas mal précipités. Et cette marche est encore et toujours irrésistible aujourd’hui.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA SANTÉ GRÂCE AUX JUS FRAIS DE FRUITS ET DE LÉGUMES (CRISTINA & OLIVIER REBIERE)

Le résumé du livre

Ce petit ouvrage de 136 pages se présente sous la forme d’un guide pratique joliment illustré de photographies de fruits et de légumes tous faciles à se procurer. Il est composé de trois parties. La première rappelle l’intérêt pour la santé de consommer des légumes et des fruits frais si l’on veut bénéficier de tous les bienfaits des vitamines et de sels minéraux qu’ils peuvent nous dispenser. Frais, car la cuisson détruit tout ou partie des précieuses vitamines et sous forme de jus pour les concentrer et faciliter leur digestion en éliminant la pulpe. Les vitamines n’ont pas de valeur énergétique, mais elles jouent un rôle important dans notre organisme. Leur carence peut provoquer des déséquilibres lesquels peuvent induire toutes sortes de maux tels les problèmes de circulation sanguine, de cholestérol, d’anémie, de baisse d’énergie entre autres. Ainsi la vitamine A est-elle essentielle pour la peau et la vision, la B pour le système nerveux et les muscles, la C pour renforcer les défenses immunitaires, la D pour les os et la minéralisation, la E pour le sang et la vision et la K pour aider à la fixation du calcium. La deuxième partie présente les éléments nutritifs et les propriétés curatives d’un certain nombre de fruits et légumes, allant de l’ananas à la tomate. Et la dernière présente 73 recettes très simples avec en général deux ou trois ingrédients, jamais plus, et les effets espérés de leur ingestion régulière dans le cas d’acné, d’allergies, d’anémie, de cellulite, de chute des cheveux, de circulation sanguine, de cholestérol, de colite, d’insomnie entre autres.

Ma critique

D’un accès et d’une lecture facile, cet ouvrage peut représenter une première approche en douceur de tous les aspects d’une cure de jus de fruits ou légumes. On remarquera que les auteurs ont privilégié la simplicité, peu ou pas de fruits ou légumes exotiques, rares ou difficiles à se procurer, pas d’ajout d’épices diverses et variées et même un conseil astucieux pour ne pas gaspiller la pulpe qui ressort de l’autre côté de l’extracteur, conseil d’ailleurs répété à de nombreuses reprises. Cela donne envie de se lancer, mais sans trop s’illusionner sur les résultats « thérapeutiques ». À mon humble avis, ces jus, pris régulièrement, peuvent permettre de se maintenir en bonne santé si on l’est déjà et, éventuellement, améliorer sa santé et son confort de vie. Mais pour ce qui est de l’aspect purement curatif, on demande à voir…

Ma note

4/5

ESSAIS

L’AMERIQUE EMPIRE (NIKOLA MIRKOVIC)

Le résumé du livre

Le grand sceau des Etats-Unis représente un aigle pygargue tenant dans sa serre gauche treize flèches symbolisant les treize états en guerre contre l’Angleterre et dans sa serre droite un rameau d’olivier, signe de paix. Le rapace tourne la tête vers la droite montrant ainsi qu’il préfère la paix à la guerre. Toute l’histoire des Etats-Unis a malheureusement montré l’inverse et ceci, dès le début, dès la conquête de l’Ouest, avec le génocide planifié des premiers occupants, les Indiens. Et au fil des années, les Etats-Unis, tout en se présentant comme les parangons de vertu, de liberté et de démocratie, se sont transformés en machine de guerre tous azimuts dont le but est de défendre certains intérêts financiers au détriment du bien commun national et de la paix mondiale. Ils furent en guerre contre une quantité incroyable de pays et intervinrent et interviennent toujours partout (Mexique, Haïti, Cuba, Hawaï, Porto-Rico, Chine, Japon, Corée, Vietnam, Afghanistan, Serbie, Irak, Libye, Syrie, pour n’en citer que quelques-uns). Depuis sa création, cet état n’a pratiquement jamais cessé d’être en guerre quelque part. Il dispose de plus de 700 bases militaires à l’extérieur de son territoire et mène grâce à l’OTAN et à des structures supranationales une politique de colonisation physique et culturelle d’un nouveau genre. Il prend le contrôle des élites, fait main basse sur les ressources, prélève sa dime, mais s’exonère de tous les fardeaux habituels du colonisateur ne construisant ni routes, ni hôpitaux, ni écoles dans les pays conquis. Un tel empire ne tenant que par la suprématie du dollar et la puissance militaire peut-il espérer durer éternellement ?

Ma critique

« L’Amérique empire » est un essai historique et géopolitique de très grande qualité et à ce titre il est particulièrement intéressant pour qui se passionne pour le sujet et se demande où va le monde si la finance globalisante arrive à prendre le dessus sur tout en se servant de la puissance de cet empire quasi universel, ce gendarme du monde aux pieds d’argile, ne vivant que de prédations (« yankee » signifiant voleur, prédateur et tricheur) et de crédit (le dollar monnaie mondiale lui permettant de faire tourner la planche à billets toujours plus vite). L’auteur remonte à la création du pays. Il nous montre une évolution logique basée sur la prédominance de l’argent et de l’économie sur la démocratie, la liberté et le bonheur des peuples. Cette politique qui ne profite qu’aux ultra-riches ne peut déboucher que sur le malheur ou le chaos un peu partout dans le monde et en premier lieu aux USA. L’auteur analyse fort judicieusement les réactions populistes étouffées dans l’œuf et l’éventualité de l’arrivée d’un ou plusieurs grains de sable pouvant détraquer la belle mécanique mondialiste (Russie, Chine, Inde, etc). À conseiller absolument.

Ma note

4,5/5

THRILLER

KAÏKEN (JEAN-CHRISTOPHE GRANGE)

Le résumé du livre

Le commandant Olivier Passan et son adjoint Philippe Delluc dit « Fifi » tentent une intervention coup de poing dans la cité du Clos Saint-Lazare de Stains (Seine Saint-Denis). Ils cherchent à obtenir un « flag », mais arrivent trop tard. Ils ne découvrent dans un hangar qu’une femme étripée avec son fœtus calciné. Guillard, le tueur surnommé « l’accoucheur », a réussi à leur échapper. Il se met à courir à travers champs. Mais Passan arrive à le rattraper, le roue de coups et manque de le jeter sous les roues d’un camion. Pour le juge Calvino du TGI de Bobigny c’est une bavure impardonnable. Non seulement Passan est intervenu sans mandat, mais en plus il n’a aucune preuve valable contre Guillard qui dispose par ailleurs d’alibis en béton. Il va pouvoir porter plainte une nouvelle fois contre le flic, mais cette fois pour agression et tentative de meurtre. Il devra donc être relâché et Passan dessaisi de l’affaire. Mais c’est mal connaître le policier que de croire qu’il va abandonner la traque aussi facilement…

Ma critique

« Kaïken » est un thriller des plus classiques, avec son habituel lot de crimes, de sadisme, de tortures et d’hémoglobine qui ravit tant les amateurs. Le personnage de Passan, flic rebelle et obstiné, n’a pour seule originalité que d’être admiratif du Japon, mari d’une très jolie Japonaise ex-top model et père de deux gentils métis eurasiens. L’intrigue est surprenante dans le sens où le lecteur découvre quasiment deux romans dans le roman. Jusqu’au deux tiers, on court derrière un psychopathe hermaphrodite qui veut se venger de la société en général et des femmes enceintes en particulier. Puis soudain, celui-ci disparaît en s’immolant par le feu. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il n’en est rien. Grangé repart illico sur une seconde affaire, celle d’une mère porteuse en train de devenir folle. Ce pavé (476 pages) de divertissement morbide qui se lit aisément, reste quand même de la littérature de divertissement pour ne pas parler de « roman de gare ». Les amateurs de japonaiseries (avec samouraï, ronins, seppuku, bushido, kenjutsu, kaïken et katana) apprécieront sans doute beaucoup cette plongée dépaysante, les autres peut-être un peu moins.

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

ROCK’N ROLL CIRCUS (SAM BERNETT)

Le résumé du livre

De juin 1969 à décembre 1972, le « Rock’n roll Circus », night-club fondé par Sam Bernett, fut le phare et la référence des plus folles nuits parisiennes. Au lendemain de mai 68, l’ambiance était à la liberté totale, au « jouir sans entrave » et à « l’interdit d’interdire ». Animateur sur RTL, assistant du célèbre « Président Rosko » de Radio-Caroline, Sam se trouvait aux premières loges pour suivre de près la scène rock en pleine explosion et mutation psychédélique. Il commence par reprendre en main « La Tour de Nesles », boîte à l’ancienne en perte de vitesse. Il y diffuse de la musique que l’on entend nulle part ailleurs, annonce qu’il est complet tous les soirs alors qu’il ne reçoit que ses amis, la bande de Johnny Hallyday, Dutronc et les Holgado. Et très vite, grâce au bouche à oreille, c’est un tabac d’autant plus retentissant quand Joe Cocker, encore inconnu, vient y chanter « With a little help from my friends » un an avant Woodstock. Le local devenant trop exigu, il ouvre le « Rock’n roll Circus » dans l’immeuble de « l’Alcazar » avec un décor de cirque en rouge et jaune. Les plus grands y firent le bœuf : Gene Vincent (à titre de dernier concert avant sa fin tragique et contre une caisse de bière), mais aussi les Beach Boys, Pink Floyd, Jimmy Page et Led Zeppellin, Johnny et Edgar Winter, Rory Gallagher, Eric Clapton, Jimmy Cliff, Soft machine, etc. Un succès fracassant, mais de bien courte durée…

Ma critique

« Rock’n roll Circus » est un livre de témoignage et de souvenirs très agréable à lire. Sam Bernett a cherché à rendre l’ambiance joyeuse, folle et créative de l’époque. Il a côtoyé les plus grands. Dans le cahier central rempli de photos de sa collection personnelle, on le retrouve en compagnie de Brigitte Bardot, Alain Delon, Mireille Darc, Polanski, Salvator Dali, Serge Gainsbourg ou Raymond Poulidor. Et pourtant les amateurs d’anecdotes croustillantes et de potins indiscrets en seront pour leurs frais. C’est tout juste si l’on apprend que l’herbe s’y fumait discrètement et que si l’héroïne et la cocaïne étaient encore assez peu répandues, le LSD et ses hallucinations pas toujours géniales circulait largement. Ces trois années de sexe, drogues et rock’n roll commencées dans la joie et allégresse s’achevèrent assez tristement. Jim Morrison, le leader des « Doors » vint y mourir d’une overdose d’héroïne trop pure et d’alcools trop forts dans les toilettes de l’établissement. Ses deux « amis » dealers embarquèrent le cadavre comme s’il avait été ivre. Sam se retrouva affublé d’un directeur incapable. Son meilleur ami, Dominique Petrolacci, se suicida et son excellent disc-jokey et déserteur américain, Cameron Watson, le quitta. Il était temps d’arrêter l’aventure et d’aller créer d’autres lieux comme le « Malibu » ou le « Bus Palladium ». Un livre que les anciens pourront lire avec nostalgie et les jeunes juste pour découvrir un temps où Paris était vraiment une fête !

Ma note

4,5/5

AVENTURESFANTAISIEHISTORIQUEROMAN

LES CAVALIERS DE LA PYRAMIDE (SERGE BRUSSOLO)

Le résumé du livre

Antonus Crassus Samsala, vendeur de gladiateurs de profession, a décidé de partir en Egypte pour changer de vie et faire fortune. Et le voilà perdu en plein désert, lancé dans une course au trésor. Il doit d’abord franchir un défilé rocheux battu par des vents de sables si puissants qu’ils peuvent dépecer totalement un homme même couvert d’une peau de rhinocéros ! Puis il lui faudra trouver un obélisque aux faces couvertes de signes mystérieux qui pourraient lui servir pour la suite à condition d’arriver à les faire traduire. C’est un gladiateur mourant qui lui a révélé l’existence d’une pyramide pleine d’or enlisée dans des sables mouvants et toujours inviolée. L’ennui c’est que les premiers indices gravés sur l’obélisque ont été complètement effacés par l’érosion. Mais seule une jeune vierge aveugle appelée Tanita aurait la possibilité de les imaginer en les effleurant de ses doigts hypersensibles…

Ma critique

« Les cavaliers de la pyramide » n’est pas vraiment un « thriller antique » comme l’annonce la quatrième de couverture, mais plutôt un roman de fantaisie ou d’aventures historiques, tant le fantastique l’emporte sur l’historique. Le lecteur devra mettre cartésianisme et amour de la vraisemblance au vestiaire s’il veut vraiment profiter de ce roman bizarre et tout à fait charmant, plein de rebondissements, de situations abracadabrantes et de personnages hauts en couleurs comme cet improbable couple composé d’un cul-de-jatte fort comme un Turc, prénommé Shagan, et une géante ou femme-jument, Junia, qui a la particularité de souffrir du syndrome de la mante religieuse c’est-à-dire de se sentir obligée de dévorer le mâle, histoire de finir en beauté l’acte d’amour ! C’est très bien écrit, très facile à lire, vivant et bien rythmé. Que demander de plus pour des aventures aussi époustouflantes ?

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

RIRE POUR NE PAS MOURIR (JEAN-MARIE BIGARD)

Le résumé du livre

Né à Troyes le 17 mai 1954, Jean-Marie Bigard est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. Issu d’un milieu modeste (père charcutier itinérant, mère et sœurs ouvrières), il est assez malheureux à l’école, mais finit par être révélé par un jeune prof qui encourage son jeune talent d’écriture. Mais il rechute assez vite pour se retrouver à 16 ans en lycée technique dont il ressort avec un BEP de mécanique générale. Refusant d’entrer à l’usine, il se lance dans le rafistolage de vieilles Tractions avant avec quatre copains. Il pratique le handball à un très bon niveau en National 2. Il n’a que 20 ans quand sa mère meurt suite à un cancer du pancréas. Il est alors barman à Troyes. Puis son père est assassiné chez lui, d’abord poignardé puis achevé à coup de carabine par un amant jaloux. Jean-Marie passe par le CREPS et devient prof de sport pendant trois ans dans un lycée de filles. Lassé de l’enseignement, il reprend un job de barman de night-club. Parallèlement, il commence à jouer à l’Atelier T, petit théâtre de centre-ville où il fait connaissance d’un premier humoriste, Tex. Son appartement ayant brûlé avec tous ses biens, le voilà filant vers Paris dans l’espoir de se faire engager dans la troupe du « Petit théâtre de Bouvard », qu’il ne pourra pas intégrer. Il devra se contenter de végéter dans la petite salle du « point Virgule » avant d’être accepté dans l’émission de Fabrice « La classe », ce qui enfin le fera connaître du grand public. On connait la suite. Le Splendid, puis l’Olympia, Bercy et l’apothéose au Stade de France…

Ma critique

« Rire pour ne pas mourir » est une autobiographie partielle et à quatre mains d’un humoriste qui fut particulièrement aimé du public. Dommage qu’elle s’arrête en 2007, c’est-à-dire au sommet de sa gloire avec son spectacle joué devant 52 000 spectateurs au Stade de France, prouesse qui lui coûta un million d’euros et que seule la vente de millions de DVD lui permettra de compenser. Le lecteur découvrira dans ce livre bien écrit et très agréable à lire que la vie du comique fut loin d’être un long fleuve tranquille, que les épreuves ne lui furent pas épargnées et même qu’il en accumula un nombre largement supérieur à la moyenne. La mort de ses parents, de ses amis, l’incendie de son appartement, les souffrances de son épouse, la dèche, les difficultés à percer l’ont marqué profondément. Comme tous les clowns, il est triste et a l’élégance de toujours vouloir faire rire ses semblables pour ne pas avoir à pleurer sur son sort ou sur le nôtre. Cette confession honnête, pleine de sensibilité, d’amour et de foi (Bigard n’a de cesse de proclamer sa confiance en Dieu malgré ou à cause de tout ce qu’il a dû subir), permet au lecteur de découvrir un homme bon, honnête, touchant, très loin du personnage un peu vulgaire voire graveleux que certains de ses sketchs pourraient laisser imaginer.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LA VALSE DE L’ADIEU (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

8 août 1808 en Vendée : sept années plus tôt, Napoléon est parvenu à rétablir la paix civile en permettant la paix religieuse grâce au Concordat. La Vendée panse ses plaies et se rassemble, Blancs et Bleus côte à côte, aux Quatre Chemins de l’Oye, pour acclamer l’Empereur venu rendre visite au département meurtri. Il en profite pour demander aux soldats et villageois de quel bord ils étaient pendant la guerre. Et voilà que l’un de leurs maires, Jean Rognonille, frère de « La Hussarde », chouanne renommée, répond qu’il était « neutre » ! Il se fait aussitôt traiter de « Jean-Foutre », insulte et sobriquet qu’il va trainer honteusement bien longtemps. Craignant la mort sociale et manquant de clients dans son échoppe de luthier, il invente un nouvel instrument fait de bois peu chers qu’il baptise « violondaulne ». Il rencontre bientôt l’amour de sa vie, la Pibole, fille de meunier avec qui il souhaite se marier. Mais l’évêque non-concordataire de son village refuse de publier les bans, le trouvant trop « neutre » lui aussi. Puis c’est au tour du préfet de ressortir de vieux dossiers comme la disparition suspecte de registres paroissiaux ainsi que celle d’un arpenteur trop curieux. Jean se retrouve devant ce marché : la prison ou l’armée. Il devra partir un an comme musicien-gagiste en échange de l’immunité. Et le voilà donc intégré à la Grande Armée et embarqué dans la campagne de Russie…

Ma critique

« La valse de l’adieu » est un roman historique de belle facture basé sur des faits réels assez incroyables comme cette rencontre au fin fond de la Pologne entre un « ménestrier » vendéen et de très jeunes virtuoses polonais dont un certain Frédéric Chopin. Dans ce roman-fleuve (592 pages), Philippe de Villiers s’est attaché à faire revivre une période historique assez peu connue celle de l’après-guerre de Vendée avec la période napoléonienne, mais aussi la Restauration et même le retour sur le trône des Orléans et la tentative avortée de coup d’état inspirée par la Duchesse de Berry pour le compte du seul authentique prétendant, son fils, Henri d’Artois, comte de Chambord. Le lecteur découvrira que la Vendée très impliquée n’aura plus le ressort dont elle disposait avant le génocide. Sa description de l’invasion de la Russie, de la mise à sac de Moscou, de son incendie et de la retraite qui suivit avec le passage de la Bérézina qui sera fatal au personnage principal mérite à elle seule le détour. Elle est incroyablement dantesque. Il est difficile de s’imaginer toutes les souffrances que les grognards endurèrent. Cela dépasse l’imagination. Cet ouvrage est un authentique travail d’historien et d’ethnographe. Une bibliographie énorme en atteste. On ne peut que conseiller ce livre à tous les amateurs d’Histoire. Seul petit reproche : le texte est truffé de mots de patois vendéen pas toujours compréhensibles pour le lecteur lambda. Une traduction en note de bas de page aurait été la bienvenue.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

CHEMTRAILS, LES TRACES DE LA MORT (NENKI)

Le résumé du livre

Les chemtrails sont les trainées bizarres en X, en quadrillages et autres, laissées par les avions visibles quand les ciels sont clairs. Observés par tout un chacun depuis quelques années, seraient-ils composés d’autre chose que d’inoffensive vapeur d’eau ? Normalement les « contrails » (sillages de vapeur d’eau) se dissipent en environ 10 minutes. Ce n’est pas du tout le cas des chemtrails (trainées chimiques) qui restent beaucoup plus longtemps en suspension et finissent par former des nuages qui n’ont rien à voir avec les cumulus ou les cirrus. Les résultats d’analyse montrent que ces épandages peuvent contenir des produits chimiques, des minéraux, des sels, du baryum, de l’aluminium, du magnésium, de l’iodure d’argent, des polymères hydrophiles, et même des particules de champignons microscopiques, tous toxiques pour la faune et la flore. L’auteur constate même diverses conséquences sur sa propre santé et celle de sa femme après ces épandages comme des symptômes de grippe en plein été. N’y aurait-il pas un lien de cause à effet entre ces deux phénomènes ? Dans quel but les gouvernements et de grosses multinationales comme Raytheon se livreraient-ils à ce genre de couteux exercice ?

Ma critique

« Chemtrails, les tracés de la mort » est un essai basé sur une importante recherche réalisée principalement grâce à une compilation de documents trouvés sur de nombreux sites internets (tous mentionnés). Bien entendu leurs conclusions n’ont pas grand-chose à voir avec la doxa officielle d’ailleurs difficilement défendable, la vapeur d’eau et les dégazages de kérosène ne tenant pas la route. Les témoignages d’un mécanicien découvrant dissimulées à l’intérieur d’un avion de ligne d’étranges bonbonnes connectées aux évacuations extérieures d’eaux usées et d’un cadre de compagnie aérienne parfaitement informé d’une opération de ce genre (« Cloverleaf », « Redsky » et autres) sont tout à fait troublants. Mais pourquoi ces pulvérisations ? Volonté de modifier le climat à sa convenance (faire tomber la pluie ou non. La Chine s’en est vantée), travailler sur les ondes et les radiations, répandre des virus voire des vaccins (dixit Bill Gates), expérimenter des armes climatiques et chimiques ? (On se souvient des ravages de « l’agent orange » pendant la guerre du Vietnam). Enquête intéressante qui pose plus de questions qu’elle ne propose de réponses d’autant plus quand l’auteur relie ces arrosages aux réseaux du « projet Haarp », aux tours « Gwen », aux OVNI, (avec références bibliques et autres textes anciens), et même aux « petits gris ». On en prend et on en laisse, bien sûr…

Ma note

4/5

ROMAN

LES MORTICOLES (LEON DAUDET)

Le résumé du livre

Simple vannier, Félix Canelon ne veut pas rester toute sa vie dans son village, il a envie de découvrir le monde. Il décide d’embarquer comme matelot sur le « Courrier ». Mais après une longue traversée, le capitaine Sanot perd son cap dans la tempête et se retrouve sous la menace des canons d’un vaisseau battant pavillon noir à tête de mort et tibias entrecroisés au large du territoire des « Morticoles », des hypochondriaques étranges qui ont donné tous pouvoirs à une corporation de médecins tous plus tyranniques et déjantés les uns que les autres. Le « Courrier » n’a pas touché terre que déjà l’équipage est mis en quarantaine, douché au détergent et privé de ses vêtements et de ses quelques restes de nourriture. En échange, on lui fournit des biscuits bizarres au goût infâme. S’ensuivra un internement dans un hôpital pour nécessiteux pour Félix qui sera séparé de ses compagnons. Pour essayer d’obtenir un meilleur avenir, il tentera de devenir étudiant en médecine, échouera à un examen humiliant et finira par se retrouver domestique chez plusieurs médecins en rêvant toujours de pouvoir enfin rentrer chez lui, loin de ce territoire de tyrannie sanitaire.

Ma critique

« Les Morticoles » est un roman en forme de fable satirique, un réquisitoire implacable du monde médical dans tous ses états. Il faut préciser que Léon Daudet connaissait très bien ce milieu. Qui aime bien, châtie bien, dit-on. Là, il y va à gros traits, à grands coups de serpe. C’est un brin outré voire caricatural, mais non dépourvu de vérité quand même. Les Morticoles se veulent anticléricaux et athées militants. Ils ne veulent plus croire en Dieu, mais en la Matière. Ils se revendiquent de la science alors que la médecine est plus un art empirique qu’autre chose. Ne dit-on pas que le médecin soigne, mais que la Nature guérit ? On est tout à fait dans la veine humoristique grinçante des Diafoirus et autres fanatiques de la saignée et de la purge du génial Molière. Tous les aspects du problème passent à la moulinette du polémiste : la spécialisation à outrance, l’obsession de l’enrichissement personnel, la peine de mort, la stérilisation des masses (oblation des ovaires pour offrir plus de liberté sexuelle aux femmes riches), les expérimentations loufoques et cruelles sur humains et animaux, les trafics d’organes, les vaccinations bizarres, la justice corrompue, la prostitution, la psychiatrie avec toutes ses outrances et même les déviances sexuelles, mais de manière plus discrète. À noter les patronymes amusants des personnages : Cloaquol, Burnone, Loupugan, Lebide, Clapier, Cudane et autres Ligottin (spécialiste de la camisole de force et du jet d’eau glacée). Datant de 1899, ce texte bien écrit se lit toujours agréablement en se disant qu’avec les derniers exploits de la caste, rien n’a vraiment changé avec le temps !

Ma note

4,5/5

JEUNESSESCIENCE-FICTION

L’INVITE DU CIEL (ISAAC ASIMOV)

Le résumé du livre

Âgé de 12 ans, le jeune Jonathan arrive avec sa mère, inspectrice planétaire, sur Anderson 2, dernière conquête de l’humanité qui est peu à peu couverte de végétation grâce à des graines venues de la Terre. Au cours d’une promenade, il découvre une étrange créature, une sorte d’énorme roue mécanique qui s’approche d’un homme roux armé de cartouches de dynamite, prêt à faire exploser la chose. Jonathan tente de l’en dissuader. La roue se met à briller de mille feux et à lancer des éclairs. Un peu plus tard, Jonathan entre en communication télépathique avec une plus petite roue. Il est persuadé que ces choses sont des êtres vivants à part entière. Il tente de convaincre sa mère qui a le pouvoir d’autoriser ou d’interdire la conquête définitive d’Anderson 2. En effet, si une planète est habitée par des êtres vivants, les Terriens s’interdisent de la coloniser, sans doute pour ne pas perturber l’harmonie des sphères célestes. Le jeune garçon y parviendra-t-il ?

Ma critique

« L’invité du ciel » se présente comme un court roman ou plutôt une « novella » de science-fiction plutôt destinée aux ados, mais pouvant être lue avec plaisir par des adultes. On y trouve, outre le style du maître, beaucoup de poésie et de sagesse. C’est même une sorte de très joli conte de Noël tout à fait touchant de naïveté, de charme et de bons sentiments. Ces roues ne symbolisent-elles pas la nature saccagée par l’homme voire les animaux exploités, en voie de disparition et même les autres hommes génocidés, liquidés comme les Peaux-Rouges de l’Ouest américain, comme les aborigènes d’Australie et autres pour laisser place aux envahisseurs ? À conseiller bien évidemment.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

CALL-GIRL DU TOUT-PARIS (PATRICIA HERSZMAN & FREDERIC PLOQUIN)

Le résumé du livre

En 1975, Patricia, jeune fille de bonne famille âgée de 18 ans, est repérée par une recruteuse de Madame Claude sur le port de Saint Tropez. Motarde et adepte de l’amour libre, elle entre immédiatement dans le monde clos de la prostitution de luxe avec des tarifs de prestation allant de 600 à 1000 francs et nettement plus selon la générosité des clients, tous riches et célèbres. Parmi ceux-ci, on trouve son préféré, le très classieux Giovanni Agnelli, dit « l’Avvocato », cocaïnomane compulsif, qu’elle rejoint en jet privé à de nombreuses reprises à Milan ou à Rome. Elle échappe de peu à la mort quand deux de ses collègues dont sa meilleure amie acceptent une prestation proposée par deux diplomates pour le compte du chef d’état du Yémen. Elles seront retrouvées nues et assassinées dans une voiture abandonnée dans le désert. Patricia aurait dû faire partie du malheureux binôme. Quand Madame Claude est arrêtée pour fraude fiscale et son réseau démantelé, elle officie un temps rue Saint Denis, passant des ors et du marbre à la crasse et à la terre battue, puis continue à son compte, sans maquereau, mais grâce à quelques amis du milieu, autour de la place de l’Etoile. Elle finit par tomber dans la drogue. Héroïnomane, elle met quinze ans à s’en sevrer. Pendant ses heures de gloire, entre 1975 et 1980, elle devient une figure des nuits parisiennes qui côtoie Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Alain Delon et Mireille Darc, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Eddy Barclay et tant d’autres…

Ma critique

« Call-girl du Tout-Paris » est un récit de témoignages et de révélations un brin indiscrètes sur un monde assez particulier, celui de la prostitution, terme qu’elle rejette en ce qui concerne sa période chez Madame Claude. En effet, celle-ci avait mis en place un système très protecteur et très rémunérateur pour « ses filles ». L’auteur n’a de cesse de dresser des louanges à son ancienne Pygmalion et l’on comprend aisément pourquoi. Il faut dire qu’elle a pu faire la différence avec d’autres manières de monnayer son corps, plus glauques, plus contraignantes pour ne pas dire plus humiliantes. On est dans le même registre que celui des ouvrages de Gérard Fauré, le « dealer du Tout-Paris », qu’elle a connu et dont elle corrobore les révélations. Oui, la cocaïne coulait à flot depuis des décennies parmi les élites parisiennes. Patricia qui ne buvait pas, refusait la sodomie, finit par devenir quand même accro à l’héroïne. Son récit, facile à lire, sans doute par la grâce de son co-auteur Frédéric Ploquin, nous apprend pas mal de détails indiscrets sur les grands de ce monde qui font appel à ses services comme Samir Traboulsi, Gérard Oury, le shah d’Iran, le frère d’Hassan II, le prince du Qatar Al Thani, Adnaan Khashoogi, Raymond Lévy, Jean-Paul Blum, Pierre Kadji, Jacky Cohen, Claude Lelouch, Bernard Lavilliers (« un radin »), Claude Brasseur (« queutard partouzard ») et tant d’autres. Rien que du beau linge pas si reluisant que cela au bout du compte. Nous voilà donc tombés dans une littérature de « potins », finalement sans grand intérêt, mais qui peut plaire à certain(e)s…

Ma note

3/5

ESSAIS

LA FIN D’UN MONDE (PATRICK BUISSON)

Le résumé du livre

Depuis la crise sanitaire, gérée de manière si catastrophique, jamais le mal-être collectif n’a été aussi grand. N’est-il pas lié à la perte de toutes les valeurs du monde d’avant ? On les appelait gratuité, solidarité, entraide, dévouement au bien commun, primat de la vertu publique sur le calcul égoïste, sentiment d’appartenir à une communauté nationale et volonté de la servir, même au mépris de son confort et de ses intérêts particuliers. Tout l’inverse du monde nouveau promu par Schwab, Macron et autres mondialistes pour qui seuls les intérêts et les profits des plus riches et des plus puissants importent. Pour Buisson, tout s’est joué en 1960 et 1975 (fin des Trente Glorieuses) pendant lesquelles, sous nos yeux ébahis, nous avons pu assister à la désertification des campagnes, au démantèlement du catholicisme traditionnel au profit d’un syncrétisme humaniste depuis Vatican II et à la destruction de la paternité ainsi que celle de la famille. La conséquence en fut une victoire du libéralisme, libertaire sociétalement et totalitaire politiquement et économiquement, du consumérisme effréné et de l’hédonisme, cette jouissance sans contrainte.

Ma critique

« La fin d’un monde » est un essai historique et sociopolitique de très grande qualité. Patrick Buisson, surtout connu comme conseiller particulier et éminence grise de Nicolas Sarkozy, est également un authentique intellectuel qui nous propose, dans cet ouvrage bien écrit et particulièrement fouillé, une étude des 15 années qui nous firent basculer lentement d’un monde dans un autre. Un véritable travail de sociologue, d’historien, d’économiste et d’ethnologue. Ses analyses et descriptions de la mort programmée du paysan, du croyant et du père sont d’une belle pertinence et d’une grande finesse. Un vaste attirail de notes et références bibliographiques attestent du sérieux de l’œuvre. L’auteur ayant sous-titré son ouvrage « Histoire de la révolution petite bourgeoise », on pourrait y ajouter celle d’une longue décadence, d’une inversion des valeurs et d’une disparition lente, insidieuse et organisée de toute une société. Autant l’auteur est précis et presque pointilleux sur le démantèlement du monde rural, de la chrétienté et de la paternité, autant il se fait discret sur l’invasion migratoire. Seule lacune de cet ouvrage par ailleurs aussi excellent que… déprimant.

Ma note

4,5/5

THRILLER

TOUT CE QUI EST SUR TERRE DOIT PÉRIR (MICHEL BUSSI)

Le résumé du livre

À Etchmiadzine, dans la plus ancienne cathédrale de la chrétienté, un commando s’empare d’une relique de l’arche de Noé après s’être rendu coupable d’un carnage parmi les fidèles présents. Dans « l’Enfer » de la bibliothèque apostolique du Vatican, Zak passe une nuit, enfermé dans un placard pour pouvoir photographier les pages de l’authentique livre d’Enoch. S’ensuit l’attaque d’une exposition dans la ville de Bordeaux puis le kidnapping d’une glaciologue de l’université de Toulouse le Mirail appelée Cécile. Sans oublier le vol rocambolesque d’une poutre de bois de l’arche en question dans un parc d’attraction de Hong Kong. Trainant en permanence à ses trousses les Nephilims, étranges commandos de tueurs kurdes et azéris, Zack arrivera-t-il à récupérer toutes les pièces du puzzle, tous les indices qui permettraient d’élucider le mystère de l’histoire mythique de Noé et du déluge ?

Ma critique

« Tout ce qui est sur terre doit périr » serait « un thriller ésotérique vraiment bien ficelé », si l’on en croit la quatrième de couverture. En fait de thriller, le lecteur n’aura que l’accumulation habituelle de cadavres. L’ésotérisme est bien présent avec une explication totalement farfelue de « l’anomalie d’Ararat » relevant de l’ufologie la plus niaise que l’on puisse trouver sur n’importe quel site ou blog internet de fans d’OVNI. En fait, Michel Bussi nous a gratifié avec ce livre d’un roman d’aventures de type BD, dans la lignée d’Indiana Jones saupoudré d’ingrédients style Dan Brown à la française, sans s’embarrasser ni de cohérence de l’intrigue ni de vraisemblance. Et on jettera un voile pudique sur la coquecigrue de ce parlement mondial des religions présidé par un évêque orthodoxe tout puissant et sur la fin aussi improbable que grand-guignolesque. On achève la lecture de ce pavé indigeste (764 pages) en poussant un ouf de soulagement. Bussi nous avait habitué à nettement mieux…

Ma note

3/5

THRILLER

M, LE BORD DE L’ABIME (BERNARD MINIER)

Le résumé du livre

Moira Chevalier, informaticienne chevronnée, débarque à l’aéroport de Hong-Kong. Elle vient d’être recrutée par la très importante société Ming, spécialisée dans les technologies informatiques de pointe dont l’intelligence artificielle. C’est également le deuxième fabricant de smartphones au monde derrière Samsung et devant Apple. Peu après, elle est accueillie en visioconférence par son patron qui lui donne pour mission de superviser « l’affective computing » de DEUS, le nouveau chatbot bien plus avancé que tous ceux de ses principaux concurrents Apple, Google, Amazon et Facebook. Il s’agit pour Moira de faire de DEUS le plus humain de tous les assistants virtuels. Mais, le soir-même, au fumoir de son hôtel cinq étoiles, elle est interrogée par trois flics de l’ICAC, la commission indépendante contre la corruption. De son côté, l’inspecteur Chan enquête sur le suicide louche d’une jeune femme travaillant pour Ming. Equipée d’un dispositif anti stress implanté dans le cerveau, elle s’est néanmoins jetée dans le vide depuis le toit d’un building. D’autres employées du consortium ont également été retrouvées assassinées. Que se passe-t-il vraiment chez Ming ?

Ma critique

« M, le bord de l’abime » est un thriller technologique dans lequel le lecteur s’aperçoit que la réalité actuelle des nouvelles technologies rejoint déjà la science-fiction et commence même à la dépasser. Même si l’intrigue a son lot de meurtres, crimes, tortures, sadisme et hémoglobine en tous genres, ce n’est pas du tout l’essentiel du propos. Bernard Minier nous entraine dans les arcanes d’une entreprise de la Big Tech qui pourrait être Google ou Microsoft. Il nous fait partager l’hybris pour ne pas dire la folie qui s’empare de dirigeants psychopathes quand ils s’imaginent faire l’œuvre de Dieu, n’avoir plus aucune limite autant dans leur pouvoir sur l’humanité que dans la capacité à l’asservir à tout jamais par le contrôle des nouvelles technologies, de l’internet des objets et de l’intelligence artificielle. La ville de Hong-Kong, cette mégapole dantesque, aussi étonnante qu’inquiétante et aussi avancée que dangereuse, est un personnage à part entière. Et le lecteur sent bien que l’auteur domine parfaitement ces deux sujets. Une importante et fort intéressante bibliographie en atteste en fin d’ouvrage. Nous serons un peu plus réservés sur l’histoire elle-même. Pas très originale, elle s’achève sur un rebondissement un brin capillotracté pour ne pas dire un peu trop invraisemblable. Mais tout cela est secondaire. L’essentiel est que nous ayons affaire à un thriller « intelligent », « éducatif » et un brin divertissant. Que demander de plus ?

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LA GUERRE DES PAUVRES (ERIC VUILLARD)

Le résumé du livre

Né vers 1490 à Stolberg dans une famille pauvre, Thomas Müntzer perdit très jeune son père, pendu pour avoir déplu à un comte. Il fit néanmoins de bonnes études de théologie à Leipzig et devint curé à Halberstadt et Brunswick. Partisan de Luther, souvent renvoyé de ses paroisses, il devient prédicateur à Zwickau en 1520. Il s’installa ensuite à Allstedt où il écrivit ses « Protestations ». Ses messes dites en allemand eurent un grand succès auprès des petites gens tout heureux d’enfin comprendre ce que racontaient les textes liturgiques. Une énième révolte paysanne se déclencha sur les terres du prince Albert de Mansfeld. De partout, les gens se rassemblaient formant une troupe hétéroclite, mal armée et mal ravitaillée, qui devait affronter des troupes de mercenaires disposant de canons. Müntzer prit la tête de la cohorte de gueux. Mais tout se termina dans un bain de sang. Cinq mille paysans furent passés par les armes. Le curé fut emprisonné et décapité le 27 mai 1525 à Mülhausen, devant toute la haute noblesse de la région…

Ma critique

« La guerre des pauvres » est court roman (92 pages) basé sur un fait historique relevant des révoltes paysannes qui furent fort récurrentes pendant de nombreux siècles en Allemagne tout comme en France avec nos « Jacqueries » et qui atteignirent leur apothéose avec la révolution de 1789 et toutes les autres, la guerre de Vendée, 1830, 1848 et la Commune de Paris en 1870. Tous ces soulèvements populaires contre l’oppression royale, ecclésiastique, ou républicaine s’achevèrent systématiquement dans des répressions féroces, le dernier en date étant le mouvement des « Gilets jaunes ». Le style de Vuillart est agréable, léger, facile à lire et un tantinet minimaliste. Pas de descriptions interminables, ni d’états d’âme alambiqués, juste l’essentiel, rien que l’essentiel. « Close to the bone », comme disent les Anglo-saxons. L’inconvénient de cette qualité c’est qu’on termine le livre en restant un peu sur sa faim. On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce fou de Dieu révolutionnaire protestant finissant par contester Luther lui-même et sur ces révoltes populaires si peu ou si mal étudiées dans les cours d’histoire. Merci à Eric Vuillard d’avoir braqué son projecteur sur ce personnage assez peu connu chez nous.

Ma note

4/5

DIVERS

ÉCRITS POLITIQUES (GEORGE ORWELL)

Le résumé du livre

Après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne se retrouve avec un outil industriel obsolète. Elle s’est laissée distancer par les Etats-Unis et se retrouve soudain avec deux à trois millions de chômeurs, souvent d’anciens militaires à qui on avait promis un avenir radieux, une fois la paix revenue ! Ces gens bénéficient d’abord d’une indemnité chômage de misère qui ne dure que pendant 26 semaines, mais que certains leur reprochent. Le terme échu, il ne reste à ces malheureux que la perspective de la mendicité (d’ailleurs interdite), le vagabondage et l’asile de nuit où ils ne peuvent séjourner qu’une seule nuit sur trois mois, ce qui explique l’obligation de l’errance. Le lecteur remarquera par cette description que déjà dans les années trente, le capitalisme triomphant causait des dégâts sociaux énormes en mettant en compétition les économies. Ce chômeur en fin de droit devient par la force des choses un « tramp », un vagabond, un clochard, un SDF. Il n’a ni emploi, ni famille, ni domicile, il ne possède rien que les pauvres loques qui couvre mal sa carcasse. Il se nourrit de pain et de thé, fume des mégots et ne peut même pas s’offrir une bière s’il a soif. À l’époque, aucun mondialiste à la Klaus Schwab n’aurait osé prétendre « qu’il ne possédait rien, mais qu’il était heureux » !

Ma critique

« Écrits politiques » est un recueil de 44 textes écrits entre 1928 et 1949 et publiés pour les premiers sous le véritable patronyme de leur auteur, Eric Blair. Le lecteur y trouvera de la correspondance, des recensions d’ouvrages divers et variés, des articles plus politiques voire plus philosophiques, des analyses de partis et même des prédictions style almanach pour l’année 1946. Le tout complété par un glossaire, en fait un index avec biographie de tous les personnages évoqués, des ouvrages, journaux et partis politiques anglais et autres. Les principaux thèmes abordés sont : 1/ la guerre d’Espagne à laquelle Orwell participa dans les rangs du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste). Il y fut blessé à deux reprises et ne dut sa survie qu’à la fuite quand les communistes bolcheviques commencèrent à liquider ses compagnons de combat. Textes particulièrement intéressants du point de vue historique.

2/ la misère ouvrière, les problèmes sociaux et leurs éventuelles solutions.

3/ la défense de la liberté d’expression. Il précise bien que « 1984 » est une parodie, une satire, imaginée volontairement en Angleterre, car il visait tous les totalitarismes sans exception et surtout pas uniquement le communisme.

4/ le rejet et la condamnation sans appel du colonialisme. Là encore, il fut un témoin fort bien placé, ayant été fonctionnaire territorial en Inde avant l’indépendance.

5/ les rapports entre littérature et politique.

Même si certains textes sont datés, même si certains personnages évoqués sont pratiquement oubliés, même si l’on n’est pas toujours d’accord avec toutes les prises de position, ce genre d’ouvrage garde encore un intérêt à la fois historique, sociologique et politique, sans parler du style limpide et de la puissance de la pensée. Pour les fans du maître.

Ma note

4/5

 

ESSAIS

COUP D’ÉTAT PLANÉTAIRE (LILIANE HELD-KHAWAM)

Le résumé du livre

Cet ouvrage est sous-titré « Comment une élite financière s’arroge le pouvoir absolu sur la captation universelle des ressources ». Parfait résumé du propos de cet ouvrage. En effet, cette main-mise s’effectua en trois stades. De 1960 à 1986, commença une accumulation de pétrodollars gérés principalement par la City de Londres et placés dans des paradis fiscaux. Les banksters préparaient leur force de frappe. Puis de 1986 à 2007, avec l’acte unique européen, et les échanges monétaires internationaux effrénés, gonfla une bulle spéculative énorme. S’y ajouta le scandale de la crise des subprimes doublée d’un endettement croissant des états qui se retrouvèrent peu à peu et de plus en plus sous le joug des oligarques. Et de 2007 à 2019, la crise systémique planétaire amena à une phase cruciale de la globalisation qui a permis de faire émerger une nouvelle société, homogénéisée, mondialisée et de plus en plus robotisée grâce à l’IA et au Big Data, bâtie autour de monopoles et d’oligopoles privés édifiés grâce à l’appropriation de la création monétaire. Le résultat est devant maintenant nos yeux éberlués : démantèlement des services publics, privatisation généralisée, dépossession de tout bien ou possession, contrôle accru des populations, disparition des garde-fous institutionnels, restriction des libertés et parodies de démocratie.

Ma critique

« Coup d’état planétaire » est un essai socio-politique qui vient compléter « Dépossession », précédent ouvrage de Liliane Held-Khawam. D’un abord plus difficile et d’une lecture un peu plus laborieuse, cette étude représente une somme essentielle sur la question avec une grande quantité de notes, d’annexes, de documents de toutes sortes, chiffres, graphiques, à l’appui. Rien ne manque à cette démonstration magistrale qui finit par faire froid dans le dos. Difficile de contester que nous entrons au forceps dans un nouveau monde que personne n’a vraiment envie de découvrir tant les inconvénients sont plus importants que les avantages. Sous couvert de « bonne gouvernance », de « développement durable », voire de PPP « partenariat public privé », les politiques font discrètement place aux oligarques des multinationales qui finissent par tout gérer à leur place. Le lecteur apprendra énormément de choses peu développées dans les médias. Un seul exemple, le RDIE (règlement des différends entre investisseurs et états) permet aux multinationales d’attaquer les états devant des juridictions indépendantes et obtenir des dommages et intérêts comme Longfire qui a demandé au gouvernement canadien de lui verser 250 millions de dollars de compensation pour les profits perdus en raison du moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint Laurent. Plus de 450 procédures de ce genre sont en cours dans le monde. Ouvrage majeur sur une question brûlante.

Ma note

4/5

ESSAIS

OBJECTIF : ZÉRO SALE CON (ROBERT SUTTON)

Le résumé du livre

De qui parle-t-on quand on évoque les « sales cons » ? Le patron dictatorial et irascible qui humilie systématiquement sa secrétaire, le collègue arrogant qui coupe la parole en réunion, le médecin qui harcèle ses infirmières, le client jamais satisfait qui demande un remboursement indu ? Qui n’a jamais eu à souffrir de certains comportements pleins de hargne, d’irrespect, de morgue, de méchanceté, de dérision, de gestes déplacés et autres ? Qui n’est jamais allé au boulot à reculons en raison d’une ambiance délétère ? Mis en situation de pouvoir, certains individus ont tendance à en abuser. Mais le mal est plus profond : tout un chacun peut devenir le sale con qu’il exècre chez les autres. D’où la nécessité de lutter contre ce mal rampant. En effet, la présence de sales cons dans les entreprises représente un coût non négligeable du fait du détournement des efforts, de la perte de motivation et d’énergie, de la détérioration de la santé mentale, de l’absentéisme, d’une rotation élevée des personnels, du manque de coopération général et des pertes d’emploi qui s’ensuivent. La direction perd son temps, son argent et son énergie à apaiser les tensions, à calmer les conflits, à rassurer la clientèle et les fournisseurs, à réorganiser les équipes et à recruter des remplaçants après le départ des sales cons qu’il a bien fallu finir par virer !

Ma critique

« Objectif : zéro sale con » est un essai de psycho-sociologie appliquée prioritairement à l’entreprise, mais dont les analyses et les conclusions peuvent valoir pour bien d’autres groupes humains. En dépit d’un titre accrocheur qui peut laisser penser à un ouvrage humoristique, il s’agit d’une étude sérieuse menée par Robert Sutton, professeur à l’université de Stanford, grand spécialiste du comportement organisationnel. Illustré de nombreux exemples et anecdotes, le ton en est quand même léger et le style très agréable à lire. Le lecteur découvrira également plusieurs petits tests qui lui permettront de découvrir s’il lui arrive de subir les assauts de sales cons, s’il sait les gérer et même s’il a des risques de basculer lui aussi dans cette sinistre catégorie. Sous-titré « Petit guide de survie face aux connards qui plombent les entreprises », cet ouvrage est à la fois radical et mesuré, exigeant et réaliste, utopique et pragmatique. Un célèbre proverbe latin nous dit que « l’homme est un loup pour l’homme », c’est aussi souvent un vrai emmerdeur, pour ne pas dire un sale con !

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

PADRE PIO, LE STIGMATISE (YVES CHIRON)

Le résumé du livre

Dans la vie de Padre Pio, le surnaturel surabonde : visions, guérisons miraculeuses, bilocation, « incendum amoris » (montée en température à près de 50°), odeur de sainteté, don des langues, prédictions et surtout les stigmates de la passion du Christ qui en ont été la manifestation de loin la plus spectaculaire. De son vrai nom, Francesco Forgione, il est né en 1887 à Pietreluna (Campanie), dans une nombreuse fratrie. Sa famille pas vraiment pauvre possède un terrain d’environ un hectare et une petite maison dans le village. Quand cette terre ne suffit pas à faire vivre la petite famille, le père part travailler quelques mois ou quelques années en Amérique. Dès son plus jeune âge, Padre Pio a des visions de la Vierge. Il ressent à ses côtés la présence de son ange gardien. Il part bientôt à Morcone pour entrer chez les capucins, un des ordres les plus rigoureux de la lignée franciscaine. Puis le 28 juillet 1916, il entre au couvent Santa Maria de San Giovanni Rotondo où il restera jusqu’à sa mort en 1968. Très vite, ses miracles et sa réputation de sainteté attireront des foules ferventes mais aussi bien des souffrances…

Ma critique

« Padre Pio, le stigmatisé » est certainement la meilleure biographie que l’on puisse lire sur la vie et l’œuvre du premier et jusqu’à aujourd’hui unique prêtre stigmatisé de l’histoire de l’Église. Portant dans sa chair pendant cinquante années les marques du supplice du Christ, sa vie fut un long calvaire, car il était lui-même de santé fragile et se donnait totalement à son sacerdoce, confessant près d’une centaine de personnes par jour, vivant une messe qui pouvait durer plusieurs heures et apportant aide et consolation à d’innombrables âmes en peine. Il fut à l’origine de la construction d’un immense hôpital doté du meilleur de la médecine et totalement gratuit pour les nécessiteux. Le lecteur apprendra énormément de choses sur le sujet et sera sans doute surpris par les réactions de sa hiérarchie, tour à tour bienveillante vis-à-vis de lui (Benoît XV, Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II) et parfaitement hostile (Pie XI et Jean XXIII) au point de l’obliger à vivre reclus dans sa cellule pendant des années, de lui interdire de dire la messe en public, de confesser, d’apparaître en public, de prêcher et de recevoir des pénitents. La sainte prudence se muant en tyrannie injuste.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

DÉPOSSESSION (LILIANE HELD-KHAWAM)

Le résumé du livre

Comment l’hyperpuissance d’une petite élite financière arrive-t-elle à mettre Etats et citoyens à genoux ? Par quel tour de passe-passe le montant global de la dette mondiale qui s’élevait à 87 000 milliards de dollars en l’an 2000 a-t-il pu passer à 230 000 milliards de dollars en 2018 (triple du PIB mondial) et ne cesser d’enfler de manière exponentielle ? Autant dire qu’elle sera impossible à rembourser à court, moyen ou long terme. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Un jour ou l’autre, il faudra payer. Les Etats seront réduits peu à peu à un statut d’entreprises, tous les services publics seront privatisés, tout comme les biens immobiliers nationaux, les œuvres d’art ou les infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, ponts, etc.). Quant aux citoyens, ils ne seront plus propriétaires de rien, n’auront sans doute plus d’emploi et devront être heureux de leur statut d’assistés (revenu universel) pour ne pas dire de serfs. En effet, plus les états s’affaiblissent, moins les droits et les libertés des citoyens sont défendus. Avec la complicité des politiques, les banques font toujours mutualiser, c’est-à-dire payer par le contribuable, leurs pertes tout en privatisant leurs gains. Ce qui a été flagrant lors de la crise dite des « subprimes » de 2008.

Ma critique

« Dépossession » est un essai de grande qualité, sourcé, documenté, illustré de nombreux schémas et graphiques, tout en restant facile d’accès et agréable à lire. C’est un peu le « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pouvoir toxique de Big Money », ou « L’économie capitaliste de prédation pour les Nuls. » Un homme averti doit s’intéresser à l’économie car celle-ci détermine son avenir. « La main qui prête est toujours au-dessus de la main qui reçoit », dit un adage célèbre. Et « il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé », ajoutait Roosevelt. Mais quand les deux se donnent la main, on est très mal barré. Le mal remonte à loin avec la création de la Banque d’Angleterre, puis avec celle de la Banque de France par Napoléon qui en donna la gestion à une poignée de banquiers privés. Plus tard, la réserve fédérale américaine procédera de la même manière. On va de découvertes déplaisantes en indignations horrifiantes dans ce livre, comme la fin de l’étalon-or (1971) qui garantissait la parité du dollar, l’obligation pour les états d’emprunter à des banques privées et au taux du marché, donc la perte du privilège de battre monnaie avec le résultat qu’on sait, une explosion de la dette (20 trillions de dollars rien que pour les Etats-Unis) et avec une bulle spéculative de 1 500 000 milliards de dollars de produits dérivés alors que le PIB mondial ne s’élève qu’à 73 500 milliards de dollars. Le tout entre les mains de Black Rock, Vanguard, Fidelity et State Street, gestionnaires d’une énorme partie des actifs de la planète, et tous américains. Ouvrage à lire absolument avant qu’il ne soit trop tard…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LE HOLD-UP PLANÉTAIRE (ROBERTO DI COSMO & DOMINIQUE NORA)

Le résumé du livre

Bill Gates est-il une sorte de nouveau Big Brother qui chercherait à avoir le contrôle total sur toute forme de transmission et de contrôle de l’information, à avoir la main mise sur l’ensemble des transactions bancaires, sur les médias et même sur tous les pans les plus secrets de nos vies privées ?

On est bien obligé de reconnaître que sa société Microsoft se retrouve en situation de quasi-monopole pour les systèmes d’exploitation. Son système Windows équipe 85% des micro-ordinateurs de la planète. Cette position de force ne représente-t-elle pas un véritable danger pour la liberté et la démocratie dans la mesure où elle peut contrôler la quasi-totalité de la chaine de l’information et de la communication ? Dès 1993, le département américain de la justice s’en étant inquiété avait ouvert une procédure anti trust à l’encontre de Microsoft. Mais la montagne n’avait accouché que d’une souris. À peine un rappel à la loi, assorti d’une promesse de ne pas recommencer !

En fait, le but de cette multinationale américaine n’a jamais été de produire de bons logiciels, mais de faire le maximum de bénéfices et de régner sur tous les marchés dans lequel il entre et éliminant la concurrence par tous les moyens…

Ma critique

« Le coup d’état planétaire » est un essai sur les dérives d’une société devenue incontournable alors qu’elle n’aurait jamais du l’être. Un succès phénoménal basé sur le mensonge, la tricherie et des méthodes de gangsters. Deux exemples pour illustrer le propos : le fameux MSDOS, dérivé du DOS et point de départ de l’aventure n’est même pas sorti du cerveau génial de Gates, mais fut simplement racheté à son inventeur. Windows est bourré de failles, d’ouvertures et de… « fenêtres » permettant de laisser passer les virus, trojans et autres malwares. Faiblesse voulue qui permet de vendre des antivirus et d’organiser une obsolescence programmée avec toutes les versions se succédant très vite dans le temps. Présenté sous la forme d’une longue interview avec Di Cosmo dans le rôle du spécialiste et Nora dans celui de la journaliste un brin candide, cet ouvrage reste très intéressant bien qu’un peu daté (2006, tout va tellement vite dans ce domaine) surtout pour bien comprendre la genèse de cet empire de l’information, la naissance et le développement un brin malsain d’un des monstres de Big Tech. Un espoir cependant : les logiciels « libres » (Linux et autres)…

Ma note

4/5

THRILLER

MALÉFICES (MAXIME CHATTAM)

Le résumé du livre

Un employé des services de protection de l’environnement est retrouvé mort dans une clairière de l’Oregon. Il s’agit de Fleitscher Salhindro, frère de Larry, le gros flic ami de Joshua Brolin lequel se repose dans son chalet posé devant un lac situé en pleine nature à une demi-heure de Portand. Lors de l’autopsie du cadavre de Fleitscher, le médecin légiste lui découvre sur le cou une sorte de grosseur occasionnée peut-être par une morsure de serpent ou d’insecte. Les analyses montrent qu’elle fut occasionnée par du venin d’araignée, mais dans une concentration tout à fait anormale. Bizarrement, on constate également neuf morsures d’araignée dans le secteur en une seule semaine. Puis l’appel téléphonique d’un jeune homme amène Joshua Brolin et Annabel, venue de New-York pour le seconder, à découvrir le cadavre d’une femme enrobée dans un cocon constitué de fil de toile d’araignée accroché à un arbre, non loin d’une cascade, dans un endroit perdu de la forêt…

Ma critique

« Maléfices », dernier tome de la « Trilogie du mal », est un thriller qui peut se lire indépendamment des deux autres. Maxime Chattam a su y renouveler son inspiration autant du côté du profil du psychopathe (« la Chose ») que du motus operandi qui repose sur les mygales, les veuves noires et autres arachnides peu sympathiques et sources de phobie pour bien des gens. L’intrigue est alambiquée à souhait. Le lecteur se retrouve baladé de fausses pistes en cul de sac, ce qui est un des ressorts et des plaisirs du genre si tout cela est mené de main de maitre, c’est-à-dire avec rythme et humour, ce qui est loin d’être le cas. L’ensemble est un peu poussif, lambin, et donne même l’impression de tirer à la ligne. Sur les 640 pages de ce pavé, une bonne centaine aurait pu être élaguée. Trop de descriptions sans grand intérêt, trop de détails scientifiques sur les techniques de médecine légale, d’analyses diverses, de biologie animale ou de psychiatrie criminelle. Nul doute que l’auteur s’est grandement documenté pour cette étrange histoire. Il s’est basé sur des faits réels comme la production de soie d’araignée grâce au lait de vache ou comme les effets de la tétrodotoxine sur les humains. L’ennui, c’est que tous ces éléments accumulés donnent malgré tout une impression d’invraisemblance, d’improbabilité et même d’irréalité. Une histoire capillotractée ? Pourquoi pas ? Pour moi, quand même le meilleur des trois opus.

Ma note

3,5/5

HUMOUR

LA CONJURATION DES IMBECILES (JOHN K. TOOLE)

Le résumé du livre

Il habite la Nouvelle-Orléans. Il a 30 ans. Il vit encore chez sa mère. Il est hypocondriaque, plutôt obèse et a des choix vestimentaires assez discutables. Son nom : Ignatius Reilly. Il joue du luth et de la trompette, remplit des cahiers d’écolier d’élucubrations qu’il présente comme un manifeste contre le monde moderne et a le don d’attirer sur sa tête quantité de problèmes en raison d’une attitude bizarre, souvent arrogante voire agressive. Sa brave femme de mère, lassée de ses frasques et de sa paresse, le pousse à aller chercher du travail. Ignatius est d’abord embauché comme simple employé de bureau dans une petite boite de confection de pantalons en train de péricliter doucement. Il se fait vite remarquer en organisant à sa manière une mutinerie assez ridicule avec les ouvriers noirs de l’atelier. Immédiatement viré avec pertes et fracas, il retrouve du boulot comme vendeur ambulant de hot-dogs où il ne réussit guère mieux…

Ma critique

« La conjuration des imbéciles » est un roman qui se veut humoristique, picaresque et distrayant. Beaucoup de situations sont cocasses et amusantes, mais le trait est plutôt outré et les personnages caricaturaux. Cette histoire improbable relève de la farce, de la satire, de sarcasme, de l’ironie grinçante et sans grande finesse. On est assez loin de l’humour anglo-saxon des Lodge, Sharpe ou Wodehouse. Ignatius est plus odieux qu’attachant et les personnages secondaires ne valent guère mieux. La mère est une ivrogne qui ne pense qu’à son intérêt. Levy, propriétaire de l’usine de pantalons, n’est qu’un égoïste incapable, Miss Trixie et Gonzalès deux abrutis sans consistance, le balayeur Jone, un noir aigri et râleur, Mancuso, un flic crétin et Myrna Minkoff, une étudiante hippy, féministe radicale et pionnière de la révolution sexuelle. Tous plus bêtes, sales et méchants les uns que les autres. Il faut dire que ce roman, rejeté par les éditeurs et cause du suicide de son auteur, fut écrit vers 1968, époque d’effervescence révolutionnaire s’il en fut. À l’époque, tout pouvait être sujet à remise en question. Et sous la plume de Toole, tout est passé à la moulinette, mœurs, politique (Ah ! Les communisses…), religion, sexualité, racisme, ségrégation et consommation. Agréable à lire (beaucoup de dialogues en langue « verte »), mais sans plus. Commence déjà à dater un peu.

Ma note

3/5

THRILLER

IN TENEBRIS (MAXIME CHATTAM)

Le résumé du livre

12 avril 1997. Un Boeing 747 de la Continental s’embrase en plein ciel et explose quelque part au-dessus du Colorado.

Janvier 2002 à Brooklyn. Annabel O’ Donnel, détective au 78e precinct de Brooklyn est de retour chez elle. Elle vient juste de quitter son service quand son équipier, Jack Thayer, lui demande de revenir d’urgence. Une jeune femme vient d’être découverte marchant dans Prospect Park, nue, droguée et en état de choc. Son crâne sanguinolent montre qu’elle vient d’être scalpée à vif… Les médecins constatent de nombreuses ecchymoses et lésions sur tout son corps sans parler de traces de viol. Le tortionnaire neutralisé rapidement collectionnait les portraits de ses nombreuses victimes. L’ancien profileur Joshua Brolin, devenu détective privé, vient proposer ses services à Annabel car lui-même travaille sur une affaire de disparition de jeune femme qui pourrait être tombée dans les griffes du monstre au domicile duquel les enquêteurs ne trouvent que deux crânes de femmes suppliciées croupissants dans une bassine d’eau alors que 67 portraits de possibles victimes sont affichés sur un mur. Une enquête compliquée s’annonce pour Annabel et Josh !

Ma critique

« In tenebris » est le second volet de la Trilogie du mal. C’est un thriller peut-être encore plus glauque et angoissant que le précédent opus. Chattam a voulu quitter les rivages trop fréquentés du genre en abandonnant le stéréotype du psychopathe sadique accumulant tortures et meurtres dans son sillage au profit de tout un groupe de monstres satanistes, une sorte de secte insaisissable mais responsable cette fois de plusieurs dizaines de crimes d’un sadisme encore plus accentué si cela est possible. On en arrive même à une certaine forme de paroxysme sur laquelle on jettera un voile pudique à la fois parce que c’est un des tabous absolus de nos sociétés modernes (quoi que…) et pour ne pas déflorer une intrigue si monstrueuse, si sanguinolente qu’il faut bien conseiller aux âmes sensibles de s’abstenir. Certaines descriptions lèvent le cœur pour ne pas dire qu’elles sont à vomir. Le lecteur comprend très bien que l’auteur ait voulu en rajouter dans l’horreur et l’ignominie. L’ennui, c’est que ce trop-plein de sang, de monstruosité et de cruauté gratuite fait basculer cette histoire dans le grand guignol et dans une invraisemblance encore plus importante que celle du premier tome et finit même un peu par lasser. D’autant plus que le style reste très quelconque et que la narration manque toujours autant de rythme. Quel nouveau cercle de l’enfer, Chattam devra-t-il nous faire franchir pour maintenir notre intérêt dans le prochain ?

Ma note

3/5

THRILLER

L’ÂME DU MAL (MAXIME CHATTAM)

Le résumé du livre

En 1980, près de Miami, un petit garçon de 4 ans disparaît au rayon des jouets d’un supermarché. Il ne sera jamais retrouvé… De nos jours, à Portland (Oregon), Juliette Lafayette, étudiante en 4ᵉ année de psycho, rentre chez elle après avoir passé la soirée chez son amie Camélia. Mais au moment de monter dans sa voiture, elle s’aperçoit qu’un pneu est crevé. Un inconnu lui propose de l’aider et même de la raccompagner chez elle dans son pick-up. Juliette refuse, préférant continuer à pied. L’homme lui applique un tampon de chloroforme sur le visage et la kidnappe… Le jeune inspecteur Joshua Brolin et son assistant bedonnant Salhindro se retrouvent chargés d’une affaire difficile. Le corps d’une jeune femme a été retrouvée dans l’eau avec six sangsues dans les voies aériennes. Auparavant, deux autres avaient été retrouvées dans la rivière avec une marque à l’acide sur le front et les deux avant-bras sectionnés. Ainsi un même dangereux psychopathe, que les flics surnomment déjà « Le Bourreau de Portland », serait responsable de ces trois horribles crimes.

Ma critique

« L’âme du mal » est un thriller bien glauque et bien sanglant qui fait partie de la trilogie du Mal. On y retrouve tous les ingrédients habituels du genre, une accumulation de cadavres, des tortures et des mutilations bien barbares, un tueur en série malade mental sataniste et un pauvre flic qui patauge dans une enquête laborieuse. Avec toutefois quelques ingrédients supplémentaires qui font peut-être la différence, qu’il ne faut pas décrire pour ne pas déflorer une intrigue qui navigue parfois aux limites de la vraisemblance. Le style est fluide et la narration pleine de dialogues et de rebondissements, ce qui donne de la vie à l’ensemble et presque l’impression d’un « page-turner ». Seul bémol, l’auteur a beaucoup étudié les méthodes de la police scientifique en général et des profileurs en particulier. Résultat, il truffe son texte d’un tas de considérations techniques, chimiques ou autres qui ralentissent le rythme sans apporter grand-chose au lecteur lambda si ce n’est parfois une pénible impression de remplissage. De plus, la fin quasi ouverte incite le lecteur à se précipiter pour lire la suite, procédé commercial connu, mais toujours agaçant. Au total, un bon ouvrage de divertissement, sans plus. À déconseiller aux âmes sensibles, cela va sans dire…

Ma note

3,5/5

ANTICIPATIONSCIENCE-FICTION

LA NUIT DES TEMPS (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

Dans la base française du pôle sud, plusieurs savants procèdent à des sondages en profondeur. Ils font des constatations assez étranges entre 900 et 1000 mètres sous la glace. Ils enregistrent même un signal sonore qui fonctionnerait depuis la bagatelle de 900 000 ans. Ils rentrent à Paris pour faire connaître leur découverte. Bientôt tous les journaux du pays titrent : « La plus grande découverte de tous les temps ! », « Une civilisation congelée » ou « L’UNESCO va faire fondre le pôle sud. » Peu après, une énorme mission internationale se met à creuser un puits dans la glace à l’endroit concerné. À plus de 900 mètres de profondeurs, les mineurs découvrent un premier oiseau pris dans la glace et tout au fond du puits, toutes sortes de ruines et divers animaux pétrifiés. Mais dès qu’arrive un peu de chaleur, tout se met à fondre et à disparaître. Mais comme le signal continue à émettre, ils continuent à creuser toujours plus profond. Ils finissent par atteindre une roche extrêmement compacte, puis une masse de sable et enfin une grosse plaque en or massif. Ils finissent par dégager une sphère de 27 mètres de diamètre soit la hauteur d’un immeuble de dix étages à l’intérieur de laquelle ils feront une découverte stupéfiante…

Ma critique

« La nuit des temps » est un des meilleurs romans de science-fiction de René Barjavel. En se référant aux histoires légendaires de l’Atlantide, du continent de Mu et autres, il nous entraine à la découverte de Gondawa, une brillante civilisation qui aurait fini par disparaître dans les profondeurs de la terre sans laisser de traces suite à un conflit titanesque avec leurs ennemis. Bien évidemment, cette intrigue fort bien menée, relève de la parabole ou du conte philosophique. L’auteur veut nous faire partager son horreur de la guerre et les risques de fin de notre propre civilisation en cas de conflit nucléaire généralisé. Ce ne serait pas la première fois que l’humanité aurait accumulé tant d’armes qu’elle aurait été en mesure d’éradiquer toute vie sur terre. Mais nos prédécesseurs en folie destructrice auraient placé dans un œuf d’or deux « germes » cryogénisés capables de faire refleurir la vie une fois la tourmente apaisée. Mais ils n’avaient pas anticipé le basculement de l’axe terrestre et la congélation du pôle sud. Publié en 1968, cet ouvrage majeur de la SF, est malheureusement encore d’actualité aujourd’hui. Le lecteur ne peut qu’approuver tout ce que Barjavel avance sur la nécessité du pacifisme, avec un petit bémol quand même sur l’espoir que le salut ne puisse venir que de la jeunesse…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LES IMPOSTEURS DU BIO (CHRISTOPHE BRUSSET)

Le résumé du livre

Les produits bio ou supposés tel, souvent vendus avec des marges abusives, sont-ils tous vraiment bons pour la santé des consommateurs ou pour notre planète ? C’est d’autant moins certain que nous en importons un bon tiers de pays lointains (Chine, Turquie, Egypte, Afrique noire, Asie et Amérique du Sud) n’appliquant pas nos normes de culture et où le laxisme écologique et la corruption endémique règnent en maîtres. De plus, le bio n’est pas forcément synonyme de naturel. Par exemple, le sulfate de cuivre, largement utilisé en bio, est en réalité une substance pseudo-naturelle, un pesticide toxique et polluant, tout comme l’huile de neem, dangereuse pour les abeilles, les mouches, certains insectes et poissons. Autrefois relégués dans les rayons de compléments alimentaires, les produits bios disposent maintenant de vastes linéaires dans tous les super et hypermarchés, car les industriels de l’agro-alimentaire ayant flairé le bon filon se sont lancé à fond dans une filière qui est en constante progression et leur permet de s’octroyer des marges doubles de celles qu’ils pratiquent sur les produits non bio.

Ma critique

« Les imposteurs du bio » est un essai assez documenté se proposant de dénoncer la plupart des dérives d’une filière que d’aucuns imaginent vertueuse et bienfaisante. On y apprend pas mal de chose sur le sujet, par exemple que les organismes de certification sont des organismes privés pour la plupart, que les vérifications sont plutôt insuffisantes et parfois même pratiquées hors saison quand il n’y a rien à contrôler dans les champs ! Que les logos apposés sur les emballages sont forts nombreux, souvent fantaisistes et même auto-décernés pour mieux berner le consommateur. L’auteur en a relevé jusqu’à 12 sur un seul paquet de café ! On en est malheureusement ainsi arrivé à du bio de deux sortes, de qualité médiocre à quasi-nulle dans la grande distribution et acceptable dans les boutiques spécialisées plus ou moins militantes comme Biocoop ou la Vie Claire. Du bio pour prolo et du bio pour bobo en quelque sorte. Livre aussi coruscant que « Vous êtes fous pour avaler ça ! », mais qui reste un peu trop dans les généralités. Le lecteur aurait aimé plus de faits concrets pour illustrer et étayer le propos. À lire pour perdre quelques illusions…

Ma note

3,5/5

EROTISMEROMANCE

LA TERRE DES PROMESSES (MERICE BRIFFA)

Le résumé du livre

Août 1844, dans les Cornouailles, pays minier de bord de mer, Meggan Collins, 12 ans, fille de mineur, aperçoit sur la lande un lièvre blanc, vision qu’elle interprète aussitôt comme un mauvais présage. En suivant l’étrange animal, elle découvre sa sœur aînée Caroline, nue en pleine action avec Rodney Tremayne, le fils du riche propriétaire des mines. L’ennui, c’est que sa sœur devait épouser Tom Roberts, un autre mineur, et que le père de Rodney ne voulait pas entendre parler de semblable mésalliance… De son côté, Meggan qui dispose d’une voix magnifique, devait être dispensée du travail à la mine en devenant demoiselle de compagnie de Jenny Tremayne, sœur de Rodney. Mais la malédiction du lapin blanc opère très vite. Les amours de Caroline et Trevor s’achèvent par le suicide de celle-ci quand elle apprend un terrible secret de famille et par la disparition volontaire de Rodney qui ne veut plus jamais revoir son père. Après ce double drame, la famille Collins décide de partir tenter sa chance à l’autre extrémité de la terre, en Australie, à nouveau dans une mine de cuivre, à Burra dans la partie méridionale du pays. Cette terre de toutes les promesses leur apportera-t-elle un avenir meilleur ?

Ma critique

« La terre des promesses » est un roman sentimental comme on en écrivait au XIXᵉ siècle avec son lot d’amours contrariés, d’enfants bâtards, d’unions improbables, de préjugés de classe, de bergères n’épousant pas de jolis princes, de femmes trompant leurs maris, de charmants prétendants couchant avec la sœur de la promise, pimenté par un viol pour faire bonne mesure. On reste dans le registre du roman de gare, niveau « Guy des Cars » moins quelque chose. Le lecteur aurait pu s’attendre à en apprendre un peu sur la vie des mineurs en Cornouailles ou en Australie, sur la colonisation de ces nouveaux territoires, la création de villes nouvelles dans le bush, la ruée vers l’or australien ou la dépossession des autochtones. Il restera sur sa faim. Il y a un public pour ce genre de littérature. Désolé de ne pas en faire partie…

Ma note

3/5

HISTORIQUEROMAN

COLORADO SAGA (JAMES A. MICHENER)

Le résumé du livre

Du magma en fusion des premières pages de l’ouvrage, le lecteur passe aux ancêtres des chevaux montant au Nord pour franchir le détroit de Béring beaucoup plus large à l’époque, puis aux bisons qui suivent l’itinéraire inverse avant d’en arriver à l’homme dont nul ne sait quand il s’installa au Colorado. Quelques tribus indiennes ayant sans doute suivi le même itinéraire commencèrent donc à s’installer dans l’Ouest. Parmi lesquelles, « Notre Peuple », celle de Castor Eclopé qui vit enfin son destin changer quand enfin elle disposa des premiers chevaux volés à une tribu voisine. Puis ce fut l’arrivée des premiers trappeurs européens avec Pasquinel, le Français qui avait une femme indienne et quelques enfants métis dans la prairie et une femme blanche en ville. Il constitue une fine équipe avec un grand Ecossais aussi roux que sérieux dénommé McKeag. Mais un jour, les castors trop chassés commencèrent à disparaître. C’est alors que le lecteur assiste à la longue, lente et pénible progression vers l’Ouest du couple improbable formé par Elly l’orpheline et Levi, le Mémmonite mis au ban de sa communauté pour n’avoir pas su se comporter correctement avec une « allumeuse »… Bientôt, la fièvre de l’or s’empare des lieux à cause de deux balles de ce métal fondues par un Peau Rouge innocent. Mais très vite, elle retombe, laissant la place aux immenses exploitations d’élevage de taureaux. Le lecteur suit une équipe de cowboys ramenant du Texas sur plus de 3000 km de pistes hostiles un immense troupeau de bovins. L’élevage amena la culture, d’abord sur des parcelles irriguées puis sur d’immenses plaines sèches, avec des résultats mitigés. Quelques belles récoltes et des saisons catastrophiques par manque d’eau ou tempêtes de vent (le fameux « dust bowl ») qui ruinèrent les paysans qui s’y risquèrent…

Ma critique

« Colorado saga » est une immense fresque historique aussi vivante que passionnante s’étalant sur plusieurs siècles et millénaires et sur près de mille pages. Un pavé qui est très loin d’être indigeste tant les évènements, les rebondissements et les personnages sont nombreux. Michener a fait œuvre d’historien de vulgarisation. Il nous raconte toute l’histoire d’un État américain et même de pratiquement tout l’Ouest, mais de manière vivante et non académique. Il se sert de personnages emblématiques, hauts en couleurs et bien pétris d’humanité pour nous faire comprendre les différentes vagues d’immigration, les difficultés de la cohabitation avec les allogènes, ou les problèmes de gestion des ressources naturelles qui finissent par se poser. Celui de l’eau en particulier qui est traité à la fin reste particulièrement prégnant aujourd’hui. Donc rien de lassant ni de rébarbatif, la partie romancée permettant de maintenir l’intérêt selon les bonnes vieilles méthodes de notre cher Alexandre Dumas. Le lecteur apprendra mille choses passionnantes sur cette « conquête de l’ouest » qui se fit souvent dans le sang, la sueur et les larmes avec de courageux trappeurs et agriculteurs, mais aussi avec de fieffées crapules comme l’escroc comédien qui dépossédait les fermiers en se servant de son épouse dans l’arnaque du mari berné ou avec de gros abrutis inconscients qui chassaient le bison, le chien de prairie, l’aigle blanc ou l’ours juste pour faire des cartons ou pour avoir un trophée empaillé sur un mur. Les questions indiennes puis mexicaines sont traitées avec honnêteté, même si Michener considère que certaines colonisations comme l’australienne furent pires que l’américaine qui fut plus brouillonne et moins systématique dans l’éradication. Un génocide, quelle que soit la manière dont il fut pratiqué, restera toujours un génocide dans les siècles des siècles.

Ma note

4,5/5

ROMAN

LA VILLE DES INCENDIAIRES (HALA ALYAN)

Le résumé du livre

À la fin des années 70, Mazna la Syrienne et Idris le Libanais ont dû quitter leurs pays pour aller s’établir aux Etats-Unis. Le couple s’est installé dans une petite ville californienne. Idris est devenu chirurgien cardiaque. Mazna a dû peu à peu abandonner son rêve de devenir actrice pour élever leurs trois enfants. Quarante ans plus tard, les voilà éparpillés à travers le monde. Son père décédé à Beyrouth, Idris décide de mettre en vente la maison de famille que plus personne n’habite à part une servante. Il convie tout le monde sur les lieux, car il veut profiter de l’occasion pour faire une cérémonie de commémoration de la mort du grand-père, vu que personne à part lui n’a assisté aux obsèques de ce dernier. Les enfants sont partagés, voire opposés à ce projet. Marwan, le cadet, qui vit sur la côte ouest et voit ses rêves de carrière musicale s’envoler, finit par accepter de partir. Naj, la benjamine, revenue sur place, a plus de succès que son frère comme violoniste et chanteuse du duo Noja. Ava, l’aînée biologiste, veut complaire à son mari Nat et surtout à sa mère qui, elle-même, ne veut pas s’opposer à la volonté de son époux…

Ma critique

« La ville des incendiaires » est une chronique familiale qui démarre sur un drame horrible qui conditionnera le destin de la mère et par conséquent celui de toute la famille, même si certaines choses restent du domaine du secret. Hala Alyan s’attache à une narration pointilliste et impressionniste faite de mille petits détails de la vie quotidienne de ces immigrés palestino-syriens qui, bien qu’ayant socialement parfaitement réussi leur implantation dans la société américaine, vivent toujours avec au cœur la plaie béante de leurs pays meurtris. Les personnages sont attachants, plein de vie, de souffrances ou de complexes, si criants de réalité que le lecteur se demande si cette intrigue n’est pas une histoire vraie à peine romancée. Une histoire toute simple, presque banale. En effet, après une scène d’ouverture aussi terrible, on s’attend à quelque chose de tragique, de dramatique, avec des rebondissements, de l’étrange, de la violence partout. Mais non, tout s’apaise immédiatement dans un quotidien banal, une sorte de train-train confortable de classe moyenne supérieure. Même la fin n’a rien de surprenant ni de spectaculaire. Juste la petite musique familière de la vie qui va. Un ouvrage sentimental et intimiste qui peut plaire aux amatrices et amateurs du genre. Seul petit bémol : les nombreux termes et expressions arabes pourraient être traduits en notes de bas de pages…

Ma note

3,5/5

SCIENCE-FICTION

LE VOYAGEUR IMPRUDENT (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

Pendant la seconde guerre mondiale, le 27e bataillon de chasseurs pyrénéens occupe depuis deux mois le petit village lorrain de Vanesse. Le caporal Pierre Saint-Menoux, prof de maths dans le civil, se trouve responsable des dix-sept conducteurs de la compagnie de mitrailleurs, des chevaux et des voitures, sans oublier la popote et toute l’intendance. Il a l’ordre de lever le camp, ce qui ne se réalise pas sans peine avec les hommes peu motivés qu’il a sous ses ordres comme le chiffonnier Crédent ou le tourneur Pilastre. En chemin, il s’arrête dans la maison de Noël Essaillon, un infirme et savant physicien avec qui il a déjà dialogué autrefois. Celui-ci a fait une découverte extraordinaire qu’il a appelée « noëlite » permettant de voyager dans le temps et se prenant sous forme de cachet. Il en donne deux à Pierre, ce qui devrait lui permettre de voyager aussi bien dans le passé que dans le futur. Il se propose de lui donner rendez-vous à Paris à la fin de la guerre…

Ma critique

« Le voyageur imprudent » est un roman de science-fiction tournant autour du thème assez rebattu du voyage dans le temps. L’originalité de l’intrigue repose sur la possibilité d’aller et venir dans les deux sens. Pierre est d’abord intéressé par le futur. Il veut comprendre comment arriver à améliorer la condition des hommes. Peu à peu, il s’éloigne de plus en plus du présent, jusqu’à atteindre l’an 100 000 dans lequel il découvre un monde totalement différent du nôtre. Il n’y a plus d’électricité, plus la moindre machine, tout est à nouveau fabriqué à la main. L’homme s’est évertué à aplanir les montagnes, à éradiquer toutes les plantes inutiles, tous les insectes prédateurs et tous les animaux gênants. Lui-même est dépourvu d’organe sexuel et même d’anus. La perpétuation de l’espèce a quelque chose à voir avec les pratiques de la mante religieuse et de la reine des abeilles. À un moment donné de leur vie, les mâles sont attirés par une énorme femelle pourvue de nombreuses vulves qui les absorbent entièrement pour pouvoir engendrer. Livre divertissant, pourvu d’un certain humour et qui fait réfléchir sur la condition humaine surtout quand tout se gâte avec un retour raté vers le passé qui donne une fin à la fois surprenante et paradoxale. L’auteur s’en explique dans une postface dans laquelle il met en parallèle « être ou ne pas être » et « être et ne pas être ». Le lecteur nage un peu dans l’étrange et l’invraisemblable. Mais la fantaisie, le rêve et la poésie n’ont rien à faire du rationalisme et du cartésianisme. Un bon Barjavel.

Ma note

4/5

ESSAIS

VOUS ÊTES FOUS D’AVALER CA ! (CHRISTOPHE BRUSSET)

Le résumé du livre

Que de découvertes surprenantes ne fait-on pas quand on analyse nombre de produits de l’industrie agro-alimentaire ? On trouve du piment indien rempli de petites crottes de souris, du thé vert de Chine plein de pesticides, du faux safran marocain, de la viande de cheval devenue bovine en se transformant en lasagnes, de la confiture de fraise sans la moindre fraise, de l’origan coupé de feuilles d’olivier, du lait chinois lyophilisé à la mélamine parfaitement toxique, du miel composé de sucres, glucose, fructose et colorants, des matières premières avariées comme des tomates pourries quand même bonnes pour certaines sauces et coulis. Marchandises trafiquées, de bas de gamme, épices où on trouve n’importe quoi bien transformé en poudre comme le fameux ras-el-hanout dont personne ne peut dire la composition, contrôles sanitaires détournés ou bidonnés, tout est malheureusement possible. Que de dérives, de tromperies et d’arnaques au profit de leur juteux business et au détriment de notre santé !

Ma critique

« Vous êtes fous d’avaler ça » est un essai en forme de réquisitoire parfaitement étayé sur tout ce que nous cache l’industrie agro-alimentaire. Il faut dire que l’auteur connait parfaitement son sujet ayant été de nombreuses années cadre dans cette profession. Et témoin de toutes ces malversations, et de toutes ces pratiques aussi illicites que dangereuses. Tout ce qu’il dénonce fait se dresser les cheveux sur la tête. Pour faire du profit, tous les moyens sont bons, peu importe la santé du consommateur. Il analyse également le rôle des super et hypermarchés qui ne luttent pas pour défendre le pouvoir d’achat des clients, mais uniquement pour toujours augmenter leurs profits (marges arrières) en pressurant les producteurs et en les mettant quasiment dans l’obligation de tricher pour maintenir leurs marges. Un livre essentiel pour ne pas consommer idiot. Après tout, c’est le client qui devrait avoir le dernier mot. Si un mauvais produit n’était pas acheté, il finirait par disparaître de lui-même. Mais pour ça, il faut être informé et surtout le vouloir. L’ouvrage s’achève sur une série de dix conseils pratiques tout à fait judicieux pour nous aider à consommer intelligemment.

Ma note

4,5/5

ANTICIPATION

LE GRAND SECRET (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

Le 16 janvier 1955, le pandit Nehru reçoit un appel téléphonique inquiétant de son ami Shri Bahenba, à la fois sage respecté et scientifique de grand renom. Il lui demande de venir le rejoindre immédiatement à Bombay, dans son laboratoire, pour l’entretenir d’une affaire de la plus haute importance. Le sort de l’humanité en dépendrait. Toutes affaires cessantes, le chef de l’État indien saute dans son avion, rejoint son ami et reste plus de cinq heures à discuter avec lui. Pour être de quelque efficacité, les révélations du savant ainsi que ses propositions doivent rester ultra-secrètes… Pendant ce temps, à Paris, Jeanne, autre scientifique, trompe son mari cardiologue avec Roland, lui aussi issu du milieu de la recherche biologique… De son côté, Nehru part, de capitale en capitale, rencontrer tous les grands de ce monde (Eisenhower, Kroutchev, Mao, Coty…) pour les mettre dans la confidence, alors que tout le monde croit qu’il œuvre pour la fin de la guerre froide et pour la paix dans le monde. Tous les services secrets sont sur les dents. On apprend très vite que le laboratoire de Bahenba a été incendié et que celui de Roland a suivi. Les deux savants auraient trouvé la mort dans les flammes. Mais Jeanne, qui refuse d’y croire, part à la recherche de son amant…

Ma critique

« Le grand secret » est un roman d’anticipation tout à fait passionnant, sans doute un des meilleurs titres de René Barjavel. Le lecteur reste pendant tout le premier tiers du roman à se demander quel peut bien être ce grand secret qui agite à ce point tous les dirigeants du monde. Puis il découvre la solution en forme de compromis bizarre que ceux-ci mettent en place. Puis peu à peu, la belle construction un peu bancale se fissure et tout bascule dans un drame qu’on ne déflorera pas pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur. Car plaisir il y a, et pas des moindres. Difficile de lâcher ce bouquin tant le suspens est grand et tant l’histoire est prenante. Bien que publié il y a déjà un demi-siècle, cet ouvrage n’a pas pris la moindre ride. Il ferait même un best-seller de nos jours. Barjavel s’y est montré incroyablement visionnaire. Son histoire, en forme de conte écologique, reste d’autant plus d’actualité que les problématiques se sont encore exacerbées de nos jours : surpopulation réelle ou fantasmée, planète aux ressources limitées, transhumanisme visant l’immortalité par le biais de l’IA et de l’humain augmenté et stérilisation imposée ou subie de la population pour que l’élite des surpuissants et des ultra-riches puissent mieux profiter entre eux de tous les biens gratuits que dispense Dame Nature. Excellent. À lire et à relire.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LE VIRUS ET LE PRÉSIDENT (JEAN-LOUP IZAMBERT & CLAUDE JANVIER)

Le résumé du livre

La gestion de la crise sanitaire du Covid-19 a été exécutée en dépit du bon sens. La décision de confinement de gens bien portants tout comme celle du port obligatoire du masque dans les espaces publics ne reposaient pas sur des données scientifiques claires et démontrables, mais sur des intérêts politiques permettant au pouvoir d’assurer une domination contestée depuis l’affaire des Gilets jaunes. Les médecins de plateau télé, tous bien pourvus en conflits d’intérêts avec les grands labos pharmaceutiques, n’ont fait qu’agiter les peurs, ce qui a entraîné une psychose collective sans laquelle il aurait été impossible d’imposer autant de mesures coercitives et liberticides à toute une population. La France a aussi été le seul pays au monde à interdire aux médecins généralistes la prescription de médicaments qui soignaient s’ils étaient donnés à temps, pour favoriser l’injection d’un produit génique expérimental laissant tous les bénéfices à Big Pharma et tous les risques aux inoculés…

Ma critique

« Le virus et le président » est un essai qui part d’une description honnête et sans a priori de la crise sanitaire pour déboucher sur les grands enjeux politiques et économiques qui se cachent derrière. Et c’est certainement ce contexte, qui occupe d’ailleurs les deux tiers du livre, qui est le plus intéressant. Le covid n’est que l’arbre qui cache une forêt de mensonges et de manipulations. Les deux auteurs remontent à loin (1973 avec la loi Pompidou Giscard, obligeant l’Etat à n’emprunter qu’auprès de banques privées) pour expliquer, à l’aide de chiffres et de faits plus ou moins connus, comment la France en est arrivée là. Comment le remboursement des intérêts de la dette (inexistante du temps de de Gaulle) en est parvenue à représenter plus de 107% du PIB national. Comment nous avons été pris dans un engrenage infernal nous obligeant à faire sans cesse de nouvelles dettes pour pouvoir rembourser les dettes précédentes. Comment tous les gouvernants depuis Pompidou (homme de Rothschild) jusqu’à Macron (autre homme du banquier en question) ont œuvré à notre appauvrissement, à la désindustrialisation du pays, au démantèlement de tous les services publics (école, santé avec la suppression de 100 000 lits d’hôpitaux en 20 ans) et à un enrichissement indécent des plus riches (scandale des emprunts toxiques de la banque Dexia, « optimisation fiscale » pour les grosses entreprises transnationales, ceci pour ne pas dire quasi exemption, subventions en tous genres, l’aide aux entreprises étant avec celui des armées un des plus importants budgets de l’État, loin devant ceux de la santé et de la justice). Ouvrage passionnant à conseiller à ceux qui n’aiment trop qu’on les prenne pour des idiots…

ROMANROMANCE

LES JOURS DU MONDE (RENÉ BARJAVEL & OLENKA de VEER)

Le résumé du livre

À Paris, Helen, divorcée d’Ambrose, accompagnée de son fils Thomas, rencontre par hasard sa sœur Griselda qui file toujours le parfait amour avec Shawn encore recherché par la police anglaise qu’il arrive à abuser en se faisant appeler Sheridan et en se déclarant citoyen américain. Tous deux ont d’ailleurs longtemps vécu aux Etats-Unis et ont voyagé un peu partout dans le monde à la recherche de financements pour la cause indépendantiste irlandaise. Les cinq sœurs Greene qui viennent de perdre leur père n’ont pas eu des destins très heureux. Alice est restée religieuse, Kitty, vieille fille se dévoue à des œuvres charitables, Helen vit seule avec son grand fils dans un bizarre logis rempli d’animaux familiers, Jane est battue par son constable de mari et Griselda doit vivre cachée, toujours entre deux pays. Toutes regrettent leur enfance insouciante sur leur île perdue. Grâce à l’aide financière d’un maharadjah de ses amis, Shawn peut se permettre de participer à une course automobile plutôt audacieuse. Il s’agit de relier Pékin à Paris dans des environnements sauvages, sans route, souvent hostiles, voire dangereux. La traversée du désert de Gobi sera fatale à Shawn et à son compagnon…

Ma critique

« Les jours du monde » est un roman sentimental qui fait suite aux « Dames à la licorne », mais avec nettement moins de merveilleux ou de fantastique. Plus question d’enfance rêveuse et sublimée, mais la dure réalité de l’âge adulte. Les couples se font et se défont les uns après les autres. Le plus caractéristique étant celui formé par Pauline et Thomas. Olenka de Veer se sera inspirée de l’histoire vraie de sa grand-mère tombée par amour dans la prolétarisation et ne l’ayant pas supportée. Même si l’écriture est toujours fluide et la lecture aisée, le lecteur ne peut s’empêcher de regretter que toute la magie du précédent ouvrage ait disparue et ait laissé la place à de petites histoires bien triviales et bien tristounettes qui n’ont plus rien de bien original. L’ensemble manque de souffle et ne donne pas envie de poursuivre la lecture avec un troisième volet d’ailleurs écrit par Olenka de Veer, sans la moindre participation de René Barjavel. On ne quitte jamais impunément le merveilleux !

Ma note

3/5

ROMAN

LES DAMES A LA LICORNE (RENÉ BARJAVEL & OLENKA DE VEER)

Le résumé du livre

La descendance comtale et royale de l’Angleterre remonte aux années 900 avec la rencontre que Foulque 1er, dit « Le Roux » fit avec une charmante licorne. De générations en générations, au fil des alliances avec les lions, s’établit toute une dynastie de descendants de ceux-ci qui perdura au fil des siècles jusqu’à l’actuelle souveraine, Elizabeth II. L’Irlande, d’abord indépendante et gérée par toutes sortes de roitelets en guerre permanente les uns contre les autres, fut vite conquise par les Anglais qui s’y taillèrent d’immenses propriétés qu’ils faisaient cultiver et entretenir par des paysans irlandais qui devaient verser une forte redevance au Landlord, lequel en rétrocédait une part au trésor de la couronne. Quand un paysan ne pouvait pas payer pour une raison quelconque (mauvaises récoltes, maladie de la pomme de terre, etc), il était jeté en prison et sa maison était détruite. Très rares étaient les landlords un peu compatissants. L’un d’eux, sir Jonathan, pour avoir dispensé ses gens de la taxe, y laissa toute sa fortune et perdit même son magnifique domaine de l’île de Saint Albans. Un de ses successeurs charitables, sir John Greene, n’eut pas un meilleur sort. Marié et père de cinq filles, il les vit toutes partir soit pour entrer dans les ordres comme Alice, soit pour se marier avec son chauffeur comme Griselda avant de devoir quitter l’île complètement ruiné…

Ma critique

« Les dames à la licorne » se présente comme un roman hybride, aux frontières du fantastique, de l’historique, du sentimental et même du biographique. En effet, l’histoire de Greene et de ses cinq filles est authentique, car ce personnage est en fait un ancêtre d’Olenka de Veer, la co-auteure de l’ouvrage. L’ensemble forme donc un cocktail un peu bizarre qui part de la nuit des temps, celui des légendes du cycle arthurien pour s’achever de nos jours avec Olenka de Veer retournant sur l’île irlandaise en question avec la crainte de voir tous ses rêves déçus. Au-delà de l’histoire de ces deux familles de notables anglais et écossais tombés amoureux de la verte Erin et au-delà des destinées amoureuses des cinq filles, le lecteur pourra être fortement intéressé par tout le volet fantastique du début en forme de très longue introduction historique et mythique (rappelant beaucoup « L’enchanteur ») et également par le récit des longs siècles de souffrance d’un petit peuple opprimé et colonisé de bien cruelle manière.

Ma note

3,5/5

POLICIER

LA PEAU DE CÉSAR (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

À Nîmes, le commissaire Mary reçoit une lettre anonyme des plus étranges : « Ce soir, les conjurés tueront vraiment César ». Le papier sur lequel les lettres découpées dans un journal ont été collées provient de l’hôtel Imperator, endroit où séjourne une troupe de comédiens professionnels venus interpréter la pièce de Shakespeare « Jules César » dans le cadre d’un festival. Le metteur en scène appelé Bienvenu a reçu le même message. Mary demande à Bienvenu de garder le secret vis-à-vis de la troupe et surtout de Faucon qui joue le rôle de César, histoire de ne pas le déstabiliser. Il exige que deux de ses flics, habillés en soldats romains, montent sur la grande scène des arènes, pour être en mesure d’intervenir facilement et efficacement si la menace n’est ni un simple coup de bluff ni une plaisanterie de mauvais goût…

Ma critique

« La peau de César » est un roman policier de facture assez peu classique avec cette histoire de meurtre prévu pour se dérouler en pleine représentation théâtrale et devant des centaines de spectateurs. Plutôt spécialisé dans la science-fiction, l’anticipation et le fantastique, Barjavel s’y essaie à ce genre assez peu familier pour lui. Le résultat est loin d’être inintéressant. La description qu’il nous livre de la vie quotidienne d’une troupe de comédiens en tournée avec ses intrigues, ses mesquineries et autres rivalités est pleine de vérité. L’auteur ne prend pas la peine d’égarer le lecteur sur plusieurs fausses pistes comme le faisait Agatha Christie et comme le pratiquent toujours des centaines d’autres auteurs. Il laisse le lecteur complètement dans le noir et ne révèle le nom de l’assassin qu’à la toute fin. Cette histoire assez sombre, mais ne tombant pas non plus dans le style « thriller », permet à l’auteur d’aborder certains côtés sombres du mouvement de libération sexuelle des années 60/70 (orgies, pédophilie, drogues et prostitution des actrices pour obtenir un rôle). Un bon polar qui se lit facilement sans être le meilleur titre de Barjavel.

Ma note

3,5/5

ROMAN

DERNIÈRE NUIT A SOHO (FIONA MOZLEY)

Le résumé du livre

De nos jours, dans le célèbre mais quelque peu louche quartier londonien de Soho, un vieil immeuble avec un restaurant « français », « Des Sables », avec sa spécialité d’escargots de Bourgogne, un pub, lieu de rattachement de la plupart des personnages, une maison close où travaillent Precious et Tabitha qui vivent et habitent ensemble au dernier étage et jardinent sur le toit alors qu’un couple de SDF, Debbie McGee et Paul Daniels, vivent au sous-sol en compagnie de l’Archevêque, prédicateur un brin illuminé. On peut croiser dans le coin Robert Kerr, ancien homme de main de l’ex-propriétaire des lieux, qui a la jouissance d’un des appartements et reçoit une petite pension pour services rendus, tout comme le distingué Lorenzo, ancien de Cambridge devenu acteur de séries télé, ou comme Jackie Rose, policière qui enquête sur les personnes disparues et les réseaux de trafics sexuels ou comme Bastian, Glenda ou Laura. Ce petit monde se trouve sous la coupe de la jeune Agatha, riche héritière, propriétaire de l’immeuble et de quelques autres, qui vit seule dans un grand manoir avec son Barzoï et le vieux Roster, ancien homme à tout faire de son père. Agatha ne cesse d’intriguer auprès du Maire pour arriver à faire expulser ses locataires et ainsi pouvoir réaliser une belle opération immobilière…

Ma critique

« Dernière nuit à Soho » se veut roman social sur le thème de la « gentrification », autrement dit « la boboïsation » d’un quartier populaire avec les dégâts que cela implique pour les petites gens dont on cherche à se débarrasser. Au fil de très courts chapitres (moins de dix pages environ), Fiona Mosley nous présente un à un toute une galerie de personnages bien pétris d’humanité dans des situations d’une absolue banalité. Elle use et abuse de dialogues assez vivants, mais sans grande originalité, qui peuvent donner une idée de la psychologie des personnages, mais sans vraiment faire avancer l’action. Car au fil de ces pages, il ne se passe quasiment rien, ce qui finit par agacer un brin, jusqu’au final aussi catastrophique que spectaculaire qui détonne complètement. En quatrième de couverture, le lecteur pourra découvrir cette appréciation dithyrambique, à limite de la publicité mensongère : « Un récit éblouissant à la Dickens » (The Guardian). On cherche encore ce qui peut y avoir d’éblouissant dans cette absence d’histoire. Quant au pauvre Dickens, il doit se retourner dans sa tombe ! Pour ne rien arranger, la qualité de l’objet-livre est déplorable. Rien ne tient, les pages se détachent, une à une ou par paquets, au fil de la lecture. Impression désagréable de se retrouver très vite avec un tas de feuilles dans la main au lieu d’un vrai livre ! L’éditrice s’est-elle laissée tenter par l’obsolescence programmée ? L’imprimeur a-t-il mégoté sur la colle ?

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

UNE ROSE AU PARADIS (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

M et Mme Jonas et leurs deux enfants, Jim et Jif, vivent dans l’Arche, sorte d’immense abri anti-atomique souterrain où ils se sont réfugiés pour tenter de survivre encore pendant une dizaine d’années, aux conséquences des explosions de bombes U ayant ravagé la terre et détruit toute l’humanité. Il s’agit dans un premier temps d’attendre que notre planète se régénère elle-même. Puis, à l’aide des animaux cryogénés et des graines de toutes sortes qu’ils ont avec eux, de tenter de faire revivre notre planète quand ils ressortiront. La petite famille est sous la coupe du concepteur du lieu, le mystérieux Monsieur Gé, être qui leur semble tout-puissant, car il voit tout et entend tout, oligarque plus riche que bien des pays du monde qui a mis des millards dans ce projet. Dans cet environnement artificiel, Jim et Jif, les deux adolescents nés dans l’Arche ignorent tout du ciel, de la terre et même des réalités de la vie naturelle. La puberté aidant, les voilà qui s’initient mutuellement aux jeux de l’amour en toute innocence. Jusqu’au jour où Monsieur Gé convoque la famille pour lui annoncer qu’il y a un gros problème : l’Arche conçue et programmée pour faire vivre cinq personnes va bientôt devoir en supporter six, vu que Jil est tombée enceinte. Va-t-il falloir ouvrir les portes plus tôt que prévu ? Va-t-on devoir liquider quelqu’un ? Et qui choisir ?

Ma critique

« Une rose au paradis » est un roman de science-fiction en forme de parabole inspirée de thèmes bibliques bien connus comme l’Arche de Noé, et le bannissement d’Adam et Eve du jardin d’Eden. D’une manière à la fois ironique et tendre, Barjavel invite son lecteur à réfléchir sur toutes sortes de problématiques posées par le monde moderne. Sera-t-il possible de recréer toute une humanité et toute une civilisation à partir de rien, quand l’homme disposant d’un pouvoir de nuisance absolu aura lui-même entièrement détruit son biotope ? Un monde aussi artificiel que cette Arche ne peut-il se révéler qu’extrêmement fragile ? Il suffit qu’un petit incident se produise quelque part pour que peu à peu tout se dégrade d’une façon inéluctable et d’ailleurs impeccablement décrite. On ne peut que conseiller la lecture de cet ouvrage visionnaire aussi instructif que divertissant, au style vif et agréable, plein de rythme, de rebondissements, d’humour et d’humanité. Un des meilleurs textes du très grand René Barjavel !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE (KLAUS SCHWAB)

Le résumé du livre

La quatrième révolution industrielle sera celle d’un monde totalement informatisé, connecté et même hyper-connecté. L’informatique sera partout, dans nos maisons (domotique), dans nos villes (smart towns) et jusque sous notre peau (puce RFID) ou dans notre cerveau (ajouts de mémoire, de capacités physiques ou intellectuelles). L’être humain devra réinventer sa manière de vivre, de travailler, de consommer et même de penser. L’ensemble de la société dans laquelle nous évoluerons sera différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Parti du statut préhistorique de chasseur-cueilleur, l’être humain est devenu sédentaire et agriculteur avant de voir arriver la révolution de la vapeur, puis celle de l’électricité. Il se retrouve devant la « fabuleuse » perspective du tout numérique. Mais tout bouleversement de ce genre entraine obligatoirement des destructions d’emplois. Ainsi, à la fin du XIXᵉ siècle, l’agriculture américaine employait environ 90% de la population active alors que de nos jours, elle ne représente plus que 2% des emplois. Il produit également des restructurations sociétales avec la désertification des campagnes et l’afflux des populations dans les villes. Schwab nous annonce benoîtement que très rapidement des tâches professionnelles aussi différentes que celle des avocats, des analystes financiers, des enseignants, des médecins, des pharmaciens, des journalistes, des comptables, des assureurs et des bibliothécaires seront totalement ou partiellement automatisés. Soit 47% d’emplois menacés au total. Le numérique créera des emplois, mais en beaucoup moins grand nombre…

Ma critique

« La quatrième révolution industrielle » est un essai de prospective technologique bien documenté et relativement honnête. Le gourou de Davos, le Monsieur Loyal du mondialisme triomphant, s’est livré au difficile exercice du devin, celui d’imaginer l’avenir en prolongeant les courbes des tendances actuelles. Pour chaque avancée technique (IA, internet des objets, blockchain, imprimante 3D, homme augmenté, etc.), il a tenu à présenter les aspects positifs, mais aussi les aspects négatifs, toute découverte étant biface par nature. Il reconnaît que 1% de la population détient la moitié de la richesse mondiale alors que la moitié de la partie la plus pauvre de la population ne possède collectivement que moins de 1% de la richesse mondiale. Et avec les destructions d’emplois à grande échelle, le monde va se retrouver avec une montée en flèche des inégalités sociales pour ne pas dire à une explosion de pauvreté et de violence. C’est un des défis majeur, reconnait-il sans préciser quelles sont les solutions à y apporter. Le lecteur devinera que tout cet édifice reposera sur un traçage total des individus (contrôle social à la chinoise) et sans doute une chute drastique de la démographie. Pour lui, l’alternative sera soit de robotiser l’humain, détruire l’identité, la famille, la communauté et le travail soit accéder à « une conscience collective nouvelle ». Celle de la fourmilière sans doute. Il faut lire cet ouvrage si l’on veut comprendre en quoi consiste la « disruption » (horrible néologisme globish que l’on peut traduire par « chaos ») que nos maîtres nous préparent. Tout en se rappelant que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et que jamais l’humain ne pourra se résumer à une suite de données numériques. En fin de compte, la machine sera-t-elle au service de l’homme ou l’inverse ? That’s the question !

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

VENDEE 1793 – 1794 (JACQUES VILLEMAIN)

Le résumé du livre

Ce qui s’est passé en Vendée pendant les années 1793 et 1794, une levée en masse du peuple suivie d’une répression féroce par le fer et par le feu qui n’épargna ni vieillards, ni femmes ni enfants peut-il être inscrit dans la définition juridique de crime de génocide ? Est-on dans le cadre de l’ethnocide arménien du début du siècle dernier et dans celui de la Shoah sous le régime nazi ? S’agit-il simplement de crimes de guerre causés par quelques fanatiques, voire de crimes contre l’humanité dans le sens moderne du terme ? L’auteur part du fait que la longue suite de crimes et d’atrocités (exécutions systématiques de prisonniers désarmés, destructions de récoltes, viols, assassinats de masse, destructions de villages entiers, incendies généralisés et même noyades organisées) qui ont été commis par les armées républicaines n’est plus contestée par aucun historien mais pose encore la question du cadre juridique à donner à ces évènements très particuliers…

Ma critique

« Vendée 1793 – 1794) se présente comme une étude juridique appuyée sur le travail de nombreux historiens (de Michelet à Furet en passant par des dizaines d’autres) lesquels ne peuvent s’en tenir qu’à la méthode comparative alors que l’auteur propose d’examiner les faits à la lumière des derniers développements des procédures les plus récentes (Tribunal de Nuremberg, Tribunal pénal international de La Haye, Arusha et autres). Si l’on se référait à d’autres génocides plus récents (Rwanda, Bosnie, Shoah, Arménie…), le drame de la Vendée répondrait à tous les critères, d’abord de crime de guerre dans ses débuts (absence de prisonniers, viols) puis de crime contre l’humanité (destructions systématique d’une région entière, patriotes vendéens compris, alors que l’armée catholique et royale était déjà détruite) et finalement de crime de génocide avec les noyades organisées par Carrier à Nantes, les destructions de récoltes pour affamer toute une population sans oublier les colonnes infernales de Turreau qui ne devaient pas laisser le moindre survivant sur son passage. Soit une disparition planifiée de toute une population, une « épuration ethnique », comme on dirait aujourd’hui. Le lecteur découvrira dans cet ouvrage un brin aride vu l’aspect très juridique privilégié, toutes sortes de détails peu connus comme le tannage des peaux de Vendéens pour en fabriquer de solides pantalons, ou les destins contradictoires des trois principaux responsables. Robespierre eut l’habileté de très peu s’exprimer sur le sujet, tout en inspirant et pilotant l’ensemble par personnes interposées (Carnot, Collot d’Herbois). Encore encensé de nos jours par certains, disposant toujours de rues et de lieux publics à son nom, de nos jours, il serait condamné à perpétuité par le TPI de La Haye comme un vulgaire Karadzic. Carrier, qui endossa le rôle de bouc émissaire finit guillotiné, alors que Turreau, sanguinaire chef des colonnes infernales, eut droit à tous les honneurs, même sous la Restauration, et à avoir son nom gravé sur l’Arc de Triomphe. Histoire et Justice, quel étrange ménage !

Ma note

3,5/5

ESSAIS

VINCENT TOUT-PUISSANT (VESCOVACCI & CANET)

Le résumé du livre

Avec 7, 7 milliards d’euros de capital, Vincent Bolloré est la douzième fortune de France. Il règne sur un empire évalué à une vingtaine de milliards d’euros de chiffre d’affaires, déployé sur plusieurs continents. Sa multinationale gère des ports dans toute l’Afrique, des compagnies de chemin de fer, produit de l’huile de palme, fabrique des batteries électriques, contrôle de nombreuses chaines de télévision en France, en Pologne et au Vietnam, dispose d’une banque et d’une compagnie de téléphone en Italie, etc. Comme un boa, il a gobé Havas, Canal+, D8 (Cnews) et s’est emparé de Vivendi qui lui a apporté un groupe de médias complet avec télés, cinéma, musique et jeux vidéos. L’arrivée fracassante de cet oligarque grand ami des présidents (Sarkozy, Hollande et surtout Macron qu’il peut se vanter, à l’instar d’Attali, de l’avoir créé de toutes pièces avec la poignée d’oligarques qui tiennent tous les médias du pays) dans le petit monde de Canal+ a été marqué par la plus longue grève de journalistes de l’audiovisuel, des départs volontaires et des licenciements en masse ainsi que la disparition de toutes sortes d’émissions jugées trop « impertinentes » comme les « Guignols » ou trop déplaisantes pour lui-même ou pour ses amis sponsors comme certaines enquêtes d’investigation un peu trop poussées. Alors qui est Bolloré ? D’où sort-il ? Que veut-il ? Quel est son but ?

Ma critique

Cet ouvrage écrit à quatre mains par deux journalistes d’« Envoyé Spécial », « Cash Investigation » et « Canal+ » se présente comme une enquête à charge sur un milliardaire assez antipathique, breton né à Paris, catho tradi qui ne ferait rien sans les conseils de son éminence grise, en l’occurence son confesseur, qui ne serait parti de rien (reprise pour un euro de l’affaire familiale de papier cigarette OCB en quasi faillite et envol vers les sommets du capitalisme d’affaires avec cet empire obtenu par nombre de manœuvres s’apparentant à des coups financiers tordus, voire carrément à de la piraterie économique. Bolloré fut toujours épaulé par un certain Antoine Bernheim de la banque Lazard qui se vante d’ailleurs de l’avoir fait ! Tout cela tient un peu trop du conte de fée pour être vrai. Il y a du Tapie et du Macron dans toute cette histoire. Le lecteur aurait aimé en apprendre plus sur les coulisses. Comment passe-t-on d’un euro à 20 milliards en quelques années ? Certainement pas en traversant la rue ! Les deux auteurs restent d’une discrétion de violette sur cet aspect de l’affaire, préférant de très longs développements sur les guéguerres à Canal+ et à D8 et sur la censure de leur reportage sur le Crédit Mutuel/ CIC. À leur décharge, il faut préciser que ni Bolloré, ni aucun de ses collaborateurs n’ont accepté de les recevoir. L’un d’eux s’est même vu infliger une plainte en diffamation avec dommages et intérêts de 700 000 € pour sept questions envoyées par mail ! Résultat : le lecteur reste sur sa faim…

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

NÈGRES BLANCS D’AMERIQUE (PIERRE VALLIERES)

Le résumé du livre

D’octobre 1966 à février 1967, Pierre Vallières et Charles Gagnon se retrouvèrent dans une prison américaine pour avoir manifesté devant le siège des Nations-Unies à New York avant d’être extradés au Canada et de se voir infliger une peine de prison à perpétuité pour des écrits incitant à la violence et au terrorisme. Membres du Front de Libération du Québec, ils estimaient que les conditions de vie des Canadiens français avait tout à voir avec celle des esclaves noirs. C’est la raison pour laquelle ils se considéraient comme des « nègres blancs d’Amérique ». Leurs conditions de détention sont particulièrement sévères. Ils entament une grève de la faim qu’ils tiendront 29 jours. L’histoire réelle du Québec fut loin de suivre le cours d’un long fleuve tranquille. La France commença par y envoyer tous ses miséreux, ses traine-savates, ses filles perdues et y abandonner ses soldats démobilisés. Elle accorda des concessions sur des terres ingrates voire quasiment inexploitables. Le résultat en fut une misère généralisée. Après la conquête anglaise, ce fut encore pire pour les Québécois largement exploités, déportés en Louisiane pour certains ou obligés d’émigrer aux Etats-Unis ou dans des provinces un peu moins pauvres du Canada pour ne pas mourir de faim. Le capitalisme prédateur américain prit le relais dans l’exploitation de cette perpétuelle colonie (bois, charbon, minerais…) sans aucun profit pour la population…

Ma critique

« Nègres blancs d’Amérique » est un essai-manifeste écrit en détention qui aborde toutes sortes de sujets. Une grande partie aborde dans le détail l’histoire sociale du Québec. C’est la plus intéressante, car la plus intemporelle. Une autre consiste en un témoignage émouvant sur la vie du jeune Pierre Vallières, jeune prolétaire idéaliste, éperdu de justice qui commence sa vie dans un appartement misérable d’un quartier pauvre de Montréal avant que sa famille n’aille s’installer de l’autre côté du Saint Laurent dans une cabane digne d’un bidonville, sans eau courante, sans égoût, sans commodités, le long de rues en terre battue. Une autre assez importante est consacrée aux questions philosophiques et politiques. C’est de loin la moins intéressante, même si le lecteur partage nombre d’indignations et de révoltes de l’auteur. L’ennui, c’est que le style un peu lourd et rébarbatif n’aide pas le message à passer. Pourquoi donc lire un ouvrage militant publié en 1974 ? Ne serait-ce que pour faire le point avec un demi-siècle de recul. La cause du peuple a-t-elle progressé ? L’oligarchie a-t-elle cédé le moindre pouce de terrain ? Ne se serait-elle pas encore renforcée ? La soif de justice et de liberté des peuples a-t-elle été étanchée ?

Ma note

3,5/5

HISTORIQUENOUVELLES

TROIS CONTES (GUSTAVE FLAUBERT)

Le résumé du livre

Fille de pauvres paysans normands, Félicité après quelques engagements malheureux comme fille de ferme a trouvé un certain équilibre et une certaine sécurité chez Madame Aubain où elle sert de domestique depuis si longtemps qu’elle semble faire partie des meubles. Elle s’attache à la fille de sa patronne, mais après son décès, reporte toute son affection sur un joli perroquet… Fils d’un grand seigneur, Julien est promis à un bel avenir. Mais, à force de chasser et de tuer des animaux, il prend tellement le goût du sang qu’il prend un malin plaisir à pratiquer de véritables carnages avant d’en arriver à tuer père et mère sur un coup de folie. Pour expier son forfait, il part sur les chemins, pieds nus, tout juste revêtu d’une robe de bure. Il finit par s’installer sur la rive d’un fleuve et par se dévouer comme passeur bénévole… En Galilée, le tétrarque Hérode Antipas craignant pour son pouvoir, a fait arrêter et jeter dans un cul de basse fosse Ioakannan, prophète connu sous le nom de Jean le Baptiste. Ce petit potentat local est sous la coupe de son épouse Hérodias qui déteste le prédicateur. Et voilà que se présente le Consul Vitellius qu’il a convié à un grand banquet dont il espère beaucoup…

Ma critique

« Trois contes » est un recueil de textes relativement courts et bien rythmés qui pourraient représenter la quintessence de l’œuvre et des thèmes de Flaubert. On y retrouve son goût de l’histoire ancienne, des légendes, de la mythologie et de la vie des petites gens. Son style inimitable, peut-être un brin trop descriptif et trop attaché au détail et à la précision, mais si plein de charme et d’efficacité narrative. Tout comme Balzac, Maupassant ou Zola, Flaubert transcende les époques, il est intemporel et même au-delà du temps et des modes. Le lecteur pourra toujours trouver un immense plaisir en lisant des nouvelles si bien écrites et en particulier la première « Un cœur simple » pour la personnalité attachante de Félicité, la très dévouée servante…

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LE SYSTÈME DETTE (ERIC TOUSSAINT)

Le résumé du livre

De tous temps, la dette a été utilisée comme moyen de domination, d’asservissement et de spoliation des peuples. Récemment, plusieurs pays d’Amérique latine, la Tunisie, l’Egypte et la Grèce en ont été les dernières victimes. Mais cette dictature de la dette n’est pas inéluctable. En deux siècles plusieurs états ont été capables d’annuler la leur avec succès. Le Mexique, les Etats-Unis, Cuba, le Costa Rica et la Russie soviétique ont procédé à cette répudiation. Quand on sait que nous ne remboursons que les intérêts, qu’il faut en permanence reprendre de nouveaux emprunts pour assurer le remboursement des précédents et qu’au fil des ans, les intérêts accumulés représentent plusieurs fois les sommes empruntées, on en arrive à dénoncer tout un système pervers et même à parler de « dette odieuse » dans certains cas…

Ma critique

« Le système dette » est un essai économique très focalisé sur l’histoire économique des deux derniers siècles. C’est un ouvrage captivant donnant au lecteur toutes les clés pour comprendre cette mécanique implacable mise au point par les banquiers centraux ainsi que l’évolution du monde capitaliste à cette époque, sa dérive de capitalisme entrepreneurial en capitalisme de pure spéculation et prédation. L’auteur s’attache particulièrement aux cas de la Grèce, mise sous tutelle, asservie économiquement plusieurs fois au cours de son histoire, de celui du Mexique avec toutes ses difficultés à briser ses chaînes et de celui de l’URSS avec l’interminable affaire des emprunts russes. Autant le lecteur comprendra bien l’alliance entre banquiers centraux et gouvernements des grandes puissances occidentales (Grande-Bretagne, Etats-Unis, France et dans une moindre mesure Allemagne) dans le but d’étendre leur puissance, d’exploiter les ressources du tiers-monde, et de dominer pour à terme coloniser, autant il reste peu explicite sur les raisons pour lesquelles cette dette s’est généralisée peu à peu au monde entier dès la fin de la seconde guerre mondiale et à partir de 1973 en France (Loi Pompidou-Giscard). Qui menait vraiment l’attelage « banquier-politicien » ? L’ouvrage se termine sur un grand tableau récapitulatif de tous les pays ayant rejeté d’une manière ou d’une autre ces dettes « odieuses ». L’auteur, brillant économiste belge favorable à l’effacement total de la dette du tiers-monde, ne va pas jusqu’à envisager l’éventualité d’une répudiation plus générale…

Ma note

4/5

ROMAN

LES CHEMINS DE KATMANDOU (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

1968 : toute une jeunesse occidentale se dresse un peu partout contre l’ordre ancien… Un soir, dans le brouillard londonien, Jane, violée par un inconnu, tente de se suicider. Sven, jeune suédois en rupture de ban, la repêche dans la Tamise avant d’essayer de lui redonner goût à la vie. Jane accepte de faire équipe avec lui ainsi qu’avec Harold, italo-irlando-américain barbu et chevelu qu’elle prend pour amant. Tous trois décident de partir s’installer à Katmandou, Eldorado des routards. Pendant ce temps, à Paris, Olivier, très impliqué dans le mouvement estudiantin, est recherché par la police suite à une bagarre ayant mal tourné. Il envisage de quitter au plus vite Paris pour aller à Katmandou retrouver son père qui l’a abandonné à sa naissance et auquel il veut rappeler ses devoirs, surtout pécuniaires. Il abuse d’une association humanitaire pour se faire offrir le billet d’avion. Et c’est en terminant son périple à pied qu’il rencontre le trio de hippies. Pour Jane et Olivier, c’est l’amour au premier regard. Malheureusement Jane est un peu beaucoup accro à toutes sortes de produits illicites. Elle ne se contente pas de fumer des joints, elle passe vite à la cocaïne puis à l’héroïne. Olivier n’aura de cesse de se procurer de l’argent pour essayer de la tirer de là…

Ma critique

« Les chemins de Katmandou » sont un roman tiré du scénario du film éponyme que Barjavel écrivit en collaboration avec Cayatte. À l’époque, il ne convainquit pas vraiment le public qui pouvait comparer avec « More » de Barbet-Schroder disposant de la bande musicale aussi planante de magnifique signée Pink Floyd ou de « Panique à Needle Park », œuvre magistrale et criante de vérité et de réalisme. L’équivalent français semblait bien fade et bien inférieur avec son côté carton-pâte, ses acteurs peu crédibles (Renaud Verley inexpressif, Gainsbourg jouant faux et Birkin, jolie et solaire, mais incapable de rendre la déchéance de sa fin) sans parler des décors trop léchés, des prises de vues d’un Népal de carte postale et d’une bande-son quelconque. Le livre de Barjavel est bien meilleur. Il évite tous les écueils qui firent sombrer le film, explique nettement mieux les tenants et aboutissants de cette histoire, est beaucoup plus noir et beaucoup plus explicatif (en particulier sur le destin de Jane et les raisons de sa dérive, certains événements ayant été sans doute volontairement édulcorés par crainte de la censure). Au total, un bon Barjavel, pas le meilleur bien entendu, mais toujours agréable à lire car fort bien écrit et donnant beaucoup à réfléchir sur la génération « Peace and Love » et sur l’atroce réalité du monde de la drogue.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

LA CHARRETTE BLEUE (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

Né le 24 janvier 1911 à Nyons (Drôme), René Barjavel eut des grands-parents et des ancêtres paysans plutôt pauvres qui voulaient voir leurs enfants monter sur l’échelle sociale. Ainsi, son grand-père plaça son père Henri comme apprenti boulanger pour qu’il apprenne le métier et échappe à sa condition. Sa mère Marie, veuve d’un boulanger, cherchait un ouvrier pour reprendre son affaire. Elle ne trouvait que des ambitieux qui voulaient récupérer la femme et le commerce ou des incapables qui risquaient de la faire péricliter jusqu’au jour où elle rencontra Henri. Lequel partit pour le front trois ans après la naissance de l’auteur qui eut un sevrage au lait de chèvre difficile avant d’entrer à l’école quelques années plus tard. Il ne s’y plut pas du tout. Il avoue avoir eu beaucoup de peine à aligner des bâtons sur une ligne et d’avoir été fâché avec les maths. Heureusement pour lui, quelques professeurs finirent par l’encourager sur la voie de l’écriture. Comme il avait déjà le goût de la littérature, sa vocation était là…

Ma critique

« La charrette bleue » est un court récit de souvenirs d’une enfance heureuse tant qu’elle resta libre dans la petite rue de Nyons où se nichait la boulangerie maternelle ou dans les collines rocailleuses du Drômois où il retrouvait tous les membres de sa famille paternelle. Mais bien vite arrivèrent les problèmes scolaires et surtout le drame de la mort de sa mère alors qu’il n’avait que onze ans. Anecdotes, épisodes tristes ou joyeux, tranches de la vie pittoresque et paisible de petites gens de l’époque se succèdent au fil du souvenir sans suivre de véritable ordre chronologique. De sa plume allègre, l’auteur a très bien su rendre l’ambiance du début de l’autre siècle. La vie y était rude, mais les gens y étaient joyeux, travailleurs et savaient se contenter de peu. Il n’y avait ni sécurité sociale, ni assurance chômage, ni aides sociales, mais chacun arrivait à s’en sortir, certes petitement, grâce à toutes sortes d’activités oubliées (comme celle du charron de la charrette), au jardinage ou au petit élevage, sans oublier les vers à soie. Livre touchant et émouvant qui se dévore trop vite et qui permet de faire un plongeon dans une époque oubliée, mais pas si lointaine. Qu’est-ce qu’un siècle face à l’éternité ?

Ma note

4,5/5

ROMAN

LE SCENAR (PHILIPPE PRATX)

Le résumé du livre

Léo et Théo, deux jumeaux étudiants, ont trouvé une clé USB oubliée sur un ordinateur de la salle informatique de leur faculté. Celle-ci contient le manuscrit d’un scénario qu’ils s’empressent d’imprimer et de présenter à leur amie Lola, réalisatrice en herbe elle-même. Tous trois se retrouvent dans un parc public où Lola en commence une lecture à haute voix. Le titre du texte « Scénar » les intrigue tout comme le dernier mot, « Cali ». S’agit-il du nom de l’auteur ? De sa ville de résidence ou de celle où il a écrit ce script ? Est-ce Cali en Colombie ? Ou l’abréviation de Californie ? Quant au titre du projet de film « Velorex », il renvoie au nom d’un bizarre tricycle à moteur plus que rudimentaire fabriqué en Tchécoslovaquie dans les années 50 et 60 avec un habitacle rustique, mais décapotable et un petit moteur de deux roues. Cette lecture va se poursuivre en divers lieux dont la salle informatique du départ non sans moult commentaires des jumeaux et de quelques autres usagers des lieux…

Ma critique

On ne peut pas vraiment parler de « roman » au sens classique du terme à propos de l’ouvrage de Philippe Pratx, mais plutôt d’une narration un peu narcissique, l’auteur se plaçant finalement comme personnage principal nous gratifiant de nombre de commentaires sur un peu tout et n’importe quoi, et de digressions diverses et variées qui ralentissent le rythme d’une histoire qui n’en est pas vraiment une. Il s’agirait plutôt de la mise en abyme du scénario d’un film style road-movie à travers l’Europe. Dommage qu’il ne s’y passe pas grand-chose en dehors de la promenade estivale de deux amoureux, Alena et Olivier, qui roulent dans leur antiquité encore plus laide qu’une Trabant, campent, pique-niquent, visitent quelques villes dont Venise. De simples touristes dont la seule originalité reste leur véhicule. Faiblesse de l’intrigue, manque de consistance des personnages, style décousu, explicatif et complaisant. Certains pourront vite sentir l’ennui monter. Pourtant, quelques développements sur le communisme, idéal rêvé mais jamais atteint, sur la condition humaine, ou sur le rôle du narrateur peuvent parfois raviver l’intérêt. Dommage que l’auteur se soit en plus lancé dans un essai aussi raté qu’inutile d’écriture inclusive et n’ait développé ni sur la révolte des gilets jaunes ni sur la crise sanitaire, toutes deux à peine évoquées sur la fin. On se demande d’ailleurs pourquoi celle-ci est si dramatique.

Ma note

3/5

HISTORIQUE

WATERLOO, CHRONIQUES D’UNE BATAILLE LÉGENDAIRE (BERNARD CORNWELL)

Le résumé du livre

La bataille de Waterloo se déroula du 16 au 18 juin 1815, en Belgique, à vingt kilomètres au sud de Bruxelles, dans l’actuelle province du Brabant wallon. Elle opposa l’armée française dite « Armée du Nord », dirigée par l’empereur Napoléon Ier, à l’armée des Alliés, menée par le duc de Wellington et composée de Britanniques, d’Allemands (contingents du Hanovre, du Brunswick et du Nassau) et de Néerlandais (unités belges et hollandaises), rejointe par l’armée prussienne commandée par le maréchal Blücher. Elle s’est achevée par la défaite décisive de l’armée française. Cette bataille fut la dernière à laquelle prit part personnellement Napoléon, qui venait de reprendre le pouvoir en France trois mois plus tôt. Elle marqua ainsi la fin de la période dite des « Cent-Jours ». Napoléon dut en effet abdiquer quatre jours plus tard à son retour à Paris, le 22 juin, face au manque de soutien général avant de finir, déporté sur l’île de Sainte-Hélène.

Ma critique

« Waterloo, chroniques d’une bataille légendaire » est un essai historique très bien documenté et assez agréable à lire en dépit de la difficulté particulière d’une description de bataille presque impossible à réaliser. Napoléon tenta un ultime coup de bluff, étant déjà en infériorité numérique face aux deux armées ennemies. Il accumula les occasions ratées et les erreurs de commandement. La responsabilité de Ney et de Grouchy dans cette défaite est parfaitement établie. Même le ciel s’en mêla en déclenchant des trombes d’eau qui génèrent artilleurs et cavaliers. Cette bataille fut une terrible boucherie où des dizaines de milliers d’hommes moururent pour rien. L’empereur espérait pouvoir battre dans un premier temps les Anglais pour ne faire qu’une bouchée des Prussiens dans un second, ce qui ne se produisit pas. Il envoya sa cavalerie contre des carrés de fantassins bien retranchés contre lesquels elle ne pouvait pas grand-chose et finalement sa garde impériale dans un dernier assaut désespéré. Eut-il, par miracle, remporté la victoire que cela n’aurait rien changé à son destin, les armées russes et autrichiennes étant aussi en marche contre nous. Dans cet ouvrage objectif, le lecteur apprendra énormément de choses sur cet épisode tragique de l’histoire de France, comme le fait que beaucoup de femmes et d’enfants de soldats pouvaient suivre l’armée, ou que Victor Hugo raconta pas mal de choses fausses sur cette bataille ou encore que les Prussiens voulurent se venger en faisant sauter le pont d’Iéna à Paris et que celui-ci ne fut sauvé que par l’obstination d’une sentinelle britannique qui refusa de quitter son poste ! De nombreuses cartes et une importante bibliographie complètent ce livre assez technique mais agrémenté par beaucoup de témoignages de soldats.

Ma note

4/5

ESSAIS

UN MONDE DE MENTEURS (PATRICK JAULENT & JACKY CASSOU)

Le résumé du livre

Cassie et Kévin, deux jeunes cyber-journalistes, mènent une enquête approfondie sur la crise sanitaire dite du « Covid 19 » pour le compte de Douglas, leur rédacteur en chef. Ils tentent de démontrer que de nombreux gouvernements sans parler de la quasi-totalité des médias mainstream nous ont menti tandis que les réseaux sociaux étaient inondés de fake news plus ou moins farfelues. On nous a menti sur les origines des virus H1N1, VIH/Sida et SARScov 2. On nous a même menti sur le nom du Covid 19 ! On nous a menti sur les confinements, les masques, les gestes barrières et les « vaccins ». On nous a menti sur leur efficacité, sur leurs effets secondaires indésirables. On nous a menti sur la réinitialisation du monde, sur ce « grand reset » qui sous-tendait tout l’ensemble.

Ma critique

« Un monde de menteurs » est un essai très sérieux, sourcé, alignant des documents indiscutables avec nombreuses photos et références qui, pour ne pas être rébarbatif, met en scène deux enquêteurs, les fait dialoguer, ce qui rend la lecture aussi agréable que passionnante. Le lecteur peu averti ira de découverte en découverte, d’étonnement en stupéfaction jusqu’à une très adroite fin ouverte : « Et vous lecteurs, qu’en pensez-vous ? » Après un tel exposé, une telle accumulation de faits accablants pour le pouvoir, il semble évident que la réponse s’impose d’elle-même. Un ouvrage essentiel pour conforter ceux qui ont des doutes sur cette affaire ou pour ouvrir les yeux de ceux qui se sont contentés des mensonges du discours officiel !

Ma note

4,5/5

NOUVELLES

LE MOINE NOIR (ANTON TCHEKHOV)

Le résumé du livre

Kovrine est invité à se refaire une santé à la campagne dans la propriété de son ami Semionytch, grand amateur de jardins et de botanique. Il tombe amoureux de sa fille Tania tout en étant le jouet d’hallucinations inquiétantes. Un étrange moine noir lui apparaît de temps à autre… Siline dispose d’un joli domaine rural, mais cela ne suffit pas à son bonheur. Bien qu’elle lui ait donné deux beaux enfants, sa femme ne l’aime pas. Il confie sa détresse à un ami… Une femme enceinte annonce à son mari qu’elle sait qu’elle va mourir dès qu’elle aura accouché. Comment est-ce possible ?… Un enfant découvre le goût et la saveur des huitres… Un vieil homme accompagné de sa fille doit apporter au barine le loyer de tout son village, ce qui représente une grosse somme dont il a la sottise de se vanter. En chemin, il est attaqué par des brigands… Un arpenteur se fait conduire par un paysan. Mais comme ce dernier semble l’entrainer ailleurs qu’à la destination prévue, il se méfie et lui raconte qu’il est armé. Le paysan s’enfuit illico à toutes jambes, abandonnant l’arpenteur au fond d’un bois… Un vieux soldat veut tout régenter dans son village. Ses concitoyens, qui n’en peuvent plus, tentent de se débarrasser de lui… Dans un train, un contrôleur se met à faire du zèle. En pleine nuit, il réveille en sursaut un voyageur qui le prend très mal…

Ma critique

« Le moine noir » est un recueil comprenant une trentaine de nouvelles du grand écrivain russe. On y trouve toutes sortes de registres, le fantastique, le naturalisme social, le psychologique et le sentimental sous les formes d’historiettes de la vie quotidienne, de compte-rendus de séances de conseils municipaux ou de procès sans grande importance, de deux contes de Noël et d’une pièce de théâtre en deux actes. Tchekhov met en scène aussi bien moujiks ou petits fonctionnaires que nobles ou propriétaires terriens. Lire ces nouvelles finement ciselées nous plonge dans le monde d’avant la révolution de 1917, un monde un peu nostalgique, un brin désenchanté et déjà mûr pour le grand basculement. Des histoires toutes simples, quasiment des historiettes, même pas des faits divers. Juste une galerie de personnages plus ou moins hauts en couleurs, pourvus de quelques qualités, mais surtout de beaucoup de défauts tel ce maire de village du fond de la Sibérie qui voit un dignitaire iranien transiter par chez lui et qui n’a de cesse de le harceler pour obtenir une décoration exotique vu que c’est un maniaque de ce genre de hochet. Les chutes ne sont pas spectaculaires, mais seulement abruptes, ce qui crée néanmoins la surprise. Agréables à lire même à notre époque, ces nouvelles toujours amusantes et bien observées ne sont quand même pas du niveau des pièces de théâtre de ce grand auteur.

Ma note

3,5/5

VIE PRATIQUE

UN POTAGER SUR MON BALCON (PHILIPPE ASSERAY)

Le résumé du livre

Un jardin sur un balcon ou une terrasse ne remplacera jamais vraiment un véritable potager de pleine terre même s’il mesure une surface de 50 m2. Il est donc illusoire de rêver nourrir une famille avec les récoltes produites dans quelques bacs et pots, même de belles dimensions. Mais, il reste quand même le plaisir de voir pousser toutes sortes de légumes et d’herbes médicinales ou aromatiques, fraiches et bio, et de déguster quelques tomates cerises à l’apéritif, des courgettes ou des bettes en gratin et des fraises au dessert, le tout produit sans véritable jardin.

Ma critique

« Un potager sur mon balcon » est un guide très bien fait pour aider le néophyte à se lancer dans cette culture assez particulière. L’auteur commence par toutes sortes de recommandations sur la faisabilité de la chose. (Poids des jardinières, de la terre, respect des règles de co-propriété, problème de l’eau, etc.) Il étudie chaque plante qu’il propose de cultiver de cette manière. Le lecteur découvrira que l’on peut faire pousser plus de plantes qu’il ne s’imagine à condition de tenir compte de tous les facteurs « limitants » (exposition, vent, contenants, arrosages plus fréquents, etc.) Cet ouvrage de qualité comportant de nombreuses photos et illustration de techniques de semis ou plantation diverses est plutôt à conseiller aux jardiniers débutants.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LA VÉRITÉ SUR LA FAMILLE IMPÉRIALE RUSSE (VLADIMIR ROUDNIEFF)

Le résumé du livre

Le 15 mars 1917 voit l’abdication du tsar Nicolas II. Le prince Lvoff tente alors de former un gouvernement provisoire. Le 16 juillet 1918, sans aucun jugement, le soviet local condamne à mort la famille impériale. Il en résulte un carnage abominable dans la cave de la maison d’Ekaterinbourg où ils sont détenus. Le tsar, son épouse, ses enfants, ses proches et tout son entourage sont assassinés par les bolcheviks du lieu. Les cadavres sont couverts de chaux vive et jetés dans un puits. En a immédiatement suivi un flot de calomnies sur les victimes du drame, déversé par les médias de l’époque. Exactement comme en 1793 après la décapitation de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Que n’a-t-on pas raconté sur la tsarine qui complotait contre sa patrie, sur Nicolas II, faible et influençable, et sur leur « âme damnée » Raspoutine, fou de Dieu, corrompu, corrupteur et pornocrate ?

Ma critique

Substitut du procureur général de la région, l’auteur de ce compte-rendu d’enquête succinct, mais très minutieux, a reçu comme mission officielle d’établir la vérité en s’appuyant sur de nombreux documents et témoignages sérieux et non sur des affabulations que notre époque désigne sous l’affreux néologisme de « fake news ». Quelles influences plus ou moins occultes ont pu s’exercer sur le fragile empereur et donc jouer sur sa ligne politique ? L’impératrice, d’origine allemande, était-elle toujours germanophile au point de vouloir la victoire du Reich dans la Première guerre mondiale ? Quel fut le rôle exact de Raspoutine ? Et celui de Badmaïeff, docteur en médecine tibétaine qui aurait fait perdre toute volonté au tsar à l’aide de drogues diverses et qui aurait entretenu le mal du souffreteux tsarévitch ? Sans oublier les rôles d’autres personnages moins connus comme Protopopoff, Sturmer, Vocikoff ou le prince Andronikoff. À sa grande stupéfaction, l’auteur, au départ peu favorable et même hostile à la famille impériale, découvre que pratiquement toutes les accusations sont sans fondement. Un seul exemple : il a beau chercher dans tous les palais impériaux, il ne retrouve pas la fameuse ligne de téléphone directe qui était censée relier la tsarine et le kaiser ! Datant de 1920, cette intéressante réhabilitation de l’honneur et de la mémoire des victimes impériales russes a servi de base de travail à de nombreux historiens honnêtes et peut encore faire référence aujourd’hui.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LES DÉFRICHEURS D’ETERNITE (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du livre

Au milieu du IXè siècle, le jeune Jean Siorac, fils d’apothicaire, commence sa vie professionnelle comme jardinier à l’abbaye de Solignac dans le Limousin. Devenu scribe et enlumineur, il finit par quitter le monastère pour aller exercer différents métiers avant d’y revenir définitivement pour y prendre l’habit, la tonsure et le nom de frère Théodéric. Bientôt, son supérieur le nomme père abbé de Saint Romain, monastère complètement abandonné depuis de nombreuses années. Il a ordre de choisir douze frères pour l’accompagner dans cette difficile mission. Après cinq jours de marche, les treize moines découvrent un domaine en état d’immense désolation. Tous les bâtiments sont en ruine, les terrains arides ou marécageux, les manants et les serfs misérables et vivants dans une terreur incroyable. Pourtant, guerres et invasions sont terminées. La paix est revenue. Mais le sorcier Lacrapelle, qui les tient sous sa coupe, ne veut pas entendre parler d’une remise en état du monastère. Très vite, il déclenche un incendie qui ravage maisons et cultures…

Ma critique

« Les défricheurs d’éternité » est roman historique qui dépeint très fidèlement le travail de pionniers de ces moines qui, juste munis d’une serpette, de quelques outils rudimentaires et d’un immense courage, défrichèrent des centaines d’hectares, assainirent des marais, bâtirent cloitres, monastères et églises et apportèrent soutien et relative prospérité à toute une population. Ils durent lutter contre les éléments, les épidémies, souffrir du froid et de la faim, travailler tout autant que manants et serfs et voir leur œuvre détruite par les incendies, les guerres et les pillages des Vikings. Une leçon de foi et de courage pour nous autres qui vivons dans le confort, l’hédonisme et la facilité. Livre passionnant dans la mesure où l’historique est bien plus important que la fiction. Le style est fluide et agréable. Le lecteur a l’impression de partager la vie difficile de la petite communauté agricole qui lutte pour sa survie au fil des années et surtout quand, 32 ans plus tard, alors qu’elle arrive à un certain équilibre, tout s’effondre et il faut recommencer presque à zéro. Il apprendra beaucoup de choses sur la vie quotidienne à la campagne avant l’an mil, sur les cultures, sur le culte des reliques qui peut se révéler plus rémunérateur que toutes les autres activités. À conseiller aux amateurs d’Histoire.

Ma note

4,5/5

ROMANROMANCETERROIR

LE SOIR DU VENT FOU (MICHEL JEURY)

Le résumé du livre

1954. Vincent Lerouge, 20 ans, vient assurer un court remplacement dans l’école de Mondonat, petit bourg du Périgord profond. Il pense ne devoir y séjourner qu’une quinzaine de jours. Céline, la titulaire, atteinte d’une cirrhose, espère toujours revenir reprendre en main sa classe unique. Mais son état de santé ne s’améliorant pas, elle prolonge de plus en plus son arrêt de maladie, bloquant ainsi Vincent dans un village dont il découvre peu à peu les habitants assez particuliers et surtout le terrible drame qui l’a marqué. Vingt années auparavant, la maison du maire a été totalement détruite par un incendie. Un homme y a été retrouvé carbonisé à l’intérieur. Il aurait provoqué le sinistre en renversant par mégarde, alors qu’il avait trop bu, une lanterne sourde dans la paille de la grange. Certaines remarques et certaines attitudes des habitants de Mondonat mettent la puce à l’oreille de Vincent et lui donnent à penser que cette affaire ne serait pas arrivée par accident, mais plutôt de manière volontaire et donc criminelle. Encore lui faudra-t-il mener l’enquête et découvrir le pot aux roses…

Ma critique

« Le soir du vent fou » est un roman de divertissement à la limite de trois genres, terroir, policier et sentimental. L’instituteur remplaçant est hésitant entre trois prétendantes, Roseline, sa logeuse, Marianne, sa blonde collègue ambitieuse du village voisin et Marie, la fille de la victime, un peu plus âgée que lui, mais portrait vivant de sa propre mère. Le terroir tient surtout par le décor de ce Périgord rural qu’on imagine du côté d’Issigeac ou de Villeréal, vu que les noms sont fictifs. La vie de ce village perdu, le quotidien de l’instituteur de classe unique avec en point d’orgue le certificat d’études, véritable cérémonie et épreuve d’initiation à l’époque, sont particulièrement bien rendus. L’auteur, né à Razac d’Eymet, fit partie un temps de la profession. Il savait donc de quoi il parlait. Moins intéressante reste l’intrigue vaguement policière qui sous-tend toute cette histoire. Jeury n’étant pas Agatha Christie, n’a pas su ménager suffisamment le suspens. Dès le début, on devine la fin et même le nom du coupable. Dommage !

Ma note

3/5

ROMAN

LA MISÈRE ET LA GLOIRE (A.J. CRONIN)

Le résumé du livre

Le jeune médecin Laurence Carroll exerce son art dans un sanatorium suisse qui reçoit de jeunes Anglais souffrant de tuberculose, désireux de se refaire une santé grâce au bon air des alpages. Il est épaulé par Hulda Müller une solidaire infirmière-chef dans la soixantaine. Le poste qu’il occupe est une aubaine pour lui qui a surtout connu des environnements ingrats comme les bateaux de la Navy ou les dispensaires crasseux du pays de Galles minier. Il fréquente une belle et peu farouche suédoise Lotte, ancienne hôtesse de l’air qui travaille à Zurich. Un jour, il doit aller réceptionner une Anglaise dénommée Cathy qui accompagne son fils que l’on croit atteint de tuberculose alors qu’il souffre en fait d’une leucémie. Laurence a eu une courte liaison avec Cathy qui a été brusquement interrompue par son départ comme médecin de bord. Cathy s’est alors mariée avec un de leurs amis, garçon peu porté sur la chose qui est décédé précocement. Ces retrouvailles avec leur allure de guet-apens risquent d’être surprenantes…

Ma critique

« La misère et la gloire » est un roman sentimental publié en 1970. De son style élégant et très vivant, A.J. Cronin aborde le thème de l’amour entre attachement purement physique et relation plus sentimentale, (éros et agape). Lotte incarnant la première facette et Cathy la seconde. Le personnage principal est un homme relativement médiocre, veule et un peu lâche. Il est très tenté de fuir ses responsabilités. Mais comme nous sommes dans une littérature positive, morale et pleine de bons sentiments, il se rachète en toute fin d’histoire. Tout comme son équivalent français Gilbert Cesbron, A.J. Cronin fut un grand auteur chrétien qui savait aborder des sujets difficiles comme ici l’hédonisme et l’amour libre. Nous sommes dans les années 68/70. La révolution sexuelle est là. Cronin en entrevoit déjà les limites. Ce livre se lit avec grande facilité tout en donnant à réfléchir. L’histoire en elle-même ne brillant pas par son originalité, on ne classera quand même pas ce titre parmi les meilleurs de cet auteur.

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

LUMIÈRE DU MOYEN-ÂGE (RÉGINE PERNOUD)

Le résumé du livre

Le Moyen-Âge fut-il une période sombre, barbare et misérable de l’Histoire ou quelque chose d’autre et de nettement moins ténébreux ? L’historienne Régine Pernoud est revenue aux sources, s’en est tenue aux textes authentiques sans s’arrêter aux interprétations et aux approximations de certains de ses confrères plus soucieux d’idéologie que de vérité historique. Les « privilèges » de la société médiévale ne sont pas tout à fait ce qu’on imagine. Beaucoup pour ne pas dire presque tout le monde en bénéficie d’une manière ou d’une autre. La société n’est pas divisée en trois classes (noblesse, clergé, tiers-état), mais en beaucoup plus. Elle est en constante évolution et non pas figée comme aux XVIIè ou au XVIIIè. Tout repose sur la famille et non sur l’individu (paterfamilias) comme dans l’antiquité. La royauté elle-même se fonde sur une famille et une lignée, préférée, car la plus vaillante, la plus courageuse et la plus valeureuse. La famille coutumière formait des pionniers et des hommes d’affaires et la famille de droit romain des fonctionnaires et des militaires. Le droit coutumier, adapté au monde agricole, avait remplacé le droit romain plus favorable au monde urbain. La révolution française puis le code Napoléon firent rebasculer de l’un dans l’autre. Ainsi, le « manant », (celui qui reste, qui maintient l’exploitation agricole) devint le « citoyen » (l’habitant de la cité). Le principe médiéval fondamental était basé sur la fidélité et la protection et non sur l’argent, le salariat et l’état central qui décide de tout. Au Moyen-Âge, tout dépendait des familles, des clans et à tous les niveaux. De vassal à suzerain, d’échelon en échelon, on arrivait ainsi jusqu’au monarque qui ne disposait que d’un pouvoir limité, car lui-même dépendait de ses féodaux.

Ma critique

« Lumière du Moyen-Âge » est un essai historique de première importance dans la mesure où il apporte un éclairage nouveau sur un chapitre injustement décrié de notre histoire. Le lecteur apprendra quantité de choses sur la société médiévale. Ainsi, quand on parle du serf « attaché » à la terre, on s’imagine une sorte d’esclave misérable, alors que la réalité est un brin différente. C’est un paysan à qui un seigneur a alloué une terre à cultiver en échange d’une part de la récolte. L’important, c’est que cette terre ne peut pas lui être reprise et même pas à sa famille s’il meurt. Une sorte d’assurance familiale contre le chômage. De même, on a raconté que les rues des villes n’étaient que des cloaques où les pauvres pataugeaient dans les excréments alors que les riches tenaient le haut du pavé (parties surélevées au-dessus d’une rigole centrale). Image fausse. Dans la plupart des grandes villes, les rues étaient pavées et dotées d’égouts très semblables aux nôtres. On a dit aussi que les gens mouraient de faim, car ils ne trouvaient à manger que des « herbes et des racines ». Au Moyen-Âge, on appelait « herbes » tous les légumes dont on mangeait la partie hors sol (salades, choux, bettes, etc.) et « racines » tous ceux dont on mangeait la partie souterraine, (raves, navets, betteraves, carottes). Les gens mangeaient des légumes et des fruits (ils avaient déjà accès aux oranges, citrons, figues, abricots et amandes venus d’Orient), mais aussi beaucoup de viandes de toutes sortes. On a dit aussi que les gens travaillaient de 9 heures par jour (en hiver) à plus de 15 heures (en été), donc comme des forçats, sans préciser que grâce aux nombreuses fêtes religieuses et patronales, ils disposaient de 80 jours totalement fériés plus 70 jours de chômage partiel soit environ trois mois de vacances par an. Cet ouvrage majeur représente un très beau travail de réhabilitation tout à fait passionnant et mené avec style et brio. Un livre essentiel pour en finir avec certaines falsifications.

Ma note

4,5/5

FANTAISIEFANTASTIQUE

L’ENCHANTEUR (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

« Il y a plus de mille ans, vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin. Il était jeune et beau, il avait l’œil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, les mains fines, la grâce d’un danseur, la nonchalance d’un chat, la vivacité d’une hirondelle. Le temps passait sur lui sans le toucher. Il avait la jeunesse éternelle des forêts. Il possédait les pouvoirs, et ne les utilisait que pour le bien, mais parfois, il commettait une erreur, car, s’il n’était pas un homme ordinaire, il était humain cependant. » Un jour de bataille, Merlin rencontra Viviane qui tomba immédiatement sous son charme, car il lui apparut sous sa forme la plus jeune et la plus charmante. Il lui révéla son ascendance et ses pouvoirs. L’ennui, c’est que pour pouvoir continuer à en disposer, tous deux ne devaient pas consommer leur amour, mais rester éternellement vierges, ce qui n’était absolument pas du goût de Viviane…

Ma critique

« L’enchanteur » se présente comme une nouvelle version d’une légende revisitée et modernisée, tout en restant assez fidèle à l’esprit du célèbre texte des « Chevaliers de la Table Ronde ». Barjavel a choisi de prendre Merlin l’enchanteur comme personnage principal, ce qui ne lui empêche pas de lui faire partager la vedette avec le jeune roi Arthur, son épouse Guenièvre, Lancelot, Morgane, Gauvain, Léaudagan, Perceval et d’autres. L’écriture est fluide, pleine d’envolées poétiques et lyriques, de batailles épiques et de péripéties magiques. C’est un pur régal de lire cette épopée chevaleresque, dans une ambiance celtique pleine de brume et de mystère. Un retour aux sources de la littérature quand elle était encore magique, poétique, onirique et mettant pourtant en scène des hommes bien pétris de chair et de sang, traversés de sentiments contradictoires et de passions dévorantes. Un pur régal que ce « remake » magistral !

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

DU KIBBOUTZ A L’INTIFADA (MARION SIGAUT)

Le résumé du livre

Jeune et jolie étudiante en rupture de ban, Marion Sigaut débarque en Israël au début des années 70 avec sa guitare et toutes les illusions de l’époque. Bien que non-juive, elle s’est engagée comme volontaire pour travailler dans un kibboutz israélien. Gauchiste militante, elle veut vivre l’expérience du seul communisme intégral vraiment réussi. Elle est affectée à Tel Nir, non loin de la frontière libanaise. Accueillie à bras ouverts, elle y découvre un lieu de vie plutôt spartiate, mais bénéficiant d’une ambiance chaleureuse et fraternelle. Des jeunes venus de tous les horizons y travaillent dans la bonne humeur, partagent tout, chantent, dansent, s’amusent et se découvrent. Marion s’y fait très vite tant d’amis qu’elle considère très vite Tel Nir comme sa nouvelle famille. Un jour, elle tombe éperdument amoureuse du très beau et très viril Yaïr qui aime bien lui faire l’amour, mais sans s’engager plus, ce qui désole la jeune fille. Mais voilà que se déchaine la guerre du Kippour. Yaïr, gradé de Tsahal doit partir se battre. Marion est effondrée…

Ma critique

« Du kibboutz à l’Intifada » est un témoignage bien écrit et fort intéressant dans la mesure où assez peu d’ouvrages français traitent de la vie des kibboutznicks de ces années-là. Au fil de ses nombreux séjours échelonnés sur une vingtaine d’années, l’auteure a appris l’hébreu qu’elle parle couramment au point de sembler suspecte lors de ses passages à la douane. Le lecteur découvrira en même temps que l’auteure la lente dégradation de l’idéal communautaire au profit de l’individualisme et de la consommation ainsi que la dérive autoritaire et même totalitaire d’un régime qui se permet de raser des oliveraies, de faire exploser des maisons construites sans une autorisation qu’il n’accorde jamais, de passer au bulldozer des villages entiers pour y implanter des camps militaires ou des colons, et ainsi de réduire à la misère et au désespoir tout un peuple, premier et légitime propriétaire de ces territoires. Marion apprendra l’arabe, fera connaissance de nombre de Palestiniens et s’apercevra que ce ne sont pas les monstres assoiffés de sang que la plupart des Israéliens imaginent. L’histoire s’arrête avec les caillassages de l’Intifada et le départ de la narratrice, le cœur brisé par deux amours irréconciliables…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

RUES BARBARES (SURVIVRE EN VILLE) (PIERO SAN GIORGIO & VOL WEST)

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Le résumé du livre

Dans notre réalité mondialisée et ultra-sophistiquée, il suffit d’une crise économique grave, d’une pandémie, d’un séisme, d’une éruption volcanique, d’un cataclysme naturel quelconque, d’un conflit ou d’une guerre civile pour que notre quotidien en vienne immédiatement à basculer dans le chaos. Comment réussir à survivre dans ces conditions surtout lorsqu’on habite en ville ? Que faire si l’eau potable qui coule à robinets n’est plus qu’un filet marron à l’odeur repoussante ? Que manger si toutes les supérettes et tous les hypermarchés ont vu leurs rayons vidés dès les premiers jours de l’effondrement et si tous les circuits de distribution sont désorganisés faute de carburant ? Comment pallier le manque d’énergie si le gaz et l’électricité sont coupés de temps en temps ou définitivement ? Comment se soigner si cliniques et hôpitaux sont sinistrés ou simplement hors service par manque d’énergie ou de personnel ?

Ma critique

C’est à toutes ces questions et à quelques autres que tente de répondre « Rue Barbares » qui se présente comme une suite de « Survivre à l’effondrement », autre manuel de survie et de résilience du même auteur. Le lecteur y trouvera bien des similitudes en particulier sur la création d’une base autonome durable (BAD), du sac de survie, de diverses listes de provisions, de matériel médical ou de moyens de défense. Hé oui, le monde des Bisounours et de l’état-providence ne sera plus qu’un lointain souvenir. La loi de la jungle, le règne des gangs et le marché noir seront là pour le remplacer. Quasiment tous les aspects de la survie sont évoqués depuis le stockage et la purification de l’eau jusqu’au troc en passant par la production de fruits et légumes, la conservation, le stockage, la chasse, la pêche, mais aussi l’hygiène et la santé tout comme l’énergie et l’importance du clan. Les simples piles de nos appareils seront rares et chères. Elles pourraient même servir de monnaie d’échange. Certains pourront ne voir que délires anxiogènes dans ce genre d’ouvrage. D’autres y verront une belle illustration de des adages « Prévoir c’est gouverner » ou « Un homme averti en vaut deux ». Raisonnable (sur le chapitre des armes, il préconise de bien respecter la législation du pays), bien écrit (facile à lire et passionnant comme un roman tant il nous fait découvrir de choses), ce livre peut aisément être classé comme un ouvrage de référence sur un sujet aussi délicat que clivant.

Ma note

4,5/5

voyages

SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE (JACQUES GROS)

Le résumé du livre

De début mai à fin juin 2009, Jacques Gros arpente 1200 km du chemin de Saint Jacques de Compostelle. Il part du lieu de son enfance, Saint Amand de Boixe au nord d’Angoulême, pour rejoindre le chemin de Vézelay à la hauteur de Sainte Foy-la-grande. En Espagne, il suit le « Camino Frances » en abattant des étapes de 20 à 25 km par jour. Il commence son périple en compagnie d’un ami qui le quitte à la hauteur de Mont-de-Marsan quand une tendinite oblige l’auteur à s’arrêter deux jours pour récupérer. Chacun son chemin, conclut-il, avant de nous faire partager ses « émotions, ses souffrances, ses sentiments et ses réflexions »…

Ma critique

Ce court ouvrage (117 pages avec nombre de photos et documents) ne peut pas vraiment être classé comme un témoignage, ni comme un carnet de bord, à peine comme un récit. L’auteur a tenu à suivre un plan assez singulier. Dix chapitres. Dix cheminements : à travers le temps, à travers l’espace, à travers la nature, à travers les cinq sens (la vue, l’odorat, le toucher, l’ouïe et le goût) sans oublier l’homme et lui-même. C’est original à première vue. L’ennui, c’est que de cette manière rien n’est abordé en profondeur, tout reste superficiel, sans humanité et même presque artificiel. Peu d’anecdotes, peu de rencontres, peu de partage. On reste dans le narcissisme, l’individualisme et l’égoïsme habituel. On a l’impression de suivre un marcheur dans sa bulle qui passe à côté de l’essentiel. Le chemin ressemble un peu à une auberge espagnole ; on y amène ce qu’on est. Mais là, où est passé son véritable esprit ? Cette ambiance de solidarité, d’empathie, d’entraide, mais aussi de joie, d’innocence et d’amitié qui règne entre les pèlerins ? Jacques Gros ne semble remarquer que les ronflements dans les dortoirs des gites et albergues, que les cyclistes qui le rasent sans crier gare et que les marcheurs bruyants qui dérangent sa sérénité. On peut se dispenser de lire ce compte-rendu sec et sans grand intérêt et lire d’autres témoignages nettement plus vivants et plus chaleureux que celui-ci. Ils sont légions !

Ma note

2,5/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LES 100 REMÈDES NATURELS QUI FONT TREMBLER BIG PHARMA (GABRIEL COMBRIS)

Le résumé du livre

Savez-vous que les médecines douces (homéopathie, phytothérapie, acupuncture, médecines chinoise ou ayurvédique, etc.) sont attaquées de toutes parts ? Ainsi les professeurs Even et Debré ont été interdits d’exercer la médecine pour avoir publié leur livre « Les 4000 médicaments utiles, inutiles ou dangereux ». Le professeur Henri Joyeux a été radié pour avoir osé s’interroger sur les risques de certains vaccins. Le docteur Marc Branden est menacé de 10 ans de radiation pour avoir soigné de très nombreux patients atteints de la maladie de Lyme autrement que par les voies officielles. L’herboriste Michel Pierre a été trainé devant le tribunal correctionnel pour la simple promotion de ses plantes et de ses tisanes. Son confrère, Jean-Pierre Raveneau, a été condamné en 2016 à un an de prison avec sursis pour exercice illégal de la pharmacie en récidive alors qu’il est lui-même pharmacien. Souvent les médias relèguent les médecines douces au niveau du charlatanisme voire de la sorcellerie. La médecine allopathique poussée par Big Pharma, qui se soucie plus de ses profits que de la santé des patients, se montre de plus en plus totalitaire à défaut d’être toujours efficace. Mais pour nombre de pathologies, c’est l’approche naturelle qui devrait être considérée comme la première et la meilleure des médecines. Il ne faudrait pas oublier le fameux principe d’Hippocrate : « Primum non nocere » (d’abord ne pas nuire).

Ma critique

Cet ouvrage de vulgarisation médicale peut être une référence en la matière. L’auteur s’est donné pour objectif de présenter un grand nombre de maladies, handicapantes ou non, chroniques ou non et de proposer des moyens alternatifs de retour à la santé. Le lecteur va de découvertes en découvertes en lisant ce livre qui se dévore comme un roman. Ainsi apprend-il que la médecine chimique est complètement dépassée sur le terrain de la maladie d’Alzheimer et sur celui de nombreux cancers. Que l’arthrose, la maladie de Parkinson et bien d’autres pathologies ne se soignent pas comme on le croit généralement. Qu’il est possible de faire revenir à la normale un taux élevé d’hypertension par la pratique d’un régime alimentaire de chasseur-cueilleur et que les premiers effets peuvent se constater en une semaine. Que le sucre, les métaux lourds, les additifs et l’alimentation trop riche en protéines de mauvaise qualité sont préjudiciables à notre santé tout comme l’excès de produits laitiers qui ne sont pas nos « amis pour la vie » comme le prétendait le vieux slogan d’une agence qui avait pour mission de faire écluser la surproduction de lait en Europe. Ceci pour ne citer que quelques exemples. Chacun aura de quoi puiser à sa guise, même dans l’annexe qui propose dix remèdes naturels, simples, efficaces et méconnus. L’auteur a voulu ouvrir des pistes, faire sortir des thérapies de l’ignorance et même de l’interdit. À chacun de se faire son idée et même d’approfondir ensuite la question si besoin est…

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMAN

LE CRÉPUSCULE ET L’AUBE (KEN FOLLETT)

Le résumé du livre

997. Le sud de l’Angleterre vit sous la menace des fréquents pillages et ravages des terribles Vikings. Une nuit, le jeune Edgar, habile constructeur de bateaux, quitte discrètement sa famille dans une barque qu’il a fabriquée en imitant la forme d’un drakkar. Il veut s’enfuir avec Sunmi, la femme qu’il aime mais qui est mariée avec un autre. C’est alors qu’une attaque viking se produit dans son village. Il se précipite pour prévenir les moines et les habitants en sonnant la cloche de l’église. Dans la confusion générale, il finit par retrouver Sunmi morte assassinée, tout comme son propre père. Sa maison familiale et le petit chantier naval ont été détruits par un incendie. Seuls sa mère et ses deux frères ont échappés de justesse au massacre. Mais les voilà tous sans-abri ni ressources. Deux jours plus tard, accompagné de ses deux frères Wigelm et Wilwulf, Wynstan, évèque de Shiring, vient constater les dégâts qui sont plus importants que ce qu’il imaginait. Il va devoir réduire son train de vie luxueux et même faire quelques sacrifices, ce dont il a horreur. Il octroie néanmoins à la famille d’Edgar la permission de cultiver une misérable petite ferme que les précédents occupants avaient abandonnée pour ne pas mourir de faim.

Ma critique

« Le crépuscule et l’aube » est un roman historique-fleuve (852 pages) de lecture un brin laborieuse. Il ne s’agit pas d’une saga foisonnante, pleine d’évènements et de personnages divers et variés, mais d’une histoire ne s’étendant que sur une dizaine d’années, sur un territoire restreint et ne mettant en scène qu’un nombre réduit de personnages pour la plupart vénaux, cruels et antipathiques, à l’exception d’Edgar, de Ragna et d’Aldred. Follett use et abuse de la recette qui a fait son succès : alterner les scènes de sexe et d’amour avec celles de barbarie et d’horreur. De ce côté-là, il faut bien reconnaître que les lecteurs sont grassement servis. Assassinats, tortures (castration et énucléation), viols, incendies et humiliations en tous genres ne manquent pas. Il faut bien que ce chapitre de l’histoire anglaise corresponde à l’image qu’il convient de s’en faire actuellement, celle d’une époque barbare, ignare et tristement obscurantiste. Les vrais amateurs d’Histoire en seront pour leurs frais. Quant aux autres, sans doute trouveront-ils que ce pavé un brin ennuyeux et poussif est loin être le meilleur de cet auteur.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

SIDA,OPIUM, DIAMANTS ET EMPIRE (NANCY TURNER BANKS)

Le résumé du livre

Le SIDA, cette étrange pandémie dont personne, ni l’Américain Gallo, ni le Français Montagnier ne parvinrent à vraiment isoler le virus, fut créé de toute pièce pour masquer deux crises sanitaires : l’empoisonnement des jeunes par la drogue dans le monde occidental (héroïne, cocaïne, poppers et autres) ainsi que l’empoisonnement industriel (pesticides, fongicides, additifs, fluor et autres) et le bouleversement social en Afrique. Sans oublier, histoire de faire d’une pierre deux coups, de gigantesques profits pour Big Pharma grâce à la vente de médicaments onéreux, souvent inefficaces et parfois dangereux. Vous avez dit « drogues » ? Mais cette histoire n’est-elle pas le retour de boomerang de la guerre de l’opium menée contre la Chine il y a fort longtemps par la Compagnie britannique des Indes Orientales ? Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, une compagnie privée avait autorisation de s’octroyer des marchés n’importe où sur la planète, à n’importe quel prix, même celui d’une guerre privée, menée avec des armées ne représentant pas un pays ! Et tout cela pour de l’argent. Quel meilleur symbole de celui-ci que le diamant extrait en Afrique du sud par des mineurs africains dans des conditions si déplorables qu’ils furent atteints de silicose que l’on maquilla en pneumonie causée par le SIDA. Ainsi la boucle fut-elle bouclée pour l’empire…

Ma critique

« SIDA, opium, diamants et empire » est un essai à base médicale et scientifique très fouillé et très sourcé. Toute l’escroquerie du SIDA y est minutieusement détaillé. C’est parfois très technique voire un brin rébarbatif à lire parfois pour le béotien que je suis. Cependant l’analyse générale de la sombre machination, dont le SIDA n’est que le fil rouge, est si passionnante que l’on est récompensé de son effort quand on découvre les rapports existant entre les stratégies de l’économie de marché, la destruction de la souveraineté nationale (qui ne date pas d’hier) par le processus de mondialisation et cette pandémie loin d’être survenue par le hasard de la copulation malencontreuse d’un singe vert ! Il y a cent ans, le complexe industriel pharmaco-médical commença à passer sous le contrôle des titans du capitalisme financier (comme « Old Bill Rockefeller » et ses flacons de « Nujol » qui guérissaient tout, même le cancer) dont le but était déjà de réaliser un maximum de bénéfices et non de vaincre la maladie. Un ouvrage intéressant dont le volet d’histoire sociale est à ne pas manquer, surtout si l’on veut comprendre le chapitre suivant, celui du « coronacircus ». En attendant la suite…

Ma note

4/5

HISTORIQUE

GOUVERNANTS INVISIBLES ET SOCIÉTÉS SECRÈTES (SERGE HUTIN)

Le résumé du livre

Quand on évoque les sociétés secrètes, on pense immédiatement aux Francs-maçons, aux Rose-Croix, mais aussi au B’naï Brith, voire aux Illuminés de Bavière et on ne peut que se référer aux hommes célèbres qui les créèrent ou en firent partie comme Gurdjieff (qui a déclaré : « J’ai la possibilité d’accéder au saint des saints de presque toutes les organisations hermétiques, telles que sociétés religieuses, occultes, philosophiques, politiques ou mystiques qui demeurent inaccessibles à l’homme ordinaire… »), ou comme le fameux « mage » britannique Aleister Crowley ou encore de grands initiés comme Weishaupt, Cagliostro, Saint Germain, Goethe, Hugo et tant d’autres. Cependant, faire partie d’une de ces sociétés secrètes ne suffit pas pour devenir un des gouvernants invisibles, encore faut-il atteindre l’échelon le plus élevé de la hiérarchie (le 33ᵉ par exemple), autant dire le sommet de la pyramide, celui des véritables maîtres, tous totalement inconnus du grand public et tenant d’ailleurs à le rester coûte que coûte. Toute violation du secret étant punie de mort, il est facile de comprendre que bien peu de chose filtre à ce sujet.

Ma critique

Paru en 1971, « Gouvernants invisibles et sociétés secrètes » se présente comme une enquête toujours d’actualité dans la mesure où l’auteur étaie sa théorie sur de nombreux exemples historiques comme les coulisses de la Révolution française, qui ne fut pas aussi spontanée que l’histoire officielle veut bien le raconter, ou comme la vertigineuse ascension de Napoléon Bonaparte qui ne peut s’expliquer que par le soutien apporté par le pouvoir occulte (Fraternité hermétique de Louxor et Illuminatis). Il en fut de même des carrières de Richelieu et de Disraéli, de l’incroyable fortune de Jacques Cœur voire du pouvoir d’Hitler, Lénine et Staline, entre autres. Cet ouvrage, bien écrit et très agréable à lire, s’il n’apprend pas grand-chose à ceux qui sont déjà bien informés sur le sujet, peut très bien servir de base de départ pour les recherches des autres. L’ennui, c’est que quand Hutin aborde des périodes plus proches de nous, son étude semble moins fouillée, et nettement plus superficielle. (Synarchie, Cagoule, Ordre du Temple solaire, juste quelques lignes en fin d’ouvrage).

Ma note

4/5

ESSAIS

JOURNAL D’UN REMPLACE (GREGORY ROOSE)

Le résumé du livre

Selon l’auteur, nous ne serions pas confrontés à un « remplacement », mais en réalité à deux. Un « petit » remplacement qui correspondrait à un changement de classe, de références culturelles perpétré grâce à une inversion généralisée des valeurs traditionnelles et à un déni systématique de la réalité. Et un « grand » remplacement qui, lui, est une substitution ethnique, les allogènes submergeant peu à peu les indigènes par le biais d’une immigration incontrôlée et d’une natalité plus importante. Chaque jour ou presque, nous amène son lot d’actes de violence que les médias classent comme « faits divers » ou comme honte pour la société et grande cause nationale selon l’origine de ou des auteurs. Ainsi le jeune Théo Luhaka eut-il droit dans un premier temps à toute l’attention empathique des médias. Il fut présenté comme la malheureuse victime d’un viol perpétré par des policiers indignes. Quelque temps plus tard, après enquête, le parquet reconnaîtra qu’il n’y eut aucun viol. L’individu sera d’ailleurs mis en examen pour escroquerie en bande organisée, blanchiment, faux et usage de faux et travail dissimulé. Mais auparavant, François Hollande s’était immédiatement précipité à son chevet, ce qui ne fut pas le cas pour un autre jeune, Yurii, lynché en pleine rue par une bande de racailles venues de Vanves. Pas plus que pour le malheureux Adrien Perez, poignardé en plein cœur pour avoir voulu défendre une jeune femme agressée par des voyous. Pas plus que pour Laura et Maurane, assassinées à la gare Saint-Charles de Marseille ou pour le capitaine Arnaud Beltrame. Indignations à géométrie variable. Deux poids, deux mesures…

Ma critique

« Journal d’un remplacé » n’est pas vraiment un journal dans la mesure où l’auteur ne suit pas un ordre chronologique des évènements, mais les reclasse par thèmes : immigration, insécurité, propagande, écologie, crise sanitaire et autres. Au fil de ces « faits divers », il aborde toutes sortes de sujets comme les élections truquées aux Etats-Unis, la censure sur les réseaux sociaux, la déconstruction du sentiment national, les violences policières, les Black Lives Matter, le communautarisme, le covid, le féminisme 2.0, la cérémonie des Césars, les éoliennes, la COP 21, Greta Thunberg, etc. Tout est vu par le petit bout de la lorgnette. Les analyses sont souvent légères pour ne pas dire discutables. Pour Roose, la crise sanitaire a eu un bon côté, celui du retour de la nature au cœur des villes et d’une nette amélioration de la qualité de l’air. Pas un mot sur les mesures idiotes, inutiles, liberticides et vexatoires. Le chapitre sur l’écologisme est un peu plus travaillé. La jeune Thunberg et ses séides repartent rhabillés pour l’hiver. Celui sur l’insécurité rappelle « La France Orange mécanique » de Laurent Obertone en moins percutant et en moins fouillé. On aurait aimé que tout l’ouvrage se soit affranchi de son côté anecdotique et ait plus viré à l’essai socio-politique, voire au pamphlet, ce qui n’est pas le cas. L’ensemble reste léger et superficiel tout comme le style peu travaillé et même un brin approximatif parfois.

Ma note

3/5

ESSAIS

EPIDEMIES, VRAIS DANGERS ET FAUSSES ALERTES (DIDIER RAOULT)

Le résumé du livre

Quel rapport y a-t-il entre la réalité d’une épidémie et les comptes-rendus médiatiques alarmants qui en sont donnés ? Comment se fait-il qu’on ne s’inquiète pas de maladies réellement mortelles et qu’on mette l’accent sur d’autres finalement assez bénignes ? Pourquoi privilégie-t-on des projections mathématiques (souvent fausses et même de facteur cent dans le cas du coronavirus) au détriment de l’observation de la réalité du terrain ? Et surtout pourquoi faut-il qu’à chaque « nouvelle » épidémie doive correspondre un nouveau et dispendieux médicament et un nouveau « vaccin » en cours d’expérimentation alors que des traitements anciens, peu onéreux et efficaces, sont toujours à la disposition des médecins ?

Ma critique

Cet ouvrage assez court (98 pages) se présente comme un essai de vulgarisation médicale d’accès facile et agréable. Le professeur Raoult, spécialiste reconnu mondialement dans le domaine des épidémies mais traité de charlatan par de malhonnêtes et ignares bateleurs de plateaux télé, y dissèque les caractéristiques et la réalité de diverses épidémies comme l’affaire de l’Anthrax (on se souvient de la fiole brandie à l’ONU pour incriminer Saddam Hussein alors que le virus avait échappé à un laboratoire militaire américain !), celle de la grippe, aviaire, de la grippe porcine, de l’Ebola, très mortelle, mais peu contagieuse, le virus H1N1, celui du coronavirus, Zika, Chikungunya, sans oublier le typhus transmis par les poux et le choléra à Haïti qui fut causé par les excréments jetés à la rivière par des soldats de l’ONU népalais infectés et non par le réchauffement climatique comme le clamèrent les dits « bateleurs ». Sans aller jusqu’au fond des choses (l’écrasante culpabilité des labos de Big Pharma à peine évoquée et avec des pudeurs de violette), cet ouvrage a le mérite de démontrer que dans ce genre d’affaires, il faut toujours raison garder et ne jamais se laisser gagner par des peurs fabriquées. Avoir le calme des vieilles troupes.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LE GUÉRISSEUR DE CATHÉDRALES (PHILIP K. DICK)

Le résumé du livre

Joe Fernwright propose à de lointains IA des définitions de mots croisés bizarres ou des phrases sibyllines du genre « le persil perspicace se suce le pouce » ou « l’interjection n’a pas d’expérience ». L’interlocuteur n’a droit qu’à cinq petites minutes pour proposer une réponse ce qui arrive rarement. Bien que Joe soit l’un des meilleurs compétiteurs, il songe à quitter le Jeu. Il dispose d’une cagnotte de 65 pièces, soit 10 millions de dollars en timbres-primes qu’il distribue à des inconnus. Un jour, il reçoit un message anonyme : « Guérisseur de poteries, j’ai besoin de toi et je suis prêt à bien te payer. » Joe accepte la proposition. Et le voilà parti dans un vaisseau spatial vers la lointaine planète du Laboureur avec quelques autres recrutés comme lui par un certain Glimmung. Ils ont tous pour mission de renflouer la cathédrale Heldscalla puis de la reconstruire sur la terre ferme. Mais les « Kalendes », un livre saint et prophétique qui peut dévoiler le passé, le présent et le futur, leur prédit que l’œuvre échouera et que la plus grande partie des employés de Glimmung seront détruits…

Ma critique

« Le guérisseur de cathédrales » est un roman de science-fiction un peu particulier. Il parut sous différents titres et traductions. L’intrigue en est sombre et quasi désespérée. Il faut préciser que l’auteur traversait une période difficile quand il l’écrivit. Sa femme l’avait quitté et il souffrait de la prises de diverses substances peu licites. Le texte s’en ressent. Sans être abscons, il semble moins fluide et moins abouti que d’autres titres plus connus. Rien ne fonctionne dans cette mission de bras cassés. Glimmung se révèle une sorte de monstre doublé d’un second, un Glimmung noir qui n’est peut-être que la face cachée du personnage. De même, la cathédrale a son double maléfique. Et quand Joe, qui n’arrive à rien et sent que l’affaire tourne au vinaigre, veut quitter le groupe et revenir à ce qu’il sait le mieux faire, il ne produit plus rien de valable. Allégorie de la propre vie de Dick ? Sans doute. Cette histoire, qui peut aussi se lire comme un conte philosophique noir et désabusé, pose les thématiques de la vie, de l’amour, du sacrifice, de la réussite et de l’échec d’une existence entre autres. On peut aussi y voir un roman à clé. Intéressant donc, mais pas le meilleur opus du maître.

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

DISCOURS SUR LA DETTE (THOMAS SANKARA & JEAN ZIEGLER)

Le résumé du livre

Le 29 juillet 1987, le jeune nouveau président du Burkina-Faso (ex-Haute-Volta) prononce un discours qui restera dans les annales devant tous les chefs d’États africains rassemblés dans l’Afrika Hall d’Addis-Abeba. Il surprend tout le monde quand il déclare que les dettes souveraines qui grèvent lourdement les économies de leurs pays ne pourront sans doute jamais être remboursées et ne devraient d’ailleurs ne pas l’être. En effet, par le biais des intérêts cumulés, cette dette finira par être payée plusieurs fois. Et chaque année, l’Afrique verse en remboursement beaucoup plus que le total de toutes les aides et subventions accordées par les gouvernements occidentaux. Il les exhorte donc à faire front commun pour obtenir cette annulation. Peu de temps plus tard, le 15 octobre de la même année, au cours d’un nouveau coup d’état militaire fomenté depuis l’étranger, il est renversé et assassiné par des soldats à la solde de son ami et rival Blaise Compaoré, lequel récupérera dans la foulée la présidence du pays.

Ma critique

Ce texte majeur est présenté dans un long prologue détaillé signé Jean Ziegler, lequel le replace dans le contexte de l’époque. Malgré une richesse évidente en matière premières, en ressources et en hommes, l’Afrique ne décolle toujours pas. Pire, elle semble régresser et s’enfoncer toujours plus dans la misère. Quelques potentats monopolisent les aides financières alors que le peuple souffre. Sankara, militaire honnête (il roule en R5 et n’abuse pas de l’argent du contribuable) et intelligent (il a déjà commencé à lancer tout un train de réformes capitales pour le pays), met le doigt sur le problème numéro un, la dette qui plombe toute l’économie du continent, qui empêche tout développement et réduit toute une partie de l’humanité au rang d’esclave perpétuel. Une analyse impitoyable. Un réquisitoire sans appel et toujours d’actualité contre un système international qui écrase l’Afrique. On a vu depuis que cette machine infernale n’épargnerait personne. À l’époque, seul François Mitterand était partisan de l’effacement de la dette. En Afrique, peu de chefs d’Etat étaient prêts à se libérer de cette tutelle, excepté Kadhafi. On sait que cela fut réglé de façon bien peu élégante. Le capitalisme mondialiste sauvage ne fit aucun cadeau !

Ma note

4/5

NOUVELLES

LES CONTES D’UN MATIN (JEAN GIRAUDOUX)

Le résumé du livre

À cours de nourriture, Ulysse et ses compagnons font escale sur une île habitée par un cyclope, géant carnivore doté d’un unique œil au milieu du front. Ulysse doit user de toute sa finesse et de toute sa rouerie pour être épargné par le monstre… Edouard Personne passe en jugement. Il est accusé d’avoir trucidé au couteau le directeur des docks de Californie. Il a même été blessé dans la bagarre. Sera-t-il exécuté ?… Aveugle-né, Polyte Rigolet exerce son métier de mendiant toujours au même endroit, l’extrémité du pont des Arts. Son ami Nénesse Langoury, cul-de-jatte, lui propose d’aller s’installer au Palais-Royal, histoire de changer de décor. Polyte refuse, car il ne veut pas faire d’infidélité à sa clientèle attitrée. Et c’est là que ses ennuis commencent… L’amant de la femme de Sherlock Holmes sort à peine de chez sa maîtresse quand il tombe pile sur le célèbre détective à casquette qui trouve ça louche et le bombarde de questions avant d’arriver à une conclusion surprenante…

Ma critique

« Les contes d’un matin » est un charmant recueil de douze contes et nouvelles qui parurent à l’origine dans les colonnes de deux journaux, « Le Matin » et « Paris-Journal » de 1908 à 1912 et dont certaines furent signées de pseudonymes. Le jeune Giraudoux n’avait alors que 26 ans. Il avait débuté comme écrivain quatre années plus tôt. Et pourtant, tous les textes sont de qualité, agréables à lire, pétillants, parfois surprenants et toujours pleins d’humour. Le lecteur y retrouvera l’ambiance joyeuse, insouciante et bon enfant de la « Belle époque ». L’auteur s’y essaie à toutes sortes de styles et de registres. En premier, l’amour juvénile, plein de rêves et d’illusions, mais aussi de légèreté et de truculence, et puis l’antiquité et la mythologie avec « Le cyclope », sans doute la meilleure des douze, sans oublier la fantaisie et l’étrange avec « L’ombre sur les joues », la plus sombre et la plus triste du lot. Le lecteur appréciera aussi les contes mettant en scène les petites gens et les petits métiers de Paris. Les thèmes du temps et de la destinée sont toujours présents derrière la légèreté et le charme de ce jeune auteur déjà chevronné.

Ma note

4/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE (ÉTIENNE DE LA BOÉTIE)

Le résumé du livre

Depuis l’Antiquité et même depuis la nuit des temps, certains êtres, mégalomanes, psychorigides, pervers narcissiques, sociopathes et autres se sont institués tyrans de leurs tribus ou de leurs peuples. Comment ces derniers ont-ils accepté et même recherché cette domination ? Et pourquoi, en échange d’une sécurité illusoire sont-ils satisfaits de vivre soumis et ne craignent-ils pas de perdre leur bien le plus précieux, leur liberté ? Chez l’humain, l’instinct grégaire est si prégnant que s’il imagine qu’une majorité de ses concitoyens se comporte d’une certaine façon, il doit s’y conformer pour ne pas être rejeté par le troupeau. Ainsi nos maîtres n’ont-ils de pouvoir que celui que nous voulons bien leur accorder. Si tous les pouvoirs sont réunis dans les mains d’un seul individu, il doit cependant disposer d’une sorte de garde rapprochée, généralement composée de quelques personnes viles et corrompues, pour diffuser ses ordres. Ce premier cercle passe le relais à un second d’aussi médiocre qualité, mais qui représente quelques dizaines de personne. Et le processus se poursuit avec un troisième cercle plus étendu, puis avec un quatrième, un cinquième, etc. Sans tout ce réseau de connivence et de complicité, rien ne fonctionnerait. Le tyran sait que tout le monde le déteste, mais que, tant que le peuple reste consentant, sa domination est assurée.

Ma critique

Écrit en 1546 ou 1548 par un jeune étudiant en droit ami de Montaigne, « Discours de la servitude volontaire » est un essai socio-politique majeur qui étonne par son intemporalité et sa modernité. Les découvertes de Bernays et autres sur la fabrique du consentement, sur la manipulation des foules (Le Bon) et sur les techniques de propagande ne feront que confirmer ce « discours » d’une étonnante sagesse et d’une remarquable finesse d’observation. L’auteur ne fait pas référence à son époque troublée (guerres de religion), mais à l’histoire en général et à l’Antiquité romaine qu’il connait particulièrement bien. Il cite, entre autres, les cas de Néron et Jules César qui finirent plutôt mal, mais qui, paradoxalement, furent très regrettés par le peuple. À croire que ce dernier était et est toujours un peu maso ! La « traductrice », c’est-à-dire l’adaptatrice, Séverine Auffret, ayant parfaitement su transposer ce texte essentiel en français moderne, contrairement à des versions plus anciennes, le résultat obtenu permet une lecture aisée et parfaitement compréhensible que l’on ne peut que conseiller à qui veut mieux comprendre notre époque, aussi étrange que cela puisse paraître !

Ma note

4,5/5

ESSAISRELIGIEUX

PADRE PIO OU LES PRODIGES DU MYSTICISME (GERALD MESSADIE)

Le résumé du livre

Né à Pietraluna, non loin de Naples, le 25 mai 1887, Francesco Forgione, appelé plus tard Padre Pio, est un enfant chétif et pieux. À 9 ans, il fut témoin d’un miracle qui le marqua. Un enfant difforme et ne tenant pas sur ses jambes, présenté lors de la fête de Pellegrino, se mit soudain à marcher devant lui. À 15ans, il entre au séminaire de Mortone et prononce ses vœux à 23 ans. Une semaine plus tard, il ressent de terribles douleurs aux cinq endroits de la crucifixion du Christ (aux mains, aux pieds et au côté). Bientôt apparaissent des rougeurs, puis des blessures sanguinolentes, les stigmates, qu’il gardera toute sa vie, mais qui disparaitront totalement et aussi mystérieusement qu’elles étaient apparues le veille de sa mort, le 23 septembre 1968. Cependant, pour l’Église catholique, cette histoire miraculeuse fut plus un cauchemar qu’une joie véritable. Padre Pio fut isolé des fidèles de 1919 à 1933, reclus, longtemps interdit de confession et de célébration de la messe en public. Cela ne l’empêcha pas de soulager bien des misères, d’opérer des guérisons inexplicables, d’annoncer des prédictions troublantes et de se trouver en deux lieux à la fois (bilocation). Padre Pio ne fut-il qu’un phénomène de cirque ou de foire ? Une victime de symptômes de type hystérique ou de possession diabolique ?

Ma critique

Cet ouvrage est une étude assez poussée d’un phénomène qui divisa l’Eglise. Le petit peuple chrétien en fit immédiatement un saint. La hiérarchie papale et épiscopale l’ignora, le rejeta ou même le persécuta à l’exception principalement de Jean-Paul II qui vit sa secrétaire sauvée d’un cancer en phase terminale par l’entremise de Pio. Gérald Messadié, auteur assez spécialisé dans le paranormal, n’a pas voulu se lancer dans la polémique, ni tomber dans l’hagiographie classique. Il a cherché à approfondir les interprétations des phénomènes physiques du mysticisme doloriste du Padre Pio. Les diverses hypothèses de travail (hystérie, suggestion mentale, flambées thermiques, énergies venues d’ailleurs, variations du champ magnétique terrestre et autres) ne sont tout aussi peu convaincantes les unes que les autres. Il va même jusqu’à relier cette affaire avec celles des « poltergeist », des univers parallèles et de la physique quantique ce qui ne fait qu’embrouiller un peu plus l’esprit du lecteur. À trop vouloir rechercher la réalité objective, à trop chercher à tout expliquer rationnellement, on n’explique rien. Il est certain que rien moins que 5 médecins se penchèrent sur le cas du religieux capucin le plus célèbre d’Italie et qu’il en fallut 11 pour Anne-Catherine Emmerich, autre mystique stigmatisée. Livre intéressant même si le merveilleux, la foi et le mysticisme n’ont pas la part belle dans ce livre et même si les explications « rationalistes » ne sont guère plus convaincantes.

Ma note

4/5

ROMAN

LE RÉVEIL (LAURENT GOUNELLE)

Le résumé du livre

Un jour, le Président fait une déclaration fracassante au pays. Il a décidé de partir en guerre contre la mort en s’attaquant à ses principales causes. La première étant les accidents de la route, il décrète, après consultation de son « Conseil de défense », ne plus autoriser que la circulation des nouveaux véhicules robotisés avec assistance à la conduite, les seuls parfaitement sûrs car exempts de toute erreur humaine, et de « confiner » les bagnoles classiques, véritables tombeaux roulants. Les médias s’en mêlent en annonçant 24 heures sur 24 et 7 jours sur sept le nombre de décès de la route avec force reportages bien sanglants à la clé. Tom, jeune ingénieur habitant un immeuble dans une lointaine banlieue, est, comme beaucoup d’autres, touché par la mesure. Ne pouvant plus se déplacer, il doit passer au télé-travail. Il vit la situation comme une privation de liberté qui dure trois longs mois et qui le fait peu à peu sombrer dans la dépression faute de rapports humains. S’ensuit l’obligation du port de la minerve pour le bien de tous bien entendu. Puis le Président passe aux excès de consommation de sucre causant diabète et maladies cardio-vasculaires. Pour mieux lutter, chacun devra se faire implanter une puce sous la peau… Et pendant ce temps, à Athènes, Christos, inquiet pour son ami Tom, décide de lui envoyer un résumé des principales techniques de manipulation mentale et de fabrique du consentement des masses…

Ma critique

« Le réveil » est un court roman en forme de conte philosophique dystopique très différent des habituelles productions littéraires de Laurent Gounelle. Devant le silence et la lâcheté de nombre d’artistes, il a eu le courage et le mérite de vouloir appliquer le célèbre précepte d’Albert Camus : « Les deux charges qui font la grandeur du métier d’écrivain sont le service de la vérité et celui de la liberté ». Il a pris la précaution de ne pas se focaliser sur un certain virus ni sur un certain vaccin. Il a préféré explorer d’autres dérives voisines et a même été un peu plus loin que ce que nous avons vécu : disparition de l’argent liquide, reconnaissance faciale, contrôle social à la chinoise, puçage et fichage généralisé. Tout est sourcé (importante bibliographie en annexe), intelligent, bien observé et même un brin humoristique, tant ces techniques de propagande peuvent avoir aussi bien un côté liberticide et humiliant qu’un aspect irrationnel et ridicule. Ouvrage fort bien écrit, qui se lit en quelques très courtes heures, qui donne à réfléchir et qu’il faut conseiller au plus grand nombre en espérant aider à leur « réveil ».

Ma note

4,5/5

ESSAISRELIGIEUX

ÉLOGE DU PÈLERINAGE (GAËLE DE LA BROSSE)

Le résumé du livre

En 30 ans, la fréquentation des chemins de Saint Jacques de Compostelle a été multipliée par cent ! Chaque année, les grands sanctuaires de l’Hexagone attirent plus de quarante millions de visiteurs : 10, 5 millions à Montmartre, 5 à Lourdes, 3,5 au Mont Saint Michel et 1,5 à Rocamadour et à Chartres. La France compte 15 millions de randonneurs pédestres dont beaucoup d’itinérants. Et certains de ceux-ci partent randonneurs et arrivent pèlerins. Cet engouement pour la marche et la pérégrination est-il un simple effet de mode passager ou un phénomène spirituel plus profond et plus durable ?

Ma critique

« Eloge du pèlerinage » est un court essai composé de deux parties bien distinctes. Dans la première, Gaël de La Brosse tente d’analyser les raisons qui poussent marcheurs et pèlerins à prendre leur sac et leur bâton et à se mettre en route vers ces différents sanctuaires. Ceux-ci seraient-ils des « oasis de l’âme », des lieux où souffle l’Esprit, et même de discrets paradis sur terre ? Dans la seconde, plus axée sur le témoignage personnel, elle présente une rapide description des divers pèlerinages qu’elle a elle-même effectués depuis quarante années et dans toutes sortes de circonstances : elle est allée à Chartres 7 fois, à Saint Jacques de Compostelle 6 fois, au Mont Saint Michel 5fois et à Fatima 3fois. Elle a participé au pèlerinage circulaire du Tro-Breizh deux fois et est allée se ressourcer deux fois à Lourdes et une fois à Rocamadour, Tours et Lalouvesc. Cette partie, qui est à notre goût la plus intéressante des deux, aurait mérité de plus amples développements. Le lecteur reste donc un peu sur sa faim avec cet ouvrage plutôt introductif. S’il veut en apprendre plus sur le phénomène, il lui est toujours loisible de lire les autres ouvrages plus techniques de Gaël de La Brosse. Avant de se mettre en marche, bien sûr !

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LE DÎNER DE L’EXPOSITION (MICHÈLE DASSAS)

Le résumé du livre

Le 3 juillet 1858, la jeune et jolie Aurélia se présente à la gare du Nord à Paris avec ses trois enfants, Elizabeth, Auril et Frédéric pour prendre le train en partance pour Calais. Elle compte ensuite prendre un bateau pour Londres où elle doit rejoindre Eugène, son mari. Celui-ci se cache dans la capitale britannique, car il a réussi à échapper à la justice française qui voulait lui infliger une forte peine de prison pour faillite frauduleuse et escroquerie caractérisée. Avocat de profession, il avait voulu se lancer dans les affaires en montant un restaurant de luxe dans la capitale, « le dîner de l’Exposition », basé sur un concept nouveau, le menu unique à prix fixe. Mais devant l’immensité de la dépense, il a émis de plus en plus d’actions, puis il a joué en Bourse l’argent des actionnaires, a perdu et a fini par filer avec une grande partie de la caisse avant que tout soit découvert. Aurélia, elle-même, quarteronne antillaise, non reconnue par son père, Charlemagne, vice-consul de son état, a aussi dû faire face à la justice qui l’accusait à tort de complicité et de recel. Finalement acquittée, la voilà en route vers Londres…

Ma critique

« Le dîner de l’Exposition » est un roman sentimental de facture tout à fait classique. Dotée d’une fort belle plume, Michèle Dassas dispose d’un style assez proche de celui des écrivains du XIXᵉ siècle. Le lecteur ne peut donc qu’être d’accord avec la dédicace en forme d’éloge apportée par l’historien guadeloupéen, Auguste Lacour : « J’y ai trouvé la manière de raconter de Gustave Flaubert, l’un de mes auteurs préférés ». Il ne peut également qu’être en empathie avec le beau personnage de femme incarné par Aurélia, cette belle métisse, fruit de l’amour d’une esclave noire et d’un notable blanc, qui, s’il ne la reconnut pas à la naissance, se rattrapa assez honorablement à la fin de sa vie. L’intrigue comporte pas mal de tribulations et de déceptions sentimentales avec cette existence un peu compliquée de femme hors norme, obsédée par l’apparence et la réussite sociale. On notera également le nombre important de décès dans cette histoire. Et en particulier celui du mari escroc qui aurait mérité plus amples développements ce qui aurait ajouté le piment d’un volet policier au récit. Au total, un ouvrage apprécié plus pour la forme que pour le fond même s’il est très axé sur les rapports sociaux et raciaux dans les îles il y a près de deux siècles.

Ma note

3,5/5

AUTOBIOGRAPHIES

LA SAINT TOUS LA (TANGI COLOMBEL)

Le résumé du livre

Dans les années quatre-vingt, à Loudéac, Berlureau, le père et Marie-Madeleine, la mère dite Marie Moitié, et leurs quatre enfants, Nolwenn, l’aînée, Emmanuelle, le « bébé », la « fleur différente », Marine et Tangi, le petit dernier et le narrateur par la même occasion, forment une jolie famille, bruyante et chaleureuse. Tout ce petit monde vit heureux et insouciant dans une maison aux murs de granit et au toit d’ardoises dans une propriété spacieuse jusqu’au jour où l’entreprise familiale de pierres tombales où travaille Berlureau doit déposer le bilan. Et là, « une chape de plomb » s’abat sur l’enfance joyeuse de Tangi. Le père, devenu chômeur, ne retrouve pas de travail, mais fait contre mauvaise fortune bon cœur en se déclarant « homme au foyer ». La famille commence à tirer le diable par la queue, à voir les factures impayées s’accumuler et à se retrouver avec l’électricité coupée. Cela n’empêche pas Tangi et sa complice Marine de se livrer à toutes sortes de facéties comme grimper sur le toit de la maison pour marcher le long des gouttières ou aller nuitamment dans le cimetière pour y fouiner dans un vieux caveau…

Ma critique

« La Saint Tous là » est un charmant récit autobiographique qui ne peut laisser personne indifférent. Le jeune Tangi grandit au sein d’une famille formidable, chaleureuse, résiliente, attachante, ouverte aux autres. Chez les Loiseau, la porte est toujours ouverte et les éclopés de la vie y séjournent volontiers pour y reprendre des forces. On a peu, mais on partage. On n’a pas beaucoup de sous, mais on fourmille d’idées pour s’en sortir, comme collecter des centaines de bouteilles vides pour récupérer l’argent de la consigne. Tangi, huit ans, rêve de passer à « l’Ecole des Fans » la célèbre émission télé de Jacques Martin. Il s’imagine déjà brûler les planches comme acteur ou comme chanteur, ce qu’il réalisera plus tard, de l’autre côté de l’Atlantique. On a dit qu’on ne pouvait pas faire de bonne littérature avec de bons sentiments. Tangi Colombel a fait mentir l’adage, car il a su trouver un ton léger, un brin décalé, un style fluide et agréable plein d’expressions truculentes, de néologismes amusants et de trouvailles lexicales (« carlingue branzigueulante », « faire du tarapompon », « trichobézoards de chats », etc.) pimentées de quelques mots de breton heureusement traduits en bas de page. Il a su trouver les mots « bleus » pour parler d’Emmanuelle, sa sœur handicapée mentale dans un chapitre particulièrement touchant. Rien que pour ce passage (et pour tout le reste d’ailleurs), il faut absolument lire ce livre plein d’émotion, de pudeur, de franchise, d’honnêteté et de tendresse. Ça fait un bien fou en ces temps sinistres !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

MARCHANDISER LA VIE HUMAINE (MARIA POUMIER)

Le résumé du livre

Le 29 juillet 2020, les députés ont voté l’ouverture de la PMA (procréation médicalement assistée) à toutes les femmes quel que soit leur statut et avec remboursement par la sécurité sociale. Grâce à la crise sanitaire, le projet mondialiste de marchandisation de la reproduction humaine s’est ainsi brusquement accéléré… En France, un couple sur six n’arrive pas à avoir d’enfant sans intervention de la technologie médicale. La production de spermatozoïdes est en chute libre ces dernières années en Occident. Pesticides dans les végétaux, hormones chez les animaux et produits chimiques divers et variés dans notre nourriture seraient les causes de cette avancée massive de la stérilité humaine, sans oublier la prise prolongée de contraceptifs chez les femmes ainsi que la consommation excessive de drogue et d’alcool pour tous. Cette stérilité peut amener à l’adoption, la plupart du temps à l’étranger (le nombre d’enfants français éligibles restant très insuffisant face à la demande) avec tous les trafics lucratifs et scandaleux que cela implique (Arche de Zoé). Le mariage des homosexuels a également placé dans les tuyaux la GPA (grossesse pour autrui ou grossesse pour de l’argent) avec son lot de souffrances pour les mères porteuses, sans parler de la transformation de l’enfant en marchandise que l’on vend, achète et arrache à sa mère (souvent pauvre) pour le confier à des personnes (toujours nanties) qui l’emmènent dès sa naissance loin d’elle et même vers d’autres cieux.

Ma critique

« Marchandiser la vie humaine » est un essai sur un sujet brûlant, celui de la réduction de l’enfant, mais aussi de la femme et de l’homme au niveau de l’objet, une réification qui devient possible avec toutes les lois sociétales qui, en apparence, apportent un plus, en particulier aux femmes voulant disposer de leur corps, mais en réalité aboutissent, étapes par étapes, à une forme d’esclavage moderne et à une négation du caractère sacré de la vie humaine. Le tout pour satisfaire un certain droit à l’enfant en bafouant les droits de l’enfant. S’il évoque discrètement les possibles affreuses dérives, comme la pédophilie, la prostitution en réseaux ou les trafics d’organes, le livre ne s’étend pas particulièrement sur le sujet. Le lecteur remarquera également plusieurs contributions permettant d’illustrer ou compléter le propos en fin de volume. Lucien Cerise, avec un article plein de tonus et de bon sens comme à son habitude. Françoise Petitdemange et Sébastien Renault présentent d’autres aspects de la question comme les volets juridiques avec quelques affaires retentissantes de couples d’homosexuels ayant profité de grossesses de mères porteuses à l’étranger et ne pouvant pas rentrer en France avec le fruit des entrailles d’une autre. Armada, quant à lui trace un parallèle assez troublant entre la traite négrière et cette marchandisation. (Affreux néologisme d’origine anglo-saxon, noterons-nous au passage, qui n’a guère d’équivalent en vrai français si ce n’est « trafic », « vol » ou « contrebande », qui ne sont pas des euphémismes, eux.

Ma note

4/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

DANS LA DÈCHE A PARIS ET A LONDRES (GEORGE ORWELL)

Le résumé du livre

Dans les années 30, George Orwell, encore inconnu, séjourne à Paris dans un quartier défavorisé qu’il nomme « le Coq d’or ». Dans un hôtel miteux, il loue une petite chambre remplie de cafards pour la modique somme de 35 francs. Il survit en donnant quelques cours d’anglais. Un jour, il se fait voler son modeste pécule et se retrouve ainsi à essayer de survivre avec juste 6 francs par jour. Il réduit drastiquement son train de vie, ne donne plus son linge à laver, ne va plus au restaurant et doit se contenter d’un peu de pain, de vin et de margarine. Il commence à s’ennuyer ferme. Puis l’été arrivant, il perd ses élèves et ainsi ses tout derniers revenus. Il ne lui reste plus qu’à proposer toute sa garde-robe au Mont-de-Piété. Il s’attend à recevoir au moins 300 francs, on ne lui en donne que 70. Il finit par trouver une place de plongeur dans les cuisines crasseuses d’un hôtel. Il doit y trimer dans la chaleur et la saleté six jours sur sept et jusqu’à 17 heures par jour. Le samedi, il ne lui reste plus qu’à aller se saouler jusqu’à deux heures du matin… Quand il rentre à Londres, sa situation empire encore. Il devient carrément clochard…

Ma critique

« Dans la dèche à Paris et à Londres » est un témoignage émouvant sur un épisode peu connu de la vie du célèbre auteur de « 1984 », doublé d’une étude comparative de la pauvreté dans les deux capitales. La vie y est aussi terrible pour les SDF de chaque côté du Channel avec des difficultés supplémentaires du côté britannique. Si un clochard peut dormir sur des cartons au-dessus d’une bouche de métro ou ailleurs à Paris, c’est impossible à Londres où la police veille à ce que personne ne dorme dehors, même assis sur un banc. La mendicité y est aussi interdite et passible d’emprisonnement. On ne peut rester qu’une seule nuit dans des asiles crasseux, bondés et mal chauffés. Seule compensation, le thé et les deux tartines de pain des instituts religieux genre Armée du Salut en échange d’une assistance aux offices. Un des chapitres va même plus loin dans l’étude sociologique des « tramps » (vagabonds, traine-savates) anglais dans laquelle Orwell cherche à tordre le cou à toutes sortes d’idées reçues. Non, on ne devient pas clochard par esprit nomade ou par alcoolisme. Non, les SDF anglais ne peuvent pas être des ivrognes, car ils n’ont même pas les moyens de se payer la moindre pinte de bière. Et s’ils trainent lamentablement dans les villes et sur les routes, c’est qu’ils y sont obligés par la règle idiote d’une seule nuit en asile. Orwell propose des solutions très proches de celles des « Compagnons d’Emmaüs » du célèbre Abbé Pierre pour réhabiliter par le travail ces hommes privés de tout. Intéressant et toujours d’actualité à presque un siècle de distance.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

MENSONGES D’ÉTAT (PHILIPPE PASCOT)

Le résumé du livre

Chaque jour qui passe, Philippe Pascot découvre une nouvelle forfaiture, un nouveau mensonge, un autre politicien tricheur, menteur, voleur ou corrompu de plus. Pour moraliser la vie politique et éviter les emplois fictifs (type Fillon), les parlementaires ne peuvent plus prendre pour assistants épouse ou enfants, mais ils ne se gênent pas pour les remplacer par leurs maîtresses ou par les femmes et enfants de collègues avec retour d’ascenseur bien sûr ! Un casier judiciaire vierge pour pouvoir se présenter à n’importe quelle élection a été annoncé par Emmanuel Macron, alors qu’il n’en a rien été en réalité et que des ministres mis en examen et impliqués dans les affaires les plus sordides sont restés tranquillement à leurs postes ! Du 17/11/2018 au 31/07/2019, il y eut la bagatelle de 2500 blessés parmi les manifestants gilets jaunes dont 450 gravement atteints, deux morts, plusieurs dizaines d’éborgnés par des tirs tendus de flash-balls au visage et des dizaines de mains arrachées à cause des grenades de dés-encerclement interdites dans de nombreux pays européens. Aucune sanction prononcée pour cette avalanche de débordements policiers inadmissibles alors que le président Macron avait promis d’être intraitable face aux violences policières. Les mensonges du monde politique sont innombrables : âge de départ à la retraite, nuage de Tchernobyl bloqué à la frontière, Rainbow Warrior, affaire Cahuzac, etc.

Ma critique

« Mensonges d’état » est un essai sur un sujet brûlant. Ce n’est pas un pamphlet ni même un réquisitoire politique, mais une simple compilation de faits et de déclarations accablantes ou ridicules comme cette déclaration d’Emmanuel Macron, copieusement sifflé et hué lors du défilé du 14 juillet, prétendant sans la moindre vergogne que c’étaient les militaires qui étaient visés et non lui-même ! Devant une telle accumulation, le lecteur ne peut que s’indigner et se demander si le mensonge n’est pas l’essence même de la politique et si celle-ci n’est pas totalement incompatible avec la morale. Et le mensonge va très loin. Ces gens ne se contentent pas de nier la réalité, ils vont jusqu’à détourner le sens des mots, pratiquer une sorte de novlangue à la Orwell. Ainsi parle-t-on « d’optimisation », de « contrat de confiance », de « non fermeture » d’écoles alors qu’on ferme des classes par centaines et de « sauvegarde » de l’hôpital alors qu’on ferme des lits par milliers et des services par dizaines. Un ouvrage salutaire, à conseiller à tous, ne serait-ce que pour entrevoir la réalité derrière les rideaux de fumée du mensonge. Oui, le mensonge gouverne toujours et partout. Et encore cette enquête s’arrête-t-elle juste avant la crise sanitaire qui fut un summum dans le genre…

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESROMAN

MOI, ANTOINE DE TOUNENS, ROI DE PATAGONIE (JEAN RASPAIL)

Le résumé du livre

Antoine de Tounens, issu d’une modeste famille de paysans périgourdins naquit le 12 mai 1825 dans le hameau de La Chèze, commune de Chourgnac, non loin de Tourtoirac, lieu où il mourut dans la misère le 17 septembre 1878. Enfant intelligent, il fut vite repéré par son maître d’école surnommé le « Régent » lequel l’encouragea à poursuivre ses études jusqu’au baccalauréat qu’il obtint aisément. En 1841, il entra à l’école de droit de Bordeaux. Deux années plus tard, le voilà devenu clerc de notaire dans une étude de Périgueux. Puis la vente de terres paternelles lui permit de s’acheter une charge d’avoué dans laquelle il s’ennuya très vite. Antoine rêvait de devenir roi dans un pays lointain, la Patagonie. Il commença par obtenir de récupérer la particule perdue sur son nom de famille, demanda un prêt à la banque et fit imprimer proclamations, manifestes et cartes de visites, et fabriquer monnaie, médailles, drapeaux et uniformes avant de s’embarquer vers un territoire encore vierge, mais déjà disputé par les Chiliens et les Argentins. Mais la réalité ne sera pas à la hauteur de ses ambitions. Les indigènes sur lesquels il comptait se révèleront d’incorrigibles alcooliques incapables de faire face au défi de la modernité.

Ma critique

Cet ouvrage, qui recueillit en son temps un certain succès, se présente comme une biographie romancée, mais assez fidèle néanmoins de la vie d’un petit avoué de province qui se rêvait un destin fastueux et qui ne connut que misère, avanies et moqueries. Raspail ne peut s’empêcher de faire intervenir Pikkendorf, un de ses héros récurrents, dont on se demande un peu ce qu’il vient faire dans cette galère. Il y a un petit côté « Don Quichotte » chez Tounens que l’auteur rend parfaitement. Cette quête de l’impossible étoile. Beaucoup de poésie, de rêve et de désespérants retours à la réalité. Personne ne croit au projet d’Antoine, même pas ses amis francs-maçons de Périgueux. Personne ne croit vraiment à son statut de roi, même pas les rapins, poètes ou demi-mondaines (Charles Cros, Daudet, Richepin, Arène, Manet, Flammarion, Verlaine, Rimbaud, Coppée) qui le reçoivent dans leurs cercles embrumés de vapeurs d’absinthe ! Il n’est et ne sera jamais autre chose qu’un roi d’opérette ou de carnaval, statut qu’il assumera jusqu’au bout dans l’incompréhension générale et de manière christique, presque avec une couronne d’épines sur la tête. À lire ou à relire. Un des meilleurs Raspail.

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

L’AFFAIRE VINCENT (STAN MAILLAUD)

Le résumé du livre

Ancien gendarme reconverti dans la protection individuelle, Stan Maillaud, pour avoir corrigé un peu trop fermement quelques voyous, se retrouve accusé d’organisation factieuse et incarcéré abusivement. Pour ne pas avoir à subir l’obligation de soins psychiatriques décrétée par la justice, il rentre en France. Témoin de l’affaire de pollution volontaire de l’Adour par la société « Métal Blanc », il constate une fois de plus la corruption des magistrats qui se montrent plus que cléments avec le pollueur et la complicité des avocats qui ne défendent que très mollement les victimes. Puis le voilà qui s’intéresse au martyr des enfants sexuellement abusés par leur père qui sont retirés à la garde de leur mère pour être confiés à leur tortionnaire jamais poursuivi. Après un premier échec avec une certaine Corinne Gouget, il récidive dans l’affaire du petit Vincent qu’il veut à tout prix mettre à l’abri de son prédateur, ce qui lui vaudra une cavale sans issue, un séjour en prison pour « soustraction de mineur sans fraude ni violence » et au final une vie de paria et de nomade craignant à tout moment de rejoindre la case prison, voire d’être liquidé…

Ma critique

« L’affaire Vincent » est le témoignage d’un homme intègre, chevalier blanc se voulant défenseur de la veuve et de l’orphelin ou plutôt de l’enfance bafouée et martyrisée. On va de découvertes horribles en révélations terrifiantes. Les Emile Louis, les Alègre et les Dutroux ne sont en aucun cas des « loups solitaires » comme les médias voudraient nous le faire croire, mais de simples exécutants de réseaux pédophiles aux ramifications multiples dont font partie les plus hautes instances du pays aussi bien dans le monde politique que judiciaire. Enlèvements, prostitution d’enfants, viols, tortures et même assassinats seraient la raison d’être de ces réseaux. Les parties « fines » seraient photographiées et filmées à l’insu des participants, ce qui permettrait d’exercer un chantage fort lucratif et même de tenir sous « tutelle » certains personnages haut placés. Mais à la lecture de ce livre, on découvre combien il peut être dangereux de s’attaquer au phénomène. Ouvrage à conseiller à toutes celles et tous ceux qui veulent apprendre quelque chose sur ce terrible sujet, mais à déconseiller aux âmes sensibles. Le sort de ces malheureux enfants (plus nombreux que l’on croit, 100 000, rien que sur les Cdrom de Zandvoort) ne devrait laisser personne indifférent.

Ma note

4/5

AVENTURESESPIONNAGE

LE CRÉPUSCULE DES FAUVES (MARC LÉVY)

Le résumé du livre

Tels des Robin des bois de l’ère numérique, les membres du Groupe 9 réalisent leur premier exploit. En introduisant divers virus, malwares et autres bots, dans des circuits informatiques, ils parviennent à dérober plus de 250 millions de dollars à diverses banques et autres milliardaires peu sympathiques et à les reverser à plusieurs milliers de gens lésés par ces derniers. Pendant ce temps, à Istambul, Maya, partie à la recherche d’une petite réfugiée syrienne porteuse de documents aussi compromettants pour les ripoux oligarques que les célèbres « Panama papers », est repérée par les services secrets turcs et traquée dans la nuit, d’abord en voiture, puis à pied dans la campagne, à travers champs et forêts. Elle finit par leur échapper miraculeusement et par se cacher dans un camp de réfugiés syriens. Parviendra-t-elle à trouver une aide assez efficace pour pouvoir être ex-filtrée du pays ? Le Groupe 9 pourra-t-il récupérer les documents et confondre tous ces fauves prêts à dévorer l’humanité ?

Ma critique

« Le crépuscule des fauves » est le deuxième tome d’une saga d’aventures et d’espionnage qui s’annonce longue et pas particulièrement passionnante. Après la présentation des personnages du premier opus, le lecteur espère entrer dans le dur dans celui-ci. Malheureusement, même arrivé à la dernière page, on sent que l’on est encore fort loin du dénouement, même si quelques miettes, qu’on ne déflorera pas, sont jetées à la toute dernière page sur l’identité du mystérieux neuvième comparse. L’auteur tente de décrire les menées secrètes des oligarques, leur désir d’imposer un nouvel ordre mondial basé sur un crédit social à la chinoise, leur emprise sur les médias, les fake-news, le poids des réseaux sociaux, les psy-ops, les inversions accusatoires et la corruption généralisée. Mais sans doute de peur d’être taxé de complotisme, il ne va jamais au fond des choses et prend bien soin de toujours se maintenir sur le droit fil de la pensée unique en imputant toutes ces turpitudes aux seuls « méchants » patentés du narratif officiel. (Trump, mais également Nigel Farrage que l’on reconnaîtra aisément sous le pseudo de « Garbage », « ordure », Murdoch sous celui de « Berdoch », voire Zuckerberg, relooké en « Sucker »). La narration, se dispersant sur chacun des personnages, manque de cohérence, de punch, de suspens et même parfois de vraisemblance. Un troisième tome est déjà paru. Lévy poussera-t-il le bouchon jusqu’à en tartiner 9 ? Le lecteur risque de vite se lasser des bricolages numériques de cette charmante bande de rocambolesques pirates du net…

Ma note

3/5

AVENTUREROMAN

C’EST ARRIVE LA NUIT (MARC LEVY)

Le résumé du livre

Le « Groupe 9 » est une sorte d’alliance ou de conspiration de « hackers », tous cracks de l’informatique, qui officient conjointement d’un peu partout dans le monde (d’Oslo, de Madrid, de Londres, de Tel-Aviv, d’Istambul et de Paris) sans tous vraiment se rencontrer dans le monde réel, bien que certains soient frères et sœurs, d’autres journalistes, organisateurs de voyage ou en relation avec des services secrets. Tous luttent pour la liberté et la démocratie, contre les voyous, les véreux et les corrompus de tous poils. Ainsi, à Oslo, Ekaterina reçoit une partition étrange à décrypter, laquelle lui permettra de mieux traquer le puissant Stefan Baron, personnage louche et éminence grise de divers lobbys, qui doit rencontrer un certain Vickersen, chef d’un groupuscule néo-nazi norvégien. Il faut dire que les cibles de ces « Robins des bois » 2.0 sont aussi nombreuses que variées. Il y a un milliardaire sulfureux nommé Ayrton Cash, un groupe spécialisé dans la manipulation de l’opinion par le biais de psy-ops (opérations sous fausse bannière) et même une multinationale pharmaceutique toute-puissante qui se permet de monter honteusement le prix de ses médicaments, pénalisant ainsi les malades les plus pauvres…

Ma  critique

« C’est arrivé la nuit » est un roman d’aventures se déroulant dans le monde plutôt glauque des pirates du Net avec ses « White hats, Black hats et Grey hats » (« hackers » gentils, méchants et entre les deux), capables de s’introduire clandestinement dans les ordinateurs les plus sécurisés, d’espionner les gens en piratant leurs portables et bien d’autres choses encore qui ne sont pas à la portée du premier venu. Dans ce tome, qui n’est que le premier d’une série, le lecteur ne trouvera qu’une simple présentation des huit premiers personnages. Le dernier, le numéro neuf, celui sur lequel tout repose, n’est évoqué qu’à la dernière page. Le lecteur reste ainsi sur sa faim et se retrouve accroché et comme obligé de lire le tome 2 de cette série. Truc commercial bien connu. Le style de Lévy est simple et fluide, mais pas spécialement « punchy ». Bien que bénéficiant d’un thème ultra-moderne, ce genre d’ouvrage de divertissement se rapproche plus de nos bons vieux « romans de gare » que des cimes de la grande littérature. Quant aux illustrations que l’on doit à son épouse, Pauline Lévêque-Lévy, ils s’apparentent à des croquis ou à des esquisses exécutées à main levée au stylo noir sur un coin de table…

Ma note

3,5/5

ESSAIS

LA FABRIQUE DU CRÉTIN DIGITAL (MICHEL DESMURGET)

Le résumé du livre

Les écrans sont partout. Ordinateurs, télés, tablettes, smartphones et jeux vidéos ont envahi notre quotidien et celui de nos enfants. Ont-ils un intérêt ? Sont-ils bénéfiques ou plus ou moins dangereux ? Le cerveau des jeunes générations très assidues devant eux (1000 h/ an pour un enfant de maternelle, 1700 h/ an pour un élève de primaire et jusqu’à 2400 h/ an pour un lycéen) se serait-il modifié, serait-il plus réactif, plus apte aux traitements parallèles, plus compétent pour synthétiser d’importants flux d’informations et plus adapté au travail collaboratif ? Ou, au contraire, ces écrans sont-ils dangereux autant physiquement avec les risques d’obésité dus à l’immobilité et à la junk food, de repli sur soi-même (phénomène des « geeks »), de problèmes cardio-vasculaires, d’agressivité, de dépression, de déficit de langage ou de concentration et de baisse des résultats scolaires ? C’est sans doute la raison pour laquelle Steve Jobs, le mythique patron d’Apple et de très nombreux dirigeants de société du numérique ont toujours pris bien soin de maintenir leur progéniture à l’écart de l’influence délétère de ces écrans.

Ma critique

« La fabrique du crétin digital » est un essai très documenté en forme de réquisitoire et de cri d’alarme d’un docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm. Pas un simple journaliste lecteur de prompteur, pas un toubib stipendié, mais un vrai scientifique spécialiste de la question, qui rend accessible quantité d’études qui vont toutes dans le même sens : les écrans mettent en danger la jeunesse. Il commence par démonter un à un les arguments fallacieux des fabricants qui, comme toujours, gardent pour eux les bénéfices en laissant les risques aux usagers. Particulièrement les jeunes qui voient leurs résultats scolaires chuter, leur attention saccagée, leur langage amputé. Si l’intelligence est la première victime, la santé est la seconde. Le sommeil est mis à mal, la sédentarité est dévastatrice, sans parler du surpoids, de la dépression et de toutes les autres atteintes physiques et psychiques. Cet ouvrage, qui se termine par une note positive et des conseils pour lutter contre ce fléau, mérite d’être lu par tous les parents et tous les enseignants qui souhaitent prendre conscience de ce danger insidieux.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

HILDEGARDE DE BINGEN (PIERRE DUMOULIN)

Le résumé du livre

Hildegarde de Bingen (1098 – 1179), abbesse bénédictine allemande, fut proclamée « Docteur de l’Eglise » le 07/10/2012 par Benoit XVI. Depuis les débuts du christianisme, c’est la quatrième femme honorée de ce titre de gloire. Cette mystique hors norme est connue pour ses traités théologiques, mais aussi pour ses œuvres musicales, ses enluminures, ses connaissances en phytothérapie et même pour ses recettes de cuisine. Auteure de livres de visions à caractère prophétique, elle sut synthétiser sa pensée en proposant une conception holistique très moderne de la personne humaine. « Le corps est l’atelier de l’âme où l’esprit vient faire ses gammes », disait-elle.

Ma critique

« Hildegarde de Bingen » est un essai théologique analysant la pensée de la sainte en se basant sur les textes de ces principaux ouvrages, le « Scivias », le « Livre des mérites de la vie » et le « Livres des œuvres divines », tous trois d’un abord un brin aride. Même si le livre débute par une courte biographie et s’achève par une chronologie succincte, le lecteur reste un peu sur sa faim de ce point de vue. Il aurait aimé plus de faits historiques, plus d’anecdotes sur un personnage assez extraordinaire, capable de tancer un pape, un empereur, de se faire conseiller par saint Bernard de Clairvaux en personne, de s’affranchir de la tutelle des moines et de prêcher la bonne parole un peu partout en rameutant des foules considérables. Elle fut aussi un exemple de féministe avant l’heure, mais dans le bon sens de l’acception, celui de l’énergie positive, de la collaboration d’égal à égale, non celui de la confrontation haineuse et stérile que nous déplorons aujourd’hui chez certaines. Au total, un livre intéressant, mais un peu trop « technique », voire « explicatif » à mon goût.

Ma note

3,5/5

POLICIERSCIENCE-FICTION

MORTELLE EST LA NUIT (ISAAC ASIMOV)

Le résumé du livre

Louis Peyton envisage d’assassiner un certain Albert Cornwell, fourgue à la petite semaine. Celui-ci lui dit connaître une cachette de « chante-cloches » qui se situerait quelque part sur la lune. Ils décident d’y partir en exploration le 10 août prochain. Peyton pilotera l’astronef et Cornwelle fera office de passager. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, ils finissent par en découvrir une douzaine. Une vraie aubaine. Chacune peut rapporter cent mille dollars au minimum. Mais au moment de les charger, Peyton sort son fulgurateur et désintègre Cornwell. Comme ce crime est le premier qui soit perpétré sur notre satellite, l’inspecteur Davenport chargé de l’enquête demande conseil au Dr Urth, célèbre extraterrologiste… Edward Talliafero revient de la lune. Il retrouve ses amis, Kaunas, Ryger et Villiers, lequel leur fait part d’une découverte qui pourrait révolutionner les voyages spatiaux. Quelque temps plus tard, il est retrouvé mort d’une crise cardiaque. Ce décès lui semblant suspect, le doyen Mandel entame une enquête préliminaire auprès des trois amis avant de faire appel au fameux Dr Urth…

Ma critique

Cet ouvrage est un court recueil ne comportant que deux nouvelles (« Chante-cloche » et « Mortelle est la nuit ») relevant à la fois de la science-fiction et de l’enquête policière, cocktail assez peu fréquent s’il en est. Le lecteur devine que le grand Asimov a dû s’amuser à pasticher la célèbre Agatha Christie avec un certain Dr Urt dans le rôle d’Hercule Poirot. Le polar l’emportant sur la SF, le lecteur prendra un certain plaisir à suivre ces deux enquêtes presque parallèles. La seconde semble mieux menée que la première, car elle respecte tous les critères du genre avec fausses pistes, bras de fer psychologique et découverte surprenante du coupable après interrogatoires serrés. Amusant et divertissant, sans chercher plus…

Ma note

3,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LE COMPLOT DE LA RESERVE FEDERALE (ANTHONY C. SUTTON)

Le résumé du livre

En 1910, six grands financiers (Aldrich, beau-père de J.D. Rockefeller, Paul Warburg, Davison pour la J.P .Morgan, Storey pour la Booker’sTrust, Vanderlip pour la National City Bank et Norton pour la First National Bank) se réunissent dans le plus grand secret sur l’île de Jekyll Island pour organiser une stratégie de mise en place d’un cartel de banques qui gérerait toute la finance américaine sous la forme d’une « Réserve Fédérale ». Et en 1913, le Congrès américain, sous l’impulsion de Wilson, remet tous les pouvoirs monétaires entre les mains de la Fed qui, en dépit de son nom, n’est pas fédérale mais privée et propriété exclusive de grands banquiers. Personne ne peut en surveiller les comptes. Aucun bilan n’est jamais publié. Elle a pourtant le monopole légal de toute la création monétaire américaine. En son temps, le président Jefferson avait bien senti le danger de cette main mise totale. « Je crois sincèrement que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour les libertés que n’importe quelle armée de métier », avait-il averti.

Ma critique

« Le complot de la réserve fédérale » est un essai historico-économique dans lequel le lecteur découvrira la longue évolution semée de krachs bancaires et de crises économiques dont on se demande s’ils ne furent pas organisés par ces mêmes banquiers pour parvenir à leurs fins. Le premier stade consista à passer d’une monnaie bien concrète d’or et d’argent à une monnaie papier reproductible à l’infini, ce qui se produisit au moment de la guerre de Sécession aux Etats-Unis et pendant la révolution française avec les « assignats ». Cette monnaie de singe produit automatiquement de l’inflation avec spoliation misère en prime. C’est en principe pour lutter contre cela que se créa cette Réserve fédérale tenue par des banquiers « au-dessus de tout soupçon ». D’abord pour une période définie puis « ad vitam aeternam ». Entre autre étrangeté, l’interêt des familles Roosevelt et Rockefeller pour un gouvernement totalitaire et oligarchique très semblable à ce que Karl Marx développait dans « Le Capital ». Toute individualité doit être noyée dans un collectif que dirige un groupe aristocratique élitaire qui conçoit et promulgue toute législation. C’est ce que développa Clinton Roosevelt dans son ouvrage « L’art de gouverner selon la loi naturelle » (1841) qui disparut fort opportunément des rayons de la bibliothèque du Congrès dans les années 50. Le but final des marxistes et des capitalistes étant de se débarrasser de la classe moyenne tout en préservant toujours l’oligarchie. À lire, si l’on veut comprendre quelque chose à notre réalité économique et aux enjeux géostratégiques actuels.

Ma note

4,5/5

NOUVELLES

LES FEMMES D’AMIS (GEORGES COURTELINE)

Le résumé du livre

Lavernée et Laurianne sont deux bons amis. Le second propose au premier de lui prêter sa maîtresse. Celui-ci se récuse sur le coup, mais après réflexion, finit par profiter d’une aubaine qui ne sera pas sans conséquence sur leur belle amitié… Obligé d’aller en province pour s’occuper de la succession d’un oncle, d’Audierne demande à son ami Castenet de chaperonner sa maîtresse Madeleine en l’emmenant, au concert, au théâtre ou à l’opéra, ce qu’il prend très à cœur. Mais rien ne se passe comme prévu… Le couple Aubry se compose de Bernard, solide gaillard rubicond et de Margot, son épouse pâlotte, maigrelette et souffreteuse qui semble ne s’intéresser à rien. Chaque année, elle séjourne quelques mois dans le Midi pour se refaire une santé. Mais une nuit, dans un hôtel d’Arles, Georges, ami du couple, fait une incroyable découverte… Le peintre Fabrice dispose du modèle idéal avec Henriette, femme d’un ami médecin. Il devient très vite son amant. Mais un jour, pour un mot de trop du peintre, celle-ci se sent insultée… Trielle vient de quitter sa maîtresse après 16 années de vie commune qu’il qualifie de « purgatoire ». Et voilà que se présente à son domicile le fils qu’ils ont eu ensemble…

Ma critique

« Les femmes d’amis » est recueil de nouvelles en deux parties. Les cinq de la première, toutes consacrées au thème du titre, sont les meilleures non pas pour leurs intrigues classiques tournant toutes sur le triangle vaudevillesque habituel (mari-femme-amant), mais pour leurs chutes surprenantes et surtout pour l’humour léger, la finesse des analyses psychologiques et le style enlevé de l’auteur. Les quatre suivantes, rassemblées sous le titre « Ombres et silhouettes », sont plus disparates, avec des intrigues un peu inférieures. On est plus dans les historiettes sans grande envergure que dans les nouvelles de qualité. Elles font même un peu « fonds de tiroirs ». Dommage, car les cinq premières valent vraiment le détour…

Ma note

4/5

PHILOSOPHIQUEROMAN

SUR LES FALAISES DE MARBRE (ERNST JÜNGER)

Le résumé du livre

De retour de la guerre, le narrateur est venu se réfugier en compagnie de frère Othon dans un ermitage, le domaine de la Marina, au pied des falaises de marbre surplombant un très riant pays de vignobles qui n’est pas sans rappeler l’Italie. Ils y passent paisiblement leur temps à étudier, à lire des ouvrages anciens et surtout à herboriser dans la campagne alentour. La vieille Lampusa leur sert de cuisinière et de gouvernante très dévouée. Chaque soir, elle dépose au sol une jatte de lait pour nourrir tous les reptiles du voisinage, ce qui réjouit le petit Erion, lui-même fils de l’auteur et de Sylvia, fille de Malpusa, partie au loin « avec des étrangers ». Tout respirerait le calme et la sérénité si le Grand Forestier, sorte de potentat local qui tient sous sa férule un territoire voisin, n’avait eu l’intention de s’emparer de la Marina. Très vite, le pays s’embrase, il est en proie au chaos le plus total et à la violence la plus barbare. Les chiens rouges sont lâchés. Le prince est atrocement décapité. Que vont devenir les deux ermites ?

Ma critique

« Sur les falaises de marbres » est un roman poétique et onirique, parfois proche de l’hermétisme et que la critique s’accorde à considérer comme le chef-d’œuvre d’Ernst Jünger. Beaucoup de descriptions de paysages bucoliques. Une grande importance donnée à la botanique qui fut une des passions de l’auteur. Et en arrière-plan, la politique et la guerre dont Jünger fut un héros lors de la première et un observateur lors de la seconde. De là à voir dans cet ouvrage un roman à clé, à trouver tel ou tel dictateur de l’autre siècle sous le portrait du Grand Forestier, il y a un pas à ne pas franchir. Même chose pour cette étrange retour à une barbarie rouge. Est-ce l’allégorie de la montée du nazisme ou de la tentative ratée de la révolution spartakiste que combattit l’auteur ? Sans doute ni l’une ni l’autre ou les deux. Cet ouvrage doit rester mystérieux, empreint de symbolisme et de fantasmagorie. C’est d’ailleurs le point de vue exposé par Julien Gracq dans son excellente post-face où, après une brève biographie de l’auteur et un résumé quasi impossible de l’intrigue, il en arrive aux mêmes conclusions. Ce texte va bien au-delà de la réalité et des circonstances de lieu et de temps pour atteindre l’universel, la description de la fin d’un monde, d’un retour à une barbarie latente. Un conte philosophique puissant. Une fable romantique désabusée…

Ma note

4,5/5

ESSAISRELIGIEUX

L’ÉGLISE ECLIPSEE (GEORGES VINSON)

Le résumé du livre

Lors de son apparition à La Salette en 1846, Notre-Dame fit cette bizarre prédiction aux deux enfants qui l’écoutaient : « Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’anti-Christ. L’Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation… » Tout commença à la mort de Pie XII avec l’arrivée de JeanXXIII et avec le Concile Vatican II… Divers évènements étranges se produisirent. Pourquoi le cardinal Siri, dernier prélat nommé par Pie XII faillit par deux fois être placé sur le trône de Saint-Pierre en lieu et place d’abord de Paul VI, puis de Jean-Paul II ? Il aurait subi des menaces de mort pour lui-même et pour ses proches pendant le Conclave. De même, la mort rapide de Jean-Paul Ier reste difficilement explicable pour ne pas dire suspecte. De plus, Jean XXIII et Paul VI étaient francs-maçons de haut grade et Jean-Paul II, au départ comédien, était connu pour ses idées modernistes. Le déclin de l’Eglise, s’il est devenu criant depuis le Concile, ne datait pas d’hier. On peut remonter au schisme de l’Eglise orientale, à la Renaissance, au protestantisme et à la révolution de 1789 avec la constitution civile du clergé et le culte robespierriste de l’Être Suprême qui devait se substituer à elle. Peu à peu, de théocentrique, la société devint anthropocentrique. Le bonheur ne devait plus être dans l’au-delà, mais sur terre, non pas après la mort, mais ici et maintenant. Pour ceux qui voulaient en finir avec le catholicisme, il ne restait plus qu’une dernière étape, s’emparer du Vatican…

Ma critique

« L’Eglise éclipsée » est un essai socio-religieux et théologique d’inspiration sédévacantiste écrit de façon anonyme (Georges Vinson n’a signé que la préface) et basé sur nombre de textes et de faits historiques. L’analyse s’arrête à la période Jean-Paul II. Les pontificats suivants, loin de redresser la barre, n’ont fait qu’aggraver la situation. Plutôt que de combattre de front l’Église, il valait beaucoup mieux la subvertir de l’intérieur, l’infiltrer à l’aide de séminaristes ou de jeunes prêtres acquis à la cause que l’on aiderait à franchir rapidement tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à ce qu’ils deviennent cardinaux et donc électeurs d’un pape conforme à leurs idées. Même si le Christ a promis que les « portes de l’enfer » ne pourraient rien contre son Eglise, la lecture de cet ouvrage laisse une impression un brin amère d’autant plus dans la partie décrivant les positionnements des traditionalistes comme la Fraternité Saint-Pierre ou Saint-Pie X avec leurs reniements ou leurs louvoiements divers et variés. Intéressant néanmoins pour s’informer sur un sujet brûlant et crucial. Mériterait une mise à jour qui inclurait Benoît XVI et surtout François.

Ma note

3,5/5

NOUVELLES

NOUVELLES (J.D. SALINGER)

Le résumé du livre

Au bord de la mer, un jeune couple vit son séjour de vacances de manière un peu particulière. L’homme revient de la guerre. Sa jeune épouse s’interroge sur son couple. La belle-mère craint pour la santé mentale de son gendre… Deux amies, Eloïse et Mary Jane évoquent leurs souvenirs du temps du collège, leurs amis, leurs amours… Ginnie reproche à Séléna de ne jamais vouloir partager le prix du taxi qu’elles prennent chaque fois qu’elles rentrent de leur partie de tennis. La jeune nantie serait-elle radine ?… En 1928, John Gedsudcki est le chef d’une patrouille de jeunes « Commanches » d’une dizaine d’années. Chaque fin d’après-midi, il les emmène dans un vieux bus jouer au foot-ball, au basket ou au rugby à Central Park quand le temps le permet ou visiter un musée les autres jours. Sur le retour, John, élu meilleur demi de mêlée américain de l’année 1926, leur lit une histoire. Les « Commanches » l’adorent jusqu’au jour où la petite amie de John intervient…

Ma critique

Cet ouvrage est un recueil comportant neuf nouvelles déjà anciennes (datant des années 1948 à 1953 et éditées en France en 1961), mais encore agréables à lire aujourd’hui. Elles décrivent de manière allusive le monde un peu naïf de l’après guerre, les débuts de « l’American Way of Life », à travers de petites histoires de la vie de tous les jours, sortes de saynètes réalistes. Salinger s’attache à mettre en scène des enfants, des ados et de jeunes adultes. Il arrive à les rendre vivants et intéressants surtout par les dialogues qui sonnent juste et qui donnent un style agréable, alerte et fluide. On sent que Salinger a été influencé par le grand Hemingway. C’est particulièrement remarquable dans la première nouvelle « Un jour rêvé pour le poisson banane », la plus réussie de l’ensemble. La seule aussi où l’auteur respecte les règles de construction d’une nouvelle classique en particulier pour la chute. Mais les huit autres sont nettement plus faibles. N’en déplaisent aux critiques dithyrambiques, il sera difficile de classer Salinger autrement qu’un peu au-dessous des grands maîtres du genre comme Maupassant, Pirandello et quelques rares autres. Ses intrigues sont trop banales, ses chutes trop ouvertes. Le quotidien peut vite lasser. Seul son style épuré mérite encore le détour.

Ma note

3,5/5

FANTASTIQUEHISTORIQUE

LE RUBAN NOIR DE LADY BERESFORD (MICHEL DE GRÈCE)

Le résumé du livre

Sir Markus Beresford, heureux propriétaire du château de Gill Hall, s’étonne de voir son épouse porter soudain un ruban noir à son poignet d’autant plus qu’elle refuse de lui donner la moindre explication quand il l’interroge… En 1759, lorsque son père annonce à Isabelle de Parme, princesse aussi belle qu’intelligente et déjà auteure de deux traités de politique, qu’elle est promise au futur empereur d’Autriche et roi de Bohème et de Hongrie, elle éclate en sanglots, car elle en aime secrètement un autre… En visite au château de Versailles, deux Anglaises, Miss Moberly et Miss Jourdain décident d’en profiter pour aller visiter également le Petit Trianon et le Hameau de Marie-Antoinette. Elles y font d’étranges rencontres… Le fils d’un général proche de Nasser a le privilège de pouvoir poursuivre des études de gynécologie en Grande-Bretagne. Diplôme en poche, il décide de rentrer en Egypte. Pour son premier poste, il se retrouve dans la petite ville oubliée et poussiéreuse de Rosette…

Ma critique

« Le ruban noir de Lady Beresford » est un recueil de vingt-trois histoires étranges et fantastiques. Elles se déroulent aux quatre coins du monde, en France, en Grande-Bretagne, en Egypte ou aux Etats-Unis principalement. Elles datent de toutes les époques des plus lointaines aux plus récentes (début de l’autre siècle) en passant par le Moyen-Âge et les révolutions. Les sorcières, fantômes et autres revenants y ont la part belle et pas seulement dans les châteaux hantés d’Ecosse. Presque toutes ont un rapport proche ou lointain avec l’aristocratie et les familles royales. Il s’agit souvent de tragiques destins, de sombres fin de règne. Une des plus intéressantes est sans conteste celle abordant les aspects étranges de la mort du roi Louis II de Bavière, retrouvé noyé dans un lac. Sans oublier le destin cruel de la Duchesse d’Alençon, sœur de Sissi, cousine de Louis II et personnalité aussi insaisissable que lui. Toutes ces sombres histoires vraies ou supposées telles méritent le détour ne serait-ce que pour leur intérêt historique et pour une qualité de style qui permet une lecture fluide et agréable. Ouvrage qui se lit comme un roman.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

BIG PHARMA (MIKKEL BORCH-JACOBSEN)

Le résumé du livre

Ce néologisme américain cache un complexe médico-industriel tout-puissant qui ne pense qu’à accroître son chiffre d’affaires souvent évalué en milliards de dollars avec pour conséquence de jouer toujours plus avec notre santé. La liste est longue des médicaments aux effets secondaires détestables voire mortels qui lui valurent d’innombrables condamnations. Quelques exemples : le Mer/29, anti-cholestérol, a fait 1500 victimes défigurées ou devenues à demi aveugles. La Thalidomide, somnifère et sédatif, a fait 4000 victimes de névrites périphériques, sans oublier les 10 000 bébés nés difformes et sans membres. Le Prozac, antidépresseur, a amené les gens à tuer avant de se suicider. Le Propulsid, contre le reflux gastrique, a occasionné des problèmes cardiaques chez 16 000 patients dont 300 décès. Le Prémarin, contre les troubles de la ménopause, a produit 15 000 cancers de l’endomètre. Le Rézulin, antidiabétique, a été responsable de 63 morts d’insuffisance hépatique. L’Aminorex, coupe-faim, a 600 morts à son palmarès. L’Isoméride, 300 000 victimes d’hypertension artérielle pulmonaire. Le célèbre Médiator, autre coupe-faim, est responsable de 2000 décès et de 100 000 valvulopathies. L’Avandia, antidiabétique, a occasionné 47 000 accidents cardiaques. Viagra et Cialis peuvent rendre aveugle et provoquer des accidents cardio-vasculaires. Etc. Un médicament, même bénéfique reste une substance potentiellement dangereuse. Mais cela semble le cadet des soucis de Big Pharma qui ne pense qu’à ses profits et fort peu à l’intérêt des patients.

Ma critique

« Big Pharma » est un essai en forme de réquisitoire fort bien documenté avec nombreuses notes, index des médicaments, des maladies, des facteurs de risques et glossaire bien utile. Il a nécessité la collaboration d’une douzaine de pointures du milieu médical, majoritairement américains, mais aussi français (2), britanniques (2) et allemand (1). Le lecteur apprendra beaucoup de cette enquête de lecture un brin aride. Par exemple sur la corruption à grande échelle qui pervertit tout le système depuis l’OMS, jusqu’aux médecins chouchoutés pour ne pas dire achetés, en passant par les agences du médicament, les politiques, les journalistes et même les associations de patients. Sur le bricolage des taux de « normalité » du diabète, du cholestérol et autres. Nos croyances sont souvent illusoires. La logique du profit a dévoyé la science. Il découvrira surtout comment les pandémies de H5N1 (2005), dite grippe aviaire, de H1N1 (2009), dite grippe porcine, ne furent que des répétitions de celle dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Même instrumentalisation de la peur, même narratif après un changement majeur de la définition d’une pandémie. Et même acteurs dont le célèbre Neil Ferguson, prophétisant déjà des millions de morts. Ouvrage de référence à conseiller à tous ceux qui veulent mieux comprendre ce qui se cache derrière les apparences. Il mériterait une réédition actualisée par une étude du Covid 19 et de sa si lucrative « vaccination ».

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

L’HOMME BICENTENAIRE (ISAAC ASIMOV & ROBERT SILVERBERG)

Le résumé du livre

Andrew Martin est en consultation chez le robot chirurgien qui doit bientôt l’opérer. Il lui demande à brûle-pourpoint s’il ne préférerait pas être un humain, s’il n’en a pas assez d’obéir à n’importe quel ordre émanant de n’importe qui. L’autre lui répond qu’il est tout à fait satisfait de sa condition et que, s’il devait souhaiter quelque chose, ce serait de devenir un meilleur chirurgien, et rien d’autre. Andrew est lui-même un robot de ménage NDR au service de la famille Martin. Un jour, Petite Demoiselle lui donne un morceau de bois trouvé sur la plage et un couteau de cuisine. Il se met à sculpter un petit bijou très délicat. Monsieur n’en croit pas ses yeux. Il demande à Andrew de lui fabriquer d’autres objets en bois. Le robot devenu ébéniste de grand talent finit par demander à son maître de l’affranchir à la grande surprise de ce dernier. Et, au fil des années, Andrew continue à s’humaniser de plus en plus…

Ma critique

« L’homme bicentenaire » est excellent roman de science-fiction doublé d’un conte philosophique sur l’essence même de la nature humaine. Il pose toutes sortes de questions sur la notion d’intelligence, l’amour, la haine, les sentiments. Il aborde toutes les questions d’éthique et même la problématique du transhumanisme. Un homme augmenté, pourvu d’un nombre important de prothèses n’est-il pas déjà lui-même une sorte de robot ? Un robot « humanisé » doté d’un grand nombre d’organes biologiques ne peut-il pas revendiquer une certaine part d’humanité ? Peut-il ressentir des sentiments ? Le style est fluide, léger et très agréable à lire. On y sent l’influence de Silverberg. Un ouvrage de deux visionnaires très en avance sur leur temps. Une intrigue au dénouement prévisible bien sûr. Une histoire intéressante, divertissante, qui donne à réfléchir sur un thème d’autant plus pertinent à notre époque d’inscription du transhumanisme dans le concret.

Ma note

4,5/5

ESSAISTEMOIGNAGE

AU-DELÀ DE L’AFFAIRE DE LA CHLOROQUINE (DIDIER RAOULT)

Le résumé du livre

Lorsque le professeur Didier Raoult tente de communiquer sur l’intérêt de soigner dès le début les malades du Covid avec de l’hydroxychloroquine et de l’azythromycine, toutes ses interventions sont aussitôt censurées sur FaceBook. Son équipe contacte le responsable, qui s’avère n’être autre qu’un journaliste du « Monde », pour obtenir des explications qui ne seront guère convaincantes. Puis Raoult commence à recevoir toutes sortes de menaces par téléphone et par SMS. Il porte plainte contre le principal auteur, le Professeur Raffi qui sera condamné à lui verser un chèque qu’il n’encaissera même pas. Ce collègue était pétri de conflits d’intérêts. Il avait touché la bagatelle de 600 000€ de Big Pharma. Puis c’est au tour du Conseil de l’Ordre des médecins de lui ordonner de faire silence complet sur son traitement. Mais, en tant qu’universitaire, sa parole est libre et garantie par la Constitution et par la Cour Européenne des droits de l’homme. Sur les plateaux de télévision et dans tous les médias, ses collègues stipendiés, assistés de journalistes tout juste capables de répéter la doxa officielle, se déchainent contre son traitement, le trainent dans la boue, l’insultent et l’invectivent. Et quand une étude bidon, menée par des étudiants sans diplômes et par une ancienne actrice porno, sort dans le « Lancet », c’est l’hallali. Le ministre se précipite pour interdire ce vieux médicament qui avait pourtant de bons résultats depuis 70 années…

Ma critique

Dans ce court témoignage (125 pages) bien documenté et parfaitement sourcé (nombreuses notes de bas de pages), le Professeur Raoult revient sur cette affaire de la Chloroquine qui relève rien de moins que du scandale. Il pointe du doigt les conflits d’intérêts pour ne pas dire la corruption des médecins de plateaux. Certains étaient si présents dans les petites lucarnes qu’on en était à se demander quand ils s’occupaient de leurs services. Il fallait absolument qu’il n’y ait pas de traitement, d’abord pour placer le coûteux Remdésivir inefficace et même dangereux (le pouvoir s’empressa d’en commander pour un milliard de doses), puis pour passer au « vaccin » qui, après quelques mois d’usage, s’avéra incapable d’empêcher de contracter la maladie ni de la transmettre, sans parler des effets indésirables. Preuve que toute cette gestion totalement orientée vers le profit maximal des laboratoires pharmaceutiques ne fut qu’un complet fiasco : tous les pays ayant utilisé la chloroquine comme l’Inde, les pays arabes, ceux du Maghreb et de l’Afrique noire (à l’exception de l’Afrique du Sud) ont obtenu de meilleurs résultats que ceux qui l’avaient interdite. Même chose pour tous les pays (comme la Suède) n’ayant ni masqué, ni confiné, ni instauré de couvre-feux. Ouvrage très facile à lire qui a le mérite de faire un point définitif sur cette affaire, même si Raoult, qui reste très mesuré dans ses propos et ne tombe jamais dans le « complotisme », démontre magistralement à qui a profité ce crime.

Ma note

4,5/5

AVENTURESEXPLORATIONS

ANNAPURNA, PREMIER 8000 (MAURICE HERZOG)

Le résumé du livre

Le 3 juin 1950, deux alpinistes français, Louis Lachenal et Maurice Herzog, parviennent au sommet de l’Annapurna, réalisant ainsi l’ascension du premier sommet de 8000 mètres. L’équipe est composée de Jean Couzy, polytechnicien, de Marcel Schatz, alpiniste, de Marcel Ichac, cinéaste, de Jacques Oudot, médecin et chirurgien, de Francis de Noyelle, officier de liaison, de trois guides réputés de Chamonix, Louis Lachenal, Lionel Terray et Gaston Rébuffat et de l’auteur, Maurice Herzog, alpiniste également. C’est une véritable expédition qui part à l’assaut de ce premier sommet mythique en emportant environ avec elle 4,5 tonnes de matériel et 1,5 tonnes de vivres avec charrettes et chevaux, sans oublier la trentaine de sherpas menés par leur chef Ang-Tarkey. Du très très lourd ! Ces sommets, considérés jusque-là comme le « domaine des dieux », avaient toujours été interdits d’accès à qui que ce soit. Les Français ont obtenu une autorisation exceptionnelle pour cette première. Ils ne disposent pas de cartes vraiment utilisables. Ils doivent donc commencer par d’interminables reconnaissances du terrain, hésitant entre le Dhaulagiri plus visible et l’Annapurna, plus en retrait. Le premier semble le plus dangereux, le second plus difficile d’accès. Ils optent pour le second, installent jusqu’à cinq camps de base et d’assaut avant que deux d’entre eux ne profitent d’une dernière fenêtre de temps acceptable avant la mousson pour atteindre, mais à quel prix, ce sommet…

Ma critique

« Annapurna, premier 8000 » est un récit d’expédition qui fut un énorme best seller à son époque. Il exaltait le courage, la ténacité et l’endurance d’un groupe de jeunes conquérants de l’inutile qui laissèrent pas mal d’eux-mêmes sur ces pentes verglacées et inhospitalières. Ils eurent les mains et les pieds gelés, furent frappés d’ophtalmie des neiges et durent redescendre dans des conditions dantesques, sans la moindre assistance. Jacques Oudot dut leur infliger des souffrances atroces en raison d’injections répétées d’acétylcholine pour essayer de sauver le plus possible de leurs membres avant de pratiquer les amputations nécessaires sans la moindre anesthésie. Le lecteur mesurera le chemin parcouru depuis cette époque. Pas d’hélico de secours, pas de radio, pas de repérage satellite, un matériel lourd et rudimentaire, monté à dos d’hommes et à la force des bras. Livre qui enchanta toute une jeunesse et suscita de nombreuses vocations d’alpinistes qu’on lira et relira même aujourd’hui avec un immense plaisir, ne serait-ce que pour une comparaison nostalgique avec notre époque sinistre, lâche, veule et sans idéaux…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

APRÈS L’EMPIRE (EMMANUEL TODD)

Le résumé du livre

Les Etats-Unis, autrefois considérés comme une puissance tutélaire protectrice, seraient-ils en train de devenir prédateurs et même dangereux pour la paix et la stabilité mondiale ? Depuis des années, ils ont été impliqués dans des dizaines de conflits partout dans le monde et dont ils ne sont pas toujours sortis vainqueurs (Vietnam, Afghanistan…). Gendarmes du monde, ils placent certains pays comme la Corée du Nord, l’Irak ou l’Iran sur une liste d’états-voyous ne respectant pas leurs critères. À titre de dommages collatéraux, ils bombardent l’ambassade de Chine de Belgrade lors de la guerre du Kossovo. Ils multiplient les provocations envers la Russie en installant des bases militaires permanentes dans l’ex-Asie centrale soviétique. Ils fomentent toutes sortes de « révolutions » dites « de couleur ». Ils sont très forts lors d’interventions aériennes de bombardement contre des pays ne disposant pas de défenses sérieuses et guère convaincants quand il s’agit de se battre au sol. Ils en sont même à pratiquer la « stratégie du fou » qui les fait apparaître comme irresponsables pour mieux intimider d’éventuels ennemis. Même leurs plus fidèles alliés, comme la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Japon, commencent à être inquiets…

Ma critique

« Après l’Empire » est un essai géostratégique sur la décomposition du système américain de domination mondiale. Publié en 2002, il commence à dater un peu, mais reste pertinent sur les causes de cette décadence. Première puissance militaire, économique et industrielle du monde en 1945, les Etats-Unis ont vu leur prépondérance s’effriter dans nombre de domaines. Ainsi à la sortie de la seconde guerre mondiale, le PNB américain représentait plus de la moitié du produit mondial, ce qui entrainait un effet de domination automatique. Aujourd’hui, alors que le monde pourrait se passer de l’Amérique, celle-ci s’aperçoit qu’elle ne peut plus se passer du monde qui doit lui fournir matières premières, produits manufacturés et même hydrocarbures. Entre 1990 et 2000, son déficit commercial est passé de 100 à 450 milliards de dollars ! Depuis, la situation s’est-elle améliorée ? Que nenni ! L’Amérique ne s’est plus attaquée qu’à de petits états comme l’Irak, la Libye ou la Syrie et sans la moindre réussite. La désindustrialisation du pays n’a fait que s’aggraver. Ses idéaux démocratiques se sont délités au profit d’une oligarchie ploutocratique. Et le grand reset que nous subissons maintenant est sans doute une conséquence de cet état de fait. Sera-t-il le dernier soubresaut d’un empire à l’agonie ou le rebond salvateur lui permettant de se maintenir encore pour mille ans ? Ouvrage très intéressant ne serait-ce que pour les fines analyses sur les liens entre économie, démocratie, alphabétisation des masses et régulation des naissances.

Ma note

4/5

TEMOIGNAGE

LA FAMILIA GRANDE (CAMILLE KOUCHNER)

Le résumé du livre

Leur mère, Evelyne Pisier, sœur de l’actrice Marie-France, étant décédée seule à l’hôpital de Toulon, Camille, accompagnée de son jumeau Victor, de son aîné Colin et des adoptés Luz et Pablo, arrive pour les formalités d’enterrement. Sa mère était une intellectuelle, agrégée de sciences politique, féministe, gauchiste, prototype de la soixante-huitarde libérée et mariée un temps avec le célébrissime Bernard Kouchner, plus souvent au quatre coins du monde qu’auprès de sa famille. Elle pratique l’amour libre de manière systématique. Elle a même eu une liaison avec Fidel Castro alors que son mari en avait une avec sa propre sœur. Elle incite sa fille à suivre son exemple. Elle divorce de Kouchner alors que Camille n’a que 6 ans et prend un nouveau compagnon qui fera office de beau-père, dont le nom n’est pas mentionné dans le livre. Mais chacun sait qu’il s’agit d’Olivier Duhamel. Il abuse sexuellement de Victor âgé de 14 ans. Camille l’apprend, mais n’ose rien dire à sa mère. Les deux jeunes vont très longtemps garder le secret et la culpabilité…

Ma critique

« La familia grande » est un témoignage aussi bouleversant qu’écœurant sur les mœurs dissolues d’une élite bobo-gaucho toujours prête à faire des leçons de morale au bon peuple alors qu’elle-même est loin d’être un exemple. C’est aussi un terrible réquisitoire contre une forme d’éducation libertaire qui fit de grands dégâts chez des enfants innocents qu’on poussait à découvrir l’amour physique le plus tôt possible. De l’amour libre, du rejet de tous les tabous sexuels au laisser-aller complet, à l’échangisme et au crime de l’inceste, la frontière est ténue et malheureusement aisément franchie. Si Duhamel ne pourra pas être inquiété, car il y a prescription des faits, cette « grande famille » bien dépravée en paiera autrement les conséquences. Le grand-père se suicidera en se tirant une balle dans la tête. La grand-mère en fera autant en avalant des barbituriques. La mère sombrera dans l’alcoolisme avant de rejeter ses propres enfants quand ceux-ci voudront témoigner. L’actrice si libre et si jolie sera retrouvée noyée dans sa piscine. Ouvrage court et très aisé à lire qui donne à réfléchir sur les excès de liberté, le rejet des tabous qui amène aux pires excès et l’absence de moralité et de principes éthiques d’une certaine élite. Le poisson pourrit par la tête, dit-on.

Ma note

4/5

ESSAIS

COVID-19, ENQUÊTE SUR UN VIRUS (PHILIPPE AIMAR)

Le résumé du livre

Le 15 décembre 2017, au Canada, les époux Sherman sont retrouvés assassinés par étranglement. Ils étaient les propriétaires du laboratoire Apotex, un des principaux fabricants de l’hydroxychloroquine. Le 8 octobre 2019, Agnès Buzyn, ministre de la santé, fait classer ce médicament, connu et utilisé dans le monde entier depuis 80 ans, comme « produit vénéneux ». Suit une très longue série de morts suspectes de médecins et de lanceurs d’alerte aux quatre coins du monde. (Les docteurs Mouzoko-Kibourg, Salama, Plummer, Li-Wenliang, Bing-Lin, Gita Rampee, Lebedova, Nepemnyah-Chaya, Choulepov, Vaughan, Kaganski, plus 13 médecins de l’hôpital de Wu-Han disparus sans laisser de trace…) Le 20 décembre 2020, la plus grande usine du monde qui fabriquait les composants de l’hydroxychloroquine explose sans raison à Taïwan. Et l’Event 201, curieuse répétition en petit comité d’une pandémie mondiale, a lieu en même temps que les jeux militaires de Wu-Han (18 au 27 octobre 2019) où de nombreux athlètes furent contaminés et ramenèrent le virus un peu partout…

Ma critique

« Covid-18, enquête sur un virus » représente un véritable travail d’investigation comportant toutes les sources en note ainsi que tous les principaux documents inclus dans le texte. Philippe Aimar ne s’est pas encombré de théories. Il n’a fait qu’accumuler des faits, rien que des faits indiscutables, travail que nos médias se gardent bien d’effectuer. La question cruciale de l’origine du virus occupe une grande place dans ce livre. La longue interview du responsable de la santé chinois laisse rêveur. Pour lui, le virus est d’origine parfaitement naturelle (chauve-souris et pangolin). Son pays n’est en aucune façon responsable de la pandémie. Il n’en est que victime. Il n’a fait qu’alerter en premier. Les autres thèses sont également présentées (virus échappé d’un laboratoire P4, virus bricolé pour le rendre plus dangereux, etc.), mais sans en favoriser aucune. Au lecteur de se faire une idée. Il découvrira énormément de faits troublants, peu connus du grand public, comme cette décision datant de 2018 d’instaurer un pass sanitaire de vaccination au niveau de l’Europe, ou comme la subvention européenne accordée en 2012 à la BD « Infected », laquelle relate en gros ce qui va se passer sept ans plus tard, sans parler d’un sondage européen de grande ampleur sur les vaccins ni du fameux rapport de la fondation Rockefeller de 2010. Ouvrage passionnant qui ne donne jamais dans le complotisme, mais laisse chacun tirer les conclusions qu’il veut de cette accumulation de faits bizarres.

Ma note

4,5/5

HUMOURPOLICIER

UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE (SAN ANTONIO)

Le résumé du livre

Prêt à partir en vacances d’été, San Antonio tombe par hasard sur son adjoint Bérurier installé à la terrasse d’un café en compagnie de son cousin Evariste Plantin. Béru envisage un petit séjour à Embourbe le Petit, village dont Evariste est le maire. Mais pas question de s’installer chez son cousin vu qu’il doit héberger une délégation de Britanniques venus pour un jumelage. Alors Béru trouve un prétexte imparable pour s’imposer quand même : il prétend causer couramment le british. Quelque temps plus tard, à la cérémonie d’accueil, alors que le Gros pérore dans un anglais plus qu’approximatif, tombent deux nouvelles surprenantes : Kiki la vinasse, la clocharde du village vient d’accoucher de jumeaux dans le hangar de la pompe à incendie, performance devenue rarissime dans le coin, et Moïse Assombersaut, directeur du service des eaux de la région, a été retrouvé assassiné d’une balle de révolver dans son petit pavillon de pierres meulières…

Ma critique

« Un éléphant ça trompe » est un des innombrables romans policiers picaresques, parodiques et décalés dont nous gratifia pendant des années le très regretté Frédéric Dard, alias San Antonio. Même à un demi-siècle de distance, c’est toujours un plaisir de lire ou de relire une des aventures du célèbre commissaire et de son peu reluisant adjoint. L’intrigue, basée sur un complot de néo-nazis tentant de stériliser la population en empoisonnant l’eau de la ville, est bien menée et toujours d’actualité. Mais le plus intéressant reste quand même le style de l’auteur, cette langue verte, pleine de tournures argotiques ou inventées, de jeux de mots, de trouvailles et d’humour goguenard. Le vrai esprit français fait d’ironie, d’intelligence, de dérision et de légèreté. On s’amuse beaucoup à lire cet ouvrage, comme tous les autres San Antonio d’ailleurs. Un excellent dérivatif, sans prétention, pétillant et amusant à souhait. À consommer sans modération, pour se détendre entre deux ouvrages sérieux ou pour oublier la noirceur ambiante…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’AFFAIRE EPSTEIN (DYLAN HOWARD)

Le résumé du livre

Le 23 juillet 2019, Jeffrey Epstein, milliardaire sulfureux, confident de Bill Clinton, ami de célébrités, de chefs d’Etats et même du Prince Andrew, est retrouvé mort dans sa cellule, pendu par le cou à l’aide d’un drap de lit. Meurtre ? Suicide ? Nul ne le sait. Il était officiellement accusé d’avoir organisé le plus vaste réseau de prostitution de mineures de l’Histoire. Issu d’un milieu modeste de Brooklyn, il commença comme prof de maths vite renvoyé d’un collège huppé (Dalton). Grâce à ses relations, il se recycla dans le milieu bancaire (chez Bear Stearns) d’abord comme assistant trader, avant de monter les échelons et de réaliser quelques beaux coups qui lui permirent d’empocher ses premiers millions de dollars. Il monta des pyramides de Ponzi style Madoff et travailla avec la CIA ainsi qu’avec Adnan Khashoggi, trafiquant d’armes et de drogue, avant de se rapprocher de Robert Maxwell, père de sa bonne amie Ghislaine, magnat de la presse et espion qui lui fit intégrer les rangs du Mossad. À sa mort, sa fortune était estimée à plus de 500 millions de dollars. Il possédait de nombreuses propriétés, à Palm Beach, New-York, Paris, et même un immense ranch dans l’Ouest. Il disposait d’un Boing 727 aménagé, appelé le « Lolita Express » qui lui permettait d’amener ses puissants amis et de très jeunes filles sur son île des plaisirs des Caraïbes, « Little Saint-James ». Tous les ébats étaient filmés en permanence par des caméras cachées. Les enquêteurs retrouvèrent des milliers de photos et de vidéos dans son palace new-yorkais.

Ma critique

« L’affaire Epstein » est une enquête de longue haleine menée par trois journalistes américains qui se lit ou plutôt se dévore comme un bon roman policier. Que ne découvre-t-on pas au cours de cette lecture ? Comment ce sinistre individu attirait chez lui de pauvres gamines en leur promettant de l’argent en échange de massages qui se transformaient bien vite en autre chose de nettement plus lubrique. Comment il a piégé pendant plus de vingt ans pour le compte des services secrets américains et israéliens, des milliers d’hommes politiques, de présidents, d’hommes d’affaires, de journalistes, de stars du show-biz, de célébrités de la jet-set avec son réseau de prostitution très particulier. Et comment un homme aussi respectable que Bill Gates a pu reprendre place dans le « Lolita Express » à quatre reprises et cela bien après qu’Epstein soit sorti de prison une première fois. Bien entendu, le lecteur ne peut que ressentir dégoût et écœurement devant tant de turpitudes accumulées. Tous ces gens si hauts placés, toujours prêts à faire la morale au bon peuple, ne seraient-ils donc que des vicieux et des pervers sans vergogne tant qu’ils sont assurés de l’impunité. Combien étaient tenus et le sont encore ? Combien ont craché au bassinet ? On ne le sait toujours pas. Idem pour les implications avec la France, via un certain Brunet, louche imprésario de top models, et via Ghislaine Maxwell, principale pourvoyeuse du monstre, qui ne parlera sans doute pas à son procès. Passionnant, mais un peu frustrant, la liste des « clients » du fameux « carnet noir » n’étant que très partiellement révélée.

Ma note

4/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

UN PRÉSIDENT NE DEVRAIT PAS DIRE ÇA (GÉRARD DAVET & FABRICE LHOMME)

Le résumé du livre

Que reste-t-il du quinquennat de François Hollande ? Fut-il vraiment le président le plus impopulaire, le plus calamiteux et le plus insignifiant de la Ve République ? Frais émoulu de l’ENA, il fut d’abord auditeur à la Cour des Comptes, puis chargé de mission à l’Elysée pour son idole François Mitterrand. Elu député de Corrèze en 1988, il fut battu en 1993. Maire de Tulle puis président du Conseil Général, il s’épanouit comme petit potentat local. Il se plaça d’abord dans le sillage de Jacques Delors puis dans celui de Jospin qui l’imposa comme premier secrétaire du PS. En 2006, Ségolène Royal lui brûla la politesse en se déclarant candidate à l’élection présidentielle. Trop commun, trop mou, trop terne, en mars 2011, il ne rassembla que 3% des votes à la primaire socialiste, alors que DSK caracolait en tête. Survint le scandale du Sofitel de New-York. Hollande se relança alors dans la campagne. Discours du Bourget, (« Mon ennemi, c’est la finance ! »). Victoire contre Sarkozy et accession à la magistrature suprême. « Il ne trouve que je suis président », dit-il comme s’il n’en revenait toujours pas ou comme s’il avait conscience de ses limites et de celles de son pouvoir. Et voilà celui que ses adversaires surnommaient Flanby, Pépère ou Culbuto embarqué dans cinq années de crise économique, d’horreur terroriste, d’avancées sociétales discutables, d’augmentation d’impôts, de recul de la démocratie, d’opérations militaires en Afrique et de déliquescence de la gauche. Mais il aura quand même goûté à « la drogue ultime, le pouvoir suprême ». « J’aurais vécu cinq ans de pouvoir relativement absolu », avoue-t-il, satisfait de son bilan.

Ma critique

Quel pensum, la lecture de ce gros pavé de 720 pages tout rempli de politique politicienne, de politicaillerie, de négociations de boutiquiers, de petites manœuvres sans grand intérêt pour l’Histoire. Le lecteur qui attendait des scoops, des révélations fracassantes, de grands coups de projecteurs dans les coulisses du pouvoir en sera pour ses frais. Il n’apprendra quasiment rien qu’il ne sache déjà si ce n’est que Poutine aurait prévenu Hollande que la Grèce avait demandé à la Russie de lui imprimer des drachmes lors de la crise et qu’Hollande se teignait pas les cheveux. L’affaire du mariage pour tous avec ses manifestations monstres à Paris et dans tout le pays est à peine évoquée et juste pour dire combien Christiane Taubira fut efficace et courageuse. Tous les scandales qui entachèrent le quinquennat sont minimisés : Cahuzac n’a eu qu’un « petit souci fiscal », Aquilino Morelle « s’est pris les pieds dans une boîte de cirage », Thomas Thévenoud « était allergique aux impôts », sans parler de Kader Arif, Faouzi Lamdaoui et de quelques autres indélicats. Les deux journalistes du « Monde » auraient pu en apprendre bien plus lors de ces dizaines d’heures d’entretien, répartis sur quatre années et demi et 61 séances. Ils n’en ressortent qu’une tentative ridicule de donner une absolution et presque un satisfécit à un personnage qui abaissa encore plus que son prédécesseur la fonction présidentielle et ne réalisa même pas qu’avec ses dénis de réalité et son manque de respect de la volonté populaire, il ouvrait la route à toutes les dérives autoritaires de son successeur. Rien à garder de ce bouquin, excepté l’anaphore finale en forme de coup de sabot de l’âne. (À lire dans les citations, pour le reste, on peut faire l’impasse.)

Ma note

2,5/5

ESSAISHISTORIQUE

AGENT ORANGE, APOCALYPSE VIETNAM (ANDRÉ BOUNY)

Le résumé du livre

La guerre du Vietnam fut un conflit interminable qui dura trente ans. Tout d’abord avec la France qui envoya 150 000 hommes et quitta le terrain après la défaite de Dien-Bien-Phu puis avec les Etats-Unis qui déployèrent un million de combattants et ne lésinèrent sur aucun moyen, même les plus barbares, avant d’abandonner en 1975. Ainsi larguèrent-ils sur le pays la bagatelle de 7 millions de tonnes de bombes de toutes sortes (dont le napalm, le phosphore blanc et les obus à fragmentation) soit trois fois plus que tout ce qui fut déversé sur l’Europe et l’Asie au cours de la seconde guerre mondiale. L’arme la plus terrible fut l’Agent orange, un défoliant à base de dioxine, fabriqué par Dow Chemicals, Monsanto et quelques autres, qui transforma des millions d’hectares de jungle en désert pour pouvoir plus aisément débusquer les soldats Viet-Congs. Au total, cent millions de litres de ce poison furent pulvérisés sur le pays, polluant les terres, les rizières, les cours d’eau et les nappes phréatiques pour des années. Un biocide dantesque sans oublier un coût humain monstrueux. 4,8 millions de Vietnamiens et des dizaines de milliers de GI’s y furent exposés et développèrent toutes sortes de cancers et autres maladies graves. Les femmes se mirent à accoucher de bébés mort-nés, difformes, hydrocéphales, aveugles, sans bras, sans jambes, etc. Et cela continue encore et encore, sans doute tant que tout le pays ne sera pas dépollué !

Ma critique

La lecture de cet essai ne peut laisser personne indifférent. C’est un véritable coup de poing au plexus solaire ! Comment un pays libre, démocratique, toujours dans le camp du bien et du juste, a-t-il pu se livrer à pareilles monstruosités ? Comment a-t-il pu bafouer tous les traités internationaux sur la guerre et ne jamais reconnaître ses torts, même du bout des lèvres ? Tous les recours auprès des juridictions américaines pour obtenir réparation des préjudices subis ont été rejetés. Les 70 000 vétérans atteints dans leur chair ne reçurent en compensation que des indemnisations dérisoires (de 250 à 13 000 dollars). Pire, cette horrible méthode de défoliation ne fut pas unique. Des millions de palmiers dattiers subirent le même sort pendant la guerre d’Irak tout comme des milliers d’hectares de jungle en Colombie. L’ouvrage est illustré par de très nombreuses photos dont la vision est à déconseiller aux âmes sensibles. Le lecteur ressort de cette lecture d’autant plus révolté et écœuré qu’il sait que ce véritable crime contre le génome humain signé JFK n’est pas près d’être sanctionné…

Ma note

4,5/5

ESSAISEXPLORATIONSvoyages

LES INDIENS D’AMERIQUE DU NORD (GEORGES CATLIN)

Le résumé du livre

De 1832 à 1839, Georges Catlin sillonna les grands espaces de l’ouest américain, en remontant le Missouri et en allant jusqu’aux Rocheuses, à la recherche des tribus indiennes les moins touchées par la « civilisation » qui se ruait déjà vers eux. À une trentaine d’années de distance, il partit sur les traces des grands explorateurs Lewis et Clarck et, comme Audubon, il fut aussi un peintre de paysages et de portraits de chefs Peaux Rouges. Ses tableaux, rassemblés dans un musée, figurent parmi les rares documents permettant de se faire une idée de la vie des tribus indiennes juste avant l’invasion yankee et la fin de cette civilisation singulière. En effet les Indiens d’Amérique passèrent d’une population de 16 millions d’habitants à seulement 2 en fort peu de temps, victimes du whisky, de la variole et de la guerre. D’abord repoussés au-delà du Mississippi, puis de plus en plus loin vers l’ouest, sur des territoires de plus en plus déserts, tous firent néanmoins un excellent accueil à Catlin.

Ma critique

« Les Indiens d’Amérique du Nord » est un essai anthropologique d’une lecture un peu laborieuse. En effet, cet ouvrage illustré de nombreuses reproductions de tableaux de l’auteur et composé de 58 lettres suivies d’un appendice consacré à un plaidoyer en faveur des Indiens et d’un réquisitoire enflammé à l’encontre des Visages Pâles, ne suit ni un ordre chronologique vu que ce n’est en aucun cas un récit de voyage classique, ni une forme thématique. Le résultat donne une accumulation de redites comme la chasse aux bisons qui est décrite à de multiples reprises. Sans parler des longues descriptions de paysages. Paradoxalement, le lecteur en apprendra moins sur les us et coutumes de ces populations disparues que dans les ouvrages de la collection « Terre Humaine » par exemple. Il découvrira cependant que la viande de chien, les queues de castor et les langues de bisons figurent parmi les plats les plus recherchés de leur gastronomie, que l’Indien est superstitieux et qu’il a un grand sens de l’honneur. Il place autour de sa taille et un peu partout sur ses vêtements les scalps pris sur ses ennemis tués au combat. Plus il peut en exhiber, plus il sera considéré comme un guerrier respecté. Il garde en permanence une bourse à médecine qui contient des gris-gris censés le protéger. Il pratique la polygamie, seule organisation permettant de compenser les pertes en hommes des perpétuelles guerres entre tribus. On passera sur les supplices d’initiation très bien décrits pour ne pas choquer les âmes sensibles. Il ressort de ce témoignage une impression mitigée. Bien sûr, ces pauvres gens furent broyés impitoyablement, comme par un rouleau compresseur. Mais ils eurent une certaine part dans leur destinée. Leur chasse au bison était avec aussi peu respectueuse du maintien de l’espèce que celle des chasseurs yankee (Buffalo Bill). Ils contribuèrent pour une part à la disparition de l’animal qui était garant de leur survie. Ils ne surent pas se fédérer, étant perpétuellement en guerre les uns contre les autres. Très peu parvinrent à passer du statut de chasseur-cueilleur à celui de cultivateur. Ils furent aussi d’une grande naïveté dans les négociations des traités de paix, véritables marchés de dupes. Une tragédie et un génocide dont les Américains resteront éternellement responsables.

Ma note

3/5

ESSAIS

MEURTRE PAR INJECTION (EUSTACE MULLINS)

Le résumé du livre

Dès 1600 avant J.C., plus de 900 médicaments étaient déjà à la disposition des médecins y compris l’opium. Aujourd’hui, la médecine allopathique est devenue dominante. Elle cherche à discréditer, à déconsidérer, voire à annihiler sa concurrente, la médecine homéopathique à laquelle encore beaucoup de gens dont la reine Elizabeth II continuent à avoir recours. Pourtant, en 1847, aux Etats-Unis, le nombre des homéopathes représentait encore le double de celui des allopathes. Mais en 1892, John D. Rockefeller reçut de Frédérick T. Gates un plan lui permettant de se rendre maître de tout l’ensemble du système américain d’éducation médicale. Sous sa houlette, le nombre d’écoles de médecines passa de 650 à 50 et celui des diplômés fut ramené de 7500 à 2500. Rockefeller avait commencé en vendant des potions, à base de pétrole, censées soigner n’importe quoi mais, en réalité, plus nocives qu’efficaces. À la fin de la première guerre mondiale, les productions de produits chlorés à but militaire (ypérite) furent reconverties en insecticides et pesticides pour l’agriculture et en médicaments pour humains et animaux. Les multinationales de la chimie et de la pharmacie engrangent des profits phénoménaux avec des chiffres d’affaires de plusieurs milliards de dollars. Leurs médicaments sont malheureusement trop souvent surévalués, inefficaces et potentiellement dangereux. En septembre 1980, la FDA fit ainsi retirer du marché plus de 3000 médicaments à l’efficacité douteuse et à la dangerosité certaine. La liste de ces derniers est interminable, celle des scandales sanitaires aussi. (Thalidomide, Aspartame, etc.) Chaque année, 30 000 Américains meurent des effets indésirables des médicaments et des vaccins.

Ma critique

« Meurtre par injection » est un essai sur l’état de tout le système médical américain. Le titre est assez mal choisi. En effet, le problème des vaccins n’est abordé que dans un seul chapitre assez court d’ailleurs. L’auteur prend le problème dans son ensemble en commençant par la partie historique qui montre comment on en est arrivé là. Depuis la création de pseudos instances de contrôle et de régulation comme l’AMA (American Medical Association) dirigée jusqu’en 1949 par deux charlatans, Simmons et Fishbein, jusqu’à la main mise absolue du trio Rockefeller-Rothschild-Gates sur l’ensemble de la filière, OMS incluse. Une guerre sans merci fut livrée contre les médecines douces comme l’homéopathie, la phytothérapie, la chiropractie et autres qu’on accusa de tous les maux pour mieux promouvoir la filière chimique d’un rapport bien plus intéressant. Ainsi apprend-on que les huiles essentielles furent interdites, saisies et détruites comme « substances dangereuses » alors que personne n’était mort ou n’avait été malade suite à leur prise. Que l’on a expérimenté pendant des années des vaccins sur des prisonniers dans les pénitenciers américains sans leur consentement et avec les conséquences tragiques que l’on imagine. Que dans les années 60, Dulles commanda à la société Sandoz basée en Suisse rien moins que 10 kg de LSD soit cent millions de doses qui servirent aux expériences menées dans les universités de la côte ouest (Timothy Leary) sous la houlette de la CIA, laquelle reprit et mena à leur terme toutes sortes d’expérimentations de manipulations mentales et autres lavages de cerveau initiés par les médecins nazis (MK Ultra, MK Delta, etc.) Au total, un réquisitoire implacable et ahurissant qui fait froid dans le dos. À réserver aux courageux qui voudraient en savoir un peu plus sur le sujet.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LE VIOL DES FOULES PAR LA PROPAGANDE POLITIQUE (SERGE TCHAKHOTINE)

Le résumé du livre

Qu’est-ce vraiment que la propagande politique ? Comment manipule-t-on l’opinion publique ? Comment certains parviennent à fabriquer le consentement des masses ? La valeur de la propagande de la peur est surtout réelle paradoxalement là où il n’y a pas vraiment de menace extérieure. Tout est donc dans le narratif, dans la façon de présenter les informations. Et le plus inquiétant, c’est que moins de 10% des hommes est capable de résister à cette technique de propagande affective se basant sur les lois des réflexes conditionnés (Pavlov), alors que les 90% restant succombent au viol psychique. Hitler et Mussolini sont ainsi parvenus à leurs fins. Les peuples allemands et italiens les ont suivis passivement ou avec enthousiasme. On sait où cela les a menés. L’ennui, c’est qu’après la guerre, les mêmes causes engendrant les mêmes effets, d’autres ont suivi leurs traces en appliquant de semblables méthodes de manipulation de masse et même en les perfectionnant (Expérience MK Ultra, opération « Paperclip »). En effet, il est naturel pour le peuple de se soumettre à l’autorité, de se conformer à la majorité et de pratiquer la brutalité envers ceux qui sont plus bas que lui. (Boucs émissaires). Les techniques de base reposent sur des appels aux émotions, aux instincts les plus bas, comme le meurtre, la vengeance et la discrimination.

Ma critique

« Le viol des foules par la propagande politique » est un essai de sociologie politique paru en 1952 qui fut d’abord censuré en France en 1939, puis confisqué et détruit en Allemagne en 1940. Que révèle-t-il de si dangereux pour avoir subi pareil sort ? Rien que nous ne sachions aujourd’hui, tant la propagande s’est améliorée, affinée et est devenue omniprésente au point d’envahir et de diriger nos vies. Serge Tchakhotine, qui s’est surtout attaché à étudier les propagandes fascistes et nazies, reste très discret voire favorable aux équivalents communistes russes, chinois et autres. Il faut dire qu’il se présente comme socialiste et qu’il fit partie du « Front d’Airain », structure politique qui tenta avec un certain succès de contrer le nazisme en l’attaquant sur les symboles : triples flèches pour contrer les croix gammées, énormes manifestations, parades avec flambeaux, musiques de percussion, uniformes, et rouge des drapeaux et oriflammes, couleur la plus appropriée pour exciter l’agressivité. Mais la passivité des caciques socialistes de l’époque, le jusqu’au-boutisme des bolcheviques ainsi que le double jeu de Von Papen finirent par faire basculer le peuple du côté d’Hitler, mais il s’en fallut de très peu. Cette séquence historique méconnue est la partie la plus intéressante de l’ouvrage. Les développements purement psychologiques et sociologiques sont plus fastidieux à lire. Quant aux conclusions sur la nécessité d’un gouvernement mondial instaurant sur toute la planète une paix éternelle et un bonheur universel dans un socialisme triomphant, les évènements récents viennent de démontrer leur manque de réalisme, voire leur naïveté.

Ma note

3/5

DARK-FANTASYFANTAISIE

LE GAMBIT DU MAGICIEN (DAVID EDDINGS)

Le résumé du livre

Alors que Dame Polgara pose une attelle à son père Belgarath pour réduire la fracture du bras qu’il s’est faite suite à la chute d’un arbre, elle répète à la princesse C’Nedra qu’en dépit de sa fugue et de son refus d’obéir, elle sera amenée de gré ou de force à la cour de Riva, histoire de respecter la volonté de son père. La quête de l’Orbe, qui continue encore et encore, mènera ensuite nos héros dans les entrailles de la terre où ils rencontreront un peuple qui n’a pas vu la lumière du jour depuis plus de 5000 ans et qui leur permettra de profiter de l’aide d’un certain Relg qui possède un pouvoir tout à fait étrange, celui de passer à travers murs et rochers même les plus durs.

Ma critique

Avec « Le gambit du magicien », la saga de la « Belgariade » arrive à un tournant, mais non à sa fin, ce qui aurait pu être le cas. En effet, après trois tomes et 1150 pages de lecture un brin fastidieuse, l’histoire n’a que fort peu progressé. La quête de l’Orbe semble interminable. Les chevauchées dans le vent, le froid et la neige dans un décor aussi minéral que désertique, même pimentées de quelques rencontres de monstres, finissent par lasser le lecteur le plus patient. Heureusement, la scène finale avec la montée à Rak Cthol et l’affrontement homérique entre le Grand Prêtre Ctuchik et le sorcier Belgarath réveille un peu l’intérêt. Nul doute que les fans de fantaisie souhaiteront quand même découvrir la suite de cette histoire, mais ce sera sans moi. Un ensemble trop lent, trop mou, trop ennuyeux. Pas assez de rebondissements, de surprises, de rythme et d’humour !

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LE MOMENT EST VENU DE DIRE CE QUE J’AI VU (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Philippe de Villiers est entré en politique par effraction et il en est ressorti avec un énorme dégoût. Aujourd’hui, on peut même dire qu’il la déteste pour tout le mal que ses représentants ont fait à notre pauvre pays. Il a côtoyé tous les puissants. Tout d’abord Chirac, chaleureux mais sans la moindre conviction, qui pouvait se droitiser la semaine à Paris et se gauchiser le week-end en Corrèze. Puis Giscard qui voyait la France comme une puissance moyenne, voire de second rang, qu’il fallait dissoudre au plus vite dans une Europe fédérale. Pour lui, la France était trop petite (1% de la population mondiale) pour pouvoir résoudre seule ses problèmes. Puis Mitterand qui l’estimait vu que lui-même venait de la droite et savait naviguer vers la gauche quand cela pouvait lui servir. Il a bien connu également Pasqua qui fut un temps son allié, Philippe Séguin et Jimmy Goldsmith qui lui fit la courte échelle pour décrocher son mandat européen ce qui lui permit de découvrir que c’était l’argent qu’on déversait sur les sondeurs qui permettait de l’emporter. Et l’on peut poursuivre la liste avec Hassan II qui aimait sincèrement notre pays, l’affreux Boudarel, le tortionnaire communiste des camps de la mort Viet-Minh, l’immense Soljenitsyne qui vint inaugurer un monument dédié au souvenir des martyrs de la Vendée et même Poutine qui lui acheta le concept du Puy du Fou pour l’adapter à son pays.

Ma critique

Ce livre est à la fois un récit de souvenirs, un témoignage et un manifeste sur la droite où l’on arrive jamais. Le réquisitoire est des plus sévères sur la politique menée depuis un demi siècle. Selon lui, la France est devenue un champ de ruine. L’agriculture est complètement sinistrée. Il y avait 10 millions d’actifs agricoles après la guerre, il en reste à peine 900 000 aujourd’hui avec un suicide par jour. Les centres-villes se désertifient de plus en plus au profit des grandes surfaces de leur périphérie. La haine de soi est devenue omniprésente. Le dénigrement de la France est constant. Le migrant a remplacé le prolétaire abandonné à la mondialisation sauvage. Notre industrie a été démantelée au profit de pays étrangers où les salaires sont moins élevés que chez nous (Plus d’un million d’emplois perdus). Le livre étant paru en 2015, l’auteur ne parle pas de la triste suite des évènements qui n’ont fait qu’empirer jusqu’à nous amener au bord du gouffre. Ouvrage intéressant ne serait-ce que pour se rendre compte de l’importance et des raisons du désastre.

Ma note

4,5/5

LOISIRSvoyages

LA FRANCE INSOLITE (FRANCK CHAUVET)

Le résumé du livre

Qu’ont en commun les villes d’Apremont, de Locronan, de Gordes, de Pérouges et de Villefranche, les résidences d’Alexandre Dumas, d’Anatole France et d’Honoré de Balzac, les sites naturels comme le cirque de Gavarnie, le site de Filitosa, le gouffre de Padirac, la vallée des Merveilles et la chaîne des Puys, les jardins remarquables comme la Bambouseraie d’Anduzes et le Jardin des Cinq Sens, ou les endroits incroyables comme la Maison Vaisselle cassée, la Grotte magique, l’Eglise verte, la Fabuloserie ou le Paradis ? Ce sont autant de sites insolites, connus ou méconnus à découvrir dans notre si beau pays. L’auteur en a sélectionné cent, ce qui est très loin de représenter un répertoire exhaustif.

Ma critique

« La France insolite » est un charmant petit guide joliment édité. Couverture et impression de qualité, papier glacé et nombreuses photos couleurs. On regrettera néanmoins que chaque lieu n’ait pas eu droit à son illustration. On remarquera également que Paris et la région Ile-de-France se taillent la part du lion alors que certaines régions comme les Hauts de France ou l’Aquitaine n’ont pas le moindre site insolite à présenter. Cet ouvrage permettra cependant de quitter un peu les sentiers battus, il invitera à aller dénicher ces perles parfois très peu connues. Ainsi peut-on apprendre un peu et découvrir beaucoup sans avoir besoin d’aller à l’autre bout de la terre.

Ma note

4/5

ESSAIS

LE TRAITRE ET LE NEANT (GERARD DAVET & FABRICE LHOMME)

Le résumé du livre

Après un double échec au concours d’entrée à Normale Sup, le jeune Emmanuel Macron réussit celui de l’ENA. Déjà, il commence à s’y constituer un réseau. Puis très vite le voilà à l’Inspection générale des finances et bientôt secrétaire à la commission pour la libération de la croissance économique française présidée par Jacques Attali, l’homme qui murmure à l’oreille de tous les présidents depuis Mitterrand, le faiseur de roi, l’éminence grise de la république qui le présente à Hollande juste avant que celui-ci ne devienne président. Il en fera un secrétaire général de la présidence, puis son ministre de l’économie et des finances. Il s’apercevra trop tard que Macron joue double jeu, le ringardise, le pousse vers la sortie et qu’il monte son propre mouvement « En Marche ». Finalement, en mai 2017, Macron réussit « le hold-up politique du siècle ». Jamais élu, sans véritable parti, mais avec l’énorme soutien des médias et de quelques milliardaires, il parvient à s’emparer du fauteuil de celui qu’il a trahi.

Ma critique

« Le traitre et le néant », nouvel opus du duo d’enquêteurs du « Monde », se présente comme un très long article de journal plus attaché à décrire la personnalité ambivalente de l’actuel chef de l’État que de vraiment pousser loin l’investigation. Les deux auteurs ont essuyé une longue suite de refus de participation à cet ouvrage. La liste de ceux-ci tient d’ailleurs sur plusieurs pages en fin de volume. Ni l’intéressé, ni sa femme, ni ses principaux ministres n’ont accepté de les rencontrer. Ils ont donc dû se contenter des échos de seconds couteaux et autres personnages du cercle dont une bonne majorité reste d’une discrétion de violette et d’une prudence pas trop étonnante quand on sait combien Macron est craint. Ces témoignages distillés un à un, sans véritable souci de chronologie ni de cohérence, nous brossent un portrait psychologique assez précis du personnage : prétentieux, arrogant, intrigant, populiste mais libéral, fluctuant, opportuniste, cynique, pragmatique, sans convictions, mais supérieurement intelligent et disposant d’un charme indéniable. Ces potins de cour, ce « verbatim », ne nous apprennent finalement pas grand-chose sur le fond. On aurait aimé en savoir plus sur les financements de sa campagne, sur ces milliardaires qui, ayant payé l’orchestre, ont pu choisir les morceaux joués. La manière dont sont traités la plupart des sujets (vente à la découpe du pays avec Alstom, Alcatel, Technip, Lafarge, Safran Identity, les chantiers de l’Atlantique et l’aéroport de Toulouse-Blagnac, CSG, retraites, révolte des Gilets Jaunes, crise sanitaire) est tout à fait décevante. Les auteurs s’en tiennent au narratif officiel dont tout le monde découvre peu à peu combien il était mensonger. Les rares mesures utiles sont toutes à mettre au crédit du président, les erreurs à la charge de ses subordonnées. Au bout du compte, le lecteur finit par avoir l’impression que nos deux pseudo-enquêteurs cherchent à innocenter un personnage qui n’aime ni la France ni les Français tout en lui concédant une personnalité assez détestable, mais sans vraiment désapprouver son exercice solitaire du pouvoir pour ne pas dire plus.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LE MONDE SELON MONSANTO (MARIE-MONIQUE ROBIN)

Le résumé du livre

Multinationale américaine de la chimie, des semences et des manipulations génétiques, Monsanto a été responsable de la production à grande échelle et de la mise sur le marché de quelques-uns des plus dangereux produits de l’époque moderne : le DTT, aujourd’hui interdit, les PCB (bisphénol polychloré, communément appelé « pyralène » chez nous), liquides réfrigérants et lubrifiants dont la nocivité reste dévastatrice pour la santé humaine, la dioxine dont quelques grammes suffisent pour empoisonner une ville entière, l’agent orange utilisé massivement au Viet-Nam par l’armée américaine comme défoliant, les hormones de croissance laitières et bovines poussant les animaux à dépasser leurs capacités naturelles, le désherbant Round-Up, présenté fallacieusement comme biodégradable et favorable à l’environnement et pour finir, « last but not least », les fameuses semences OGM de soja, maïs, riz ou coton aussi catastrophiques pour la biodiversité que pour la santé humaine…

Ma critique

« Le monde selon Monsanto » se présente comme une enquête aussi fouillée que magistrale sur une société si obsédée par l’appât du gain qu’elle en oublie tout principe moral et toute valeur pour imposer son emprise sur quasiment l’ensemble de la planète, amenant dans son sillage la misère et le désespoir des petits paysans, des dégâts quasi irréversibles sur l’environnement et une dégradation de la santé humaine. L’auteure, également co-réalisatrice du documentaire éponyme, a dû sillonner la planète pour mener à bien son enquête. Celle-ci la mena des plaines du Middle-West américain aux grands espaces canadiens pour le soja, puis dans toute l’Amérique du Sud pour le maïs et finalement en Inde pour le riz et le coton. Au fil des pages et des découvertes, le lecteur se retrouve de plus en plus horrifié devant le cynisme et les malversations innombrables de cette multinationale qui se permet de breveter le vivant, d’interdire aux agriculteurs de resemer les graines qu’ils ont récoltées, d’intenter des procès aux récalcitrants entre autres manières de voyous en col blanc. Ce géant apprenti sorcier sans foi ni loi qui se retrouve ainsi en position de quasi-monopole mondial, s’offre des profits pharamineux au détriment de la vie biologique, de la santé et même de l’existence des hommes. Le livre refermé, on ne peut que se poser la question : « Quand et comment arrêtera-t-on cette multinationale qui ne nous veut aucun bien ? »

Ma note

4/5

ESSAIS

SARKOZY, ISRAËL ET LES JUIFS (PAUL-ERIC BLANRUE)

Le résumé du livre

Contrairement à tous ses prédécesseurs (de Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand et dans une moindre mesure Chirac) qui gardèrent une attitude prudente et mesurée vis-à-vis d’Israël, Nicolas Sarkozy se montra plus qu’amical et même aligné sur les positions de l’état hébreu, ne trouvant par exemple rien à redire aux opérations militaires de Tsahal dans la bande Gaza. Pour la première fois ; il participa en personne au célèbre dîner du CRIF alors que tous les autres présidents avant lui se contentaient d’y envoyer leur premier ministre. « Dois-je rappeler l’attachement viscéral de tout Juif de France à Israël, comme une seconde mère-patrie ? » écrivait-il en 2004. Il fut également l’homme des réseaux américains : AJC (American Jewish Committee, 125 000 membres, 33 bureaux aux Etats-Unis, 8 dans le monde dont 6 en Europe, à Paris, Berlin, Bruxelles, Genève, Rome et Varsovie.) En retour, Sarkozy se retrouva proclamé « Lumière des Nations » pour son amitié dévouée envers les Etats-Unis, Israël et le peuple juif. Il reçut également « The Humanitarian Award » de la fondation Elie Wiesel.

Ma critique

Cet ouvrage est un essai bien documenté (une importante quantité de notes de bas de page en atteste) sur les positions tout à fait nouvelles introduites par Sarkozy dans les affaires étrangères de la France. Il présente également un grand nombre de personnages impliqués dans ces rapports en les citant longuement, les plus connus étant Bernard Henry Lévy, Alexandre Adler, Finkelkraut, Goldnadel et Glucksmann. Il répertorie et analyse nombre d’officines travaillant à améliorer les relations entre la France et Israël. De longs développements sont d’ailleurs consacrés au CRIF. Le lecteur trouvera également un chapitre portant sur la répression judiciaire subie par les opposants. Se pose bien sûr la question : l’antisémitisme est-il égal ou différent de l’anti-sionisme ? L’ensemble, bien que daté et plus trop d’actualité aujourd’hui, peut néanmoins demeurer intéressant ne serait-ce que du point de vue de l’histoire contemporaine et aussi pour comprendre l’évolution de la politique française et la logique du comportement de ce président d’un genre nouveau qui aimait qu’on l’appelle « l’Américain » et qui aurait également pu apprécier qu’on y ajoute « l’Israélien ».

Ma note

4/5

FANTAISIE

LA REINE DES SORTILEGES (DAVID EDDINGS)

Le résumé du livre

Elevé par tante Pol qui va se révéler toute autre que ce qu’il croyait, le jeune Garion est orphelin de père et de mère. Il a perdu ses parents assassinés par un mystérieux inconnu qui a aussi mis le feu à leur maison avant de s’enfuir dans la nuit. Garion n’a plus qu’une idée en tête : retrouver cet individu pour le tuer dès qu’il sera assez grand et assez fort pour y parvenir. Pour l’instant, il reste encore sous la tutelle de tante Pol, alias Dame Polgara et de sire Loup, alias Belgarath, tous deux toujours en quête de l’Orbe volé par Zedar, lequel doit le remettre à Torak qui n’est pas mort, mais simplement endormi. Au fil des incidents et des attaques d’ennemis, Garion se rend peu à peu compte que Polgara et Belgarath sont des personnages hors normes, membre de la noblesse, des immortels doués de pouvoirs spéciaux. Mais lui-même, qui est-il ? D’où vient-il ? Quel est son destin ? Quels sont ses pouvoirs ?

Ma critique

« La reine des sortilèges » est le deuxième tome de la saga de fantaisie « La Belgariade ». L’intrigue ne progresse que fort lentement. Le couple Eddings a beau faire intervenir nombre de roitelets, une reine des serpents nommée Salmissra, des hommes de boue puants et de charmantes Dryades ne supportant pas le moindre feu, il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire. Le lecteur apprendra surtout que le héros a pas mal de peine à assumer ses pouvoirs naissants, ce qui, en soi, n’est guère étonnant. Il notera également l’arrivée d’une petite princesse capricieuse. Autant d’éléments nouveaux qui peuvent divertir un jeune public et les amateurs du genre, mais qui risque d’ennuyer les autres. Ça ne décolle pas. On reste dans la soft fantasy, le divertissement quasi commercial. On cherche le souffle épique sans jamais le trouver. N’est pas Tolkien qui veut.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LA FACE CACHÉE DE REPORTERS SANS FRONTIÈRES (MAXIME VIVAS)

Le résumé du livre

Reporters sans frontières déclare vouloir défendre le droit d’expression des journalistes partout dans le monde et sous quelque régime que ce soit. Les gens imaginent que cela entraine nécessairement pour eux-mêmes une information objective et honnête. Il n’en est rien. Reporters sans frontières ne fait que promouvoir la liberté du bourrage de crânes pratiqué par des journalistes qui ne méritent plus d’autres noms que ceux de commissaires politiques ou de perroquets du pouvoir en place et de la pensée unique globalisée et upérisée. Celle-ci triomphe par une pléthore de titres et d’émissions répétant à l’unisson et à l’infini le même credo. Et Reporters sans frontières ne lève jamais le petit doigt pour soutenir les rares publications dissidentes menacées par l’oligarchie. Il s’insurge sur les exactions commises dans les pays du tiers monde, mais jamais contre celles commises par les Etats-Unis. En Irak, des journalistes sont flingués par des GI, fort peu de réaction. À Guantanamo, un journaliste se retrouve incarcéré et torturé pendant plus de quatre ans dans l’indifférence de RSF. Au Vénézuéla, un putsch raté est enclenché contre Chavez. RSF se range aux côtés des mutins soutenus par les Etats-Unis. L’organisation dénonce Cuba, mais jamais les USA…

Ma critique

Cet ouvrage est un essai analysant une ONG qui semble avoir pas mal à se reprocher. Très vite l’analyse tourne au réquisitoire en bonne et due forme. Le lecteur apprendra un certain nombre de choses intéressantes. Par exemple que les mécènes de RSF sont la CIA, la NED, l’USAID, l’Open Society de Soros et divers autres oligarques. Celui qui paie l’orchestre choisit la musique dit-on. La mansuétude vis-à-vis des Américains n’est donc pas étonnante. Une très petite partie de ces fonds va aux journalistes en détresse, l’immense majorité passe dans des frais de fonctionnement somptuaires. Robert Ménard, qui depuis s’est reconverti en politicien local, fut d’abord assureur, manœuvre, apiculteur, avant d’atterrir à Radio-France-Hérault. Avec Rony Brauman de Médecins sans frontières et Claude Guillebaud, il fond a cette officine à indignations variables « pour promouvoir des formes de journalisme alternatif. » Nous aurions préféré autre chose bien sûr. Avec cet ouvrage d’une lecture un peu laborieuse, le voilà rhabillé pour l’hiver et nous déçus une fois de plus de découvrir cette face cachée si peu reluisante. Encore une, après l’ARC de Crozemarie et tant d’autres…

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

THOMAS SANKARA, L’ESPOIR ASSASSINE (VALERE D. SOME)

Le résumé du livre

Thomas Sankara (1949 – 1987), militaire anti-impérialiste, panafricaniste et tiers-mondiste ne fut chef de l’Etat de la Haute-Volta, rebaptisée « Burkina-Faso », que quatre années, de 1983 à 1987. Brillant officier, il prit le pouvoir à la faveur d’un putsch qu’il organisa en compagnie de Compaoré, Lingani et Zongo. À marche forcée, il tenta de mener diverses réformes pour son pays : lutte contre la corruption, contre la pauvreté, alphabétisation, émancipation des femmes et de l’ancien colonisateur, rejet de la dette et refus de l’aide du FMI. Il fut renversé par un autre coup d’état fomenté par Blaise Compaoré, son ami de toujours, et assassiné par un commando militaire, le 15 octobre 1987. Personnage gênant pour l’oligarchie mondialiste, il fut considéré comme le Che Guevara africain. Il est aussi surnommé « le président des enfants » ou « le président des pauvres ». Il a même été proclamé « modèle de la jeunesse africaine » lors de forums sociaux à Bamako et à Nairobi. Quasiment un nouveau Gandhi ou un autre Martin Luther King…

Ma critique

Cet ouvrage écrit par un de ses proches, ancien ministre de l’enseignement et de la recherche de son gouvernement, est à la fois un témoignage et un essai politique. C’est d’ailleurs ce second aspect du livre qui est de loin le moins intéressant voire le plus rébarbatif. Autant le récit de la fin tragique d’un personnage politique sans doute assez idéalisé peut être émouvant, autant les longs développements idéologiques avec analyse des options des différents groupes et groupuscules de la scène burkinabé ne sont que d’un intérêt moyen pour ne pas dire qu’ils ont vite fait de lasser le lecteur. Une fois de plus, la Révolution aura fini par dévorer ses propres enfants. L’Afrique n’aura pas dérogé à cette triste règle. Cet assassinat fit régresser le pays. Compaoré poursuivit de sa vindicte de nombreux sankaristes dont Somé qui tâta par deux fois de la prison. Il alla même jusqu’à liquider les deux derniers comparses, Lingani et Zongo. De sorte que des esprits taquins ou désespérés taguèrent « 4 – 1 = 0 » pour bien illustrer qu’avec l’élimination de Sankara, c’était l’espoir qui disparaissait. Le lecteur découvrira que le leader burkinabé s’était auparavant mis à dos Khadafi à cause du Tchad ainsi que Mitterand, Eyadéma et Houphouët-Boigny. De là à imaginer autre chose que l’ambition personnelle d’un Compaoré, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas faute de preuves.

Ma note

3/5

ESSAIS

LE COMPLOT MONDIALISTE (PHILIPPE PLONCARD D’ASSAC)

Le résumé du livre

D’après l’auteur, la France n’est pas née en 1789 comme le prétend Robert Badinter, mais en 436 avec le baptème de Clovis et la promesse de Tolbiac qui se perpétuera au fil des siècles avec les sacres des rois de France à Reims et sera confirmée par la consécration de la France au Sacré-Cœur par Louis XIII en 1682. Tant que la monarchie est restée fidèles à ses principes, la France s’est développée jusqu’à devenir la première puissance mondiale sous Louis XIV. Mais avec la révolution de 1789, on entre dans une ère nouvelle. Le but des révolutionnaires est déjà d’instaurer la « république universelle », autant dire le mondialisme. Et quand les Jacobins crient que la patrie est en danger, il faut comprendre que c’est la révolution qui l’est. Ils commencent déjà à changer le sens des mots. La patrie n’est plus la terre de nos pères et de nos aïeux, mais une simple notion d’universalité cosmopolite. La république universelle n’est qu’une construction idéologique. Pour y parvenir, il faut du passé faire table rase. La nation idéologique s’oppose à la nation charnelle et tend à la détruire.

Ma critique

« Le complot mondialiste » est un essai géopolitique bien étayé et bien argumenté. Après une intéressante analyse historique démontrant que ce que nous vivons est la conséquence logique d’un projet remontant fort loin dans le passé, l’auteur passe aux récents développements de ce plan : les guerres en Irak, en Afghanistan, les attentats du 11 septembre, les affaires de l’Ossétie du Sud et de la Georgie, les attentats de New-York, Madrid et Londres (tous perpétrés un 11 du mois, bizarre n’est-il pas ?) qui pourraient n’être que des opérations sous faux drapeau. Publié en 2010, cet ouvrage ne traite pas de tous les conflits (Libye, Syrie) et crises ultérieures (Covid) bien entendu. En montrant que les interventions de Poutine ont stoppé la progression des mondialistes, l’auteur se montre assez optimiste pour l’avenir. Ce qui s’est produit ensuite permet d’en douter. Il pense qu’une volonté politique suffisante, qu’une mobilisation d’un peuple bien averti du danger, doit pouvoir conjurer la menace. « Le propre des faux principes est de porter en eux les germes de leur auto-destruction », écrit-il. Intéressant diagnostic, même si l’on ne partage pas toutes les idées de Philippe Ploncard d’Assac.

Ma note

4/5

ESSAIS

INDUSTRIE VACCINALE (MARC VERCOUTERE)

Le résumé du livre

À chaque crise sanitaire, l’OMS s’appuie sur des experts en statistiques, en catastrophisme et en marketing pour faire appliquer le principe de précaution surtout par les pays riches. Elle reprend toutes les théories prédictives les plus alarmistes du CFR ou autres. Ainsi, nous avait-on prédit 500 000 morts en France pour la grippe aviaire. Ils se résumèrent à quelques cas. Le gouvernement fédéral américain octroya la bagatelle d’un milliard de dollars à cinq entreprises pharmaceutiques pour qu’elles produisent un vaccin contre ladite grippe. L’ennui, c’est que de nombreux experts estiment qu’aucun vaccin ne peut être vraiment efficace contre un virus capable de muter sans cesse. Fin avril 2009, avec l’arrivée de la grippe porcine (H1N1), on a les prescriptions systématiques de Tamiflu, puis la vaccination de masse. Les usines tournent à plein régime. Bachelot commande 90 millions de doses pour la France. Une bonne partie sera recyclée en Afrique. Quand on sait que l’immunité naturelle est de très loin supérieure à l’immunité artificielle, on est en droit de se demander si elle ne devrait pas être privilégiée et si d’autres voies thérapeutiques que ces inoculations ne pourraient pas être envisagées.

Ma critique

« Industrie vaccinale » est un essai médical de haut niveau, fort bien argumenté, sourcé et étayé, qui retrace l’histoire des pandémies (à l’exception de celle que nous vivons encore aujourd’hui). Il n’est pas inintéressant de se replonger dans cette très longue liste. Depuis quelques dizaines d’années, nous avons eu droit au SRAS, à la grippe A H5N1, à la grippe A H1N1, au syndrome de la guerre du golfe et à de multiples scandales comme ceux de la Thalidomide, du Vioxx, du Prozac, des statines, des hormones de croissance, du vaccin contre l’hépatite B ou du Régent. À chaque fois, c’est le même scénario, le même narratif. Des médecins de plateau télé, pourris de conflits d’intérêts, pour ne pas dire corrompus par Big Pharma, viennent faire la publicité du nouveau produit et quelque temps plus tard, on s’aperçoit qu’il provoque des effets secondaires plus ou moins néfastes. Peu importe les dégâts causés, l’industrie pharmaceutique se sera gavée. À elle, les bénéfices, à nous, les risques. Ouvrage intéressant bien qu’un peu aride (un glossaire de termes techniques en fin de volume aide à la compréhension). À conseiller à tous ceux qui cherchent à mieux comprendre ce que nous vivons. Il est toujours bon de prendre un peu de recul historique.

Ma note

4/5

JEUNESSEROMAN

UN ÉTÉ EN ROULOTTE (JEAN-CÔME NOGUES)

Le résumé du livre

Marguerite et Augustin, couple de retraités, habitent une vieille maison plutôt vétuste. Un jour, Marguerite entend des craquements sinistres. Elle en parle à Augustin qui n’a rien remarqué. Mais quand quelque chose de grave est sur le point de se produire, elle sent des picotements dans son chignon. Cette faculté étrange de Marguerite permet au couple de sortir précipitamment de leur maison juste avant que celle-ci ne s’effondre. N’ayant plus de toi, ils décident de partir sur les routes de France, à l’aventure, dans une roulotte prêtée par un ami. Elle sera tirée par le cheval Papillon. Et ils emmèneront avec eux la poule Coquille et le chat Mandrin. Mais une présence inquiétante semble les suivre à la trace partout où ils vont…

Ma critique

« Un été en roulotte » est un charmant roman pour enfants ou jeunes ados, mais qui peut parfaitement être lu également par des adultes appréciant les valeurs, la poésie et les histoires pleines de bons sentiments. On ne peut qu’être touché par ce vieux couple qui a tout perdu et qui se lance dans une grande aventure. Ils quittent très vite les routes pleines de véhicules pour aller se perdre dans de petits chemins plus tranquilles. Leur périple les amènent en Auvergne, dans le Jura, les Alpes, le midi, un véritable tour de France. La présence d’animaux facétieux apporte une note de fraicheur qui plaira forcément aux plus jeunes. Et la chute reste dans le ton positif de tout le livre. Si on y ajoute un style agréable, vivant et fluide, on ne pourra que conseiller à tous la lecture de ce joli roman. À noter également les très délicates illustrations de Sylvaine Alloy.

Ma note

4,5/5

DARK-FANTASYFANTASTIQUEROMAN

LE PION BLANC DES PRÉSAGES (DAVID EDDINGS)

Le résumé du livre

Le monde était jeune alors, les Dieux vivaient en harmonie et les hommes ne formaient qu’un seul peuple. Aldur le Sage façonna un globe au pouvoir immense, l’Orbe. Mais Torak, le dieu jaloux, s’en empara au prix d’une main et d’un visage brûlé, et plongea l’univers dans le chaos. L’Orbe fut caché. Les dieux se retirèrent et les hommes se divisèrent. De nombreux siècles plus tard. L’Orbe a disparu à nouveau. L’immortel sorcier Belgarath sait que l’avenir de l’humanité repose sur un unique mais très vulnérable pion, le jeune Garion, âgé d’une quinzaine d’années, qu’il avait confié des années plus tôt à Dame Pol alors qu’il n’était qu’un nourrisson orphelin. Il n’est donc qu’un petit valet de ferme qui ignore tout de son ascendance et de sa destinée.

Ma critique

« Le pion blanc des présages » est le premier tome d’une trilogie titrée « La Belgariade » relevant des sagas de fantaisie à l’américaine. La quatrième de couverture proclame que cet ouvrage est un « cycle majeur qui trouve sa place aux côtés du « Seigneur des Anneaux ». Cette affirmation demande à être précisée. L’auteur (ou plutôt les auteurs car Eddings a écrit avec son épouse semble-t-il) s’est très largement inspiré du chef-d’œuvre absolu de Tolkien. L’ennui, c’est que l’élève n’arrive pas à la cheville du maître. Il fait du Tolkien sans le souffle, sans la mystique et sans l’esprit ! Par exemple, il a juste remplacé l’anneau magique par une boule magique et le hobbitt par un valet de ferme. Et on pourrait continuer longtemps dans les comparaisons sur les personnages. Le pire vient de la faiblesse de l’intrigue. Il ne se passe pas grand-chose dans ce premier tome. On présente les personnages et on commence une très longue quête de l’Orbe un brin ennuyeuse. Seul point positif : le style est très fluide, ce qui permet une lecture aisée et agréable.

Ma note

4/5

DARK-FANTASYFANTASTIQUEHUMOUR

BLANCHE-NEIGE CONTRE MERLIN L’ENCHANTEUR (CATHERINE DUFOUR)

Le résumé du livre

Au début du début, au commencement du commencement, la Terre était plate comme une crêpe ou comme une galette. Mais un jour Dieu claqua des doigts et la Terre se retrouva ronde. L’ennui, c’est que quand une main cosmique pétrit une crêpe pour en faire une boulette, la garniture a tendance à souffrir ! C’était un monde bizarre, habité par la magie ou « hanté » auraient dit certains, voire « pourri » pour les plus amers ou les plus réalistes. On y trouvait des fées, des arbres, des sirènes, des anges, des démons, (surtout des anges plus démons que les démons), quelques humains sans oublier Merlin l’enchanteur et la terrible Blanche-Neige. Mais dans ce monde, la foi partait en sucette depuis que Dieu s’était mis à boire !

Ma critique

« Blanche-Neige contre Merlin l’Enchanteur » relève de la fantaisie humoristique la plus échevelée. Ce roman fut d’abord publié en deux volumes « Merlin l’Ange chanteur » et « L’immortalité moins six minutes ». Le premier centré sur les personnages de l’Archange et de l’Angelot. Le second sur les deux fées follettes Pimprenouche et Pétrol’Kiwi. Le lecteur n’y trouvera aucune intrigue construite de manière classique, mais une suite de séquences sans grande logique. Il nagera dans la fantaisie débridée, le fantasque, l’étrange, le grand n’importe quoi. L’inspiration de Catherine Dufour est proche de celle des Monty Python, de Terry Pratchett, de Neil Gaiman voire de Douglas Adams. Une forme d’humour anglo-saxon fait d’absurde, de « nonsense », de paradoxal avec une pointe de « french touch » pleine d’ironie et de dérision. L’auteure évoque nombre de personnages légendaires comme Aurore Dubois-Dormant, Peau d’Âne, le roi Arthur (Artus) et les chevaliers de la Table Ronde ou historique comme Richelieu, Louis XIV, Marie de Médicis et Louis XV entre autres. Elle s’en explique d’ailleurs dans une postface fort intéressante en forme de « making of » où elle raconte la genèse de son opus et démêle le vrai du faux des emprunts historiques. Un ouvrage à conseiller absolument aux amateurs du genre ne serait-ce que pour le style inimitable de l’auteur.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

GOUVERNER PAR LES FAKE NEWS (JACQUES BAUD)

Le résumé du livre

C’est l’invasion soviétique de l’Afghanistan qui a conduit la création d’Al-Qaïda : faux. Les Etats-Unis avaient commencé la déstabilisation du pays bien avant ! L’Iran est le pays le plus dangereux du monde et en fait beaucoup plus dangereux que l’Etat Islamique. Il veut détruire Israël. Il reste le principal promoteur du terrorisme international : encore faux. Le terrorisme djihadiste se produit sans grande raison, juste pour terroriser les gens : toujours faux. C’est la réponse logique aux interventions en Irak, Libye ou Syrie, aux bombardements de populations civiles qui sont considérés comme des actes lâches et menés sans véritable mandat des Nations Unies. Le conflit en Syrie a été déclenché en 2011 par la répression de pacifiques manifestations… Bachar al-Assad massacre son propre peuple… Il utilise des armes chimiques contre sa propre population… La France ne soutient que des rebelles « modérés »… Les « Casques blancs » sont neutres, impartiaux et apolitiques… La France est en Irak et en Syrie pour combattre l’Etat Islamique… Accumulation de mensonges, propagande et fausses nouvelles !

Ma critique

« Gouverner par les fake-news » est un essai de géopolitique proposé par un expert suisse des relations internationales, ancien agent des services secrets. Autant dire que Jacques Baud sait de quoi il parle. En atteste d’ailleurs tout un attirail de notes en références au bas de toutes les pages de son livre. Il s’attache à démontrer la fausseté des narratifs que l’on nous a servis depuis 30 ans au sujet de l’Afghanistan, du Darfour, de l’Iran, de la Syrie (il y consacre d’ailleurs une très importante partie de l’ouvrage), des attentats terroristes en France, mais aussi de la Russie, de l’Ukraine, de la Corée du Nord et du Vénézuéla. Ainsi nous a-t-on menti à peu près sur tout. On s’en doutait peu ou prou, mais le découvrir ainsi dans sa triste laideur n’est pas loin de provoquer la nausée. Le pouvoir ment pour justifier des politiques mal conçues, des interventions inutiles, hasardeuses et mêmes dangereuses à terme pour la population. Les médias cautionnent en répercutant les mensonges gouvernementaux sans même vérifier. Au lieu de faits vérifiés, les journalistes apportent des professions de foi. Et pire, une part importante de la population accepte qu’on lui cache la vérité. Nous voilà aux antipodes de l’Etat de Droit dont tout le monde se revendique pourtant. À conseiller aux chercheurs de vérité !

Ma note

4,5/5

voyages

LE PÈLERIN DE SAMARCANDE (GEOFFREY MOORHOUSE)

Le résumé du livre

En 1989, l’auteur obtient l’autorisation de voyager librement en Asie centrale. Il est accompagné d’un guide parfaitement bilingue, Evguéni. Son récit débute dans la cathédrale orthodoxe d’Alma-Ata où il découvre la ferveur remarquable des fidèles et la beauté des chants liturgiques jamais accompagnés du moindre instrument de musique. Il rencontre des Allemands dont les ancêtres vinrent s’installer sur les bords de la Volga à la demande de Pierre le Grand qui voulait moderniser son pays grâce à eux. Craignant qu’ils ne passent dans le camp d’Hitler, Staline les déporta en masse au Kazakhstan, séparant maris et femmes, parents et enfants. Il se retrouve juge d’un concours de beauté féminine dans lequel, les candidates, toutes très jolies, commencent leur prestation dans de très sages tenues traditionnelles et la terminent en jeans moulants et chemisiers transparents en se déhanchant sur de la musique disco… Le périple s’achèvera au monastère de Zagorsk, histoire de boucler la boucle.

Ma critique

« Le pèlerin de Samarcande » est un récit de voyage fort intéressant qui permet au lecteur de rêver de grands espaces, d’horizons lointains et de mœurs bien différentes des nôtres. Difficile de dire si le géographique avec ses descriptions de paysages et de cités mythiques comme Boukhara, Alma-Ata, Merv ou Samarcande, l’emporte sur l’historique avec ses évocations de célébrités comme Tamerlan, Gengis-Khan, Kubilaï Kahn et autres. Le lecteur sera sûrement intéressé par les nombreuses anecdotes, souvent cruelles, rapportées sur ces grands personnages qui n’hésitèrent pas à raser des cités entières, à trucider la totalité de ses habitants et à empiler les crânes des malheureux vaincus. La palme de la cruauté et de la barbarie revient sans conteste à l’émir Nasrullah, très imaginatif dans les supplices, qui jeta dans un cul de basse fosse deux négociateurs britanniques Stoddart et Conolly qui eurent la malchance de lui déplaire. Après trois ans et demi de mauvais traitements, ils finirent décapités. Le lecteur apprendra également pas mal de choses sur le « Grand Jeu », cette rivalité entre l’Angleterre et la Russie pour la maîtrise de ces territoires. Même si le style reste assez descriptif, le plaisir de lecture est présent si l’on aime la littérature de voyage bien sûr.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA FRANCE N’A PAS DIT SON DERNIER MOT (ERIC ZEMMOUR)

Le résumé du livre

Après le retentissant succès du « Suicide français », Eric Zemmour pensait naïvement avoir gagné la bataille des idées. Très vite, il comprit qu’il n’en était rien. Bien que battue en brèche, la doxa, la pensée unique ne s’en montra que plus que plus insistante en martelant ses principaux dogmes : la race n’existe pas, mais les racistes existent. Seuls les Blancs sont racistes. L’identité – qu’elle soit ethnique ou sexuelle – ne doit pas être figée. L’école a pour principale mission de lutter contre les inégalités. La virilité est toxique. L’Islam est une religion d’amour, de tolérance et de paix. Le capitalisme et le patriarcat tyrannisent les femmes comme ils détruisent la planète. Il n’y a pas de culture française ; il y a des cultures en France. L’immigration est une chance pour la France. La France ne peut rien sans l’Europe.

Ma critique

Le nouvel opus d’Eric Zemmour qui, semble-t-il, rencontre un vif succès, se présente comme une suite d’articles, de billets d’humeur, ou de notes prises à la volée couvrant les années 2005 à 2020. Tout commence sous Chirac avec l’arrivée du journaliste d’abord chez Ardisson, puis chez Ruquier, pour se terminer sous Macron avec sa quotidienne de Cnews. Le lecteur est convié à suivre l’auteur dans une longue suite de dîners en ville en compagnie de gens plus ou moins célèbres. Cela sert de prétexte à croquer le portrait d’un grand nombre d’hommes politiques (Pasqua, Séguin, Chirac, Sarkozy, Devedjian, Lemaire, etc) ou de personnalités (Minc, Todd et autres), tout en abordant quelques épisodes marquants comme le divorce de Sarkozy, l’affaire Baudis, le problème du Kossovo, le retour de la France dans l’OTAN. On l’aura compris, c’est un peu la politique vue par le petit bout de la lorgnette. La révolte des gilets jaunes tout comme la crise sanitaire n’ont droit qu’à quelques pages assez décevantes. Seule la conclusion, en forme de déclaration d’amour à la France et même d’une esquisse de programme politique, attire l’attention. Le polémiste vilipendé par la gauche n’aurait-il pas dit son dernier mot ?

Ma note

3,5/5

TEMOIGNAGE

Les ennuis du capitaine de gendarmerie Barril commencèrent avec la prise d’otages de La Mecque alors qu’il était conseiller « en coups tordus » auprès des services spéciaux saoudiens. Pour déloger les terroristes cachés dans les immenses sous-sols, il pense d’abord les noyer en les remplissant d’eau. Mais comme cela ne fonctionne pas, il finit par les asphyxier au gaz. 1981 est une année noire pour les dirigeants de la planète : attentat contre Ronald Reagan, contre le pape Jean-Paul II et contre Anouar El-Sadate. En France, les socialistes craignent pour la sécurité du président Mitterrand nouvellement élu. Ils n’ont qu’une confiance relative dans les policiers détachés au service des « Voyages officiels ». D’où l’idée de faire appel à la gendarmerie. Prouteau met en place une émanation du GIGN, le GSPR (Groupement de Sécurité de la Présidence de la République), un groupement d’éléments sûrs qui ne dépend plus que de Gilles Ménage, conseiller particulier du Président, éminence grise tout à fait hostile à Barril et à son ami Grossouvre. Au fil du temps, la mission de ce groupe va évoluer en lutte contre le terrorisme puis en police politique avec le scandale des écoutes téléphoniques et autres.

« Guerres secrètes à l’Elysée » est le témoignage d’un militaire honnête qui, s’estimant injustement accusé de toutes sortes de choses fausses n’a eu de cesse de se défendre pour sauver son honneur bafoué. Il ne fit partie que peu de temps de cette cellule, mais cela ne l’empêcha pas de découvrir des quantités d’affaires louches comme les disparitions étranges de Grossouvre (crime maquillé en suicide au sein même du Palais sans que personne ne se rende compte de rien), de Bérégovoy ou de Roger Patrice Pelat, financier occulte de Mitterand, comme les tristement célèbres écoutes téléphoniques, l’affaire Urba, celle des Irlandais de Vincennes, celle du Carrefour du développement, celle des missiles, celle du sang contaminé et surtout celle du « Rainbow Warrior » qui mit en cause ses frères d’armes, les nageurs de combat de la base d’Aspretto. Barril balance à tout-va, cite des noms, détaille les turpides et la corruption d’un pouvoir qui se permet à peu près tout et n’importe quoi. De nombreuses pages sont consacrées à la défense de l’honneur des nageurs de combat et de celui de son ami Grossouvre. Il pousse l’honnêteté jusqu’à présenter les deux versions de l’engagement dans la Résistance de celui-ci. Nous ne saurons d’ailleurs sans doute jamais la vérité, le manuscrit qu’écrivait Grossouvre et toutes ses archives ayant fort opportunément disparus à sa mort ! Au total, un document passionnant à verser aux archives de l’Histoire contemporaine.

4/5

ESSAIS

LE DÉFI MÉDICAL DU XXIe SIÈCLE (JACQUES BAUGE-PREVOST)

Le résumé du livre

Avec la crise sanitaire que nous vivons se pose de plus en plus la question de l’avenir de la médecine et surtout de la confiance que l’on peut accorder aux médecins dits « classiques ». Quelles sont les réformes et les innovations nécessaires ? De qui et de quoi devons-nous attendre le dénouement de la crise que nous vivons ? Quelle sera la place de la santé publique dans le monde de demain ? En médecine, il n’y a pas deux cas identiques. La personnalité du patient tout comme son pouvoir de guérison sont différents pour chacun d’entre nous. Les souffrances comme la maladie sont des processus naturels qui peuvent même devenir des lieux de croissance et d’amélioration à terme de la santé. Une médecine digne de ce nom doit être traditionnelle, privée, indépendante, diversifiée et non pas officielle, fonctionnarisée et monopolisante. « En médecine allopathique, le caractère de fonctionnaire et d’urgence du métier qu’il pratique fait du médecin d’aujourd’hui un infirmier spécialisé », ose déclarer l’auteur.

Ma critique

« Le défi médical du XXIè siècle » est un essai de vulgarisation médicale en forme de plaidoyer en faveur de la naturothérapie. Faut-il comprendre par là « naturopathie », ce n’est pas certain dans la mesure où cet équivalent français ne vient pas du grec, mais de l’anglais et signifie seulement « voie naturelle » (« path »). Tout est bon pour étayer le propos de Jacques Baugé-Prévost : l’étude de la Bible, l’archéologie, l’anthropologie, la chimie, la biologie, la théorie du « big-bang » et j’en passe ! L’auteur se réclame de la lignée du Dr Shelton, célèbre pour ses travaux sur le jeûne et de Rudolf Steiner, l’anthroposophe. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage un chapitre très intéressant sur l’alimentation (végétale, vivante et variée de préférence) et la diététique (éviter les calories vides présentes dans le sucre et les graisses entre autres), sans oublier des exercices gymniques avec des « massues » et même de la musicothérapie. Un autre chapitre est consacré à un hommage à Alexis Carrel, Jean Rostand, Fernand Seguin et un certain John Grimak, culturiste champion en 1948, bien avant la mode des stéroïdes ! L’ouvrage se termine sur une description du cursus d’études permettant d’obtenir le diplôme de naturothérapeute ainsi qu’un glossaire fort utile et une bibliographie assez copieuse. Ensemble intéressant sans plus.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

PANDÉMIE, UNE TENTATIVE ÉCHOUÉE (JANE BURGERMEISTER)

Le résumé du livre

D’abord l’OMS déclare qu’un virus inconnu est la cause d’une maladie infectieuse extrêmement grave, une pandémie dont on a abaissé les critères pour les besoins de la cause, puis elle déclare qu’il n’y a aucun traitement valable donc qu’il faut impérativement faire appel à des vaccins. Finalement, elle prend des dispositions pour l’administration de ces vaccins par le chantage, la coercition et, si besoin est, carrément par la force. Mais qui finance l’OMS ? Les états n’y contribuent que pour une très faible part. Les riches donateurs, les fondations (Rockefeller, Gates et autres) pour la majeure partie. Bizarrement, ce sont les mêmes qui financent les médias mainstream lesquels ne diffusent que la bonne parole de gouvernements eux-mêmes corrompus par les précédents. Et ainsi la boucle est bouclée…

Ma critique

« Pandémie, une tentative échouée » est un essai sur le phénomène récurrent des pandémies et leur but inavoué : vacciner un maximum de gens pour le plus grand bonheur des compagnies pharmaceutiques qui voient ainsi leurs profits et leurs dividendes s’envoler. Peu importe ce que contiennent leurs injections. Mercure et squalène qui eurent de terribles conséquences sur les militaires revenant de la guerre du Golfe. Et maintenant le graphène aux effets secondaires dangereux comme les thromboses et autres myocardites. La force de cet ouvrage est de rappeler tout le processus des précédentes pandémies comme les grippes porcine et aviaire, ce qui permet au lecteur de mieux comprendre tout ce qui est en train de se passer maintenant et de mesurer combien nos dirigeants ont de la suite dans les idées. Ouvrage intéressant, mais qui aurait mérité de plus larges développements.

Ma note

3,5/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

GLOBALEMENT INOFFENSIVE (DOUGLAS ADAMS)

Le résumé du livre

Tricia McMillan, présentatrice télé britannique, souhaiterait être embauchée par une chaine américaine histoire de voir son salaire décuplé. Pour l’heure, elle vient d’interviewer une certaine Gail Andrews laquelle demande peu après à la retrouver au bar de son hôtel. Elle veut dissiper un malentendu entre elles deux et surtout savoir pourquoi Tricia s’est montrée aussi déplaisante à son égard. Elle apprend que c’est à cause de ses prises de position en faveur de l’astrologie. Quelque temps plus tard, un vaisseau spatial atterrit dans le jardin de Tricia. Trois extra-terrestres en sortent. Croyant tenir le scoop du siècle, la jeune femme se précipite sur sa caméra et sur son magnétophone. Mais elle se retrouve largement déçue quand elle apprend que ces trois visiteurs ne connaissent même pas leurs noms ni celui de leur chef, qu’ils ne savent pas d’où ils viennent ni même où ils vont. Ils n’ont qu’une certitude : ils sont ici pour emmener Tricia avec eux !

Ma critique

« Globalement inoffensive », cinquième et dernier volume de la saga « H2G2 » n’apporte pas grand-chose de nouveau à l’ensemble, si ce n’est quelques personnages féminins supplémentaires qui apparaissent un temps pour mieux disparaître ensuite. En effet, l’intrigue reste à nouveau sans consistance, mais le lecteur n’est pas là pour l’histoire. L’humour british fait de nonsense, de paradoxes et d’auto-dérision est encore là, mais semble-t-il avec moins de fréquence et de puissance. Une sorte de lassitude semble avoir saisi l’auteur qui ne fait que reprendre des situations déjà plusieurs fois exploitées. Rien de nouveau, rien de surprenant sous le soleil. La fin qui aurait pu donner lieu à une chute surprenante est aussi décevante que le reste. Tout cela tire un peu trop à la ligne et l’ennui du lecteur s’insinue carrément en raison de toute cette monotonie. On fait « ouf » d’être arrivé au bout de ces 1100 pages qui auraient gagné à être réduites de moitié au moins !

Ma note

3/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

SALUT, ET ENCORE MERCI POUR LE POISSON (DOUGLAS ADAMS)

Le résumé du livre

Arthur Dent se retrouve sur terre à six kilomètres de son village. Sa maison est toujours là. Sa boîte aux lettres est pleine de factures et de prospectus. Il retrouve sa chambre et s’étend sur le lit qui sent le moisi. À part la présence d’une épaisse couche de poussière et de pas mal de choses pourries ou mortes comme le chat, rien n’a vraiment changé. Il trouve un joli bocal dans un carton. Il le remplit d’eau du robinet et y place le babbelfish qu’il a dans l’oreille à titre de traducteur avant de s’endormir. Le lendemain, il enterre le chat, essaie d’obtenir des nouvelles de Fenella ou Fenny et finit par aller au pub où il raconte qu’il a fait un long séjour en Californie. Là-bas, les Californiens ont redécouvert l’alchimie. Il prétend même qu’ils ont trouvé comment transformer en or l’excès de graisse corporelle !

Ma critique

« Salut, et encore merci pour le poisson », quatrième tome de la saga « H2G2 », est un roman de science-fiction humoristique qui ne s’embarrasse ni de logique ni de vraisemblance. La terre a été pulvérisée pour former une déviation spatiale, cela n’empêche nullement Arthur d’y revenir d’abord dans une caverne, puis carrément chez lui ! Avec Douglas Adams, on fait fi du temps et de l’espace. L’ennui, c’est que tout ça donne un peu beaucoup l’impression de tourner en rond, que l’intrigue est toujours aussi peu travaillée. Résultat : le lecteur, au fil des tomes, est de moins en moins surpris des trucs, ficelles et astuces drôlatiques de l’auteur. Seule originalité de cet opus, l’amourette, décalée bien sûr, entre Fenny ou Fenchurch, on ne sait trop, et le héros principal, Arthur Dent. Un peu mince pour sortir d’une monotonie qui commence un peu à lasser les meilleures volontés.

Ma note

3/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

LA VIE, L’UNIVERS ET LE RESTE (DOUGLAS ADAMS)

Le résumé du livre

Comme tous les matins depuis quatre ans, Arthur Dent se réveille en poussant un cri d’horreur dans sa caverne, sise au beau milieu d’Islington. Il a perdu de vue son ami et complice Ford Perfect. Et voilà qu’apparait un long vaisseau spatial argenté d’où descend un être étrange appelé Wowbagger l’Infiniment Prolongé, qui s’approche de lui juste pour lui lancer : « Vous êtes un ringard ! Un vrai trou du cul ! » avant de tourner casaque, de remonter dans son vaisseau et de repartir dans l’espace laissant un Arthur Dent complètement abasourdi d’une telle apparition. Peu après, c’est au tour de Ford Perfect de réapparaitre. Il explique que pendant quinze jours, il a décidé d’être un citron et de s’amuser à faire des plongeons dans un lac qui s’imaginait être rempli de gin-tonic…

Ma critique

On l’aura compris avec ce résumé, « La vie, l’univers et le reste » est un roman humoristique tout aussi dingue et barré que tous les autres de la trilogie en cinq volumes H2G2. Même si cette pochade se lit avec un certain plaisir, au fil des volumes, une légère lassitude commence à s’installer sournoisement. Douglas Adams est bien un maître de l’humour british, constitué d’une accumulation d’absurdités, de « nonsense » et de dérision vaguement philosophique. L’ennui, c’est qu’il recourt toujours aux mêmes procédés et que les intrigues manquent de consistance. Après tout, le but n’est pas de raconter une histoire, mais de divaguer au fil de la plume et des délires de l’auteur. Le lecteur suit ou ne suit pas, s’en amuse ou pas. On sourit parfois, mais on commence à rire de moins en moins. Dommage.

Ma note

3/5

AVENTURESEXPLORATIONSTEMOIGNAGEvoyages

AFRICA TREK 2 (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Au pied du Kilimandjaro, le couple de marcheurs au long cours a déjà parcouru plus de 7000 km et il leur en reste autant devant eux. Plus de routes, plus de chemin, plus rien, juste le domaine des Masaïs, du moins ceux qui vivent encore vraiment libres, avec leurs troupeaux, dans leurs enkaïs, sorte de villages de cases clos par une enceinte d’épineux tressés. Les autres sont en représentation pour les touristes. On raconte à tort que les authentiques boivent le sang à la jugulaire de leurs taureaux. En fait, cela ne se pratique plus que dans certains rituels très rares, les Masaïs authentiques étant plutôt végétariens. L’initiation des jeunes consiste à essayer de trucider un ou deux lions à l’aide d’un casse-tête ou d’une lance. Dans le Rift du Ngorongoro, le danger est partout présent. En plus des lions, il y a les serpents et les hippopotames qui chargent facilement. Sonia et Alexandre échapperont presque par miracle à plusieurs attaques, ce qui ne sera pas le cas d’un couple d’Allemands dont la femme sera grièvement blessée, ni celle d’un couple d’Anglais attaqués et battus à mort par des bandits juste pour les dépouiller. Mais heureusement, nos deux marcheurs auront la chance de croiser la route d’un grand nombre de bons samaritains qui leur sauvèrent la mise à de nombreuses reprises…

Ma critique

« Africa Trek 2 » est la deuxième partie d’un récit de voyage absolument passionnant. Quel courage et quelle persévérance fallut-il à ce jeune couple pour parvenir à réaliser pareil exploit ! Chaque pays, presque chaque kilomètre présenta son lot de souffrances. L’accueil des populations souvent généreux eut quelques exceptions qui confirmèrent la règle. Je ne citerai que la traversée de l’Ethiopie qui fut marquée par des attaques permanentes de bandes d’enfants haineux leur lançant des pierres et les chassant de tous les villages qu’ils traversaient juste parce qu’ils étaient blancs ! Celle de l’Egypte ne fut pas non plus une partie de plaisir, car ils furent contraints de subir en permanence une escorte policière fort pesante qui utilisa même un engin blindé pour les accompagner. Plusieurs pages sont consacrées à présenter la liste de tous les hôtes et hôtesses qui les accueillirent, souvent des congrégations religieuses, des prêtres, des pasteurs, des popes et des imams, mais aussi de petites gens pauvres mais généreux. Livre intéressant pour les amateurs de voyage à pied, dernière véritable aventure humaine, et de grands espaces.

Ma note

4/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

LE DERNIER RESTAURANT AVANT LA FIN DU MONDE (DOUGLAS ADAMS)

Le résumé du livre

Eternelle menace pour les voyageurs galactiques, le capitaine vogon Prostetnic Jeltz du Conseil de planification hyperspatiale n’est pas quelqu’un dont il soit souhaitable de croiser la trajectoire. Son dernier exploit en date a été de démolir la prétendue planète Terre. Malheureusement le vaisseau spatial « Le cœur en or » avec ses propulseurs à générateurs d’improbabilité infinie est dans son collimateur. À son bord, Zaphod Beeblebox, ex-président de la galaxie et voleur de l’engin en question, Arthur Dent qui recherche désespérément une tasse de thé digne de cette dénomination auprès d’une machine qui ne produit que d’improbables breuvages, Ford et Marvin, le robot dépressif. En fait rien ne va vraiment bien à bord. Ainsi, l’ascenseur auquel on demande de monter ne désire que descendre, sans parler des mille et unes autres choses qui ne fonctionnent jamais comme il faudrait.

Ma critique

« Le dernier restaurant avant la fin du monde » est en quelque sorte la suite du « Guide du voyageur galactique », toujours dans la science-fiction déjantée et parodique. L’intrigue n’a qu’une importance secondaire. Elle fonctionne toujours un peu sur le même schéma. Les héros sont en permanence à une minute ou deux d’une catastrophe imminente dont ils n’ont pas la moindre chance de se sortir vivants. Cela n’empêche pas Adams de digresser sur toutes sortes de sujets plus futiles ou plus légers les uns que les autres. Si l’on se laisse prendre au jeu du « nonsense » et de l’humour anglais, on peut se laisser entrainer et bien apprécier. L’ennui, c’est que la technique tourne un peu au procédé redondant qui peut même finir par sembler lourd, ce qui est un comble pour un humour réputé « fin ». Mais l’ennui finit toujours par naître de la répétition.

Ma note

4/5

DIVERS

REINE KANNON KA, LA VERITE INTERDITE (APOLLO BLUESKIN)

Le résumé du livre

Il y a huit mille ans, un gigantesque vaisseau spatial de 500 m de long est contraint de se poser en catastrophe sur terre, en Egypte, près de Sakkara, en raison d’une avarie technique. Alertés par la violence du crash, les populations environnantes se précipitent, mais en restant prudemment à distance. Des êtres très semblables à des humains en sortent pour constater les dégâts. Ils disposent d’objets qui dégagent de la lumière et de l’énergie et même de mini-embarcations volantes qui vont leur permettre d’explorer toute la terre dans l’espoir de découvrir les ressources nécessaires à la remise en état de leur engin. Les hommes les considèrent immédiatement comme des dieux. Leur séjour parmi nous va se prolonger au fil du temps, au point qu’à toutes les époques on trouvera trace de l’influence bienfaisante des extra-terrestres dans toutes les grandes réalisations architecturales de l’humanité et dans toutes ses avancées technologiques, politiques ou sociales. Les dieux ne lâcheront plus les humains. Et la très belle Kannon Ka mènera le bal.

Ma critique

Cet ouvrage qui se veut exhaustif a pour unique originalité d’être inclassable. Ce n’est pas un roman, bien que tout relève de la fiction, ce n’est pas un essai, car les libertés prises avec l’Histoire sont trop énormes. Tout doit passer à la moulinette de la bienfaisante influence des dieux quitte à totalement tordre la vérité historique. Ainsi, le Christ (demi extra-terrestre) est sorti de son tombeau par deux lions géants. Jeanne d’Arc n’a pas été brûlée à Rouen, on lui a substitué une remplaçante. La Grande Armée n’a pas été vaincue par le froid en Russie, mais par la magie de Kannon Ka. Laquelle a servi de modèle pour la statue de la Liberté malgré sa peau noire. Elle apparaitra ensuite à Lourdes, Fatima, Medjugordje et des dizaines d’autres lieux. Et partout les voyants durent avoir la berlue. Personne ne nota qu’elle était noire ! Quelques exemples pour illustrer à quel niveau de n’importe quoi on tombe ! Le fond étant si faible, la forme compense-t-elle un peu ? Pas du tout. On tombe de Charybde en Sylla. C’est plat, lourd, sans relief ni qualité. Les erreurs grammaticales et lexicales sont innombrables. Sans parler des insupportables répétitions, en particulier celles sur la beauté sublime de la déesse ainsi que sur sa couleur de peau. Ça vire à l’obsession et c’est particulièrement agaçant pour le malheureux lecteur qui doit se faire violence pour arriver au bout de ce véritable pensum !

Ma note

1,5/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

LE GUIDE DU VOYAGEUR GALACTIQUE (DOUGLAS ADAMS)

Le résumé du livre

Rien ne va plus sur la Terre pour Arthur Dent, Anglais tout ce qu’il y a de moyen et de banal. La mairie a décidé de raser sa maison pour pouvoir construire à la place une bretelle d’autoroute. Le chef de chantier est sur place, accompagné de ses ouvriers. Déjà, les bulldozers font vrombir leurs moteurs. C’est trop injuste pour Arthur qui décide de s’étendre dans la boue devant les mastodontes d’acier pour les empêcher de détruire sa maison. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Ford son meilleur ami, astrostoppeur natif de Bételgueuse et exilé depuis 15 ans sur Terre, lui annonce froidement que celle-ci va être détruite dans les deux minutes qui suivent. Déjà d’énormes engins se rassemblent dans le ciel avec des intentions fort peu pacifiques.

Ma critique

« Le guide du voyageur galactique » est un roman de science-fiction humoristique, parodique et complètement décalé qui peut se révéler un régal pour qui aime ce genre très particulier. Nous sommes en effet dans le registre de l’humour british le plus loufoque, le plus barré, en plein « nonsense » tout au long d’une histoire sans queue ni tête. Les personnages se retrouvent dans toutes sortes de situations improbables et s’en sortent toujours, même au prix de contorsions d’une totale invraisemblance. Rationalité, logique et vraisemblance sont bien sûr le cadet des soucis de Douglas Adams qui préfère rire de tout, pour le plus grand plaisir du lecteur. On notera une certaine parenté d’inspiration avec le regretté Terry Pratchett et avec l’excellent Neil Gaiman. Et, à certains moments, j’ai même eu l’impression de me retrouver avec une bande de Shadoks sur la planète du Petit Prince ! C’est dire…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

ATLAS DU MONDIALISME (PIERRE HILLARD)

Le résumé du livre

Saviez-vous qu’à la Révolution, avant de découper la France en départements, le premier projet fut un quadrillage parfaitement géométrique du territoire ? Même après quelques aménagements pour s’adapter quelque peu à la réalité du terrain, le maillage obtenu donna un charcutage complètement artificiel, ce qui n’était pas le cas des anciennes provinces qui avaient une histoire et de profondes attaches avec le pays réel. On dit aussi que pour complaire aux directives européennes, un certain François Hollande redessina les « régions », sorte de nouveaux « länders » sur une simple nappe de restaurant ! Saviez-vous aussi que l’affaire du Bagdad-Bahn, projet ferroviaire allemand devant relier Hambourg à Bagdad et même au Koweit, fut le parfait exemple de la lutte à mort que les thalassocraties anglo-saxonnes livrèrent aux empires centraux pour atteindre une suprématie absolue sur le pétrole du Moyen-Orient. Saviez-vous pourquoi « Les 300 propositions pour la France » de la commission Attali étaient en réalité 316 ? Lu à la manière hébraïque, de droite à gauche, ce chiffre donne 613, soit le nombre exact des prescriptions de la Torah. Humour d’une éminence grise qui aime à raconter des histoires de vente de pantalons à une seule jambe…

Ma critique

« Atlas du Mondialisme » est un essai de géostratégie et de politique particulièrement fouillé et détaillé. On y trouve de très nombreuses cartes, notes et autres documents rares. Pierre Hillard s’est particulièrement attaché à explorer l’aspect historique de la question. Car toute cette affaire ne date pas de la crise sanitaire ni des élucubrations d’un certain Klaus Schwab. Elle remonte à très loin dans le temps, aux hérésies, à Luther, aux sociétés secrètes, à la Révolution de 1789. Le nazisme et le bolchevisme furent des étapes évidentes du processus. Bien qu’édité en 2016 et donc un peu daté en raison des nouveaux développements, cet ouvrage demeure une référence ne serait-ce que par les recherches menées et les découvertes qui sont toujours d’actualité. Ainsi, le lecteur découvrira-t-il qu’il n’y a pas qu’un seul et unique mondialisme, celui orchestré par les Etats-Unis et la Cité de Londres, mais au moins deux. Le second, mené par la Russie de Poutine avec la Chine comme arbitre, se veut plus comme un bloc de puissances souveraines refusant de se dissoudre dans l’empire américain. Hillard en conclut que « le mondialisme est un messianisme. C’est l’enfer contre lui-même. » Peut-on y trouver une lueur d’espoir ?

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA MALADIE CHERCHE A ME GUÉRIR (PHILIPPE DRANSART)

Le résumé du livre

Nous commençons peu à peu à admettre que certaines de nos maladies peuvent être classées comme psycho-somatiques et que notre psychisme peut parfois influer fortement sur notre santé. Le docteur Philippe Dransart va nettement plus loin dans sa démarche. Pour lui, tous nos maux relèvent de ce cas de figure. Notre esprit et notre corps ne font qu’un. Ils sont même en perpétuel dialogue. L’un entrainant l’autre et réciproquement. En appui à sa thèse, il évoque cette patiente qui n’arrivait pas à se débarrasser d’un orgelet à cause d’une la mère trop envahissante qui lui « sortait par les yeux ». Ou cette autre femme qui souffrait de problèmes cardiaques depuis que son compagnon l’avait abandonnée sans un mot et lui avait « fendu le cœur ». Ou encore ce chef d’entreprise, trahi par son associé et épuisé par ses responsabilités, qui déclarait en avoir « plein le dos » et qui souffrait depuis cette affaire de… lombalgie. Et tant d’autres…

Ma critique

« La maladie cherche à nous guérir » est un essai de vulgarisation médicale fort intéressant surtout par les anecdotes et les cas cliniques évoqués. Tous laissent rêveur le lecteur qui apprendra beaucoup de choses sur la santé et les rapports entre l’âme (le soma, la psyché) et le corps. Souvent celui-ci exprime des choses que le patient refoule ou ignore. Ce phénomène de somatisation est troublant. Quelquefois, il suffit de résoudre le problème psychologique pour que la maladie ou le désordre fonctionnel disparaisse comme par enchantement. Mais le plus souvent, comme le reconnaît très honnêtement Philippe Dransart, il faut recourir à la médecine pour remédier tout à fait classiquement à cette souffrance d’origine psychologique, mais bien réelle. Ouvrage intéressant ne serait-ce que pour nous rappeler la complexité de l’humain et la noblesse de la vocation médicale.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMANCE

L’ÉTÉ DE NOS VINGT ANS (CHRISTIAN SIGNOL)

Le résumé du livre

Eté 1939. Antoine, 19 ans et son ami d’enfance Charles rencontrent Séverine lors d’une promenade à vélo en Dordogne, du côté de Montignac. Entre les trois jeunes gens s’instaure une belle amitié qui va bientôt se transformer en une histoire d’amour pour Charles et Séverine. Leur bac en poche, les deux garçons partent étudier le droit à Bordeaux pendant que Séverine obtient son premier poste d’institutrice dans un petit village proche de Périgueux. Les hostilités arrivant, Charles et Antoine devancent l’appel et se retrouvent artilleurs dans l’Aube. Mais, alors qu’ils n’ont même pas commencé à combattre, leur chef décide de se rendre à l’ennemi. Refusant de se retrouver prisonniers, les deux jeunes gens s’enfuient, traversent la France à pied, arrivent en Espagne puis au Portugal. Grâce à diverses complicités, ils se retrouvent en Grande-Bretagne. Après une longue période de probation, ils sont recrutés par le SOE (Special Operations Executive) nouvellement créé par Churchill pour mener des opérations de guérilla et de sabotages en territoire occupé. Les deux amis sont enchantés de pouvoir reprendre le combat et de peut-être retrouver Séverine…

Ma critique

« L’été de nos vingt ans » est un roman de terroir avec un important volet historique et sentimental. L’auteur précise bien en fin de volume que tous les éléments historiques lui viennent de son propre père, « résistant des groupes Vény sur les causses du Lot, réseau Buckmaster ». Le lecteur a donc droit à une forme d’historicité très romancée. Et là n’est peut-être pas le meilleur de cet ouvrage. On aimerait en savoir plus sur ce service secret peu connu, mais on reste sur sa faim. Les deux héros n’arrêtent pas de franchir le Channel dans les deux sens sans la moindre difficulté jusqu’au jour où… Mais stop ne déflorons pas. La fin dramatique rachète un peu la faiblesse de cette histoire à la « Jules et Jim ». Beaucoup de bons sentiments, de fidélité (l’amour au-delà de la mort), de courage, d’abnégation. On l’aura compris le sentimental l’emporte largement, même sur le côté terroir qui ne sert que de décor. Ce genre d’histoire peut plaire à un certain public. Les autres auront aussi vite lu qu’oublié ce titre.

Ma note

3/5

ESSAIS

LES RAISONS CACHÉES DU DÉSORDRE MONDIAL (VALÉRIE BUGAULT)

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Le résumé du livre

L’idée de démocratie a-t-elle cédé le pas au chaos universel, fait de guerres économiques, de terrorisme, d’interventions militaires « préventives », de révolutions colorées, de pandémies orchestrées, etc ? Les hommes d’État élus à intervalles réguliers prennent-ils leurs ordres auprès d’oligarques milliardaires qui restent dans l’ombre ? Les états-nations ne sont-ils plus que des coquilles vides ? Les multinationales ont-elles plus de pouvoir que les gouvernements ? Le Brexit est-il une vraie ou une fausse bonne nouvelle ? L’Etat peut-il résister au pouvoir des banques ? La présence d’une banque centrale, toujours aux mains de banquiers privés, est-elle compatible avec la souveraineté étatique ? Ce livre tente de répondre à toutes ces questions et à quelques autres sur la liberté, la souveraineté et la fin des civilisations en raison de l’accaparement des richesses par une infime minorité.

Ma critique

« Les raisons cachées du désordre mondial » est un essai de géopolitique et d’économie composé d’une trentaine d’articles, entretiens et de conférences tous complémentaires même s’ils sont un peu redondants et déjà datés (2016/2017). Les analyses de Valérie Bugault sont intéressantes. Ses arguments sont fondés et bien étayés. Un imposant appareil de notes et de références en atteste. Sans aucun doute, ce désordre mondial organisé depuis plus de deux siècles (avec la Révolution Française et sa destruction de l’ordre ancien, la France est passée du principe de l’être à celui de l’avoir au profit d’une petite bourgeoisie, inspirée par les financiers de l’époque, qui se débarrassa des deux ordres, noblesse et clergé, sur lesquels reposait un certain équilibre) n’est là que pour faire advenir un « nouvel ordre mondial » toujours plus favorable à l’oligarchie et toujours plus néfaste aux peuples dépossédés de tout et même de leurs libertés les plus élémentaires. Aux côtés de démonstrations convaincantes, le lecteur découvrira des analyses plus discutables comme celle du Brexit qui aurait été voulu par l’oligarchie pour mieux renforcer l’union européenne, ou comme celle du démantèlement de l’empire américain par l’abandon du dollar comme monnaie mondiale au profit d’un panier de devises regroupées sous le nom de « Phénix », ou encore comme le fait que la City de Londres aurait seule la haute main sur l’ensemble de la finance internationale, sans parler de la Chine comme futur maître du monde, mais toujours sous la coupe des mêmes (jamais cités précisément d’ailleurs !). Plus intéressante est la dernière partie, celle des « solutions » pour rétablir démocratie, souveraineté, indépendance et liberté. Dommage que toutes les propositions restent dans un flou aussi théorique que chimérique. On peut toujours rêver !

Ma note

3,5/5

 

ESSAIS

RETOUR AU MEILLEUR DES MONDES (ALDOUS HUXLEY)

Le résumé du livre

La surpopulation entrainerait-elle automatiquement une instauration de la tyrannie dans les démocraties occidentales ? De quelle manière la propagande aussi bien dans un cadre démocratique que dans un cadre dictatorial entrera-t-elle dans tous les processus de gouvernement ? De quelle manière fonctionnera la publicité, le « merchandizing » ? Quelles seront les méthodes les plus insidieuses de lavage de cerveaux des peuples ? Quid de la persuasion chimique, de l’utilisation des drogues (le fameux « soma » multi-fonction n’existant que dans l’imagination d’Huxley, a déjà de nombreux équivalents, cannabis, cocaïne, amphétamines, crack, LSD, et autres) ? De la persuasion subconsciente, images subliminales, matraquage de concepts, de notions répétées ad nauseam ? L’hypnopédie, c’est-à-dire l’enseignement pendant le sommeil, est-elle vraiment opérationnelle ? Ne peut-on pas conditionner les esprits sous hypnose ou dans un pré-sommeil ? L’instruction des peuples les rend-elle vraiment libres ?

Ma critique

« Retour au meilleur des mondes » n’est en aucun cas une suite au célèbre roman dystopique qui sert encore de nos jours de référence pour un futur de plus en plus probable, mais plutôt un essai de prospective sociale, politique, philosophique et psychologique. En effet, après avoir écrit « Le meilleur des mondes » en 1931, dans un contexte géo-politique bien particulier, Huxley voulut apporter des précisions et mêmes des corrections en 1948 après la seconde guerre mondiale, après les dégâts de l’hitlérisme et du stalinisme. Il fait un parallèle entre son livre et celui d’Orwell « 1984 ». Tous deux peuvent sembler des visionnaires. En réalité, ils étaient simplement plus informés, adeptes de la « Fabian society », francs-maçons et du côté d’Huxley, par son frère Julian, proche de Bernays, le créateur de l’ingénierie sociale, et donc familier des grands décideurs qui travaillaient déjà leur plan. « 1984 », inspiré par le stalinisme, explore la gouvernance par la peur, la contrainte et le contrôle social permanent alors que « Le meilleur des mondes » est plus sur une domination par le plaisir, la jouissance et une discipline acceptée et même souhaitée par la masse. Sans oublier la manipulation génétique, la création in vitro des Alphas et autres Omégas qui a un petit avant-goût de transhumanisme. Pour Huxley, 2 milliards de terriens serait le nombre à ne pas dépasser, les ressources de la planète ne permettant pas que l’on soit plus nombreux. Que faire du surplus de population ? 70 ans plus tard, la réponse est en train de se révéler dans toute son inhumanité. Le dernier chapitre est cependant un plaidoyer pour la liberté, preuve que l’auteur est inquiet de ce qu’il entrevoit. Inutile de préciser que ce qu’il annonce se concrétise de plus en plus à notre époque. À lire pour mettre les choses en perspective, même si elles sont inquiétantes.

Ma note

4/5

ESSAIS

DIALOGUES DÉSACCORDES (ERIC NAULLEAU & ALAIN SORAL)

Le résumé du livre

Quand un journaliste bien en cour et un intellectuel sulfureux dialoguent par échanges d’e-mails et quand un éditeur trouve judicieux de publier le résultat, cela donne ces dialogues désaccordés qui virent souvent au dialogue de sourds. Nos deux « intellectuels », l’un venu du monde du football, l’autre de celui de la mode, échangent sur un certains nombre de sujets d’actualité comme l’affaire DSK, celle de la fatwa contre Salman Rushdie, les manifs contre le mariage des homosexuels, la disparition de Chavez, les lois mémorielles, le révisionnisme, l’affaire Méric et quelques autres. Bien entendu, les deux lascars ne sont d’accord sur rien. Ils se renvoient la balle comme deux tennismen sur un court parfois avec courtoisie et plus souvent avec une certaine vacherie voire mauvaise foi. Et le lecteur lit plus pour savoir qui va mettre l’autre K.O debout que pour aller au fond des problématiques.

Ma critique

« Dialogues désaccordés » n’est pas vraiment un essai, plutôt un coup de pub dont on se demande avec le recul quel en fut vraiment l’intérêt et qui en tira les marrons du feu. Certainement pas Soral qui n’eut droit à aucune couverture médiatique et assez peu Naulleau dont les approbations, même du bout des lèvres des thèses nauséabondes de Soral, ne durent pas être du goût de la bien-pensance. Il est amusant de voir que Naulleau se place presque toujours dans la position de l’interviewer, qu’il accumule les citations et les références, use et abuse du peut-être ben qu’oui, peut-être ben qu’non, alors que son interlocuteur, nettement plus bardé de certitudes, assène ce qu’il considère comme des vérités. Il ne se gène d’ailleurs pas pour couvrir Naulleau de sarcasmes plus ou moins judicieux genre « Tu penses creux ! Tu te caches derrière des citations d’auteurs ! Tu es lourd et conformiste ! » Difficile de dire qui l’emporte dans ce combat du bobo contre le facho, ce duel dans un tunnel. Plus amusant de voir tous les travers des deux attitudes dont le moindre n’est pas la superbe pour ne pas dire la prétention. Soral ose comparer leur bavardage à la correspondance entre Voltaire et Rousseau. Naulleau, gêné, préfère évoquer l’échange célèbre entre Alceste et Philinte. Excusez du peu ! Livre aussi vite lu qu’oublié car trop daté et déjà dépassé par les derniers développements de l’actualité.

Ma note

2,5/5

THRILLER

TROIS FOIS VEUF ? (ROBBIE SCHWELLE)

Le résumé du livre

Olivier, informaticien, 50 ans, vient de perdre son épouse Mélanie, 34 ans, décédée suite à une crise cardiaque suivie d’une chute dans un escalier. Il se retrouve veuf alors que son couple battait déjà de l’aile et n’était plus que de l’histoire ancienne. Depuis longtemps, tous deux faisaient chambre à part. Suspicieux, Olivier avait découvert l’existence d’un certain Laurent en fouillant dans le répertoire du téléphone de Mélanie. Auparavant, il avait vécu dix ans avec Marina qui avait découvert l’infidélité de son mari lors d’une croisière en Méditerranée qui tourna carrément au cauchemar quand elle se retrouva face à sa rivale. Et pour ne rien arranger, Marc, le meilleur ami d’Olivier, disparut mystérieusement, sans doute passé par-dessus bord. S’était-il suicidé ou avait-on voulu se débarrasser de lui ?

Ma critique

« Trois fois veuf ? » est un roman de fort belle facture aux limites du sentimental, du psychologique et du thriller. Il est d’une lecture d’autant plus agréable que l’écriture est fluide et que l’intrigue est distillée de manière « chorale », chacun des protagonistes s’exprimant à tour de rôle. Le lecteur découvre ainsi les différents points de vue sur cette affaire et se fait assez vite une opinion, le point d’interrogation du titre l’ayant déjà un peu mis sur la voie. Les personnages bien campés, bien pétris d’humanité sont attachants, tout particulièrement les femmes, romantiques, soumises ou rebelles, et même, dans une moindre mesure, Olivier, le personnage clé, moderne Barbe-bleue, mal-aimé et mal-aimant qui finit d’ailleurs par où il a failli. À noter une grande finesse dans la description de la psychologie des personnages qui fait que le lecteur en arrive à vivre ce drame de l’intérieur. Petit bémol : présence de quelques coquilles, heureusement peu nombreuses. À découvrir absolument.

Ma note

4,5/5

AVENTURES

AFRICA TREK 1 (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Parti du Cap de Bonne Espérance le 1er janvier 2001, Sonia et Alexandre Poussin veulent traverser à pied toute l’Afrique de l’extrême sud au nord et atteindre Jérusalem, soit un périple fou de 14 000 kilomètres qui devra leur prendre plus d’une année et demi. Ils commencent par traverser l’Afrique du Sud avec l’aide à chaque étape de fermiers boers qui les hébergent et les protègent, puis le Lesotho, petit territoire d’altitude nettement plus accueillant. La traversée du Zimbabwe leur fait découvrir un pays ravagé depuis des années et même détruit par la dictature crypto-communiste de Mugabe. Suivent le Mozambique, le Malawi et la Tanzanie. Partout une misère plus ou moins terrible, mais partout aussi une immense chaleur humaine. Ce périple aussi unique qu’extraordinaire s’achève le 15 juin 2002 avec l’ascension du Kilimandjaro, après 7000 km parcourus « pedibus jambus ».

Ma critique

« Africa Trek » est le premier volume d’un diptyque présentant le récit d’un périple hors norme. Peu de courageux s’étant lancé un pareil défi. C’est l’occasion pour le lecteur de découvrir la véritable réalité de l’Afrique, non celle des safaris, des lodges et des hôtels de luxe pour touristes, mais celle des vrais gens, du petit peuple, celle qu’on ne découvre qu’au rythme lent de ses pas. « Pourquoi marchez-vous comme cela ? » leur demandent-ils. « Pour vous rencontrer ! », répondent les Poussin. Cet exploit n’aurait pas été possible sans des aides de toutes sortes (fermiers blancs, congrégations, missions religieuses, représentants d’ONG, etc.) En fin de volume, leur liste représente la bagatelle de six pages ! Le lecteur apprendra aussi que l’esclavage ne fut pas tout à fait ce qu’on raconte partout, qu’il y en eut un très florissant du côté de Zanzibar, que certains croient que pour se débarrasser du sida, il faut absolument violer une jeune vierge ainsi que toutes sortes de coutumes plus bizarres les unes que les autres. Un moment dramatique se joue lors d’une grave crise de paludisme qui les frappe simultanément en Tanzanie. Et l’apothéose, c’est la montée dantesque au plus haut sommet du continent. Un excellent livre d’aventures vécues à conseiller à tous les amateurs de voyages et de grands espaces…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’ANTISÉMITISME SANS COMPLEXE NI TABOU (HERVE RYSSEN)

Le résumé du livre

Un peu partout et depuis de nombreuses années, l’antisémitisme fait la une de l’actualité à l’occasion de procès retentissants et de sanctions particulièrement sévères. Les Juifs se disent victimes de préjugés anciens, infondés, ne reposant sur rien. La seule explication serait que des sociétés en crise auraient nécessairement besoin de s’en prendre à un bouc émissaire, un coupable tout désigné sur lequel on pourrait décharger toutes leurs frustrations. Pourtant tout au long de l’Histoire du monde, tout le monde s’en est pris à eux, à un moment ou à un autre : les Egyptiens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs et les Romains, catholiques, orthodoxes et musulmans confondus. Partout et toujours, les Juifs ont été en butte à l’hostilité des peuples qui les accueillaient et finalement expulsés des pays où ils vivaient. (Espagne, France, Angleterre entre autres.) Que doit-on en conclure ?

Ma critique

L’antisémitisme sans complexe ni tabou est un essai documenté et en aucun cas un pamphlet. L’auteur appuie toutes ses affirmations sur des citations d’auteurs juifs plus ou moins célèbres comme Freud, Attali, Bernard-Henry-Levy, Heine, Spinoza et des dizaines d’autres. Cela donne une impression de compilation un peu lassante d’autant plus que cet ouvrage n’apporte pas grand-chose de nouveau par rapport aux autres travaux de l’auteur. Cela fait un peu « best of ». Mais cet ouvrage demeure intéressant par le fait qu’il apporte une définition précise à une notion, un concept qui n’est pas une simple opinion, mais un délit du point de vue juridique, si on s’est réfère aux lois Fabius-Gayssot. Seul petit reproche : trop de coquilles et d’erreurs grammaticales ou orthographiques parsèment ce texte.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

LE NOUVEAU RAPPORT DE LA CIA (COLLECTIF)

Le résumé du livre

Comment sera le monde en 2025 ? Les Etats-Unis garderont-ils tout ou partie de leur leadership ? La mondialisation aura-t-elle avancé à pas de géant ? En plus d’être l’usine du monde, la Chine en sera-t-elle le modèle démocratique de référence ? Les migrations du sud vers le nord vont-elles encore s’accroître avec le dérèglement climatique ? Une humanité de 9 milliards d’individus ne va-t-elle pas épuiser les ressources de la planète ? Une gouvernance mondiale résoudra-t-elle tous les problèmes ? Les ONG et les multinationales vont-elles supplanter les gouvernements ? Les états-nations vont-ils disparaître ? Le dollar restera-t-il la monnaie de référence ? Voici quelques-unes des innombrables questions auxquelles les auteurs de ce livre tentent d’apporter des réponses plus ou moins probables.

Ma critique

« Le nouveau rapport de la CIA » est un essai géostratégique qui se veut exhaustif grâce à un certain nombre de scénarios possibles mais souvent peu crédibles (les auteurs le reconnaissant eux-mêmes). L’ennui, c’est qu’il laisse le lecteur sur sa faim avec une étrange impression de déjà vu, de pas très original et même de pas très pertinent. La montagne CIA a eu besoin de centaines d’experts internationaux pour accoucher de cette pauvre souris ! En fait, on comprend très vite que ces grands « sachants » se sont contenté de poursuivre sur leurs lancées toutes les grandes tendances actuelles (mondialisme, changement climatique, surpopulation, terrorisme islamique, bulle économique, etc) sans anticiper les véritables chocs, incidents et ruptures de rythme qui pourraient complètement changer la donne et rebattre les cartes comme l’incroyable crise sanitaire que nous subissons depuis déjà presque deux années. À leur décharge, il faut noter que cet ouvrage a été édité en 2009, donc écrit en 2007/2008. Il est donc déjà totalement obsolète. Seule la page 240 envisage une éventuelle pandémie, mais plutôt du type H1N1, c’est-à-dire sans grandes conséquences économiques et politiques. À croire que même la CIA ne savait pas ce qui se tramait depuis des lustres dans les coulisses de Davos, de la Trilatérale, du CFR et autres véritables hauts lieux de pouvoir. Difficile à admettre. Pour avoir une aussi vague idée du sombre avenir qui nous attend, autant aller se faire tirer les cartes chez Mme Irma !

Ma note

2,5/5

ROMANSCIENCE-FICTION

GLOBALIA (JEAN-CHRISTOPHE RUFIN)

Le résumé du livre

Kate et son compagnon Baïkal pénètrent dans une immense salle de trekking recouverte d’un dôme de verre comme le sont toutes les infrastructures de Globalia. Ils font partie d’un groupe d’une quarantaine de randonneurs pratiquant leur loisir en vase clos. Baïkal demande à Kate de se laisser distancer par le groupe pendant qu’il filera sur l’avant. Sous le couvert d’un petit bois, il la rejoint et, à l’aide de quelques outils, déverrouille une trappe d’évacuation d’eau, ce qui leur permet de passer clandestinement dans une non-zone. Pendant ce temps, Ron Altman, vieux dirigeant à qui on a déjà signalé l’évasion des deux jeunes gens, s’intéresse particulièrement à leur cas. Il songe à faire jouer au jeune homme le rôle de nouvel ennemi public, histoire de maintenir l’ambiance de peur qui règne en permanence à Globalia. Très vite capturé et incarcéré, Baïkal finit par se retrouver dans la somptueuse résidence de Cape Cod prêtée à Altman qui lui propose d’être renvoyé d’où il vient, mais cette fois sans la présence de Kate qui a également été arrêtée…

Ma critique

« Gobalia » est un roman d’anticipation intéressant, agréable à lire, quoiqu’un peu faible du point de vue de l’intrigue. La fin naïve et presque en happy end peut décevoir. Cependant la description de ce monde dystopique ressemble étrangement à ce qui nous attend et dont ne vivons actuellement que les prémisses (rappelons que pour les anglo-saxons « globalism » signifie pour nous « mondialisme »). Globalia n’est rien d’autre qu’une démocratie poussée aux limites extrêmes de ses possibilités de contrôle et de manipulation des individus. Un monde tellement oppressant que quiconque d’à peu près normal n’a qu’une envie, celle de le fuir. Ruffin fait preuve d’un talent de visionnaire ou de personne très bien informée. Son univers ressemble comme deux gouttes d’eau à celui prôné par Klaus Schwab, l’homme de Davos et du « grand reset ». On y trouve entre autres un « minimum prospérité » (revenu universel). Les livres papier ont disparu. L’histoire est revisitée en permanence. Plus de datation. On compte par cycles de 60 ans et on repart à zéro. On court après l’éternelle jeunesse. La gouvernance est basée sur la peur des attentats terroristes qui ne sont que des opérations sous faux drapeaux. Il ne manque qu’un virus très très mortel ! Il n’y a qu’une seule vérité, celle diffusée par les médias officiels et gobée par une majorité hébétée. Globalia étant toujours dans le camp du bien, chaque fois qu’elle bombarde un secteur de la non-zone, elle l’accompagne d’une distribution de nourriture aux populations survivantes. À noter également, l’histoire de Ron Altman, tireur de ficelles cynique et frustré, qui ressemble assez à celle d’un certain Georges Soros. Un livre qui donne à réfléchir.

Ma note

4/5

TEMOIGNAGE

LA TRAVERSÉE (PHILIPPE LABRO)

Le résumé du livre

Souffrant d’un grave œdème du larynx, Philippe Labro se retrouve intubé dans le service de réanimation de l’hôpital Cochin à Paris. Il reste plusieurs jours dans un état semi-comateux, perfusé, relié à des machines à oxygène et ligoté sur son lit. Il a l’impression que tout un aréopage de connaissances déjà mortes se tiennent alignées le long d’un des murs de sa chambre. Elles l’incitent à venir les rejoindre dans l’au-delà. Labro se retrouve à entendre non pas une voix intérieure, mais deux. L’une lui conseille de se laisser aller et d’accepter de mourir alors que l’autre le pousse à se battre et à lutter de toutes ses forces pour revenir vers la vie. Un jour, il fait l’expérience d’une NDE (Near Death Experience) ou d’une EMI en français (Expérience de Mort Imminente). Il a l’impression d’être extrait de son corps physique et d’être entraîné à toute allure dans un couloir très sombre. Une sorte de trou noir. Il en vivra ensuite une seconde, mais cette fois beaucoup plus lumineuse, plus apaisante, plus rassurante…

Ma critique

« La traversée » est le témoignage touchant et émouvant d’un écrivain parvenu aux portes de la mort et même un peu au-delà. Aucun mysticisme dans ce récit (ni ange, ni présence divine). Et pourtant Labro, certainement athée ou fort peu croyant, refuse absolument de s’en tenir aux explications rationalistes habituelles que l’on sert en pareilles circonstances. Ces visions seraient dues à des hallucinations causées par la prise de médicaments ou par une réaction du cerveau à certaines douleurs extrêmes. En ces moments dramatiques, on dit que le mourant revoit défiler tout le film de sa vie. Ce fut le cas pour l’auteur, mais par flashs et éclairs confus, sans logique ni chronologie. Le récit est construit un peu sur le même schéma. Le style est assez agréable à lire en dépit d’un bizarre besoin de l’auteur de passer d’un pronom personnel à un autre au fil des chapitres ou paragraphes. Il parle de lui à la première personne du singulier puis à la troisième avec quelques détours à la deuxième du pluriel quand il veut s’adresser au lecteur. Ouvrage intéressant pour tous ceux qui s’intéressent à la vie après la vie, mais également aux conditions de travail des soignants en service de réanimation. Un Labro qui mérite le détour.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

GEORGES CARPENTIER, L’INCROYABLE DESTIN D’UN BOXEUR DEVENU STAR (STÉPHANE HADJERAS)

Le résumé du livre

Georges Carpentier, né à Liévin dans une modeste famille de mineurs le 12 janvier 1894 et mort à Paris le 27 octobre 1975, fut le premier boxeur professionnel français remporter le titre de champion du monde de boxe anglaise. Champion de France professionnel à de multiples reprises, il s’imposa avant la Première Guerre mondiale comme champion d’Europe des poids lourds. Sergent aviateur pendant la Grande Guerre, il fut blessé avant de réintégrer la vie civile. En 1919, « le grand Georges » marqua l’histoire du sport français. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, il fut même célébré comme le symbole d’une France à son apogée sportif. Sa victoire par KO contre Battling Levinsky le 12 octobre 1920 à Jersey City aux États-Unis lui permit de conquérir le titre de champion du monde. Son combat perdu sans démériter face à Jack Dempsey l’année suivante renforça sa légende et lui offrit une notoriété mondiale. Mais ce revers marqua le déclin de son exceptionnelle carrière, ponctuée par la perte de ses titres au profit de Battling Siki sur une controversée bien qu’incontestable défaite. S’il prouva jusqu’au bout qu’il restait un champion hors du commun, notamment lors de sa défaite pleine de panache face à Gene Tunney, il dut mettre un terme à sa carrière en 1926.

Ma critique

Cette biographie d’un boxeur devenu star au tout début de l’autre siècle est d’une grande qualité (l’abondance de notes et la dizaine de pages de sources sans parler du tableau exhaustif des combats en fin de volume en attestent) et d’un abord facile et agréable en raison du style fluide de l’auteur et de l’intérêt de l’histoire elle-même. Cet ouvrage ne se lit pas, il se dévore comme un roman. Il vient à point nommé dans une époque désenchantée où le souvenir de ce héros exceptionnel qui déplaça les foules et souleva l’enthousiasme de millions d’amateurs des deux côtés du Channel et de l’Atlantique ne donne lieu qu’à quelques noms de rues, de gymnases et autres salles de boxes. Le lecteur de ce bel ouvrage illustré de plusieurs photos d’époque apprendra également beaucoup de choses sur le personnage exceptionnel, sur sa carrière cinématographique, sur sa conduite courageuse comme pilote d’avion pendant la première guerre mondiale et sur sa reconversion dans le monde du music-hall et dans son bar parisien. Parti du plus bas de la société, le p’tit gars de Liévin réussit, grâce à sa technique pugilistique hors pair et à son courage remarquable, à monter jusqu’au sommet de la société. Il côtoya bien des grands de ce monde. Preuve que l’ascenseur social ne fut pas toujours en panne !

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHUMOUR

GARRETT, DÉTECTIVE PRIVE / T1 LA BELLE AUX BLEUS D’ARGENT (GLEN COOK)

Le résumé du livre

Un matin de gueule bois, Garrett, détective privé, est réveillé en sursaut par de violents coups frappés à sa porte. Ce sont les Tate accompagnés de Rose, jeune cliente plutôt teigneuse, qui insistent pour qu’il prenne en charge une affaire délicate : retrouver Kayanne Kronk, la maîtresse de Denis, leur oncle défunt et ancien compagnon d’armes de Garrett pour que celle-ci puisse hériter d’une fortune colossale. L’ennui, c’est qu’elle se cache quelque part dans le Cantard, région particulièrement dangereuse où elfes, gnomes, grolls, vampires et autres centaures se livrent une guerre interminable et sans merci. Heureusement, Garrett pourra être aidé dans sa quête par l’homme mort, les géants triplés et quelques autres étranges personnages aussi vilains qu’efficaces !

Ma critique

Ce premier épisode des aventures de « Garrett, détective privé » relève du monde de la fantaisie humoristique. D’une grande simplicité, l’intrigue repose entièrement sur la recherche d’une personne qu’on ne trouve qu’en toute fin, une sorte d’Arlésienne perdue dans le désert. Les combats ne manquent pas, tout comme les rencontres de personnages inquiétants tels les zombies de la fin. Tout le plaisir de la lecture repose sur le ton humoristique, un brin décalé, « so british » de Cook, ce qui est assez étonnant pour un Américain. L’ensemble est distrayant et de lecture facile, mais de là à comparer Cook à Pratchett et à Chandler, comme le prétend la quatrième de couverture, il y a un gouffre qu’on nous permettra de ne pas franchir.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

L’HISTOIRE DE JOHN LAW (PIERRE JOVANOVIC)

Le résumé du livre

Fils d’un orfèvre écossais, le jeune John Law commence par mener une vie dissolue de joueur particulièrement chanceux. Il doit quitter l’Angleterre suite au décès d’un noble qu’il combattit en duel. Il voyage un peu partout en Europe en accumulant les conquêtes féminines et les gains sur les tables de jeux. S’inspirant de la réussite du commerce hollandais, il imagine un système financier qui doit doper les économies par la création monétaire ab nihilo, le papier monnaie. Et le 2 mai 1716, le Régent l’autorise par un édit officiel à créer une banque de crédit ne reposant que sur les fonds personnels de Law (6 millions de livres soit 48 millions d’euros) divisés en 1200 actions de 5000 livres chacune (40 000 euros). Puis il prend le contrôle de la Compagnie des Indes en mettant peu à peu en vente les actions. Rue Quincampoix, la folie spéculative s’empare de Paris. Tout le monde veut investir. La valeur des actions monte en flèche. Jusqu’au jour où les gens commencent à vouloir « réaliser », c’est-à-dire vendre pour récupérer leur gain. Le cours s’effondre. La défiance s’installe. Law a beau vouloir prendre des mesures autoritaires pour soutenir le papier, rien n’y fait, c’est le commencement de la fin, l’effondrement du « Système » et la fuite à l’étranger pour échapper à la colère de tous les porteurs floués…

Ma critique

« L’histoire de John Law » est un essai historique d’assez bonne qualité sur un personnage atypique, génie mathématique qui sut intéresser le Régent, homme friand de nouveauté et toujours à la recherche de n’importe quel moyen pour renflouer les caisses de l’État, mises à mal par les guerres de Louis XIV. Law ne tira aucun profit de ses opérations financières. Ses biens furent saisis. Il mourut dans la misère. Le principal intérêt de ce livre réside dans le parallèle que le lecteur peut faire avec les réalités économiques actuelles, les risques de la planche à billets, des bulles financières et autres cycles inflation/déflation/hausse des prix et ruine des petits porteurs pendant que des fortunes se bâtissent en un temps record. Et rien n’a changé sous le soleil, les banquiers ont juste « amélioré » (comprendre « aggravé ») le système Law. La fin, signée Adolphe Thiers, est particulièrement intéressante en raison du parallèle qu’il fait entre Law, la crise des assignats et la débâcle de la Banque d’Angleterre au XVIIIè. Seule faiblesse du livre un peu trop de répétition des évènements, avec rappel des épisodes précédents presque à chaque chapitre.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

ENTRETIENS AVEC UN ERMITE DE LA SAINTE MONTAGNE SUR LA PRIÈRE DU CŒUR (HIEROTHEE VLACHOS)

Le résumé du livre

Qu’est-ce que « la prière du cœur », appelée également « prière de Jésus » ? Un peu à la manière des « Ave Maria » catholiques, il s’agit pour les orthodoxes de répéter la courte supplication suivante : « Seigneur Jésus, fils du Dieu vivant, prends pitié de moi, pêcheur ». Pour le néophyte qui vient l’apprendre d’un moine du mont Athos, c’est ni plus ni moins que le « battement mystique de notre cœur », la voie magistrale de progression vers une spiritualité menant à l’illumination et l’un des piliers fondamentaux de la mystique orthodoxe. Elle permet une montée en puissance sur la voie de l’ascétisme, une purification de la partie passionnelle de l’âme, une acquisition de l’infaillibilité et une participation à la vie de la bienheureuse Trinité à condition de respecter un certain nombre d’obligations. Vivre dans la triple pauvreté, matérielle (dénuement physique), spirituelle (obéissance) et corporelle (chasteté). Toujours rechercher le silence et le recueillement. Dieu ne peut pas s’exprimer dans le bruit et l’agitation. Ne pas chercher à brûler les étapes. Faire preuve de patience et d’humilité en toutes choses. Et être toujours accompagné d’un père spirituel pour vous aider à discerner le bien du mal, les manifestations divines des agissements du malin.

Ma critique

Ces entretiens sont un traité de spiritualité et de mysticisme de très haut niveau. Ils pourraient représenter le dernier volet d’une quadrilogie formée avec trois autres ouvrages traitant du même sujet par d’autres aspects : « Le pèlerin russe », « Petite philocalie de la prière du cœur » et « Paroles des Anciens, apophtegmes des pères du désert », tant ces textes sont voisins ou complémentaires. Celui-ci n’a pas la fraicheur naïve du pèlerin, mais il permet de mieux comprendre sa démarche. Et, comme les deux derniers, il regorge de citations de saints orthodoxes et de pères du désert, ces premiers ermites, moines et ascètes qui se réfugièrent dans les déserts du Moyen-Orient pour mieux se rapprocher du Créateur. Même si cette voie semble difficile, la lecture et la compréhension de la méthode ne l’est pas, ce qui est souhaitable dans le cadre d’un ouvrage de vulgarisation qui peut intéresser chercheurs de vérité, théologiens et amateurs de spiritualité, lesquels d’ailleurs ne manqueront pas de relever toutes les similitudes avec les voies de méditation et d’illumination orientale.

Ma note

4/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

L’UTOPIE (THOMAS MORE)

Le résumé du livre

De retour d’un voyage en pays lointain, un certain Raphaël, homme savant et posé, raconte à Morus, le narrateur, ce qu’il a découvert dans une île inconnue conquise par Utopus et baptisée Utopie. La propriété privée y a été totalement abolie. Personne ne possède rien, même pas son domicile dont il faut déménager tous les dix ans pour ne pas s’y habituer ou ne pas le laisser se dégrader. Les travaux pénibles tels ceux de l’agriculture ne doivent pas être réservés à une classe sociale inférieure. Chacun doit changer de métier tous les deux ans et aller travailler la terre par roulement, ne serait-ce pour que tout le monde soit capable de produire sa nourriture. Tout un chacun doit être habillé de la même façon, très simplement, sans bijoux ni colifichet. L’Utopien a aussi aboli l’usage de l’argent. Il méprise l’or et les pierres précieuses à un point tel que ce métal ne sert plus que pour forger les chaines et les entraves des esclaves. Car ceux-ci existent bel et bien. L’esclavage remplace avantageusement la peine de mort. Ainsi le voleur ne serait pas encouragé à devenir criminel. La société en tire un meilleur bénéfice vu que ceux qui l’ont lésée lui paient ainsi leur dette. Le citoyen lui, ne travaille que 6 heures par jour. Toutes les villes sont bâties sur un modèle unique. Les femmes sont les égales des hommes. Elles peuvent être prêtres ou soldates. L’Utopien ne fait la guerre que contraint et forcé. Il préfère utiliser des mercenaires, mettre à prix la tête du chef de ses ennemis, voire intriguer pour faire se dresser les peuples les uns contre les autres. Il accepte toutes les religions à la condition qu’elles soient compatibles les unes avec les autres. L’Utopien ne tue aucun animal pour ne pas être tenté de trucider un humain. Le travail de boucher est dévolu aux esclaves souvent étrangers. Et les abattoirs sont toujours placés dans des endroits bien à l’écart.

Ma critique

« L’Utopie », paru en 1516, est un ouvrage de philosophie politique présenté sous forme de parabole qui peut très facilement se lire encore aujourd’hui et même avec grand intérêt ne serait-ce que pour comprendre qu’un grand nombre d’idées socialistes, communistes et aujourd’hui mondialistes n’ont finalement pas grand-chose de nouveau. Toutes ces idéologies remontent à loin. Quand Klaus Schwab nous dit qu’avec le grand reset nous ne posséderons rien et que nous serons heureux, Thomas More l’avait écrit plus d’un demi millénaire avant lui ! Mais More était un moraliste. Il rêvait d’un monde meilleur, moins injuste, plus égalitaire, moins cruel. Une sorte de paradis sur terre ! Avec le recul historique et la connaissance des dégâts causés par les révolutions successives (1789, sa guillotine, ses assignats et son génocide vendéen, le bolchevisme et ses appartements collectifs, les Khmers rouges et ses intellectuels envoyés trimer dans les rizières ou les Maoïstes et leur célèbre uniforme), il nous est possible de relativiser tout cela. Le mieux est toujours l’ennemi du bien. L’enfer toujours pavé de bonnes intentions. Ces grands humanistes disent ne vouloir que notre bonheur. Mais quand l’utopie devient dystopie, quand le rêve vire au cauchemar, on réalise que vouloir à tout prix le bonheur de l’homme même contre son gré, ne mène qu’à l’asservissement et à la pauvreté. Tout accroissement d’égalité ne peut se faire qu’au détriment de la liberté. À lire.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

ENQUÊTE SUR L’EXISTENCE DES ANGES GARDIENS (PIERRE JOVANOVIC)

Le résumé du livre

Alors qu’il était assis sur le siège passager d’une voiture roulant sur une autoroute californienne, Pierre Jovanovic échappe à la mort d’une façon particulièrement étrange. La conductrice ne lui dit rien, mais lui sent qu’il faut qu’il se jette sur le côté gauche, ce qu’il fait immédiatement, comme poussé par une force aussi mystérieuse qu’inconnue. Un quart de seconde plus tard, la balle d’un tireur fou fait éclater le pare-brise du véhicule et vient se ficher dans son appuie-tête, à l’endroit précis où il se trouvait un instant auparavant. Comment avait-il pu éviter cet impact, ce tir que rien ne laissait prévoir ? Qui avait pu ainsi lui sauver la vie ? Son ange gardien ? Le journaliste se lance aussitôt dans une très longue enquête sur l’existence de ces entités mal connues et souvent ignorées. Sont-ils bien réels ? Comment et à qui se manifestent-ils ? En lisant les ouvrages de Moody, il découvre d’étranges témoignages de NDE (« Near death experience » ou « expériences de mort imminente ») dans lesquelles des gens quittent leur enveloppe charnelle pendant quelques instants, se sentent emmenés dans un tunnel en direction d’une lumière magnifique et bienveillante. Ils revoient leurs parents décédés, des anges, goûtent un bref instant à la béatitude céleste avant de réintégrer leur corps car leur heure n’est pas encore venue ou leur mission sur terre n’est pas complètement achevée.

Ma critique

« Enquête sur l’existence des anges gardiens » est un essai de spiritualité particulièrement fouillé et copieux. Un pavé (626 pages). Une somme encore enrichie dans sa dernière version. L’auteur s’appuie sur les travaux de chercheurs sur les NDE. Il prend la peine de recueillir des témoignages. Puis il étend sa recherche au domaine de la spiritualité, à la vie des saints et surtout des saintes. Il est étonnant d’ailleurs de remarquer que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à avoir pu bénéficier de manifestations divines : contacts avec les anges, visions de Jésus, de la Sainte Vierge, extase, stigmates, bilocation, clairvoyance, dépouille parfaitement conservée des années après l’inhumation, pour ne citer que quelques prodiges inexplicables rationnellement. De Marie-Madeleine de Pazzi à Catherine Emmerich en passant par Thérèse d’Avila, Bernadette Soubirous, Catherine Labouré, Gemma Galgani, Agnès Sasagawa, Catherine de Sienne, Thérèse de Lisieux, et tant d’autres, sans oublier le padre Pio, le curé d’Ars et le père Lamy, la liste est longue de tous les témoins de ces prodiges. Chaque cas est minutieusement étudié et tout l’ensemble est absolument passionnant. À conseiller aux chercheurs de vérité. Athées et rationalistes n’auront, comme le dit l’auteur qu’à aller échanger cet ouvrage contre un livre de recettes de cuisine !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

CARNETS DE GUERRE COVID-19 (DIDIER RAOULT)

Le résumé du livre

Ces « carnets » sont une simple compilation d’interviews donnés par le célèbre Professeur Raoult, sommité reconnue internationalement et pourtant violemment contestée en France par des médecins de plateaux télés marqués par les conflits d’intérêts, d’articles extraits du bulletin hebdomadaire de l’IHU de Marseille « On a le droit d’être intelligent », de deux rapports pour le Sénat et d’une présentation à l’Assemblée Nationale. Il explique qu’il préfère soigner que faire des prévisions et que pour lui la bonne méthode consiste à dépister, isoler les malades et soigner. Le confinement général d’une population saine ne fait que propager encore plus le virus. La preuve en a été apportée avec les pays qui n’ont pas suivi cette voie et qui ont eu de meilleurs résultats. Son traitement précoce à l’hydroxychloroquine plus azythromycine, a été découvert par les Chinois et non par lui et utilisé avec succès par les trois quarts de la planète. Mais chez nous, on a commencé par classer comme produit toxique un médicament utilisé depuis plus de 70 ans et par des milliards de gens sans le moindre problème. Une étude frauduleuse dans le Lancet ne reposant sur rien de scientifique, a permis au ministre de l’interdire et de favoriser le Remdesivir, médicament moderne, cher et prometteur (surtout pour Big Pharma). Il s’avérera inefficace et même dangereux à terme. Quand le politique se mêle de médecine, la catastrophe est assurée. Il ne restait plus au malade que de rentrer chez lui pour prendre du Doliprane et d’attendre les troubles respiratoires graves pour finir en réanimation…

Ma critique

« Carnets de guerre Covid-19 » peut être considéré comme un essai médical. Il est d’une bonne tenue scientifique, bien sourcé (nombreuses notes et références) mais d’une lecture plutôt laborieuse tant les redites et les redondances sont nombreuses. L’histoire de l’hydroxychloroquine est répétée des dizaines de fois. Compilation rime avec répétition. C’est un peu le principe du genre. Et pour ceux qui s’attendent soit à des révélations (le professeur a soigné nombre de personnalités du Gotha dans la plus totale discrétion alors que les résidents des EHPAD n’avaient droit qu’à une « sédation » pour ne pas dire une « euthanasie » au Rivotril), soit à des prises de positions flamboyantes dignes de l’image de druide tonitruant dont les médias l’ont affublé, ils en seront pour leurs frais. Pas un nom de ministre ou de people et un point de vue calme, posé, raisonné. Pas un mot plus haut que l’autre. On est même un peu déçu qu’il n’aille jamais au bout de ses raisonnements et qu’il se contente de réponses de Normand (bizarre pour un Marseillais…) Exemple : le masque ne sert à rien, mais il est possible qu’il faille le porter quand même juste pour rappeler à la population de garder ses distances. Il n’y a pas lieu de prendre un vaccin expérimental pour une maladie à la létalité si faible et aux variations si nombreuses, mais pourquoi pas… Le professeur le dit lui-même, il ne veut surtout pas passer pour « complotiste ». Le lecteur qui a déjà suivi toute cette affaire et s’est déjà tapé du Covid matin, midi et soir pendant un an et demi, n’apprendra rien de nouveau avec cet ouvrage !

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

ADOLF HITLER OU LA VENGEANCE DE LA PLANCHE A BILLETS (PIERRE JOVANOVIC)

Le résumé du livre

Comment un personnage aussi obscur qu’Adolf Hitler, peintre sans talent et quasi clochard, a pu se hisser jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir grâce aux banquiers qui ont fabriqué sans interruption de la fausse monnaie et comment l’Histoire officielle a été ré-écrite pour effacer leur rôle dans le déclenchement de la seconde guerre mondiale et de l’Holocauste. Le traité de Versailles ayant obligé l’Allemagne à indemniser les vainqueurs pour dommages de guerre, très vite les montants demandés en or devinrent insupportables. Les banques se mirent alors à faire fonctionner la planche à billets, ce qui entraina une inflation record (le dollar passa de 4 marks à 176 000 marks et plus), un chômage de masse, la misère généralisée, les suicides et le désespoir de toute une population. Alors qu’il aurait fallu arrêter tout de suite ce système pernicieux, les banquiers continuèrent sans se soucier des conséquences, ce qui permit de prolonger de plusieurs années aussi bien la première que la seconde guerre mondiale, juste par avidité, devenant de ce fait les plus grands criminels de guerre de tous les temps. Les banquiers suisses qui « blanchirent » l’or volé par les nazis ne furent pas les derniers à la manœuvre !

Ma critique

Cet ouvrage historique est composé de deux parties, une enquête bien sourcée menée par le journaliste économique Pierre Jovanovic sur le rôle des banques et de l’économie en général dans la montée du petit caporal et un document de l’OSS américain (ancêtre de la CIA) composé de plusieurs études datant de 1942/43 portant sur le caractère et la personnalité d’Hitler finement analysés dans le but de mieux gérer le personnage. Cette partie n’est pas la moins inintéressante dans la mesure où on apprend beaucoup de choses sur sa psychologie. Il souffrait de schizophrénie paranoïaque, entendait des voix, un peu comme Jeanne d’Arc et était une sorte de composite de Lord Byron et d’Al Capone. Obsédé par la force, la violence et domination, il trainait le complexe de sa propre faiblesse physique, de son absence de testicule droit, de relations difficiles voire inexistantes avec les femmes et de son origine douteuse. De son père bâtard, il aurait hérité d’une part de sang juif, d’où son obsession de la pureté raciale. Il haïssait son père, violent et alcoolique et adorait sa mère qu’il identifiait à la mère patrie, l’Allemagne. Il était végétarien. Il ne fumait ni ne buvait. Fait très étrange, pendant la guerre de 14, il aurait pu être tué 5 fois, puis il échappa à rien moins qu’à 42 tentatives d’assassinat. Fléau de Dieu ? Ange exterminateur ? En tout cas, cet ouvrage mérite tout notre intérêt ne serait-ce que dans la mesure où il replace magistralement cette affaire dans son véritable contexte socio-économique. Sans cette maudite planche à billets, Hitler n’aurait fait que peindre ses aquarelles en HP…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

DIEUDONNÉ, LA PAROLE EST A LA DÉFENSE (ZOHRA MAHI)

Le résumé du livre

Dieudonné, de son nom complet Dieudonné M’Bala M’Bala, est un humoriste, acteur et militant politique français, né le 11 février 1966 à Fontenay-aux-Roses. Il se fait d’abord connaître, dans les années 1990, en formant, avec Élie Semoun, le duo comique Élie et Dieudonné. Il se produit ensuite en solo, tout en menant une carrière au cinéma. Parallèlement, à la fin des années 1990, il s’engage en politique. Il s’attache dès lors à faire transparaître son militantisme dans ses one-man-shows. Alors qu’il est initialement marqué à gauche, plusieurs de ses déclarations lui valent ses premières accusations d’antisémitisme et déclenchent de vives polémiques. Entre 2013 et 2014, l’un de ses one-man-shows est l’occasion d’un bras de fer particulièrement médiatisé avec le gouvernement français ; finalement, une ordonnance du Conseil d’État valide l’interdiction du spectacle.

Ma critique

« Dieudonné, la parole est à la défense » est un plaidoyer écrit par une de ses avocates, elle-même militante de la cause palestinienne. Car au fond tout le problème est là. Dieudonné est-il anti-sioniste ou anti-sémite ? Ses détracteurs veulent confondre les deux définitions et y ajouter de la haine raciale. L’auteur démolit ces arguments vu que beaucoup de Juifs ne sont pas sémites, tout comme beaucoup d’Arabes lesquels ne sont pas tous musulmans d’ailleurs. Elle va même jusqu’à dire que Dieudonné, demi-Camerounais, descend de Cham et est donc tout aussi sémite que ses accusateurs. Ce genre d’argument semble à la limite, voire borderline. Peut-on rire de tout et sur n’importe qui semble une question beaucoup plus importante. La liberté d’expression n’est-elle pas devenue une chimère à géométrie variable ? Après tout Coluche et Desproges (« Y a-t-il des Juifs dans la salle ?) s’en sont permis autant sinon plus sans être inquiétés par Thémis. L’intérêt du livre est amoindri du fait qu’il date de 2013 et que la situation a beaucoup empiré par rapport à l’époque. Le comique ne peut plus se produire dans aucune salle, on lui a confisqué son « Dieudobus », les procès se sont multiplié, les amendes aussi et les peines de prison ferme ne vont pas tarder. Il semble même qu’il soit sur le point de s’exiler en Turquie. Triste époque.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

DIVERTIR POUR DOMINER (COLLECTIF OFFENSIVE)

Le résumé du livre

Déjà, à l’époque romaine, le pouvoir avait compris qu’il fallait offrir au peuple du pain et des jeux (panem et circenses) pour bien le tenir sous le joug. Rien n’a vraiment changé depuis ces temps lointains. Ventre plein et vautré dans son canapé devant son téléviseur l’homme moderne reçoit chaque jour sa dose de divertissement. Il subit son effet hypnotique et anesthésiant et par la même occasion un pur et simple lavage de cerveau. Il entre dans un état second dans lequel il est possible de le manipuler quasiment à son insu. Les narratifs les plus improbables deviennent plausibles et parfaitement acceptables. Tout ce qui a été « vu à la télé » devient vrai et même plus réel que le réel !… Des premiers encarts publicitaires vendus par Emile de Girardin en 1836 dans son quotidien « La Presse », des premières réclames (« Dubon, Dubonnet… ») à la radio d’avant-guerre, on est passé au bombardement publicitaire, aux tunnels de pubs interminables et même aux interruptions à l’américaine de films, séries ou émissions. On n’en est maintenant parvenu à ne produire de contenu « culturel » que pour « laisser du temps de cerveau disponible pour Coca-Cola » (dixit Lelay, PDG de TF1), Nestlé, MacDo, et autres. Mais sait-on que ce n’est qu’en 1968 que Pompidou autorisa la diffusion du premier spot sur la chaine publique ?

Ma critique

« Divertir pour dominer » est un essai de sociologie politique composé d’une compilation d’articles parus dans la revue trimestrielle « Offensive » qui se présente comme libertaire et sociale. L’étude de ces « divertissements » qui permettent aux classes supérieures de « dominer » les inférieures est répartie en quatre grands chapitres, la télévision, la publicité, le sport de compétition (à ne pas confondre avec l’exercice physique genre randonnée pédestre, footing ou yoga, sans enjeux monétaires) et le tourisme de masse (à ne pas confondre avec le voyage ou l’exploration). « Convertir l’or de l’itinérance en plomb touristique », lit-on. Tous ces articles et ces interviews d’auteurs ayant travaillé sur le sujet sont plus ou moins pertinents, plus ou moins intéressants. C’est toujours un peu le cas dans les recueils collectifs. Si les analyses sont fondées et peu discutables (notre monde ne va pas bien et l’individu frustré et aliéné à une tendance naturelle à se divertir pour oublier un temps sa condition, les propositions alternatives concrètes (surtout présentées dans le dernier très court chapitre) ne sont guère convaincantes. S’il est certain qu’il semble indispensable de développer une contre-culture pour battre en brèche ce « divertissement » illusoire et mortifère, les moyens pour y parvenir (bourses du travail, universités populaires) ne sont guère évidents. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Petite critique sur la forme : le plaisir de la lecture est fortement amoindri par l’utilisation de la nouvelle très laide et très idiote orthographe inclusive.

Ma note

4/5

ESSAIS

CHRONIQUES DU MONDIALISME 2010-2020 (PIERRE HILLARD)

Le résumé du livre

La régionalisation et l’aménagement du territoire européen au profit des particularismes locaux est un moyen très efficace de contournement des prérogatives des états avec un but ultime créer une Europe constituée d’une myriade de « Länder » de type allemands. À cela s’ajoute une révolution politique avec la mise en place d’un partenariat transatlantique très favorable aux Etats-Unis. Les « printemps arabes », la déstabilisation programmée du Moyen-Orient, la destruction de la Lybie, de l’Irak et de la Syrie avaient pour but de morceler tous ces pays au profit de majorités sunnites, chiites, alaouites, kurdes, etc. selon le principe bien connu de diviser pour régner. Même la Turquie s’est retrouvée dans le collimateur… Au début de l’autre siècle, le IIè Reich de Guillaume II voulait créer une ligne de chemin de fer reliant Hambourg à Bagdad (le « Bagdad Bahn »). La Grande-Bretagne comprit immédiatement quel danger cette infrastructure faisait courir à sa suprématie. La ligne devait passer par la Serbie, seul pays non inféodé à l’Allemagne. L’assassinat de Sarajevo suivi de la première guerre mondiale firent capoter le projet et permirent de rebattre les cartes. Avec les accords Sykes-Picot, l’Angleterre récupéra les terres à pétrole (Irak, Iran, Arabie Saoudite) et la France celles à palmiers dattiers (Syrie, Liban). Un beau marché de dupes. Mais le mondialisme était déjà bien lancé…

Ma critique

« Chroniques du mondialisme » est un recueil d’articles de géopolitique parus dans diverses revues et compilée pour donner cet ouvrage augmenté d’une longue étude sur les conséquences de la crise sanitaire mondiale de 2019/2020. Tout ce qui est étudié est sourcé et solidement établi. D’innombrables notes de bas de page en attestent. Les faits analysés sont difficilement contestables. Pour Hillard, les causes du mal remontent à loin, à la Renaissance et aux débuts du protestantisme. La révolution de 1789 n’en fut que la conséquence logique. L’ouvrage est intéressant malgré de nombreuses redites et lourdeurs (Baptême de Clovis, Triple donation de Jeanne d’Arc, Vatican II, régionalisation, etc.). Cette suite d’articles réédités donne forcément cette impression, vu que les sujets se recoupent et que les faits d’actualités se répètent et balbutient. Mais il reste pertinent de revoir la chronologie des évènements qui nous ont amenés au point où nous en sommes. Au bord du gouffre. Ferons-nous un pas de plus ? Klaus Schwab nous a pourtant prévenu : « Rien ne sera plus jamais comme avant » ! Le mondialisme est une machine à broyer les peuples. Allons-nous nous laisser faire ?

Ma note

4/5

ESSAIS

PORTRAIT DE MARIANNE AVEC UN POIGNARD DANS LE DOS (CHRISTIAN COMBAZ)

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Le résumé du livre

Peut-on parler comme un certain chroniqueur d’un suicide français ? Christian Combaz le conteste. Il ne faudrait pas confondre suicide et assassinat. Le titre de l’ouvrage avec l’image du poignard en est la plus belle illustration. Mais qui a tenu le poignard ? Qui nous a fait basculer d’une France traditionnelle, fidèle à ses valeurs dans une Hexagonie sans foi ni loi, ouverte à tous les vents mauvais du libéralisme et du tiers-mondisme ? La décadence que nous connaissons depuis une quarantaine d’années, l’affaiblissement, l’appauvrissement généralisé ont des causes. De nouvelles élites sorties d’Auteuil-Neuilly-Passy ont remplacé les anciennes. La France de papa a peu à peu disparu, ringardisée, mise au rencart avec ses bérets, bignous, fest-noz et autres petit salé aux lentilles. L’esbroufe, la démagogie, le juridisme, les indignations à géométrie variable, la pensée unique, les politiques de la dette et la négation du réel ont prédominé par la simple volonté des dirigeants, des artistes « engagés », des médias et contre celle du peuple, des petites gens à qui jamais on ne demande l’avis. D’ailleurs quand un référendum (2005) ne convient pas au pouvoir, on n’en tient pas compte. Dans sa vie d’écrivain, Combaz a côtoyé nombre de puissants de la littérature et de la politique. Il nous raconte cette lente mise à mort.

Ma critique

« Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos » relève plus du témoignage que du pamphlet ou même du simple essai politique dans la mesure où l’auteur parle beaucoup de lui, de sa carrière contrariée car ses livres trop intimistes, trop remplis de valeurs ou d’idées ne cadrant pas avec la pensée unique lui ont valu d’être classé à droite et peu à peu d’être rejeté par le milieu. Pour survivre, il dut traduire nombre de « blockbusters » américains qu’il exècrait. Il fut un temps directeur de l’Institut culturel français de Milan puis du centre culturel de Saragosse, lieux où il découvrit qu’on y faisait la promotion d’auteurs sans talent mais dans la ligne grâce à l’argent du contribuable. Ce petit livre roboratif est un régal pour l’esprit ne serait-ce que pour les portraits au vitriol de tous les présidents de la république depuis Mitterand. Celui de Macron, psychopathe gérontophile et pervers narcissique est particulièrement travaillé. Ceux de Fabius, d’Attali, de BHL et de Ségolène Royal ne sont pas mal non plus. Et si les politiques en prennent pour leur grade, les « intellectuels », autres grands coupables, ont aussi droit à leur volée de bois vert. (Jean-Edern Hallier, Semprun, Roberts, François-Marie Bannier, Houellebecq, Bergé et tant d’autres). Rares sont ceux qui échappent à la sainte colère de Combaz. Qui aime bien châtie bien ! On comprend que l’éditeur se soit défilé à quelques jours de l’élection de Macron.

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

LES DIEUX DU FLEUVE (PHILIP JOSE FARMER)

Le résumé du livre

En compagnie de Yeshua, un Juif qui prétend avoir été le Christ et de sa compagne Bithniah, Tom Mix a réussi à échapper aux hommes du terrible Kramer surnommé « Tapedur », cruel potentat qui les avait réduits en esclavage. Ils se réfugient dans la Nouvelle-Albion, auprès de son chef Stafford, lequel envisage d’organiser bientôt une attaque du Doucevolents, histoire de prendre Kramer de vitesse et de l’empêcher d’étendre sa dictature sur toutes les principautés environnantes. Malheureusement, les Albionais sont battus. Tom Mix et Yeshua sont capturés. Kramer leur réserve une mort cruelle : ils seront brûlés vifs !… Huit ressuscités sous les ordres de Burton se sont rendus maîtres de la Tour des Ethiques après la mort de Loga. Ils commencent à se faire obéir des ordinateurs qui gèrent toute la logistique de la planète. Ils veulent reprendre à leur compte le processus de résurrection. Mais cela pose divers problèmes…

Ma critique

« Les dieux du fleuve » est le cinquième et dernier tome de la saga de science-fiction « Le fleuve de l’éternité ». Composé de deux parties (« Ainsi meurt toute chair » et « Les dieux du fleuve »), sa lecture est un peu moins laborieuse que celle des trois précédents. Philip José Farmer a voulu creuser un peu plus la biographie et la personnalité de certains de ses personnages, non sans avoir rappelé toute leur histoire en fin de volume. Le lecteur pourra éprouver un certain plaisir à découvrir le personnage hors normes d’Aphra Behn, première femme de lettres ayant vécu de sa plume en Grande-Bretagne. Il découvrira également une thèse historique intéressante sur Jack l’éventreur et pourra s’étonner de l’évolution paradoxale de Yeshua qui ne croit plus en Dieu et préférerait disparaître définitivement plutôt que d’aller au paradis ! Le pauvre est devenu dépressif, athée et totalement matérialiste ! Nul doute que Farmer a profité de ces « bonus » pour nous glisser quelques-unes de ses idées personnelles. On n’est pas forcé de partager toutes ces théories très à la mode dans les années 60/70, mais qui ont quand même pris un léger coup de vieux !

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LE NOIR DESSEIN (PHILIP JOSE FARMER)

Le résumé du livre

Sur une planète aménagée par Les Ethiques pour accueillir une quarantaine de milliards d’humains ressuscités, quelques personnages venus d’époques diverses comme Richard Burton (l’explorateur, pas l’acteur), Sam Clemens (Mark Twain) ou Cyrano de Bergerac cherchent par tous les moyens à connaître le fin mot de cette étrangeté. Après l’échec du bateau à aubes qui devait remonter tout le fleuve pour atteindre la Tour Noire, cœur apparent de l’énigme, les hommes décident de changer de moyen de transport et de se reporter sur un dirigeable géant qui sera placé sous le commandement de Firebrass. Et voilà qu’un nouveau personnage apparaît. Une certaine Jill Gulbirra, demi-sang aborigène australienne, après un long périple en pirogue sur le fleuve, finit par accoster à Parolando et veut se faire engager comme pilote de l’engin volant. Elle est reçue par Schwartz qui lui annonce tout de go que, quelles que soient ses brillantes qualifications, jamais elle ne pourra prendre la place de Firebrass. Jill s’estime discriminée en tant que femme…

Ma critique

« Le noir dessein » est le troisième tome de la saga « Le Fleuve de l’éternité » qui en compte cinq au total. Dans son avant-propos, Farmer annonce à son lecteur impatient de comprendre enfin de quoi il retourne dans cette histoire interminable que tout ne sera révélé que dans le tome quatre et que dans le dernier, il développera certains aspects secondaires ou parallèles de son affaire. Un peu comme les bonus de DVD en quelque sorte. Ainsi sommes-nous prévenus que l’intrigue n’avancera pas d’un millimètre malgré deux tentatives ratées de pénétration dans la fameuse tour de métal. Nous aurons cependant droit aux habituels combats, trahisons, escarmouches, batailles et tueries diverses et variées plus quelques nouveaux personnages à rajouter à une liste déjà longue. Chacun a droit à sa petite biographie. Quelques développements sur le féminisme, le soufisme, les religions, le psychédélisme et autres effets des drogues permettent de remplir les 544 pages de ce pavé qui se lit relativement agréablement si l’on ne s’agace pas trop de cette histoire qui tourne en rond comme le serpent qui se mord la queue et comme ce fleuve qui fait de même. Vivement le tome quatre qu’on en finisse !

Ma note

3,5/5

AVENTURESSCIENCE-FICTION

LE BATEAU FABULEUX (PHILIP JOSE FARMER)

Le résumé du livre

À bord du Dreyrugr, Sam Clemens, alias Mark Twain, remonte le Fleuve de l’Eternité en compagnie d’une bande de Vikings commandée par Erik la Hache quand il croit apercevoir sur la rive son ancienne épouse Livy. Il donne l’ordre au timonier d’accoster immédiatement. L’autre refuse. Ce n’est pas la première fois que Sam est victime de ce genre d’hallucination ! Alors Sam appelle à la rescousse son ami, le géant Joe Miller qui était en train de dormir dans l’entrepont. Mais voilà que trente galères, en formation de combat, fortes d’une soixantaine de rameurs chacune, descendent le courant pour venir attaquer les Vikings. Les assaillants disposent de fusils, de feux grégeois, de bombes, de fusées et de planeurs. Très vite, la bataille navale fait rage. Sam Clemens n’aura la vie sauve que grâce à une vague géante générée par la violente et subite émersion d’un monstre marin réveillé par une chute de météorite.

Ma critique

« Le bateau fabuleux » est le deuxième tome de la saga du « Fleuve de l’Eternité » qui en compte cinq au total. Richard Burton y cède peu à peu la vedette à Sam Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, lequel veut construire un énorme bateau électrique à roues à aubes pour remonter cet interminable fleuve qui part du pôle nord de la planète pour y remonter après en avoir réalisé le tour complet. Le but final étant de découvrir le secret de ce phénomène de résurrection perpétuelle. Présentée comme « chef-d’œuvre » par l’éditeur, ce deuxième volet peut sembler un brin plus poussif que le premier en dépit de la présence sympathique de Mark Twain et surtout de son ami titanesque affublé d’un amusant cheveu sur la langue. L’ennui, c’est que l’effet de surprise passé, Farmer ne semble plus en mesure de se renouveler vraiment. Il rajoute de nouveaux personnages tel le roi Jean sans terre dans le rôle du méchant, tel Cyrano de Bergerac dans celui du bretteur imbattable ou tel Mozart un peu perdu au milieu de tous ces énergumènes. L’intrigue se calque un peu trop sur la trame du premier tome : batailles rangées, tueries, trahisons et accumulations de tentatives pour remonter le fleuve. Et pour ne rien arranger, une impression de remplissage avec toutes sortes de développements sur le féminisme, le racisme, la fierté noire et la nouvelle liberté sexuelle « baba cool », thème un brin daté. Au total, tout cela n’a pas trop bien vieilli. Dommage.

Ma note

3,5/5

SCIENCE-FICTION

LE MONDE DU FLEUVE (PHILIP JOSE FARMER)

Le résumé du livre

Après leur mort, des millions d’humains de toutes générations et de toutes provenances se réveillent complètement nus sur les rives d’un fleuve immense serpentant sur une planète inconnue. Il y a là Richard Burton, célèbre explorateur britannique du XIXè siècle, Peter Frigate, son ami, Lev Ruach, rescapé de l’Holocauste, Mrs Alice Heargraves, jolie lady de l’époque victorienne, Loghu, la primitive, un Néanderthalien doté d’une force hors norme et d’une fidélité à toutes épreuves et beaucoup d’autres, tous circoncis, tous sans poils ni barbe ni cheveux et tous miraculeusement revenus dans l’intégrité physique de leurs jeunes années. De gros champignons percés de trous distribuent de la nourriture quand on leur présente un récipient appelé « graal », mais aussi du tabac, de l’alcool et même des chewing-gums contenant une puissante drogue. La nuit venue, son effet aphrodisiaque exacerbe l’instinct sexuel de celles et ceux qui l’ont mâchée. Hommes et femmes se ruent les uns sur les autres pour des accouplements aussi violents qu’orgiaques. Les passions déchaînées amènent meurtres et règlements de comptes. Tous ces gens sont-ils arrivés au paradis ou en enfer ? Qui a organisé cette étrange résurrection ? Comment Burton et ses amis vont-ils pouvoir survivre dans un monde aussi étrange ?

Ma critique

« Le monde du fleuve » est le premier tome d’une saga de science-fiction à succès qui en compte cinq. L’originalité de l’intrigue tient beaucoup à cette description d’une vie après la mort qui ressemble souvent en pire à celle d’avant. En bon explorateur, Burton n’a qu’une obsession, remonter aux sources du fleuve pour découvrir le fin mot de toute cette histoire. Il ne le trouvera pas, bien évidemment, vu que le suspens doit être maintenu sur toute la durée de la narration. Entre autres péripéties, il croisera plusieurs fois la route d’un certain Hermann Gœring, avatar du célèbre maréchal d’aviation et dignitaire du régime nazi, qui s’évertue à se recréer un petit royaume totalitaire avec esclaves et liquidation des Juifs. Ce monde est dangereux, on y meurt facilement, mais c’est pour très vite revenir dans le circuit. Bien que répertorié dans le registre humoristique, cet ouvrage nous semble surtout philosophique et assez influencé par les idées libertaires de mai 68 (amour libre). La suite qui devrait mettre en scène toutes sortes d’autres personnages historiques méritera toute notre attention. Sans crier au « chef-d’œuvre », il s’agit bien de science-fiction intelligente et de très belle qualité à conseiller aux amateurs du genre.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

Y A-T-IL UNE ERREUR QU’ILS N’ONT PAS COMMISE ? (CHRISTIAN PERRONNE)

Le résumé du livre

Quelle sinistre affaire que cette interminable crise sanitaire qui a démarré fin novembre 2019 en Chine et qui n’est toujours pas terminée presque deux années plus tard ? Tout a commencé en 2013 quand Hollande a décidé de ne pas renouveler notre stock d’un milliard de masques chirurgicaux constitué en 2011. Et ce n’est que la première d’une longue suite de scandaleuses imprévoyances. Fermeture de dizaines de milliers de lits d’hôpitaux. Absence de tests de dépistage. Création d’un Conseil scientifique constitué de médecins stipendiés et accessoirement d’ethnologues, sociologues et autres anthropologues, ne fournissant aucun rapport écrit et se caractérisant par un attentisme étonnant. Conflits d’intérêts à tous les étages. Confinements qui confinent à la bêtise crasse. Depuis quand doit-on mettre en quarantaine des gens bien portants sans soigner les malades ? Scandale de l’interdiction de l’hydroxychloroquine qui est utilisée avec succès par plus de la moitié de la planète. Une ministre de la Santé qui nie l’existence de l’épidémie puis qui quitte le navire au pire moment pour aller pantoufler ensuite dans les bureaux de l’OMS de Genève. Absence totale de véritable pilote dans l’avion. Dirigeants qui annoncent tout et son contraire. Médias qui instillent la peur et créent une véritable psychose collective. Destruction de l’hôpital. Et pour finir, vilains Français qui accusent un gentil gouvernement qui fait tout ce qu’il peut et osent même intenter des procès pour mise en danger de la vie d’autrui.

Ma critique

Plus qu’un simple pamphlet ou qu’un vulgaire coup de gueule, cet ouvrage du Professeur Perronne est, en fait, une enquête journalistique à chaud, un état des lieux précis, écrit en pleine crise, au printemps 2020. Il m’a semblé intéressant d’y jeter un œil avec un peu plus de recul. Le constat est affligeant et même pire qu’à l’époque. Perronne parle « d’une union sacrée de l’incompétence et de l’arrogance » et de « plus grande pandémie du siècle ». Il regrette que les médecins de plateaux genre Karine Lacombe, VRP de Big Pharma, et ceux du fameux conseil scientifique soient complètement déconnectés de la réalité. Lui-même est un ancien conseiller en épidémiologie de plusieurs gouvernements, chef de service respecté de l’hôpital de Garches. Il a plus de quinze années d’expérience dans la gestion des crises sanitaires. Il sait de quoi il parle, contrairement à un certain politicien vaguement neurologue, et pourtant il en est réduit à prêcher dans le désert. En réalité, cette relecture permet de se rendre compte que ce tableau qui fit scandale en son temps est tout ce qu’il y a d’impartial et de mesuré. Le recul montre que ces décideurs ne furent et ne sont pas des incapables ou des gens débordés, mais qu’ils appliquent malheureusement un plan ourdi par leurs véritables maîtres. Cette crise serait-elle plus politique que sanitaire ? Alors complot ou trahison des élites ? Ouvrage à lire pour ne pas mourir « covidiot ».

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LA FIN DU PARTI ROYALISTE (MARC DESAUBLIAUX)

Le résumé du livre

Que d’occasions manquées au XIXe siècle pour la cause royaliste ! En 1849, elle dispose de la majorité à l’Assemblée nationale et pourtant c’est Louis-Napoléon Bonaparte qui s’empare du pouvoir le 2 décembre 1851… En 1871, les royalistes se retrouvent à nouveau majoritaires et unis autour du comte de Chambord quand tout capote avec la querelle au sujet du rétablissement du drapeau blanc. Au-delà du symbole, deux conceptions de la monarchie s’affrontent : l’orléanisme et le légitimisme, monarchie constitutionnelle et absolutisme de droit divin… Et en 1883, à la mort du comte de Chambord, qui n’a jamais voulu transiger et a renoncé au trône, le nouveau prétendant, Louis-Philippe-Albert d’Orléans, comte de Paris, se retrouve à la tête d’un parti en pleine décomposition. Plus de majorité ni à l’Assemblée, ni au Sénat. Un gouvernement et un chef d’état républicains. Finalement, une forte poussée aux élections législatives de 1885 entraine le vote d’une loi d’exil frappant le Comte de Paris. Avec un prétendant malade et coupé des réalités du terrain, arrive la fin des espérances royalistes.

Ma critique

« La fin du parti royalistes » se présente comme un essai historique de grande qualité sur une très courte période assez peu connue de l’histoire du royalisme. L’auteur appuie son travail sur une très riche documentation (archives, témoignages, articles de presse). Le lecteur découvrira dans cet ouvrage majeur sur ce sujet précis combien fut délétère pour le mouvement l’alliance avec le boulangisme. L’importance du rôle de certains dirigeants tels Meyer jouant le fils contre le père et poussant au coup de force ou tels de Mun, le catholique social, ne parvenant pas à faire voter des mesures favorables au monde ouvrier. La désunion amènera une dérive vers la droite parlementaire classique pour certains ou vers un anti-parlementarisme de plus en plus virulent pour d’autres. Sans oublier la découverte de l’importance d’une presse royaliste constituée d’une nuée de petits journaux (250 à 300) parisiens ou provinciaux qui périclitèrent peu à peu. L’ouvrage s’achève sur l’évocation de Charles Maurras et de l’Action Française, mais ceci est une autre histoire, comme dirait Kipling. Au total, un opus à ne pas manquer pour qui s’intéresse à ce tournant de l’Histoire, avec en prime l’escapade chevaleresque mais ratée du jeune duc d’Orléans.

Ma note

4,5/5

HUMOURROMAN

L’ASSASSIN QUI REVAIT D’UNE PLACE AU PARADIS (JONAS JONASSON)

Le résumé du livre

À plus de 50 ans, Dédé le meurtrier a déjà passé pas mal de temps en prison. Il a eu le malheur de planter une hache dans le dos d’un homme, d’envoyer une volée de chevrotines dans le visage d’un autre et de trancher la gorge d’un troisième. Mais maintenant, ce temps est bien fini. Il s’est juré de ne plus jamais retourner en taule. Il se réfugie dans un ancien bordel reconverti en hôtel borgne tenu par Per Person, jeune homme issu d’une lignée en perte de vitesse avec un grand-père millionnaire ruiné avec l’avènement du moteur à explosion, avec un père alcoolique et une mère ayant fui en Islande en compagnie d’un banquier. Lors d’une pause qu’il passe sur un banc de jardin public, il est accosté par Johanna Kjellander, pasteur virée de sa paroisse et quasiment aussi paumée que lui qui lui propose une intercession moyennant finance…

Ma critique

« L’assassin qui rêvait d’une place au paradis » est un roman humoristique, fantasque et un brin déjanté bien dans la ligne des deux précédents opus de l’auteur, « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » et « L’analphabète qui savait compter ». Avec des personnages différents quoi que tous bien barrés pour ne pas dire frappadingues, l’auteur improvise des histoires totalement improbables avec un gangster touché par la grâce, un magot gagné de manière plus ou moins honnête et rebondissements divers et variés. On ne s’ennuie pas avec Jonas Jonasson, à la condition d’oublier au vestiaire logique, vraisemblance et cartésianisme. À noter dans cet ouvrage, un parallèle facile mais bien amusant entre Dieu le père et le père Noël. Le style fluide et agréable permet une lecture aussi facile que rapide. Et en bonus, cette pantalonnade, picaresque à souhait, permet d’aborder de manière légère et intelligente toutes sortes de travers de nos sociétés : bêtise humaine, charity business, sectes, propension à la malhonnêteté et à la truanderie. Un vrai régal à consommer sans modération.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

COMPRENDRE L’EMPIRE (ALAIN SORAL)

Le résumé du livre

Qu’est-ce vraiment que le peuple ? Au temps de la Révolution française le Tiers-Etat représentait la bourgeoisie montante et non le petit peuple composé d’une multitude de petits paysans attachés à leur lopin de terre. Jamais aucun changement ne fut réellement voulu par le peuple. Jamais celui-ci ne fut internationaliste, mais toujours patriote (soldats de l’an II, poilus de 14). À partir de 1789, on est passé de la « société du don pour le prestige à celle du prêt pour l’intérêt »… « De l’élégance à la laideur, de la noblesse à l’usure ». Robespierre a tué le Roi. Puis la Banque a liquidé Robespierre. De Gaulle voulait le retour à l’étalon-or. Il quitta l’OTAN, fit fermer les bases américaines en France, se posa en champion de la troisième voie (« Québec libre », discours de Pnom Penh). Pour s’en débarrasser, l’Empire « inspira » Mai 68 qui eut trois aspects (libertaire, syndical et politique) et qui permit la montée au pouvoir de Pompidou, homme des Rothschild, placé là pour instaurer la loi de janvier 1973 obligeant l’état à emprunter avec intérêt à des banques privées. Début d’un endettement aussi perpétuel qu’impossible à rembourser qui a amené la France dans la calamiteuse situation où elle se trouve aujourd’hui.

Ma critique

« Comprendre l’Empire » est un essai de sociologie politique polémique et assez basique plutôt axé sur de la vulgarisation économique et historique. C’est clair, fluide et aisé à lire. Bien que souvent différentes de la doxa officielle, les analyses historiques sont difficilement contestables. Soral insiste beaucoup sur la division de la société de l’ancien régime en « oratores » (priants), « bellatores » (combattants) et laboratores (travailleurs). Pour lui, le mondialisme, qui a détruit le catholicisme, le communisme et l’universalisme français, n’aurait plus d’autre opposant sur sa route que l’islam non inféodé aux Etats-Unis (Iran, Hezbollah). Il fait une distinction entre « musulman du quotidien » et « racaille de banlieue », trouve que la gauche sociétale ou gauche « bobo » s’est allié à la droite d’affaires pour liquider la gauche sociale (PCF) et la droite morale (gaullisme), telle qu’elle a pu exister dans le cadre du CNR et perdurer jusqu’en 68. Pour lui, seule une union de la gauche du travail et de la droite des valeurs pourrait mettre en échec la dictature de la « gouvernance mondiale ». Publié il y a dix ans, cet essai a déjà un peu vieilli en ce qui concerne les perspectives. « La révolte des nations » annoncée dans le dernier chapitre ne s’est pas produite, ses prémisses (gilets jaunes) ayant été réprimés comme on sait, et le mondialisme a avancé à pas de géant grâce à la crise sanitaire. Au total, un ouvrage plus intéressant pour son côté historique que politique.

Ma note

4/5

AVENTURESvoyages

MADA TREK (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Après une traversée à pied du sud au nord du continent africain, le couple Poussin, leurs deux enfants Philae et Ulysse, une amie préceptrice temporaire Virginie et leurs deux guides malgaches Tovo et Tanjona se sont lancés dans une première, une expédition réputée impossible, le tour complet, à pied, de Madagascar, île aussi grande que la France. Ils se sont fait construire une charrette tirée par deux zébus. Elle leur servira de maison roulante au confort des plus sommaires malgré la présence de panneaux solaires. Ce défi va se révéler difficile à relever. Aucun réseau routier digne de ce nom sur leur parcours, à peine des chemins défoncés voire abandonnés à la végétation, des endroits désertiques et des zones infestés de bandits de grands chemins très craints car spécialisés dans le vol de zébus, seule véritable richesse des paysans. Peu de ponts. Il leur faudra passer des cours d’eau en faisant flotter leur charrette et même la placer sur un bateau sur un tronçon. En tout, il leur faudra plus de huit mois pour relier la capitale Antananarivo à Tuléar pour ce premier périple de 949 km.

Ma critique

« Mada Trek » est un récit de voyage peu ordinaire. C’est un véritable exploit familial que les Poussin nous font partager avec ses joies et ses peines, ses souffrances et ses étapes plus confortables chez des amis ou dans des lodges mis à leur disposition. Ils veulent expérimenter une forme de sobriété heureuse et ils y parviennent fort bien. Cet exploit aurait été impossible sans l’aide des autochtones qui sont souvent mis à contribution autant pour pousser la charrette dans les montées difficiles que pour les protéger des brigands. Ils découvrent un peuple attachant qui lutte désespérément pour sa survie. Alexandre Poussin arrive même à parler la langue. Son texte qui est d’ailleurs rempli de phrases en malgache dont il faut chercher la traduction en bas de page, s’achève par ce qu’il appelle un vade-mecum lexical, sorte de glossaire utile pour qui voudrait causer malgache ! En plus de l’aventure, les Poussin ont un autre but : aller au-devant d’ONG et autres intervenants de la coopération pour les faire mieux connaître chez nous. Ils constatent que près d’un demi-siècle de gouvernance dictatoriale plus ou moins communisante a laissé un pays exsangue et une population plus pauvre et plus démunie que celles qu’ils ont découvertes en Afrique. En plus de deux cahiers de magnifiques photos, le lecteur a droit à une playlist de tubes malgaches (il faudrait un audio-book pour en profiter) et à une bibliographie succincte. Une belle aventure familiale à ne pas rater et dont on attend déjà la suite avec impatience.

Ma note

4/5

RELIGIEUXTEMOIGNAGE

CE NOM QU’A DIEU ILS DONNENT (GUILLAUME DE FONCLARE)

Le résumé du livre

Guillaume souffre d’une maladie génétique chronique aussi douloureuse qu’handicapante. Après avoir reçu une éducation religieuse catholique puis protestante, adulte, il a tout rejeté et se déclare maintenant « athée pratiquant ». Charmant oxymore. Cependant, il tient à garder l’esprit ouvert et à se maintenir dans une certaine quête du Divin. Comme il a besoin de silence et de recueillement pour mener à bien cette recherche, il parvient à se faire accepter pendant deux mois dans une résidence d’écrivains, sur les hauteurs des Causses du Quercy, non loin du petit village de Calvignac. Mais peu avant son départ, sa compagne doit être prise en charge pour un cancer du sein. Guillaume décide de ramener son séjour à cinq semaines au lieu de huit. Trouvera-t-il Dieu entre Conques et Saint-Circq la Popie ?

Ma critique

« Ce nom qu’à Dieu ils donnent » se présente comme un témoignage d’une totale authenticité et d’une absolue sincérité, ce qui est bien agréable. L’auteur a vraiment séjourné dans le lieu qu’il évoque. Il raconte quelques épisodes dramatiques de sa vie comme le décès de son père dans un accident d’hélicoptère alors qu’il était très jeune. Il nous parle de sa femme, de ses amis, des gens qu’il rencontre. Nous ne sommes donc pas dans l’autofiction mais dans un récit de petites tranches de vie qui aident à comprendre le cheminement d’un intellectuel, ancien directeur de l’Historial de la bataille de la Somme, devenu écrivain. Un pèlerinage immobile en quelque sorte. La force et l’intérêt de la narration vient plus de tout ce kaléidoscope de saynètes jetées au fil de la plume que de l’accumulation de questions existentielles (Pourquoi Dieu permet-il le mal ? Pourquoi dois-je autant souffrir ? Pourquoi Dieu autorise-t-il la douleur des hommes en général et la souffrance voire la mort des petits enfants en particulier ?). Bien entendu, ce séjour, s’il ne lui apporte guère de réponse à ce genre de questions, lui permettra néanmoins de repartir plus serein, plus heureux et avec une foi retrouvée. Un livre intéressant, agréable et facile à lire en dépit d’une légère propension de l’auteur à une certaine amplitude des phrases.

Ma note

4/5

ESSAIS

POUR EN FINIR AVEC PASTEUR (DR ERIC ANCELET)

Le résumé du livre

En 1885, lorsque Pasteur inocule un virus de rage particulièrement virulent à des enfants, pour « expérimenter » le contre-poison et lancer au plus vite le premier vaccin de l’histoire, il a 63 ans et est lui-même un homme très malade et fort diminué, hémiplégique paralysé du côté gauche depuis 1868. La rage qu’il injecte à des enfants sains est une maladie paralysante de même nature que l’infirmité dont il souffre lui-même, laquelle l’oblige à se servir d’assistants et altère ses capacités mentales. Plusieurs enfants mourront suite aux expérimentations de ce personnage devenu un héros national et l’un des hommes les plus célèbres du monde. Des plaintes pour homicide seront déposées par de pauvres gens du peuple. Toutes seront ignorées par la Justice car Pasteur est protégé par le pouvoir. Son premier vaccin sera fabriqué et diffusé sur la base de deux cas jugés significatifs, deux jeunes garçons robustes qui ont survécu, non pas à la morsure d’un chien dont on n’a jamais prouvé qu’il était vraiment enragé, mais aux injections dangereuses du vieux chimiste. Un siècle et demi plus tard, l’Institut Pasteur perpétue la tradition pour son plus grand profit et celui des Pfizer, Moderna, Johnson & Johnson, Astra Zeneca et autres…

Ma critique

« Pour en finir avec Pasteur » est un essai bien documenté, remettant en question le dogme pasteurien. Le Docteur Ancelet se place dans la ligne des découvertes d’Antoine Béchamp, Claude Bernard et autres pour qui le microbe importe peu car c’est le terrain qui compte. Pasteur l’aurait même reconnu sur son lit de mort. En effet, si les microbes ou virus sont bien impliqués dans les maladies infectieuses, l’important est de savoir de quelle manière, s’ils en sont la cause ou l’effet, des maîtres d’œuvre ou de simples exécutants. Ancelet pose les questions qui dérangent, considère l’homme dans son entièreté, corps et âme. Il en tient pour une médecine holistique, respectueuse et non traumatisante, juste à l’opposé de l’allopathique, matérialiste, dogmatique et autoritaire. Pour lui, on ne devrait jamais vacciner un enfant de moins de six ans et encore moins un nourrisson dont les défenses naturelles sont dans un état embryonnaire. D’autant plus que l’allaitement maternel suffit à le protéger de toute attaque microbienne. On notera également une description en forme de réquisitoire sans appel de l’accouchement moderne (position couchée, provoqué, forceps, épisiotomie, césarienne, etc.) aussi traumatisant pour la mère que pour l’enfant. Livre passionnant qui attaque la problématique des vaccins sous un angle autant médical que philosophique voire sociologique d’où une lecture parfois un tantinet laborieuse.

Ma note

4/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

LE SYSTÈME VALENTINE (JOHN VARLEY)

Le résumé du livre

Kenneth Valentine est un acteur galactique assez particulier. Non seulement il est capable de jouer un grand nombre de rôles en se travestissant à toute vitesse dans des pièces de Shakespeare revisitées, mais encore peut-il entourlouper, escroquer, truander comme personne. Il jongle avec ses identités autant dans la vie que sur scène et passe sans arrêt d’une planète à une autre, tel un vagabond du cosmos. L’ennui, c’est qu’un jour, un détective privé se présente au théâtre où il se produit et demande à le rencontrer en le réclamant sous un de ses nombreux noms. Profitant de la confusion créée, Valentine file illico sur une autre planète. Sa carrière débuta très jeune. Son père, acteur également, le fit entrer dans la troupe du célèbre Gédéon Peppy qui animait un médiocre show télévisé pour enfants. Kenneth rencontra immédiatement le succès dans le rôle de Sparky. Il se mit peu à peu à améliorer les séquences et à enjoliver les scénarios jusqu’à faire de l’ombre à Peppy, puis à le pousser au suicide…

Ma critique

« Le système Valentine » se présente comme un roman de science-fiction dans la mesure où le héros vogue d’étoiles en planètes aussi facilement que d’aucuns prennent le train de banlieue. Mais cet aspect « space opéra » ne semble qu’être un prétexte à la parodie, à l’humour et à une dénonciation implicite de toutes sortes de travers de notre société actuelle. Le lecteur y trouvera une satire féroce du monde merveilleux de Disney Channel, de celui tout aussi féroce du théâtre shakespearien, de la télé-réalité voire poubelle et même de la médecine classique. Le fond de l’intrigue est basée sur les rapports difficiles entre Kenneth et son père. Une enfance qui fait penser à celle d’un Michael Jackson avec un père aussi maltraitant qu’ambitieux pour son rejeton. Son destin tragique ne sera que la conséquence logique de ses actes. Le style de l’auteur est agréable et percutant. L’histoire démarre sur les chapeaux de roues. Malheureusement, au bout de deux centaines de pages, le rythme ralentit nettement. On a l’impression que l’auteur se met un peu à tirer à la ligne. L’ennui et la lassitude sont pas loin de s’installer. Heureusement que dans les cent dernières, le rythme repart et le livre se termine au mieux, rachetant ainsi ce passage à vide.

Ma note

4/5

FANTASTIQUEPOLICIER

TRAQUE EN DEUX TEMPS (MICHEL CHERCHI)

Le résumé du livre

En août 2018, au Nicaragua, Rob Sterling et Alex Garcia, tous deux agents de la CIA, tombent dans une embuscade. Leur guide Ramiro est abattu. Rob et Alex se réfugient dans une grotte où ils comptent défendre chèrement leur peau dans l’attente des secours. Mais un tir de roquette fait s’effondrer leur refuge sur eux. Une équipe, intervenue en hélico pour les sauver, arrive juste à temps pour les transférer en bien piteux état à l’hôpital militaire de Managua. Deux mois plus tard, Sterling se retrouve au quartier général de la CIA à Langley dans le bureau de Shaeffer, le directeur, qui lui annonce qu’Aljarith, le tueur à gages terroriste qu’il pourchasse depuis des années, vient enfin d’être abattu au Mozambique. Rob Sterling n’en croit rien. Un peu plus tard, son ami Yorell Lincoln, reporter du journal « The Independent », l’informe que différents phénomènes paranormaux se dérouleraient autour du siège de la NASA. Ils décident de se rendre sur les lieux. Ils y rencontrent le professeur Evrett, prix Nobel de physique, qui leur explique que ce dont ils ont été témoins est une sorte de fracture dans le continuum espace-temps, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle Aljarith parvient toujours à s’échapper une fois ses crimes accomplis…

Ma critique

« Traque en deux temps » se présente comme un roman d’espionnage avec un important volet fantastique. Toute l’intrigue, assez simple au demeurant, repose sur le va-et-vient entre deux mondes, celui de maintenant et celui à venir, 91 ans plus tard. Pas mal apparenté aux agents secrets bien connus comme James Bond ou OSS 117, le héros est un superman chevaleresque, mais sans grande épaisseur romanesque ni véritable humanité. Quelques petites manies, quelques lubies ou quelques hobbies originaux les lui auraient procuré. Le style est simple, efficace et agréable à lire. La preuve, le livre se lit en une journée, tellement le lecteur n’a pas envie de le quitter même s’il a parfois l’impression de lire une BD ou d’être pris dans un jeu vidéo plein de péripéties et de rebondissements. Ouvrage de détente et de divertissement agréable et détendant, bien qu’entaché que quelques coquilles, anglicismes (ou américanismes) et autres erreurs grammaticales ou lexicales qui auraient dû être corrigées.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LA MAISON DE PILATE (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Don Ramire doit enlever Isabel, c’est quasiment un ordre de cette dernière qui se méfie de son époux récemment libéré de haute lutte des geôles royales. En effet, Medina Celi voudrait voir Isabel épouser Don Juan Palomas, ce que son épouse de haute noblesse considère comme une mésalliance. Le roi fait proclamer l’interdiction de séjour dans la ville de Séville à tous les mendiants, miséreux et autres parias qui l’encombrent, ce qui provoque une violente révolte attisée par le sombre Pedro Gil, mais rapidement maîtrisée grâce à une intervention double de Medina Celi. Mais l’enlèvement d’Isabel par Ramire est vouée à l’échec. Les deux amoureux tombent dans un guet-apens organisé par Moncade et le comte-duc. Attaqué par une vingtaine de spadassins, Ramire a beau se battre comme un lion, il ne parvient ni à s’échapper ni à sauver sa belle. Il succombe sous le nombre et tombe sous la coupe du sinistre Moghrab. La partie est-elle perdue ?

Ma critique

« La maison de Pilate » est la suite du « Roi des gueux ». L’ensemble représente un roman-fleuve de cape et d’épée d’environ 1300 pages. Autant le premier tome démarrait sur les chapeaux de roues, autant le second ralentit et donne parfois un peu l’impression de tirer à la ligne. Longues descriptions, longues interrogations, reprises des épisodes précédents et tirades un brin indigestes. On trouve encore quelques belles batailles et quelques actes de bravoure chevaleresque. Cependant l’accent est un peu trop mis sur le côté sentimental. Les amours contrariées de Ramire et Moncade, les changements de partenaires et les romances déçues. De plus, le comte a un sosie qui n’est autre que le roi des gueux. Soliman, Moghrab et Hussein le noir ne sont en fait qu’une seule et même personne, ce qui embrouille un brin le lecteur qui peut aisément se perdre dans les personnages. Féval use et abuse un peu de ce procédé rocambolesque assez peu vraisemblable. Conclusion : pas le meilleur titre du grand Paul Féval.

Ma note

3/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

CONVERTIR L’EMPEREUR ? (ERIC MORIER-GENOUD)

Le résumé du livre

De 1892 à 1895, dans le sud-est africain, Georges-Louis Liengme, missionnaire et médecin originaire de Suisse Romande, se présente à la cour de l’empereur Goungounyane qui n’est plus pour très longtemps à la tête de l’immense territoire de Gaza, déjà partiellement sous dépendance portugaise et futur Mozambique. Même s’il est bien accueilli par le potentat africain, Georges découvre assez vite que sa mission ne va pas se révéler de tout repos. Goungounyane est en fait un despote qui pratique la razzia, la polygamie et la mise en esclavage systématique. De plus, son goût prononcé pour les alcools forts que lui procurent les Portugais l’amène à être plus souvent ivre qu’à jeun. Quant à ses sujets, ils veulent bien se faire soigner, mais sans jamais montrer le moindre signe de gratitude. Le pauvre pasteur ne mange pas tous les jour à sa faim. Il doit tout bâtir de ses mains avec l’aide des quelques convertis qui l’accompagnent. Son épouse et sa petite fille le rejoignent et bientôt un nouveau bébé vient réjouir la petite famille. Mais des nuages noirs s’amoncèlent sur la mission. Un conflit se profile. Le travail d’évangélisation ne rencontre guère de réussite. Ses ouailles, qui veulent bien chanter et écouter l’harmonium, restent fondamentalement animistes et insensibles au message du Christ. Ils n’acceptent de Georges, outre les soins, que de l’argent, de l’alcool, des cotonnades ou des cadeaux…

Ma critique

« Convertir l’empereur » est son journal humble et touchant, enrichi de quelques lettres à son épouse et à sa famille, l’ensemble compilé par un chercheur de l’université de Belfast. Ce document brut de décoffrage (quelques parties illisibles du manuscrit n’ont pas été transcrites) nous permet de découvrir l’œuvre d’un pionnier qui mériterait d’être aussi connu que le célèbre docteur Schweitzer tant son dévouement et son désir de faire partager sa foi ardente furent grands et admirables. Il multiplia les soins (il recevait une centaine de malades par jour) et les opérations chirurgicales, même les plus délicates, comme des interventions sur les yeux (cataractes, glaucomes, tumeurs, etc.). Il bâtit un dispensaire, une école et des maisons pour ses malades. Quand il se trouva au cœur du conflit, il refusa d’abandonner son poste, prit des risques importants pour lui et pour sa petite famille et tenta d’apaiser les tensions entre les belligérants, sans grand succès d’ailleurs. Les éditions Antipodes ont fait œuvre utile en publiant ce « Journal » à une époque où il est de bon ton de rejeter toute forme de colonialisme et de condamner sans appel toute tentative civilisationnelle d’un peuple sur un autre et même tout esprit philanthropique y afférant. Lire ce texte permet d’abord de découvrir un personnage hors-norme, d’un courage et d’une probité exemplaire et, en prime, de peut-être réviser certaines idées un brin stéréotypées sur la colonisation et la réalité des traditions ancestrales africaines. Une édition de qualité, illustrée de photos d’époque, mais avec un texte en caractères un peu trop petits pour un véritable confort de lecture. Passionnant néanmoins pour qui s’intéresse à l’Histoire de l’Afrique.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LE ROI DES GUEUX (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

En 1641, Philippe IV, roi d’Espagne, voit son royaume se réduire comme peau de chagrin. Il a déjà perdu le Portugal et laissé une grande partie de la Catalogne à Richelieu, sans vraiment réagir. Le peuple se moque de lui en disant que plus il perd de territoires, plus il est grand. Petit nobliau d’Estramadure le jeune Don Ramire est tombé amoureux d’Isabel, fille du duc de Medina Celi tombé en disgrâce en raison d’une accusation fausse de participation à un complot contre le roi. Depuis quinze ans le duc est enfermé dans une forteresse. Un certain Pedro Gil, âme damnée du favori de Philippe IV, organise son évasion, mais uniquement pour mieux le faire assassiner. Le jeune Don Ramire, n’écoutant que son courage, décide de voler au secours de celui qu’il espère voir un jour devenir son beau-père. Et voilà qu’à la taverne où il déjeune il apprend aussi qu’Isabel est promise à Don Juan Palomas, un grand d’Espagne, bâtard mais bien en cour, et aussi libertin notoire nullement pressé de convoler en justes noces…

Ma critique

« Le roi des gueux » est le premier tome d’un dyptique romanesque historique, moitié cape et épée, moitié romance comme on les aimait à la fin du XIXème siècle. Tous les éléments du roman d’aventures sont présents : un cadre historique intéressant, celui d’une Espagne qui rentre en décadence avec un souverain faible entouré de sorciers arabes et de favoris corrompus, une intrigue pleine de rebondissements avec dans ce premier volet une évasion spectaculaire au suspens à couper le souffle et tous ceux du roman sentimental également avec une histoire d’amour compliquée et contrariée voire impossible, sans oublier les traitrises, les coups fourrés en tous genres et les personnages qui sont tout autres que ce que le lecteur s’imagine. Le tout s’achève au moment où le suspens est à son comble. Don Ramire doit enlever Isabel pour lui éviter le mariage forcé. Il est soutenu par sa mère, mais s’est mis à dos le duc alors que ce dernier lui doit la vie. On a hâte de découvrir la suite et la fin. Encore un magnifique roman qui donne un grand plaisir de lecture autant pour le côté historique que pour les péripéties d’une histoire fort bien racontée.

Ma note

4/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

PRIME TIME (JAY MARTEL)

Le résumé du livre

Scénariste sans succès de séries télé, Perry Bunt, après une longue série de bides, s’est recyclé comme animateur d’ateliers d’écriture dans une faculté peu cotée de Californie. Mais il ne passionne guère ses élèves qui se prennent tous pour de futurs génies de la création artistique. Perry est en train de tomber amoureux d’une de ses élèves, la jeune et charmante Amanda Mundo qui garde une attitude réservée et un brin équivoque à son égard. Un jour, Ralph, un clochard de son quartier lui annonce que des entités extra-terrestres se servent des humains comme programme de distraction inter galactique. L’ennui c’est que ces gens commencent à se lasser du spectacle des bassesses humaines et que des autorités lointaines auraient décidé d’en finir une bonne fois pour toutes avec la planète bleue. Une apocalypse qui permettrait de faire remonter l’audimat au prix de plusieurs milliards de victimes. Perry Bunt parviendra-t-il, avec l’aide d’Amanda, à empêcher cette catastrophe ?

Ma critique

« Prime Time » se présente au premier abord comme un roman de science-fiction humoristique. En fait il s’agit plutôt d’une charge amusante contre la société de divertissement, la télé-réalité, pour ne pas dire la télé-poubelle, le voyeurisme et la virtualité omniprésente d’un monde si parfait qu’il en devient d’une uniformité et d’un ennui insupportable. L’intrigue est rondement menée avec son lot de rebondissements et d’épreuves subies par un anti-héros qui finit par emporter l’adhésion du public tant il subit de raclées et de déconvenues dans sa quête pour un monde meilleur. Le lecteur remarquera une troublante mise en abyme (les ET observent les humains et sont observés également par d’autres, etc) et une étrange mise sous surveillance avec des caméras partout même à l’intérieur de fausses mouches présentes partout. On se retrouve dans un univers assez proche du thème « Big Brother is watching you ! », mais en moins oppressant. Plus qu’un pastiche comique, cet ouvrage est une fable ou un conte philosophique plein d’humour léger et intelligent. Le style est agréable et fluide. L’ensemble est très divertissant tout en donnant pas mal à réfléchir sur les dérives de notre monde. Que demander de plus ?

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

FORTUNES ET INFORTUNES D’UN EXILE CAMBODGIEN (KIM ANG SRUN)

Le résumé du livre

En 1972, alors que le Cambodge est en pleine guerre civile et que les Khmers rouges sont presque arrivés aux portes de Phnom Penh, le jeune Kim obtient une bourse de l’OMS qui lui permet d’aller poursuivre des études d’ingénieur en génie civil à l’école Mohammadia de Rabat. Pendant qu’il y mène une scolarité un brin chaotique (il doit redoubler à deux reprises), sa famille, un peu aisée donc considérée comme contre-révolutionnaire, est déportée à la campagne pour y subir un destin tragique. Seule une sœur partie avant et deux de ses sept frères parviendront à échapper à la mort. Le bébé de la sœur aînée sera saisi par les pieds par un jeune Khmer rouge qui lui fracassera le crâne contre le tronc d’un arbre. Au Maroc, Kim est devenu apatride. Son passeport périmé ne peut pas être renouvelé. Il ne dispose plus que d’un permis de séjour valable un an. Son diplôme en poche, il trouve un poste de chef de service dans une société d’assainissement des eaux qui l’envoie en mission au Sahara occidental où il se retrouve bien vite enlevé et pris en otage par un groupe de rebelles du Front Polisario. Ne voulant pas avoir de problème avec ce « Chinois », ils se débarrassent de lui dès le lendemain en l’abandonnant en plein désert avec une bouteille d’eau…

Ma critique

« Fortunes et infortunes d’un exilé cambodgien » est une biographie retraçant le parcours atypique et largement semé d’embûches d’un jeune homme cherchant son destin d’abord au Maroc, puis au Nouveau Mexique (USA) et finalement en France. Ses débuts sont difficiles au Maroc où il accumule les ennuis et les déconvenues. Ainsi se retrouve-t-il un temps en prison pour avoir renversé et tué accidentellement un gamin qui s’était jeté sous les roues de sa voiture. Ainsi l’accuse-t-on du viol d’une jeune fille marocaine qu’il n’avait jamais rencontrée. Ainsi un commissaire de police lui propose-t-il de devenir indic pour lui éviter d’autres poursuites. Son niveau d’anglais étant insuffisant pour pouvoir être accepté dans une université américaine, il rejoint en France sa sœur et ses deux frères survivants. Il y trouvera un excellent accueil, passera un DEA et présentera une thèse qui lancera sa carrière d’ingénieur. Il se mariera avec une étudiante en arts plastiques coréenne, aura deux garçons qui feront d’excellentes études et ne reviendra au Cambodge que 40 années plus tard. Un témoignage émouvant, plein d’humilité, de courage et de sincérité. L’exemple même d’une insertion parfaitement réussie. En ces temps de séparatisme exacerbé, il est bien agréable de lire semblable histoire.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LA QUITTANCE DE MINUIT / TOME 2 (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Georgina, seconde épouse de Lord Montrath vient d’apprendre la fin tragique de la première, la malheureuse Jessy O’Brien emmurée dans un cul de basse fosse. Elle craint de subir un sort identique. Mary Wood, qui fut la camériste de Jessy, sait tout de cet horrible forfait. Et voilà que très bizarrement, elle est devenue fort riche et qu’elle mène la grande vie en faisant chanter Montrath. Lequel ne sait plus quoi faire pour se débarrasser d’elle alors qu’elle pourchasse le couple dans toutes les villes d’Europe où se déroule leur voyage de noces. De retour en Irlande, Georgina et son amie Frances Roberts, convaincues de l’innocence du vieux Miles Mac Diarmid tentent de décider Montrath à intervenir pour empêcher une terrible erreur judiciaire. En fait, Jessy n’est peut-être pas morte, ce qui signifie que le Lord qui vient juste de se remarier est de fait bigame. Pendant ce temps, les drames se succèdent. Les partisans irlandais inondent une loge orangiste secrète réunie dans un sous-sol de la ville de Galway. Une patrouille anglaise tombe dans une embuscade. Un ponton saboté s’effondre sous le poids des chevaux et la vase se charge de la suite. Un château est brûlé. L’héritière est frappée à mort d’une balle destinée à un autre…

Ma critique

« La quittance de minuit / Tome 2 » représente la suite et la fin d’un roman historique foisonnant et au suspens haletant. Les passions sont de plus en plus exacerbées. Et de tueries en attentats, on atteint au paroxysme, un grand drame final dans les flammes et les fumées toxiques. Les destins sont quasiment tous tragiques, les amours contrariées voire impossibles comme celles de Percy Mortimer le beau militaire anglais et d’Ellen l’héritière de la dynastie irlandaise déchue. Un seul couple en réchappe de justesse, mais au prix de combien de morts et de souffrance. Grandiose, épique, cet ouvrage ne se lit pas, il se dévore, même de nos jours, tant tout est parfaitement observé, soigneusement décrit, superbement raconté et dans une langue magnifique. Les personnages sont attachants autant pour leur côté courageux ou chevaleresque que pour leurs petitesses ou leurs travers. Quand on compare un ouvrage comme celui-ci, pourtant ne faisant pas partie des plus célèbres de l’auteur, avec la production actuelle, sa médiocrité, son manque de souffle et de panache n’en sont que plus tristement visibles.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMAN

LA QUITTANCE DE MINUIT / TOME 1 (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Dans l’Irlande du XIXe siècle, le vieux Miles Mac Diarmid, pauvre mais respecté fermier de la région de Galway, vit dans sa misérable chaumière avec Jessy, sa fille adoptive, un petit valet et ses huit fils. Si lui est pacifiste et fidèle à la ligne de O’Connell, il n’en est pas de même de ses fils qui se sont tous enrôlés dans les rangs des « ribbonmen », ces résistants que l’occupant anglais considère comme des terroristes. Ils viennent d’incendier la ferme d’un middle-man (sorte de collabo de l’époque), Luke Neale, qui a été tué devant sa ferme. Un an plus tard, Miles se retrouve jeté en prison et accusé à tort du meurtre de Neale. De plus, Kate, la fille de Neale est aussi la femme d’Owen, un des fils Mac Diarmid, lesquels ne sont jamais pour rien dans toutes ces affaires. Natty, le cinquième des frères a d’ailleurs été tué par balle devant la ferme de Neale. Dans cette Irlande déchirée entre Orangistes protestants et Papistes catholiques, les passions sont exacerbées et les drames se succèdent. Le major britannique Percy Mortimer tente de garder une ligne médiane pour apaiser les tensions. Il sauve la vie de Morris, le meneur des Mac Diarmid, lequel lui en saura gré, alors que Jessy, fille adoptive de Miles, que Morris considère comme sa fiancée, est enlevée par Lord Georges Montrath. Sur la pression des Irlandais, le landlord anglais accepte d’effacer l’affront en l’épousant, mais ce n’est que pour mieux l’enfermer avant de la tuer…

Ma critique

« La quittance de minuit » est le premier tome d’un diptyque à la fois historique et dramatique. L’auteur nous plonge dans l’ambiance terrible d’une Irlande souffrant sous le joug anglais. La misère est partout présente, la haine de l’occupant également. Tout le peuple, réduit à une famine endémique et sciemment organisée pour l’affaiblir, se régale de quelques pommes de terre et va souvent pieds nus et en haillons. Les nobles irlandais comme le personnage d’Ellen ont été dépouillés de leurs biens au profit de riches Anglais comme Montrath qui disposent de propriétés immenses et pressurent les paysans réduits au statut d’esclaves. Ce personnage est particulièrement odieux, une sorte de Barbe-Bleue moderne. Sa seconde femme craint fort de subir le sort de la précédente. Par opposition, les justes ne manquent pas comme Miles le noble vieillard victime d’une erreur judiciaire qui tient de la machination, ou comme Mortimer qui finit par tomber dans une embuscade des partisans irlandais. Rien ne manque dans ce roman foisonnant et surtout pas les amours contrariés voire impossibles entre Anglais et Irlandais. L’intrigue est particulièrement bien menée, les rebondissements se succèdent. Le lecteur a hâte de dévorer le second tome pour savoir ce que deviennent tous ces destins tragiques. Tout le charme de l’ancien, malgré quelques descriptions un brin trop détaillées. Quel film formidable pourrait être tiré d’un tel ouvrage !

Ma note

4,5/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

EM (KIM THUY)

Le résumé du livre

Au temps de la colonisation, la France ne considérait pas le Vietnam comme une colonie de peuplement, mais plutôt comme une zone d’exploitation économique. Ainsi fit-elle arracher par des milliers de coolies des bambous sur des hectares pour les remplacer par des hévéas venus d’Amazonie pour pouvoir exploiter le caoutchouc. Mai, qui devait infiltrer la plantation d’Alexandre pour la ruiner, finit par tomber amoureuse du Français. Une petite fille sera le fruit de leur union. Ils l’appelleront Tam. Seule survivante de sa famille, elle sera sauvée par sa nourrice qui la cachera dans son village familial. Mais la nourrice sera tuée avec tous les siens par des soldats américains venus casser du Viet. Un pilote américain récupèrera l’enfant et la placera dans un orphelinat de Saïgon. Adulte, elle deviendra prostituée, « cong-haï » pour les GI. Louis est un métis de vietnamienne et de soldat noir, abandonné au pied d’un tamarinier. Une femme muette le recueille. Un cyclo-pousseur lui donne son nom, en souvenir du jazzman Louis Armstrong. À 6 ou 7 ans, il est déjà passé maître dans l’art de pêcher avec un crochet poissons, bagues ou portefeuilles, quand il découvre un bébé abandonné sous le banc sur lequel il dort. Il lui donne le nom de « em Hong », récupère un carton de nouilles pour lui faire un berceau et trouve une femme pour l’allaiter…

Ma critique

Plus qu’un simple témoignage, « em » se présente à la fois comme une série d’histoires vraies, une description de l’ambiance dantesque de la fin de la guerre du Vietnam et le récit d’une immigration réussie. Le lecteur y découvrira entre autres les immolations volontaires de bonzes s’arrosant d’essence avant d’y mettre le feu, l’opération « Babylift » initiée par le président Gérald Ford qui permit d’évacuer plus de 3000 enfants métis de soldats américains et la chute de Saïgon avec son ballet d’hélicoptères bondés d’américains et de vietnamiens évacués pour échapper aux représailles des troupes Viêt-congs investissant la ville. Le livre est également un réquisitoire subtil contre une guerre aussi sale qu’injuste. Une paix mal négociée entraina la division du pays en deux, mettant face à face un nord communiste et un sud capitaliste, deux frères ennemis, deux faces d’une même pièce. L’opération « Ranch Hand » vit les avions américains déverser sur le pays rien moins que 80 millions de litres de défoliants dont le sinistre agent orange. La jungle n’y résista pas, l’humain non plus, qui fut affecté de toutes sortes de maux (cancers, malformations congénitales, etc.). Seul le riz continua à pousser dans les rizières. Précis et élégant, le style de Kim Thuy permet une lecture rapide et agréable (une après-midi). Cet ouvrage passionnant et presque trop court se lit comme un roman que l’on quitte avec regret tellement les personnages sont touchants et tellement la souffrance, le courage et la résilience du petit peuple vietnamien sont émouvants. Magnifique.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHUMOUR

L’HOMME AU TORQUE D’OR (SIMON R. GREEN)

Le résumé du livre

Son nom est Bond, Shaman Bond. Mais ce n’est qu’un pseudo. En réalité, il s’appelle Eddie Drood. Sa mission consiste à traquer et combattre monstres horrifiques et autres entités maléfiques. Depuis la nuit des temps, il est de tradition pour son ancestrale famille de protéger l’humanité contre toutes les forces du mal. Et si Edwyn Drood dispose du permis de tuer n’importe quel agent des ténèbres, il n’en abuse jamais. Grâce au torque d’or qui orne son cou, d’une simple formule magique, il peut se retrouver protégé par une armure dorée qui le rend aussi invisible qu’invincible. Les balles rebondissent à sa surface, poignards et épées s’y brisent. Sa première mission consiste à aller régler le cas d’un Président admis à l’hôpital Saint Baphomet, sur Harley Street, à Londres. L’homme est enceint et même sur le point d’accoucher. Il se serait retrouvé dans cet état intéressant suite à une escapade avec des filles de mauvaise vie des bas-fonds de Bangkok. Grâce à des fléchettes remplies d’eau bénite congelée, Drood résout le problème en un tournemain. Et, mission accomplie, le voilà convoqué au manoir des Drood, devant sa grand-mère, la Matriarche. Et là, rien ne va plus…

Ma critique

« L’homme au torque d’or » se présente comme un roman de fantaisie humoristique et parodique. Eddie Drood est une sorte d’agent 007 qui traque des monstres en lieu et place d’espions. Il dispose d’armes bizarroïdes imaginées et réalisées par un de ses oncles. Les allusions au personnage de Ian Fleming sont innombrables (combinaison d’or à la « Goldfinger », par exemple). J’ai également relevé un petit côté « Famille Addams » chez les Droods, finalement plus sombres que l’impression qu’ils veulent donner. L’intrigue est plutôt simple. Elle se résume à une suite de rencontres avec divers monstres plus ou moins tocards, plus ou moins déclassés. La fin a un côté conte philosophique qui n’est pas désagréable. Le style est aussi fluide qu’agréable. L’ensemble donne une expérience de lecture divertissante surtout grâce à l’humour de l’auteur, lequel permet de ne pas trop se soucier du côté jeu vidéo de cette histoire. De la fantaisie amusante, drolatique et parfois frisant un « non-sense » très britannique. À lire au second degré bien sûr.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA GUERRE SECRÈTE CONTRE LES PEUPLES (CLAIRE SEVERAC)

Le résumé du livre

Un seul pour cent de la population mondiale possède autant que les 99% restants. De 2008 à 2010, en France, alors que les 10% les plus pauvres de la population ont perdu 179 millions d’euros, les plus riches ont accru leur fortune de la bagatelle de 24 milliards d’euros. Si toute guerre, toute crise sanitaire, toute révolution enrichit les riches et ruine les autres, pourquoi ne pas créer de toute pièce un problème pour ensuite proposer une solution miracle (pour eux !). Si 20% de la population mondiale suffit à faire tourner la machine économique avec l’introduction massive de robots, d’informatique et d’IA, il va leur falloir se débarrasser des 80% restants qui ne sont que des bouches inutiles, forcément responsables du fameux réchauffement climatique anthropique. Les épandages à haute altitude de nuages de particules d’aluminium, de baryum et autres, censés lutter contre ce phénomène, représentent un très grave danger pour l’humanité. (pollution de l’air, de l’eau, et de la terre, ingestion de nano particules pouvant endommager le cerveau et causer la stérilité, sans parler de toutes sortes de maladies comme celle des horribles « morgellons ») C’est la raison pour laquelle les pouvoirs publics nient leur existence et hurlent au conspirationnisme quand on ose évoquer les « chemtrails », ces trainées en quadrillage et autres formes géométriques bizarres qui strient nos ciels par beau temps. Et combien d’autres moyens tout aussi vicieux, tout aussi secrets ne sont-ils pas employés dans cette guerre qui ne dit pas son nom ?

Ma critique

« La guerre secrète contre les peuples » est un essai parfaitement documenté sur des faits sciemment négligés voire rejetés par nos médias tous dans la main de cette caste omnipotente. Le lecteur ne trouvera que des faits avérés, difficilement contestables et patiemment compilés par Claire Séverac qui, sans doute, paya de sa vie son honnêteté et son intégrité. Ce livre est une somme et même un ouvrage de référence sur ce sujet sensible. Et les derniers développements de cette course folle et mortifère vers ce « nouvel ordre mondial », comme ils l’appellent pour ne pas dire « dictature globale », ne font que confirmer ses dires. C’est un réquisitoire en règle. Tout y passe depuis le programme « HAARP » qui consiste à bombarder l’ionosphère d’ondes à très hautes fréquences pour déclencher artificiellement tempêtes, tremblements de terre, voire tsunamis, jusqu’aux OGM en passant par les nanotechnologies, la bio-ingénierie, le transhumanisme, sans oublier toutes les arnaques comme le prétexte climatique ou sanitaire avec les campagnes de vaccination de Bill Gates dans le Tiers-Monde cause de stérilité des femmes ou de maladies bien plus graves ni celle des bio-carburants. 100 millions de tonnes de céréales utilisées pour les fabriquer pouvant permettre de nourrir environ 700 millions de personnes en Inde ou en Afrique. Un ouvrage à ne pas rater si on veut vraiment prendre conscience de la réalité du monde dans lequel nous vivons et ne pas avoir honte quand nos enfants ou nos petits enfants nous demanderons des comptes dans quelques années.

Ma note

4,5/5

EROTISMEROMANCE

LIAISONS PÉRILLEUSES AU COSTA RICA (ENA FITZBEL)

Le résumé du livre

La jeune et jolie Diane Fouché, rédactrice en chef du magazine féminin à succès « Belle pour la vie » est sur le point de partir pour une semaine de reportage dans la forêt vierge du Costa Rica. Elle doit être accompagnée par Fred, son photographe attitré et aidé par un certain Marc Charleroi, guide patenté dans la région et ancien des forces spéciales canadiennes qui se révèle très vite comme un individu aussi fruste que peu galant. Et voilà que la veille du départ, Fred se retrouve hospitalisé de toute urgence en raison d’une péritonite aigüe. Diane devra donc assurer seule son expédition avec le beau Tarzan qui ne la laisse pas indifférente. Même si elle repousse toutes ses premières tentatives de rapprochement, la suite des aventures pourrait être bien différente…

Ma critique

« Liaisons périlleuses au Costa Rica » est un cours roman érotico-sentimental, en fait le premier épisode d’une saga prévue pour rendre accro les lectrices. Ce format « novella » permet de démultiplier les séquences tout en maximisant les profits des éditeurs. Le risque c’est que le premier mini-tome ne serve que de test ou de mise en bouche, tel un teaser de cinéma. Et là, mis à part le style fluide mais quelconque de la narratrice, on ne trouvera ni originalité, ni trouvaille particulière, ni rebondissements, ni fin surprenante. Tout est controuvé, rabâché déjà cent ou mille fois dans ce genre littéraire, à la limite de l’ennuyeux. Les scènes sont racontées deux fois du point de vue des deux protagonistes, ce qui permet de délayer l’historiette tout en tirant à la ligne. Quant à la problématique est simpliste. C’est « Tu veux ou tu veux pas ? » voire « Tu couches ou tu couches pas ? » et rien de plus. Pas la peine de spolier la fin, on la connait dès la première page ! Il y a un public dont je ne fais pas partie pour ce genre de niaiserie romantique…

Ma note

2,5/5

HORREURSCIENCE-FICTION

LE GOÛT DE L’IMMORTALITÉ (CATHERINE DUFOUR)

Le résumé du livre

En Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !

Ma critique

« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l’autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

LA MAFIA JUIVE (HERVE RYSSEN)

Le résumé du livre

Lorsqu’on évoque la Mafia en général, c’est d’abord à la sicilienne que l’on pense en premier lieu car c’est celle qui fut longtemps la plus médiatisée, celle qui donna lieu au plus grand nombre de films de cinéma (Scarface, le Parrain, etc.) Puis, au début des années 90, après l’effondrement de l’Union soviétique, on nous parla aussi régulièrement de « mafia russe », de « mafia albanaise » ou de « mafia tchétchène ». La « mafia juive », elle, n’existe pratiquement pas. Les médias n’en parlent que très rarement, tout juste quand d’énormes scandales ne peuvent plus être complètement cachés au grand public. C’est un sujet tabou. Dans les films hollywoodiens, la plupart des grands chefs mafieux d’origine juive sont remplacés par des Latinos, des Siciliens, voire de méchants Aryens blonds aux yeux bleus. Et pourtant, cette mafia existe bel et bien. C’est même la plus puissante et la plus dangereuse du monde. Que de crimes et de délits n’a-t-elle pas commis au fil des siècles : trafics en tous genres (drogues, armes, œuvres d’art et même organes humains), proxénétisme, traite des blanches, traite des esclaves (aussi bien noirs que blancs), vols à main armée, rackets, enlèvements, escroqueries en tous genres…

Ma critique

« La Mafia juive » se présente comme un essai sur un sujet épineux. Un travail de compilation énorme, regroupant des centaines d’affaires depuis le tout début de l’autre siècle jusqu’aux années 90 avec les affaires du Sentier, le scandale de l’ARC, les gros trafiquants comme Monsieur Michel et Monsieur Joseph et les escrocs de haute volée comme Claude Lipsky et Samuel Flatto-Sharon. Le lecteur ne trouvera ni grandes envolées ni grandes théories, mais des faits avérés, rien que des faits avec références en note de bas de pages. L’auteur s’appuie entre autres sur le travail du journaliste français Jacques Derogy (« Israël Connection ») et sur celui de l’américain Rich Cohen (« Yddish Connection »). Il cite également nombre d’auteurs juifs comme Edgar Morin, Jacques Attali ou Bernard-Henry Lévy. Au bout du compte, cette interminable succession de crimes, délits et méfaits en tous genres amène une lecture un brin fastidieuse. Tant de turpitudes et de cruauté (on y découvrira certaines méthodes de meurtre et de torture particulièrement odieuses) finit d’ailleurs par causer un véritable écœurement chez le lecteur même endurci. Une somme passionnante pour qui veut s’informer sur un sujet toujours traité avec une trop grande discrétion.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMANCE

LE JARDINIER DU FORT (CORINE VALADE)

Le résumé du livre

1995 : Julien, vieil homme malade et fatigué, raconte ses souvenirs de la seconde guerre mondiale à Isabelle, étudiante et auxiliaire de vie à ses heures.

1939 – 1945 : L’occupation dans la Creuse. Les trois fils de Sidonie et Camille Larbre, agriculteurs et petits commerçants, la vivent dans la douleur. Le fils aîné, Victor, a opté pour la collaboration au point de devenir une sorte de fanatique quasi nazi. L’un des jumeaux, Alexandre s’est lancé à corps perdu dans la Résistance. L’autre, Julien, apprenti coiffeur un tantinet efféminé, reste un peu sur la touche dans un premier temps. Un camp d’internement spécial qui se met en place non loin de chez eux, à Evaux-les-Bains, dans le Grand Hôtel de la station thermale, est prévu pour accueillir des prisonniers de marque que le régime de Vichy garde comme monnaie d’échange avec les Allemands. Julien, qui va y rencontrer Roger Stéphane, homosexuel atypique et future grande figure de la Résistance, en verra sa vie bouleversée…

Ma critique

Tout comme les précédents ouvrages de Corine Valade, celui-ci relève de plusieurs registres. C’est à la fois un roman historique, un roman de terroir et un roman sentimental. Le terroir a un peu la portion congrue au profit de l’historique et du sentimental. Le lecteur découvrira dans cet ouvrage des faits historiques assez peu connus comme l’importance des Polonais dans la création des maquis creusois, comme cette petite Juive, Hannah Lévy, cachée par une grand-mère creusoise dans une sorte de placard masqué par une fausse cloison, et comme ces femmes enrôlées dans un STO qui n’aurait pas du tout été réservé aux hommes. Très bien menée, l’intrigue fait alterner les époques, tout en distillant peu à peu toutes sortes de réalités sur l’identité et l’origine des personnages. Ce n’est qu’à la toute fin que l’on découvre une vérité pas forcément évidente. Seconde guerre mondiale, Shoah, camps de concentration, Epuration, viols, homosexualité masculine et féminine, Gay Pride, quête de l’identité, amours contrariés, paternité cachée, amnésie… les thèmes de réflexion sont nombreux et bien dans l’air du temps. Avec cet ouvrage passionnant, on coche toutes les cases. Bien écrit, ce livre se lâche difficilement tant les rebondissements sont nombreux et l’intérêt toujours parfaitement maintenu. Au total, des découvertes, de la réflexion et du divertissement, que demander de plus ?

Ma note

4/5

AVENTURESHISTORIQUE

JEAN DIABLE / TOME 2 (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

À Londres, le petit Ned plein de malice, ex-clerc de notaire et nouvelle âme damnée de Jean Diable, et sa compagne la plantureuse blonde Molly assistent à une parodie de procès, spectacle très appréciés par le petit peuple des bas-fonds massé dans la taverne borgne de la veuve Jenny Paddock. Ned Knob y est venu recruter une brochette de faux témoins qui doivent accabler Richard Thompson accusé à tort du meurtre de l’actrice Constance Bartolozzi. Depuis la démission de Gregory Temple, c’est Sir Paulus Mac Allan qui a repris toute l’affaire en dépit du bon sens. Pendant ce temps, en France, le comte Henri de Belcamp est arrêté et incarcéré pour deux meurtres commis en même temps, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles. Quand il apprend ce qui risque de se passer en Angleterre, son sang ne fait qu’un tour. Il lui faut à tout prix sauver la vie du pauvre Thompson. Mais comment y parvenir quand on se retrouve emprisonné à la prison de Versailles. Mais pour ce diable d’homme, rien n’est impossible…

Ma critique

« Jean Diable / Tome 2 » est le second et dernier volet de ce gros roman feuilleton qui navigue cette fois plus nettement sur les rivages du roman historique et d’aventures que sur ceux du policier et du thriller. En effet, plus de nouveaux crimes dans ce tome. On nage plutôt dans le rocambolesque totalement assumé. Les péripéties se succèdent toujours à un rythme échevelé. Le comte Henri, dont on ne sait qu’en toute fin la véritable identité, galope de France en Angleterre et inversement, entre et sort de prison comme d’un moulin, est accusé de tous les crimes, puis blanchi, puis à nouveau incriminé. Avec ses six identités présumées, avec tous les personnages qu’Henri peut incarner, Féval se fait un malin plaisir d’égarer son lecteur du début à la fin. Il y rajoute des sociétés secrètes visant à délivrer l’Irlande du joug anglais et des francs-juges allemands impliqués dans l’assassinat du général O’Brien, celui qui marqua le début de la longue série. Sans oublier une conspiration visant à libérer Napoléon de son exil à Sainte-Hélène. Heureusement, une fin en demi-teinte, pleine de valeurs chevaleresques et de bons sentiments permet au lecteur de se remettre de toutes ses émotions. Ne craignez pas de lire ou de relire Paul Féval, même aujourd’hui, cela reste un régal. Les grands auteurs sont éternels !

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEPOLICIERTHRILLER

JEAN DIABLE (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

À Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l’aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu’il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d’être assassinée d’une assez étrange manière, par simple compression d’un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu’il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n’étant pas plus avancé, décide d’envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L’Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d’un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l’attelage s’est emballé. De l’autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c’est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage…

Ma critique

« Jean Diable » est le premier tome d’un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C’est à la fois un roman d’aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l’un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s’accumulent dans cette sombre affaire et on connait l’identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L’ambiance générale est assez proche de celle des « Mystères de Paris » ou des « Mystères de Londres ». Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d’aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu’il pourrait s’y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c’est un vrai régal que de lire une œuvre d’aussi grande qualité, à plus d’un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l’époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHUMOUR

BLANCHE NEIGE ET LES LANCE-MISSILES (CATHERINE DUFOUR)

Le résumé du livre

Les Uckler forment une peuplade un peu bizarre. Gais, industrieux et généreux, ils n’ont qu’un seul défaut. Quand ils rencontrent un étranger, un vrai, ils le zigouillent. Ils récoltent également des saucissons sur des arbres appelés saucisonniers et s’en servent pour fabriquer une bière tout à fait infecte. Mais, comme ils n’en connaissent pas d’autre, ils la trouvent délicieuse. Et voilà qu’Aïe, un des leurs, parti depuis longtemps, revient un beau jour parmi eux juché sur un gragon pour leur dire qu’il a fait fortune et qu’il les a toujours détestés cordialement. Depuis ce jour, rien ne va plus chez les Uckler. Une mycose parasitique appelée pioupiase fait des ravages dans leur forêt de saucissonniers. La bière devient imbuvable même pour eux. Et l’ambiance si joyeuse d’ordinaire vire au lugubre. Alors la tribu décide d’envoyer l’un des siens, Tute, chercher de par le vaste monde de nouvelles graines de saucissonnier…

Ma critique

« Blanche-Neige et les lance-missiles » est un charmant roman de fantaisie parodique qui regroupe en un seul volume deux ouvrages publiés séparément au départ, « Les grands alcooliques divins » et « L’ivresse des providers ». Pour le même prix, le lecteur a donc droit à deux histoires se passant d’ailleurs à deux époques différentes (avant et après un Grand Cataclysme Cotonneux) et même à des bonus dans le tiers final avec « Le feu dans les modules de drivers » entre autres. On comprendra que nous sommes dans la narration foutraque, barrée, avec pour seul souci le plaisir et l’amusement du lecteur. Lequel se retrouve avec un tas de personnages de contes aussi connus que Peau d’Âne, la Belle au bois dormant, Cendrillon, le Petit Chaperon rouge ou la Fée Carabosse, complètement revisités et en nettement délurés. Dans la seconde partie, il retrouvera d’autres fées qui ont tout de péripatéticiennes, un Evariste Galois et surtout un Bill Guette encore plus diabolique que l’original. Sans oublier une Blanche-Neige devenue une terrible impératrice suite à une erreur de distribution de pomme empoisonnée. Cet ouvrage s’est vu décerner un Prix Merlin tout à fait mérité. Catherine Dufour dispose d’un style assez inimitable. Un véritable régal de lecture tant les allusions littéraires ou autres, les blagues, les jeux de mots et autres contrepèteries sont nombreux. Que l’on ne cherche plus une émule du regretté Pratchett ou du génial Gayman, nous l’avons et elle est française ! Ne ratez pas cette « Blanche-Neige » qui saura vous amuser, vous distraire et vous faire rire, toujours avec intelligence, élégance et finesse.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LES ROTHSCHILD (JEAN PERON)

Le résumé du livre

Les Rothschild, dont le nom équivaut aujourd’hui à celui de Crésus autrefois, sont depuis la fin du XVIIIè siècle les plus grands financiers de l’Europe et même du monde. L’histoire de cette célèbre famille débute à Francfort sur le Main dans le quartier juif où les portes des maisons ne portaient pas de numéros, mais de simples écussons. Le leur étant rouge leur apporta le nom de « Rotes Schild », leur vrai nom étant Eichanan. Ils tenaient une simple quincaillerie qui pratiquait un peu de change de monnaie. À la mort de ses parents, Meyer Amshel hérite du petit bien de ses parents. Il n’a que douze ans, mais travaille déjà comme changeur pour son père. Il commence par proposer des pièces de collection au prince Frédéric de Hanovre, grand numismate, qui le met bientôt en rapport avec certains de ses pairs. En 1769, il se fait nommer « agent de cour de Hesse-Hanau » (fournisseur officiel). En 1770, à l’âge de 25 ans, il épouse une voisine juive de 17 ans avec laquelle il aura cinq garçons et six filles. Il commence une fructueuse carrière d’intermédiaire entre la Hesse et l’Angleterre pour le financement de milliers de soldats hessois que les Anglais utilisent pour réprimer la révolte américaine. Il s’achète une magnifique demeure comportant plusieurs coffre-forts et passages secrets. En 1790, sa fortune est estimée à 3000 florins. En 1795, elle passe à 15 000 florins et en 1800 à 1 million. Il envoie ensuite ses trois premiers fils fonder des succursales pour sa jeune banque d’affaires dans les principales places financières d’Europe. Ainsi Nathan part pour Londres avec un capital de 20 000 livres Sterling. Puis en 1811, c’est le tour de James de rejoindre Paris…

Ma critique

« Les Rothschild » est un ouvrage historique fort intéressant retraçant la fantastique épopée d’une famille juive qui parvint à bâtir un véritable empire financier grâce aux emprunts, à l’utilisation systématique de « billets à ordre » (invention des Templiers), à la spéculation à la corruption des intermédiaires et surtout à l’appui des plus grands de ce monde. (Cour d’Autriche et d’Angleterre principalement). Le lecteur découvrira l’importance du rôle de certains personnages comme Metternich, Fouché, Cavour et Disraëli dans cette ascension ainsi que les problèmes que rencontrèrent tous ceux qui tentèrent de s’y opposer comme Bismarck, Napoléon III et surtout le Tsar. En finançant toutes les guerres et la plupart du temps des deux côtés, les Rothschild s’enrichirent énormément. Ils prirent entre autres le contrôle des Chemins de fer du Nord, monopolisèrent la distribution du tabac et firent perdre à la France la propriété du Canal de Suez au profit de la Grande-Bretagne. Cette étude historique un peu aride s’arrêtant au tout début du XXe siècle, on reste sur sa faim pour la période de la 1ere guerre mondiale et de la révolution russe. Il est seulement noté leur fuite du territoire français pendant la seconde guerre mondiale. Livre intéressant pour les amateurs d’Histoire, malgré un style littéraire assez lourd et assez peu fluide.

Ma note

4/5

THEATRE

DENTS MIROIR / SABLE (NICK GILL)

Le résumé du livre

James Jones, 43 ans, vendeur d’armes sans envergure, rentre chez lui après une journée de travail ponctuée d’une partie de squash, de sushis au déjeuner, de flirt coquin avec la réceptionniste l’après-midi et d’un tour au pub le soir, histoire d’écluser une bière avec les copains. Il retrouve Jean 39 ans, femme au foyer et ses deux enfants, John, 20 ans, étudiant sérieux mais un brin pédant et Jenny, 18 ans, lycéenne frustrée sexuellement. John fréquente Jean Smith, 18 ans. Jenny est la petite amie de Kwesi Abalo, 20 ans, qui refuse de coucher avant le mariage pour des raisons religieuses… Une narratrice évoque la découverte de l’arme nucléaire, la fabrication des bombes atomiques et leur explosion sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki. Elle se déplace dans le temps et l’espace pour évoquer la prolifération de cette arme (Corée du Nord, Iran, etc.), évoque une explosion rasant la ville de Newcastle et termine son récit dans un désert de sable vitrifié…

Ma critique

« Dents Miroir / Sable » est un recueil présentant deux pièces de théâtre de l’auteur britannique Nick Gill en version bilingue avec pages en face à face. Une forme plus théâtrale avec personnages et dialogues pour la première. Un très long monologue sans ordre chronologique pour la seconde. « Sable » se présente en effet comme une logorrhée tournant au pensum pour le lecteur. Des dizaines de pages sans le moindre signe de ponctuation, d’autres avec des alignements verticaux de « Un ». Un réquisitoire déjanté sur un thème qui aurait mérité mieux. Quant à « Dents Miroir », dans un registre plus intimiste, le bilan n’est guère meilleur. Cette famille anglaise est tellement caricaturale dans ses propos et ses attitudes qu’on n’y croit pas. Tout reste artificiel, plat, banal, sans la moindre originalité. Comme autant de perles, l’auteur enfile les clichés, les poncifs et les invraisemblances. La mère de famille est d’un racisme si outrancier qu’il en devient aussi idiot que ridicule. On cherche en vain la moindre trace d’humour anglais, la plus petite bribe de « nonsense ». Même l’étrange ou le fantastique du quotidien font défaut. N’est pas Beckett qui veut. Et pour ne rien arranger, une traduction trop souvent approximative. On se demande pourquoi l’université de Toulouse a cru judicieux de publier des œuvrettes d’aussi faible qualité.

Ma note

2/5

ESSAIS

LE TRAVAIL ET L’USURE (EZRA POUND)

Le résumé du livre

À la mort de Lincoln, le véritable pouvoir passa des mains du gouvernement officiel des Etats-Unis à celles des banquiers. Le système démocratique commença à périr. Depuis, il est dérisoire de parler de ce pays comme d’une puissance véritablement autonome. La fortune de Morgan débuta lors de la guerre de Sécession quand il acheta à crédit au ministère de la guerre à Washington un lot de fusils déclassés qu’il vendit à un commandant texan lequel les paya avant même que Morgan fut obligé de rembourser le ministère. Morgan en tira 75 000 dollars de bénéfice net ! En 1694, dès sa fondation, la Banque d’Angleterre se mit à pratiquer l’usure sur de l’argent créé à partir de rien. Un des Rothschild disait lui-même : « Il y en a peu qui comprendront ce système et ceux qui le comprendront seront occupés à en jouir. Le public ? Comprendra-t-il jamais que ce système est contraire à ses intérêts ? »

Ma critique

« Le travail et l’usure » se présente comme un essai en trois parties écrit en 1944 dans un but didactique et pédagogique. Pound veut montrer au lecteur les coulisses de l’économie. Il dénonce les dangers de l’usure, les intérêts d’une dette qui finit par ne plus être remboursable au fil des ans. Bien avant Sylvain Laforest (« Guerres et mensonges »), il démontre que ce sont les ploutocrates qui suscitent les guerres en série avec l’intention de créer toujours plus d’endettement et donc de s’enrichir toujours plus. L’intérêt de cette œuvre brève et aisée à lire et à comprendre, réside dans l’énoncé d’une possible solution par l’interdiction de l’usure (écrite en toutes lettres dans toutes les grandes religions et mise en place pendant un temps en Allemagne) et le remplacement de l’argent classique par une monnaie « franche » ou « fondante », c’est-à-dire dépréciable à intervalle régulier, concept prôné par Silvio Gesell (1862-1930), réformiste allemand, proudhonien, théoricien de l’économie, admiré par Keynes et parfois repris de nos jours pour certaines monnaies locales. Que se passerait-il si nos billets avaient une durée de vie limitée par exemple à 100 mois ? L’argent circulerait plus et mieux. « Le peuple aurait une plus saine idée des valeurs. Il n’adorerait plus l’argent et ne serait plus aux ordres des banquiers. » L’économie ne risquerait plus l’inflation, la déflation, les krachs boursiers, et les guerres deviendraient beaucoup plus rares. Rien que pour ce concept, le livre mérite d’être lu !

Ma note

4/5

FANTASTIQUEROMAN

LA COMPAGNIE DES FÉES (GARRY KILWORTH)

Le résumé du livre

Au fil des ans, la forêt de Sherwood s’est réduite comme peau de chagrin. Ses arbres poussent de plus en plus mal. Les hommes ne la respectent plus, ils y déposent toutes sortes de détritus. Elfes et fées qui y séjournaient depuis la nuit des temps s’y sentent de plus en plus mal à l’aise au point de commencer à craindre de perdre peu à peu leurs pouvoirs magiques. Le roi des elfes Oberon et la reine des fées Titania pensent qu’il est grand temps de quitter les lieux pour aller s’installer dans la Nouvelle forêt, réputée plus touffue, plus vaste, plus tranquille et moins polluée. Mais comment faire pour s’y rendre ? Sid, un jeune garagiste qui leur tient lieu de serviteur, leur a déniché un vieil autocar. Titania, à qui Sid a appris à conduire, devra prendre le volant. Elfes et fées ne seront pas autorisés à emmener leurs animaux de compagnie. Mais c’est sans compter avec Morgan-le-Fay, la sorcière, qui va tout faire pour perturber leur migration…

Ma critique

« La compagnie des fées » est un charmant roman de fantaisie avec tous les ingrédients habituels de la féerie anglaise, elfes, nains, sorcière, géants, gnomes, chimères, etc. L’auteur a pris son inspiration chez Shakespeare, dans le « Songe d’une nuit d’été ». Les allusions à l’œuvre en question sont fort nombreuses. Le lecteur relèvera un certain humour british, surtout dans le début de l’histoire avec des personnages pleins de défauts (menteurs, tricheurs, autoritaires) et plus humains que les humains eux-mêmes. Bien évidemment il pourra lire cette histoire, fort bien écrite dans un style fluide et agréable, comme une fable sur les nuisances du monde moderne ou comme un conte philosophique. Il notera également une ambiance plutôt poétique avec des titres de chapitres très floraux comme : « Le coquelicot se referme » ou « La picride commune s’ouvre » et quelques descriptions d’arbres, champignons, insectes. À recommander aux amateurs du genre.

Ma note

4/5

ESSAIS

COMPLOT MONDIAL CONTRE LA SANTÉ (CLAIRE SEVERAC)

Le résumé du livre

Force est de constater qu’épidémies mondiales, scandales sanitaires, alimentaires, économiques, OGM, malbouffe, médicaments et vaccins dangereux, pollutions en tous genres, rien n’aura été épargné à l’homme du XXIe siècle qui se retrouve le plus mal nourri des êtres humains depuis toujours et le plus gros consommateur de poisons. Des scandales à répétition se succèdent sans discontinuer. Comment pouvons-nous penser qu’ils ne sont que le fruit du hasard ou de la malchance ? En réalité, derrière chacun d’eux, on retrouve toujours les mêmes. Ceux qui manipulent l’opinion grâce à leur mainmise sur les médias, les scientifiques et les politiques. Ils ont monopolisé toutes les ressources mondiales et jusqu’à la chaine alimentaire en brevetant tout ce qui vit. Ils ont la haute main sur notre santé du début à la fin, car ils créent les conditions de nos maladies quand ce ne sont pas nos maladies elles-mêmes pour nous vendre toujours plus de médicaments. Ils ont amassé ainsi des fortunes colossales qui leur permettent de corrompre n’importe qui…

Ma critique

« Complot contre la santé », bien qu’écrit il y a une bonne dizaine d’années, reste un ouvrage de référence. En menant une enquête fouillée (des dizaines de pages de notes en fin d’ouvrage), Claire Séverac, qui a sans doute payé de sa vie sa curiosité et son honnêteté, démonte tous les volets de ce complot contre notre santé. Big Pharma, Big Tech et Big Money sont assignés au banc des accusés. La liste des chefs d’accusation est longue comme un jour sans pain. Les scandales sont dévoilés un à un. De celui du vaccin contre l’hépatite B, qui d’ailleurs fait maintenant partie des 11 vaccins obligatoires pour les enfants de moins de trois ans, à celui du Gardasil (papillonavirus) en passant par la grippe porcine, aviaire, H1N1, les mesures imbéciles d’une certaine Roselyne Bachelot, ancienne employée des labos, les agissements étranges d’un certain Fauci et d’un prévisionniste alarmiste nommé Neil Ferguson (déjà eux, toujours eux !), la main mise sur notre santé par le biais de la médecine ne date pas d’hier. Cette enquête permet d’ailleurs un éclairage fort intéressant sur ce que nous vivons actuellement, conséquence logique de tout ce qui est dénoncé. Le rôle de l’OMS, des « think tanks », du CFR, de Bilderberg, de la Trilatérale, les expériences de guerre bactériologique des laboratoires P4 français, américains, chinois, le travail de sape des fondations avec leurs ONG financées par des milliardaires qui veulent passer pour des philanthropes tout en échappant au fisc est exposé. Tout est passé en revue : médicaments, vaccins, pesticides, engrais chimiques, pollutions, pandémies, famines et dépopulation. Un seul exemple : en 2008 déjà, le CFR avait lancé un programme appelé « Gouvernance mondiale au XXIè siècle » où il était précisé que 20% de la population mondiale suffisait amplement pour maintenir de façon optimale toute l’économie de la planète et que les 80% restant étaient superflus. De là à songer à s’en débarrasser par tous les moyens, il n’y avait qu’un pas. Un réquisitoire précis, implacable, essentiel pour qui ne veut pas mourir idiot. Et qui se lit comme un roman policier, tant est incroyable (mais vrai) ce que lecteur y découvre.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA VIE AU CŒUR DE LA FORÊT (PETER WOHLLEBEN)

Le résumé du livre

Une forêt représente un biotope beaucoup plus riche et mystérieux que le promeneur, le joggeur ou le randonneur lambda ne l’imagine. La faune et la flore y sont riches et variées même si le milieu est le plus souvent un espace de culture comme un autre, la forêt primaire ayant pratiquement disparu en Europe. Pour nous le faire découvrir, Peter Wohlleben a sélectionné 250 espèces emblématiques et moins connues qu’il nous présente sous forme de fiches tenant sur une page. On apprend une foule de choses comme la lutte des arbres pour la lumière. Ainsi les chênes qui poussent parmi les hêtres sont pris en étau par ces derniers. Les racines des hêtres s’insinuent sous celles des chênes, leurs feuilles plus larges leur font de l’ombre et finissent par les recouvrir gênant la photosynthèse. Dans sa peur de mourir, le chêne développe des « pousses de peur » sur son tronc pour essayer de capter un peu de luminosité latéralement. En fait, il aggrave son cas et précipite sa fin par manque de lumière et de nourriture…

Ma critique

« La vie au cœur de la forêt » est un petit guide de très jolie facture. Beau papier glacé, édition de qualité et format adapté. On lui trouvera facilement une place dans une poche de parka ou de sac à dos. Chaque arbre, plante, insecte, oiseau ou animal est étudié sur une page illustrée par une grande photo (ou deux petites) en occupant la moitié. Ce guide peut être très utile pour le naturaliste débutant, mais semblera certainement insuffisant dès lors que l’on va s’intéresser à un domaine particulier. Ainsi, ne trouvera-t-on que 10 fiches pour les champignons dont quatre sur les bolets. Un peu juste si l’on part en cueillette ! Sinon, cet ouvrage didactique et fort agréable répond à de nombreuses questions que se posent les amoureux de la nature, genre le gui est-il néfaste ou utile aux arbres ? Comment les tiques transmettent-elles la borréliose ? Est-il exact qu’une petite dose de Belladone provoque des hallucinations, une plus forte un comportement dément et que l’ingestion de dix baies peut provoquer la mort ? Petit ouvrage à conseiller à titre d’initiation.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

L’ÉVOLUTION, LA RÉVOLUTION ET L’IDÉAL ANARCHIQUE (ELISEE RECLUS)

Le résumé du livre

L’évolution et la révolution sont deux aspects d’une même réalité historique et politique. L’une précède généralement l’autre. Ce sont les deux faces successives d’un même phénomène, toujours en alternance sur la voie de l’histoire de l’humanité. Toutes deux sont indispensables l’une à l’autre. Il faut qu’une idée germe avant qu’elle s’inscrive dans la réalité. La révolution n’étant que la conséquence logique de l’évolution. Cependant toutes les révolutions ne sont pas nécessairement un progrès, de même que toutes les évolutions ne sont pas toujours orientées vers la justice. Il y a des évolutions qui ne sont que des marches vers la décadence et des révolutions qui apportent le malheur et la mort. Les capitalistes établissent de puissants monopoles qui rétablissent sous une forme nouvelle l’esclavage d’autrefois en certainement pire car plus insidieux et plus totalitaire. Et l’ironie de tout cela c’est de voir des captifs qui brisent leurs chaînes pour mieux s’en charger de nouvelles…

Ma critique

Ce texte est la retranscription d’un long discours prononcé en 1902 à Genève par Reclus, ensuite publié dans de nombreuses langues et resté depuis dans les annales. L’analyse de la situation économique et politique, une trentaine d’années après l’évènement majeur que fut la Commune de Paris pour l’auteur, est d’une précision, d’une qualité et d’une intelligence remarquable. La critique du capitalisme qui monopolise les moyens de productions et spolie le travailleur du fruit de son travail est peu discutable. Avec le recul du temps, le lecteur remarquera même que notre réalité est pire que la sienne, les oligarques milliardaires étant en passe de faire main basse sur la totalité de l’économie mondiale. Sur ce point, Reclus le visionnaire a fait erreur. L’internationalisme dont il rêvait n’est toujours pas celui des travailleurs, mais celui des banquiers ! On ne s’étendra pas non plus sur son anticléricalisme assumé. Ni Dieu, ni maître : si l’Eglise a perdu tout pouvoir, les « maîtres » n’ont jamais été aussi puissants. Très intéressante demeure cette utopie idéaliste et généreuse qu’aurait pu être l’anarchisme s’il n’avait été discrédité par les actes terroristes qui se produisirent peu après. Texte encore intéressant de nos jours du point de vue historique (pour la description de certains aspects de la Commune de Paris à laquelle Reclus participa activement), politique (tous les principes doctrinaux du véritable idéal anarchique y sont développés) économique (condamnation sans appel du malthusianisme) et également comme point de comparaison avec notre époque.

Ma note

4/5

ESSAIS

ÉLOGE DE LA FORCE (LAURENT OBERTONE)

Le résumé du livre

L’homme moderne est-il vraiment libre ? Ne serait-il pas plus esclave que le serf du Moyen-Âge ne l’était ? Prenons-nous la télé et les médias en général comme des sources d’information honnêtes et objectives ou au contraire pour de formidables machines de propagande au service de Big Brother ? « Tout ce que l’État sait faire, c’est dépenser, promettre et parler. Créer des commissions et des numéros verts », nous dit Obertone. Et pour que « civilisé » ne rime pas avec « désarmé, domestiqué et conditionné », il nous propose dix lois : connaître notre faiblesse, détrôner notre peur, déclarer notre indépendance, reprendre le pouvoir, nous enraciner dans la vie, connaître l’ennemi, vaincre le silence, être stratège, occuper le terrain et imposer nos lois.

Ma critique

« Éloge de la force » se présente comme un pamphlet en forme de coup de gueule particulièrement punchy, mais pas forcément aussi efficace que l’auteur l’a sans nul doute espéré. Le fond est difficilement discutable. Le tableau esquissé de nos faiblesses, de la puissance de la pensée unique, de la tyrannie qui s’installe et de l’avenir sombre qui nous attend est d’une cruelle vérité. Mais à cette excellente analyse qui n’étonne pas car venant d’un essayiste de la trempe d’Obertone qui a déjà fait ses preuves avec « La France Big Brother », « La France interdite » et « La France Orange mécanique », l’auteur a voulu proposer des solutions. Son évangile du dissident, ses dix commandements du prophète anti-mondialiste sont une sorte d’ordonnance alignant dix remèdes de cheval. L’ennui, c’est qu’on reste dans le vague, le flou et assez peu dans le concret. Obertone se maintient presque toujours sur le plan théorique, philosophique et moral et pas suffisamment à mon goût sur celui du pragmatisme politique. Il manque une véritable définition de « Big Brother ». Ce ne serait pas le conglomérat de ploutocrates mondialistes du genre Soros, Gates, Schwab, Rockfeller et autres Rothschild, mais nous-mêmes, les gens de rien, les sans-dents qui, par notre passivité et même notre complaisance leur donnerions tout ce pouvoir. Ce tableau très noir et très pessimiste de notre monde peut être contre-productif pour certains, car il peut induire culpabilisation et démobilisation, un comble pour un « éloge » de la force. De plus, l’emploi systématique du tutoiement et le ton accusateur et même virulent de ce texte peut en agacer un certain nombre. Il n’en demeure pas moins que cet opus a le rare mérite de dépeindre avec honnêteté une réalité qui dérange. Il ne peut donc que donner à réfléchir et c’est déjà énorme à notre époque de mensonge triomphant.

Ma note

4/5

FANTASTIQUENOUVELLESSCIENCE-FICTION

CES CHERS VIEUX MONSTRES (HOWARD WALDROP)

Le résumé du livre

Employé par la Machine, un jeune Juif abat d’un coup de révolver un colonel de cosaques aux abords d’un village polonais en 1881. Puis il repart en 1348, en pleine peste noire, pour empoisonner un puits en y jetant le cadavre d’un cheval… Hudson, un savant fou, tente de transformer un homme en gorille que Tulez, son assistant, s’amuse à asticoter à l’aide d’un aiguillon électrique… Quelques lutteurs japonais s’affrontent dans un tournoi de sumo. L’un d’eux use d’un subterfuge imparable : il exhibe un hamburger au nez de son adversaire végétarien… Pour les neptunistes, la Terre n’était au début qu’un très vaste océan. Pour les vulcanistes, seuls les volcans ont façonné la Terre. De leur rencontre résulte un congrès des plus mouvementés… Des insectes géants et toutes sortes de monstres venus de l’espace ont envahi notre planète… Deux groupes d’apprentis rockers, les Kool Tones et Bobby & the Bombers doivent s’affronter. Le sort prévu pour les perdants sera plutôt désagréable… Un pharaon, recréé par manipulation génétique, repart dans le passé parachever un mystérieux événement qui s’est produit 5000 ans plus tôt… Une femme participe à un concours d’engins agricoles un peu particulier… Trois robots, Don, Dink et Mik, inspirés de Donald, Dingo et Mickey, partent à la recherche des derniers humains…

Ma critique

« Ces chers vieux monstres » est un recueil regroupant 10 nouvelles de science-fiction et de fantastique assez divertissantes mais pas particulièrement originales. Publiées en 1990 chez nous, elles ont été écrites dans les années 70 à 80. Elles portent toutes la marque de l’époque. Chacune est présentée dans son contexte, c’est-à-dire souvent des œuvres pour petites revues éphémères et dans quel esprit elle a été écrite. Waldrop ne cache pas qu’il s’est largement inspiré des films d’horreur des années 50/60 avec leurs monstres grand-guignolesques et leurs décors de carton pâte, mais aussi des musiques de l’époque et tout particulièrement du doo-wop, un rock uniquement vocal, sans oublier un détournement des personnages de Walt Disney ou un détour dans l’histoire de l’Egypte ancienne. On aura compris qu’il fait feu de tout bois, ce qui donne un ensemble assez disparate et même de qualité inégale. En quatrième de couverture, on parle d’un âge d’or de la science-fiction. Si c’est le cas, le moins qu’on puisse dire c’est que l’or a mal vieilli, qu’il s’est même plutôt terni.

Ma note

3/5

SCIENTIFIQUETHRILLER

HUMAN GENOME (CORENTIN MACQUERON)

Le résumé du livre

À Moscou, deux cadavres sont retrouvés gelés dans la Moskova. L’un d’eux est complètement nu, l’autre fort esquinté. S’agissait-il d’une rixe qui avait mal fini ou d’autre chose ? Abigail Lockart, jeune journaliste américaine au journal « Moskow Times » cherche à établir le lien qui pourrait exister entre cet étrange fait divers et Nathan Craig, président-directeur-général de Futura Genetics, entreprise spécialisée dans le séquençage du génome humain. Une secte, « les fils de Dieu », s’intéresse également aux recherches de cette société. Elle envoie un des siens pour y récupérer d’important documents. Mais celui-ci ne parvient pas à mener à bien sa mission. Il se fait violemment agresser par un individu sorti de nulle part, lequel le pourchasse dans les rues enneigées de Moscou. Une terrible course poursuite qui s’achève dans les eaux glacées du fleuve. Le lendemain matin, Nathan Craig est informé de la disparition d’un certain 101…

Ma critique

Ainsi débute « Human Genome », roman relevant du genre thriller scientifique avec nettement plus de scientifique que de thriller. Et pourtant les cadavres ne manquent pas. Ce serait plutôt l’intrigue des plus simplettes qui laisserait à désirer. Aucune originalité et une fin controuvée dans cette histoire de monstres de Frankenstein 2.0. Le lecteur a droit à des mères porteuses mourant d’éclampsie foudroyante, à une bataille grand-guignolesque avec trois clones en furie bricolés à partir du génome du Christ, rien de moins. Et pour finir une grande boucherie finale avec des Néandertaliens aussi velus qu’approximatifs. Le style étant assez agréable à lire, l’ensemble aurait pu être acceptable si l’auteur ne s’était autorisé d’interminables développements en forme de cours magistraux sur la biologie, anthropologie, l’histoire de la révolution et, pire que tout, les théories antagonistes du créationnisme et de l’évolutionnisme. Il faut savoir doser. Autant un peu de savoir, intelligemment saupoudré au fil d’un récit, peut être utile et même souhaitable, autant pareils pavés indigestes plombent définitivement l’intérêt. Le bouquin finit d’ailleurs par tomber des mains du lecteur le plus patient et les 374 pages lui semblent en compter le double !

Ma note

3/5

BIOGRAPHIES

PHILIPPE DE LYON, MÉDECIN, THAUMATURGE ET CONSEILLER DU TSAR (RENEE-PAULE GUILLOT)

Le résumé du livre

Né le 25 avril 1849 dans un village de Savoie, Nizier Anthelme Philippe, fils de paysans, y séjourne jusqu’à l’âge de 14 ans. Particulièrement intelligent et déjà doté d’un étrange pouvoir de guérison dès 13 ans, il part à pied étudier à Lyon où il sera hébergé par son oncle boucher qui le charge également de livrer ses clients à domicile. Très vite, il se met à soigner gratuitement les habitants de son quartier, les canuts lyonnais. À 17 ans, il ramène à la vie un enfant que les médecins avaient déclaré mort. En 1870, alors qu’il doit être mobilisé et partir pour la guerre, ce qui désole tous ses patients, un accident l’amène à être réformé. De 1874 à 1875, il commence à suivre des cours de médecine. Mais, comme il continue à multiplier les guérisons les plus impossibles et les plus incroyables car obtenues par la seule force de la prière, les malades sont de plus en plus nombreux à vouloir le consulter et les médecins de plus en plus hostiles à son égard, au point de l’empêcher de poursuivre ses études. En 1877, il épouse Jeanne-Julie Landar, riche héritière qu’il a soignée et dont la fortune va lui permettre de poursuivre sa mission sans jamais devoir se faire payer…

Ma critique

« Philippe de Lyon » est la biographie d’un personnage vraiment hors norme, un thaumaturge d’une absolue humilité, n’usant d’aucune médicament, d’aucune potion. Posant un diagnostic au premier regard. Capable de deviner toutes les souffrances d’un être sans que celui-ci n’en ai rien dit. Ne soignant que par la prière. Obtenant des guérisons immédiates, sans la moindre convalescence. Et ne réclamant d’autre paiement qu’une simple promesse de rejet de la médisance et de la calomnie de la part du malade. Son voyage en Russie à l’appel du Tsar qu’il conseilla bien avant Raspoutine (sans que le monarque ne suivit aucune de ses recommandations) et de la tsarine à qui il prédit la venue du tsarévitch est particulièrement éclairante sur certains aspects occultes de l’effondrement de la dynastie Romanov. Ouvrage passionnant, parfaitement écrit et documenté, qui se lit comme un roman sur un thaumaturge assez peu connu aujourd’hui alors qu’il fut admiré en son temps et qu’il eut de fidèles disciples comme Gérard Encausse (Papus), Lalande et surtout Jean Chapas qui hérita des dons du maître.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHUMOUR

L’ANNIHILATRICE A COUETTES (GUILHEM)

Le résumé du livre

Quelque part sur la mer, le jeune Lupin se réveille, flottant très loin des côtes. Et c’est sous lla forme d’une truite-garou qu’il est repêché par un vieil homme nommé Le Pêcheur. Lupin était le chevalier à la canne à pêche de l’épisode précédent. Il était redevenu simple apprenti boulanger de 16 ans. Alors que l’Archange s’apprête à partir à l’assaut d’Asia, mollement défendue par le Stratomancien, Sélène, petite rouquine de 12 ans, pleure la disparition de son ami Lupin. Et voilà que Pierre, la pierre qui parle, lui ordonne de quitter au plus vite son refuge. Sans oublier d’emporter la canne à pêche magique de Lupin, elle se met en route avec ses compagnons, la gorgone Sthéna, l’ours Nandi, Geungshi, Anorin et At-Coum, pour aller à la rencontre du Grand Monolithe.

Ma critique

« L’annihilatrice à couettes » se présente comme le deuxième tome d’une saga de fantaisie humoristique fort agréable à lire. Un style vivant, agréable. Une intrigue fort bien menée, pleine de rebondissements. Le tout dans une ambiance délirante avec des personnages totalement improbables comme ces pierres qui parlent et qui craignent pour leur vie, un Grand Monolithe pas plus gros qu’un grain de sable et un Dieu, lecteur compulsif, qui, ayant toujours peur de déranger les gens, est d’un tel laisser-aller qu’il désespère son premier ministre. Ceci pour n’en présenter que quelques-uns et éviter de spoiler. Une ambiance rabelaisienne, un brin picaresque et joyeusement paillarde. Un des personnages use même d’un langage carrément ordurier tout à fait réjouissant. Le lecteur a l’impression que l’auteur a pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire déjantée. Et c’est contagieux ! Il se permet tout, même d’utiliser des termes un brin désuets voire exotiques comme « conneau », « niaiseux » et quelques autres. À noter une bataille finale un brin longuette, très proche de l’univers BD. Frustration : la fin reste ouverte. Donc, il va falloir attendre avec impatience le tome suivant : « Le retour du revenant ».

Ma note

4,5/5

ESSAIS

COVID 19, LA GRANDE REINITIALISATION (KLAUS SCHWAB & THIERRY MALLERET)

Le résumé du livre

Avec la crise du Covid 19, des milliers d’entreprises vont disparaître, des millions d’emplois seront détruits (rien qu’aux Etats-Unis, 36 millions). Les confinements et autres mesures sanitaires vont se succéder. Les gens espèrent que tout reviendra comme avant. Erreur, jamais cela ne se produira. Il y aura un avant Corona et un après Corona. Cette pandémie que Schwab compare à la peste noire, à la grippe espagnole et aux épidémies de choléra pourrait durer jusqu’en 2022. Quelles pourraient en être les conséquences : un recul partiel de la mondialisation des échanges, une exaspération des tensions entre la Chine et les USA, une accélération de l’automatisation généralisée, une activation phénoménale de la planche à billets, une surveillance accrue des citoyens, un effondrement des pays en développement, des conflits sociaux, des famines, des vagues de suicides, une reprise difficile des économies occidentales avec des secteurs entiers complètement ravagés comme le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, les transports aériens, le monde du spectacle et du divertissement et, abomination de la désolation, une montée en flèche des nationalismes.

Ma critique

« Covid 19, la grande réinitialisation » est un essai plus économique que géopolitique sur la situation du monde au mois de juin 2020. L’auteur le présente lui-même comme « un hybride entre essai contemporain et instantané d’un moment crucial de l’Histoire ». L’intérêt de cet ouvrage aurait dû être de tenter de présenter ce à quoi le monde post-pandémie pourrait et surtout devrait ressembler. Car, pour lui, la solution idéale existe, c’est bien entendu le gouvernement mondial, le renforcement des instances internationales comme l’ONU, l’OMS, le FMI dont chacun a pu apprécier l’efficacité. L’ennui, c’est qu’avec Schwab, on ne va jamais au fond des choses, on reste dans le flou, dans l’eau tiède, dans le narratif trompeur des médias. Si vous voulez en savoir un peu plus que ce qu’on vous raconte sur BFMTV, vous allez en être pour vos frais. Avec en prime, une palanquée d’erreurs et d’approximations en tous genres. Quelques exemples : pour Schwab confinement égale quarantaine, donc une mesure pratiquée à toutes les époques, au bémol près qu’on a toujours mis à l’écart les malades ou supposés tel et jamais les bien portants ! Pour lui, aucune différence entre mondialisation et mondialisme, alors que le premier terme ramène à une réalité économique et le second à une idéologie. Pour lui, c’est le virus et surtout le comportement psychotique du peuple qui aurait induit l’effondrement de l’économie et non les décisions politiques de confinements, couvre-feux et autres mesures restrictives de liberté. Du point de vue géopolitique, le bouquin est encore plus faible. C’est à peine si Schwab, tout occupé qu’il est à son plaidoyer pro domo (il est quand même le fondateur du Forum Economique Mondial et par la même un des grands inspirateurs de tout ce bazar), admet du bout des lèvres, qu’une gouvernance mondiale accompagnée d’un fichage et traçage des gens ne sera pas très compatible avec la démocratie et le maintien des libertés fondamentales. Il en conclut d’ailleurs que c’est la fin annoncée du libéralisme et que l’humanité, si elle suit ses bons conseils, se mettra en route vers un avenir radieux, alors qu’il est parfaitement clair que cette idéologie mortifère n’est un sinistre hybride formé du pire du communisme (perte de toutes les libertés, contrôle social à la chinoise) allié au pire du nazisme. (euthanasie, eugénisme et transhumanisme). Non le mondialisme n’est pas un humanisme et les mondialistes ne sont pas les bisounours qu’ils font semblant d’être.

Ma note

2/5

TEMOIGNAGEvoyages

COMPOSTELLE, LE POUVOIR DU CHEMIN (FABIEN JUMELLE)

Le résumé du livre

À l’âge de trente-six ans, Fabien Jumelle décide d’opérer un radical changement dans sa vie. Il ne s’épanouit plus dans son travail. Il déteste la région où il vit et, bien qu’il soit devenu père d’un bébé d’un mois, il sent que son couple est en train de partir à vau-l’eau. Alors, il décide de se mettre au départ du chemin de Saint Jacques de Compostelle qu’il compte parcourir en totale autonomie, c’est-à-dire en campant ou bivouaquant le soir. Cela entraine un poids important de son sac à dos, d’où une fatigue supplémentaire. Et comme si cela ne suffisait pas, ce grand sportif ne se contentera pas des étapes classiques du Camino Frances. Il avalera ses 40 à 50 km par jour et plus de 100 sur son ultime tronçon avant l’arrivée à Saint Jacques. Il poursuivra même jusqu’à Lisbonne via Fatima.

Ma critique

Bien plus qu’un simple récit ou compte-rendu de voyage, « Compostelle, le pouvoir du chemin » est un témoignage de vie avec quelques hauts (de magnifiques victoires en course à pied longue distance) et beaucoup de bas (une enfance plus que bousculée, des erreurs de jeunesse et des amours difficiles voire contrariées). Avec une remarquable et admirable franchise, Fabien ne cache rien de ses joies et de ses peines à ses lecteurs qui se sentent immédiatement en empathie avec lui. Il alterne descriptions des étapes du chemin des étoiles avec celles de tranches de sa vie d’avant. Son histoire illustre parfaitement le pouvoir du chemin (tout l’inverse d’un chemin de pouvoir), celui de transformer complètement un homme, de faire d’un individu lambda une belle personne. « Le touriste exige. Le pèlerin remercie », dit le proverbe. Le chemin est en effet une voie d’humilité, de compréhension, d’entraide et de joie. Cet ouvrage est illustré de nombre d’adages et de maximes, ce qui lui donne un petit ton sentencieux. Pour moi, un des meilleurs et des plus touchants textes sur le pèlerinage. Seul léger reproche, la présence de trop nombreuses coquilles qui auraient dû être corrigées avant diffusion.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHUMOURSCIENCE-FICTION

LE CHEVALIER A LA CANNE A PÊCHE (GUILHEM)

Le résumé du livre

Âgée de 11 ans, la petite Sélène est hébergée dans une maisonnette d’une seule et unique pièce qui sert également de four à pain au boulanger du village de Prin. Elle y pratique l’élevage d’escargots surtout pour améliorer son ordinaire. Si les femmes de la petite communauté se montrent aussi généreuses avec elle, c’est qu’elles espèrent que Sélène sera bientôt capable de prendre le relais dans leur pénible tâche de procréation. À Aleth, capitale de la principauté de Coriosolite, le teignome Coum, gros gnome grincheux et fort mal embouché, désire reprendre une partie de carte interrompue par le chant hypnotisant d’une elfe…

Ma critique

« Le chevalier à la canne à pêche » est un roman de fantaisie plutôt déjantée dans la lignée des bouquins du regretté Terry Pratchett (auquel ce livre est d’ailleurs dédié), mais aussi et encore plus de ceux de Neil Gaiman avec un petit côté Lewis Carroll, voire Monty Python. Autant dire de belles références pour un texte très réussi, plein d’humour et d’originalité. Quelle imagination ! Une suite de situations improbables ou farfelues, une galerie de personnages relevant de la plus haute fantaisie, voire de la chimère comme Anorin, le revenant qui prend toutes sortes d’aspects à intervalles réguliers. Ainsi peut-il se transformer en dragon ou en oiseau de feu tout en déclamant des alexandrins. Sans parler de Prof, l’ours-nandi, du gnome teigneux, de Sthéna, la chimère capable de pétrifier ses ennemis ou de Geungshi, personnage dont il ne reste plus qu’un crâne et qu’une dent, mais qui vit et parle encore ! Une mention spéciale pour Sélène, seule humaine de cette histoire, gamine attachante, amoureuse d’un inconnu et disposant de super-pouvoirs. L’intrigue, tout aussi improbable, regorge de combats, batailles rangées et péripéties de toutes sortes qui font beaucoup penser à une BD ou à un jeu video. Le style de l’auteur est fluide, agréable et efficace. Pour peu qu’on l’on ne soit pas trop cartésien, on passe un très bon moment de divertissement à découvrir cet univers de folie douce, finalement aussi poétique qu’humoristique qui pourrait d’ailleurs être aisément adapté au cinéma avec pas mal d’effets spéciaux bien sûr.

Ma note

4,5/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

LA DIMENSION DES MIRACLES (ROBERT SHECKLEY)

Le résumé du livre

Simple terrien du XXème siècle, Carmody reçoit un jour la visite d’un étrange envoyé spécial qui lui annonce qu’il est l’heureux gagnant d’un grand Sweepstake Galactique. Mais pour recevoir son prix, il doit aller le chercher lui-même au Centre Galactique sur une lointaine planète. Le voyage sera gratuit et instantané. L’ennui, c’est que le retour sur Terre n’est pas prévu dans la prestation. Il s’avère que le fameux prix, d’abord disputé par un alter ego venu de nulle part, un certain Karmod quasi sosie de Carmody, peut prendre toutes sortes d’apparences comme celles d’un serpent, d’une marmite ou d’une flute à bec ! Quant aux tribulations de planètes en planètes et de dimensions en dimensions, elles ne vont pas manquer. Dur, dur de ne pas se souvenir des coordonnées exactes de la planète dont vous provenez…

Ma critique

« La dimension des miracles » se présente comme un roman de science-fiction humoristique. Le ton est léger, l’intrigue amusante bien que sans grande épaisseur. On sent que l’auteur a lâché les rênes de son imagination et s’est laissé aller à une fantaisie des plus délirantes. Carmody croise la route de personnages aussi improbables qu’un dieu égocentrique et un tantinet paranoïaque, un qu’architecte aménageur de planètes perfectionniste ou qu’un dinosaure intelligent et amical. Vers la fin du récit, Shekley dérive vers une philosophie aussi dingue que parodique, ce qui lui permet au détour d’un paragraphe de fustiger la société de consommation, la gestion de nos déchets ou l’épuisement de nos ressources. Au total, un petit bijou d’intelligence qui donne à réfléchir tout en divertissant. Que demander de mieux ?

Ma note

4,5/5

ROMANROMANCE

LES NUITS VIDES (OLIVIER DIRAISON-SEYLOR)

Le résumé du livre

À Toulon, Louise Breuil-Barret se languit de l’absence de son mari, officier de la Marine Nationale parti pour des mois en mission à Obock, en Afrique. Elle est mère d’un jeune enfant qui comble un peu le manque. Sinon, elle passe le plus clair de son temps à organiser avec quelques autres épouses de marins une vente de charité annuelle qui sera couronnée par un petit spectacle de patronage mis en scène par un certain André Veulis. Ces dames trompent leur solitude comme elles peuvent. Ainsi Charlotte Nelluire, la sœur de Louise se fait surprendre en train d’embrasser à bouche que veux-tu la jeune et belle Ymonas. À Villefranche, tout le groupe participe au bal blanc organisé sur le pont du « Foudroyant ». Peu après, Veulis parvient à obtenir de Marthe Lancey ce qu’elle lui avait toujours refusé. Il fait d’elle sa maîtresse pour une nuit…

Ma critique

« Les nuits vides » est un roman social paru en 1902. Cet ouvrage n’a pas laissé un grand souvenir au Panthéon littéraire et ce n’est pas sans raison. L’auteur a voulu dépeindre le microcosme des femmes de marins au tout début de l’autre siècle. Beaucoup restaient fidèles à des hommes qui ne l’étaient pas, vu qu’ils partaient au loin pour de longs mois. Quelques-unes prenaient des amants ou amantes. L’ennui c’est que le style a énormément vieilli. Que le narratif plein de descriptions ennuyeuses est lent et souvent inintéressant. Les personnages sont peu attachants, tous trop dans les apparences et la superficialité. On voit bien que l’auteur s’est essayé à une certaine forme de « naturalisme », mais sans grand résultat. N’est pas Zola qui veut, même en 1902 ! On peut laisser cette œuvrette là où elle était, c’est-à-dire dans les oubliettes de la littérature !

Ma note

2,5/5

DARK-FANTASYSCIENCE-FICTION

CUGEL, L’ASTUCIEUX (JACK VANCE)

Le résumé du livre

Les affaires de Cugel n’étant guère florissantes, le voilà qui tente de cambrioler Iucounu, le Magicien Rieur, riche collectionneur de gris-gris et sortilèges en tous genres. Mais il se fait surprendre en pleine action. Pour compenser l’offense, il pourrait lui être infligé le sortilège de l’Enkystement lointain :être enfermé à seize pieds sous terre. Mais comme cette sanction ne permettrait pas de compenser le dommage causé, le Magicien préfère finalement lui demander de lui rapporter du pays de Cutz la seconde lentille magique qui lui manque pour vraiment jouir de la vision du Monde Supérieur. Et pour être bien certain que Cugel accomplira sa mission, il lui adjoint Firx, petit créature maléfique qui s’insinue dans ses viscères. Iucounu lui suspend au cou une tablette qui peut rendre comestible n’importe quelle matière et qui carillonne en présence du moindre poison. Il est enfin enfermé dans une cage qu’un diable volant emmène au loin et largue dans un désert…

Ma critique

« Cugel l’astucieux » est un roman de fantaisie pure, classé un peu à tort dans le registre de la science-fiction amusante. L’intrigue est originale et même parfois surprenante. L’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère au niveau magie, sortilèges, monstres et sorciers en tous genres. Au fil de l’histoire, les tribulations se multiplient pour le pauvre Cugel pour lequel on finit par éprouver de l’empathie alors que ce n’est qu’une fripouille sans grande envergure. Vers la fin, on ressent quand même un certain essoufflement avec l’épisode des pèlerins et ses développements pseudo métaphysiques trop facilement parodiques de la mystique chrétienne. Au total, un ouvrage distrayant, un style fluide, très agréable à lire, mais quand même assez loin du niveau du « Cycle de Tschaï », meilleur ouvrage de l’auteur à mon sens.

Ma note

4/5

FANTASTIQUENOUVELLESSCIENCE-FICTION

CELLULOMAN (FRANÇOIS EMILE)

Le résumé du livre

Doter un homme de la force de l’éléphant, de la rapidité de la gazelle, de la résistance du rhinocéros, de la vue perçante de l’aigle, de l’ouïe du chat, de la capacité pulmonaire du dauphin et du radar de la chauve-souris, tel est l’objectif du Docteur David Bloub pour son cobaye Jean Forêt… Le professeur Baltus navigue au large de La Rochelle quand son bateau est littéralement happé par un engin sorti de la mer. Avec trois autres savants kidnappés comme lui, ils doivent mettre au point un véhicule blindé ultra perfectionné… L’Intelligence artificielle d’un prototype du Professeur Baltus est contaminée par un virus, ce qui permet à des gangsters de s’emparer de l’engin et de s’en servir pour un cambriolage… Au quartier général de l’armée américaine, un général annonce à son état-major qu’un contact vient d’être établi avec un extra-terrestre. Un OVNI se pose à la base de Scott AirForce. Son pilote fait une requête un peu bizarre… Le professeur Baltus met au point un androïde et un chien robot doté du cerveau de son propre chien, mort par sa faute… Le professeur Beckmann découvre un produit cicatrisant à base de propolis…

Ma critique

« Celluloman » est un recueil de sept nouvelles de fantastique et d’anticipation ne manquant pas d’un certain charme. L’ennui, c’est que, partant d’une idée intéressante (homme amélioré, cyborgs, morts-vivants télécommandés, etc.), l’auteur n’en tire pas grand-chose de vraiment original et ne trouve pas le moyen de faire atterrir son intrigue sur une fin surprenante. Le manque de style et de qualité littéraire particulière peuvent un peu gâcher le plaisir de la lecture. Beaucoup trop d’erreurs en tous genres, de coquilles et d’approximations lexicales ou grammaticales. Une fixation sur le militaire et des descriptions de personnages toujours centrées sur la couleur des yeux et des cheveux. Un ouvrage qui, s’il avait bénéficié d’une véritable relecture, aurait pu parvenir à un véritable professionnalisme.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

PROPAGANDA (EDWARD BERNAYS)

Le résumé du livre

Comment manipuler l’opinion publique en démocratie ? Comment faire accepter un produit, une idée, un homme politique ? Comment fabriquer ce fameux « consentement » ? La propagande exista de tout temps. Au départ, elle eut même l’acceptation positive de « propagation de la foi » pour le Vatican, avant d’en arriver à sa signification péjorative actuelle. Bernays sut en son temps transformer la réclame simplette se contentant de décrire les qualités d’un produit en publicité incitative et même en manipulation absolue. Ainsi parvint-on à faire fumer la cigarette aux femmes américaines en se servant des suffragettes comme idiotes utiles, le tout pour le plus grand profit des multinationales du tabac. Ainsi transforma-t-on les Américains pacifistes et isolationnistes en bellicistes interventionnistes en quelques mois quand Wilson voulut engager son pays dans la première guerre mondiale.

Ma critique

« Propaganda » est un essai de sociologie, un guide pratique des méthodes de propagande de l’époque et même un plaidoyer « pro domo » de l’auteur. Ecrit en 1928, par le neveu de Freud, il expose sans détour les principes de base de la manipulation mentale des masses. Il insiste bien sur la nécessité d’une connaissance fine des tendances, besoins et intérêts du public et sur les manières détournées de capter son attention. Si les bases du procédé sont exactes, précises et toujours opérantes, il n’en demeure pas moins que ce texte commence un peu à dater. Nul mention des images subliminales, du battage télévisuel ou de l’influence d’internet et des réseaux sociaux pour la collecte des données et pour cause. Le lecteur mesurera à cette lecture quel fut le chemin parcouru dans ce domaine. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est aussi énorme qu’inquiétant. La propagande est omniprésente aujourd’hui. Personne ne peut y échapper. Et ceux qui en tiennent les leviers obtiennent une réelle influence sur l’opinion. Ils dirigent et de manière beaucoup plus absolue que LouisXIV ou le petit père Staline eux-mêmes. La démocratie, ou ce qui en tient lieu, implique cette nouvelle forme de gouvernement, discrète, invisible et d’une efficacité redoutable. Big Brother pense pour vous. Et n’ayez crainte, il ne veut que votre bonheur…

Ma note

4/5

NOUVELLESSCIENCE-FICTION

ENVAHISSEURS ! (ANDREW WEINER)

Le résumé du livre

Un homme voit de petits hommes verts envahir son appartement. Ils passent par un trou dans le plafond de sa salle de bains, sorte de faille spatio-temporelle. L’ennui, c’est qu’il est bien le seul à les voir… Dans une petite station balnéaire endormie, apparaît Marianne, très jolie femme qui propose un spectacle musical sur fond de chant de baleines et de sifflements de radiotélescopes. Elle diffuse des hologrammes de cerveaux humains. Une de ses conquêtes craint qu’elle ne lui ait volé son âme… Herschel Freeman bénéficie d’une chance insolente jusqu’au jour où les Vleeps, extraterrestres menacés, font appel à ses services… Kay, détective privé, est chargé par un certain Victor Lazare de retrouver Walter Hertz, directeur disparu du service des enregistrements de la ville… Un groupe de musiciens venus de la planète Zoom tentent de faire revivre le bon vieux rock n’roll des années 60…

Ma critique

« Envahisseurs » est un recueil de nouvelles de science-fiction entre rêve et humour. Les cinq sont de belle facture, bien écrites et amusantes. Ce n’est pas à se plier de rire ni à se taper les cuisses, mais quand même on peut y trouver un certain ton décalé qui permet de naviguer agréablement sur les rives de la parodie et de la dérision. La première, « Envahisseurs », est sans conteste la meilleure surtout pour sa chute surprenante et fort bien trouvée. Très originale, la dernière, avec ses extraterrestres plus tacherons de la musique que véritables innovateurs pose le problème de la création artistique. Un auteur à suivre…

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

LES PIRES ENNEMIS DE NOS PEUPLES (JEAN BOYER)

Le résumé du livre

On croit généralement que les révolutions se produisent quand le peuple longtemps brimé se soulève soudainement. En réalité, il n’y aurait rien de vraiment spontané dans ces évènements mais tout un travail effectué en secret toujours par les mêmes. Ainsi la révolution bolchevique russe serait le fait de révolutionnaires pour la plupart d’origine juive. L’auteur l’étend même à Lénine et à Staline, ce qui semble assez peu établi historiquement. Il s’attache également à la révolution française (avec la personnalité particulière de Robespierre), mais aussi à la guerre d’Espagne, et aux révolutions portugaises et mexicaines…

Ma critique

« Les pires ennemis de nos peuples) est un essai historico-politique assez court (97 pages), un peu trop systématique dans les accusations, lesquelles auraient nécessité d’être plus soigneusement étayées par des faits concrets et des preuves bien établies. L’auteur reste trop dans le flou déclaratif ce qui donne à son texte une allure partiale et insuffisamment documentée historiquement. Seules exceptions, les paragraphes consacrés au Duc d’Orléans, Philippe-Egalité (chef du Grand-Orient de l’époque, trahi par ses propres troupes. Louis XVI et Marie-Antoinette ayant eux-mêmes été intronisés…), au prince Maximilien de Habsbourg embarqué dans la calamiteuse expédition mexicaine (franc-maçon affrontant Juarez, autre franc-maçon), à Simon Bolivar et au Général Prim. Ouvrage peu convaincant pour une recherche authentique, mais pouvant éventuellement servir d’introduction à qui se lance sur ce sujet.

Ma note

2,5/5

SCIENCE-FICTION

L’UNIVERS EN FOLIE (FREDRIC BROWN)

Le résumé du livre

10 juin 1954. La première fusée à être envoyée vers la lune rate sa cible et s’écrase dans le jardin des Borden, éditeurs de revues de science-fiction. Tout est détruit dans l’explosion à l’exception de Keith Winton, journaliste invité, qui se retrouve à quelques kilomètres de là dans un autre univers à la fois semblable et pourtant très différent du sien. Dans un drugstore, il rencontre un monstre rouge à tentacule. Le patron lui échange des centaines de crédits contre une simple pièce de 5 dollars avant de sortir un fusil et de lui tirer dessus. Il comprend très vite que tout le monde le prend pour un espion venu d’Arcturus. Il se retrouve dans la peau d’un fugitif traqué et sur lequel n’importe qui peut tirer sans sommation…

Ma critique

« L’univers en folie » est un roman de science-fiction décalée qui ne semble plus fantastique qu’humoristique. En effet, l’intrigue repose sur un principe de mondes parallèles très ressemblants et donc d’autant plus déstabilisants pour le héros. Les personnages et les situations sont devenus des classiques tant ce thème a été exploité depuis. On notera diverses trouvaille comme la brume sombre déployée sur les grandes villes pour les protéger des attaques de vaisseaux Arcturiens ainsi que la présence de Mekky, sorte d’ancêtre ou de précurseur des I.A, sous la forme d’une boule flottante, parlante et peut-être capable de sentiments. L’écriture de Brown est fluide et agréable sans fioritures ni descriptions inutiles. L’intérêt ne faiblit pas tout au long de ce classique toujours d’actualité bien que paru en 1967.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

GUERRES ET MENSONGES (SYLVAIN LAFOREST)

Le résumé du livre

L’Histoire, telle qu’elle est enseignée à l’école et même à l’université, a plus à voir avec un joli récit épique qu’avec la triste réalité. Depuis la « Guerre des Gaules », on savait déjà qu’elle était écrite par les vainqueurs. Avec Sylvain Laforest, parti en exploration sur les traces de devanciers comme Carr et Sutton, dans ses coulisses les plus secrètes, on découvre que depuis 1773 (au moins), des entités cachées aux yeux de tous ont eu bien plus de responsabilités dans le déclenchement des conflits que les grands personnages de l’Histoire. Ainsi Napoléon, Hitler, Staline et tant d’autres n’auraient été que des marionnettes aux mains des grands banquiers internationaux. Depuis la Révolution française jusqu’à la crise du Covid en passant par les deux guerres mondiales, la guerre d’Indochine, les révolutions arabes et les conflits au Moyen-Orient, toutes ces guerres sans aucune exception ont été motivées par d’autres raisons que celles qu’on nous a présentées. Autant dire qu’on nous a menti effrontément. Comme dirait la chanson, « on nous cache tout, on nous dit rien » !

Ma critique

« Guerres et mensonges » est un gros essai historique et géopolitique qui se dévore comme un page-turner tant le lecteur en apprend de belles au fil de ses 474 pages. Quelques exemples : Marx, penseur du communisme, et Ritter, inspirateur du nazisme, furent tous deux financés par la maison Rothschild. Sur les 39 signataires de la déclaration d’indépendance américaine, 13 étaient franc-maçons de haut rang. Un banquier suisse nommé Perregaux arma le peuple le 13 juillet 1789 avant de financer le coup d’Etat du 18 Brumaire. Henry Ford fut l’inspirateur et un des mécènes d’Hitler. Prescott Bush, ancêtre de la dynastie célèbre, finança le parti nazi, tout comme Rockefeller, J.P. Morgan et nombre d’autres banquiers de Wall Street. En Afghanistan, sous le régime taliban, et avant l’arrivée des troupes américaines, la production de pavot (pour l’opium et l’héroïne) était de 185 tonnes. En 2016, elle avait augmenté de manière exponentielle jusqu’à atteindre 4800 tonnes. Une Au total, un ouvrage passionnant, une thèse solidement étayée par un arsenal de références présentée à la fin, que les tenants de la pensée unique classeront comme « complotiste ». Présentation impeccable (belle couverture, papier de qualité) un peu gâchée par quelques coquilles et par un style approximatif (mauvais emploi du conditionnel, « si j’aurais… », « s’accaparer du marché » et autres « américanismes », comme « globalisme » (mondialisme), « banquerie » (?), parachutisme (parachutage) ou « moto » pour « leitmotiv ») qui seront aisément pardonnés à ce journaliste canadien courageux qui a le mérite de participer à notre éveil collectif.

Ma note

4/5

ESSAIS

LE CORPS MYSTIQUE DE L’ANTECHRIST (RENÉ BERGERON)

Le résumé du livre

La conspiration mondialiste de l’ère du Verseau est basée idéologiquement sur le communisme et le nazisme et n’est que la mise en place des buts cachés de la Franc-Maçonnerie. En réalité, ces trois idéologies sont très proches et ni plus ni moins que les trois faux nez d’une même entité, celle qui ne veut plus de religion, plus de famille traditionnelle, plus de frontières, plus de patrie, plus de propriété privée. Une éducation laïque et athée, une baisse de la natalité, une suppression de la responsabilité personnelle, une extinction programmée de la foi, la mise en place d’un Etat Providence omnipotent et une immoralité encouragée sous toutes ses formes sont les moyens pour parvenir à ces fins : plus de vérité, ni de liberté, ni de justice, ni de morale. Tels sont les points communs entre le communisme, le nazisme et la Franc-Maçonnerie. La première cible est partout et toujours la religion. « Nous devons combattre la religion », disait Lénine. « Il faut libérer les masses ouvrières des préjugés religieux », peut-on lire dans le « Manifeste du Parti Communiste ». Et pour cela, tous les moyens sont bons, mêmes les plus criminels. En 1917, l’Église catholique russe comptait 12 millions de fidèles, 8 évêques et 810 prêtres. En 1935, après les massacres, ne survivaient plus que 60 prêtres. Les objectifs francs-maçons ne sont guère différents. « Ne cessons jamais de corrompre et de semer le vice dans le peuple. Notre but est la destruction du catholicisme. » (Adam Weishaupt) Les trois « ennemis infâmes » sont pour elle la loi, la propriété et la religion. Quant au nazisme, le frère ennemi apparent du bolchevisme, il repose sur le sang, le sol, la race et la nation. C’est un néo-paganisme très anti-chrétien lui aussi. Son idéologie basée sur le mythe de la race des seigneurs, sa pratique de l’eugénisme et de l’euthanasie (stérilisation des tarés sociaux, éradication des races inférieures) l’ont condamné à jamais, mais il peut ressurgir sous d’autres apparences…

Ma critique

« Le corps mystique de l’Antéchrist » est un essai politique majeur dans la mesure où il renvoie dos à dos et dissèque avec précision les trois courants responsables de bien des malheurs passés et à venir. « Doctrines pernicieuses et absurdes, faussement fardées du nom de science » (Pie XI). Paru en 1940, cet ouvrage courageux risquait de finir dans les oubliettes de l’Histoire s’il n’était pas reparut en 1993 avec une préface de Serge Monast. Le lecteur y apprendra bien des choses sur ces trois sujets qui n’en font qu’un. Par exemple, que 65% des sénateurs américains sont francs-maçons et que la totalité des présidents le furent à l’exception d’un seul, Adams ! L’auteur appuie toute son argumentation sur un grand nombre de faits incontestables et de citations des protagonistes (Lénine, Trotsky, Staline, Hitler, Weishaupt). Les points et les buts communs sont troublants. « Le stalinisme et l’hitlérisme sont des phénomènes symétriques. Par bien des traits, ils se ressemblent de façon accablante » (dixit Trotsky). Un ouvrage de référence, en accès libre sur le net, qui intéressera tous les passionnés d’Histoire mais aussi tous ceux qui veulent comprendre notre monde actuel, héritier et continuateur du processus en question.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

GOUVERNER PAR LE CHAOS (COLLECTIF)

Le résumé du livre

Des éléments de langage, un storytelling répété à l’infini de façon monotone, un peu comme un mantra, parviennent facilement à conditionner les réflexes mentaux pavloviens de toute une population. Depuis Bernays (« Propaganda »), on a découvert qu’en situation de grande anxiété, de stress, de peur, le cerveau reptilien l’emporte toujours sur le néo-cortex dialectique. Toute réflexion, toute rationalité deviennent impossibles. Ne reste plus que l’émotion, le ressenti. Le déni de réalité le plus absolu, les situations les plus incroyables et les pires contraintes peuvent être acceptées et même réclamées par l’opinion. De plus, si on relativise toutes les culpabilités, si on libère des prisonniers, si on inflige des peines symboliques quand elles devraient être sévères et des peines sévères quand elles devraient être légères, la justice brouille les cartes, rend tout le monde coupable ou potentiellement coupable. Ainsi arrive-t-on à étendre les murs de la prison à la société tout entière. Le gouvernement par le chaos n’a alors qu’une seule finalité : la tyrannie, la dictature…

Ma critique

« Gouverner par le chaos » est un essai politique court et compact qui présente une vulgarisation des mécanismes d’ingénierie sociale telle qu’elle est de plus en plus pratiquée par nos gouvernants avec l’aide des médias, de Big Data, de Big Tech, de Big Money et autres Big Pharma. Orwell et son « 1984 » sont largement dépassés dans la mesure où Big Brother espionnait le peuple, imposait sa volonté en se montrant et même en s’exhibant. Aujourd’hui, les vrais détenteurs du pouvoir savent tout sur nous mais restent cachés dans les coulisses, laissant le soin à leurs pantins, hommes politiques et autres, de rester sur le devant de la scène. Si on y ajoute une connaissance fine des comportements et tendances de la masse par le biais de la technologie, des réseaux sociaux et autres moyens de traçage, on obtient une sorte de pouvoir absolu reposant sur le mensonge, les psy-ops, les fake-news et autres opérations sous faux drapeaux. Un ouvrage intéressant, un brin technique, qui insiste un peu trop sur l’affaire de Tarnac et du groupe de Julien Coupat et qui aurait pu présenter plus de développements à l’aide d’autres exemples de manipulations. Peut servir d’introduction à un sujet aussi passionnant qu’inquiétant. Ecrit avant l’histoire du Covid, il donne cependant toutes les clés pour la décrypter.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LES VOLONTAIRES (SAINT-LOUP)

Le résumé du livre

Août 1941 : un ancien de la guerre d’Espagne, côté Républicains, un engagé volontaire de la campagne 39, un aristocrate réserviste de la guerre de 14, un forain « motard de la mort », un diplômé de Normale Sup, un militaire de carrière qui a fait 14/18, la guerre d’Espagne dans la brigade Durutti et celle de 40 dans les corps-francs et un tas d’autres passent une sorte de conseil de révision devant le médecin-capitaine Fleury, toubib breton ayant abandonné femme, enfants et clientèle pour s’engager comme eux dans la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme. Tous vont bientôt aller combattre l’armée rouge aux côtés des soldats de la Wehrmacht sur le terrible front de l’Est. Ils vont connaître le froid, la faim et la mort dans une guerre de partisans sans merci. Et pour les peu nombreux rescapés de cet enfer, ce sera l’exil ou le poteau d’exécution…

Ma critique

« Les volontaires » est un ouvrage historique mené comme un reportage sur un volet de l’Histoire de France assez peu abordé. Les combats de volontaires français qui, à l’appel de divers partis de la collaboration, se lancèrent sur les traces de Napoléon pour une nouvelle campagne de Russie qui se solda par une retraite aussi terrible sinon pire que la première. Ils se battirent courageusement dos à la Bérésina et furent même les derniers pour protéger la retraite de l’armée allemande. Les passionnés d’histoire militaire découvriront que ces hommes se battirent à un contre dix, sans appui d’artillerie, avec parfois l’aide de deux chars Tigres allemands, la plupart du temps face à une centaine de blindés soviétiques souvent d’origine US. Le lecteur retrouvera des personnages emblématiques et récurrents des autres ouvrages de l’auteur comme Le Fauconnier, Brasillach et Bassompierre. L’histoire la plus étonnante reste celle du chirurgien Delouis qui, capturé par les partisans rouges, n’est pas exécuté. Il soigne les blessés russes avec autant de bienveillance que les blessés français, a une aventure avec Genia, une belle Russe, commissaire politique. Et le plus incroyable, c’est qu’il réussit à s’évader, à repasser les lignes et à rejoindre un poste français ! Ce récit basé sur des témoignages de survivants est très bien écrit, très vivant et illustré de nombreux croquis de batailles. Intéressant à titre de document bien sûr.

Ma note

4/5

HUMOURSCIENCE-FICTION

ÉCHANGE STANDARD (ROBERT SHECKLEY)

Le résumé du livre

Marvin Flynn vit à Stanhope, petite ville paisible située à 500 km de New York. Bien qu’il ait déjà beaucoup bourlingué sur terre et visité nombre de pays, il rêve de voyager dans le cosmos pour découvrir des planètes lointaines. Mais ce n’est pas à la portée de sa bourse sauf s’il arrive à procéder à un échange d’identité, appelé Psycho-Troc avec un habitant d’une autre planète qui voudrait visiter la Terre. Un jour, Marvin tombe sur une annonce aussi étrange que prometteuse : « Mons. orig. de Mars, tranquille, soigneux, cultivé, échang. corps avec Mons. de la Terre, caract. équiv. 1er Août- 1er Sept. Ref. prod. Contr. notarié. » Il n’en faut pas plus pour que l’aventure commence.

Ma critique

« Échange standard » est un roman de science-fiction amusante, publié en 1966, mais toujours aussi amusant à lire. L’intrigue démarre très fort avec de nombreux rebondissements, des échanges étonnants et des circonstances inattendues. Le lecteur passe de l’univers sablonneux de « Dune » à celui du Far-West en passant par celui des chevaliers de Moyen Âge. On est dans un pastiche si délirant, si léger, et si ébouriffant que la première moitié de l’ouvrage se déguste au grand galop. La seconde partie avec la quête de la belle Catherine aussi mystérieuse qu’insaisissable est un peu différente. Sheckley y change de vitesse et surtout de registre. Il part dans une sorte de délire philosophique complètement déjanté dans le cadre d’un Monde Biscornu où tout est possible surtout l’improbable, l’incroyable ou l’hallucinant. On n’est plus très loin de l’univers du regretté Pratchett. Un très grand plaisir de lecture pour qui aime le parodique bizarroïde !

Ma note

4,5/5

ESSAIS

65 QUESTIONS, 65 RÉPONSES SUR LA DETTE, LE FMI ET LA BANQUE MONDIALE (MILLET & TOUSSAINT)

Le résumé du livre

Depuis la crise financière de 2008, il ne reste plus que la toute petite poignée de ceux qui profitent de plus en plus du capitalisme, les oligarques, les ploutocrates, et l’immense majorité qui le subit, surtout au travers du mécanisme diabolique de la dette. Mais si on efface la dette des pays en voie de développement, les régimes dictatoriaux et corrompus ne vont-ils pas s’en trouver renforcés ? Les contribuables des pays développés ne vont-ils pas en faire les frais ? Comment vont se comporter, la Chine, les fonds vautours et les fonds souverains ? Si cette annulation est une condition nécessaire au redémarrage des économies, elle ne sera pas suffisante. Il faudra envisager bien d’autres mesures. Le tiers monde a déjà remboursé l’équivalent de 110 fois ce qu’il devait en 1970, mais entre temps la dette a été multipliée par 50 en raison de la hausse des taux d’intérêt et des nouveaux emprunts destinés à rembourser les premiers. Un parfait cercle vicieux !

Ma critique

Cet ouvrage très bien documenté et sourcé est un essai économique de belle qualité et d’un abord relativement facile de par la clarté du discours et de par la présentation sous forme de questions et réponses. Il pose tout le problème du développement et celui du rôle délétère et même létal du FMI et de la Banque mondiale, qui sous prétexte d’aider ces pays, ne font qu’aggraver la pauvreté et l’asservissement des peuples. (Casse sociale, émeute de la faim, paupérisation, 2,6 milliards d’êtres humains vivant avec moins de 2 dollars par jour !). En lisant cet ouvrage, bien des thématiques se découvrent sous une autre lumière : crise des subprimes, pillage des ressources du tiers-monde, monoculture et surproduction, baisse des cours des produits agricoles et des matières premières. La dette cumulée au Nord représente environ 40 000 milliards de dollars, celle du Sud 326 milliards et même seulement 80 après re-calcul et décote. Le propos aurait été incomplet s’il s’était cantonné aux pays du Sud. Il propose aussi des solutions générales avec de simples aménagements pour le Nord, ce qui semble certainement insuffisant pour une réelle libération du joug des 1% de ploutocrates qui ne font que s’enrichir de manière monstrueuse alors que les 99% s’appauvrissent inexorablement. Ouvrage fort intéressant qui cible le problème majeur de la mondialisation.

Ma note

4/5

HISTORIQUEJEUNESSE

COMPLOT SOUS LA TERREUR (JAKUBOWICZ & DUPUIS)

Le résumé du livre

1793 : le roi Louis XVI vient d’être condamné à mort et guillotiné. Les nobles ont émigré un peu partout en Europe, mais surtout en Allemagne et en Angleterre. Les députés du peuple siègent à la Convention. Cette assemblée est dominée par les « Montagnards », révolutionnaires les plus radicaux. Dans le même temps, les frontières du Nord et de l’Est sont menacés par les armées autrichiennes et prussiennes. Une insurrection royaliste éclate dans l’Ouest. Les Vendéens, menés par quelques nobles et prêtres restés fidèles à la royauté tiennent encore en échec les armées révolutionnaires qui commence déjà à pratiquer le génocide et la terre brûlée. Partout, des comités de Salut Public et des tribunaux révolutionnaires siègent sans relâche pour juger des crimes commis contre la République, selon une procédure expéditive et dont le seul verdict prononcé est la mort…

Ma critique

« Complot sous la terreur » est un livre-jeu plutôt destiné aux ados. Il permet aux jeunes lecteurs de se familiariser avec l’ambiance très particulière de cette période troublée de notre Histoire. La réalité historique, du moins celle présentée dans les manuels, est soigneusement respectée. Il n’y a pas qu’une seule intrigue à suivre linéairement, mais plusieurs que l’on peut aborder successivement en fonction de nos réactions, car tout fonctionne de façon interactive. Il suffit de se munir d’un dé à jouer (même pas indispensable, vu que la pagination peut le remplacer) et d’un crayon et de suivre les instructions de jeu au fil des postes. Selon les résultats obtenus aux tests (d’éloquence, de communication, de commandement) ou aux duels et autres combats, le lecteur peut progresser dans son aventure ou terminer très vite avec la tête tranchée tombant dans le panier de son. Les illustrations en noir et blanc de F’MuRR, remarquables de noirceur, mettent très bien dans l’ambiance. Une belle réussite. Nul doute que les ados férus d’Histoire liront et reliront ces histoires de complots passionnants.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

L’ÈRE DES GLADIATEURS (FREDERIK POHL & CYRIL KORNBLUTH)

Le résumé du livre

Dans un futur assez lointain, le monde est régi par une violence institutionnalisée, organisée, canalisée. Les villes sont devenues des jungles de béton avec des quartiers de maisons-bulles qui, faute d’entretien tombent en décrépitude. Charles Mundin, jeune avocat pénaliste et candidat à une élection municipale, se voit confier des affaires peu intéressantes et même indignes de ses compétences, jusqu’au jour où l’importante société G.M.L. lui confie une mission délicate… Les nouveaux Jeux du Cirque sont des spectacles très recherchés. Norwell Bligh, un de ses plus célèbres organisateurs, se retrouve renvoyé du jour au lendemain, car un certain Stimmens, plus jeune et plus créatif que lui, vient de lui prendre sa place…

Ma critique

Paru en 1949, « L’ère des Gladiateurs » est un roman de science-fiction qui a plutôt mal vieilli et qui ne procure plus guère de plaisir à être lu aujourd’hui. Le monde imaginé par Pohl et Kornbluth est même en deçà de celui dans lequel nous vivons. Les ordinateurs en sont encore aux cartes perforées, c’est dire ! L’intrigue tourne beaucoup trop autour de grenouillages dans le milieu de la finance et des grosses sociétés du bâtiment. La partie « Jeux du Cirque », qui aurait pu être spectaculaire, l’est assez peu et n’intervient qu’en toute fin de l’ouvrage. En dehors du fait que les auteurs ont un regard déjà désabusé sur une société de consommation qui en était à ses balbutiements au moment où ils écrivaient, l’intérêt de cet ouvrage reste des plus limités.

Ma note

2,5/5

HORREURHUMOUR

H.P.L (ROLAND C. WAGNER)

Le résumé du livre

Dans le sauvage Ouest sauvage, une patrouille de tuniques bleues est attaquée par des guerriers Peaux-Rouges d’autant plus déchaînés qu’ils bénéficient de l’appui de monstres martiens à quatre bras qui disposent d’armes à rayons laser particulièrement meurtrières. De défaites en défaites, les Américains perdent du terrain devant l’avancée indienne. La Frontière recule de plus en plus, jusqu’à ce que des Vénusiens débarqués de leurs énormes engins spatiaux, ne mettent un coup d’arrêt aux victoires des Martiens et des Peaux-Rouges. L’ennui, c’est que ces Vénusiens sont de grandes créatures aux anatomies d’insectes coriaces qui risquent de se retourner un jour contre leurs alliés. Lévèque, savant d’origine française, tente de trouver une explication à cette arrivée de monstres dans un livre maléfique, le terrible « Nécronomicon », découvert dans une bibliothèque de la ville de Providence…

Ma critique

« Celui qui bave et qui glougloute » est une longue nouvelle ou novella d’une centaine de pages en forme de parodie amusante de l’univers de Lovecraft transposé dans un Ouest fantasmé. Roland C. Wagner fait intervenir dans son histoire plutôt déjantée tous les héros de son enfance, Kit Carson, Buffalo Bill, les frères Dalton, Calamity Jane, Wyatt Earp, Nat Pinkerton (la fille) et quelques autres. L’ouvrage est précédé par « H.P.L.», biographie imaginaire et un brin fantaisiste du célèbre Lovecraft qui aurait vécu 101 ans. Et il s’achève sur deux interviews de l’auteur expliquant la genèse des deux textes. L’ensemble est amusant et divertissant, sans plus. On n’atteint pas des sommets dans l’humour, mais ça se lit avec un certain plaisir.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LES NOSTALGIQUES (SAINT-LOUP)

Le résumé du livre

En 1945, Gévaudan et Binet se rencontrent discrètement dans un square parisien. Les deux hommes, qui viennent d’échapper de justesse aux griffes des épurateurs, rêvent de faire reparaître un journal, « Le Combattant Européen ». Binet est un ancien communiste passé au national-socialisme. Gévaudan a combattu sur le front russe dans les rangs de la SS. Ils espèrent continuer à diffuser leurs idées grâce à un trésor de guerre que les nazis auraient caché en Amérique du Sud. Gévaudan doit donc partir pour Buenos-Aires pour essayer de le récupérer. Mais, un mois plus tard, Binet est arrêté alors que Gévaudan, n’ayant rien trouvé, entre au service d’Eva Peron… Deux autres anciens SS, Dekercke et Lemoine, après un retour difficile de Russie, n’ont d’autre choix que le poteau d’exécution ou l’entrée dans la Légion. Ils optent pour cette dernière et finissent par se retrouver dans les combats d’Indochine… Sous le Pont-Neuf, Benvoar, étrange cul-de-jatte breton paralysé du côté gauche et sujet à des crises d’épilepsie en raison d’éclats d’obus fichés dans son crâne, survit en se traînant sur les trottoirs. Le malheureux, grand blessé de guerre du front russe, n’a droit à aucune aide sociale ni au moindre appareillage. Deux clochards l’aident à survivre, car il se refuse à tomber dans la mendicité.

Ma critique

« Les nostalgiques » n’est pas à proprement parler un roman, mais plutôt un reportage décrivant le parcours d’un certain nombre de parias, anciens soldats ayant survécu à l’enfer russe. Tous s’engagèrent dans la SS pour aller combattre le bolchévisme. Les nazis ayant perdu la guerre, ils se retrouvent traitres à leur pays. Ils doivent donc se cacher pour échapper à la prison ou à la mort. Dans la logique de leur engagement, certains reprennent le combat contre le communisme en Indochine, puis en Algérie et finissent même au Congo comme mercenaires de Mobutu. La plupart vivent une descente aux enfers sans espoir de remontée. Le personnage le plus émouvant reste Benvoar, dont l’instinct de vie hors norme suscite admiration et empathie. D’autres laissent une impression étrange comme le Belge qui passe tous ses étés à faire la tournée des hauts lieux du nazisme (Berchtesgaden, etc) sur son scooter Lambretta et ne manque jamais de passer saluer son ancien chef, Degrelle, caché à Madrid ou comme l’avocat qui croit qu’Hitler est ressuscité tel un nouveau Christ. Un ouvrage intéressant surtout à titre de document historique qui illustre parfaitement l’adage : « Malheur aux vaincus ! »

Ma note

4/5

HUMOURROMAN

L’ANALPHABÈTE QUI SAVAIT COMPTER (JONAS JONASSON)

Le résumé du livre

À Soweto (Afrique du Sud) vit ou plutôt survit Nombeko, 13 ans, orpheline noire. Bien qu’elle ne soit jamais allée à l’école, elle est particulièrement douée en calcul mental, ce qui lui est de peu d’utilité dans l’exercice de sa profession de vidangeuse de latrines publiques. À la mort de Thabo, vieil original qui lui a appris à lire, elle hérite d’une petite fortune en diamants. Elle décide alors de tout plaquer pour partir vers le nord du pays. Mais, arrivée à Johannesbourg, elle est renversée et grièvement blessée par la voiture d’un ingénieur alcoolique, chargé de la mise au point de la bombe nucléaire nationale. Le tribunal lui ayant donné tort, elle se retrouve femme de ménage au service de l’ingénieur. Pendant ce temps, en Suède, le postier Ingmar n’a qu’un rêve : rencontrer le roi pour pouvoir le saluer. Après mille difficultés, il y parvient à Nice. Mais la rencontre est des plus décevantes. Le postier est remercié de sa vénération par un bon coup de crosse de canne sur le dessus du crâne…

Ma critique

« L’analphabète qui savait compter » est un roman humoristique complètement déjanté. L’intrigue est improbable et même totalement invraisemblable. Chaque rebondissement est plus incroyable que le précédent. On reste dans l’esprit du premier succès de Jonasson, « Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire ». Tous les personnages sont dingues, ou, à tout le moins, ont un grain de folie. Et ils se retrouvent dans des situations rocambolesques comme cette histoire de bombe atomique dont les héros n’arrivent plus à se débarrasser. C’est énorme, mais ça passe car l’humour est fin, léger et intelligent. Le trait n’est pas outré et le regard reste toujours compatissant sur les personnages. Un très agréable divertissement et la preuve que l’humour n’est plus le domaine réservé de nos amis britanniques !

Ma note

4/5

ESSAIS

PSYCHANALYSE DU JUDAÏSME (HERVE RYSSEN)

Le résumé du livre

Le peuple juif est le peuple militant par excellence. C’est un peuple de propagandistes, un peuple de « prêtres » qui a un message à délivrer au reste de l’humanité. En effet, le judaïsme n’est pas seulement une religion. C’est également un projet politique dont l’objectif est la suppression des frontières, la disparition des nations, et la mise en place d’un nouvel ordre mondial dirigé par un gouvernement mondial qui pourrait siéger à Jérusalem. « Un joli endroit », dixit Jacques Attali. Cette espérance devrait hâter la venue d’un Messie attendu depuis déjà trois mille ans. C’est la raison pour laquelle les élites juives travaillent sans relâche à la constitution de cet empire globalisant.

Ma critique

« Psychanalyse du judaïsme » est un essai socio-politique dans la droite ligne des « Espérances planétariennes ». Le lecteur a même l’impression d’être en présence d’une suite surtout dans les deux premiers tiers du livre. Seul la dernière partie est consacrée à la psychanalyse proprement dite. On y nage dans les complexes, maladies psychiques, déviances et autres inversions accusatoires. À noter au passage, un chapitre intéressant sur « l’histrionisme » qui explique beaucoup de comportements et une brève déconstruction du freudisme. Sans doute plus intéressante, la première partie basée sur l’histoire, la sociologie, les mœurs et les rites, apprendra au lecteur énormément de choses comme l’histoire des Dunmehs avec un certain Sabbataï Zevi, expulsé d’Espagne en 1492 et installé à Smyrne (Turquie). Il se fait passer pour le Messie, veut prendre la place du Sultan, finit par se convertir à l’Islam et par être exilé en Albanie. Ses disciples, les Dunmehs, bien que doublement apostats, refusent tout mariage avec des Turcs, présentent un nom turc officiel tout en conservant un nom juif secret. Ils firent partie du gouvernement des jeunes Turcs de Mustapha Kemal. Celle des Frankistes est assez étrange. Dans cette secte fondée par Jacob Frank en Podolie à partir de 1755, on pensait que le salut venait du péché et que de l’excès de péchés devait advenir un monde meilleur. Ils se convertirent en apparence au catholicisme, prirent de nouveaux noms et ainsi certains purent accéder à la noblesse polonaise. Tout l’ouvrage repose sur des citations d’auteurs connus comme Elie Wiesel, Marek Halter, Edgar Morin, Jacques Attali, Minc, Derrida, Sorman, Kouchner, André Glucksmann, Norman Mailer, etc. Cela donne une impression de compilation assez peu discutable, mais quand même un brin indigeste.

Ma note

3,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUERELIGIEUX

LA SOUFFRANCE ET LE MOYEN D’Y METTRE FIN (DANIEL MADRASSE)

Le résumé du livre

Ni aujourd’hui ni demain ne font rêver et, à moins de se complaire dans l’insatisfaction, on ne peut chercher que de nouveaux moyens d’être heureux. Comment échapper à la souffrance ? Comment atteindre le bonheur ? Celui-ci serait un état de paix durable et dénué de souffrance, nommé aussi « ataraxie ». Le plaisir n’est pas le bonheur, car le plaisir est toujours éphémère et doit être recherché en permanence alors que la souffrance et la douleur doivent toujours être combattues. L’homme vit sous l’emprise de ses émotions, lesquelles sont indispensables à sa survie. Il fut un temps où l’homme se sentait encore maître du monde ou du moins de son territoire, où il se sentait un être libre plutôt qu’un rouage. À mesure que la société est devenue plus complexe, plus interdépendante et plus informatisée, cette liberté en a été d’autant plus réduite au point que se pose maintenant la question de savoir si une dictature totale ne serait pas le moyen ultime d’imposer l’égalité, la stabilité et donc la paix pour tous.

Ma critique

« La souffrance et le moyen d’y mettre fin » est un essai philosophique un peu dans la ligne de tous ces bouquins de recherche de bonheur ou de bien-être qui encombrent les rayons des librairies et qui rencontrent souvent un joli succès commercial. Sommes-nous si peu heureux qu’il nous faille autant courir derrière un bonheur que l’on n’atteint jamais ? Il faut dire que les sociétés modernes basées sur l’hyper consommation, la publicité omniprésente et la dictature du paraître, produisent de la frustration à haute dose. Cet ouvrage se compose de deux parties d’intérêt assez inégal. La première décrit la souffrance sous tous ses aspects. L’auteur fait appel à la biologie, à la chimie moléculaire, à l’ethnologie, à l’archéologie, à l’écologie et même à la théorie de l’évolution des espèces pour nous dépeindre la simple misère de notre condition humaine. Ce n’est pas inintéressant, mais un tantinet superfétatoire. Que de brillants développements pour démontrer une évidence ! La seconde partie nettement moins scientifique est totalement spirituelle. Pour remédier à cette souffrance, l’auteur fait appel aux pratiques religieuses de tous horizons. Bouddhisme, hindouisme (avec tous les types de yogas), christianisme (érémitisme, hésychasme et garde du cœur), islam (soufisme principalement) sont mis à contribution dans un syncrétisme plutôt intelligent. Les solutions ? Le retour à la pensée positive, à la méditation, au pranayama et autres répétitions du nom de Dieu. Un essai qui peut être utile à qui débute sur la voie de la sagesse…

Ma note

4/5

THRILLER

LES ENFANTS DU MATIN (JACK CURTIS)

Le résumé du livre

À Londres, une jeune femme est abattue d’un tir de fusil de précision, au milieu de la foule d’Oxford Street. Il semble que la cible ait été choisie au hasard. L’inspecteur Robin Culley et le sergent Dawson se retrouvent chargés de l’affaire. Laquelle se complique très vite quand c’est le tour d’un homme d’être tué dans un train de façon semblable. Puis ce sont deux jeunes gens qui trouvent la mort de la même manière près d’une guinguette des bords de la Tamise. Au fil des jours, les assassinats de ce genre s’accumulent. On finit par dénombrer rien moins que vingt meurtres en l’espace de huit jours…

Ma critique

« Les enfants du matin » est un thriller assez classique avec une accumulation particulièrement importante de crimes dont un, le dernier, est tout à fait monstrueux de sadisme et de cruauté. De quoi révulser les âmes sensibles. L’originalité de cet ouvrage vient du fait que tous ces crimes que l’on croit gratuit au début ne le sont pas vraiment, mais cachent un seul qui est commandité par des personnages hauts placés. L’intrigue est bien menée et assez intéressante dans la mesure où le lecteur est un peu « promené » avant de découvrir une vérité plus nuancée qu’il n’y paraît au premier abord. La faiblesse de ce roman de divertissement tient plus au style pas très léger de Jack Curtis. Un certain manque de rythme. Des descriptions inutiles qui ne sont pas loin de tirer à la ligne par endroits. À réserver aux amateurs du genre.

Ma note

3,5/5

BIOGRAPHIES

JOHN F. KENNEDY, UNE FAMILLE, UN PRÉSIDENT, UN MYTHE (ANDRÉ KASPI)

Le résumé du livre

Né le 29 mai 1917 dans une famille riche et célèbre, John Fitzgerald Kennedy fut un étudiant assez peu brillant avant de s’engager dans la marine pendant la guerre du Pacifique. Le bateau qu’il commandait ayant été coulé, il sauva de la noyade deux de ses matelots et réussit à nager jusqu’à un îlot des Salomon. On le crut mort. Démobilisé, il fit ses premières armes dans le journalisme, puis il fut élu au Congrès à 29 ans. Il devint sénateur à 36 ans en battant Cabot Lodge. Et le 8 novembre 1960, il devint 35e président contre Richard Nixon. Il laisse son empreinte dans l’histoire des États-Unis par sa gestion de la crise des missiles de Cuba, son autorisation du débarquement de la baie des Cochons, son engagement pour le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires, le programme Apollo dans le cadre de la course à l’espace, son opposition à la construction du mur de Berlin, sa politique sociale et son engagement en faveur des droits civiques des Noirs. Mais sa présidence ne dura que trois années, car elle fut brusquement interrompue par son assassinat à Dallas…

Ma critique

« John F. Kennedy, une famille, un président, un mythe » se présente comme la biographie particulièrement fouillée d’un homme qui entra très jeune dans la légende autant par l’image qu’il sut présenter que par sa mort tragique. Sa politique privilégiant l’action et non la parole ainsi que ses prises de position mesurées et souvent sages sont particulièrement bien analysées. Mais au-delà du mythe, André Kaspi a très bien su montrer les limites du personnage, ses échecs (Cuba, les débuts de la guerre du Viet-Nam, l’entrée ratée de la Grande-Bretagne dans le marché commun, le mur de Berlin, la guerre froide), tout comme ses réussites (condition de la femme, fin de la ségrégation raciale, embellie économique). Le long chapitre consacré à son assassinat, s’il n’amène pas de conclusion définitive sur le ou les commanditaires (Castro, KGB, mafia, état profond ou tueur solitaire ?) a le mérite de présenter toutes les enquêtes, toutes les hypothèses développées jusqu’à présent. Les lecteurs qui auraient aimé trouver des révélations croustillantes sur la vie sexuelle d’un homme qui fut également un grand séducteur (Marylin Monroe ne fut que la plus célèbre de ses conquêtes) en seront pour leur frais car l’auteur reste très discret sur la question. Il a voulu produire un ouvrage de référence sérieux, documenté et de grande qualité. Il y est parfaitement parvenu.

Ma note

4,5/5

DARK-FANTASYFANTASTIQUEHORREUR

COMME UNE BÊTE (PHILIP JOSE FARMER)

Le résume du livre

À Los Angeles, Harald Childe, détective privé, a perdu de vue son associé Matthieu Colben, disparu mystérieusement alors qu’il enquêtait sur une banale affaire d’adultère. La police lui fait visionner un film d’amateur que quelqu’un lui a envoyé. Il y voit avec horreur la mort ou plutôt l’exécution de Colben dans une sorte de rituel sexuel fort peu ragoûtant. L’inspecteur Bruin, sorte de gros ours mal léché assez indifférent à la souffrance humaine, est chargé du dossier. Mais cette affaire semble des plus délicates à élucider. Un spécialiste de l’étrange et du paranormal finit par orienter Childe sur un riche original possédant une immense propriété dotée de rien moins que de deux murs d’enceinte…

Ma critique

« Comme une bête » est un roman – premier d’une trilogie – assez difficile à classer vu qu’il se trouve aux limites du fantastique, de l’horreur et du pornographique. Les scènes de sexe sont nombreuses et fort répétitives. Le contraire eut été étonnant. Certaines sont si poussées qu’elles relèvent quasiment de la parodie voire de la farce potache. L’horreur est également bien présente avec toute une galerie de monstres dont le lecteur ne sait pas trop d’où ils sortent : fantômes, goules et surtout une femme avec un très long serpent lui sortant du sexe pour finir dans la bouche. La présence de vampires venus de Transylvanie et d’un lointain descendant du comte Dracula ajoute un côté fantastique à cette histoire au bout du compte assez simple pour ne pas dire simpliste. Dans sa post-face, Theodore Sturgeon attire à très juste raison l’attention des lecteurs sur le côté fable et même conte philosophique de ce bouquin. Le style n’est ni vif, ni léger, un tantinet trop descriptif et presque tirant à la ligne à notre goût. Pas le meilleur de cet auteur.

Ma note

3/5

ESSAIS

LE RACISME ANTIBLANC (HERVE RYSSEN)

Le résumé du livre

Vous souvenez-vous de Guy Georges, le tueur de jolies jeunes femmes blanches, de Thierry Paulin, l’étrangleur de très vieilles dames ou du gang des Barbares, les tortionnaires du malheureux Ilan Halimi ? Sans doute, car ces affaires furent fortement médiatisées. Mais vous n’avez peut-être jamais entendu parler d’autres centaines de crimes, d’agressions, de tortures, de lynchages ou de viols, rebaptisés « tournantes » toujours réservées aux jeunes filles blanches. Les médias nous ont habitué à considérer que quand un Français se rend coupable de violence envers un étranger, c’est systématiquement un acte raciste, alors que quand c’est l’inverse, ce n’est qu’un simple fait divers. Ça ne donne que quelques lignes dans les journaux, éventuellement une marche blanche, mais jamais d’émeutes avec incendies de voitures et pillages de magasins. Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu corriger ce deux poids, deux mesures en compilant crimes et délits imputables à ces chances pour la France qui ne sont pas toujours très tendres vis-à-vis de leurs hôtes…

Ma critique

« Le racisme antiblanc » est un essai très documenté conçu grâce à une compilation d’articles de journaux relatant une trentaine d’années de crimes et de délits racistes. Complètement dans la ligne de « La France Orange mécanique » de Laurent Obertone, cet ouvrage est tout aussi horrible à lire. Cette accumulation de tortures barbares, de monstruosités diverses et variées, de viols, d’outrages et d’humiliations finit par remplir d’écœurement le pauvre lecteur. Il savait déjà que l’homme était un loup pour l’homme. Il se doutait que « poignez villain, il vous oindra ; oignez villain, il vous poindra » (une adaptation libre en français de notre époque pourrait donner « cognez l’immigré, il vous fera des courbettes, soyez bon et accueillant avec lui, il vous cognera ou pire. » Vers la fin, l’auteur retrace quelques très rares ripostes musclées entrainant souvent des peines de prison pour l’honnête homme agressé ayant voulu se défendre un peu trop fermement. Le lecteur apprendra beaucoup de choses en lisant ce livre. Par exemple, il aura le fin mot sur l’affaire Omar Raddad, le meurtrier de Gisèle Marchal, le trop fameux « Omar m’a tuer », gracié par Jacques Chirac pour complaire aux bien-pensants. On restera dubitatif sur la conclusion plutôt optimiste avec l’espoir qu’Internet allait amener une prise de conscience du problème. L’avenir avec ses restrictions successives de liberté d’expression ainsi que la récente incarcération de l’auteur y ont apporté un démenti cinglant.

Ma note

4/5

NOUVELLES

LES PLUS BELLES HISTOIRES DU TEMPS DE NOËL (MARC PASTEGER)

Le résumé du livre

Une grand-mère, aussi acariâtre qu’autoritaire, se fâche avec son fils et sa belle-fille. La brouille s’éternise. La fête de Noël approchant, elle fait une tentative de réconciliation en les invitant à dîner… Plum, le chien de la famille Ulrich, se perd dans les bois. Quand il revient à la maison le soir de Noël en tenant dans sa gueule un joli marcassin blessé, tout le monde s’empresse de soigner le petit animal. On lui donne le nom de Noël. Mais un an plus tard, il est temps de le relâcher dans la nature… Cesare embarque dans sa voiture un abbé qui marche le long d’une route déserte. Comme c’est Noël, il l’invite dans sa résidence secondaire à une centaine de kilomètres de Rome. Puis il le raccompagne au château dans lequel il dit habiter. Mais le lendemain, quand Cesare revient sur les lieux, personne n’a entendu parler de cet abbé… À Londres, un soir de Noël, Dick, homme d’affaires pressé, percute avec sa voiture Lindsay, jeune business woman célibataire. Comme Dick est sincèrement désolé d’avoir brisé la jambe de Lindsay, il va la voir à l’hôpital avec un bouquet de fleurs dans l’espoir d’obtenir son pardon. Mais la jeune femme ne veut pas entendre parler de lui…

Ma critique

« Les plus belles histoires du temps de Noël » est un charmant recueil rassemblant trente histoires vraies ayant toutes un rapport avec la grande fête de l’hiver. Toutes sont inspirées d’histoires vraies. Rien à voir avec des contes et pourtant certaines en sont très proches. On donne même dans le fantastique avec celle de l’abbé, mais aussi dans les bons sentiments, les chutes merveilleuses ou quasi magiques. On part souvent de situations difficiles voire dramatiques qui comme par enchantement se dénouent au mieux. Sans doute la magie de Noël, cette grande fête de la joie et de la paix pour les hommes et les femmes de bonne volonté. Une nuit où tous les miracles deviennent possibles. Toutes ces jolies histoires le montrent bien. Agréables, courtes, étonnantes, faciles à lire, elles pourront donner au lecteur l’impression que l’humanité peut se révéler bien meilleure qu’elle ne semble. Une vraie bouffée d’air frais. J’en sélectionnerai quand même trois : « La bague et la vieille dame », « On sera plus forts à trois » et surtout « La promesse », pour le personnage de Naguissy, la jolie Coréenne, qui montre que l’amour se joue de tout, du temps, de la distance, des frontières et des races. Un bouquin qui fait tellement de bien en ces temps de grisaille qu’il devrait être remboursé par la Sécurité Sociale !

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

KRONOS, LE TEMPS DE RENAÎTRE (YVAN LANDIS)

Le résumé du livre

Au Mont Valérien, Daniel Orzon, ancien chercheur pour l’armée américaine, a mis au point, dans la cave de son pavillon, Kronos, une machine à re-créer à l’identique des êtres ayant déjà existé. Un engin capable de les faire revenir de l’au-delà, de les ressusciter des morts, mais pour un temps déterminé à l’avance. Ainsi parvient-il à refabriquer Clara, son épouse, décédée, quatorze années plus tôt. Après un premier essai qui tourne court, il recommence et réussit à lui donner un siècle d’espérance de vie supplémentaire. Clara travaillait pour les services secrets américains. Elle devait assurer la protection d’une ministre quand l’avion dans lequel elle se trouvait fut pris d’assaut par des terroristes. Les forces de l’ordre encerclèrent l’appareil. Un tireur d’élite, Ike « the Strike », en voulant abattre un des terroristes, la tua d’une balle…

Ma critique

« Kronos, le temps de renaître », se présente comme un roman de science-fiction doté d’une bonne part de fantastique. Avec cette machine en forme de soucoupe volante, sorte d’imprimante 3D capable de créer des humains à partir d’une simple image holographique, on n’est pas très loin du pouvoir du démiurge, de l’homme se hissant à la hauteur du divin. Dans le monde de l’imaginaire, pourquoi pas ? Mais le lecteur en constatera vite les limites. De cette idée originale et hyper intéressante, Yvan Landis n’a pas tiré le maximum, loin de là. Il s’est contenté de faire apparaître quelques personnages historiques complètement éberlués de ce qu’ils découvrent. L’intrigue est assez simpliste. Peu de suspens et peu de rebondissements. De méchants Russes volent l’invention. On se demande d’où ils sortent et comment ils ont obtenu l’information. La chute n’est pas surprenante du tout. Le style trop banal et trop banal aurait mérité d’être plus travaillé. (Trop de dialogues peu percutants et peu pertinents.) Une mise en page approximative, un trop grand nombre de coquilles, de faiblesses lexicales et grammaticales gâchent un peu le plaisir de la lecture de cet ouvrage de divertissement sans grande envergure.

Ma note

3/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

LES REPROUVES (ERNST VON SALOMON)

Le résumé du livre

À la fin de la première guerre mondiale, le très jeune Ernst est encore un cadet de l’armée. Il ne pourra donc pas s’illustrer dans les tranchées. L’Allemagne vaincue est en proie à des troubles importants. L’auteur assiste à des exactions de la part de groupes révolutionnaires bolcheviques qui veulent déclencher une véritable guerre civile. Très vite, il s’engage dans l’armée qui a bien du mal à rétablir l’ordre dans le pays. Il se retrouve d’abord à Berlin, puis à Weimar et enfin du côté de Riga avec les Baltes pour faire face aux Lettons communistes et autres spartakistes qu’il faut débusquer à la mitrailleuse. Mais quand le gouvernement ordonne le cessez le feu et le retrait des troupes, il fait partie d’un groupe de soldats qui entre en rébellion et finit par se retrouver sous le feu croisé de l’armée régulière et des Rouges. 9 dixièmes des insurgés périssent dans un baroud d’honneur désespéré. Salomon réussit à ne pas se faire assassiner en cachant sa qualité d’officier, puis à s’enfuir de son lieu de rétention en troquant ses vêtements. Mais la lutte pour l’Allemagne ne fait que commencer. Avec quelques compagnons, ils cachent des armes, s’organisent en groupes d’auto-défense et tentent même d’aller récupérer la Haute Silésie attribuée à la Pologne !

Ma critique

« Les réprouvés » est un témoignage de première main sur une période fort troublée de l’histoire allemande. La guerre est finie et pourtant c’est très loin d’être la paix en Allemagne. Le traité de Versailles est considéré comme cruel et injuste. Les Français sont vus comme des occupants sales et peu respectueux des populations. Le territoire est amputé à l’est. Salomon va de tribulations en tribulations. Cet apprenti conspirateur plutôt naïf finit par ramasser cinq années de prison pour complicité dans l’assassinat de Walther Rathenau. La description des souffrances endurées lors de ses années de détention est assez hallucinante. À sa sortie, le livre s’achève avec l’apparition d’un certain Adolf Hitler. Le lecteur comprend mieux comment un pays humilié, ravagé par une guerre civile larvée et ruiné par une inflation démentielle (on compte par millions et par milliards de marks) a pu produire un tel personnage et une telle doctrine. Au total, un livre plus intéressant du point de vue document historique que littérature à proprement parler. Le style de Salomon assez peu léger amène une lecture un tantinet laborieuse, mais le propos mérite l’effort vu que la période pré-nazie est assez méconnue de ce côté du Rhin.

Ma note

3,5/5

AVENTUREROMANCE

L’IRLANDAISE DU DAKAR (DENIS TILLINAC)

Le résumé du livre

Pierre Devilliers, quarante ans, retrouve par hasard Denys de Barrois, un ancien ami de lycée, au bar de la Coupole. Celui-ci lui propose de participer au mythique rallye Paris-Dakar. Il ferait partie d’un de ses équipages et n’aurait qu’à écrire quelques articles pour « Le Figaro Magazine ». N’ayant ni goût pour les courses automobiles ni connaissance mécanique d’aucune sorte, Devilliers hésite longuement avant de finir par accepter. Il se retrouve à Versailles à bord d’un camion conduit par Le Beauceron et co-piloté par Le Toubib. À Rouen, il croise la route d’une très jolie anglo-irlandaise nommée Mary Kellygan qui fait équipe avec un certain Kirkpatrick, grande brute irlandaise qui, sur un camion monstrueux, veut gagner à tout prix dans sa catégorie. Le premier contact est assez froid. Mary semble plutôt indifférente. Elle trouve Pierre un peu trop « intellectuel ». Mais au fil des étapes, tout va lentement évoluer…

Ma critique

« L’Irlandaise du Dakar » est un roman sentimental et d’aventures de par le cadre assez particulier du rallye mythique. Le lecteur remarquera qu’il s’agit de la toute première version de l’épreuve, celle qui traversait la France, l’Algérie, le Sahara, le Mali, la Guinée et qui arrivait vraiment à Dakar. Déjà la débauche de matériel, d’énormes camions, les escadrilles de motos tous terrains, les bolides et autres buggies déferlaient en pétaradant dans une Afrique encore bonne enfant. Vers la fin, le matériel rendant peu à peu l’âme, le héros passe plus de temps en avion qu’en camion. On apprend assez peu de choses sur les coulisses de l’évènement. Mais on passe quand même un bon moment de lecture, l’amourette entre le romancier (Devilliers étant bien entendu l’avatar littéraire de Tillinac) et la très délicieuse Irlandaise restant au demeurant charmante. Le style est fluide et agréable à lire. Un ouvrage divertissant sans plus aussi vite lu qu’oublié.

Ma note

3,5/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

ORAGES D’ACIER (ERNST JÜNGER)

Le résumé du livre

En janvier 1915, le jeune Ernst Jünger, à peine âgé de vingt ans, arrive sur le front quelque part dans la Champagne crayeuse non loin de la petite ville de Bazancourt. L’ambiance qu’il y découvre lui semble plutôt calme. Les temps de permission à l’arrière se passent en joyeuses beuveries parmi une population française amicale. Mais tout change soudainement quand il se retrouve du côté des Eparges. Là, c’est un véritable baptème du feu pour lui, un déluge de fer et de feu avec une hécatombe de soldats. Lui-même est blessé à la cuisse. Rétabli, il remonte sur le front à l’automne suivant du côté de Douchy, mais cette fois à titre de sous-officier. Il participe à la première bataille de la Somme où à nouveau il est blessé légèrement. Il s’illustrera ensuite à la bataille de Cambrai ainsi qu’à celle des Flandres. Il aura comme adversaire des Français, des Hindous, des Ecossais et des Néo-Zélandais. Il sortira vivant et décoré de toutes ces années de guerre mais avec sept blessures dont certaines fort graves et rien moins qu’une vingtaine d’impacts dans le corps.

Ma critique

« Orages d’acier » est le témoignage au jour le jour d’un soldat allemand lambda qui monte les échelons, subit toutes les épreuves de cette terrible guerre, le froid, la boue, l’humidité, les rats, les gaz, les pilonnages d’artillerie, les combats à la grenade ou au corps à corps avec un courage et une abnégation remarquable. Son récit assez brut de décoffrage reste dans la lignée d’ « À l’ouest rien de nouveau » d’Eric-Maria Remarque côté allemand ou des « Croix de bois » de Roland Dorgelès, voire du « Feu » d’Henri Barbusse côté français. Mais sans aucun romantisme ni pathos. Junger ne se plaint jamais. Il subit tout avec calme et constance. Il parle français, s’entend parfaitement avec les gens qui le logent et n’a pas le moindre mot haineux ou méprisant envers ses adversaires. Chevaleresque, il leur rend hommage pour leur courage et leur détermination quand certains sont ses prisonniers. Il est même très impressionné par la bravoure des Highlanders écossais. Son récit, qui n’est qu’une longue suite de combats, de descriptions de soldats blessés ou tués de toutes les manières possibles et imaginables, donne une idée de ce que nos anciens ont dû endurer des deux côtés de la ligne de front.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

DEUX SIÈCLES ENSEMBLE (TOME 2) (ALEXANDRE SOLJENITSYNE)

Le résumé du livre

Dès le tout début de la révolution russe, on remarque une très importante représentation des Juifs dans les rangs bolchéviques. On les retrouve très vite à tous les niveaux du pouvoir et jusqu’au sommet de la pyramide (Trotsky, Zinoviev, Kamenev et tant d’autres). Ils prennent en main massivement l’appareil de répression, la Tchéka, (futur NKVD puis KGB), de sinistre mémoire. Nombreux furent ceux qui s’illustrèrent comme chefs de camp au Goulag. Paradoxalement, sous l’ère communiste, les pogroms furent plus nombreux, de plus grande ampleur et plus sanglants que sous le régime tsariste. Du côté occidental, le pouvoir fut soutenu à bout de bras : campagne massive en faveur des Juifs persécutés, financement par les banquiers de Wall Street (des millions pour l’armée rouge, pas un sou pour l’armée blanche lors de la guerre civile), transferts massifs de technologie qui permit une rapide industrialisation de l’URSS contre de l’or, des œuvres d’art, des minerais et autres richesses naturelles. Mais avec Staline, peu après la seconde guerre mondiale, la tendance s’inversa. Les Juifs, accusés d’intelligence avec l’ennemi capitaliste, d’espionnage, de nationalisme sioniste, se retrouvèrent eux aussi persécutés (Procès, purges, Goulag voire liquidation pure et simple). Avec la création de l’Etat d’Israël, nombreux furent ceux qui firent leur « alya » et à dénoncer ce totalitarisme en oubliant leur responsabilité dans son avènement.

Ma critique

« Deux siècles ensemble » (tome 2) est un gros essai historique remarquablement bien documenté qui décrit tous les aspects de la question sur près d’un siècle de persécution communiste, cette « Roue rouge » qui fut responsable des souffrances des deux peuples et de la mort de plus de 20 millions de Russes et qui finit par dévorer également les meilleurs de ses enfants, ses propres cadres, les Juifs. Le lecteur fera de nombreuses découvertes dans ce livre comme ces tentatives d’installation des Juifs en Crimée, au Caucase et dans le territoire du Birobidjan qui se soldèrent toutes par des échecs complets alors que plus d’un million d’hectares d’excellentes terres agricoles leur étaient réservées. Il explorera les sombres coulisses et les puantes arrières-cuisines d’un pouvoir totalitaire d’une cruauté monstrueuse. Les horreurs furent si nombreuses qu’on est pas loin de l’écœurement. Ainsi apprend-on entre autres que les fameuses chambres à gaz furent inventées et utilisées à grande échelle par les communistes dès 1937 sous la forme de vulgaires camions banalisés où on entassait les victimes nues, attachées deux à deux, pour leur faire respirer les gaz d’échappement. Un ouvrage essentiel pour les chercheurs de vérité et les amateurs d’Histoire.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

DEUX SIÈCLES ENSEMBLE (TOME 1) (ALEXANDRE SOLJENITSYNE)

Le résumé du livre

Au XVIIème et XVIIIème siècle, les tsars se préoccupèrent constamment de la condition des Juifs en Russie. En effet, ceux-ci y ont émigré de manière plutôt anarchique principalement dans les villes et les bourgs et assez peu à la campagne. Au fil des siècles, ils forment même la communauté la plus importante d’Europe. Le pouvoir préfèrerait que ceux-ci se lancent dans l’agriculture et acceptent de coloniser des terres vierges. Il leur réserve 70 000 hectares de nouvelles terres, les dispensent du service militaire et d’impôts pendant dix ans bientôt rallongés de cinq années supplémentaires. Propose des prêts à taux avantageux permettant d’acquérir des propriétés d’une cinquantaine d’hectares alors que le paysan russe, encore soumis au servage, dispose rarement de plus de 10 hectares. Mais après l’effet d’aubaine, l’expérience tourne à la catastrophe. Les champs ne donnent rien, le bétail est tué ou revendu. Les Juifs préfèrent continuer à pratiquer le commerce, la contrebande dans les zones frontalières, la distillation d’alcool et la vente à crédit. Jouant sur l’ivrognerie de la paysannerie russe, ils en arrivent à se faire payer sur les récoltes à venir et, à terme, à ruiner les moujiks. Devant un tel échec, le gouvernement cesse toutes les aides en 1810, et, en 1811, rétablit leur fermage sur l’alcool et la collecte interne des taxes, un temps interrompu. En 1827, Nicolas Ier revient aussi sur l’exemption de service militaire, tout en la maintenant pour les rabbins, les marchands, les financiers et les lettrés…

Ma critique

« Deux siècles ensemble » est un énorme essai historique de près de 1200 pages réparties en deux tomes. Alexandre Soljénitsyne y a accompli un travail de bénédictin en disséquant ces deux siècles (1795-1995) de co-existence tumultueuse entre les Russes et les Juifs. Le premier tome s’achève avec la Révolution de Février. Nul doute que cet ouvrage est une référence sur le sujet tant tous les évènements sont analysés, disséqués avec une minutie hors norme. Tout est sourcé, étayé de citations et de documents indiscutables. Il en ressort que dans cette période tout ne fut ni blanc d’un côté ni noir de l’autre comme voudrait nous le faire croire une certaine doxa un brin trop simpliste. L’auteur remet les pendules à l’heure sur un grand nombre de sujets dont les fameux « pogroms » dont il ne nie pas la réalité, mais qui ne furent pas exactement ce qu’on en raconte. Le lecteur apprendra pas mal de choses comme le fait qu’il y eut des pogroms inversés quand les Juifs s’organisèrent en milices armées ou comme le fait que l’assassin de Stolypine, seul homme d’Etat qui aurait peut-être pu empêcher la catastrophe de la révolution bolchevique, était un Juif. Au total, un livre majeur sur le sujet, mais d’une lecture un peu laborieuse.

Ma note

4/5

ROMAN

PERSONNE (SAM PINK)

Le résumé du livre

À Chicago, le narrateur vit dans un appartement crasseux et mal chauffé en compagnie de son colocataire. Il passe ses journées à trainer son ennui, vautré sur un canapé qui pue. Son plus grand plaisir est de prendre le métro sans but particulier et sans aller chercher le moindre travail. Il veille bien à ne jamais regarder les gens, à fuir au maximum tous les contacts. De temps à autre, quand il fait trop froid chez lui, il va coucher avec la fille du rez-de-chaussée. Parfois, il demande aussi à son coloc de lui faire un câlin. Quand quelqu’un lui demande : « Cela ne vous dérange pas de temps en temps d’être inutile à ce point, peu importe où vous êtes ? », il répond : « Oui. ». Quand une femme lui demande : « Est-ce que vous éprouvez ne serait-ce qu’un peu de bonheur ? », il répond : « Pas vraiment. »…

Ma critique

« Personne » se présente comme une sorte de courte autofiction (122 pages) entièrement rédigées à la première personne. On ne cherchera pas d’intrigue vu qu’il ne se passe quasiment rien d’autre que la longue auto-analyse d’un dépressif hypocondriaque, paranoïaque, asocial et un brin psychopathe. Tout l’inverse d’un personnage sympathique. Souffrant de complexes d’infériorité et de persécution, il passe son temps à gémir en décrivant des états d’âme finalement assez peu intéressants. Si le fond est plus que léger, voire insipide et insignifiant, la forme rachète-t-elle l’ensemble ? Pas le moins du monde. Un style quelconque, proche du langage parlé, rempli de dialogues sans consistance avec abus d’expressions comme « genre ceci, genre cela » ou de grossièretés comme « j’encule untel ou untel ». Sans oublier les chapitres doublés au prétexte de « versions » différentes ! Au bout du compte, une œuvrette sans grand intérêt qui sera aussi vite lue qu’oubliée. On se demande quelle mouche a piquée l’éditeur américain et le repreneur français pour publier pareille daube !

Ma note

2/5

 

THRILLER

LA PROPHÉTIE DE LA CATHÉDRALE (CHRISTOPHE FERRE)

Le résumé du livre

À Chartres, Mary Kennedy, jeune archéologue américaine travaillant sur les fouilles du parvis de la cathédrale, se retrouve à une heure du matin en train d’explorer l’église souterraine, Notre-Dame-de-sous-terre, la plus grande crypte de France, en compagnie d’un vieil érudit, Charles de Saint Germain. Il lui annonce faire partie d’une confrérie, « Les légionnaires de Dieu ». Mais au moment de lui faire une importante révélation, il est abattu d’une balle en pleine poitrine. Il a à peine le temps de prononcer quelques paroles sibyllines. Mary se retrouve face au tueur cagoulé qui lui fait constater que son révolver est vide avant de s’enfuir en prononçant une menace à peine voilée. Traumatisée, la jeune archéologue reste dans la crypte. Au matin, elle se retrouve unique suspecte aux yeux de la police car ses empreintes digitales sont les seules présentes sur l’arme du crime…

Ma critique

« La prophétie de la cathédrale » se présente comme un thriller à consonance historico mystique assez dans l’esprit d’un certain Dan Brown. L’aspect thriller se voit à l’accumulation de cadavres et à la fuite haletante d’une pauvre héroïne injustement traquée de tous côtés. Cet ouvrage est à la fois distrayant et instructif. Distrayant par son aspect romanesque plein de rebondissements et de quelques naïvetés. S’il suffisait de retrouver une relique aussi sainte et authentique qu’elle puisse être pour faire régner une paix universelle, nous nous jetterions tous sur nos pelles et nos pioches ! Nettement plus passionnant reste le côté historique de l’affaire. On sent que l’auteur en connait un rayon sur la cathédrale. Ainsi, le lecteur découvrira entre autres qu’il n’y eut pas qu’un seul monument, mais plusieurs qui furent édifiés sur le site au fil des siècles et des aléas historiques (destruction par les Vikings, incendies, etc.) Si on y ajoute un style fluide et efficace, une intrigue bien ficelée, on se retrouve avec un page-turner fort difficile à lâcher. À conseiller aux amateurs.

Ma note

4/5

ESSAIS

LES COULISSES DE L’ANARCHIE (FLOR O’SQUARR)

Le résumé du livre

L’anarchiste est ainsi fait qu’il ne peut s’empêcher de prêcher l’anarchie partout où il se trouve. Très vite, il se retrouve renvoyé, rejeté. Il ne lui reste plus qu’à trouver un autre emploi, un autre atelier qui veuille bien l’embaucher et où il recommence exactement la même chose. Quand plus personne ne veut de lui dans une ville, il prend la route et tente sa chance dans une autre où tout se reproduit à l’identique. Ses ennemis sont la banque, le bourgeois, le curé, le Juif, le militaire gradé. Mais comment s’y prendre pour se débarrasser de tout ces nuisibles ? En fait, l’anarchiste rêve, c’est un poète, un naïf, pas très cultivé, ni très formé politiquement. Il imagine un monde où il n’y aurait plus de pauvres, plus de prisons, plus de guerres, plus de religion, plus de propriété privée. Le bonheur du peuple, la paix, l’amour libre, l’abondance, la fraternité universelle sont ses objectifs, même s’ils semblent impossibles à atteindre.

Ma critique

« Les coulisses de l’anarchie » est un vaste essai politico-social qui aborde tous les aspects d’un mouvement qui fit beaucoup parler de lui à la fin du 19e siècle et au début du vingtième. L’auteur fait ici vraiment œuvre de journaliste d’investigation. Il présente avec précision les théories, les tendances, les évènements, les protagonistes (Michel Bakounine, le prince Kropotkine, Elisée Reclus). Il aborde le cas de Ravachol, de son véritable nom Koenigstein, qui, pour l’auteur, fut surtout une dupe et une victime. On sent une certaine empathie pour le mouvement dans la mesure où il fait une distinction entre une anarchie pacifiste et non violente et une autre qui n’hésite pas à virer au terrorisme le plus sanglant. Le chapitre consacré à la compilation des attentats, assassinats et autres dynamitages, est particulièrement bien fourni. Pour l’auteur, l’anarchiste véritable n’est ni tueur, ni dynamiteur, ni partisan de l’action violente isolée. Il ne faut pas le confondre avec le nihiliste qui, en général n’est pas un prolétaire, mais un bourgeois ou un noble, parfois très riche et toujours un homme instruit. Le lecteur apprendra beaucoup de choses en lisant cet ouvrage, comme cette étrange collaboration avortée entre des anarchistes et le marquis de Mores, placé à l’autre extrémité de l’échiquier politique ou comme les sympathies de l’écrivain Octave Mirbeau qui fit l’apologie de Ravachol. Bien que paru en 1892, cet ouvrage est toujours intéressant et agréable à lire à titre de document historique.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LES GÉANTS ET L’ATLANTIDE (LAURENT GLAUZY)

Le résumé du livre

La présence de géants sur notre planète tout comme la réalité de l’Atlantide ont été attestés par la Bible, le Critias de Platon et les traditions ancestrales de nombreux peuples des quatre continents. Les archéologues découvrirent en Chine, aux Etats-Unis et ailleurs des fossiles de squelettes humains de 2,50 à 3,50 m. Ils n’ont toujours pas trouvé d’explication technique valable pour la construction des Moaïs de l’île de Pâques qui pèsent une trentaine de tonnes, ou pour celle des colonnes de grès de Stonehenge (40 tonnes), pas plus que pour les constructions mégalithiques des pyramides d’Egypte ou de Cuzco avec leurs blocs de 50 à 100 tonnes si bien ajustés qu’il est impossible de glisser une feuille de papier entre deux ! De même l’implantation de la plupart de ces monuments correspond à une orientation précise en fonction des solstices, du nord magnétique, ce qui laisse supposer des connaissances importantes en astronomie. De plus, ces géants ont laissé des traces partout sur la planète, en Europe (avec des pyramides bosniaques plus hautes que les égyptiennes), en Amérique, en Asie et jusqu’en Polynésie…

Ma critique

« Les géants et l’Atlantide » est un essai archéologique particulièrement coruscant dans la mesure où toutes ces découvertes souvent difficilement explicables, comme ces empreintes de géant sur la même roche que celles d’un dinosaure, mettent en pièce toute la doxa, tout le récit de la préhistoire enseigné de l’école à l’Université, et même la datation de l’univers lequel serait moins âgé qu’on croit. Sans parler du darwinisme qui se retrouve en PLS, de la théorie du « Big Bang », des conséquences du déluge, de l’effondrement de l’Atlantide et du continent de Mu. Plus que dérangeant car tous ces faits vont dans le sens du créationnisme et non de l’évolutionnisme. Le lecteur découvre un nombre incalculable de choses à la lecture de cet ouvrage. L’empereur Charlemagne portait bien son nom avec ses 2,43 mètres ! Les énormes blocs de basalte intransportable n’auraient pas été posés, mais coulés et moulé à partir d’un béton d’une qualité très supérieure aux nôtres. À moins que ces géants n’aient disposé d’une force magnétique hors norme leur permettant de s’affranchir de la gravité. À noter que la seconde partie de l’ouvrage qui présente une importante série de photographies et de documents, n’est de loin pas la moins intéressante. Livre passionnant qui pose plus de questions qu’il n’en résout.

Ma note

4,5/5

Les secrets de la réserve fédérale

ESSAIS
Eustace Mullins
Publication year: 1958

LES SECRETS DE LA RÉSERVE FEDERALE (EUSTACE MULLINS)

Le résumé du livre

À l’automne 1910, six hommes arrivent dans le plus grand secret à la gare d’Hoboken, montent dans un train privatisé avant d’aller séjourner une dizaine de jours dans un palace sur la discrète île de Jekyll Island. Tous sont d’importants financiers regroupés autour du sénateur Aldrich et tous sont les représentants des plus importantes banques américaines comme la First National City Bank, J.P. Morgan, Kuhn, Loeb and co, ou européennes comme Lazard ou Rothschild. Leur mission, définie par le président Wilson, établir un système monétaire solide et indépendant pour les Etats-Unis qui venaient de subir plusieurs crises de défiance envers les banques (faillites, krachs boursiers). Paul Warburg, récent immigré venu d’Allemagne, en fut le principal inspirateur. Ainsi fut créée la Banque Centrale Américaine, qui fut appelée « Réserve Fédérale » alors qu’elle n’avait rien de fédéral et tout de privé. Ainsi une dizaine de banquiers obtinrent le droit exorbitant de battre monnaie, c’est-à-dire de la créer à partir de rien et de transformer les Etats-Unis de débiteurs en créditeurs à l’échelle mondiale. Une formidable machine pour enrichir les riches et pour endetter à jamais les pauvres. En effet, à cette époque, la dette publique américaine était pratiquement nulle. En 1991, elle s’élevait à 1000 milliards de dollars. En 2007, à 9000. En 2008, à 10 000. Et en 2009, à 12 000. Depuis, elle augmente de 1,4 milliard de dollars par jour !!!

Ma critique

« Les secrets de la Réserve Fédéral » est un essai économique essentiel pour qui veut comprendre quelque chose au monde actuel. Un livre si dérangeant pour le pouvoir qu’il fut refusé par 19 éditeurs avant de paraître sur fonds personnels. Ce fut le seul et unique ouvrage brûlé en Allemagne depuis la seconde guerre mondiale suite à une saisie de tous les exemplaires à la demande du FBI. Il faut dire qu’on y apprend des choses incroyables et totalement cachées au grand public. Exemples : par une vente d’or massive à l’Europe, la Fed fut totalement responsable du krach de 1929-31. Alors qu’elle aurait pu injecter de l’argent pour atténuer les effets de la crise, elle n’en fit rien. Des milliers de petites banques firent faillite. Des gens se suicidèrent, d’autres furent ruinés alors que les oligarques devinrent encore plus riches et plus puissants. Encore plus grave : la Fed fut le principal financier de la première guerre mondiale. Si Wilson n’avait pas été placé à la présidence grâce à la candidature parasitaire de Théodore Roosevelt, il n’y aurait peut-être pas eu de Réserve Fédérale et la guerre aurait pu être évitée. La seconde, conséquence de la première, également. D’autant plus que ces banques financèrent largement Lénine, Hitler et Staline. Autre révélation : c’est Max Warburg, frère de Paul, chef des services secrets allemands, qui donna l’autorisation pour le passage du wagon plombé de Lénine ! Un livre de référence, étayé par de nombreuses sources, un brin laborieux à lire mais qui vaut l’effort. Le lecteur y trouvera en fin de volume des notes, documents, addenda, une bibliographie et surtout une importante série de biographies de ces dynasties de financiers, certaines particulièrement fournies comme celles des trois poids lourds de cette affaire, Rockefeller, Rothschild et Morgan.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LES ENFANTS D’ICARE (ARTHUR C. CLARKE)

Le résumé du livre

Soixante-dix ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la Terre est envahie par des extra-terrestres invisibles appelés « Suzerains ». Leurs énormes vaisseaux spatiaux restent en vol stationnaire silencieux au-dessus de toutes les principales capitales du monde. De temps à autre, leur chef, le Superviseur Karellen, convoque Stormgren, le secrétaire général des Nations Unies. Il le reçoit sans se montrer dans une cabine de son vaisseau et il lui communique ses instructions. Dans l’ensemble, les humains acceptent assez bien la domination des Suzerains qui semblent disposer de pouvoirs illimités grâce à une technologie très avancée. Grâce à eux, la paix, la sécurité et la prospérité sont garanties sur l’ensemble de la planète. Quelques opposants regroupés dans une « Ligue de la Liberté » peinent à se faire entendre. Un jour, Stormgren est kidnappé par un certain Joe, colosse d’origine polonaise, au service du chef de l’opposition, un Gallois aveugle. Cette affaire ratée permet à Karellen de démasquer les dissidents. Mais quel est le but véritable de cette colonisation ?

Ma critique

« Les enfants d’Icare » est un roman de science-fiction avec un certain côté conte philosophique initiatique. L’intrigue est à la fois simple et complexe. Que sont venus faire ces « Suzerains » invisibles et bénéfiques qui ont mis fin à toutes les guerres, qui ont protégé les animaux et qui ont apporté la prospérité aux hommes au point de combler tous leurs besoins essentiels au-delà de toute espérance. Le lecteur ne découvrira qu’en fin de volume quel était le véritable but de cette mission. Il n’est pas question ici de le révéler, cela ôterait toute envie de lire ce livre un peu étrange, un peu dérangeant. Pas le meilleur du grand Arthur C. Clarke, mais quand même une histoire qui donne beaucoup à faire réfléchir sur la suite des générations, la descendance, l’avenir entre les mains des plus jeunes et l’ingratitude de l’enfance. Intéressant sans plus. Manque un peu de rythme, de spectaculaire et de rebondissements.

Ma note

3/5

ESSAISRELIGIEUX

L’AMÉRICANISME ET LA CONJURATION ANTI-CHRETIENNE (HENRI DELASSUS)

Le résumé du livre

Quels sont les tenants et aboutissants de l’américanisme ? Que doit-on entendre par ce terme ? La doctrine chrétienne doit-elle s’adapter aux réalités modernes, aux « avancées » sociétales ? Le catholicisme doit-il suivre l’exemple du protestantisme jusqu’à en devenir une sorte de variante ? Le Christ lui, ne change pas, il ne suit pas le « progrès » des temps. Il reste immuable, hier, aujourd’hui et demain et dans les siècles des siècles. Le catholicisme n’est ni américain, ni français, ni italien, il est universel. Il s’étend à toutes les époques, à tous les lieux, toujours et partout semblable à lui-même. Peu d’hommes sont capables d’athéisme intégral. Mais beaucoup sont tentés par l’indifférence, la tiédeur. Toutes les religions seraient également bonnes. Tel est le piège du modernisme…

Ma critique

Cet ouvrage se présente comme une thèse sans compromis de défense et illustration d’un catholicisme traditionnel et intégral. L’auteur trouve les origines du mal en remontant à la Renaissance, puis à la montée en puissance du Protestantisme et enfin à la Révolution française qui fut fondamentalement un rejet du divin sous la forme d’un parricide avec l’exécution du roi Louis XVI. Mais pourquoi s’intéresser à un texte paru en 1899 ? Tout simplement parce qu’il est étonnant de découvrir que ce livre de référence aurait pu être écrit de nos jours. Il suffirait de remplacer le mot « américanisme » par « mondialisme » ou « globalisme ». Les parties en présence sont exactement les mêmes. Les enjeux également. Rien n’a changé depuis plus d’un siècle si ce n’est une dégradation accélérée de la situation qui n’a fait qu’empirer encore et toujours. La vérité restera toujours une et éternelle. Le mensonge, la tromperie, toutes les déviances, même sous les oripeaux chatoyants du progrès, de l’hédonisme ou de la facilité immédiate n’auront toujours qu’un temps. Malgré une seconde partie intitulée « Documents et éclaircissements » nettement plus datée et donc moins convaincante, cet ouvrage constitue un véritable arsenal bourré de munitions pour la Tradition.

Ma note

4/5

THRILLER

LA CHASSE EST OUVERTE (DAVID OSBORN)

Le résumé du livre

La jeune Alicia Rennick a été violée par Ken Frazer, Greg Anderson et Art Wallace, trois étudiants de bonne famille, la fine fleur de la jeunesse de la ville de Ann Harbor (Michigan). Mais quand l’Attorney général de la ville reçoit la victime accompagnée de ses parents qui réclament justice, il les dissuade de porter plainte. Pourtant le crime est bien réel. Alicia était vierge et non consentante. Elle s’est débattue, elle a été frappée, trainée de force dans une chambre de motel et abusée à maintes reprises. L’ennui, c’est que la parole de la jeune fille risque de ne pas peser bien lourd face à la version totalement différente des garçons. Pour eux, c’est Alicia qui les a sollicités, aguichés et qui a même demandé à chacun 20 dollars pour pratiquer sodomie et fellation. De plus, la meilleure amie d’Alicia a également donné un témoignage accablant pour elle. Résultat : plus personne ne la croit, même pas ses parents. Pour étouffer le scandale, ils lui font épouser Buddy Garner, un jeune mécano amoureux d’elle, qui ne fera pas d’histoires. Vingt ans plus tard, le trio, qui a très bien réussi dans la vie, part comme chaque année en direction de la frontière canadienne pour une chasse un peu particulière…

Ma critique

« La chasse est ouverte » est un thriller paru en 1974 aux États-Unis et en 1977 en France qui n’a pas pris une seule ride et n’a rien perdu de sa charge d’angoisse et de violence intelligemment distillée. Récemment réédité chez Archipoche, ce livre est en passe de devenir un classique du genre dans la lignée et l’esprit de certains titres de Stephen King ou de Dean Koontz. L’intrigue repose sur une histoire de vengeance implacable menée par un justicier dont on ne découvre l’identité et les motivations qu’en toute fin de narration. Avec en prime, une révélation supplémentaire assez surprenante dans l’épilogue. Le lecteur suit alternativement les trois prédateurs et les deux futurs victimes en se demandant à quel moment le grain de sable va pouvoir enrayer l’horrible mécanique. La mise en place du drame se fait très progressivement, très minutieusement, puis le tempo s’accélère et monte en puissance avant le déchainement final. D’un point de vue stylistique, Osborn est un peu plus proche de King que de Koontz. Tout est si rondement mené qu’il n’est pas facile de poser l’ouvrage tant le suspens est prenant. Ce n’est donc pas sans raison que cette histoire a été adaptée au cinéma dès sa parution.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUE

HÉROS OUBLIES (ERIC VIEUX DE MORZADEC)

Le résumé du livre

Qui se souvient ou a simplement entendu parler de « l’intrépide » Girardey, du « talentueux » Lagnel, du « fougueux » Paul-Octave Hébert, du « Yankee confédéré » Blanchard, du « Murat confédéré » Debray, du « Vieux » Buisson, de Villepigue « le guerrier », de Colston « le Parisien », de Manigault « le Huguenot », de Mouton « l’Acadien », de Polignac « le La Fayette du Sud » et de Beauregard, « le Napoléon en gris » ? Peu de gens sans doute, tant ce furent des héros oubliés de la guerre civile américaine. Tous étaient français ou francophones. Tous se montrèrent braves, résolus et mus par l’honneur et la fidélité. Tous se dressèrent pour défendre le Sud contre l’agression du Nord…

Ma critique

« Héros oubliés » est un ouvrage historique qui fera référence, car il aborde un pan de l’histoire américaine totalement occulté en France. L’histoire de chacun de ces généraux ou chefs de guerre est racontée séparément dans un des 13 chapitres de cet ouvrage. Les descriptions des batailles et évènements sont particulièrement précises et documentées (présence de nombreuses cartes). Le lecteur découvrira certains aspects méconnus de cette guerre dite de sécession qui fut particulièrement cruelle, causa un million de victimes, ravagea et laissa dans la misère pour de longues années les états du sud. Nombre de villes furent détruites comme la Nouvelle-Orléans (par Butler dit « la Bête ») ou Atlanta par Sherman. Les Bleus pratiquaient systématiquement la terre brûlée, l’assassinat des prisonniers de guerre, le pillage des récoltes, les incendies, les tueries de civils et le viol des femmes. Mais l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs. Ces criminels de guerre ne furent jamais traduits devant la moindre cours pénale. On en fit des héros à l’instar de ceux qui « pacifièrent » la Vendée et eurent leur nom gravé sur l’Arc de Triomphe. Aucun des héros confédérés français n’a perpétré d’atrocités, ni sur les populations, ni sur les troupes ennemies, mais tous ont au contraire acquis l’admiration et le respect des combattants des deux camps. On découvrira également que l’abolition de l’esclavage ne fut pas le motif principal de cette guerre (des Noirs se retrouvèrent engagés dans les deux camps et il y avait des esclaves aussi bien au Sud qu’au Nord). Le Nord mercantile, expansionniste, majoritairement protestant et anglophone voulait surtout faire main basse sur le Sud, plus traditionnel, plus rural, plus enraciné, relativement prospère, majoritairement catholique et encore assez francophone. Ne pas oublier que l’ancienne colonie de Louisiane était en fait un immense territoire allant du golfe du Mexique aux grands lacs ce qui gênait la triomphale marche en avant des « Yankees ». (Le terme signifiant lui-même « voleur, prédateur »). Un ouvrage passionnant et bien écrit qui remet les pendules à l’heure à une époque où certains déboulonnent et profanent des statues !

Ma note

4/5

POLICIER

AUTOPSIE D’UN VIOL (S.A. STEEMAN)

Le résumé du livre

Dans la petite ville américaine de Vale Heights, George Lamont rentre chez lui dans son pavillon de banlieue appelé « Dolce Vita ». Après une journée de travail, au volant de sa Chevrolet, il pense retrouver à la maison Barbara, son épouse avec qui il s’est marié cinq ans plus tôt. Mais à son arrivée, quelque chose lui semble étrange : il y a deux verres et une bouteille de Tim Collins sur la table du séjour. Il appelle sa femme. Personne ne répond. Il grimpe quatre à quatre à l’étage et la découvre morte, étendue sur son lit. Il surprend un inconnu qui lui tire dessus avec un révolver avant de s’enfuir à toutes jambes. Blessé, Lamont a la force de téléphoner à la police. L’enquête s’annonce d’autant plus difficile qu’à un premier suspect s’en ajoutent deux autres qui viennent spontanément se dénoncer au shérif.

Ma critique

« Autopsie d’un viol » est un roman policier original et fort bien conçu. De bout en bout, le suspens est parfaitement ménagé. Le lecteur est minutieusement « promené » du début à la fin, tout au long d’une intrigue si bien ficelée qu’il faut attendre les toutes dernières pages pour découvrir une fin tout à fait surprenante et quasi improbable. Déjà pas mal ancien (1964), ce titre est encore aujourd’hui fort agréable à découvrir. Style fluide, personnages intéressants, rebondissements divers et variés. Le parfait cocktail pour une lecture addictive. On ne s’étonnera pas de noter qu’un bon nombre d’ouvrages de cet auteur furent adaptés au cinéma. Il n’y a jamais de fumée sans feu !

Ma note

4/5

AVENTURESROMANROMANCE

LE LAC ONTARIO (JAMES FENIMORE COOPER)

Le résumé du livre

Dans l’Ouest américain à peine exploré et encore très disputé entre Anglais et Français, un petit groupe part en direction du lac Ontario. Il est composé d’un vieux loup de mer, Charles Cap, de sa nièce, la jeune et belle Mabel Dunham, d’un chef indien Tuscaroa nommé Arrowhead et de son épouse Rosée de juin. Ils tombent presque par hasard sur un bivouac monté par deux Anglais, Pathfinder et Jasper Western et un Indien Mohican, appelé Grand Serpent. Le terrain étant peu sûr en raison de la présence des Français et de leurs alliés Mingos ou Iroquois, les deux groupes décident d’allier leurs forces pour rejoindre un fort tenu par une garnison dont fait partie le père de Mabel. Arrivés sur les lieux après avoir été pourchassés par les Mingos, ils sont accueillis par Dunham qui verrait d’un bon œil que sa fille se marie avec Pathfinder bien qu’il ne soit qu’un modeste éclaireur sans argent ni culture et qu’il ait vingt ans de plus qu’elle. Mais un autre prétendant, un Ecossais nommé Muir, déjà trois fois marié est le favori du commandant…

Ma critique

« Le lac Ontario » est un roman d’aventures pour un quart du propos et un roman sentimental très « fleur bleue » pour les trois autres quarts. Paru en 1840, cet ouvrage semble avoir terriblement vieilli autant pour la forme que pour le fond. Le style lourd et fortement descriptif fait vite bailler d’ennui. L’intrigue est loin de briller par son originalité. Qui épousera Mabel ? Le vieux trappeur ou le fringant militaire ? L’un est trop vieux et l’autre trop porté sur les femmes… On se doute dès le début qu’un troisième larron, plus jeune et de meilleure apparence, finira forcément par emporter la mise. Si on y ajoute une accumulation d’élégances désuètes, d’assauts de politesse et de bons sentiments sans parler des références religieuses proches de la bondieuserie un peu bébête de l’époque ainsi qu’un certain manque de souffle côté aventures, on se retrouve avec un bouquin qui est loin d’être le meilleur de Fenimore Cooper. On peut faire l’impasse sans problème.

Ma note

2/5

POLICIER

TOTAL KHEOPS (JEAN-CLAUDE IZZO)

Le résumé du livre

Marseille, années 90, quartier du Panier et autres lieux populaires plus vraiment pagnolesques. Ugo revient sur les lieux de son enfance. Il est accueilli par Lole, la belle gitane qui vient de perdre Manu, l’ami d’Ugo, descendu par on ne sait qui. Ugo n’a plus qu’une idée : se venger sur la personne de l’éventuel commanditaire, Zucca, gros bonnet de la pègre marseillaise. Ugo emprunte une mobylette à de jeunes maghrébins pour aller le descendre froidement en pleine rue. Mais, l’affaire conclue, il trouve deux flics qui l’attendent devant chez Lole. Bien qu’il se soit débarrassé de son arme peu avant, les flics le croyant armé, l’abattent sans sommation. Fabio Montale est chargé de l’enquête. Celle-ci lui tient d’autant plus à cœur que les deux victimes font partie de ses amis d’enfance. Un peu plus tard, une autre amie de Montale, Leïla, une jolie beurette qui ne le laissait pas indifférent, est abattue de trois coups de révolver après avoir été violée…

Ma critique

« Total Khéops » est plus un roman noir qu’un roman policier. Izzo ne s’attache pas vraiment à emmener son lecteur dans une enquête classique avec suspects, hypothèses, contre-hypothèses, pistes et fausses pistes. Il préfère décrire le décor et l’ambiance de la capitale phocéenne et surtout les états d’âme et la vie quotidienne de son héros, Montale. Le lecteur saura tout de lui. Ses amours, ses emmerdes, son incapacité à garder une femme, ses goûts musicaux, ses plats, ses vins et ses alcools préférés sans oublier ses loisirs comme ses parties de pêche sur sa barcasse aux abords des îles du Frioul ! Mais comme peintre d’ambiance, n’est pas Simenon qui veut. Il importe de rester dans la réalité. Et là, Izzo nous la baille belle avec sa merveilleuse ville. Il a pour elle les yeux de Chimène. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil au royaume de la diversité heureuse… Le lecteur en arrive à se demander comment les morts peuvent s’accumuler pareillement. La réponse est évidente et bien dans la logique d’une doxa qui n’est pas à une invraisemblance près : Marseille regorge de néo-nazis et autres crypto-fascistes tous encartés dans un parti particulièrement nauséabond dont le nom rime avec « haine ». Cette conformité au politiquement correct peut agacer les uns et réjouir les autres. On ne tranchera pas. Mais quel intérêt peut-on trouver à lire une telle fable si ce n’est vouloir se contenter d’un charmant mensonge devenu une vérité d’Evangile par la magie d’une répétition « ad nauseam » ?

Ma note

2,5/5

POLICIER

DERNIER BUS POUR WOODSTOCK (COLIN DEXTER)

Le résumé du livre

Dans la région d’Oxford (Grande-Bretagne), deux jeunes femmes attendent un bus qui doit les amener à Woodstock. Malheureusement, il est déjà tard et le seul bus qui passe ne s’y rend pas. Il ne leur reste plus qu’à faire du stop. Une voiture rouge s’arrête et les embarque. Quelque temps plus tard, la plus sexy des deux auto-stoppeuses est retrouvée morte, le crâne défoncé par un démonte-pneu, dans la cour du « Black Prince », pub assez chic du coin. L’inspecteur Morse et son adjoint Lewis se retrouvent chargés de l’affaire. Mais dès le début, il leur semble que la seconde jeune femme, Jennifer, leur ment effrontément et cherche à cacher quelque chose. En étudiant les courriers des collègues de la compagnie d’assurances où travaillaient les deux femmes, Morse découvre une lettre anonyme assez étrange qui semble codée. L’enquête s’annonce délicate et compliquée. Et pour ne rien arranger, voulant boucher un trou dans un mur de son appartement, Morse tombe du haut de son escabeau et se foule le pied…

Ma critique

« Dernier bus pour Woodstock » se présente comme un roman policier de facture tout à fait classique. Un meurtre. Un deux trois suspects. Autant de fausses pistes et de rebondissements possibles. Du début à la fin, ce diable de Colin Dexter, en parfait émule de la très grande Agatha Christie, nous balade d’hypothèse en hypothèse au gré de l’intuition et de l’imagination débordante de Morse, son enquêteur vedette. Fantasque, un brin caractériel voire sadique envers son partenaire souffre-douleurs, celui-ci se révèle comme un personnage atypique et attachant car pétri d’une humanité un brin bougonne. L’intrigue subtile et intelligente est si brillamment menée que le lecteur ne peut que suivre sans jamais vraiment pouvoir anticiper ni même deviner où on l’entraine. Les personnages secondaires sont intéressants et bien campés. Une mention spéciale pour Lewis. Après Holmes et Watson, Poirot et Hastings, voici donc un duo, Morse et Lewis, qui fonctionne parfaitement ! Le style est agréable et facile à lire. L’intérêt ne faiblit jamais vu le nombre de péripéties savamment distillées. Au total, un très agréable moment de lecture et de divertissement.

Ma note

4/5

AVENTURESROMAN

AU CŒUR DES TÉNÈBRES (JOSEPH CONRAD)

Le résumé du livre

Après avoir bourlingué sur toutes les mers du monde, Charlie Marlow obtient, par l’entremise d’une vieille tante, un engagement comme capitaine d’un vieux vapeur sur un grand fleuve africain. Mais à son arrivée à l’embouchure du fleuve, il apprend que son navire a coulé. Il va lui falloir le renflouer et le réparer. Non sans peine, il finit par y parvenir. Sa première mission consistera en une remontée du fleuve jusqu’à atteindre un poste lointain fondé par un certain Kurz qui a obtenu de belles réussites dans le trafic de l’ivoire. Mais, encore à l’approche, Marlow et son équipage sont accueillis par des volées de flèches et de sagaies projetées par des autochtones déchainés. Le poste semble en fort piteux état. Qu’est devenu donc leur correspondant ? Est-il même encore en vie ?

Ma critique

« Au cœur des ténèbres », ouvrage publié en 1899, est à la fois un roman d’aventures et un roman noir, tant le propos est sombre et négatif. L’intrigue simple voire basique a sans doute été inspirée par l’expérience de Conrad qui fut lui-même capitaine d’un steamer et qui remonta le fleuve Congo. Sa description de la réalité des débuts de la colonisation peut fortement déplaire à certains. C’est du « Tintin au Congo » puissance dix ! Les Africains ne sont que de grands enfants apeurés par le timbre impérieux d’une voix d’européen. Lequel est arrivé quasiment seul à se tailler une place de potentat local aussi cruel que divinisé. Les personnages sont pour la plupart pleins de failles, de désenchantement, malades, au bout du rouleau, à la limite de la folie, voire de purs mégalomanes. Le style a pas mal vieilli. Il est très descriptif et un brin « filandreux ». Pas le meilleur ouvrage de Joseph Conrad !

Ma note

3/5

HISTORIQUEROMAN

LES COMPAGNONS DU SILENCE (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Dans l’Italie du sud, au tout début du XIXᵉ siècle, Ferdinand, roi de Naples, a été chassé de son trône par l’armée de Napoléon lequel a placé Murat sur le trône. Mais, en 1815, à la chute de l’Empire, retournement de situation, c’est Murat qui est chassé à son tour et dont la tête est mise à prix. Ne sachant où se réfugier, il demande accueil et protection au comte Mario de Monteleone, cousin et favori du roi. Comme c’est un homme de bien déjà frappé par le sort, (il a perdu son premier fils, ses deux autres enfants, Céleste et Julien, viennent d’être mystérieusement enlevés et son épouse en est devenue folle) il accepte de l’héberger et de lui prêter main-forte. Mal lui en prend. Un groupe de rebelles investit son château pour s’emparer de la personne de Murat. Une fusillade éclate. Le comte y perd la vie. Murat parvient à s’échapper. Il sera repris et pendu peu après. « Les compagnons du silence », société secrète dont les six grands maîtres sont tous issus de la noblesse sicilienne et calabraise, jurent de venger la mort de Monteleone, considéré comme un saint et un martyr de leur cause…

Ma critique

« Les compagnons du silence » est un roman historique, de cape et d’épée, d’abord publié sous forme de feuilleton dans un journal avant de l’être comme roman proprement dit. Le lecteur y retrouvera des chapitres assez brefs, correspondants aux épisodes, s’achevant tous sur un rebondissement, histoire de maintenir l’intérêt tout au long des 744 pages de ce pavé. Ce diable de Féval, qui en son temps, fut aisément l’égal de l’immense Dumas, n’avait pas son pareil pour imaginer des situations rocambolesques, des intrigues compliquées, labyrinthiques, avec autant d’amours contrariés voire impossibles que d’intrigues alambiquées. Sans oublier son lot de crapules, traitres et salopards en tous genres et son pendant de belles âmes pures et bafouées. Parmi celles-ci se détache celle du personnage principal, Fulvio Coriolani, alias d’Athol, alias Porporato. (nombre de personnages disposent ainsi de plusieurs noms), véritable héros christique tout à fait admirable. Roman encore bien agréable à lire, même de nos jours, aux antipodes de ce qui se produit aujourd’hui. Tout le charme de l’ancien.

Ma note

4,5/5

ROMANTERROIR

LA FERME D’EN HAUT (MICHEL RAGON)

Le résumé du livre

En Vendée, au début de l’autre siècle, trois personnes vivent ou plutôt survivent dans une modeste ferme isolée : le vieux Gustave, 80 ans, Alfred, son fils qui assure la majorité des travaux et son épouse Emilie, malade de la poitrine. La première femme d’Alfred et celle de Gustave sont mortes de la tuberculose. Les enfants d’Alfred ont très tôt été placés dans des fermes alentour. Quant à Ernest le fils cadet, il est parti très tôt puis s’est engagé dans la Coloniale. Un jour, le voilà qui débarque à la ferme avec des galons de sergent, une petite pension et une compagne du plus bel ébène prénommée Aïcha… Quel accueil recevront-ils ?

Ma critique

« La ferme d’en haut » est un roman de terroir comme savait si bien en écrire le très regretté Michel Ragon. L’intrigue est intéressante et fait bien écho aux problématiques actuelles. Cette cohabitation tout à fait étrange pour l’époque est parfaitement et subtilement décrite. Elle pose le problème du racisme, de l’incompréhension d’une petite communauté surprise dans ses habitudes. Sans révéler la montée des tensions ni la réalité du drame final, le lecteur remarquera la légèreté et le doigté de l’auteur qui, de manière intelligente, se contente de décrire situations et sentiments sans prendre parti ni délivrer le moindre prêchi-prêcha politiquement correct. À chacun de tirer ses conclusions. Lecture agréable. Style minimaliste comme on les aime. Un bon Ragon, sans doute pas le meilleur.

Ma note

3/5

ROMANTERROIR

LA MICHELINE DE 18 h 23 (MICHEL FABRE)

Le résumé du livre

Un petit garçon craintif et solitaire subit les moqueries de ses camarades de classe qui l’ont pris comme souffre-douleur et l’ont surnommé « Pétoche ». Pourtant, il cultive une véritable passion pour les trains qu’il voit sillonner sa campagne limousine. Et de tous ceux qu’il admire, c’est la Micheline rouge de 18 h 23 qu’il préfère. Un jour, il fait la connaissance de Monsieur Vayssettes, un vieux bonhomme boiteux au physique complètement difforme qui partage son amour et qui l’invite chez lui. L’enfant y découvre tout un circuit ferroviaire miniature. Vayssettes l’initie bientôt au maquettisme ferroviaire. Mais quel drame a dû subir cet ancien cheminot pour être ainsi contrefait et handicapé ?

Ma critique

« La Micheline de 18 h 23 » se présente comme un roman de terroir classique avec son environnement campagnard de la seconde moitié de l’autre siècle et son monde de cheminots, ou plutôt de « chevaliers du chaudron » comme dirait le très regretté Vincenot. (Vayssettes ayant connu la grande époque de la vapeur). Mais la comparaison s’arrête là, malheureusement. Avec Fabre, on est loin de la finesse et du charme du grand Bourguignon. Le style est agréable sans plus, plutôt quelconque et sans particularité. La faiblesse vient surtout du fond avec cette intrigue qui démarre sur une histoire de vieillard et enfant vite abandonnée pour des souvenirs de guerre, Résistance et déportation évoqués par quelques amis de Vayssettes lors de l’enterrement de ce dernier. On abandonne l’enfant au moment où on aimerait en savoir plus pour basculer dans l’horreur des « heures les plus sombres » de notre Histoire. Du déjà lu, relu et re-relu combien de fois… Un certain manque de souffle et d’originalité qui déçoit au bout du compte…

Ma note

2,5/5

HORREURROMAN

LE FOSSOYEUR (ADAM STERNBERGH)

Le résumé du livre

Dans un New York post-apocalyptique, Spademan, ancien éboueur devenu tueur à gages, se voit proposer un contrat nouveau : liquider Perséphone, fille du richissime pasteur Harrow. Même s’il est grassement payé pour faire ce genre de boulot, Spademan a quelques principes. Il ne fait pas n’importe quoi. Il tue de préférence les salopards et jamais d’enfant ! L’ennui c’est que sa future proie a tout juste dix-huit ans et surtout qu’elle est enceinte de plusieurs mois… De tueur, Spademan se mue alors en protecteur. S’il bénéficie de l’aide de quelques amis fidèles, il se retrouve en butte aux sbires d’Harrow et en particulier au terrible Simon le magicien…

Ma critique

« Le fossoyeur » relève du roman cyberpunk très noir. Le monde décrit est assez proche du nôtre. Au-delà d’une violence omniprésente et quasi gratuite, le virtuel est devenu l’alpha et l’omega de cette société. Les gens ne peuvent plus supporter le réel. Ils vivent couchés en permanence sous perfusion de substances hypnotiques, tous accros à la limnosphère. L’intrigue est simple mais efficace. Les personnages peu fouillés et presque des ombres ou des zombies. Le style de Sternbergh est très « close-to-the-bone », punchy, rentre dedans, avec un maximum de dialogues sans le moindre signe de ponctuation (tirets ou guillemets), ce qui ne facilite vraiment pas la lecture. Un texte comme un direct au foie, un peu moins travaillé ou abouti que « Population 48 ». Normal c’était le premier roman de l’auteur.

Ma note

4/5

ESSAISVIE PRATIQUE

VIVRE EN AUTO-SUFFISANCE (DICK & JAMES STRAWBRIDGE)

Le résumé du livre

Qu’est-ce que l’auto-suffisance ? La capacité de subvenir soi-même à ses besoins en ayant le moins possible recours aux commerces, aux services et autres distributeurs d’énergie. Après divers essais, les Strawbridge qui pratiquent depuis ds années ce mode de vie « décroissant » et proche de la nature à Newhouse Farm, dans un joli coin des Cornouailles britanniques à moins de 10 km de la mer ont voulu témoigner de leur expérience et faire partager leurs savoirs. Leur autonomie s’exerce dans tous les domaines aussi bien celui de l’énergie (panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaire, éolienne et même un incroyable réacteur à biodiesel), que celui de l’eau (récupérateurs d’eau de pluie, toilettes sèches et filtration par sable ou par roselière à flux vertical des eaux usées), ou celui de la production de fruits et légumes, sans parler des élevages d’animaux domestiques ou du petit artisanat (bois, vannerie, poterie).

Ma critique

« Vivre en auto-suffisance » est un guide de très belle facture, très complet qui reprend presque chapitre par chapitre le célèbre ouvrage de John Seymour « Revivre à la campagne » (1976). Les belles images dessinées en noir ou sépia sont maintenant remplacées par de magnifiques photos couleur ou des croquis pastel et le simple papier rugueux est devenu papier glacé. Ce livre est une mine et un ouvrage de référence pour qui veut s’engager dans cette voie exigeante mais ô combien gratifiante. Tout est expliqué en détail. Le lecteur découvrira ou retrouvera toute une série de savoir-faire paysans, de précieux conseils de construction, isolation, jardinage, élevage. Comment construire une serre géodésique, un poulailler mobile, un four à pain en terre, un fumoir, une maison en paille… Comment faire son pain, son fromage, son vin, sa bière, ses confitures et tant d’autres choses. Sans aucun doute, le nouvel ouvrage de référence de l’autonomie et du retour à la terre !

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LES INSULES, EXILES POLITIQUES EN CORSE (ANTOINE HATZENBERGER)

Le résumé du livre

Contrairement aux insulaires qui sont les habitants d’une île (en l’occurrence la Corse), les insulés sont des personnalités politiques exilées pour diverses raisons de circonstance et selon le bon vouloir du pouvoir en place. En 1953, Habib Bourguiba, leader indépendantiste tunisien, se retrouve en Corse après avoir séjourné en divers lieux du sud et autres îles. De même, mais plus luxueusement, le sultan du Maroc, Sidi Mohammed Ben Youssef, futur roi sous le nom de Mohammed V, séjourna d’abord à Zonza puis à l’Île Rousse. Deux années plus tard, il était envoyé à Madagascar avec toute sa famille et vingt-deux concubines sur les trente que comportait son harem. Ses serviteurs, son mobilier, son trésor, et toutes ses voitures suivirent cet exode organisé. Ces séjours qui coûtèrent une petite fortune au contribuable français semblèrent somme toute agréables aux princes et aux princesses… D’autres figures historiques sont également évoquées, à commencer par Sénèque qui n’apprécia guère sa relégation, en passant par la dernière reine de Madagascar et par Théodore von Neuhoff, éphémère roi de Corse en 1736.

Ma critique

« Les insulés » est un court essai historique (150 pages vite lues) sur le thème fort peu traité de l’exil forcé. L’auteur a trouvé son inspiration dans son histoire familiale, son grand-père, policier et ancien résistant alsacien, ayant fait partie de la garde du roi du Maroc, avait gardé quelques documents. Plusieurs photos personnelles illustrent donc le propos. Policiers et exilés posent souriants et détendus devant l’objectif. Un petit prince espiègle fait même des oreilles d’âne à un de ses gardiens. Cet exil semble apparemment des plus doux et des plus détendus. Le lecteur apprend que l’auteur a fait d’importantes recherches. Malheureusement, cela apparaît assez peu à la lecture. On a même l’impression d’un sujet à peine survolé. On aurait aimé plus de détails sur ces divers exils. On reste un peu sur sa faim. Au total, un intérêt moyen, car on aurait aimé en apprendre un peu plus sur le sujet.

Ma note

3/5

ROMAN

NEUF PARFAITS ÉTRANGERS (LIANE MORIARTY)

Le résumé du livre

Au plus profond du bush australien, Tranquillum House accueille un groupe pour un stage de retour au bien-être assez particulier. Les participants sont au nombre de neuf : Frances, auteure de roman à l’eau de rose en perte de vitesse, Ben et Jessica, deux gagnants au Loto, Napoleon, Heather et Zoé, famille d’enseignants ne se remettant pas de la perte de Zach, jumeau de Zoé, Tony, ancienne gloire du foot, Carmel, mère de quatre filles et Lars, avocat de renom. L’endroit, magnifique au demeurant, est tenu par Masha, émigrée russe, ancienne manager et rescapée d’une expérience de mort imminente. Prévu comme devant se dérouler sous les meilleurs auspices, ce séjour s’annonce plutôt bizarre dès le début : le domaine entouré de barbelés est clos par un énorme portail fermé à double tour et l’interphone ne fonctionne pas…

Ma critique

« Neuf parfaits étrangers » est un roman psychologique d’une grande finesse doublée d’un certain humour. Les personnages sont tous aussi intéressants qu’attachants car parfaitement pétris d’humanité. En dépit de quelques lourdeurs et redites, le style est fluide et agréable. L’intrigue est assez simple mais non simpliste. Tout le déroulé de ce stage mal barré dès le début puis finissant en apothéose est assez prévisible. Les derniers développements frisent légèrement l’invraisemblance. De même, la relative démence de Masha reste acceptable et compréhensible. Toute cette histoire repose en effet sur sa personnalité. Liane Moriarty a eu l’intelligence de ne pas trop en rajouter dans le « borderline », ce qui rend son ouvrage plaisant sans tomber dans la lourdeur de la caricature ou du pastiche grossier. Elle reste dans un humour léger voire sous-entendu quand elle se moque de ce genre de stages de ressourcement, d’amaigrissement ou de remise en forme dans lesquels les organisateurs usent de tous moyens (silence, jeûne, privation d’écrans) et même des moins conventionnels pour déstabiliser leurs patients/cobayes. Un bon moment de lecture.

Ma note

4/5

FANTASTIQUEHORREURTHRILLER

LE MANTEAU DE NEIGE (NICOLAS LECLERC)

Le résumé du livre

Dans une ferme isolée du Jura, Etienne, un vieil agriculteur, vit dans un isolement sauvage avec sa femme léthargique qui passe toutes ses journées, immobile sur un fauteuil depuis une vingtaine d’années. Un jour, elle sort sans la moindre raison de cette torpeur et le prend par surprise. Elle se lève brusquement de son fauteuil, prend un couteau et tranche la jugulaire de son mari… La jeune Katia est haptophobe. Elle ne supporte aucun contact physique avec quiconque, même avec les membres de sa propre famille. Cette particularité lui vaut quolibets et sarcasmes de ses camarades de collège. Mais un jour, la souffre-douleur se rebiffe. Une grande violence s’empare d’elle et elle agresse une élève qui la persécutait. C’est la petite fille d’Étienne, lequel a fait d’elle son héritière…

Ma critique

« Le manteau de neige » est un roman d’horreur et de fantastique basé sur toutes sortes de phénomènes paranormaux comme les hantises, les esprits frappeurs, les fantômes et autres revenants. Trois générations de drôles de loustics se succèdent dans ce récit très sombre. La haine, la perversité et le mal sont omniprésents du début à la fin. Les cadavres s’accumulent au fil d’une intrigue assez bien tournée quoi que pas mal controuvée. La clé de l’affaire remontant à la seconde guerre mondiale (avec juifs, résistants et collabos) manque totalement d’originalité. Ce genre d’histoire a déjà été racontée des centaines et peut-être des milliers de fois. Nicolas Leclerc y rajoute une sorte de « fatum », de malédiction de transmission de père en fils de l’instinct et de la jouissance de tueur tortionnaire. L’ensemble laisse une impression assez malsaine. Le lecteur peine à croire que pareils monstres aient pu exister dans la réalité et sévir pendant des dizaines d’années sans jamais se faire prendre ! Trop c’est trop. On patauge dans l’invraisemblable et on finit par ne même plus y croire. Âmes sensibles et cartésiens s’abstenir !

Ma note

2,5/5

ESSAIS

OSEZ L’OPTIMISME ! (CATHERINE TESTA)

Le résumé du livre

En 2015, Catherine Testa avait un job intéressant à New York et une carrière prometteuse devant elle à moins de trente ans. Mais elle ne se sentait pas bien dans sa peau. Le meilleur en soi n’était peut-être pas le meilleur pour elle. Elle décida de tout plaquer pour créer un site internet sur l’optimisme qui rencontra un joli succès rien que par le bouche à oreille. De son expérience et de celle des internautes, elle tira un ouvrage. Aujourd’hui, elle est formatrice et coach et intervient sur une célèbre radio.

Ma critique

« Osez l’optimisme » est un charmant petit traité sur une qualité que l’on a un peu tendance à négliger, focalisés que nous sommes sur tout ce qui va mal dans le monde et/ou dans nos vies. Catherine Testa nous propose une voie totalement différente de manière parfaitement pratique et pragmatique. Pas de blabla ni de considérations psychologiques ou philosophiques mais plein de conseils pratiques regroupés en dix chapitres commençant tous par un verbe : s’aimer-bouger-créer-donner-positiver-projeter-remercier-remercier-sourire- vivre l’instant présent). De nombreuses citations illustrent le propos, certaines occupent une page entière. Un ensemble bien sympathique qui surfe évidemment sur la vague « recherche et coaching bien-être ». Guère étonnant dans une société schizophrène, anxiogène et de plus en plus intolérante. À conseiller pour son côté concret et pratique. Et si l’optimisme était la clé du bonheur ?

Ma note

4/5

ROMAN

LE MAÎTRE DES ILLUSIONS (DONNA TARTT)

Le résumé du livre

Issu d’un milieu modeste, Richard Papen quitte sa petite ville de Californie pour intégrer l’université de Hampden dans le Vermont. Il y fait la connaissance d’un petit groupe d’étudiants issus de milieux plus privilégiés. Henry et Bunny font figure de meneurs, Francis, Camilla et Charles, les deux jumeaux, celle de suiveurs. Ils se livrent à toutes sortes de défis dont une bacchanale au cours de laquelle, sous l’influence de l’alcool et de diverses substances prohibées, ils assassinent plus ou moins accidentellement un paysan du coin qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. N’y ayant pas participé, Richard, mis dans la confidence, se retrouve complice du groupe sans vraiment le vouloir. Lequel commence à perdre confiance dans l’un des leurs, Bunny. Pour éviter qu’il ne les dénonce d’une manière ou d’une autre, ils se retrouvent dans l’obligation de devoir le supprimer. Mais comment faire pour que ce nouvel assassinat passe pour un accident ?

Ma critique

« Le maître des illusions » est un roman fleuve (plus de 700 pages) aussi dramatique que psychologique. L’intrigue est simple et digne des grandes tragédies grecques dont elle s’inspire d’ailleurs ouvertement. Ces étudiants de lettres classiques sont fascinés par les coutumes et la philosophie grecques au point de vouloir les imiter principalement dans leurs dérives. Le peu d’épaisseur du sujet est compensé par un style de narration qu’on pourrait qualifier de maximaliste (par opposition au minimalisme qui tente d’en dire un maximum avec un minimum de mots). Le style littéraire de Tartt est pointilliste, repose sur une accumulation de détails plus ou moins importants voire révélateurs. Malgré une certaine lenteur, lourdeur et une impression de pléthore descriptive, (il faut attendre 200 pages pour entrer dans le vif du sujet !) le lecteur s’attache néanmoins au destin de cette bande d’étudiants arrogants et/ou paumés sur laquelle une sorte de « fatum » s’acharne. Ouvrage qui fait réfléchir sur l’illusion de la complicité, le poids de la culpabilité et la réalité d’une sorte de justice immanente. Il y a quelque chose de Dostoïevski chez Tartt.

Ma note

4/5

FANTASTIQUETHRILLER

LES YEUX DES TÉNÈBRES (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Tina Evans, ancienne danseuse de revue devenue chorégraphe de renom à Las Vegas, a perdu les deux hommes de sa vie. Son mari, Michael l’a quittée et son fils Danny, 12 ans, est décédé dans un terrible accident de bus. L’enfant ayant été atrocement défiguré, les gens des pompes funèbres ont déconseillé à Tina de le voir une dernière fois dans son cercueil. Elle ne peut s’empêcher de s’imaginer qu’il a peut-être survécu. Souvent, il lui arrive d’avoir l’impression de le revoir, de sentir sa présence en diverses circonstances. Bientôt des phénomènes étranges viennent confirmer cette impression. « Pas mort », écrit à la craie sur le tableau mobile de sa chambre d’enfant… Une impression de froid glacial… Des objets qui tombent, s’agitent, se déplacent sans raison… Des messages d’ordinateur appelant au secours… Tina Evans pourra bénéficier de l’aide de son nouveau compagnon, Elliott, avocat et ancien agent secret… Les évènements se précipitent… Qu’est-il vraiment arrivé à Danny ?

Ma critique

« Les yeux des ténèbres » est un thriller fantastique passionnant dont il est difficile pour ne pas dire impossible d’interrompre la lecture tant l’intrigue est pleine de suspens et de rebondissements en tous genres. Paru en 1981 en anglais et en 1990 en français, cet ouvrage qui n’a pas pris une ride vient d’être ré-édité par les éditions de l’Archipel alors qu’il était quasiment devenu introuvable même d’occasion tant l’actualité l’avait fait devenir « culte ». Dans cette étrange histoire, tout repose sur le paranormal, sur certaines capacités psychiques hors normes, sur la télékinésie, la télépathie et l’hypnose. La fin, qu’il convient de ne pas déflorer, est doublement époustouflante. Elle apporte une illustration étrange sur l’épisode « Coronavirus » que nous venons de subir. À quarante ans de distance, Dean Koontz, s’était vraiment montré incroyablement visionnaire. Dans une impitoyable guerre bactériologique, Chinois et Américains cherchaient à fabriquer, l’arme absolue, un virus mortel, le Wu-Han 400, contre lequel les humains n’arriveraient pas à produire d’anticorps. Qui a dit que poètes et écrivains étaient des devins et des prophètes ? Quoi qu’il en soit ce titre reste un des tout meilleurs du grand maître. On tremble, on vibre, on est en empathie constante avec cette mère tout en se posant un certain nombre de troublantes questions. Que demander de plus ?

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

POPULATION : 48 (ADAM STERNBERGH)

Le résumé du livre

Quelque part dans le désert texan, se trouve Caesura, alias « Blind Town », une toute petite ville close et entourée de barbelés. Y séjournent une quarantaine d’anciens détenus pour toutes sortes de crimes. Une fondation leur a proposé un étrange programme de réhabilitation en circuit fermé. On a effacé de leur mémoire tout souvenir de leurs forfaits passés. À leur arrivée, ils ont dû changer de nom et se voir attribuer un bungalow. Parmi eux, se trouvent peut-être quelques témoins innocents qu’il serait nécessaire de protéger de vengeances du monde extérieur. L’expérience a déjà huit années d’une existence relativement satisfaisante. La petite communauté vit sous la houlette bienveillante du shérif Cooper, ancien maton, seul homme armé et avec la caution médicale de la doctoresse Holliday. L’ennui, c’est qu’un des résidents vient de se suicider, puis qu’un autre a été froidement abattu d’une balle dans la tête dans le petit débit de boissons de l’endroit.

Ma critique

« Population : 48 » est un roman difficilement classable vu qu’il se situe aux limites du roman policier, du thriller, du roman noir et du roman d’anticipation. Le lire ou plutôt le dévorer (c’est un véritable « page-turner » presque impossible à lâcher tant le rythme narratif est haletant !) représente une sacrée expérience. Le volet policier maintient l’intérêt jusqu’aux trois quarts du livre. Il est relayé par l’aspect thriller quand les cadavres s’accumulent de façon apparemment incohérente. La fin totalement dantesque relève vraiment du roman noir quand le passé des uns et des autres ressurgit dans toute son horreur. Mais le plus frappant et le plus troublant est sans doute toute la manipulation psychologique et sociale induite par cette expérience étrange et inquiétante qui s’achève d’une façon à la fois surprenante et réconfortante. Une sorte de verset biblique revient comme un refrain sibyllin (« Il se peut que Dieu pardonne, mais Il exonère rarement »). En fait le pire n’est jamais certain, dira-t-on pour ne rien déflorer. Ouvrage majeur, distrayant et invitant à la réflexion sur la condition humaine. À ne surtout pas rater !!!

Ma note

4,5/5

THRILLER

SACRIFICES (ELLISON COOPER)

Le résumé du livre

Au cours d’une randonnée pédestre avec son chien dans le parc national de Shenandoah (Virginie), l’agent Cho tombe dans une caverne souterraine remplie d’ossements humains. Sayer Altair, grande spécialiste du comportement des psychopathes au FBI, est chargée de l’enquête. En plus des os éparpillés, elle découvre deux cadavres beaucoup plus récents. Il semblerait qu’un tueur en série déposerait dans cet endroit de malheureuses victimes qu’il aurait préalablement torturées. L’hypothèse se confirme quand quelqu’un tente d’assassiner l’enquêtrice et la légiste en arrosant la grotte avec de l’essence et en y mettant le feu alors qu’elles se trouvent à l’intérieur. Heureusement, elles en réchappent avec quelques brûlures superficielles, mais l’enquête s’annonce quand même particulièrement délicate…

Ma critique

« Sacrifices » se présente comme un thriller bien mené avec suspens et rebondissements à la clé comme il se doit dans ce genre de registre. Le style de l’auteure est fluide et agréable. La narration est tronçonnée en petites scènes maintenant l’intérêt d’un bout à l’autre. Elle commence assez lentement, puis accélère peu à peu avant de terminer en apothéose d’horreur. (Âmes sensibles s’abstenir). En quatrième de couverture, l’éditeur prétend qu’Ellison Cooper « revisite toutes les lois du genre ». Mais si on ne peut que reconnaître une certaine originalité dans l’intrigue, en dehors de meurtres à main nue, d’un « happy end » peu fréquent dans les thrillers et d’un retournement systématique des victimes en bourreaux, le « grand renouvellement » ne va guère plus loin. Au total, un ouvrage divertissant sans plus.

Ma note

3,5/5

SCIENCE-FICTION

LE MAGICIEN QUANTIQUE (DEREK KÜNSKEN)

Le résumé du livre

Dans un futur aussi lointain qu’improbable, Belisarius Arjona use de ses capacités intellectuelles hors normes d’homme quantique pour tirer profit de petites arnaques de jeux de casinos. Et voilà qu’on lui propose une fortune pour détourner une douzaine de vaisseaux spatiaux qu’il s’agit de faire disparaître en les faisant traverser un trou de ver ennemi. Disposant de propulseurs à énergie révolutionnaire, ces engins ont une très grande valeur. Pour réaliser sa mission, Belisarius doit faire appel à toute une équipe de post-humains dans son genre ou de proto-humains (mi-hommes, mi-animaux) et même à une intelligence artificielle qui se prend pour la réincarnation de Saint Mathieu.

Ma critique

« Le magicien quantique » est le premier roman d’un auteur canadien qui parsème son texte de jurons spécifiques de la belle Province, comme « Ostie », « Câlice » ou « Tabernak » et même d’un certain nombre de grossièretés gratuites (« Lèche-toi les couilles si t’arrives à les trouver ! », « Si tu n’es pas en train de baiser, t’es celui qui se fait baiser ! ») ! Comme genre c’est plutôt de la hard SF toute hérissée de concepts pseudo-scientifiques abscons qui n’aident pas à la compréhension du message et ne font qu’alourdir un style déjà ampoulé et peu fluide. L’intrigue, relativement mince, longue à démarrer (plus de 90 pages de mise en route et exposition sans grand intérêt), lente à se déployer s’achève dans une bataille galactique aussi lassante qu’interminable. Il faut s’armer de patience pour venir à bout de ce pavé indigeste de près de 500 pages qui tombent des mains. Espérons que le prochain opus de cet auteur sera plus magique que quantique !

Ma note

2,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

ANNE DE BRETAGNE (HERVE LE BOTERF)

Le résumé du livre

Anne de Bretagne, née le 25 ou 26 janvier 1477 à Nantes et morte le 9 janvier 1514 (à 36 ans) à Blois, fut élevée dans la cour brillante et cultivée de son père, duc de Bretagne, lui-même en butte aux révoltes de ses barons et à une invasion française qui s’était emparée de la plupart des places fortes bretonnes et n’était pas loin de s’emparer de l’ensemble du territoire. Il tenta de sauver son duché en pratiquant diverses alliances. À dix ans, la petite Anne était déjà le parti le plus envié d’Europe. Elle ne comptait pas moins de treize prétendants dont les futurs monarques d’Autriche, d’Espagne et d’Angleterre. À quinze ans, elle épousa contre son gré le roi de France Charles VIII. À la mort de celui-ci, elle épousa Louis XII et devint reine de France pour la seconde fois. Elle n’enfanta que des filles qui moururent en bas âge. Elle fut un enjeu central dans les luttes d’influence qui aboutirent après sa mort au rattachement de la Bretagne à la France en 1532. La noblesse bretonne, voulant préserver ses privilèges comme ses prérogatives, s’évertua alors à prouver par l’intermédiaire de l’historiographie régionale que sa dernière duchesse avait résisté à cette annexion. Très aimée des Bretons et des Français, Anne laissa le souvenir d’une souveraine pieuse, diplomate, réfléchie, pleine de charme et d’énergie qui, sa vie durant, dut affronter un destin contraire.

Ma critique

« Anne de Bretagne » est une biographie tout à fait respectueuse de la personnalité de son sujet. Le lecteur y découvrira toutes les difficultés que la duchesse rencontra pour maintenir l’intégrité et l’indépendance de son duché. Elle fut souvent maltraitée par l’Histoire en raison de légendes plus ou moins fantaisistes comme celle de la « duchesse en sabots ». Hervé Le Boterf réussit à lui rendre justice en améliorant son image au point d’en faire une sorte d’héroïne nationale. Le style de l’auteur est fluide et agréable à lire. On sent que c’est un spécialiste du sujet, car il rétablit de nombreux faits et corrige certaine erreurs historiques. On remarquera un intéressant cahier central doté d’illustrations et photos en noir et blanc ainsi qu’une chronologie et une bibliographie. Au total, un ouvrage de référence sur cette reine hors normes et fort attachante.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

FRANÇOIS D’ASSISE (LOUIS DE BEAUMONT)

Le résumé du livre

François d’Assise, né Giovanni di Pietro Bernardone à Assise (Italie) en 1181 et mort le 3 octobre 1226, est un religieux catholique italien, diacre et fondateur de l’ordre des frères mineurs caractérisé par une volonté d’imitation totale du Christ par la prière, la joie, la pauvreté, l’évangélisation et l’amour de la Création divine. Il est canonisé dès 1228 par le pape Grégoire IX et commémoré le 4 octobre dans le calendrier liturgique catholique. François d’Assise est considéré comme le précurseur du dialogue interreligieux. Il tenta en effet de convertir le Sultan, lequel accepta de l’écouter, mais resta musulman. Cet immense saint suscita de son vivant une grande quantité de disciples. La règle qu’il avait édictée était si sévère qu’il fallut l’assouplir…

Ma critique

« François d’Assise » se présente comme une courte biographie du « Poverello », une de plus pensera-t-on. Sans doute, mais peut-être la plus simple sans être simpliste, la plus concise tout en restant d’une grande précision en ce qui concerne l’esprit si particulier de la mystique franciscaine. François ne se sentait pas « réformateur », ce qu’il voulait c’était pouvoir clamer à tout le monde sa joie d’être tout à Dieu, le bonheur extraordinaire de sombrer dans l’intimité de Dieu en appliquant à la lettre les prescriptions de l’Evangile, dans le détachement absolu, la pauvreté totale (il n’acceptait aucun don et ne voulait avoir aucun rapport à l’argent), l’abandon sans réserve, l’amour de Dieu et du prochain dans ses manifestations apparemment les plus folles, la foi la plus complète en la personne du Christ et Sa présence dans l’Eucharistie. De style aussi limpide que franciscain, cet ouvrage peut représenter la meilleure voie d’accès à une première découverte de la vie du grand saint.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LE CAPITAL DE VAN GOGH (WOUTER VAN DER VEEN)

Le résumé du livre

Tout le monde connait la vie misérable et le destin tragique du peintre Vincent van Gogh qui ne vendit presque aucun tableau de son vivant et ne put survivre que d’une pension envoyée par son frère Théo. Si l’on en croit Wooter van der Veen, tout ceci ne serait qu’une légende urbaine, un travestissement de la vérité pour faire conformer une existence bourgeoise et intéressée à celle d’un peintre maudit et incompris. En effet, Vincent débuta comme marchand d’art (Théo le suivit sur cette voie), puis tenta de devenir pasteur protestant. Il ne fut qu’un temps évangélisateur avant de devenir l’artiste peintre qu’on connait. La pension versée était loin d’être modeste puisqu’elle représentait plus du double du salaire d’un receveur des postes. Son œuvre ne fut pas rejetée du tout, elle fut même appréciée à sa juste valeur de son vivant. Et peu de temps après la mort des deux frères, Johanna Bonger, la veuve de Théo, commença à vendre à très bons prix, les premiers tableaux de son beau-frère. Et déjà en 1910, la valeur de l’ensemble de l’œuvre de Van Gogh pouvait être estimée à 10 millions de francs. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires de la société Van Gogh frères se compte en milliards d’euros !

Ma critique

« Le capital de Van Gogh » est un essai assez décoiffant qui remet en question pas mal d’idées reçues sur la vie et l’œuvre d’un des peintres les plus célèbres du monde. L’auteur étant secrétaire général et directeur scientifique de l’Institut Van Gogh, il est difficile pour le lecteur de ne pas accorder quelque crédit à cette thèse pour le moins surprenante. Van der Veen remet tout en question, sa pauvreté (il le considère plutôt comme un « panier percé »), son statut d’artiste maudit et même son suicide qui n’aurait été qu’une sorte de mise en scène pour parfaire l’image générale, à moins que ce ne fut un accident voire un meurtre. Sur ce point particulier, l’auteur se contente d’ailleurs de semer le trouble sans rien étayer sérieusement. C’est d’ailleurs l’impression générale que laisse la lecture de ce texte amusant qui se perd parfois dans quelques digressions philosophiques ou sociologiques sur les poses universitaires, l’art contemporain et les prébendes y afférant. La citation en exergue ne fait d’ailleurs que renforcer cette impression : « À l’exception de ce qui est vrai, tout ce qui suit est rigoureusement faux. »

Ma note

3,5/5

ESSAISHISTORIQUE

L’AMERIQUE FANTÔME (GILLES HAVARD)

Le résumé du livre

Quand on évoque la conquête de l’Ouest américain, quelques noms et évènements viennent immédiatement à l’esprit, mais jamais ceux de Pierre Gambie, Etienne Brûlé, Pierre-Esprit Radisson, Nicolas Perrot, les frères La Vérendrye, Jean-Baptiste Truteau, Toussaint Charbonneau, Etienne Prévost ou Pierre Beauchamp. Et pourtant ces hommes, oubliés de l’historiographie officielle, tous français ou francophones, eurent une part non négligeable dans cette aventure. Trappeurs, coureurs des bois, aventuriers, traducteurs ou guides, ils furent les premiers sur les lieux. Ils vécurent parmi les tribus indiennes, y prirent femmes (une ou plusieurs), eurent une descendance métisse et participèrent comme guides à de grandes explorations telle la fameuse traversée du continent de Lewis et Clark ou aux découvertes du peintre naturaliste Audubon. Ils remontèrent le Mississipi, le Missouri, traversèrent les Rocheuses, furent les tout premiers habitants de la ville de Saint-Louis. Dès 1565, Pierre Gambie commerçait avec les Indiens avant de connaître un destin tragique. Le 30 mars 1743, le chevalier de La Vérendrye enterrait une tablette de plomb symbolisant la découverte et la souveraineté française sur les immensités du Dakota. Au total, pas moins de trois siècles d’histoire des Français d’Amérique submergés par la colonisation anglo-saxonne triomphante.

Ma critique

« L’Amérique fantôme » est un véritable essai historique de très grande qualité. L’auteur, directeur de recherche au CNRS, a exhumé une dizaine de biographies de héros oubliés, soit parce qu’ils furent illettrés et ne laissèrent que peu de traces, soit qu’ils vécurent dans l’ombre de personnages plus illustres comme Champlain, Audubon ou Lewis et Clark et surtout parce que cette façon de vivre en symbiose avec les tribus indiennes, cette francophonie ne correspondait pas à l’image classique anglo-saxonne d’une colonisation avec cow-boys, tuniques bleues, chariots, petites maisons dans la prairie et autres colons à qui le gouvernement attribuaient des parcelles de terre prises sur les territoires peaux-rouges. Nos dix héros furent témoins des guerres indiennes (les tribus étaient en conflit incessant les unes avec les autres), des épidémies (la variole) qui les décimèrent et pour finir du parcage dans de désespérantes réserves. Un livre fondamental pour qui s’intéresse à ce pan particulier de l’histoire américaine. Le style, un peu aride, n’est pas désagréable, même s’il ne comporte aucune fioriture ou digression romanesque. En bonus, plus de 150 pages de notes, index, bibliographie et même de glossaire de tous les peuples autochtones de la région. Ouvrage de référence à conseiller.

Ma note

4/5

 

HISTORIQUEROMAN

L’INDOMPTÉE (DONNA CROSS)

Le résumé du livre

En 814, peu après la mort de Charlemagne, Jeanne nait à Ingelheim sur le Rhin. Elle est la fille d’un prêtre d’origine saxonne qui dirige sa famille d’une main de fer. Dès son enfance Jeanne se révèle très curieuse et très éloquente. Elle convainc Matthias, son frère aîné, de lui apprendre à lire et à écrire. Après la mort subite de Matthias, son père veut envoyer Jean, son deuxième fils, à Dorstadt à l’école de la cathédrale, mais, Jeanne se montre intellectuellement beaucoup plus douée que son frère. Contre la volonté de son père, Esculape, lettré d’origine grecque, donne des cours à la jeune fille et lui fait découvrir des œuvres littéraires autres que religieuses comme l’Odyssée ou les philosophes classiques. Lorsqu’arrive un envoyé de l’évêque pour amener Jeanne à l’école de la cathédrale, son père prétend qu’il y a eu une erreur et y fait aller Jean à sa place. Pendant la nuit Jeanne s’enfuit de chez elle et rejoint son frère, dont entretemps le compagnon a été assassiné. À Dorstadt, Jeanne impressionne l’évêque par l’étendue de ses connaissances. Le prélat fait en sorte que le frère et la sœur soient acceptés dans sa classe par le moine Odon, bien que ce dernier soit très hostile envers la fille. Celle-ci reçoit le soutien du comte Gerold, qui l’emmène chez lui et tombe amoureux d’elle. Quelque temps plus tard, le comte doit partir en guerre aux côtés de l’empereur Lothaire Ier. Son épouse Richilde en profite pour tenter de se débarrasser de sa rivale en la mariant. Au moment précis de la cérémonie, les Normands envahissent la ville et font un immense carnage au cours duquel sont tués Jean ainsi que la femme de Gerold et leurs enfants. Johanna ne survit que parce qu’on l’a crue morte…

Ma critique

Ainsi débute « L’indomptée », roman historique à l’américaine dans la lignée de célèbres ouvrages d’un certain Dan Brown. Le lecteur friand de vérité historique en sera une fois encore pour ses frais, car dans cette œuvrette, c’est le roman qui se taille la part belle avec cette histoire rocambolesque pleine de violence (le carnage de Dorstadt par les Normands puis la prise de Rome par les Sarrasins, les deux moments forts sont à déconseiller aux âmes sensibles !), d’intrigues, de turpitudes en tous genres, d’obscurantisme (tout phénomène naturel, toute maladie, tout incident climatique est incriminé au divin) et l’historique qui n’a que la portion congrue. Si vous voulez apprendre quelque chose de sérieux sur ce personnage légendaire, passez votre chemin ! En quatrième de couverture, l’éditeur précise que « L’indomptée » aurait demandé sept années de recherches et d’écriture à Donna Cross. Cela ne se remarque que dans le contexte, les décors et l’ambiance mais malheureusement pas pour les deux années de règne de cette incroyable et improbable papesse ! À classer dans le romanesque et presque dans la romance plutôt que dans l’Histoire sérieuse.

Ma note

3/5

BANDES DESSINEES

LES MORTS ONT TOUS LA MÊME PEAU (MORVAN, ERRAMOUSPE, VARGAS)

Le résumé du livre

Dan Parker est marié à Sheila. Ils sont parents d’un bébé. Un petit couple blanc bien ordinaire. Si ce n’est que Dan est videur dans une boite de nuit et qu’il prenait plaisir à castagner trublions et pochards surtout s’ils étaient blancs de peau. Lui-même est blanc extérieurement, mais se sent noir intérieurement. Il a un quart de sang donné par un de ses grands-parents. Il déteste les Noirs, ne les fréquente pas. Sa plus grande crainte est que l’on découvre sa part de négritude. Et voilà qu’apparaît un Noir du plus bel ébène qui se prétend son frère et vient le taper de 100 dollars à ce titre. La réaction du violent Dan ne va pas se faire attendre !

Ma critique

« Les morts ont tous la même peau » est une bande dessinée fidèlement adaptée du roman éponyme que Boris Vian fit paraître en 1947 sous son pseudo de Vernon Sullivan. Cette nouvelle mouture a nécessité le travail d’une équipe de cinq personnes, un scénariste, deux dessinateurs, un coloriste et un lettriste. Le résultat est là : un magnifique album avec une belle couverture rigide, un agréable papier glacé et des vignettes couleur sépia évoquant très bien l’ambiance de la première moitié de l’autre siècle. Le lecteur se trouve propulsé dans l’univers plutôt glauque des bas-fonds avec son lot de boîtes plus ou moins louches, de bars borgnes et de bordels crasseux le tout en pleine ségrégation raciale. Toute l’intrigue bascule d’ailleurs lorsque se dévoile la véritable origine de Dan. Selon que vous serez noir ou blanc votre sort sera différent quand vous passerez devant le juge. Un examen attentif des dessins permet aisément d’attribuer la paternité de chacune des pages aux deux dessinateurs. En effet, bien que proches, leurs styles sont légèrement différents. L’un dispose d’un trait de très grande finesse et précision et présente pages 8 et 9 un plan général du décor tout à fait extraordinaire. L’autre a le crayon moins léger. Malheureusement, c’est lui qui se taille la part du lion pour le nombre de pages. Ce léger inconvénient mis à part, au total, un album de grande qualité, comme la plupart des productions Glénat, que l’on ne peut que conseiller aux amateurs de romans noirs.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMAN

TANT QU’IL Y AURA DES HOMMES (JAMES JONES)

Le résumé du livre

En 1941, sur la base de Scofield à Hawaï, quelques soldats vivent l’ordinaire d’une existence militaire rythmée par les corvées, les exercices et les virées en ville dans les bars et les bordels les jours de permission. Originaire d’une petite ville minière du Kentucky, Robert Lee Prewitt naquit presque avec une guitare entre les mains. Mais il s’en désintéressa vite au profit de la boxe où il obtint de beaux succès avant d’en être complètement dégoûté, puis du clairon, sa nouvelle passion qui le mena jusqu’à la gloire, interpréter une sonnerie aux morts au cimetière d’Arlington. Son grand-père étant décédé de mort violente, son père en prison et sa mère morte de la tuberculose, il n’a eu d’autre opportunité en dehors d’une descente dans la mine que de s’engager dans l’armée américaine à l’age de 17 ans et trois jours. Il y a bien réussi comme clairon. Puis au moment de rempiler, il opte pour Hawaï. Suite à une altercation, il finit par se faire muter dans une section où il doit repartir à zéro. Il se retrouve face à Milton Warden lequel tentera en vain de lui éviter toutes les corvées et humiliations qu’il se voit infliger pour l’obliger à enfiler à nouveau les gants de boxe…

Ma critique

« Tant qu’il y aura des hommes » est un récit militaire d’un réalisme saisissant. Ce pavé de plus de 600 pages en petits caractères se lit encore agréablement, car le style de l’auteur est très vivant. Il repose en grande partie sur des dialogues tout à fait percutants et qui sentent le vécu. La vie de cette brochette de pauvres gars qui n’ont pour dérivatifs que l’alcool, le jeu et les prostituées et pour horizon qu’une attaque japonaise imminente est parfaitement rendue dans toute sa dimension dramatique et misérable. Le lecteur s’attache au destin des deux héros principaux, Prewitt dans son interminable descente aux enfers (la description des châtiments de la colonie pénitentiaire est à déconseiller aux âmes sensibles) et Warden, le meneur d’hommes en dépit d’un grade peu élevé, dans ses amours illicites avec Karen, l’épouse infidèle du terrible commandant « Dynamite Holmes ». L’intrigue un peu lente à démarrer au début, prend vite de l’ampleur, monte en puissance et s’achève en véritable drame digne de l’antique. Attention, chef-d’œuvre indémodable !

Ma note

4,5/5

ROMANCE

S’IL REVENAIT UN JOUR… (SAINT-ANGE)

Le résumé du livre

Elodie de Reillanne et Jérôme Montana filent le parfait amour malgré la présence sur le domaine provençal de la famille de Sabine Merval, la précédente conquête de Jérôme toujours amoureuse de lui et particulièrement jalouse d’Elodie. Autre frustré, Philippe, le jeune frère de Jérôme, est amoureux d’Elodie sans espoir de retour. Un jour, Jérôme parti pour un congrès en Italie décide de ne plus revenir en France. Le problème c’est qu’Elodie est enceinte des œuvres de Jérôme. Philippe profite de la détresse de la jeune femme abandonnée pour se rapprocher d’elle, se marier discrètement et reconnaître l’enfant. Il devra se contenter d’un mariage blanc. Mais que se passerait-il si Jérôme revenait un jour ?

Ma critique

« S’il revenait un jour » est un roman sentimental de facture classique, bien écrit et assez agréable à lire. L’intrigue est des plus classiques. Elle repose sur le carré infernal des deux amants et des deux jaloux qui ne cherchent qu’à nuire à cet amour. On ne dévoilera pas la chute de cette histoire. Elle aurait pu être originale ou surprenante. Il n’en est rien. On a droit à un happy end avec pardon, rédemption et festival de bons sentiments. Tout ça est quand même bien daté, a pas mal vieilli et ne passe plus trop de nos jours.

Ma note

2,5/5

ROMAN

LA RHUBARBE (RENE-VICTOR PILHES)

Le résumé du livre

Urbain Gorenfan, 25 ans, est le rejeton bâtard d’une famille aisée, les C. Il a été élevé à Torlu, village de la campagne normande, par sa grand-mère maternelle. Aidé par les informations que lui distille un inconnu, Jean-Louis Graffen-Schtol, il parvient à retrouver la trace de sa demi-sœur Beatrix C. Tous les midis, celle-ci déjeune dans un restaurant de Montparnasse. Peu à peu, Urbain se rapproche d’elle, lui rend de menus services et finalement se présente sous un faux nom, Aubain Minville. Une certaine amitié nait entre eux deux. Et quand Béatrix invite Urbain Gorenfan / Aubain Minville, à profiter de l’absence du père pour passer un week-end dans la maison familiale normande en compagnie de sa mère et de son frère handicapé mental, il accepte. Mais sera-ce pour obtenir reconnaissance de sa bâtardise ou pour détruire de l’intérieur cette cellule familiale qui l’a autrefois rejeté ?

Ma critique

« La rhubarbe » est un roman paru en 1965, gratifié du Prix Médicis, mais qui a plutôt mal vieilli. On y trouve un style verbeux et ampoulé qui ne passe plus de nos jours. Une influence du « nouveau » roman (révolutionnaire à l’époque, complètement ringard aujourd’hui) avec ses longues descriptions d’objets, de décors ou de trucs totalement inutiles. Pilhes consacre par exemple trois pleines pages à raconter la progression d’un hanneton sur le montant d’un lit. Passionnant ! L’intrigue est des plus basiques car ne reposant que sur le thème de la naissance illégitime, l’état de bâtard, qui est également celui de l’auteur. Les personnages semblent un tantinet caricaturaux. L’ensemble diffuse assez nettement l’imprécation gidienne « familles, je vous haïs », avant de s’achever sur une fin décevante vu son côté invraisemblable. La présentation éditoriale parle de trois niveaux de lecture (réaliste, policier et poétique). C’est assez exact pour le poétique voire le fantasmagorique, pour les deux autres, c’est moins évident.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

RENFORCER L’IMMUNITÉ DU CORPS, DU CŒUR ET DE L’ESPRIT (COLLECTIF)

Le résumé du livre

L’épidémie de coronavirus, sa litanie de morts systématiquement annoncée à chaque journal télévisé, son interminable confinement, ses gestes barrière, ses visages masqués et ses regards suspicieux ne peuvent qu’induire peur, crainte pour l’avenir, méfiance généralisée et repli sur soi-même. Trente-trois thérapeutes ont réuni leurs talents et leurs techniques pour proposer une autre alternative. Au lieu d’affaiblir les défenses avec des contenus anxiogènes induisant une psychose et une soumission collective, ils préconisent de renforcer l’immunité naturelle à l’aide de diverses méthodes. Pas de chimie, pas de médicaments anciens ou coûteux, pas d’hypothétique vaccin, mais du reiki, de la sophrologie, de la méditation classique, tantrique ou planétaire, de l’hypnose, du yoga, de la musicothérapie, de l’acupuncture, de l’ostéopathie, de la relaxation profonde, de la bio-énergie quantique, de l’expansion de conscience assistée, de l’angélothérapie ou de la géobiologie énergétique… Plusieurs médecines douces sont préconisées : chinoise, bouddhiste ou holistique…

Ma critique

Ce recueil donne la parole à chaque auteur grâce à une présentation de la méthode proposée, suivie d’un ou plusieurs exercices concrets ou non. Chaque partie s’achève par des liens vers les sites des participants, vers des videos de démonstration, des séances de méditation clé en main ou des programmes de musiques relaxantes ou même purifiantes de nos intérieurs. Comme on peut s’en douter, il y a à boire et à manger dans cet ouvrage. Les auteurs sont plus ou moins connus. Le plus célèbre est certainement Tal Schaller. Les méthodes sont plus ou moins discutables. Certaines peuvent même sembler loufoques ou farfelues. Qu’importe, ce livre a le mérite de mettre à la portée de tout lecteur un peu curieux autre chose que l’allopathie obligatoire, estampillée conforme et remboursée par la sécu. Il peut permettre de dépasser la terrible manipulation des peurs que nous subissons à longueur de journée, de sortir de l’hypnose collective pour vivre dans la joie et la pleine conscience. De tout temps, l’homme a su vivre avec des virus. Pourquoi pas avec celui-ci ? Tout dépend de son système de défense immunitaire. Prenons-en soin et renforçons-le !

Ma note

4/5

NOUVELLESvoyages

SUR LES ROUTES DE NOS VIES (OUVRAGE COLLECTIF)

Le résumé du livre

Un départ en van écourté et qui se révèle bien décevant… Un fourgon garé sous des chênes se retrouve bombardé de glands une nuit de tempête… Une oisiveté qui offre surtout du temps. Ne pas travailler, vivre sur la route, prendre du temps pour la contemplation, toute une philosophie pour le voyageur au long cours. Etre oisif est-ce être vraiment libre ?… Une institutrice entreprend une traversée du Canada en van. Elle en rapporte toutes sortes de croquis pris sur le vif dans des tribus indiennes… Un conducteur pressé se retrouve pris au piège par une voiture trop intelligente… Des cartes postales d’un peu partout lancées comme autant de bouteilles à la mer… Un ermite perdu au plus profond d’une forêt polonaise se fait dérober toutes les nuits sa botte gauche… Un arbre, qui voudrait pouvoir voyager comme les hommes, arrive à s’affranchir de ses racines… Des souvenirs de mariage pakistanais, de randonnées dans le Yukon, en Australie, Nouvelle-Zélande ou dans les grands parcs naturels de l’Ouest américain…

Ma critique

« Sur les routes de nos vies » est un recueil de textes divers et variés sur le thème du rêve, de l’évasion, de l’aventure et du voyage. Au total une cinquantaine (49 pour être précis) de textes et autant d’auteur(e)s différent(e)s, (le beau sexe étant en écrasante majorité). Le lecteur y découvrira des récits de voyages, des réflexions philosophiques ou psychologiques, des poèmes, des contes et des nouvelles. Un ensemble varié, étonnant, rafraichissant, parfois amusant voire divertissant. Une énorme aspiration à la liberté dans ce partage de confidences, de rêves, de peurs, de joies, de peines, de bonheurs, de galères et d’espoirs dans un monde meilleur. Comme toujours dans ce genre d’exercice, l’excellent côtoie le plus léger. Chacun devrait y trouver son bonheur. Pour ma part, mes préférés sont l’histoire de l’ermite, « Les aventures du bonhomme bleu », la découverte du Yukon et « La voiture intelligente » (dans un style plus anticipation).

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LA LENTE MARCHE DU CATACLYSME (A.J. WOODWIND)

Le résumé du livre

Woa, une klelech de la tribu Otokt, découvre un ancien campement abandonné depuis peu dans une forêt profonde. Et non loin d’un foyer presque éteint, une très jeune femme est endormie. Le lendemain, à leur réveil, les deux femmes font connaissance. L’étrangère s’appelle Mai. Elle parle une langue inconnue mais a de grandes dispositions pour très vite assimiler celle de Woa. De plus, elle ne semble pas avoir besoin de boire et mange des cailloux noirs. Sa peau est bizarre. Elle semble comme zébrée et luminescente. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Que fait-elle sur cette planète ? Woa pourra-t-elle la présenter à sa tribu ? Ne risque-t-elle pas d’être rejetée chez les parias si la rencontre ne se passe pas bien ?

Ma critique

« La marche lente du cataclysme » est un roman de science-fiction construit sous la forme de trois volets bien distincts, presque comme trois nouvelles ou novellas avec lieux et personnages différents, mais gardant pour fil rouge la personnalité particulière de l’héroïne May, sorte de superwoman, mi-humaine, mi-androïde, dotée de pouvoirs exceptionnels et d’une longévité hors normes. Dans la première partie, l’action démarre sur les chapeaux de roues. Dans la seconde, elle ralentit fortement. Le lecteur reste avec ses questions : qui est vraiment Mai ? Emissaire ? Ambassadrice ? De qui ? De quoi ? Pourquoi détruit-elle tout sur son passage ? La troisième et dernière partie finit par proposer quelques réponses. Malheureusement l’intrigue repose principalement sur de longs récits de combats, batailles, explosions et autres affrontements de sorte que le lecteur a le sentiment de se retrouver au cœur d’une narration de jeu video. Les tenants et aboutissants de cette histoire sont à peine esquissés, les personnages peu fouillés, la psychologie et toute ampleur géopolitique intergalactiques quasiment absentes, ce qui reste un brin frustrant pour l’amateur de SF friand de chocs des empires et d’épopées intersidérales. Comme on nage un peu dans le brouillard niveau compréhension, l’intérêt du curieux est maintenu tout au long des 625 pages de ce pavé, le style littéraire de qualité de l’auteur y est sans doute également pour quelque chose.

Ma note

3/5

DIVERSLOISIRS

QUEL EST ARBRE ? (TONY RUSSELL)

Le résumé du livre

Connaissons-nous vraiment tous les arbres qui nous entourent ? Savons-nous tous les reconnaître ? Savons-nous que les arbres sont les plantes les plus grandes et les plus anciennes présentes sur la terre ? Apparus il y a plus de 350 millions d’années, ils couvrent presque le tiers de la surface de notre planète. Il en existe plus de 80 000 espèces différentes. Sans eux pas de fruits, pas de graines, pas d’ombre l’été, pas d’abri pour la faune et pas d’atmosphère respirable. C’est dire l’importance de ces géants débonnaires.

Ma critique

« Quel est cet arbre ? » est un petit manuel particulièrement bien illustré (pas moins de 400 photos et 180 dessins) permettant à son possesseur de bien reconnaître tous les arbres. L’identification est principalement basée sur la forme des feuilles (lisse, ondulée, dentée, lobée, crénelée, épineuse, etc), mais aussi sur leur disposition (isolées, en verticilles, en ramules, en feuilles opposées ou alternes), leur écorce (très reconnaissable comme celles du bouleau ou du chêne), leurs fleurs ou leurs graines. En fin d’ouvrage, l’auteur propose un panorama récapitulatif permettant de s’y retrouver plus facilement ainsi qu’une liste des noms scientifiques (latins) et un glossaire expliquant les termes difficiles ou techniques employés. Ouvrage agréable à consulter, facile à emporter dans sa poche de blouson, donc à conseiller pour sa grande utilité.

Ma note

4,5/5

DIVERSLOISIRS

FAITES POUSSER VOS NOYAUX ! (HOLLY FARREL)

Le résumé du livre

Rien de plus simple et de plus ludique que de récupérer des noyaux ou des graines de fruits ou légumes et de s’amuser à les faire germer dans l’espoir d’obtenir un jeune arbre ou une plantule et peut-être, avec beaucoup de patience, de nouveaux fruits ou légumes. Du gros noyau d’avocat que l’on hérisse de trois allumettes pour le placer au-dessus d’un verre d’eau aux pépins de pomme, citron ou raisin qui germent dans le coton humide en passant par les graines de tomates, melon ou litchi, ce sont une vingtaine de plantes qu’il est possible de reproduire en allant tout bêtement les chercher dans nos cuisines !

Ma critique

« Faites pousser vos noyaux ! » est un petit opuscule bien illustré (de très jolies photos) plutôt destiné au jeune public. Pour chaque plante, une fiche détaillée montre comment prélever les graines ou noyaux, comment dépasser la dormance (en les plaçant au réfrigérateur un certain temps), comment les faire germer et comment mener à bien leur culture. Holly Farrel propose également d’évaluer deux critères, un de facilité et un de patience. En effet, à première vue facile et amusante, cette pratique peut en effet rencontrer quelques difficultés comme avec la datte, la figue ou l’olive. Autant la germination de la tomate, du melon ou de la pastèque est aisée, autant quelques autres sont aléatoires voire difficiles et donc sources de déception pour les enfants. Petit ouvrage utile et intéressant pour jardiniers en herbe !

Ma note

4/5

EXPLORATIONSPHILOSOPHIQUETEMOIGNAGEvoyages

SUR LES CHEMINS NOIRS (SYLVAIN TESSON)

Le résumé du livre

Après une vie aventureuse passée à courir le monde des sommets de l’Himalaya aux steppes de la Sibérie en passant par les déserts et les rizières de l’Asie, Sylvain Tesson a fini par se retrouver à un tournant de sa vie. Ayant abusé des boissons plus ou moins fortes, il entreprit d’escalader la façade du chalet d’un ami et fit une chute qui lui occasionna de multiples fractures ainsi qu’une paralysie de la moitié du visage. Après un long temps de coma et des mois d’hospitalisation, il décida d’une manière originale de rééducation : la traversée de la France du sud-est au nord-ouest c’est-à-dire du col de Tende à la frontière italienne à la pointe de La Hague, extrémité du Cotentin. Une randonnée pédestre de plus de deux mois entre le 24 août et le 8 novembre 2015.

Ma critique

« Sur les chemins noirs » est un récit de voyage doublé de réflexions philosophiques, politiques ou artistiques diverses et variées. Se voulant à la pointe du progrès et de la nouveauté, Tesson se découvre une aversion pour le goudron (il s’efforce de ne suivre que les chemins « noirs », les tracés fins des cartes IGN au 25 000e, sentiers, sentes, allées, drailles impraticables pour les engins motorisés), pour la manie du déplacement à tout prix, pour le tourisme de masse alternant ski l’hiver et plage l’été, pour les centres commerciaux, les ronds-points, les autoroutes, les téléphones portables autant de symboles d’un modernisme et d’un mondialisme envahissants. Il plaint cette France du désert rural, ces paysans qui se suicident de se retrouver sans avenir et sans espoir. Une réflexion de parfait réactionnaire… Ce livre charmant se dévore comme un roman. Il est court mais dense ne serait-ce que par toutes les allusions littéraires ou picturales. Qu’on y cherche pas un guide de randonnée ou un journal de bord. Tesson suit trop les voies de traverse, les sentiers de fantaisie. Il dort à la belle étoile tout en fréquentant les petits hôtels chaque fois que c’est possible. Il marche parfois en solitaire, mais est souvent escorté d’amis (Cédric Gras, Humann et autres) ou de Daphné, sa propre sœur sur certains tronçons. Au rythme lent de ses pas, l’ex-explorateur des horizons lointains découvre que l’aventure peut aussi se nicher dans un humble sentier de grande randonnée bien franchouillard !

Ma note

4/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE DERNIER VOL DU FAUCON (AXEL AYLWEN)

Le résuné du livre

En 1688, au royaume du Siam, le roi Naraï le grand, âgé de 60 ans et souffrant de crises d’asthme de plus en plus violentes sent sa fin arriver à grands pas. Comme il ne dispose pas de successeur valable dans sa famille, il envisage de demander à Pra Piya, son fils adoptif, de prendre sa suite. Mais pour cela, il faudrait que Yotatep, sa propre fille accepte de l’épouser, histoire de l’anoblir et de le rattacher ainsi à la lignée royale. L’ennui, c’est que celle-ci refuse catégoriquement, car elle en aime un autre et ne veut pas entendre parler d’une union avec un roturier sorti de rien et soupçonné de vouloir se convertir au catholicisme… Une dame anglaise, Nellie Tucker, accompagnée de son fils Mark, 16 ans, débarque au port de Mergui. Elle demande au gouverneur Ivatt l’autorisation de se rendre à la capitale Ayuthia. Ivatt remarque tout de suite que Mark ressemble étrangement à son ami Phaulcon… Sa mère l’a bien eu du Barcalon qui, à l’époque n’était qu’un jeune marin en partance pour l’Asie. Nellie, après Sunida et Maria. Trois femmes pour un seul homme : la situation se complique…

Ma critique

« Le dernier vol du faucon » est le troisième volet de la saga d’aventures exotiques et plus ou moins historiques du héros gréco-anglo-siamois. Parvenu au sommet de l’Etat et au comble des honneurs, le héros a accumulé haines et rancœurs autour de lui. Le général Petraja n’a de cesse de monter des complots et des intrigues pour se débarrasser de lui et des autres « farangs » qu’il soupçonne de vouloir coloniser son pays. Il est aidé par le cruel Sorasak, prince débauché et sadique, ainsi que par la faiblesse du roi qui n’a plus que de très brefs instants de lucidité. La fin de cette histoire où la roche tarpéenne est très proche du Capitole, est truffée de rebondissements plus ou moins invraisemblables. On échange les rôles, on se déguise, on se grime, on vous colle des masques sur la figure, on vous fait passer pour quelqu’un d’autre pour finalement parvenir à une fin controuvée et pas spécialement « happy », les méchants remportant la mise. Bilan final : un ouvrage divertissant et dépaysant, mais sans plus.

Ma note

3,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

L’ENVOL DU FAUCON (AXEL AYLWEN)

Le résumé du livre

En 1687, après moult intrigues et circonstances favorables, le très ambitieux Constantin Phaulkon est parvenu à se hisser jusqu’au sommet de l’état. Il a obtenu le titre de « Barkalon », c’est-à-dire premier ministre de Naraï, roi du Siam. La situation politique est assez complexe. Après la forte influence portugaise et musulmane, c’est au tour des Hollandais de s’implanter en force. Phaulkon commence par dévoiler les malversations et la corruption des Musulmans, les faisant tomber dans l’estime du prince mais s’en faisant des ennemis particulièrement acharnés. Il veut contrebalancer la puissance des Hollandais par celle des Anglais, puis par celle des Français. Il réussit même à obtenir l’aide du roi Louis XIV. Malheureusement, l’expédition envoyée va aller bien au-delà des espérances de Constantin et du roi…

Ma critique

« L’envol du faucon » est le deuxième tome de la trilogie du « Faucon ». Il relève toujours du registre roman d’aventures plus ou moins historiques. L’auteur profite de son excellente connaissance de l’histoire et des mœurs du royaume du Siam pour nous concocter une histoire pleine de rebondissements dont il est difficile de démêler l’authentique du romancé vu que les archives de l’époque ont disparu. Le lecteur pourra se divertir et s’amuser des efforts pitoyables des Jésuites en général et de l’expédition française en particulier pour essayer de convertir un monarque bouddhiste, ouvert à toutes les croyances, une sorte de précurseur du modernisme dans le domaine spirituel. L’alternance de scènes de bataille, d’intrigues et d’interludes amoureux, procédé largement utilisé dans le genre, fonctionne relativement bien, vu que le livre se lit facilement et agréablement. L’exotisme et l’érotisme toujours présents, espérons que l’ensemble tiendra la distance…

Ma note

4/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE FAUCON DU SIAM (AXEL AYLWEN)

Le résumé du livre

En 1679, dans le golfe du Siam, Constantin Phaulcon, capitaine du « Royal Lotus », jonque siamoise de 120 tonneaux, doit convoyer des ballots de draps pour le compte de la Compagnie anglaise des Indes. Avec ses collègues Ivatt et Burnaby, il compte réaliser de surcroit un beau coup de contrebande en faisant entrer au royaume du Siam, une série de canons de fabrication hollandaise. Phaulcon envisage de les vendre à une certaine reine de Pattani, musulmane ne voulant plus se soumettre au pouvoir central bouddhiste. L’ennui, c’est qu’après quelques révoltes péniblement mâtées de son équipage malais, la jonque fait naufrage et coule corps et biens avec les derniers espoirs de réussite de Phaulcon. Seul survivant du désastre avec ses deux acolytes, il se retrouve prisonnier du puissant gouverneur de Ligor qui veut leur faire avouer par n’importe quel moyen y compris la torture qu’ils menaient une action de contrebande. Heureusement la participation valeureuse de Phaulcon à un tournoi de boxe thaï, puis l’arrivée plus qu’opportune d’un éléphant blanc quasiment divinisé par les Siamois changent totalement la donne…

Ma critique

« Le faucon du Siam » est le premier tome d’une trilogie d’aventures historiques du temps des premiers établissements européens (successivement portugais, hollandais et anglais) dans cette partie de l’Asie. L’auteur, anglais qui se révèle excellent spécialiste de l’histoire et des coutumes thaïlandaises, reconnaît lui-même en introduction qu’il s’est inspiré de l’histoire, mais sans la suivre fidèlement car toutes les archives du Siam ont été détruites au XVIIIème siècle par les envahisseurs birmans. Il n’en demeure pas moins que cette lecture est particulièrement dépaysante et exotique. Le lecteur y découvrira des excès de raffinement, de délicatesse et de largeur d’esprit (toutes les religions sont acceptées sans la moindre discrimination) mêlés à des sommets de servilité (on ne se présente qu’à plat ventre devant le roi ou les mandarins) et de cruauté (châtiments d’une incroyable barbarie, tortures atroces…). S’il n’est que relativement historique, ce roman se rattrape sur les aventures, les rebondissements, les intrigues, ce qui permet de maintenir l’intérêt du lecteur tout au long d’un pavé de plus de 800 pages, qui se dévore en dépit de quelques longueurs. On suit avec grand intérêt l’ascension irrésistible du (super) héros doté de toutes les qualités (intrigant redoutable, diplomate hors pair, séducteur irrésistible et combattant courageux) ainsi que le déroulement de ses amours compliquées avec la sublime Sunida, son amante locale, et la très jeune et très charmante Maria, sa future épouse. Ouvrage de gare, de plage ou de « confinement » permettant de se divertir agréablement tout en enrichissant ses connaissances de l’Orient étrange et mystérieux.

Ma note

4/5

ESSAIS

L’ALIMENTATION VIVANTE, LA PREMIÈRE MÉDECINE (DR PASCAL TROTTA)

Le résumé du livre

Environ 85% des maladies sont dues à notre environnement. Seulement 15% peuvent être imputées aux seuls facteurs génétiques. D’où l’importance de notre mode de vie, de notre faculté à faire de l’exercice, à garder un bon moral et surtout à veiller à bénéficier d’une alimentation aussi vivante que variée. Si l’on veut réellement prévenir et aussi aider à guérir la plupart des maladies qui nous assaillent (cancers, allergies, dépressions, maladies auto-immunes dégénératives comme la maladie d’Alzheimer, intolérances alimentaires, douleurs chroniques et autres), une nutrition saine, vivante et variée reste la base de tout. Hippocrate n’a-t-il pas dit que l’aliment devait être le seul médicament ?

Ma critique

Cet ouvrage explique de manière simple et pédagogique tout ce qu’il faut savoir pour diminuer les risques de maladies ou améliorer durablement notre état de santé. Pour lui, la bonne nutrition doit devenir la première médecine, avant la médecine allopathique, basée sur la chimie et attachée depuis Pasteur à éradiquer les symptômes en négligeant le terrain (n’en déplaise à Claude Bernard) et avant la chirurgie qui ne devrait être que réparatrice suite à un accident par exemple. Le Dr Pascal Trotta s’inscrit dans la lignée de célèbres tenants des médecines douces comme Dextreit, Carton, Kousmine, Seignalet ou Schaller. Issu du monde de la radiologie, il a ajouté à leurs découvertes la technique de l’électroscanner intersticiel, court examen (4 mn) totalement inoffensif permettant de personnaliser le traitement du patient grâce à un diagnostic beaucoup plus précis. Cette méthode permet de mieux évaluer l’équilibre psycho-neuro-endocrino-immunologique du patient. Livre de vulgarisation agréable à lire, disposant d’une jolie présentation. Un bémol cependant : la présentation des compléments alimentaires proposés par son propre institut relève quand même un peu de la pub. Dommage également qu’il faille aller consulter le Dr Trotta en Espagne, à San Sebastian, où il a dû s’exiler, les autorités médicales françaises n’étant sans doute pas très favorables à ce genre de pratique.

Ma note

4,5/5

ROMAN

LES QUATRE VÉRITÉS (DAVID LODGE)

Le résumé du livre

Après un premier roman réussi, Adrian n’a plus jamais connu le succès. Du coup, il a abandonné le roman, et s’est contenté de produire des anthologies. Avec son épouse Eleanor, il s’est retiré dans un petit cottage à la campagne non loin de l’aéroport de Gatwick. Arrive à l’improviste Sam, leur ami d’université, qui a mieux réussi dans la production de feuilletons télévisés. C’est à ce titre qu’il a été interviewé par Fanny Tarrant, jeune journaliste effrontée, qui a vite compris les failles du personnage. Particulièrement vexé par l’article que cela a donné dans un journal du dimanche, Sam veut tenter de se venger par l’entremise de son ami Adrian. Celui-ci devra se laisser interviewer à son tour. À cette occasion, il devra essayer de tirer les vers du nez de la journaliste pour avoir la matière d’un article féroce qu’il pourrait écrire ultérieurement. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Ma critique

« Les quatre vérités » est un court roman ou une novella un peu longue (168 pages) tirée d’une pièce « The writing game » que l’auteur ne put produire que dans la région de Birmingham. Un procédé de recyclage plutôt inhabituel. L’inverse, l’adaptation au théâtre ou au cinéma, d’une œuvre littéraire étant nettement plus fréquente. Cette base scénique se sent tout au long de l’intrigue assez simplette mais avec une réelle unité de lieu, d’espace et de temps. Tout se passe dans le cottage d’Eleanor et Adrian. Les dialogues occupent la plus grande partie de la narration. David Lodge cesse dans cet ouvrage de fustiger le catholicisme pour s’intéresser au journalisme de scoop. Il en profite pour démonter cette nouvelle façon de procéder des interviewers faite d’insolence, de grossièreté, d’indiscrétions, d’agressivité pour ne pas dire de méchanceté pure. Pour gagner un brin de popularité, le pauvre auteur doit passer sous les fourches caudines d’une teigneuse par ailleurs assez fine mouche qui sait fort bien manipuler ses victimes. La fin, assez bien trouvée, un peu en forme de morale de fable, remet la balle au centre. Quant à l’humour dont l’auteur semblait si bien doté dans d’autres titres, il est assez peu présent dans celui-ci. Dommage.

Ma note

3/5

ROMAN

JEUX DE MAUX (DAVID LODGE)

Le résumé du livre

À Londres à la fin des années 50, un groupe de jeunes étudiants tente de vivre sa foi en respectant les préceptes de l’Eglise Catholique. Des amours s’esquissent timidement voire douloureusement, Dorothy et Adrian, Tessa et Edward, Miriam et Michaël, Angela et Dennis alors que quelques autres s’avèrent un peu déséquilibrés comme Violet ou sont tentés par les ordres, la prêtrise ou l’homosexualité. Les filles ne se donnent pas facilement. Les garçons sont maladroits et souvent frustrés. La norme est d’arriver vierge au mariage pour fonder de bonnes familles chrétiennes. Mais au fil des années et surtout avec le concile Vatican II et la révolution de mai 68, tout se délite et s’effiloche peu à peu. Les virginités se perdent, des enfants naissent, la peur de l’enfer disparaît, le culte évolue. Certains s’évadent, se trompent, se séparent, changent de cap. Et les prêtres ne sont pas les derniers à jeter aux orties soutanes et rigidités…

Ma critique

« Jeux de maux » est un roman social très proche du thème de la « Chute du British Museum », mais en moins drôle. David Lodge ne s’intéresse plus à un seul couple mais à toute une cohorte de gens, tous jeunes catholiques, tous inhibés par les contraintes imposées par l’Eglise de l’époque. Il décrit très intelligemment et très finement comment le carcan s’est peu à peu desserré et comment toute une société a basculé dans un libéralisme libertaire au niveau des mœurs et comment tout un monde ancien a disparu progressivement. Cette fois, David Lodge, apparemment très concerné par la problématique catholique, en voulant faire œuvre de sociologue, a un peu perdu de son humour si charmant et si british. On ne peut que le regretter.

Ma note

3/5

HUMOURROMAN

LA CHUTE DU BRITISH MUSEUM (DAVID LODGE)

Le résumé du livre

À Londres, au début des années 60, Adam Appleby passe ses journées au British Museum pour y préparer une thèse de troisième cycle de littérature anglaise. Avec son épouse Barbara, ils ont bien essayé de réduire leur fécondité en pratiquant la méthode des températures, mais ce fut un échec total. Leurs trois enfants, Clare, Dominic et Edward furent tous le résultat d’accidents de parcours ou de calculs donc de grossesses non désirées. Adam et Barbara, catholiques pratiquants, tenaient à respecter les préceptes de l’Eglise d’avant Vatican II. Mais ceux-ci leur pèsent d’autant plus que Barbara semble devoir être enceinte une quatrième fois alors que leur appartement est déjà trop petit pour quatre sans parler de difficultés financières insurmontables…

Ma critique

« La chute du Britih Museum » est un roman d’auto-fiction amusant construit sur le mode des pastiches et des parodies. Un lecteur averti pourra s’amuser à y retrouver les mânes d’auteurs prestigieux comme Franz Kafka, Graham Greene, Virginia Wolfe et de quelques autres. Tel fut le cahier de charges que s’imposa ou se permit David Lodge. C’est particulièrement bien réussi en ce qui concerne Kafka avec le renouvellement de la carte de bibliothèque de l’auteur qui bascule dans l’étrange et le fantastique. Quelques scènes cocasses, une certaine dose d’humour anglais et d’auto-dérision. Mais quand même pas le meilleur titre de ce charmant auteur.

Ma note

4/5

ROMANTERROIR

LA FERME DES COMBES (JEAN-PAUL ROMAIN-RINGUIER)

Le résumé du livre

Au début de l’autre siècle, à Paris, le petit Jacques âgé de sept ans, est le souffre-douleur des enfants de son école. Il n’a pas de père et sa mère, pauvre ouvrière, vient de perdre sa place pour ne pas avoir voulu se soumettre aux propositions indécentes de son contremaître. Mais bien vite, elle tombe malade et décède. Sans famille, Jacques est placé comme commis, à la ferme des Combes, dans un Limousin profond où vivent encore quelques meutes de loups. Il assume le travail de gardien de brebis pour le compte de Marcel et Geneviève Dufour, couple d’agriculteurs sans enfants, qui semble cacher un lourd secret…

Ma critique

« La ferme des Combes » est un roman de terroir de facture tout à fait classique. Toutes les cases du registre sont cochées : la vie ouvrière, l’orphelin abandonné et malmené, la vie paysanne rude et monotone, le régisseur du hobereau méchant à souhait, le double apprentissage de meunier et de forgeron, un incendie dramatique, quelques vols, larcins et autres mauvais coups pour accaparer la terre, sans oublier une idylle romantique avec la charmante et fraiche Marie. De quoi ravir les aficionadas du genre, mais fort peu d’autres. D’autant plus que la fin controuvée et invraisemblable, que l’on croirait sortie d’un roman feuilleton du XIXème, met une touche finale à cette impression de déjà vu pour ne pas dire de ressassé. Si on y ajoute que le style et le rythme narratif sont également sans ampleur ni originalité, on en arrive à un résultat final plutôt décevant.

Ma note

2,5/5

ROMAN

LES MOTS PERDUS DU KALAHARI (ALEXANDER MC CALL SMITH)

Le résumé du livre

À Gaborone (Botswana), Mma Precious Ramotswe assume la direction d’une modeste agence de « Dames Détectives » qui bat un tantinet de l’aile. Divorcée et mère de deux enfants adoptés, elle s’est récemment fiancée avec un garagiste calme et doux, nommé J.L.B.Maketoni. L’assistante de Precious, Mma Makutsi, mène une existence morne et sans amour et partage sa chambre avec son frère malade. Faute de clients, l’agence perd de plus en plus d’argent. Mma Makutsi songe à étendre l’activité à d’autres domaines comme le secrétariat ou l’apprentissage à la conduite. Et, pour ne rien arranger, une toute nouvelle agence vient concurrencer la leur. Elle est dirigée par un certain Cephas Buthelezi, un ancien de la PJ. Son slogan : « Confiez vos investigations à un homme » ressemble peu ou prou à une déclaration de guerre…

Ma critique

Bien que présenté au sein de la collection « Grands détectives » 10/18, cet ouvrage n’a pas grand-chose à voir avec le roman policier classique. Pas de meurtre, pas de cadavre, pas vraiment d’enquête pour trouver un hypothétique coupable. Ce n’est pas non plus un roman noir. Pas d’ambiance glauque, mais plutôt de la gentillesse, des bons sentiments, de la fraicheur, une sympathique naïveté. On serait plutôt dans le roman social ou sentimental. L’auteur s’attache en effet à décrire l’ambiance sans doute pas mal édulcorée d’une société apaisée, conviviale, pleine du charme suranné de vieilles traditions de respect mutuel. La petite histoire d’amour de Mma Makutsi et les remords d’un homme ayant abandonné sa petite amie enceinte forment la base d’une intrigue qui semble secondaire par rapport au propos général de l’auteur. Un moment de lecture agréable et dépaysant à apprécier comme tel.

Ma note

3/5

HUMOUR

CHÉRI, TU M’ÉCOUTES ? (NICOLE DE BURON)

Le résumé du livre

Petite chérie, fille cadette de l’auteure, débarque un jour à l’improviste chez ses parents alors qu’elle est partie depuis quelques années. Elle veut quitter Thomas, petit ami qui tape l’incruste dans l’appartement que les parents louent pour leur fille. En fait, Alizée est tombée amoureuse d’un beau danseur brésilien. L’ennui, c’est que les parents du jeune homme ne veulent en aucun cas d’une belle-fille blanche qui déparerait dans leur famille du plus bel ébène… Alizée est désespérée… le temps qu’un nouvel amoureux se profile à l’horizon… Du côté des anciens, rien ne va plus. Lilibelle, la toujours très coquette arrière-grand-mère, a tourné la tête d’un très vieil amiral plein aux as qui fréquente la même maison de retraite qu’elle. Les deux tourtereaux se font la belle pour aller convoler en juste noces à Las Vegas au grand dam de la famille de l’Amiral, laquelle craint pour sa part d’héritage… Et puis voilà que Matthias, fils de Grande Chérie s’est amouraché de Mélanie, adepte du Renouveau Charismatique, qui compte bien arriver vierge au mariage…

Ma critique

Que de situations cocasses ou amusantes dans « Chéri, tu m’écoutes ? », chronique familiale humoristique si joyeuse et enlevée qu’elle se lit comme un roman. Tout est d’une drôlerie absolue, roborative et sans méchanceté. Nicole de Buron sait grossir le trait sans jamais tomber dans la caricature. Tout est finement observé et après tout, sa famille un peu brindezingue ressemble à bien d’autres, même si elle fait partie d’un milieu aisé, bobo et snob à souhait. Le style de l’auteur est agréable et bien rythmé avec une originalité : elle utilise la deuxième personne du pluriel pour parler d’elle-même. Il n’y a pas à proprement parlé d’intrigue, mais une suite d’anecdotes et de saynètes toutes plus joyeuses et humoristiques les unes que les autres, montant crescendo jusqu’à une fin en apothéose avec le remariage délirant et déjanté de Grande Chérie avec Monsieur Gendre n°2. Un régal. À découvrir ou redécouvrir ne serait-ce que pour ne pas oublier cette grande dame de l’humour français récemment disparue.

Ma note

4,5/5

NOUVELLES

LA ROSE DE BLIDA (YASMINA KHADRA)

Le résumé du livre

Dans les années soixante, Mohamed a intégré l’école militaire des cadets de la Révolution de Koléa (Algérie). La discipline y est particulièrement stricte, les châtiments corporels y sont monnaie courante. Le jeune homme ne s’y plait pas. Il s’est construit un abri dans le bois attenant où il cache des habits civils lui permettant de faire le mur. Il s’invente des aventures avec des filles alors qu’il n’arrive à rien. Un jour, il voit débarquer la mère d’un nouveau. Il la trouve particulièrement charmante et en tombe immédiatement amoureux en dépit de l’importante différence d’âge. Il fera tout pour la rencontrer et faire sa connaissance…

Ma critique

« La rose de Blida » est une longue nouvelle ou une courte novella sur le thème des amours difficiles entre un ado et une femme mûre, une sorte de « Diable au corps » en version platonique, algérienne et un tantinet poussiéreuse. L’ambiance dans ce « Saint-Cyr » version FLN est particulièrement bien rendue dans toute sa cruauté et sa mesquinerie bas de plafond. Si on fait exception du petit héros qui n’est qu’un avatar de l’auteur, fils d’officier, qui a suivi lui-même cette filière et pour qui on a immédiatement de l’empathie, les autres personnages manquent un peu de consistance. Le style de l’auteur ne semble pas être au mieux de sa forme. Peut-être ce texte est-il ancien ou publié de façon un peu légère ? Toujours est-il qu’on peut y relever un certain nombre de coquilles et diverses fautes de français au détour de quelques pages. Dommage. Pas le meilleur Khadra et de loin !

Ma note

3/5

FANTASTIQUEHORREUR

LA NUIT DU FORAIN (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

En Pennsylvanie, Ellen vit dans une caravane avec son mari Konrad et leur fils Victor qui semble souffrir d’un important handicap. Issu du milieu des gens du voyage, ce qui n’est pas le cas d’Ellen, Konrad aime beaucoup son fils aussi repoussant soit-il. Ellen cherche oubli et réconfort dans l’alcool. Elle en arrive à craindre les crises de colère du nourrisson repoussant de laideur. Un jour, c’est le drame. L’enfant l’agresse et la griffe si fort qu’elle réagit violemment et le tue par accident. Konrad en devient fou furieux. Il frappe sa femme, manque de la tuer, puis finalement se calme. Il se contente de la bannir de la tribu en lui promettant que si un jour elle a des enfants, il la retrouvera à quelque endroit qu’elle se trouve sur cette planète pour leur faire subir le sort du malheureux Victor. Quelques années plus tard, Ellen a refait sa vie. Elle a d’abord eu Amy puis le petit Joey. De son côté, Konrad, toujours patron du Train Fantôme, est le père de Gunther, un colosse aux facultés intellectuelles plus que limitées, mais dont il veut qu’il soit l’instrument de sa monstrueuse vengeance. Parviendra-t-il à ses fins ?

Ma critique

« La nuit du forain » est un roman de terreur aux limites du gore, du fantastique et du satanique. On n’est pas loin du thème de « Rosemary’s baby » avec ce bébé monstrueux plein de griffes et de poils avec des allusions à « Frankenstein » avec ce géant débile et dangereux terrorisant les gens avec son masque de Boris Karloff. Un excellent Dean Koontz qui se dévore comme un véritable « page-turner ». On tremble pour la petite Amy et pour le gentil Joey. On est plein d’empathie pour la pauvre Ellen en dépit de son penchant nettement trop important pour la vodka orange et de son obsession pour les bondieuseries. Celles et ceux qui aiment se faire peur, être la proie de sensations fortes apprécieront certainement ce divertissant ouvrage.

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

CHASSE À TOURS (PHILIPPE-MICHEL DILLIES)

Le résumé du livre

De nuit, une jeune femme reprend conscience dans un parc. Elle n’a plus aucun habit sur elle et ne se souvient de rien. Au cimetière de Tours, Charles Wenz vient rendre un dernier hommage à son ami, Bernard Wooz, détective franc-maçon décédé apparemment de crise cardiaque. Oscar Kerlok, commandant de police grand admirateur de Sherlock Holmes est nommé au SRPJ de la ville. Il s’y présente chevauchant une énorme Harley-Davidson et investit les lieux avec tout un mobilier personnel de style victorien. Dans une remorque abandonnée, un cadavre est retrouvé. C’est celui d’une jeune femme sans le moindre sous-vêtement, le corps criblé de piqûres d’insectes. Un peu plus tard, c’est au tour d’un clochard d’en découvrir un second en semblable état.

Ma critique

« Chasse à Tours » est un thriller de facture classique, bien mené et fort agréable à lire même si le lecteur se doute dès le début de la manière dont toute l’histoire va se terminer. La singularité de cet ouvrage tient sans doute aux descriptions de la ville de Tours et de quelques autres sites de la région. Les personnages sont classiques et sans grande originalité si ce n’est une propension à se délecter des whiskies les plus rares. Tout ça est un peu insuffisant pour sortir du lot. Mais ça reste néanmoins distrayant comme un roman de gare, vite lu, vite oublié.

Ma note

3/5

ESSAIS

PSYCHOLOGIE DU SOCIALISME (GUSTAVE LE BON)

Le résumé du livre

Qu’est-ce que le socialisme ? Le communisme ? Le collectivisme ? L’étatisme ? Autant d’idéologies en « isme » qui s’illustrèrent au XXème siècle dans l’URSS de Lénine et Staline, dans la Chine de Mao Tsé Toung jusqu’à nos jours, au Viet-Nam, au Cambodge avec ses monstrueux Khmers Rouges, dans l’île de Cuba et nombre d’autres lieux de par le vaste monde. Bien avant l’apparition de ces sinistres régimes, Gustave Le Bon, pressentant les funestes développements du socialisme, en tente une analyse par le biais de la psychologie des masses et imagine ses futurs développements. Comme définition, il propose « une croyance à forme religieuse plus qu’une simple doctrine. » Relevant de ce domaine, son absurdité peut alors disparaître. Elle ne relève plus ni de la raison ni du bon sens. On peut entrer allègrement dans tous les dénis de réalité. Le seul ennui, c’est que cette religion ne promet plus le bonheur après la mort, mais bien ici et maintenant sur cette terre, dans cette vie, ce qui est bien plus difficile à réaliser. D’où les inévitables dérives dans la barbarie (la Terreur de 1793) puis dans la dictature (Napoléon Bonaparte, Staline, Mao, Pol Pot et autres Ceausescu ou Enver Hodja), sans grand avantage pour le pauvre peuple manipulé et berné du début à la fin.

Ma critique

« Psychologie du socialisme » est un essai de référence publié en 1898. Avec une remarquable intelligence et une admirable perspicacité, Gustave Le Bon décortique le phénomène et imagine ses possibles répercussions. Pour en vacciner ses contemporains, il imagine même que ce socialisme s’instaure durablement dans un pays, si possible pas le sien, qu’il y échoue lamentablement et qu’ainsi soit démontrée par l’absurde l’aberration qu’il représente. Nous avons été témoins de tout cela. L’ennui, c’est que la bête est toujours vivante, qu’elle a su renaître de ses cendres, muter sous différentes formes de gauchismes, capitalo-communisme à la chinoise, ou libéral-libertarisme à l’anglo-saxonne. L’ouvrage est daté, la démonstration repose sur les données de l’époque encore marquée par la Commune de Paris. Les citations de Proudhon sur le sujet sont sans appel tant elles font froid dans le dos. Un document géo-politique de premier ordre qui peut encore servir de référence et de base d’argumentation tant on y apprend de choses. Un exemple entre autres : les colonies coutaient à la France 110 millions par an et ne rapportaient qu’environ 7 millions alors que la Grande-Bretagne qui gérait des territoires autrement plus vastes le faisait avec beaucoup moins de fonctionnaires et une bien meilleure rentabilité !

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

HISTOIRE DE LA CONQUËTE DE L’ESPAGNE PAR LES ARABES (JULES LACROIX DE MARLES)

Le résumé du livre

Au VIIIème siècle, l’Espagne, précédemment conquise par les Goths, n’est plus la prospère province romaine qu’elle fut au temps de l’Empire. Divisés entre tribus rivales, ces conquérants sont perpétuellement en lutte les uns contre les autres. Fiers de leur race, ils ne se mélangent pas avec les autochtones. Ils les réduisent même souvent en esclavage et ne leur reconnaissent aucun droit. Sentant le contexte favorable, Tarik organise une première expédition sur ce territoire bon à prendre. Il débarque près d’Algésiras et remonte jusqu’à la hauteur de Calpe sans rencontrer la moindre résistance, ce qui l’encourage à rassembler un plus important corps expéditionnaire pour démarrer la conquête. Le roi Roderick tente de barrer la route à cette invasion arabe, mais, sans le moindre soutien populaire, il n’y parvient pas. Tarik s’empare de Séville. Roderick rassemble une armée de 90 000 hommes. La bataille de Guadalete représente trois longs jours de combats acharnés. Les Arabes ne sont plus très loin de perdre pied quand Tarik les exhorte à reprendre courage et à repartir à l’assaut. Montrant l’exemple, il s’élance en avant de ses troupes, se précipite sur Roderick et lui transperce la poitrine d’un coup de lance. La mort du roi est le signal d’un horrible massacre. Le champ de bataille est bientôt couvert de milliers de cadavres de Goths…

Ma critique

« Histoire de la conquête de l’Espagne par les Arabes » est un essai historique de référence basé sur un travail de recherche remarquable. Pas de fantaisie, rien de romancé, rien de fantasmé. Les faits, rien que les faits. La réalité d’une conquête, d’une occupation, d’une colonisation qui fut loin d’être une longue période de bonheur, luxe, calme et volupté dans les délices d’un idyllique « vivre ensemble » sous la houlette bienveillante du croissant et de l’étoile. Ce ne fut qu’une longue suite de combats, de tueries, de sièges de villes, de barbaries en tous genres. Fiefs, provinces, et petits royaumes passant d’une faction à une autre, d’une tribu à une autre. En effet, si les Goths et plus tard les Chrétiens mirent très longtemps à s’unir et à faire front commun contre l’envahisseur, du côté opposé, de par les ambitions des uns et des autres et surtout des origines ethniques (Egyptiens, Syriens, Berbères, Arabes, Turcs, etc.), les colonisateurs n’étaient pas en reste. De telle sorte qu’une période de paix de deux ou trois ans après des années de guerre était aussi rare que bienvenue. On comprend que le peuple espagnol, éternel sacrifié de cette affaire, ait fini par soutenir ses princes et enclencher une « Reconquista » qui fut aussi longue que douloureuse. Un livre un peu aride d’abord, mais fort utile, ne serait-ce que pour remettre les pendules à l’heure sur cette période particulière de l’histoire de l’Espagne.

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

LES TEMPLIERS ET L’AGRICULTURE (LAURENT DAILLIEZ)

Le résumé du livre

À l’entrée du village de Montmeyan, se trouve un panneau indiquant que la mairie, la poste et l’école sont chauffées selon les méthodes de Jean Pin, lequel se déclara dans les années soixante de l’autre siècle inventeur d’une méthode révolutionnaire de compostage et de chauffage à l’aide de branchages et d’aiguilles de pin. En réalité, ce procédé est presque vieux comme le monde. L’auteur a découvert des documents prouvant qu’en leur temps, les Templiers l’utilisaient déjà pour améliorer les terres souvent très pauvres dont ils héritaient. Ils disposaient même d’une dizaine de méthodes différentes de compostage…

Ma critique

« Les Templiers » et l’agriculture est un court essai historique parfaitement technique et sourcé qui fera découvrir bien des choses au lecteur. Ainsi apprendra-t-il que les Bill Mollison et autres permaculteurs, grands novateurs en agriculture, ne font que remettre au goût du jour des techniques pluri-centenaires. Un simple retour aux sources. Les paillages, les amendements par fumier animal uniquement, le respect de la terre, des cycles lunaires, le refus des labours profonds et même le non travail du sol sur un rythme tri-annuel, tout cela et bien d’autres choses encore était déjà théorisé et pratiqué à cette époque. Ouvrage intéressant pour qui s’intéresse aux pauvres chevaliers du Temple et à la permaculture…

Ma note

3/5

FANTASTIQUEHUMOUR

QU’EST DEVENU L’HOMME COINCE DANS L’ASCENSEUR ? (KIM YOUNG-HA)

Le résumé du livre

Un matin, Jeong Sugwan se lève en ayant la pénible impression que toute sa journée ne va être qu’une suite de galères. Et ça ne manque pas d’arriver ! En pleine séance de rasage, son beau rasoir Gillette tout neuf tombe en panne, lui laissant la moitié du visage non rasé. Quand il veut prendre l’ascenseur, celui-ci est en dérangement avec un homme bloqué à l’intérieur. Au moment de monter dans le bus, il s’aperçoit qu’il a oublié sa carte chez lui. Pendant qu’il parlemente avec le chauffeur, le conducteur d’un poids lourd perd le contrôle de son véhicule qui finit sa course en percutant le bus. Et quand enfin Jeong arrive fort en retard à son bureau, voilà qu’il se retrouve bloqué à son tour dans un ascenseur en compagnie d’une jeune collègue… Une jeune femme se marie avec un drôle de prétendant. Il n’a que peu d’intérêt pour les choses du sexe. Il ne la pénètre jamais. D’ailleurs, il déclare ne pas vouloir d’enfant. Sa jeune épouse le soupçonne d’être un immortel ou un vampire qui aurait renoncé à se sustenter de sang frais…

Ma critique

Cet ouvrage venu de Corée est un recueil de quatre nouvelles bien écrites et agréables à lire, toutes dans un registre étrange et fantastique, mâtiné d’une certaine dose d’humour. La première, celle de l’homme dans l’ascenseur est sans conteste, la plus réussie et la plus drôle. La deuxième, « Vampires » est la plus fantastique, mais d’un intérêt moindre. La troisième, « L’amour à haute tension » avec cette histoire d’homme devenant de plus en plus invisible à mesure qu’il tombe de plus en plus amoureux, est tout aussi réussie que la première et atteint même le niveau du conte philosophique. La dernière « L’homme qui n’avait pas d’ombre » présente pas mal de similitudes avec la précédente. L’ensemble est divertissant sans plus. N’en déplaise au commentaire dithyrambique de la quatrième de couverture, (« Entre Kafka et Buster Keaton, des nouvelles scintillantes d’humour noir. Un régal !), le lecteur restera plus réservé. Non, Kim Young-ha, charmant tâcheron du fantastique, n’est en aucun cas à placer au niveau de Kafka, Poe, Ionesco ou Marcel Aymé, mais plusieurs étages en dessous !

Ma note

3/5

HUMOUR

MON AUTOPSIE (JEAN-LOUIS FOURNIER)

Le résumé du livre

Jean-Louis Fournier a passé le cap des 80 ans. Il imagine comment va se dérouler sa mort. Il ne croit plus trop à une vie dans l’au-delà. Comme il a fait don de son corps à la science, il sait qu’il va se retrouver dans un des tiroirs de la morgue, totalement nu, dans l’attente qu’un étudiant en médecine veuille bien s’intéresser à son sort. Il est choisi par une jeune et jolie étudiante qu’il prénomme Egoïne, car elle a vite fait de s’emparer d’une de ses mains et de la détailler en osselets. Ce séjour dans l’antichambre de la mort sert de prétexte à Fournier pour faire le point sur sa vie, ses amours, ses emmerdes. Sa femme morte brutalement. Ses deux fils handicapés. Sa fille perdue de vue depuis qu’elle est devenue membre d’une secte vaguement christique. Seules consolations, ses succès littéraires, entamés dès son premier ouvrage, sa « Grammaire française et impertinente ».

Ma critique

Dans « Mon autopsie », l’auteur poursuit son auto-fiction jusqu’au-delà de la mort. Bien que le thème soit sinistre au possible, il parvient une fois encore à faire entendre sa petite musique impertinente et décalée. Humour et auto-dérision encore et toujours. Mais cette fois peut-être avec nettement moins de légèreté qu’à l’ordinaire. Il revient sur nombre d’épisodes déjà racontés dans ses précédents ouvrages. Seule nouveauté : une allusion à sa collaboration avec Desproges. Le style est toujours aussi magnifique, dépouillé, minimaliste et efficace. Et le lecteur retrouve cette fois encore, au fil des pages et au détour des paragraphes, nombre de pépites qui font de cette lecture un régal. « Grâce à Dieu, des mauvaises pensées, j’en aurai eu toute ma vie, elles auront été le meilleur remède à mes angoisses, elles m’auront aidé à vivre. »

« Notre société prône la modération, elle interdit déjà le sel, bientôt la vie n’aura plus de goût. Je suis parti au bon moment. »

Même s’il peut agacer avec son narcissisme ou avec sa manie de vouloir faire rire de bien tristes choses, il faut absolument lire Fournier, l’un des derniers représentants de l’esprit français.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

QUE MANGER POUR ÊTRE EN BONNE SANTE, MINCE ET RESTER JEUNE (GREGOIRE JAUVAIS)

Le résumé du livre

Toute la problématique du livre est résumée dans son titre lequel précise d’ailleurs qu’il propose également de rester mince et jeune. Tout un programme ! Pour Grégoire Jauvais, pionnier de la naturopathie française et disciple du célèbre Marchesseau, il faut tout d’abord se poser la question du soit disant régime omnivore. Notre organisme est-il programmé pour nous permettre de manger tout et n’importe quoi, viande, fruits, légumes, céréales, produits laitiers, préparations industrielles diverses et variées qui ne méritent même plus le nom de nutriment ? Si l’on s’en réfère à l’architecture de notre système digestif (longueur de l’intestin, configuration de l’estomac, mâchoire, etc.), notre régime devrait se rapprocher de celui des singes, c’est-à-dire principalement frugivore avec une grosse partie de légumes crus et une très petite portion de viande également crue. L’homme n’ayant ni la panse du bovidé ni son interminable intestin n’est en aucun cas un herbivore. Il n’est pas non plus un granivore, car il ne dispose pas de jabot-gésier des oiseaux. Et pas non plus un carnivore, car son intestin est beaucoup plus long que celui des félins…

Ma critique

« Que manger pour être en bonne santé, mince et rester jeune » est un essai de présentation plutôt fouillé de la naturopathie d’un point de vue théorique et pratique. Le lecteur apprend énormément de choses non seulement sur la diététique ou plutôt la nutrition, sur les maladies et sur la somatisation sous tous ses aspects. S’inspirant de Claude Bernard qui, le premier s’opposa au pasteurisme en proclamant que le terrain était tout et le microbe rien, Jauvais démontre avec brio que la voie allopathique avec ses médicaments chimiques traite en masquant plus ou moins les symptômes sans réellement soigner. Le but étant de reconquérir la bonne santé ou de s’y maintenir, ce n’est pas en ingérant toutes ces drogues qui rapportent une fortune aux groupes pharmaceutiques que l’on va y parvenir, mais en réformant ses pratiques dans tous les domaines : nourriture, sommeil, exercice et état d’esprit général. La partie théorique est intéressante, accessible et difficilement réfutable. La partie pratique présente de manière claire et concise toutes les mesures à prendre ainsi que toutes sortes de recettes pour parvenir à une nourriture végétale, vivante et variée. Un seul bémol, Jauvais est un peu difficile à suivre quand il part sur la piste de la lumière, des corps éthérés et autres énergies subtiles (prana?). Le lecteur aurait eu besoin qu’on éclaire un peu plus sa lanterne !

Ma note

4/5

ROMANCETHRILLER

SANG FROID (ALEX KAVA)

Le résumé du livre

Dans le couloir de la mort de la prison de Lincoln (Nebraska), le père Stephen Francis entend en confession Ronald Jeffreys, condamné en passe d’être exécuté. Celui-ci reconnaît avoir tué après l’avoir violé le petit Bobby Wilson, puis avoir découpé son cadavre en morceaux, mais rejette fermement la responsabilité des deux autres assassinats d’enfants qu’on lui a également collé sur le dos pour faire bonne mesure. Si ce monstre dit vrai, cela signifie qu’un autre psychopathe, peut-être encore pire que lui, est toujours en liberté avec tous les risques de récidive que cela représente. Et justement, voilà qu’à Platte City le cadavre d’une nouvelle petite victime est découvert dans la boue d’un champ marécageux par l’équipe du shérif Nick Morelli. Il pourra bientôt bénéficier du concours de Maggie O’Dell, profileuse du FBI…

Ma critique

« Sang froid » se présente comme un thriller de facture classique, bien mené et agréable à lire. Alex Kava coche toutes les cases du genre : intrigue glauque à souhait, accumulation de cadavres, tortures, sadisme en tous genres. Un suspect assez évident mais avec un doute quand même, histoire de maintenir suspens et intérêt et ultime rebondissement à la toute dernière page. L’ennui, c’est que passé une centaine de pages, le lecteur finit par se rendre compte que le sujet principal n’est en fait qu’un prétexte pour développer une historiette d’amour parfaitement formatée « Harlequin » avec ses bergères rencontrant des princes, ses aide-soignantes amoureuses de grands chirurgiens, ici le beau shérif à la carrure de cow-boy de cinéma soupirant pour l’enquêtrice sexy mais un brin traumatisée. C’est la marque de fabrique de la maison d’édition en question. Il y a un public qui en raffole dont votre serviteur ne fait pas vraiment partie.

Ma note

3/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

FOUTEZ-VOUS LA PAIX ! ET COMMENCEZ A VIVRE (FABRICE MIDAL)

Le résumé du livre

Cessez de méditer. Ne faites rien.

Cessez d’obéir. Vous êtes intelligent.

Cessez d’être sage. Soyez enthousiaste.

Cessez d’être calme. Soyez en paix.

Cessez de vous réfréner. Désirez.

Cessez d’être passif. Sachez attendre.

Cessez d’être conscient. Soyez présent.

Cessez de vouloir être parfait. Acceptez les intempéries.

Cessez de chercher à tout comprendre. Découvrez le pouvoir de l’ignorance.

Cessez de rationaliser. Laissez faire.

Cessez de vous comparer. Soyez vous-même.

Cessez d’avoir honte de vous. Soyez vulnérable.

Cessez de vous torturer. Devenez votre meilleur ami.

Cessez de vouloir aimer. Soyez bienveillant.

Cessez de discipliner vos enfants. La méditation n’est pas de la Ritaline.

Ma critique

« Foutez-vous la paix » est un agréable manuel rempli de judicieux conseils de bien-être. L’ouvrage se présente sous forme d’une quinzaine de principes simples succinctement développés et d’abord facile. Une sorte de vulgarisation sans prétention d’une forme de philosophie hédoniste, sans prise de tête, bien dans l’air du temps. Il est vrai que nous sommes tous formatés dès l’enfance, abrutis de pensée unique, bourrelés de complexes et de principes et craignant tous de déroger à une doxa de plus en plus prégnante et intrusive par le biais des médias, de la publicité et autres vecteurs de manipulation mentale. L’auteur ramène assez souvent la généralité à lui-même, à ses origines et aux persécutions subies par son peuple. Il n’en demeure pas moins que tous ces principes sont universels. La nuance est parfois évidente, parfois subtile voire paradoxale. Quant à la mise en œuvre dans le monde réel, si elle est souhaitable, n’est pas forcément aisée. Tout ceci tourne quand même beaucoup autour de la méditation que l’auteur enseigne depuis des années et qui, semble-t-il ne serait pas tout à fait ce que l’on s’imagine généralement. Au total, un ouvrage intéressant bien qu’un peu superficiel par certains aspects.

Ma note

3,5/5

HORREURROMANTHRILLER

L’ESCALIER DU DIABLE (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Toujours à la recherche des responsables de l’étrange épidémie de suicides dont son mari a été victime, Jane Hawk sollicite l’aide de Sarah Holdsteck qui a fait fortune sur le marché immobilier avant de subir un divorce des plus cruels. Son ex, Simon Yegg s’est vengé de manière particulièrement déplaisante… Trois inconnus s’introduisent dans le pavillon du jeune Sanjay et s’apprêtent à lui injecter le fameux liquide contenant les funestes nano-particules quand sa jumelle, Tanuja, intervient à temps en les arrosant d’insecticide. Mais ce n’est que reculer pour mieux sauter… Les informations données par Sarah permettent à Jane de remonter jusqu’à un certain Hendrickson qui se placerait au plus haut niveau de la société secrète responsable de toute cette monstrueuse manipulation…

Ma critique

Suite de « Dark Web » et de « La chambre des murmures », « L’escalier du diable » est le troisième volet des aventures de Jane Hawk. On reste dans le registre du thriller, mais cette fois avec un côté nettement plus gore que dans les deux précédents. On franchit encore quelques degrés de plus dans l’horreur avec cet escalier grand guignolesque. L’affaire prend de l’ampleur à tous points de vue. Le lecteur subodore un complot d’envergure avec des retentissements insoupçonnés. Le suspens est toujours aussi présent, les rebondissements toujours aussi nombreux et le rythme de narration toujours aussi haletant. Le livre ne se lit pas, il se dévore ! Un authentique « page-turner » ! Ce diabolique Dean ne relâche jamais la pression. Et à mon avis, il doit encore en avoir sous la pédale car cet opus n’est pas du tout le dernier de la série. Il semble qu’il y en ait encore deux à venir : « The forbidden door » et « The night window », déjà parus aux Etats-Unis. À moins d’aller vite les lire dans la langue de Mark Twain, il va nous falloir attendre que « L’Archipel », l’éditeur français, veuille bien nous les traduire et nous les proposer, pour enfin découvrir le dénouement de cette saga hors norme.

Ma note

2,5/5

ROMANTERROIR

LES COUSINS BELLOC (JEAN ANGLADE)

Le résumé du livre

En 1918, Vincent et Mauricet sont deux jeunes orphelins auvergnats de 11 et 12 ans, très proches et très complices. Leurs mères sont succombé à la grippe espagnole et leurs pères sont morts pour la France dans les combats de la guerre de 14. Ils ont trouvé refuge à Arlanc, chez leurs grands-mères respectives, Félistine, la fabricante artisanale de chapelets et Yolande, la dentellière. Très vite, ils sont placés d’abord comme apprentis tailleurs de pierre sur un chantier de restauration du château de Montboissier puis comme charcutiers et comme pâtissiers dans la bonne ville de Riom, haut lieu des dernières exécutions capitales. Leur entourage s’étonne qu’ils soient si inséparables et qu’ils s’intéressent si peu au beau sexe…

Ma critique

« Les cousins Belloc » est un roman de terroir d’un style assez particulier. L’intrigue tiendrait sur un timbre poste. Tous relativement stéréotypés, les personnages n’ont quasiment aucune épaisseur. Les digressions géographiques, historiques, biologiques, touristiques voire sémantiques sont innombrables. Il faut dire que le patriarche des lettres auvergnates, récemment disparu à l’âge canonique de 102 ans, véritable puits de science sur sa région, pouvait se montrer intarissable sur bien des particularités locales comme des paroles de chansons traditionnelles, la recette du vin aux noix ou les vingt façons d’accommoder les œufs, ce qui peut être intéressant dans un guide touristique ou une étude régionaliste, mais qui alourdit fortement une histoire manquant déjà singulièrement de rythme et de profondeur. En réalité, cette histoire de cousins n’est que le prétexte permettant d’introduire quelques thèmes d’une brûlante actualité comme ceux de la reconnaissance de l’homosexualité ou de l’adoption d’enfants par les paires, hors sujet à l’époque (années 50/60) et d’ailleurs parfaitement illégale même quand il s’agit de deux petites orphelines handicapées haïtiennes. En résumé, pas le meilleur opus de ce prolifique auteur tombé sur le tard dans l’anachronisme avec tous les poncifs du politiquement correct. Dommage.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUE

MES CONTES DE CHOUANNERIE (JEAN DE LA VARENDE)

Le résumé du livre

En 1794, Hedwige Langlois, cavalière normande et commerçante allant de villages en villages pour placer les poteries produites par ses frères, prend fait et cause pour la révolte chouanne. Elle n’a alors plus qu’une peur, mourir guillotinée. Aussi quand elle est arrêtée et condamnée à mort, elle parvient à prévenir ses frères. Pendant son transfert, lors de la traversée d’une forêt, son plus jeune frère, qui se destinait à la prêtrise, l’abat d’un coup de feu pour lui épargner cette honte… À Rouen, Madame de Combray doit subir le châtiment moyenâgeux du pilori. Aussitôt, toutes les dames de la ville se mettent en grande toilette pour venir tenir compagnie à la pauvre vieille chouanne liée au poteau d’infamie… Pour aider un prêtre réfractaire, un Chouan doit cacher des hosties consacrées. Mais il est pris en chasse par les Bleus avant d’avoir pu accomplir sa mission. Il a juste le temps de les enterrer n’importe comment avant d’être capturé. Il va être relâché faute de preuves quand un chien les découvre. Alors les soldats se déchainent. Ils piétinent les hosties, crachent dessus. Mettent à nu le Chouan, lui collent les hosties sur tout le corps et lui tirent dessus avant d’abandonner aux loups son cadavre attaché à un arbre…

Ma critique

Contrairement à ce que pourrait faire croire son titre, cet ouvrage n’est pas du tout un recueil de contes. Toutes ces histoires sont véridiques et appartiennent à la triste histoire de la Chouannerie, laquelle eut lieu en Normandie et en Bretagne. À ne pas confondre avec la Vendée militaire, même si l’esprit de révolte du peuple contre une révolution qui, niant Dieu, le Roi et même la propriété, bouleversait définitivement l’ordre ancestral, les mœurs et les croyances du pays réel, était le même. Ces « jacqueries » ne furent pas uniquement l’apanage des territoires de l’Ouest. Il y en eut de semblables en Provence, dans le Languedoc, le Lyonnais et même dans le Nord de la France. Toutes finirent dans le sang. Il y a à boire et à manger dans ce recueil, articles de journaux, résumés de vie de grands chefs chouans tels Frotté ou Madame de Berry, aventures de personnages cocasses ou tragiques tels Joseph Culcu, anecdotes, descriptions diverses et variées. Le seul fil rouge reste la Chouannerie, mais vue par petites touches, de manière quasi-impressionniste. Que de belles et tristes histoires de fidélité, de grandeur, de sacrifice et de dévouement jusqu’à la mort. Un tel ouvrage peut servir d’introduction sur le sujet et donner envie au lecteur d’approfondir sa connaissance de la plus honteuse des pages de l’histoire de la République, celle où, après avoir tué le Roi, persécuté l’Eglise et guillotiné les nobles, les révolutionnaires faisaient tirer sur le peuple.

Ma note

4/5

ESSAIS

J’AI TIRE LE FIL DU MENSONGE ET TOUT EST VENU (PHILIPPE DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Que penser des « Pères fondateurs » de l’Union Européenne ? Les deux prétendus inspirateurs : Jean Monnet, cet homme d’affaire plus anglo-saxon que français, qui fut l’homme des Américains, lesquels financèrent cette « construction » sous le paravent de la Fondation Ford et de quelques autres… Robert Schuman, mosellan dont la famille opta pour l’Allemagne en 1870, enrôlé dans les services de la Wehrmacht, ministre sous Pétain, frappé d’ « indignité nationale » à la Libération et finalement gracié par de Gaulle. Le premier président de la Commission, Walter Hallstein ancien officier instructeur de la doctrine nazie avant d’être « dé-radicalisé » aux Etats-Unis et recyclé comme un certain nombre d’autres. De drôles de cocos et une idéologie qui remonte donc à la « Grande Europe » d’Hitler et à l’école d’Uriage de Vichy. Les dossiers commençant à être déclassifiés, Villiers et son équipe ont pu faire parler les archives. Bien des vérités dérangeantes comme celle-ci leur apparurent…

Ma critique

Cet ouvrage est une enquête sérieuse, sas concession et parfaitement documentée. En fin de volume une centaine de pages regroupant les fac-similés de tous les documents en attestent. Depuis le début, on nous a menti. Les preuves sont là, devant nos yeux ! L’Europe puissance n’existe pas. Elle n’a jamais existé et elle n’existera jamais. Par contre, délocalisations, chômage, fiasco économique et immigration de masse sont bien là. Tout comme chez Orwell, la « construction », c’est-à-dire la fabrication artificielle et totalement idéologique, n’est qu’une déconstruction des nations, des familles, des mœurs, des territoires et des civilisations. Organisée, contrôlée et financée par les Etats-Unis (« qui paye l’orchestre choisit la musique ! », dit-on), cette entité totalement artificielle ne leur fait pas contrepoids, mais est une succursale de ceux-ci et leur laboratoire principal pour le mondialisme, la globalisation, l’américanisation sans limite. Le déficit démocratique est tel que ce n’est plus qu’une « prison des peuples ». La propagande, financée par les banquiers qui tiennent tous les médias et par un certain George Soros, est si puissante qu’on peut avoir l’impression que cette nouvelle union soviétique est là encore pour mille ans. En fait, selon Villiers, elle est déjà en soins palliatifs. À quand le Frexit ? Livre passionnant, très bien écrit, qu’un maximum de gens devrait lire pour que les écailles leur tombent des yeux et que les choses changent enfin.

Ma note

4,5/5

THRILLER

LA CHAMBRE DES MURMURES (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Cora Gunderson, enseignante célibataire, ne sait pas résister aux injonctions de sa voix intérieure. Celle-ci lui a ordonné de remplir son 4X4 de quinze jerrycans d’essence fermés par un simple film de plastique, de rouler en direction du centre-ville, de les allumer et de précipiter son véhicule transformé en véritable bombe roulante contre la vitrine d’un restaurant…

Jane Hawk, qui a toutes les polices américaines aux trousses, s’introduit chez un célèbre journaliste d’investigation nommé Hannafin en espérant qu’il voudra bien dévoiler toutes ses découvertes dans son journal. Quand elle découvre que celui-ci veut jouer double jeu, Jane se rabat sur un de ses amis, Randall Larkin, avocat, qu’elle kidnappe après l’avoir copieusement chloroformé. Mais les proches de Larkin, inquiets de son absence, lance à sa recherche un certain Jason Drucklow, détective privé spécialisé dans les coups tordus…

Ma critique

On l’aura compris, ce second opus, suite de « Dark Web », repart sur les chapeaux de roue. L’intrigue de ce thriller remarquable prend même de l’ampleur, les évènements se précipitent, un pan après l’autre se découvre l’ampleur du mal. Le lecteur va de découvertes en découvertes, toutes aussi inquiétantes que surprenantes. Le suspens se maintient à un tel niveau qu’il est fort difficile au lecteur de poser un livre qui malgré ses 447 pages est dévoré en fort peu de temps. En plus de l’intérêt « récréatif » de cet ouvrage, il est possible d’y voir une sinistre projection sur notre avenir. On rêverait que tout ce cauchemar ne soit que pure science-fiction alors que ce n’est que de l’anticipation intelligente. Les nano-technologies sont déjà là. Ce qu’imagine Dean Koontz (qui s’est d’ailleurs inspiré de Raymond Shaw, il le dit lui-même) est à nos portes. Encore quelques années ou décennies et ce sera réalisable d’autant plus l’esprit niveleur et mondialisant qui le sous-tend est déjà bien présent. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »… On attend la suite avec une grande impatience !

Ma note

4,5/5

ROMAN

LES ERRANTS DE LA NUIT (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Dans les Ardennes, du côté de Sedan, c’est le soir où l’on « saude », c’est-à-dire celui où tous les jeunes gens arpentent les rues en criant à tue-tête le nom des fiancés à venir. Dans une humble chaumière, un vieux moine est sur le point de rendre son âme à Dieu. Comme il est détenteur d’un terrible secret remontant aux heures de la révolution, son hôte, Jean Guern, sellier-bourrelier royaliste d’origine bretonne essaie de l’interroger. Mais le moine décède avant d’avoir rien révélé d’important. Jean fouille alors la malle du religieux. Il y trouve toutes sortes de documents provenants de deux familles nobles de la région, les Bazeille et les Soleuvre, massacrés et dépouillés à l’époque. Seul, leur dernier descendant, Hector, a pu être sauvé. L’ennui c’est qu’il est en prison dans l’attente de son exécution. On lui a fait parvenir tout le nécessaire pour qu’il puisse s’évader, mais il a refusé, car il est sûr que celle qu’il aime, la belle Honorine de Blamont, lui préfère le prétendant choisi par son père, un bourgeois enrichi grâce à la Révolution…

Ma critique

Paru en 1857, sous forme de feuilleton, « Les errants de la nuit » est roman populaire bien dans le style de l’époque. C’est-à-dire fort bien écrit, très agréable à lire et plein de rebondissements. L’intrigue est très bien menée même si certaines situations sont plus que classiques dans la littérature : les amants contrariés, le légitime héritier dépouillé par d’avides escrocs ou le trésor caché dans un souterrain. Le pauvre Hector sera d’ailleurs aidé par un tas de braves gens tous issus du petit peuple, mais restés fidèles à l’aristocratie dans la mesure où celle-ci savait rendre service au peuple au lieu de se servir sur son dos. On est très loin des tendances actuelles. Avec Féval, les bons finissent toujours par l’emporter et les méchants sont châtiés. Les valeurs éternelles sont respectées. Même si cet ouvrage n’est pas le plus flamboyant de la production du prolifique auteur qui fit jeu égal avec Balzac et Dumas en son temps ; il reste un vrai plaisir de lecture ne serait-ce que pour profiter d’une bonne bouffée d’air frais et revigorant.

Ma note

4/5

HORREUR

ZOMBIE STORY, L’INTEGRALE (DAVID WELLINGTON)

Le résumé du livre

En Somalie, Dekalb, ancien inspecteur des Nations Unies, est fait prisonnier par un groupe d’enfants soldats qui acceptent de lui laisser la vie sauve s’il parvient à leur fournir un médicament pour soigner leur chef Mama Haléma atteinte du sida. Il devra leur laisser en otage sa petite fille Sarah. On lui promet qu’elle sera bien traitée car c’est une « sœur de couleur ». Dekalb a beau faire fouiller tous les hôpitaux d’Afrique, tous les camps de réfugiés de l’ONU, il ne trouve rien. Il faut dire que suite à un cataclysme mondial de grande ampleur, tous les pays les plus développés ont été ravagés puis envahis par des hordes de zombies cannibales et que seule quelques très rares enclaves épargnées par le phénomène subsistent. Dernière chance pour Dekalb : aller à New-York chercher le fameux médicament au siège des Nations Unies. Quand enfin ils y parviennent sur l’antique remorqueur d’Osman, impossible d’aborder tellement le fleuve est rempli de centaines de milliers de cadavres de zombies tous achevés d’un coup de pic dans le front et flottant à la dérive…

Ma critique

« Zombie story » est un roman d’horreur et d’épouvante dans la lignée de « Word war zombie » (WWZ) et « Walking dead », mais quelques crans au-dessous surtout au niveau des intrigues. Cette intégrale regroupe trois romans « Zombie island », « Zombie Nation » et « Zombie planet ». Le premier et le dernier tome bénéficient d’une véritable intrigue avec des personnages servant de fil rouge comme Dekalb et Ayaan dans le N°1 ou Sarah et Ayaan dans le N°3. Idem pour la progression en chapitres assez courts et relativement bien construits. Ce n’est pas le cas du N°2 qui semble beaucoup plus brouillon avec un tas de personnages secondaires et d’anecdotes accumulées sans fil directeur ni véritable progression, rendant la lecture nettement plus laborieuse. Le lecteur est vite lassé de cette histoire qui se résume à une accumulation de cadavres, à tout un grand guignol sanguinolent qui vire à l’invraisemblable quand il faut tuer plusieurs fois un personnage lequel survit à une balle dans la tête, puis à un coup de sabre, à la noyade et enfin à une crémation en bonne et due forme. Cet ouvrage laisse une impression détestable, celle d’une sorte de fascination macabre de l’auteur pour tout ce qui touche à la mort, à l’enfer, à la damnation. Goules, liches, sorciers et autres loups-garous sont également de ce sabbat littéraire. Si on y ajoute un style très moyen, lourd et répétitif, on obtient le complet combo de la médiocrité. Conclusion : ouvrage à fortement déconseiller aux rationalistes et aux âmes sensibles !

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

DARK WEB (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Jane Hawk, inspectrice du FBI, a trouvé son mari, ancien militaire de la Navy, mort dans leur salle bains. Il se serait lui-même tranché la jugulaire, ce que Jane n’arrive pas à croire plausible. Persuadée qu’il s’agit d’un meurtre et non d’un suicide, elle prend un congé sans solde et entame une enquête personnelle qui l’amène à se pencher sur d’autres cas de suicides aussi peu vraisemblables. Son mari n’était pas dépressif, il aimait la vie et n’avait aucune raison objective de mettre fin à ses jours. Très vite, Jane se retrouve confrontée à toutes sortes de personnages louches que ses recherches semblent déranger. Comme ils menacent de s’en prendre à son fils, elle le cache chez un couple d’amis. Elle change de véhicule, se sépare de son GPS, de son ordinateur et de son smartphone pour ne plus utiliser que des portables prépayés. Elle surfe sur le net uniquement dans des bibliothèques publiques. Elle fait tout ce qui est humainement possible pour se rendre indétectable. Mais l’enjeu est tellement énorme que ses ennemis ne lâchent jamais leur traque. Parviendra-t-elle à découvrir la vérité cachée derrière cette recrudescence étrange de suicides ?

Ma critique

« Dark web » est un thriller plutôt original autant par le fond que par la forme. C’est un thriller dans la mesure où les cadavres s’accumulent tout au long du parcours de l’enquêtrice fugitive. Mais c’est également une enquête d’investigation dans la mesure où il y a recherche d’un complot mené au plus haut niveau avec des conséquences potentielles terribles pour toute l’humanité. Mais le format utilisé, la saga en plusieurs tomes, n’est guère habituel dans ces deux genres. Le premier volet de cette affaire s’achevant sans que rien ne soit vraiment dévoilé, le lecteur se retrouve frustré et n’a qu’une envie c’est de lire la suite, tant ce début est bien mené, haletant, plein de suspens et de rebondissements. Un ouvrage de divertissement sans doute, mais avec un thème incitant à la réflexion sur toutes sortes de sujets comme le « dark net », les réseaux secrets de trafics et de prostitution et surtout sur les manipulations mentales. Si on y ajoute une héroïne attachante bien qu’un tantinet « superwoman », on s’aperçoit que toutes les cases du best-seller addictif sont cochées. Pas étonnant de la part de notre diabolique Dean, grand maître du genre !

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

GODEFROY DE BOUILLON (ALPHONSE VETAULT)

Le résumé du livre

Originaire du duché de Lorraine, Godefroy, de noble lignée, devient très jeune orphelin de père. Pris en charge par son oncle, il se destine très tôt à la carrière des armes. Au décès de celui-ci, le tout jeune chevalier découvre que la quasi-totalité de son héritage a été détournée. Il ne dispose plus que de rares terres alors qu’il aurait dû être à la tête d’un véritable duché allant de Verdun jusqu’en Hollande. Il en appelle au roi HenriIV d’Allemagne et aux autorités épiscopales qui ne parviennent pas à lui faire récupérer tous ses biens. Selon la tradition, dans ce cas de figure, tout peut être réglé en dernière instance par l’ordalie, le « jugement de Dieu ». Dans un duel épique contre son rival et cousin, son épée brisée, il risque la mort mais finit néanmoins par vaincre. En bon chrétien, il lui fait grâce de la vie. Quelques années plus tard, répondant à l’appel du pape Urbain II, il se retrouve à la tête d’une formidable armée de chevaliers venus de toute l’Europe pour délivrer le tombeau du Christ. Les petites gens, chauffés à blanc par Bernard l’Ermite, se mettent en route en premier avec une escorte militaire insuffisante. Ils finissent presque tous massacrés par les Bulgares. Pendant ce temps, Godefroy vend tous ses biens pour financer la croisade des chevaliers qui sera couronnée de succès avec la prise de Jérusalem en 1099.

Ma critique

« Godefroy de Bouillon » est une biographie d’excellente qualité datant de 1874, mais toujours aussi intéressante à lire et toujours parfaitement documentée et sourcée. Une référence. Elle retrace la vie d’un personnage hors norme, un colosse, un grand stratège, doté d’un charisme extraordinaire et d’une foi à déplacer des montagnes. Cette première croisade fut loin d’être une promenade de santé, mais plutôt un calvaire, une longue suite de souffrances et de tribulations. Passé la frontière allemande, tout alla de mal en pis. Attaques de pillards, prises de villes, double jeu des Grecs, trahison du Basileus, batailles entre chrétiens, famines, épidémies, tueries en tous genres. Il fallut s’emparer une à une de toutes les villes tenues par les Turcs, affronter à dix contre un et même à 40 contre un, les armées turques et égyptiennes. Les morts se chiffrèrent par dizaines et même par centaines de milliers. L’ensemble de la « migration » étant évaluée à environ 600 000 personnes au départ, se retrouva à moins de 40 000 croisés à l’arrivée, sous les murs de la ville sainte. Tout fut d’une férocité qui peut sembler monstrueuse à notre époque. Bien au-dessus de ces rivières de sang, s’élève la noble figure de Godefroy qui ne voulut jamais être roi dans une ville ou son Roi ne porta qu’une couronne d’épines, qui entra pieds nus et simplement revêtu d’une aube blanche, qui passa des heures en prière dans l’église du Saint Sépulcre alors que ses troupes en pleine folie de la victoire, dévastaient toute la ville. Il refusa tout avantage pour lui-même alors que ses alter ego se taillaient des fiefs et des domaines et mourut un an plus tard empoisonné par un émir qui l’avait invité à dîner. Au total, une page d’histoire bien sombre mais illuminée par une magnifique figure de héros chevaleresque.

Ma note

4/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

L’HÔPITAL (ALPHONSE BOUDARD)

Le résumé du livre

C’est l’été. Atteint de tuberculose, Alphonse, 26 ans, est admis à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. À peine arrivé, il doit abandonner ses chaussures, quitter ses vêtements civils qui prennent la direction de l’étuve. En échange, il reçoit des savates de taulard, une chemise rêche, sans col et sans bouton, un « froc de toile grise trop court ou trop long et une capote luisante d’usure. » Il pense avoir attrapé son bacille de Koch au mitard. Il partageait la cellule avec un Sénégalais prénommé Aboudou, sans doute contagieux qui n’arrêtait pas de tousser, cracher et postillonner. Ajouté à la maigre pitance, le froid et l’humidité, cela avait suffi à lui créer une volumineuse géode côté droit de son poumon et un voile opaque inquiétant côté gauche. Que faire pour passer le temps ? Alphonse bouquine, il dévore tous les livres qui lui tombent sous la main. Il attend une place dans le service de phtisiologie de Cochin…

Ma critique

« L’hôpital », sous-titré « Une hostobiographie », est une description résolument comique de la triste réalité de la condition des patients dans les hôpitaux, les sanatoriums et les centres de post-cures des années cinquante. Nul doute que ce livre pourra servir de référence pour les historiens de ce siècle et des prochains. La pénicilline et les antibiotiques venaient tout juste d’être découverts et l’on soignait encore les patients de façon aussi barbare qu’inefficace (ponctions, thoracoplastie, insufflation d’air sous la plèvre, etc.) Résultat : les patients croupissaient des mois et des années sans grande amélioration. Nombreux étaient ceux qui passaient l’arme à gauche. Boudard aurait pu livrer un témoignage sinistre et déprimant. En choisissant le rire rabelaisien, l’humour grinçant, la dérision, il réussit le tour de force d’amuser le lecteur avec un aussi piètre sujet. Ses descriptions de personnages allumés, hauts en couleurs (obsédés sexuels, poètes incompris, clochards azimutés et autres alcooliques invétérés) sont remarquables. Un peu moins drôle et un peu plus grinçant que « Cinoche », cet ouvrage procure un indéniable plaisir de lecture. Il faut impérativement lire ou relire la prose de ce brave Alphonse ne serait-ce que pour savourer son style et sa langue verte.

Ma note

4/5

HUMOURROMAN

CINOCHE (ALPHONSE BOUDARD)

Le résumé du livre

Milo, un vieux truand sur le retour propose à Alphonse de participer à un film du metteur en scène Luc Galano qui n’a d’autre qualification que celle d’être le fils d’un peintre aussi célèbre que richissime. Il s’agirait d’adapter au cinéma l’histoire de sa vie en l’édulcorant un tantinet. Alphonse serait en charge du scénario et des dialogues. Il officierait dans la magnifique villa que Galano possède à Saint-Tropez. Un peu beaucoup en période de vaches maigres, Alphonse accepte sans trop se faire d’illusions sur le résultat. Gloria, la compagne de Galano, pressentie pour le rôle féminin principal, est une « has been » qui n’a eu son heure de gloire que dans des péplums ou des séries Z. Et pour ne rien arranger, leurs deux enfants élevés « à l’américaine », c’est-à-dire sans la moindre contrainte, mènent une telle sarabande que ça ne facilite pas la tâche du pauvre scénariste. Sans parler de toute la ménagerie de Gloria, le boa constrictor, le mainate qui répète des grossièretés à longueur de journée, la mangouste qui fait ses besoins un peu partout et bientôt une jeune lionne pas très compréhensive. Quand un producteur allemand homosexuel pas très fiable y ajoute ses propres caprices et lubies comme une adaptation de la vie de Debussy dans l’esprit de 68 ou un projet de trio amoureux complètement bidon, on atteint des sommets dans la loufoquerie…

Ma critique

« Cinoche » se présente comme un récit parodique totalement déjanté, une charge au vitriol comme le petit monde faisandé du cinéma. Le regretté Alphonse Boudard, en ayant eu une expérience personnelle plutôt douloureuse, se permet une charge caricaturale particulièrement savoureuse avec cette histoire loufoque qui n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il a réellement vécu. Tout est réinventé, retravaillé et réinterprété. Le lecteur a beau essayer de retrouver sous les pseudos des personnages ayant réellement existé, c’est un peu peine perdue tant l’auteur a embrouillé la situation, mélangé les sujets et refabriqué les personnages. Prépare-t-il « Le gang des otages » ou « Flic Story » ? On ne sait trop. Luc Galano représente-t-il Edouard Molinaro ou Jacques Deray ou un mix des deux plus des traits de quelques autres ? Difficile à dire. Milo est certainement Emile Buisson, tout comme Anceny de la Glapaudière, Denys de la Patellière, Loulou Musardin, Audiard, ou Tartemplon, Plon. Plus difficile à identifier sont l’actrice Gloria Sylvène, l’éditeur Rubicond ou le producteur Slimane Chilbik. Mais ce ne sont que détails accessoires. L’essentiel reste un plaisir de lecture énorme encore aujourd’hui dû à la verve, à l’humour ravageur et à la langue verte aussi savoureuse que remarquablement maîtrisée de l’auteur.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

ALPHONSE BOUDARD UNE VIE À CRÉDIT (DOMINIQUE CHABROL)

Le résumé du livre

Saviez-vous qu’Alphonse Boudard s’appelait en réalité Michel (ou Pierre) Boudon ? Saviez-vous qu’il partit un été en stop de Paris avec sa compagne pour rencontrer Jean Giono à Manosque et que ce dernier lui offrit l’hospitalité dans sa bergerie du Contadour ? Saviez-vous que c’est à la prison de Fresnes qu’il découvrit la littérature (Céline, Balzac, Stendhal, Maupassant, Saint-Exupéry, etc.) et qu’il en poursuivit l’exploration dans tous les hôpitaux et sanas qu’il fréquenta ? Saviez-vous qu’il rencontra Aragon de passage dans la librairie de Saint-Germain où il travaillait ? Débarqué d’une rutilante limousine et vêtu comme un grand bourgeois, son image ne lui sembla pas vraiment correspondre à sa réputation d’écrivain du prolétariat. Saviez-vous que c’est Albert Paraz qui fut le premier à l’encourager à se lancer dans l’écriture ? Saviez-vous aussi qu’il a rencontré à maintes reprises Louis-Ferdinand Céline et qu’il fut également très ami avec le peintre Gen Paul, un des complices du maître de Meudon ? Saviez-vous enfin le 18 mai 2019, une rue à son nom a été inaugurée dans son quartier d’origine, le XIIIème arrondissement de Paris ?

Ma critique

Vous trouverez toutes ces découvertes et des dizaines d’autres dans « Alphonse Boudard, une vie à crédit », remarquable biographie de l’auteur regretté de « La métamorphose des cloportes », des « Combattants du petit bonheur », de « La cerise » et de « L’hôpital », entre autres ouvrages marqués au coin de la truculence et d’un argot charmant et maîtrisé qu’il partageait avec Simonin, Dard ou Audiard, d’une langue verte aujourd’hui en voie de disparition tout comme le Paris qu’il connut. Cet ouvrage très bien écrit et parfaitement documenté permet de faire la part entre le réel et le romancé. Ce cher Boudard ayant passé son temps à raconter sa vie de résistant, de taulard, de tubard ou de scénariste, d’aucuns auraient pu croire que tout avait été dévoilé. Que nenni ! Le lecteur découvrira par exemple qu’il ne fut pas vraiment une pointure dans l’ouverture des coffres forts, qu’il ne braqua pas la maison Borgniol, mais une modeste pâtisserie le triste jour où il se fit alpaguer et qu’il écopa d’une peine inférieure à celle racontée. Dominique Chabrol, très respectueux de l’esprit de modestie de son sujet, reste très discret sur sa vie privée. Il ne dit pas quelle profession exerçait vraiment la mère d’Alphonse qui venait le voir chez sa nourrice dans une rutilante Panhard-Levassor décapotable. C’est tout juste si l’on apprend au détour d’un paragraphe qu’il eut une maîtresse. Les amateurs de potins style « Voici-Gala » en seront pour leurs frais. Les autres verront dans cet ouvrage un livre de référence qui leur en apprendra énormément et qui leur donnera sans nul doute envie de lire ou de relire ce sympathique auteur. À noter également la présence d’un très intéressant cahier central regroupant photos et documents d’époque.

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

L’AGE DES ÉTOILES (ROBERT HEINLEIN)

Le résumé du livre

Tom et Pat Bartlett sont deux frères jumeaux dotés d’une caractéristique assez rare : ils peuvent communiquer par télépathie. Cherchant à recruter des « communicateurs de l’espace », un institut contacte leur père pour leur faire subir une batterie de tests. Ils sont jugés aptes à participer au projet « Lebenraum » (espace vital). La terre étant surpeuplée, il faut trouver de nouvelles planètes habitables. L’un des jumeaux partira dans l’espace pendant que l’autre restera sur Terre. Ainsi, grâce à leur don, l’expédition pourra toujours donner des informations, même à des années-lumière, là où des moyens traditionnels comme la radio ne fonctionnent plus. D’abord volontaire pour partir, Pat, victime d’un accident, doit céder sa place à Tom qui embarque sur le « Lewis et Clarck », un vaisseau-torche capable de filer à la vitesse de la lumière. L’ennui, c’est que le temps ne s’écoule pas à la même vitesse sur terre et aux confins de la galaxie. Quand Tom ne vieillit que de quelques jours, Pat prend des années.

Ma critique

« L’âge des étoiles » est un roman de science-fiction de belle qualité du regretté Robert Heinlein qui fut avec Isaac Asimov et Arthur C.Clark un des trois « grands » de la SF américaine de l’autre siècle. Bien que ce ne soit pas le plus remarquable des ouvrages du maître, il se lit encore avec beaucoup de plaisir. Le style est agréable, l’intrigue solide et bien menée avec quelques rebondissements allant crescendo pour parvenir à une fin bien trouvée mais qu’il ne faut pas dévoiler. Au total, un livre divertissant mais donnant aussi à réfléchir sur la relativité, le temps qui passe, celui qui reste, l’incommensurable difficulté que pourrait représenter la colonisation de planètes lointaines. Avec cependant un côté naïf et optimiste bien dans l’esprit de l’époque : le « Lewis et Clark », merveille de technologie au début est surpassé à la fin par des fusées beaucoup plus rapides, capables de quasiment annihiler l’espace et le temps. C’est dire !

Ma note

3,5/5

JEUNESSEPOLICIER

LANGELOT ET L’INCONNUE (VLADIMIR VOLKOFF)

Le résumé du livre

Le sous-lieutenant Langelot est chargé par son service secret, le SNIF (service national d’information fonctionnelle) de protéger une jeune femme, Graziella Andronymos, fille du président en exercice de la Côte d’Ebène. Alors qu’il commence par fouiller son appartement parisien, Langelot se retrouve surpris par quatre malfrats chargés par un certain Bellil de kidnapper Graziella. Ceux-ci ne se connaissant pas les uns les autres, l’agent secret arrive à se faire passer pour l’un d’entre eux après en avoir neutralisé un. Mais il ne peut empêcher que Graziella ne soit chloroformée et enfermée dans une malle avant d’être cachée dans une cave puis embarquée sur un bateau. Mais la donzelle a plus d’un tour dans son sac. Ne voulant pas jouer les victimes, elle ne tarde pas à prendre l’initiative. L’affaire risque d’avoir de graves conséquences pour le maintien de bonnes relations diplomatiques entre la France et la Côte d’Ebène pays producteur d’uranium.

Ma critique

« Langelot et l’inconnue » est un roman d’espionnage pour adolescents un peu dans la lignée des OSS 117, mais avec un héros quasi-juvénile. Bien écrit et distrayant sans plus, cet ouvrage ne datant pourtant que de 2001 a déjà un peu vieilli. Trop de naïvetés, d’invraisemblances et de personnages ou situations se rapprochant de la bande dessinée lui donnent un petit air suranné. Loin d’être le meilleur livre du regretté auteur, celui-ci relève plus du roman de gare, vite lu, vite oublié et qui ne fera même pas date dans la littérature de divertissement. On ne voit même pas quelle adaptation télévisuelle ou cinématographique il serait possible de tirer de pareille œuvrette.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUE

LES FANFARONS DU ROI (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

À Lisbonne, en 1662, la famille de Bragance est revenue sur le trône après une période de domination hispanique. Dona Louise de Guzman, veuve du roi Jean, exerce la régence jusqu’à la majorité de son fils Alphonse. Impotent et faible d’esprit, ce dernier ne jure que par son favori, Conti de Vintimille, un Génois fils de boucher, aussi ambitieux que dépravé. Chaque nuit, il lâche dans la ville deux troupes de ses sbires, « les Goinfres » chassant à pied et « les Fanfarons » à cheval. Malheur au bourgeois ou à la pauvre fille qui tombe entre leurs mains. Le peuple excédé commence à s’organiser en sociétés secrètes quand Conti fait proclamer un édit royal interdisant à tous les habitants de la capitale portugaise l’usage des torches la nuit et le port de toute arme. Mais voilà qu’un certain Simon de Vasconcellos, noble de haute lignée, s’oppose résolument à cette loi inique…

Ma critique

« Les fanfarons du roi » est un roman de cape et d’épée paru en 1843 d’abord sous forme de feuilleton à raison d’un chapitre par livraison. C’est également et surtout un roman historique comme on n’en écrit plus, c’est-à-dire très fidèle aux évènements. Le prolifique auteur (200 titres à son actif) surtout connu pour « Le Bossu » disposant d’un style fluide et agréable, propose une narration rapide enchainant sur un rythme soutenu toutes les péripéties habituelles du genre : enlèvements, coups d’épées, ingénue menacée, jumeaux devenant frères ennemis, traitres, spadassins sans foi ni loi et bien sûr un colosse loyal, courageux et fidèle jusqu’à la mort. Truffé de rebondissements, cet ouvrage reste un vrai plaisir de lecture en dépit de son grand âge. En son temps, Paul Féval fut un maître du genre, faisant jeu égal avec les plus grands comme Dumas, Sue ou Zévaco. Pour se distraire en en apprenant pas mal sur une crise de régime dans le cas présent, rien de tel que ce genre d’ouvrage.

Ma note

4/5

ROMANROMANCE

FRANZ (CHRISTIAN COMBAZ)

Le résumé du livre

D’ascendance britannique, autrichienne et italienne, Franz Channing fait partie d’une famille tout à fait atypique. Son père, alcoolique, tire le diable par la queue, exerce mille métiers, tente des transactions risquées qui finissent mal le plus souvent. Sa mère devient fanatique d’une secte américaine. Sa sœur Annette se retrouve retenue en otage par la famille italienne pour obtenir le remboursement d’une somme détournée par son père. Et lui-même est une sorte de surdoué qui parle six langues, peint, sculpte, tire le portrait de nombre de gens mais surtout de Yoli, orpheline recueillie par un couple de Hongrois, qu’il connait depuis l’enfance et dont il est secrètement amoureux. Fan de deltaplane, Franz passe également son temps à prendre des photos de mains et à en tirer des prémonitions qui s’avèrent souvent exactes. Ses flashs lui permettant de prédire l’avenir intéressent de plus en plus de monde et même de beau monde, Franz en vient rapidement à sortir de la gêne et à voyager un peu partout dans le monde.

Ma critique

« Franz » se présente comme un roman classique où l’élément sentimental avec la romance sans issue vécue avec Yoli le dispute au volet social avec la dislocation progressive d’une famille partant à vau l’eau. Les personnages sont originaux mais pas tous sympathiques ou attachants. L’intrigue repose sur une suite de petits faits du quotidien, finement et même malicieusement observés. La narration classique mais très particulière de Combaz réussit le tour de force d’être à la fois minimale et allusive (des faits importants décrits en une phrase ou deux) et lente et sans rythme dans les descriptions des ressentis et autres états d’âme des uns et des autres. L’ensemble procure une lecture plutôt laborieuse. Le lecteur parvient péniblement au bout des 492 pages, bien triste que tout s’achève de cette façon pour Yoli et Franz, mais en se disant qu’une telle histoire aurait pu avantageusement être réduite à 180 voire 200 pages.

Ma note

3/5

HUMOUR

LE LIVRE DE LA JUNGLE POLITIQUE (MORCHOISNE & FESTJENS)

Le résumé du livre

Dans une jungle qui doit beaucoup à Rudyard et quelque peu à Walt, le lecteur a l’opportunité de rencontrer Mowgli (Macron), le « mou qui glisse sur les peaux de banane », Raksha (Brigitte), la mère louve sans qui « l’enfant sauvage n’aurait été qu’un singe savant », Bagheera (Philippe), la panthère noire à longues pattes qui passe son temps à avaler des couleuvres, Chiiiz (Lemaire), le ouistiti argenté toujours content, Rikiki-Ravi (Darmanin), la mangouste toujours satisfaite, Casta-Rama (Castaner), le buffle qui ne charge pas à la vue du chiffon rouge mais à celle du gilet jaune, sans oublier Shere Khonn (M. Le Pen), la tigresse blonde qui n’est « bonne qu’à rugir et à distribuer des coups de griffes », les trois vautours déplumés (Collomb, Juppé, Giscard), le hurleur roux (Mélenchon), si partageur qu’il « tient à ce que tous les fruits de la jungle soient répartis équitablement » à l’exception des siens… et quelques autres de plus ou moins grande importance ou dangerosité…

Ma critique

Recevoir ce « Livre de la jungle politique » fut pour moi comme un cadeau de Noël avant l’heure, comme un moment de récréation, comme un antidote décapant pour remédier aux tristes effets d’une époque aussi frileuse que morose. Quel plaisir, quel régal de lire ce bestiaire rassemblant rien moins que 48 caricatures d’hommes et femmes politiques de France et d’ailleurs (Merkel, Poutine et Trump ont aussi leurs pages), d’aujourd’hui et d’hier (De Gaulle, Chirac et Sarkozy n’échappent pas non plus traits de Morchoisne ). Le coup de crayon de ce dernier, sans doute le meilleur caricaturiste de sa génération, le Daumier du XXIème siècle, est incisif, ravageur et criant de réalisme. Il faut dire que l’animal n’en est pas à son premier coup de griffe. Combien d’albums d’anthologie n’a-t-il pas déjà signés ? « Portraits crachés », « Les gueules du siècle », « L’homme descend du singe », « Ces cabots qui nous dirigent » ou « Ces grosses bêtes qui nous gouvernent », pour n’en citer que quelques-uns. La plupart du temps avec les commentaires d’humoristes aux langues bien pendues comme le regretté Pierre Desproges ou Didier Porte. Son nouveau binôme pour les textes, Jean-Louis Festjens, réussit très bien à rester à la hauteur de ses prédécesseurs, avec un humour corrosif, toujours bon enfant, jamais méchant, usant et abusant de bons mots, calembours, jeux de mots et traits d’esprit de toutes sortes. Le lecteur éclate de rire quasiment à chaque ligne. Une totale réussite relevée par une édition de qualité, à tous points de vue, couleurs, typo, mise en page, papier, couverture. Ne ratez pas cette version désopilante du « Livre de la Jungle ». Elle est si drôle qu’elle devrait être prescrite par tous les médecins et même remboursée par la Sécurité sociale !

Ma note

4,5/5

ROMANCE

LA MUSE DANS LE GRENIER (DIDIER CORNAILLE)

Le résumé du livre

Le temps d’un week-end, Marc, cadre parisien, retourne dans sa région d’origine pour y retrouver sa vieille mère, sa sœur et son beau-frère. Il a laissé derrière lui, à Paris, son épouse Florence ainsi que ses deux enfants. Pris dans les trombes d’eau d’un violent orage, il perd le contrôle de son véhicule qui se retrouve enlisé sur le bord de la route à moins d’un kilomètre de sa destination. Et c’est là qu’apparait Odile, une amie d’enfance qui a elle aussi mené sa vie dans la capitale, s’est mariée et a eu deux enfants. Devenue veuve, les gosses élevés, elle a laissé son boulot sans intérêt à la RATP pour revenir dans son village natal où elle pratique l’aide à la personne. Le mariage de Marc bat-il suffisamment de l’aile pour que quelque chose sorte de cette rencontre des plus inattendues ?

Ma critique

« La muse dans le grenier » est plus un roman sentimental qu’un véritable roman de terroir bien que l’exode rural, le retour à la terre et la désertification des campagnes restent des thèmes importants en toile de fond. L’auteur a cru bon d’épicer son intrigue, assez mince au demeurant, de vieilles rancœurs villageoises datant de la seconde guerre mondiale avec une histoire d’enfant juive cachée par les paysans et de dénonciation aussi crapuleuse qu’injuste datant de l’Epuration de 1945. Les personnages restent néanmoins passablement stéréotypés. Le style assez quelconque et parfois même un peu lourd ne rachète guère le manque d’intérêt de cette historiette décevante. En un mot, cet ouvrage qui est loin d’être le meilleur de Cornaille ne mérite guère le détour !

Ma note

2,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

RÉVOLTE CONTRE LE MONDE MODERNE (JULIUS EVOLA)

Le résumé du livre

Alors que pour la plupart des historiens ou des politologues, la fracture entre l’ancien monde et le nouveau se situe à la Révolution Française, pour Julius Evola il faut remonter beaucoup plus loin, quasiment à la nuit des temps, quand le monde de la Tradition céda peu à peu la place à la modernité. Il faut aller jusqu’aux temps lointains de l’Egypte des Pharaons, de la Rome antique voire de l’Empire Inca pour retrouver trace de cette tradition primordiale. Dans ces mondes ignorant la modernité, toute la société était organisée autour du surnaturel, de la spiritualité dans une harmonie confondante. Le monarque, de quelque nature qu’il fût, se devait d’être un être supérieur, d’essence divine ou quasi divine. Sans discussion possible, il était le centre, l’âme agissante de son Etat et le père aimant et aimé de son peuple. Quiconque aurait voulu s’opposer à sa volonté se se serait retrouvé à aller contre la volonté de Dieu lui-même. Il se serait mis lui-même au ban de la société. Ainsi, à l’origine ou à la disparition de toute civilisation se trouve la présence ou l’absence du fait divin…

Ma critique

« Révolte contre le monde moderne » est un essai de philosophie politique basé à la fois sur l’Histoire telle que nous l’entendons et sur les mythes, légendes et autres hypothèses archéologiques ou non (Atlantide, règne des Titans, traditions nordiques, iraniennes, hindoues, etc.) Evola base sa théorie sur les quatre cycles de l’Humanité (or, argent, bronze et fer). Le premier serait celui de la divinité, celui du grand Monarque. Il aurait dégénéré en âge d’argent avec la prépondérance des guerriers avant de tomber dans celui du bronze le pouvoir passant entre les mains des bourgeois et des marchands. Depuis 1789 et surtout depuis la révolution russe de 1917, le fait spirituel aurait totalement disparu et le pouvoir serait tombé aux mains de la plèbe, de la caste la plus basse et la moins intelligente. Nous en serions au stade le plus bas de la décadence, à l’âge du fer, du Kali-Yuga. Pour aussi troublante qu’elle soit, cette théorie n’en demeure pas moins basée sur des prémisses discutables vu le peu de documents disponibles sur certaines époques. D’une lecture assez laborieuse, cet ouvrage important donne cependant énormément à réfléchir sur le fait que tout a sans doute toujours pas très bien fonctionné et que notre état de décadence semble déjà bien avancé !

Ma note

3/5

JEUNESSE

SUR L’ÉPAULE D’UN GÉANT (NEIL CHRISTOPHER & JIM NELSON)

Le résumé du livre

Il y a très très longtemps, dans le grand Nord canadien, vivait un géant qui s’appelait Inukpak. Il était si grand qu’il pouvait franchir des distances considérables en quelques pas. Il pouvait traverser à pied les lacs les plus profonds. Il était capable de chasser des ours blancs géants ou des baleines sans aucune difficulté car jamais l’eau ne dépassait la hauteur de ses genoux, même quand il s’aventurait loin du rivage. Un jour, il rencontra un chasseur quelque part dans la toundra. Il le prit pour un enfant et le plaça sur son épaule. Terrifié, l’homme se laissa faire. L’ennui c’est qu’en un rien de temps, il se retrouva au bord de la mer bien loin de chez lui. Comme le géant voulait pêcher un chabot, petit poisson d’eau douce d’une dizaine de centimètres, il déposa le chasseur sur le rivage avant de s’avancer dans la mer et de ramener… une baleine !

Ma critique

« Sur l’épaule d’un géant » est une courte histoire inspirée d’un conte inuit qui s’adresse plutôt à un public de très jeunes enfants (3 à 6 ans) vu l’extrême simplicité de son intrigue. De tous temps et dans toutes les civilisations, les géants, les ogres ou les titans ont donné lieu à bien des contes et légendes. Celui-ci, bien que frais et charmant, est sans doute le moins sophistiqué de tous. Le travail d’édition reste de très belle qualité (reliure solide, papier glacé, jolies couleurs). L’un de ses principaux attraits vient sans doute aussi du graphisme précis et élégant de Jim Nelson qui apporte beaucoup dans la mesure où il permet à l’enfant de se faire une meilleure idée de l’échelle et des proportions du héros. Cette petite histoire est complétée en fin d’ouvrage par un à propos plus général sur les géants de l’Arctique qui ne manque ni d’humour ni de poésie.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

HISTOIRE DE SCANDERBEG (CAMILLE PAGANEL)

Le résumé du livre

George Castriote (1405-1468), surnommé par les Turcs « Scanderbeg » c’est-à-dire « Prince Alexandre » en référence à Alexandre le Grand, est le fils de Jean Castriote, notable albanais qui, au moment de la conquête de son pays par les Ottomans dut livrer en otage ses quatre fils qui furent aussitôt circoncis et élevés dans la religion musulmane. Le sultan Murad II, ayant remarqué les qualités guerrières de George lui confia bientôt une armée de 5000 cavaliers qui se couvrit de gloire. À la mort de son père et de ses trois frères, George ne pouvait espérer hériter de ses terres qui revenaient au Sultan. Alors il profita de la mobilisation des Hongrois, Polonais, Italiens, Allemands et Autrichiens contre la Sublime Porte pour changer de camp et se mettre au service de sa patrie, ce qui déclencha immédiatement un immense élan d’enthousiasme en Albanie. Enfin le pays occupé allait pouvoir tenter de se libérer du terrible joug ottoman. Scanderbeg récupère son fief et libère les principales places fortes turques. Aussitôt Murad organise la riposte. Il envoie un premier corps expéditionnaire pour reprendre l’Albanie et laver dans le sang l’affront subi. Ainsi débute une lutte interminable entre Turcs et Albanais qui se poursuivra avec encore plus de fureur sous le règne du fils de Murad, le cruel Muhammad.

Ma critique

« Histoire de Scanderbeg » est la biographie précise minutieuse et documentée du plus grand héros de la nation albanaise. Ce personnage extraordinaire de ténacité et de courage lutta pendant 24 années contre les invasions musulmanes répétées, toujours en infériorité numérique et même technique mais avec une fougue et une furie qui emportait tout sur son passage. Scanderbeg consacra toute sa vie à défendre son petit pays et à assumer quasiment seul le rôle de rempart de la Chrétienté contre la submersion ottomane. Le récit de la prise de Constantinople est un des moments forts de ce livre riche en description de batailles, embuscades et combats de toutes sortes. Hormis une aide limitée des Vénitiens et du roi de Navarre, Grecs et Albanais ne reçurent aucune aide des puissances occidentales. Bien que datant de 1855, cet ouvrage historique de belle qualité se lit facilement mais pas forcément agréablement. Les âmes sensibles devront s’abstenir, car les horreurs des guerres ne manquent pas. La barbarie turque exacerbée par ses échecs à répétition atteignit des sommets : empalement, dépeçage, décapitation systématique des prisonniers, sciage en deux de Chrétiens, à vif bien sûr. Terrible époque…

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

CONSIDÉRATIONS SUR LA NATURE DE LA RÉVOLUTION (JACQUES MALLET DU PAN)

Le résumé du livre

Quelques années après le début de la Révolution française, Jacques Mallet du Pan s’interroge sur ses tenants et aboutissants. Il ne lui est guère favorable. En effet, celle-ci s’est débarrassée de la royauté, s’est organisée en République, s’est emparée des biens du clergé et a commencé à exécuter tous ses opposants. La délation bat son plein. Pour un oui ou pour un non, tout le monde peut devenir suspect. La Terreur s’annonce déjà. Bientôt la Révolution dévorera ses propres enfants. Au niveau économique, rien ne va plus non plus. La Convention dépense sans compter. Elle répand une monnaie de singe appelée « assignats » qui achève de ruiner le pays. Et pour ne rien arranger, elle s’est mis en tête d’exporter la Révolution dans l’Europe entière…

Ma critique

« Considérations sur la nature de la révolution » est un essai de géopolitique qui, malgré sa langue datée (1793) mais toujours lisible, reste un document fort intéressant pour les historiens et pour les amateurs d’Histoire dans la mesure où il présente une analyse précise et assez objective de la réalité révolutionnaire. L’auteur reconnaît que malgré des oppositions populaires virulentes à Lyon, à Marseille, dans le Midi, en Bretagne et en Vendée, la Révolution se maintient solidement. Les armées coalisées qui se maintiennent aux frontières semblent incapables de l’emporter en dépit de leur supériorité numérique. Mallet du Plan termine d’ailleurs son ouvrage en listant les effectifs des différents corps d’armées en présence. Même à 400 000 contre 300 000, l’auteur reconnaît avec sagesse qu’on extirpe pas une idéologie uniquement par la force. À méditer.

Ma note

3/5

ESSAIS

PUTSCH (LAURENT VAUCLIN)

Le résumé du livre

« L’Histoire, ça se brusque ! », proclame fièrement le jeune Laurent Vauclin qui n’attend plus rien de dirigeants corrompus et tous plus néfastes pour l’avenir du pays les uns que les autres. Seul espoir, un coup d’Etat militaire mené par un ou plusieurs généraux refusant le sort que la République réserve à son armée : manque de considération, réduction drastique des moyens en hommes et matériel, missions plus ou moins discutables. Pour Vauclin, seule l’armée avec sa tradition d’honneur, de discipline et de loyauté est encore en mesure de sauver notre pays. Encore faudrait-il savoir ce qu’il adviendrait au lendemain de ce fameux et improbable « putsch ».

Ma critique

« Putsch » se présente comme un court essai, un appel au secours lancé aux militaires, en fait une sorte de bouteille lancée à la mer sans grande chance de réponse vu la réalité de la « Grande Muette ». N’en déplaise à l’auteur, son ouvrage est marqué du coin de l’improbable voire du dangereux car trop entaché de radicalisme voire d’extrémisme. L’Histoire de France avec les épisodes Napoléon Ier (un gros million de morts), Napoléon III (Sedan et une France à genoux en 1870), Boulanger (le comble du ridicule) et les généraux d’Alger (un quarteron de factieux dont on a vu les « brillants » résultats) ne va pas non plus dans le sens des rêves de l’auteur. À lire vite histoire de se rappeler que tout ce qui est excessif est insignifiant.

Ma note

2,5/5

ESSAISRELIGIEUX

COMPOSTELLE, GRAND PÈLERINAGE INITIATIQUE (ANDRÉ DELADURANTAYE)

Le résumé du livre

Du 17 juin au 24 juillet 2004, en 38 jours de marche, le Québécois André Deladurantaye a parcouru toute la partie espagnole du chemin de Saint Jacques de Compostelle (le « Camino Frances ») en compagnie de Sophie, une amie qui s’y retrouvait pour la seconde fois. Etape par étape, il décrit avec une grande précision l’ensemble de son parcours. Il illustre chacune de ses journées d’une « perle de sagesse » distillée par son mentor, Maître Hilarion, dont le lecteur ne sait trop si c’est son gourou qui communique par télépathie, son alter ego ou une voix intérieure qui tel Jiminy Criquet lui distille au compte-gouttes tout un enseignement ésotérique constitué d’une sorte de syncrétisme mystique mêlant christianisme, bouddhisme, hindouisme et autres concepts plus ou moins new age.

Ma critique

« Compostelle, grand pèlerinage initiatique » est donc tout à la fois un journal de bord, un guide technique pour le pèlerin et un ouvrage de spiritualité. Chaque étape est présentée avec une carte en noir et blanc, mais trop simplifiée pour être vraiment utile au marcheur et un profilé des dénivelés. Un DVD comportant des centaines de photos permet de mieux visualiser ce périple mythique de près de 800 kilomètres. On notera également la présence de diverses annexes comme les étapes du parcours, les époques et les styles architecturaux et surtout une liste très précise du matériel indispensable. La partie initiatique aborde tous les thèmes de méditation : gratitude, acceptation, endurance, engagement, dépouillement, confiance, austérité, discipline, concentration, simplicité, tempérance, tolérance, courage, foi, compassion, attention, vigilance, observation, etc. Le témoignage du pèlerin qui souffre en plaçant un pied douloureux devant l’autre kilomètre après kilomètre, subit les sanitaires douteux, les douches froides, les ronflements dans les dortoirs et les réveils bruyants à 5 heures du matin peut sembler plus intéressant à première vue. Les derniers cent kilomètres donnant droit à la fameuse « Compostella » (diplôme de pèlerin) et se prêtant à toutes les dérives et en particulier à des tricheries de toutes sortes sont fort bien décrits. On regrettera la qualité littéraire très faible de cet ouvrage et en particulier la présence d’une grande quantité de coquilles sans parler des faiblesses syntaxiques et grammaticales.

Ma note

3/5

HISTORIQUE

HISTOIRE MYSTÉRIEUSE DES TEMPLIERS (LAURENT DE VARGAS)

Le résumé du livre

Au Moyen Âge, l’ordre du Temple fut un ordre religieux et militaire issu de la chevalerie dont les membres furent appelés les Templiers. Cet ordre fut créé à l’occasion du concile de Troyes, ouvert le 13 janvier 1129, à partir d’une milice appelée les « Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon ». Il se consacra pendant les XIIe et XIIIe siècles à l’accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des croisades et de la Reconquête ibérique. Afin de mener à bien ses missions et notamment d’en assurer le financement, il constitua à travers l’Europe chrétienne, un réseau de monastères appelés commanderies grâce à une grande quantité de dons de toutes sortes. Cette activité soutenue en fit un interlocuteur financier privilégié des puissances de l’époque, le menant même à effectuer des transactions sans but lucratif, avec certains rois ou à avoir la garde des trésors royaux. Après la perte définitive de la Terre sainte consécutive au siège de Saint-Jean-d’Acre de 1291, l’ordre fut victime de la lutte entre la papauté et le roi de France, Philippe le Bel. Il fut dissous par le pape Clément V le 13 mars 1312, à la suite d’un procès en hérésie. La fin tragique de l’ordre mena à nombre de spéculations et de légendes sur son compte.

Ma critique

« Histoire mystérieuse des Templiers » se présente comme un ouvrage de vulgarisation historique faisant la part belle à bien des hypothèses sur un pan de l’Histoire particulièrement propice à nombre d’élucubrations sans le moindre fondement. Laurent de Vargas pose les bonnes questions : « Les Templiers reniaient-ils vraiment le Christ ? Crachaient-ils sur la Croix ? S’adonnaient-ils à la sodomie ? Adoraient-ils le diable sous la forme d’une idole nommée « Baphomet » ? Etaient-ils devenus cathares ou mahométans ? Quand on sait que les aveux furent obtenus sous la torture et que de nombreux chevaliers revinrent sur ceux-ci, on peut en douter fortement. L’auteur reconnait lui-même l’absence de preuves, cela ne l’empêche pas d’évoquer les fantaisies d’un Gérard de Sède ou d’un Dan Brown avec entre autres l’histoire du Prieuré de Sion. Intéressant sans plus.

Ma note

3/5

ESSAISTEMOIGNAGE

LES DÉCOMBRES (LUCIEN REBATET)

Le résumé du livre

Journaliste et critique d’art, Lucien Rebatet se trouve en Allemagne au moment de la reprise de la rive droite du Rhin par les armées hitlériennes. Quelques années plus tôt, il avait fait partie des troupes françaises qui occupaient misérablement cette même Rhénanie. Il avait tenu la rubrique musicale puis littérature et cinéma à « L’Action Française », revue royaliste dont la vedette était Charles Maurras. À l’époque, personne ne croit qu’Hitler va réussir à se maintenir au pouvoir bien longtemps. Seul Maurras pressent le danger. Bien informé, Rebatet sait que la France n’est pas militairement en état de combattre efficacement l’Allemagne. Aussi est-il farouchement opposé à une guerre qu’il sait perdue d’avance. L’ennui, c’est qu’il se sent bien seul à prêcher le pacifisme. Même Maurras finit par se ranger du côté des bellicistes. Mobilisé, Rebatet commence la drôle de guerre du côté de Grenoble dans une unité de chasseurs alpins, puis est nommé à Paris dans les services secrets de l’armée avant de rejoindre une unité combattante vite mise en déroute faute de matériel et finalement de voir la fin des hostilités en Dordogne…

Ma critique

Présenté un peu partout comme « pamphlet violemment antisémite », « Les Décombres » n’est pas que cela. En effet, les trois quarts du livre présentent un témoignage assez intéressant sur le monde du journalisme d’avant-guerre. Toute une partie est consacrée à Charles Maurras qui semble avoir énormément déçu Rebatet. Une autre l’est à la drôle de guerre (la condition misérable du bidasse de base est fort bien décrite). Celle consacrée aux services de l’état-major se livrant à des occupations aussi ridicules que byzantines ne l’est pas moins. Quant au tableau du gouvernement de l’Etat Français à Vichy, il n’y a pas plus lamentable de médiocrité d’après l’auteur qui y retrouve nombre de profiteurs, magouilleurs et autres responsables de la débâcle. Pour fuir tous ces personnages qu’il exècre, Rebatet fuit Vichy et regagne Paris rejoindre ses rares amis et les colonnes de « Je suis partout ». Les deux parties violemment anti-sémites en début et fin d’ouvrage sont évidemment les moins intéressantes et même carrément indigestes à la lecture. On peut et on doit faire un détour ! Quant au personnage, même si on peut écouter son témoignage, il reste au bout du compte plutôt antipathique. Personne ne trouve grâce à ses yeux pas plus l’ouvrier du faubourg que la marquise emperlousée, pas plus le Juif que l’Anglais, pas plus le franc-maçon que le curé de campagne, pas plus l’homme politique que le journaliste de la presse capitaliste, pas plus le général que le ministre. Toute cette haine lui revint d’ailleurs en boomerang en 1945 lors de l’Épuration avec une condamnation à mort commuée en travaux forcés à perpétuité. Il suffit de lire cet ouvrage pour comprendre pourquoi.

Ma note

2,5/5

ROMANROMANCE

MARIE DONADIEU (CHARLES-LOUIS PHILIPPE)

Le résumé du livre

Le vieux Basile et sa femme Adrienne élèvent leur petite-fille Marie en lui faisant croire que sa mère est décédée alors qu’elle est juste partie avec un autre homme. À l’âge de treize ans, elle est confiée à un couvent de religieuses où elle ne restera que trois ans. Elle s’installe ensuite à Lyon chez son oncle et sa tante. Elle y rencontre dans la rue Raphaël, étudiant et ami de la famille. Après une cour assidue et patiente, Raphaël parvient à attirer Marie dans sa chambre et à devenir son amant. Mais son meilleur ami, Jean, n’est pas insensible au charme des yeux bleus si candides de Marie Donadieu…

Ma critique

« Marie Donadieu » est un roman sentimental et un brin naturaliste datant de 1928. La plume de Charles-Louis Philippe étant de belle qualité, il est encore possible de lire cet ouvrage aujourd’hui avec un certain plaisir. Le personnage principal semble être celui d’une femme libérée et fort en avance sur son temps. Longtemps, elle hésite entre Raphaël et Louis, couche avec les deux tour à tour, s’offre également quelques aventures sans lendemain avec des amants de rencontre avant de faire un choix qu’elle croit définitif. Cette histoire mille fois racontée dans la littérature et au cinéma (« Jules et Jim ») aurait pu sombrer dans la bluette ou le mélo. Il n’en est rien. Une fin désabusée rachète cette histoire sans doute choquante à son époque mais qui manque un peu de piquant ou de tragique pour la nôtre, nettement moins romantique.

Ma note

3/5

POLICIER

CORROMPU (PATRICK NIETO)

Le résumé du livre

Le 21 octobre 2011, en Libye, Mansour Al-Shamikh apprend la nouvelle de l’assassinat de Mouammar Kadhafi pour lequel il devait exécuter une mission spéciale. Ce proche du Raïs sait que les traitrises vont se multiplier et qu’il va vite se retrouver dans un rôle de proie comme il le vit dans le terrible cauchemar qui hante ses nuits… Le 12 avril 2012, le capitaine Arnaud Rossignol se trouve en planque tout en haut d’une grue du port de Bassens près de Bordeaux. Avec quelques collègues de la brigade des stupéfiants il assiste à une livraison de marchandise qui tourne plutôt mal pour un gang de malfrats, les Zaoui…

Ma critique

« Corrompu » se présente comme un roman policier de belle facture. Commandant de police, l’auteur sait de quoi il parle. Ses personnages et l’ambiance dans les services sans parler de la guerre des polices et la rivalité avec le service des douanes sentent bien leur vécu. L’intrigue de cette histoire est basée sur des faits réels, ce qui donne un intérêt supplémentaire à une narration passionnante. Le style de Patrick Nieto est de belle qualité, c’est-à-dire vif, nerveux et bien rythmé. Les évènements et rebondissements de cette dramatique affaire s’enchainent tellement vite qu’il est bien difficile de lâcher ce livre qui se dévore allègrement. De plus, le personnage de Rossignol, flic corrompu, ripoux atypique, plus victime que véritable voyou, pose honnêtement la problématique des méthodes policières et des risques de dérive d’un métier utile mais dangereux. Si on y ajoute un dénouement fort bien amené et tout à fait surprenant, on est pas loin du carton plein. Un excellent polar, tout à la fois, noir, social et réaliste. À conseiller aux amateurs !

Ma note

4,5/5

AVENTURESvoyages

UNE VISITE AU PAYS DU DIABLE (KARL MAY)

Le résumé du livre

Après avoir vécu mille aventures en Tunisie, Egypte, Syrie et Arabie Saoudite, le narrateur arrive aux confins de la Perse en passant par le Kurdistan, territoire mal défini, mais sous domination ottomane. Il séjourne chez les Yésidis, population que les Musulmans accusent d’adorer Sheïtan (Satan) tout comme les Turcs lui reprochent de rendre un culte à Mammon (l’argent). Autant dire un peuple bouc émissaire, hérétique et chargé de tous les péchés du monde. Comme dans le précédent épisode, Karl May est accompagné de son fidèle serviteur Hafef, de sir Lindsay, riche et fantasque britannique féru d’anthropologie et toujours à la recherche d’une relique de taureau ailé et de Mohamed Emin, sheik de la tribu des Haddedin, toujours aussi motivé par la délivrance de son fils Amad prisonnier des geôles turques… La narration reprend donc au moment précis où elle s’était achevée à la fin des « Pirates de la mer Rouge ».

Ma critique

« Une visite au pays du diable » est à la fois un récit de voyage comme le précise le sous-titre et un roman d’aventures aux nombreuses péripéties, plutôt destiné à la jeunesse. Le lecteur d’aujourd’hui sera surpris par la qualité et la précision des descriptions des mœurs et des environnements anthropologiques sans doute tirés de récits authentiques de voyageurs. May le sous-entend dans le dernier paragraphe de l’ouvrage. « Il me reste aussi à le prier de m’excuser si, dans mes ruses, j’ai fait quelques entorses à la vérité, si je me suis montré un peu Turc avec les Turcs. » Il faut dire que ces derniers ne sont pas décrits sous des dehors les plus flatteurs alors que les Yésidis auraient nettement plus les faveurs de l’auteur. Il les pare de nombreuses qualités, les présentant comme des sortes de proto-chrétiens. Même chose pour les derniers des derniers, les plus persécutés de la région, les assyro-chaldéens. Comme quoi si bien des choses ont évolué aux confins de l’Irak et de l’Iran, d’autres n’ont pas du tout bougé. Rien de tel qu’un bouquin écrit en 1892 pour relativiser les évolutions historiques…

Ma note

4/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

RÉVOLTÉE (EVGUENIA IAROSLAVSKAÏA-MARKON)

Le résumé du livre

Issue d’une famille aisée d’intellectuels juifs, Evguénia, née en 1902 à Moscou, est diplômée de l’enseignement supérieur. Elle parle quatre langues, le russe, l’allemand, le français et le yiddish, mais a des problèmes avec l’orthographe. D’abord journaliste de gauche, très enthousiasmée par la révolution d’octobre, elle en découvre très vite les limites et la qualifie même de réactionnaire. Très jeune, elle rencontre l’écrivain Iaroslavski avec lequel elle voyage en Europe et séjourne deux mois à Paris. Son compagnon tient à retourner dans sa patrie. Mal lui en prend, car il est très vite arrêté comme dissident et envoyé au Goulag où il sera exécuté suite à une tentative d’évasion ratée. Evguénia, qui refuse d’entrer dans l’administration soviétique, se met vendeuse de journaux à la sauvette. Fascinée par le monde des truands, elle va à leur rencontre et vit comme eux, dormant dans des parcs ou des immeubles abandonnés. Elle devient même voleuse professionnelle. Arrêtée plusieurs fois, elle se retrouve au bagne où elle survit en se prétendant diseuse de bonne aventure. Très rebelle, elle essaie d’organiser une révolte des prisonniers et donne de sa personne en agressant avec une brique Ouspenski, le directeur de la prison. Cet acte manqué lui vaudra une condamnation à mort.

Ma critique

« Révoltée » est le témoignage émouvant d’une femme invalide (amputée des deux pieds suite à un accident) qui ne se résout pas à accepter la monstruosité qu’est devenu dans les années 30 le bolchévisme. Elle pense que la pègre représente la seule classe sociale véritablement révolutionnaire. Pour elle toute révolution, une fois le pouvoir atteint, ne peut que devenir réactionnaire et conservatrice et qu’il faut donc immédiatement la combattre par tous les moyens, même les plus violents. Une sorte d’anarchisme extrémiste désespéré. Même si le lecteur peut ressentir une certaine empathie à la découverte de ce témoignage émouvant, il lui est difficile d’approuver autant les comportements que les attitudes de cette étrange passionaria. Si l’on en croit la quatrième de couverture, « c’est le Moscou et le Leningrad des marginaux, enfants des rues, ivrognes, prostituées, vagabonds, qu’elle nous fait découvrir ». Et pourtant le lecteur reste sur sa faim : cette réalité-là aurait mérité plus amples développements…

Ma note

3/5

POLICIERROMAN

LA PETITE GAULOISE (JÉRÔME LEROY)

Le résumé du livre

Dans un futur proche, une grande ville portuaire de l’Ouest se retrouve quasiment au bord de la guerre civile ethnique. Le capitaine de police Mokrane Méguelati se fait descendre au fusil à pompe par un policier municipal facho qui le prend pour un dangereux terroriste. Deux commandos islamistes font un carnage dans un troquet avant de s’en prendre à une classe de lycée de banlieue recevant une auteure pour la jeunesse dans un Algeco leur servant provisoirement de classe. Calme et apparemment innocente au milieu de toute cette barbarie, Stacy Billon, 17 ans, surnommée « la petite gauloise » est le pivot de toute cette histoire. Détail qui a toute son importance, la mairie de la grande ville portuaire de l’Ouest a été récemment conquise par le « Bloc Patriotique ».

Ma critique

« La petite gauloise » se présente comme un roman noir fortement imprégné de politique et de social. Bien que cochant toutes les cases du politiquement correct, l’auteur n’arrive pas à développer une intrigue qui tienne vraiment la route. Tout semble surfait, fabriqué, incohérent, invraisemblable dans cette intrigue capillotractée. Et dans ce domaine, la chute qu’on ne dévoilera pas histoire de laisser le lecteur aller au bout de l’écœurement, en est un magnifique exemple. Le style de l’auteur se veut efficace, nerveux et rythmé avec quelques tics agaçants comme la répétition ad lib du nom complet du personnage en ignorant l’utilisation des pronoms personnels. Caprice d’ancien prof sans doute. S’il faut chercher quelques qualités à cette œuvrette sans envergure, on n’en trouvera que deux : une amusante mais réaliste description de l’ambiance d’une classe de première commerciale et surtout le peu d’ampleur de l’ouvrage, 142 pages en gros caractères qui seront aussi vite lues qu’oubliées…

Ma note

2,5/5

BIOGRAPHIES

COLUCHE (PHILIPPE BOGGIO)

Le résumé du livre

Michel Colucci, dit Coluche, est un humoriste et comédien français, né le 28 octobre 1944 dans le 14e arrondissement de Paris et mort le 19 juin 1986 à Opio (Alpes-Maritimes). Fils d’un immigré italien et d’une Française, Michel Colucci grandit à Montrouge. Il adopte le pseudonyme « Coluche » à l’âge de 26 ans, au tout début de sa carrière. En 1975, il devient célèbre en parodiant un jeu télévisé : « Le Schmilblick ». Avant 1976, il occupe des rôles de second plan au cinéma avant de camper des personnages plus centraux, comme dans « L’Aile ou la Cuisse », puis de tenir le haut de l’affiche durant les années 1980, essentiellement pour des comédies. En 1977, il passe à la réalisation en co-réalisant « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » avec Marc Monnet. En 1984, il obtient un César du meilleur acteur pour son rôle dramatique dans « Tchao Pantin » de Claude Berri. Tour à tour provocateur ou agitateur par ses prises de position sociales, il se présente à l’élection présidentielle de 1981 avant de se retirer. Jouissant d’une énorme popularité et très apprécié du public, il fonde en 1985 l’association « Les Restos du cœur », relais d’aide aux plus démunis, quelques mois avant de mourir dans un accident de moto.

Ma critique

« Coluche » est la biographie la plus complète et la plus documentée du célébrissime humoriste. Grand reporter du journal « Le Monde », Philippe Boggio a eu de nombreux entretiens avec Coluche ainsi qu’avec sa mère Monette et son imprésario, Claude Lederman. Dans ce gros ouvrage de plus de 500 pages, il peut ainsi raconter l’enfance banlieusarde à Montrouge, l’absence du père, l’échec au certif et les débuts difficiles, le café-théâtre et finalement l’explosion déclenchée par un simple passage à la télévision un soir d’élections présidentielles. Le lecteur découvrira un personnage attachant mais également complexe, ses hauts et ses bas, ses réussites, ses échecs. Sa chute dans la déprime alors qu’il arrive au sommet de la popularité, sa déchéance dans l’alcool et la drogue puis sa remontée courageuse et sa transfiguration en véritable bienfaiteur avec ses Restos du Cœur. Un bouquin indispensable pour ne pas oublier Michel Colucci qui était bien plus qu’un clown iconoclaste au nez rouge…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LES ESPÉRANCES PLANETARIENNES (HERVE RYSSEN)

Le résumé du livre

Au fil des années et des vagues d’immigration, les nations européennes se dissolvent peu à peu dans un grand ensemble de plus en plus multi-ethnique. Le monde de demain sera-t-il sans races et sans frontières ? Allons-nous vers un gouvernement mondial qui siègerait à Jérusalem comme le souhaite Jacques Attali ? Pour l’instant, seuls les Occidentaux sont engagés dans ce processus. Historiquement, cet universalisme prend sa source dans le marxisme. La révolution bolchevique, elle-même inspirée de la révolution française, pouvant être considérée comme une première tentative ratée de mondialisme. Mais étrangement, on peut aussi trouver des similitudes et des convergences dans le libéralisme anglo-saxon. Depuis mai 68, la gauche, déçue par l’embourgeoisement des ouvriers, s’est trouvée un prolétariat de substitution composé des immigrés, des minorités sexuelles et des féministes. L’ennemi politique à abattre étant le mâle blanc catho hétérosexuel.

Ma critique

« Les espérances planétariennes » est un essai de socio et géopolitique cherchant à disséquer les tenants et aboutissants du mondialisme. C’est ainsi qu’il faut interpréter le néologisme « planétarien ». Pour sa démonstration difficilement contestable, Hervé Ryssen convoque un nombre impressionnant d’auteurs juifs (Jacques Attali, Albert Cohen, Marek Halter, Elie Wiesel, Bernard-Henri Lévy, Samuel Pisar, Primo Levi, Joseph Roth, Hannah Arendt, Jacques Derrida, Michel Winnock pour n’en citer que quelques-uns). Tous admettent être à l’origine et à la manœuvre dans ce processus de métissage généralisé pour les autres alors qu’ils prônent un maintien de la pureté de la race chez eux, en Israël. Soljenitsine est également largement mis à contribution pour le volet russe de l’affaire. Cet ouvrage bien écrit et bien référencé nous apprend l’importance des Juifs dans les hautes sphères bolchéviques, leur rôle primordial dans la persécution du peuple russe (déportations au sinistre Goulag, exécutions de masse, etc.), mais également leur importance dans la mafia américaine ainsi que leur rôle dans un certain nombre d’affaires d’escroquerie de banques et d’assurances à grande échelle. La force et la faiblesse de ce genre d’ouvrage plus informatif que polémique viennent de la surabondance de citations qui peuvent malheureusement finir par ennuyer le lecteur. Peut-être est-ce le prix à payer pour ne pas être taxé de partialité voire d’antisémitisme ?

Ma note

4/5

ESSAIS

LA MARCHE QUI SOIGNE (JACQUES-ALAIN LACHANT)

Le résumé du livre

Si, comme le dit la chanson, la meilleure façon de marcher consiste à mettre un pied devant l’autre, on constate qu’il y en a presque autant que d’êtres humains et que chaque démarche est aussi personnelle qu’une signature ou une empreinte digitale. Mais, pour l’auteur, certaines marches sont légères, équilibrées et bienfaisantes, alors que d’autres sont lourdaudes, pesantes et quasi toxiques. Nos pas révèleraient notre psyché, l’homme étant un tout fait de corps et d’esprit. Une grande part de nos souffrances vient de ce que nous ne savons pas marcher correctement. Une véritable « marche portante » permettrait de nous libérer des maux de dos, des gênes handicapantes et des chutes à répétition. Une façon de marcher correcte permettrait d’obtenir du tonus, de la légèreté, du plaisir et même une véritable joie de vivre.

Ma critique

« La marche qui soigne » est un essai médical proposé par Jacques-Alain Larchant, ostéopathe spécialiste de la marche. Le lecteur découvrira bien des choses dans cet ouvrage relativement technique et doté d’un certain nombre de dessins permettant d’illustrer le propos et de mieux comprendre de quoi il s’agit. Il aura une raison de plus d’être persuadé que le psychique est d’autant plus lié au somatique que le corps parle et dévoile ce que le cœur ressent sans forcément l’exprimer autrement. Les méthodes de ce praticien semblent assez efficaces en dépit de leur aspect surprenant comme lorsqu’il marche aux côtés de son patient en plaçant sa main sur le sacrum de son malade, lequel en fait autant sur lui. Livre intéressant surtout pour les nombreux témoignages ou exemples de gens traités par cette méthode un peu étonnante.

Ma note

3/5

ESSAIS

CES GLUCIDES QUI MENACENT NOTRE CERVEAU (DAVID PERLMUTTER)

Le résumé du livre

Parkinson, Alzheimer, Charcot, Tourette, autisme, dépression, hyperactivité, migraines, névralgies ou maux de tête chroniques, que de maux menacent notre pauvre cerveau ! Selon le docteur David Perlmutter, il est parfaitement possible de s’en prémunir en suivant ses directives. En effet, tous ces symptômes et bien d’autres comme les allergies ont des causes aisément détectables au premier rang desquelles se situe le gluten, cette colle que l’on trouve principalement dans le blé, l’orge, l’avoine et quelques autres céréales. Il faut savoir que les variétés de blé utilisées en boulangerie, pâtisserie ou industrie agro-alimentaire, n’ont plus rien à voir avec les anciennes. Leur taux de gluten a été artificiellement augmenté dans des proportions importantes pour des facilités de production. Résultat : s’il n’y a qu’un personne sur 200 qui souffre de la maladie coeliaque, nous sommes tous plus ou moins incommodés par cette molécule à des degrés divers allant de l’intolérance à une simple sensibilité. D’où la nécessité de changer notre mode de vie et en premier lieu notre alimentation pour protéger notre cerveau.

Ma critique

« Ces glucides qui menacent notre cerveau » est un essai pratique de vulgarisation basé sur un grand nombre d’études scientifiques et étayé par des centaines de cas traités par le docteur Perlmutter. L’ouvrage débute par un questionnaire d’auto-évaluation permettant de se situer. Puis l’auteur nous présente les résultats des toutes dernières recherches sur le sujet. Autant dire que celles-ci concluent exactement au contraire de ce que l’on croyait il y a 30 ou 40 ans. Par exemple que le danger pour le cœur et le cerveau ne vient pas des graisses mais du sucre, que le cholestérol n’est pas la mauvaise chose qu’il faut combattre, mais qu’il est utile pour notre cerveau, que les statines contribuent largement à amoindrir nos fonctions cérébrales et à augmenter les risques de maladies cardiaques et que les œufs sont un aliment excellent à consommer sans modération. La force de cet ouvrage réside, au-delà de l’argumentation difficile à contester, dans son volet concret permettant de mettre en pratique la méthode Perlmutter de remise en forme : une semaine de menus détaillés, des objectifs hebdomadaires à atteindre et toute une batterie de recettes sans sucre ni gluten qui donnent envie d’être essayées. Sans oublier l’importance de l’activité physique régulière et d’un sommeil de qualité. Passionnant.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUE

L’OR NAZI, LES BANQUES SUISSES ET LES JUIFS (TOM BOWER)

Le résumé du livre

Avant la seconde guerre mondiale, des Juifs fortunés sentant monter la menace nazie, placèrent or, argent et bijoux sur des comptes ou dans des coffres de banques suisses pensant qu’ils y seraient en sécurité. Pendant la guerre, les nazis firent de même avec tout ce qu’ils avaient pu dérober en Europe occupée (tableaux, œuvres d’art, or volé dans les banques centrales et même récupéré sur les dents et les bijoux des victimes de l’Holocauste). Non contente de pratiquer le recel des vols des nazis, les Suisses collaborèrent indirectement, mais de façon conséquente à l’effort de guerre allemand en fournissant pour environ un milliard de francs suisses de matériel qui ne fut jamais payé. En 1945, les banquiers suisses bloquèrent tous ces avoirs, ne permettant même pas aux survivants des camps de concentration ou à leurs descendants de récupérer leurs biens. Une commission alliée demanda pendant des années des comptes aux banques suisses sans le moindre succès. L’affaire s’éternisa jusqu’en 1997, date à laquelle Edgar Bronfman, pdg de Seagram et président du CJM, et d’Amato, sénateur américain, finirent par obtenir gain de cause avec un versement de 7 milliards de francs suisses, soit 5 milliards de dollars, versés sur un compte en faveur des victimes, avant même que les historiens déposent leur rapport définitif…

Ma critique

« L’or nazi » est un ouvrage historique dense et lourdement documenté qui, malgré l’intérêt évident du sujet, reste d’une lecture plutôt laborieuse. L’auteur, se voulant sans doute exhaustif, raconte par le détail toutes les tentatives de négociation, toutes les réunions, concertations et discussions dans leurs moindres détails, ce qui finit par lasser un peu le lecteur. Lequel y découvrira néanmoins bien des turpitudes dans le monde de la finance en temps de guerre et de paix. Ainsi découvrira-t-il que l’or des banques centrales belges et hollandaises se retrouva en France alors que celui de la France fut mis à l’abri en Afrique, que l’Espagne et le Portugal ne rendirent qu’une faible partie de l’or entreposé chez eux et que l’URSS et les USA, qui en récupérèrent également, ne rendirent rien. Qui a dit que la fièvre de l’or rendait fou ? La Grande-Bretagne, la France et la Suisse (mais fort difficilement et sous la terrible pression internationale d’un retrait général de tous les avoirs laissés dans leurs banques) furent plus honnêtes au bout du compte. Sans doute moins puissants que les deux super-grands ne purent-ils faire autrement ? Livre intéressant néanmoins, une somme et une référence sur une affaire particulièrement crapuleuse.

Ma note

3,5/5

Poesies

NUIT MARINE (ALAIN CROZIER)

Quatre poèmes sur le thème éternel de l’amour, du manque de l’être cher, de la séparation… L’auteur se livre à une sorte de longue introspection un peu désabusée sur lui-même, sur sa vie, sur une femme aimée inaccessible, fantasmée, disparue, abandonnée, partie avec un autre, on ne sait trop. Il la nomme souvent « M » (« aime », archétype de l’Amour avec un grand A) et une fois ou deux « Marine ». Tout cela reste en fait un peu flou, nébuleux, et disons simplement poétique. Mais peut-être nous donne-t-il la clé en se livrant totalement dans ces vers déchirants de réalisme : « J’embrasse pas.

J’embrase pas.

Je couche même pas.

J’aime pas faire l’amour.

J’ai pas envie de le prouver… »

« Nuit Marine » est un court recueil de poésies regroupées en quatre chapitres soit quatre grands poèmes ou en une soixantaine de petits si l’on se base sur les paragraphes ou les pages. L’absence de titre ne permet pas de savoir. Une concision extrême proche du minimalisme absolu. Certains poèmes tiennent en cinq lignes et une petite vingtaine de mots, c’est dire. Quasiment des haïkus quant au volume. On restera plus réservé sur le sens. L’auteur qui n’a que faire de la rime, du rythme, des assonances et des habituelles conventions poétiques se laisse parfois aller à quelques facilités et jeux de mots ou de sonorité. On les lui pardonnera évidemment, car son verbe est léger, incisif et n’ennuie aucunement. Il sait très bien aller à l’essentiel et ne se perd jamais en digressions ou descriptions ennuyeuses. Mon préféré et de loin : « Ne passe pas à côté

De mes mots.

Reviens-y.

Ce bien-être

Peut être aussi

Pour toi

Doux et chaud. »

Ou comment en dire un maximum avec un minimum de moyens. Minimaliste et sentimental notre amoureux platonique… On notera également la belle qualité éditoriale (papier, graphisme, etc).

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

L’ENFANCE DES DICTATEURS (VÉRONIQUE CHALMET)

Le résumé du livre

Saviez-vous que les jeunes Hitler et Staline furent des enfants battus ? Tous deux eurent des pères infidèles et ivrognes. Amin Dada a vu sa sorcière de mère concocter des élixirs à base de fœtus et a assisté à des scènes horribles de cannibalisme. Pol Pot adolescent a vécu des expériences sexuelles traumatisantes dans le harem du roi du Cambodge avant de se radicaliser à Paris au sein d’un syndicat étudiant très à gauche. Franco eut également un père absent et coureur de jupons. Tous eurent des mères aimantes et protectrices à l’exception de Saddam Hussein, enfant non désiré dont sa mère en dépit de tous ses efforts ne parvint pas à avorter. Tous ces dictateurs sans exception eurent des enfances douloureuses, malheureuses et traumatisantes, mais tous les enfants pauvres, mal aimés, violés ou battus ne deviennent pas des dictateurs aux mains couvertes de sang !

Ma critique

« L’enfance des dictateurs » est un essai historique portant sur les récits d’enfance d’une dizaine de dictateurs célèbres : Pol Pot, Amin Dada, Staline, Kadhafi, Hitler, Franco, Mao, Mussolini, Saddam Hussein et Bokassa. Certains y verront peut-être une Histoire vue par le petit bout de la lorgnette. En réalité, Véronique Chalmet rassemble dans son ouvrage une riche matière pour le philosophe ou le pédopsychiatre qui souhaiterait comprendre comment on devient dictateur, sur quel terreau s’épanouit ce besoin maladif de tyranniser les autres, de les faire souffrir et même de les tuer. Il ne faut pas oublier que toute cette tyrannie s’est faite sur des flots de larmes et de sang. Cet ouvrage bien écrit et documenté permettra au lecteur lambda de s’interroger sur les causes d’un tel phénomène. Ces dix « cas » étayent le principe bien connu que tout dans la vie d’un homme se joue avant six ans. Que trop de mauvais traitements peuvent déséquilibrer gravement le mental de tout individu. Que tout enfant battu a tendance à devenir un adulte reproduisant ce schéma. Et sans doute que qui a pris goût à faire souffrir et à tuer ne peut plus arrêter. À cela s’ajoute pour presque tous un passage par l’armée et bien sûr des circonstances historiques particulières permettant la mise en place d’une dictature, sans oublier, la sottise des masses, leur soumission à l’autorité et leur besoin d’un homme providentiel. Livre intéressant, mais qui fait froid dans le dos…

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEPOLICIER

MEURTRE A BILLOM (PIERRE MAZET)

Le résumé du livre

En 1784, à Billom, le jeune Guillaume Trinquard, fils de Robert, marchand-drapier récemment enrichi, s’apprête à partir pour les Amériques. Il a beaucoup entendu parler des Insurgents et d’un certain La Fayette, célèbre gentilhomme du voisinage. Il compte s’installer en Louisiane, y acquérir un domaine avec le pécule que lui a confié son père et y cultiver dans un premier temps du tabac et de la canne à sucre et ensuite du coton, plante promise à un bel avenir. Mais en chemin, dans une auberge, il rencontre un certain Jean auquel il a la sottise de parler de son projet et des lettres de créance qu’il a sur lui. Il n’en faut pas plus pour que Jean ait la diabolique idée de se débarrasser du pauvre Guillaume et d’usurper son identité. Mais pourra-t-il longtemps se faire impunément passer pour sa victime ?

Ma critique

« Meurtre à Billom » se présente comme un roman policier à contexte historique. L’intrigue est plutôt simple et classique. La chute, attendue dès le début de l’affaire, n’est guère surprenante. Plus agaçant est sans doute la manipulation opérée par l’auteur sur les tractations supposées au moment de la mise en accusation et de la chute de Robespierre. Il est difficile d’avaler que le vote reposa sur la seule voix d’un obscur député, de plus simple personnage de roman. Si le style est correct et agréable à lire, il n’en est pas de même de l’édition qui pêche par un grand nombre de coquilles, de mots oubliés et d’erreurs typographiques si nombreuses qu’elles rendent presque désagréable la lecture de ce livre divertissant mais sans grande ambition ni envergure.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LES DONS PRÉCIEUX DE LA NATURE (JEAN-MARIE PELT)

Le résumé du livre

La Nature est généreuse, elle donne sans compter. On peut avoir l’impression que ses ressources sont inépuisables. Mais la rapacité de l’humanité, son inconscience, son exploitation effrénée de ses biens, ont changé la donne. Il est impossible d’exploiter de manière illimitée une planète limitée. Cela tombe sous le simple bon sens, lequel devrait être unanimement partagé. Jean-Marie Pelt constate que les sols s’épuisent, se stérilisent de plus en plus en raison du labourage lourd et profond, de l’abus de pesticides et de produits chimiques, que les abeilles meurent de plus en plus, que les ressources des mers et océans s’épuisent à cause de la surpêche industrielle. Si tous les humains vivaient comme les Américains ou les Qataris, il nous faudrait quatre planètes pour répondre à leurs besoins…

Ma critique

« Les dons précieux de la nature » est un livre de vulgarisation écologique fort bien mené et argumenté. Le lecteur y apprend par exemple que le grand hamster de Lorraine ne compte plus que 648 individus et que ce nombre continue de baisser. Les intrants en azote sont passés de 20 à 30 kg à l’hectare à plus de 200 de nos jours pour faire évoluer les rendements dans les mêmes proportions et atteindre les 100 quintaux de blé à l’hectare. Agriculteurs, horticulteurs et maraîchers en arrivent à payer au prix fort des apiculteurs pour qu’ils installent des ruches sur leurs terres tant les pollinisateurs manquent déjà. Le coût de la location de ruches est passé de 40 à 120 dollars par colonie aux Etats-Unis. Il faut 15 500 litres d’eau pour obtenir un seul kilo de viande bovine dont la production représente le quart de l’eau consommée dans l’agriculture, soit 70% de la consommation mondiale. Il est plus que temps de réfléchir à ces questions et surtout d’agir. Un livre qui donne à réfléchir !

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

UNGERN, L’HÉRITIER BLANC DE GENGIS KHAN (JEAN MABIRE)

Le résumé du livre

Né en 1885, le jeune baron von Ungern-Steinberg, noble estonien d’origine germanique, est un enfant difficile, plus intéressé par les bagarres que par les études. Au début de la première guerre mondiale, il déserte de l’école navale où il est élève officier pour s’engager dans les armées du Tsar comme simple soldat. Il combat en Galicie et acquiert une réputation de bravoure. Étant cinq fois blessé, il obtient l’ordre de Saint-Vladimir, de Saint-Stanislas et est décoré de l’ordre de Saint-Georges. En 1917, il combat les armées rouges et remporte quelques victoires avec la division de cavalerie asiatique qu’il a créée de toutes pièces, avant d’être investi d’une fonction officielle par le Bogdo Khan, ce qui l’amène à tenter de créer un empire mongol indépendant à l’est du lac Baïkal. Mais sans base arrière, ni alliés, ni secours possible, son échec est programmé. Ses propres officiers l’abandonnent quand ils comprennent que l’aventure touche à sa fin. Capturé par les Rouges, il est jugé le 15 septembre 1921, à Novonikolaïevsk. Les chefs d’accusation retenus contre lui sont de s’être battu contre la révolution, d’avoir été un agent des Japonais et d’avoir commis des crimes. Il est reconnu coupable sur tous les points, condamné à mort et immédiatement exécuté.

Ma critique

« Ungern, l’héritier blanc de Gengis Khan » se présente comme la courte biographie d’un des contre-révolutionnaires les plus flamboyants et les plus sauvages de l’histoire russe. Il fut surnommé le « Baron fou » et demeura une sorte de mystère pour les historiens. Il se proclamait bouddhiste mais semblait avoir fait partie de sociétés secrètes ésotériques satanistes comme la « Golden Dawn » et avoir eu un rôle d’espion. Il détestait les Russes mais s’était vaillamment et loyalement battu à leurs côtés dans les armées du Tsar. Il était brutal et impitoyable comme seul un ascète et un sectaire peut l’être, mais comme on ne prête qu’aux riches, on lui attribua plus de massacres qu’il n’en commit réellement. Il était capable de galvaniser les foules tout comme de perdre leur confiance. On le disait supérieurement intelligent et pourtant, il commit de grossières erreurs de tactique en se lançant à l’assaut des immensités russes avec un petit millier d’hommes et en voulant se mesurer à un ennemi plus de dix fois supérieur en nombre ! Petit ouvrage intéressant et bien écrit qui donne envie de se documenter un peu plus sur ce personnage hors du commun.

Ma note

4/5

AVENTURESvoyages

LES PIRATES DE LA MER ROUGE (KARL MAY)

Le résumé du livre

Dans le désert tunisien, le narrateur, avatar de Karl May, voyage en compagnie d’Halef, serviteur musulman particulièrement fervent qui veut lui témoigner son affection en essayant de le convertir à l’Islam. En chemin, les deux hommes découvrent le cadavre d’un Français dévoré par les vautours… Sur les bords du Nil, une réputation de médecin exceptionnel est attribuée à l’auteur qui a pu soigner certains malades à l’aide de quelques granules d’homéopathie. Un notable lui demande de sauver son épouse atteinte de neurasthénie. Mais celle-ci n’est pas ce qu’elle paraît être… Parvenu aux bords de la Mer Rouge, Karl May est capturé par une bande de pirates avant d’être libéré par Halef et de faire la connaissance d’un autre voyageur un Autrichien rentrant de Bombay et se dirigeant vers Trieste. May veut à tout prix visiter La Mecque et Médine où il risque de trouver la mort s’il est découvert, car les deux villes saintes sont interdites aux « infidèles ».

Ma critique

« Les pirates de la Mer Rouge » est un roman d’aventures et de voyages en quatre parties comme on n’en écrit plus depuis bien longtemps. Le héros est une sorte de chevalier sans peur et sans reproche qui arrive toujours à se sortir des situations les plus inextricables. Presque un super-héros, il est capable de mettre au défi toute une bande de fines gâchettes de réussir à l’atteindre en usant de dons de cavalier hors pair ou de combattre et de venir à bout d’un lion qui terrorisait toute une région. On n’est pas loin de la bande dessinée. L’ouvrage, fort plaisant à lire néanmoins, reste intéressant moins par les rebondissements nombreux que par la description de tribus de bédouins passant leur temps à guerroyer les unes contre les autres, à piller, razzier, rançonner les voyageurs, mais toujours avec courage et panache. Karl May ne cache pas son admiration pour ces gens. Les rôles de méchants sont d’ailleurs toujours tenus par des non-musulmans et en particulier par un Arménien vicieux et retors et par un Grec tout aussi fourbe. Tous se déguisent en bédouins, font illusion aux Arabes, mais pas à Karl May. Si l’on en croit la biographie de Wikipédia, l’auteur n’aurait pas accompli le dixième des voyages qu’il décrit dans ses ouvrages. Si c’est le cas, il s’est bien documenté tant les détails véridiques sont nombreux !

Ma note

3/5

PHILOSOPHIQUE

DIALOGUE DE VAINCUS (REBATET & COUSTEAU)

Le résumé du livre

Rebatet et Cousteau, condamnés à mort en 1945 pour collaboration avec l’ennemi en raison de leurs articles parus dans « Je suis partout » ont vu leur peine commuée, par grâce du président Vincent Auriol, en détention à perpétuité. D’abord détenus à Fresnes, fers aux pieds et dans des conditions dignes des bagnes de l’autre siècle, ils se retrouvent ensuite transférés à Clairvaux où leur statut s’améliore nettement en 1950, car les voilà responsables de la comptabilité et chargés de la gestion de la lingerie et de la bibliothèque de la prison, ce qui leur permet d’entamer ces dialogues remarquables par leur liberté de ton, mais aussi par leur cynisme et leur désespérance. Face à face, se retrouvent un Rebatet, pur homme de droite, formé par les Jésuites et détestant au plus haut point l’Église catholique et un Cousteau, frère du célèbre commandant écologiste de « la Calypso », homme de gauche, athée, fasciste assumé et ne se considérant vaincu que par la force des armes. À la fin de la guerre, le premier suivit Pétain, son gouvernement et Céline à Sigmaringen. Le second s’enfuit avec Doriot et ses sbires à Neustadt. Deux lieux où ils furent capturés et ramenés en France.

Ma critique

« Dialogue de vaincus » est un ouvrage assez original traitant de toutes sortes de sujets autant philosophiques, politiques, historiques, théologiques ou autres… Les dialogues sont au nombre de vingt, chacun sur un thème particulier. Au premier abord, le lecteur trouvera une fort longue introduction de 43 pages signée d’un certain Robert Belot, dans laquelle tout est fouillé, analysé, disséqué, décortiqué, explicité à un point tel qu’il risque de ne plus avoir envie de lire la suite. Et il aurait tort, car il raterait un véritable festival d’ironie grinçante et de mauvaise foi mêlée de lucidité désabusée. Ainsi la presse n’est que conformisme et prosternation devant la pensée dominante, même « l’Observateur », dépendant des cocos et des prolos, même « Rivarol », inféodé aux cathos. Seul « Le Crapouillot » trouve un peu grâce à leurs yeux. L’esprit de résistance avant 44 ? Une vaste blague. « Les décombres » de Rebatet s’est vendu à 65 000 exemplaires, « Je suis partout » tirait chaque semaine à 300 000 exemplaires, « la poignée de traitres était quand même assez dense », notent-ils. Cousteau intégra ce journal grâce à l’historien Pierre Gaxotte. Le premier article qu’il proposa fut pour défendre des Noirs injustement accusés du viol de femmes blanches aux USA. Quant à Rebatet, il y entra peu après grâce au coup de piston d’un Juif nommé Levinson. En réalité, on a affaire à deux anars, un de droite et un de gauche, tous deux farouchement anti-cléricaux, anti-nationalistes et européistes convaincus, pensant arriver à l’internationalisme en se plaçant sous la bannière du pire fascisme, du pire nazisme. « La démocratie est un fléau répugnant », dit Cousteau. Au fil des dialogues, un nombre impressionnant de personnages célèbres sont rhabillés pour l’hiver à commencer par « Dudule » (Hitler) qui a perdu, car il n’a même pas été fidèle à ses propres principes, en passant par Churchill, qui avoua lui-même avoir « tué le mauvais cochon » en faisant allusion à l’alliance avec Staline, sans oublier Roosevelt traité comme un boutiquier sans envergure qui abandonna la moitié de l’Europe en laissant un rideau de fer s’abattre sur elle. Seul Staline trouve grâce à leurs yeux car lui ne commit aucune erreur, ne prit jamais de demi-mesures et alla jusqu’au bout dans la liquidation de ses ennemis politiques. Un livre qui garde un certain intérêt surtout à titre de document historique et également pour quelques comparaisons affligeantes avec notre situation actuelle.

Ma note

3,5/5

ROMANTERROIR

L’ORGUEIL DE LA TRIBU (YVES VIOLLIER)

Le résumé du livre

De nos jours, en Vendée, se perpétue la tradition de la Petite Eglise. Une petite communauté de dissidents de l’Église catholique, de « vieux croyants », de descendants de Vendéens qui n’ont jamais accepté les « nouveautés » du Concordat imposé par Napoléon Ier. Sans prêtre ni évêque, ces irréductibles continuent à pratiquer leur religion selon les traditions et les rites qui étaient en vigueur avant la Révolution Française. L’un d’eux, le grand-père Pierre Chancelier, propriétaire d’une fabrique de cordonnerie depuis toujours dans la famille se fait du souci quand il constate l’absence de sa fille Danièle aux cérémonies de l’Ascension. Avec le mari, Xavier, et leur trois enfants, ils partent à sa recherche et finissent par trouver, caché dans une armoire, un billet où elle précise qu’elle est partie de son plein gré. En réalité, elle s’est enfuie pour rejoindre son amant, photographe de passage… Le scandale est immense pour ces gens qui n’ont pas vu le moindre divorce depuis deux siècles !

Ma critique

« L’orgueil de la tribu » peut être classé comme un roman de terroir avec arrière-plan historique ou comme roman psychologique et sentimental. Très bon écrivain, Yves Viollier dispose d’un style fluide et agréable à lire. Il sait montrer tous les ravages qu’une défection de la mère peut occasionner dans une famille particulièrement en ce qui concerne les enfants. L’intrigue s’achève en happy end gentillet, ce qui pourra décevoir certains lecteurs attachés au réalisme et à la vraisemblance. Ce qui m’a le plus déçu, c’est le peu d’éléments apportés sur la vie quotidienne, l’organisation sociétale de ces « Amish » français, qui, s’ils existent vraiment, ce dont je ne doute pas, doivent forcément se comporter différemment du reste de la population. Dans le même ordre d’idées, le volet historique de cette histoire me semble insuffisamment exploité. Au total, un bon livre de l’auteur, mais sans doute pas le meilleur.

Ma note

3/5

HISTORIQUE

VERCINGÉTORIX (GEORGES BORDONOVE)

Le résumé du livre

Vercingétorix, né vers 80 av J.C. et mort à Rome en 46 av. J.C., est un chef et roi arverne qui fédéra une partie des peuples gaulois dans le cadre de la plus importante révolte contre les forces romaines au cours de la dernière phase de la guerre des Gaules de Jules César. Fils de Celtillos, noble qui fut brûlé vif pour avoir voulu se proclamer roi, Vercingétorix arrive au pouvoir après sa désignation officielle comme chef des Arvernes en 52 av. J.C.. Il établit immédiatement une alliance avec d’autres tribus gauloises, prend le commandement des troupes et remporte la bataille de Gergovie dans laquelle de nombreux Romains et alliés gaulois, helvètes et teutons sont tués. Cependant, César parvient à exploiter les divisions internes des Gaulois, à regrouper ses forces et à s’offrir la participation d’un important détachement de cavalerie germaine. Enfermé dans la place-forte d’Alésia, Vercingétorix doit subir un long siège avant de voir arriver une armée de secours. Malgré cet important renfort, les Gaulois finissent par être défaits. Espérant sauver autant de ses hommes que possible, il se livre de lui-même aux Romains. Il est retenu prisonnier pendant six ans dans un cul de basse fosse. Puis, il est exhibé dans les rues de Rome au sein d’un défilé triomphal de César, puis immédiatement exécuté par étranglement.

Ma critique

« Vercingétorix » se présente comme un ouvrage historique légèrement romancé vu le peu de documents disponibles. Tout ce que l’on sait de ce personnage nous est parvenu par les écrits de César en personne, auteur qui savait fort bien se mettre en valeur. « Avec lui (Vercingétorix), commence véritablement l’histoire de France », lit-on en sous-titre. Le lecteur a même l’impression que cette Histoire n’est qu’une longue et sempiternelle suite de héros malheureux ne parvenant pas à délivrer leur pays des griffes des envahisseurs et finissant leur vie en martyr (comme Jeanne d’Arc et quelques autres). Dissensions, gabegie, trahisons, collaborations, traitrises, fanfaronnades et erreurs stratégiques majeures marquent cette histoire comme nombre des suivantes. Vercingétorix fut battu sottement alors qu’il disposait de forces armées supérieures en nombre, était sur son terrain, avait pratiqué avec succès la guérilla et la politique de la terre brûlée. Des quatre coins de la Gaule, la colère grondait, les tribus étaient en ébullition, César à bout de souffle et pourtant, il perdit. Sa cavalerie se débanda devant les Teutons dont César s’était offert les services à prix d’or. Et quelle idée saugrenue d’aller se laisser enfermer dans Alésia alors que l’on est maître du terrain et que l’on sait que les Romains sont les champions incontestés de la construction d’ouvrages de siège ! Très bien écrit, très agréable à lire, cet ouvrage n’apprend que peu de chose sur cette dramatique première page de notre Histoire.

Ma note

3,5/5

ESSAISHISTORIQUE

AU CŒUR DU KREMLIN (VLADIMIR FEDOROVSKI)

Le résumé du livre

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les arcanes du pouvoir russe depuis la sanglante dictature de Staline jusqu’aux finesses de joueur d’échecs de Poutine se trouve dans ce livre. Au tsar rouge succéda le rondouillard et roublard Khrouchtchev. Les affaires d’espionnage (Vasall, Profumo, Dejean, Penkovski) se succédèrent avec des succès retentissants côté KGB, mais également côté occidental. L’ère Brejnev marqua la véritable fin du bolchévisme. Puis vint le tour d’Andropov, patron du KGB et le début du dégel avec l’arrivée du couple Boris & Raïssa Gorbatchev. S’ensuivit l’implosion de l’Empire avec la chute du mur de Berlin voulue ou plutôt acceptée par Gorbatchev. Une contre-offensive des crypto-communistes avec bref internement du couple présidentiel dans sa datcha de Foros et tentative de putsch à Moscou échoua lamentablement grâce à l’intervention d’Eltsine et à la passivité de l’armée rouge. La libéralisation sauvage du régime pilotée par des conseillers américains favorisa la montée en puissance de la corruption, de la mafia et des oligarques. Un certain Poutine, lieutenant colonel du FSB, sut mettre tous les plaideurs d’accord et reprendre la main sur la scène internationale en particulier pour mettre un terme à la guerre en Syrie. On connait la suite.

Ma critique

« Au cœur du Kremlin » est un essai historique et géopolitique fort bien mené et largement documenté. En effet, son auteur, Vladimir Fédorovski, de par ses fonctions de diplomate et de proche des principaux dirigeants, fut un témoin privilégié grâce à ses contacts avec le maire de Saint Petersbourg, Anatoli Sobtchak, et même avec Vladimir Poutine, encore peu connu à l’époque. Le lecteur apprendra bien des choses sur les coulisses du pouvoir, la paranoïa, les maladies ou l’alcoolisme des dirigeants. C’est très bien écrit, très agréable à lire. Un ouvrage que le passionné d’histoire et de politique internationale ne pourra pas lâcher une fois qu’il en aura entamé la lecture. Les complots, les trahisons, les coups d’état à froid, les destitutions y sont monnaies courantes. On réalise que là encore la réalité dépasse de loin la fiction. Passionnant. Sans doute le fusse beaucoup moins pour les victimes de la « Roue rouge », opposants assassinés, dissidents bannis, zeks du goulag et autres internés des hôpitaux psychiatriques !

Ma note

4/5

HISTORIQUEHUMOUR

GRANDS ZHEROS DE L’HISTOIRE DE FRANCE (CLÉMENTINE PORTIER-KALTENBACH)

Le résumé du livre

Si l’Histoire de France eut son lot de héros militaires, de géants de la littérature et de grands esprits en tous genres, elle eut également et plus que son compte de nullités, d’incapables et autres gaffeurs que l’auteure a la gentillesse de qualifier de l’amusant néologisme de « zhéros ». Elle les classe en plusieurs catégories : les faux hommes providentiels tels le comte de Chambord ou le général Boulanger, les causeurs de catastrophes comme Kerguelen qui ne posa jamais le pied sur une seule de ses îles, Soubise ou Chaumareys, les boucs émissaires tels Grouchy, Bazaine, de Grasse ou Villeneuve, ceux qui s’ingénièrent à tenter de nuire à plus grands qu’eux comme Desfontaines, Fréron, Suard ou Lemercier, le menu fretin de la nullité tels Ollivier, Lebœuf, d’Arnouville ou Etienne, l’idiot criminel qui s’acharna à maintenir le pantalon rouge des poilus de 14 et, last but not least, la médaille d’or du nullissime des nullards, le premier bâtard de Napoléon, le « Comte » Léon, minable escroc et quémandeur perpétuel, mort à Pontoise dans une misère noire…

Ma critique

« Grands zhéros de l’Histoire de France » présente une agréable compilation d’erreurs, catastrophes et ratages en tous genres causés par toute une série de minables de plus ou moins grande envergure. Ils ont en commun d’avoir participé de près ou de loin à la grande Histoire de France à l’exception notable de Medina Sidonia, incapable amiral de l’Invincible Armada espagnole, placé là à titre de modèle du genre, et très souvent d’être tombés dans un oubli dont l’auteure les tire avec un malin plaisir et une certaine malice bien appréciable. En effet, le style est léger et facile à lire. On notera à ce sujet une conclusion amusante et une page de remerciements en forme d’auto-dérision plutôt réussie et tout à fait originale. Ouvrage à conseiller aux passionnés d’Histoire vue par le petit bout de la lorgnette.

Ma note

4/5

HUMOURROMAN

TOUT VA TRÈS BIEN, MADAME LA COMTESSE (FRANCESCO MUZZOPAPPA)

Le résumé du livre

À Turin, dans son palais qui a connu des heures plus glorieuses, la comtesse Maria Vittoria dal Pozzo della Cisterna, 71 printemps, se désole : alors qu’elle est en pleine débâcle financière, son unique rejeton, le beau et fort limité intellectuellement Emmanuele, s’est entiché d’une bimbo à la cuisse légère, lui a offert une paire de seins siliconés qui a coûté un bras, et pour faire bonne mesure, rien moins que le Koh-i-Noor, le dernier joyau de la famille. Comment le récupérer et par la même occasion comment se débarrasser de la dispendieuse starlette ? Il lui vient une idée de génie quand elle se trouve mêlée malgré elle au hold-up de sa banque mené par le « gentleman braqueur », à ses heures perdues, sculpteur sur bois de voiliers plus ou moins hideux pilotés par de vilaines marionnettes borgnes…

Ma critique

« Tout va très bien, Madame la Comtesse » se présente comme un roman humoristique léger et pétillant. C’est amusant sans plus. Tous les personnages sont assez caricaturaux. Dans une post-face, l’auteur ose se réclamer de Tom Sharpe et de P.G. Woodehouse, deux géants de l’humour dont il n’arrive pas à la cheville ! Son style se rapproche d’ailleurs plus d’auteurs français comme Frédéric Dard ou Alphonse Boudard, mais avec nettement moins de truculence et de malice. Un ouvrage distrayant, assez drôle, mais sans grande envergure ni originalité. Il lui manque le décalage, le « non-sense » british ou l’ironie et la dérision française. Muzzopappa reste italien, qu’il l’assume.

Ma note

3/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

NEURO-ESCLAVES (DELLA LUNA & CIONI)

Le résumé du livre

De nos jours, le principal de la communication écrite ou audiovisuelle ne vise pas vraiment à informer objectivement l’opinion, mais à influencer le psychisme, les goûts, les décisions des consommateurs, des épargnants et des électeurs. Pour y parvenir, elle agit ou tente d’agir surtout sur leur émotivité, leur sentiment de culpabilité, d’estime d’eux-mêmes, de peur ou autre. Mais peut-il en être autrement quand la quasi-totalité des personnes, éduquées par la télévision à la passivité, à la paresse mentale dès le plus jeune âge est incapable de fixer son attention au-delà de quelques minutes si elle ne se sent pas concernée du point de vue émotif. Toutes ces personnes sont incapables d’aller chercher des informations par elles-mêmes et surtout de les analyser. Le peuple a besoin d’être distrait. Il n’a pas envie d’être informé. D’où la réussite phénoménale de la manipulation mentale généralisée des foules, laquelle se retrouve partout, dans les élections qui ne sont que parodie de démocratie, dans les médias, dans la publicité, dans les sectes, les religions, les partis politiques, sans oublier la Légion Etrangère ou l’Opus Dei.

Ma critique

« Neuro-esclaves » est un essai de vaste ampleur écrit par un neuro-psychiatre et un avocat psychologue. Les auteurs se sont attaqués à quasiment tous les aspects du problème. Ils ont traité avec brio de la manipulation mentale en interaction stratégique avec l’économie, la politique, les droits de l’homme, les guerres, etc. Ils ont analysé les fondements, principes et méthodes de la manipulation qui est de règle dans le monde d’aujourd’hui : elle est structurelle et pénètre tous les aspects de notre vie quotidienne. Ils nous font méditer sur la conviction que l’individu doit être conscient des décisions et des motivations qui orientent ses comportements, et sur le fait que la conscience « n’est pas nécessaire pour apprendre ; la suggestion hypnotique et le conditionnement en sont des exemples ». L’ouvrage se termine sur un chapitre essentiel traitant des moyens de se prémunir, comment détecter toutes les tentatives de mise sous domination. Dommage qu’un trop grand nombre de pages s’attardent sur la législation pénale italienne. Mis à part cette petite critique, un livre passionnant et facile à lire, malgré son épaisseur, qui fera découvrir bien des choses sur l’élection d’Obama, « personnage qui n’avait jamais donné de preuves de capacités réelles et appropriées à sa promesse d’un changement général, promesse d’autre part plutôt vague », sur celle de G.W.Bush qui sût agiter les peurs entre autres. On apprend ainsi que c’est toujours le candidat le plus grand par la taille qui est élu. S’il est le plus agréable physiquement, s’il est le mieux financé et le plus soutenu par les médias… on connait la suite !

Ma note

4,5/5

ROMANTEMOIGNAGE

BOY DIOLA (YANCOUBA DIEME)

Le résumé du livre

En juillet 2001, Aperaw, immigré sénégalais de première génération, revient au pays accompagné de ses fils dont l’auteur, Yancouba alors âgé de onze ans. Il veut leur faire découvrir leur terre d’origine, la Casamance. Ils séjournent dans le village natal du père, Kagnarou, en plein pays diola. Ils y restent le temps de découvrir un autre monde, bien différent de celui de la Seine- Saint-Denis où Aperaw est venu s’installer dans les années soixante. Ceci au terme d’un long parcours pendant lequel le jeune homme tenta d’abord sa chance à Dakar où il exerça quelques petits métiers peu lucratifs avant de réussir non sans peine à se faire embaucher sur un cargo en partance pour Marseille. Un membre de sa famille lui trouva finalement une place sur les chaînes de l’usine Citroën d’Aulnay sous Bois. Il y resta une dizaine d’années avant d’être renvoyé pour participation trop active à diverses grèves. Il tenta de rebondir comme marchand de bimbeloterie sur les marchés et termina sa carrière à l’entretien des avions sur l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Polygame, il était père de neuf enfants. Ses épouses travaillaient comme techniciennes de surface dans les hôtels de l’aéroport.

Ma critique

« Boy Diola » se présente comme le récit intimiste d’une vie d’immigré africain en banlieue parisienne, d’une lutte permanente pour la survie, la dignité et un avenir meilleur pour les enfants. Quelque chose au bout du compte d’assez banal car vécu par quelques millions d’autres subsahariens. Le lecteur ne peut qu’être rempli de compassion envers ce vieil homme qui, à la fin de sa « carrière », ne trouve plus de contrats d’intérim car trop vieux. Mais personne n’ose le lui dire ouvertement. Il découvrira aussi l’ambiance si exotique de la vie dans un village africain, et, entre autres, les méthodes « musclées » d’éducation des enfants. On use de la trique sans aucun complexe, la fameuse « chicote » ! Le récit n’est pas chronologique. L’auteur saute sans transition d’une période à une autre, raconte diverses anecdotes pas vraiment reliées les unes aux autres, le tout dans un style très parlé, très familier, sans recherche aucune. Un ouvrage qui pourra faire découvrir toute une communauté à celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, mais n’apprendra pas grand-chose à celles et ceux qui vivent avec.

Ma note

3/5

ESSAIS

L’ÉLOGE DU CRU (DOMINIQUE GUYAUX)

Le résumé du livre

Dominique Guyaux pratique le crudivorisme sensoriel, manière de s’alimenter consistant à ne se nourrir que d’aliments crus et non transformés, donc tels qu’ils se présentent dans la nature, en ne se fiant qu’aux signaux sensoriels et gustatifs que la prise de ces aliments déclenche spontanément. C’est ainsi qu’il a pu lui-même guérir d’une sclérose en plaques lors d’un long voyage en bateau autour du monde. Pour approfondir le sujet et donner une caution plus scientifique à sa pratique, il décide quelques années plus tard de reprendre ses études interrompues trente années plus tôt. À leur issue, il présente un mémoire pour l’EPHE (l’école pratique des hautes études) intitulé « Physiologie du comportement alimentaire ». Il anime des stages et donne des conférences. Il est un peu (beaucoup) l’héritier du pionnier de l’intinctothérapie, Guy-Claude Burger, tout en ne rejetant pas complètement les positions du Docteur Seignalet.

Ma critique

« L’éloge du cru » est un essai de diététique assez intéressant dans la mesure où il apporte les preuves scientifiques des bienfaits d’une alimentation crue et par voie de conséquence des inconvénients des artifices culinaires et surtout industriels. L’ennui reste quand même, dans une société basée sur la cuisine, la difficulté à pratiquer une discipline visant à ne consommer qu’un seul produit par ingestion et seulement après avoir ressenti par l’odorat ou la vue une véritable appétence pour lui. L’auteur reconnaît lui-même la difficulté. Et comme il ne défend pas un point de vue sectaire, il admet que l’on puisse manger comme un cueilleur du paléolithique quand on est seul chez soi, « empiler » quand on est en société et même accepter un menu cuisiné quand on est invité au restaurant. L’ouvrage s’achève par un glossaire permettant au lecteur lambda de découvrir le sens de termes comme « cinésthésie, macrosmatique, microsmatique ou palatabilité », entre autres et par une bibliographie particulièrement riche. Livre intéressant et qui donne à réfléchir sur nos comportements alimentaires et leurs conséquences sur la santé et l’environnement.

4,5/5

DIVERSSCIENTIFIQUE

L’ALIMENTATION CRUE, 400 RECETTES (CHRISTIAN PAUTHE & JEAN-PIERRE OZANNE)

Le résumé du livre

« Que l’aliment soit ta seule médecine », disait Hippocrate. Depuis ces temps lointains, tout le monde s’accorde donc à reconnaître que l’alimentation est avec l’activité physique, le sommeil et la mentalité positive l’un des quatre piliers de la santé humaine. D’après les lois de Darwin, il semblerait que les enzymes aussi bien digestives que cellulaires, seraient adaptées aux molécules originelles, consommées par nos ancêtres préhistoriques pendant des millions d’années. Ces enzymes ne sont pas adaptées à certaines molécules nouvelles abondantes dans les laits animaux, les céréales mutées (le gluten du blé entre autres) et tous les sous-produits issus de la cuisson sans parler des techniques industrielles (cracking, lyophilisation, etc.). De très nombreuses pathologies, comme la sclérose en plaque, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’arthrose, l’arthrite, l’asthme ou l’eczéma, pour n’en citer que quelques-unes peuvent en être la conséquence. D’où la nécessité de consommer un maximum d’aliments crus, d’exclure les laits animaux et leurs dérivés, les céréales (principalement le blé) à l’exception du riz.

Ma critique

« L’alimentation crue, quatre cents recettes » se présente en premier lieu comme un livre de recettes de « cruisine » permettant à l’apprenti(e) crudivore de varier un peu ses menus, de ne pas se contenter des sempiternelles salades vertes, carottes râpées ou céleri rémoulade. Toutes sont variées, originales et donnent envie de se lancer. Elles ont été imaginées par Jean-Marie Ozanne, chef cuisinier professionnel. Le lecteur découvrira qu’il peut tout cuisiner de cette façon aussi bien les légumes que les fruits, les viandes que les poissons. Après une introduction magistrale du Docteur Seignalet, le docteur Pauthe présente en une soixantaine de page un « Plaidoyer pour le cru », excellent résumé des grands principes de la diététique à la lumière des dernières découvertes scientifiques. Chaque groupe d’aliments est présenté en début de chapitre. Les recettes sont claires et précises. Seul regret : une absence totale de photos. L’ensemble s’achève sur une bibliographie conséquente qui peut permettre d’approfondir le sujet et sur un glossaire de grande utilité pour s’y retrouver dans le maquis de la diététique. Une somme à consulter aussi souvent que nécessaire.

Ma note

4,5/5

NOUVELLESSCIENCE-FICTION

DEMAIN LA TERRE (JEAN-PIERRE ANDREVON & AUTRES AUTEURS)

Le résumé du livre

En raison d’un dérèglement climatique accéléré, depuis des semaines et des mois, il pleut tout le temps sur Terre. Les eaux montent, les champs se transforment en lacs et des pays entiers disparaissent sous les eaux. Le père de Sébastien a l’idée de construire une nouvelle version technologique de l’arche de Noé… En 2040, au Japon, Shu Kishida vit dans une atmosphère tellement polluée qu’il ne peut sortir de chez lui sans son masque à air fabriqué par la société Yi-Yendi pour laquelle il travaille… En mer d’Arabie, un aqualier, tanker géant transportant 500 000 tonnes d’eau récupérée sous la mer est attaqué par des pirates. Le capitaine et son équipage sont promptement trucidés et jetés à la mer… Miror est un « spid ». Son espérance de vie est d’autant réduite que celle de ses parents, suite à un traitement biologique particulier, a été rallongée jusqu’à égaler celle des tortues des Galapagos… Dans une station spatiale en orbite autour de la Terre, Fershid et Milena, deux scientifiques, procèdent à des mesures et relevés climatiques pour le compte de l’Agence Spatiale Européenne. Et ce qu’ils observent est rien moins qu’inquiétant : l’Arctique se morcelle, l’Europe est grignotée par la montée des eaux, (plus de Pays-Bas, plus de Camargue) et le Bengla-Desh, entre autres est en voie de submersion…

Ma critique

« Demain, la Terre » est un recueil composé de cinq nouvelles relevant toutes du registre science-fiction écolo-catastrophiste. Chacune illustre une des catastrophes promises à notre malheureuse planète : dérèglement climatique avec son lot de fonte des glaces, ses cyclones et autres tsunamis, pollution aggravée au point de rendre l’air irrespirable, bataille autour des dernières réserves en eau potable et même fin du monde avec milliards d’humains disparus dans toutes sortes de catastrophes (« Marée descendante » de Jean-Pierre Andrevon). Cet ouvrage, plutôt destiné aux adolescents, mais pouvant parfaitement être apprécié par les adultes, se lit ou plutôt se dévore en quelques heures tant le style des auteurs est de qualité et leurs histoires fort bien tournées. Le lecteur les trouvera plus ou moins originales, plus ou moins pertinentes avec un « like » tout particulier pour la nouvelle de Christophe Lambert, « La compagnie de l’Air », qui se révèle comme la meilleure des cinq à tous points de vue. À noter la préface explicative de Joël de Rosnay ainsi qu’une présentation de chaque auteur et une autre de citations pour chaque texte. De l’écolo- pédagogie de qualité, en quelque sorte !

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

LES CHEMINS DE L’ESPACE (COLIN GREENLAND)

Le résumé du livre

À Londres, sur la vieille Terre, un étrange gentleman dépourvu de chapeau, descend d’un fiacre, disperse quelques mendiants en leur jetant une poignée de piécettes et va frapper à la porte d’une taverne assez borgne. Il demande à voir une certaine Molly. C’est une prostituée qui semble ne pas lui être inconnue. Après un bref rapport, l’homme sort un poignard laser et fait passer la pauvre Molly de vie à trépas. En fait, le tueur est un Hrad, un exécuteur des basses œuvres, venu de Jupiter ou d’une de ses lunes… À Fort de Haut, sur les hauts de Hanovre, la jeune Sophie Farthing se présente au lecteur. Elle n’a jamais connu sa mère et vit avec son père, alcoolique notoire et Kappi, un Ophiq massif, de quatre pieds de haut, venu d’Arcturus IV. Comme il lui a appris à lire et à écrire, elle sert de scribe aux marins du port. Un jour, elle rencontre un certain Cox, dignitaire de la Guilde, qui prétend avoir connu sa mère. Pour le retrouver et en avoir le cœur net, elle se glisse par erreur à bord de l’Halcyon Dorothy qui quitte le quai et file dans l’espace avant qu’elle ait pu réagir…

Ma critique

« Les chemins de l’espace » est un roman de science-fiction plutôt atypique car très mâtiné steampunk. L’histoire se passe dans un univers à la Dickens avec machines à vapeur, fiacres, diligences et surtout vaisseaux spatiaux dignes de la marine en bois bien pourvus de voiles ! Toute l’intrigue tourne autour de Sophie, jeune orpheline, à la recherche de son identité au quatre coins de la galaxie. Le versant space-opera à la Silverberg (clin d’œil évident par rapport au titre) semble moins crédible. Il est d’ailleurs presque complètement occulté par le versant « Olivier Twist » ou « Mystères de Londres » qui reste néanmoins très passionnant. Comme le lecteur est touché par le destin de cette gentille héroïne à qui arrivent toutes sortes de malheurs et de tribulations, il ne peut que maintenir son intérêt tout au long d’une narration pourtant particulièrement minutieuse et descriptive. Un ensemble assez surprenant mais relativement agréable à lire.

Ma note

3,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

WHITE (BRET EASTON ELLIS)

Le résumé du livre

Nostalgique du cinéma des années 70, Bret se souvient avec délices et nostalgie de tous les films d’horreur dont il se délectait pendant son adolescence, tels « La maison des damnés », « Théâtre de sang » ou « Pantom of the paradise » de Brian de Palma. Alors qu’il n’est encore qu’un étudiant d’une vingtaine d’années, Bret est contacté par « Vanity Fair » pour qu’il écrive son premier article. Contre toute attente, son premier roman (« Moins que zéro ») paru alors qu’il n’a que 23 ans est tout de suite un énorme succès. Et pourtant cet opus ne comporte pas vraiment d’intrigue et ses personnages ne sont ni positifs ni sympathiques, mais parfaitement dans l’air du temps, c’est-à-dire nihilistes, cyniques et désenchantés. Un film en est tiré. Mais peu fidèle à l’esprit du livre, il est loin de rencontrer le succès escompté. Bret aura moins de réussite avec son deuxième opus « Les lois de l’abstraction » mais retrouvera à nouveau la réussite avec le troisième, le fameux « American Psycho » dont on tira un film qu’il trouve assez médiocre et même une comédie musicale…

Ma critique

Il est bien difficile de classer « White » dans une catégorie particulière. Ce n’est pas vraiment un roman, pas vraiment une biographie (encore que Bret Easton Ellis parle énormément de lui-même de son homosexualité qui semble l’alpha et l’oméga de son existence, de sa carrière et de ses fréquentations hollywoodiennes) et pas tout à fait un témoignage sur le monde de l’édition et du cinéma (quoi que les potins, ragots et historiettes sur toutes sortes de stars ne manquent pas). Certains passages raviront le lecteur curieux : par exemple tous ceux consacrés à l’élection de Donald Trump avec la stupeur et l’effroi des milieux bobos américains, choqués au point de le rejeter pour un tweet dans lequel il s’étonne de leurs réactions aussi idiotes que sectaires. Et également les portraits de Charlie Sheen, alcoolique et drogué, de Tom Cruise, dépressif avant de basculer dans la scientologie, et de Kanye West, ostracisé et considéré comme dément pour avoir déclaré que Trump pouvait être considéré comme un président acceptable. Dans l’ensemble, un bouquin agréable à lire pour qui n’est pas révulsé par les potins type Voici-Gala et le nombrilisme homo, mais pas vraiment du niveau de ses deux meilleurs, « Glamorama » et surtout « American psycho ».

Ma note

3/5

FANTASTIQUEROMAN

VIES DE CHAT / PRÉLUDE À L’ÉLU DE MILNOR (SOPHIE MOULAY)

Le résumé du livre

Dans les rues d’Hoggu, capitale de l’Empire, Calus et Linea, sept ans, sont pourchassés par une patrouille de soldats. Calus réussit à lui échapper mais juste pour se retrouver capturé par des sbires travaillant pour le compte du mage Cruzac. Placés dans une geôle humide et sombre, il est rejoint par une autre captive, Maëlia, une petite fille des rues. Quelque temps plus tard, Malus est installé dans une étrange machine qui lui fait subir une transformation surprenante : ses yeux changent de forme et de couleur et du poil commence à lui pousser sur tout le corps. Même chose pour Maëlia. Les deux enfants sont transformés en chats ou plutôt en hybrides félins, mi-humains, mi-animaux. Des animains. Ils apprécient finalement beaucoup leurs nouvelles caractéristiques et en particulier leur meilleure vision nocturne et leur plus grande souplesse et agilité. Calus s’apprête à chasser un oiseau quand un autre animain de type panthère, Deri ot Sertius, l’arrête dans son élan, histoire de l’empêcher de se rompre les os. Après un assez long entrainement aux arts martiaux, les deux enfants se voient confier une toute première mission auprès du gouverneur Kiho, menacé par un complot inquiétant.

Ma critique

« Vies de chat » est un roman de fantaisie plutôt destiné aux adolescents. La narration est de bonne qualité, rythmée, sans temps mort. Le lecteur se laisse facilement emporter par cette histoire basée sur une idée amusante et pleine d’action et de rebondissements. Il semble que ce titre annonce une suite sous forme de saga, car il s’achève sur une fin ouverte. Sa mission réussie de main de maître, Calus s’en voit attribuer une autre qui sera sans doute racontée par la suite. L’ensemble est agréable à lire, sans prétention. Rien que du plaisir et du divertissement. Inutile de chercher autre chose !

Ma note

4/5

ROMAN

LA TERRE INVISIBLE (HUBERT MINGARELLI)

Le résumé du livre

À Dinslaken, dans l’Allemagne vaincue de juillet 1945, un photographe de guerre n’arrive pas à se décider à rembarquer et à retourner chez lui. Quelque chose le retient sur place. Le hasard de ses promenades lui fait rencontrer de pauvres gens partis sur les routes à la recherche d’un abri. Quand il reçoit l’ordre de pendre un procureur, son supérieur, le colonel Collins, refuse d’obtempérer en prenant le prétexte que son unité ne dispose d’aucun charpentier. Le photographe est obsédé par un rêve récurrent : il voit des bâches recouvrant des morts se soulever toutes seules. Un jour, profitant de la voiture réquisitionnée du procureur, il part en voyage vers le Nord en compagnie du seconde classe O’Leary qui lui servira de chauffeur. Dans les fermes et dans les villages, il prend en photo les gens qu’il rencontre, souvent des femmes, des enfants et des vieillards mutiques. Il leur demande parfois de l’eau et des œufs pour améliorer l’ordinaire…

Ma critique

« La terre invisible » est un roman intimiste comme sait si bien en écrire Hubert Mingarelli avec son style minimaliste inimitable. L’auteur ne semble s’attacher qu’aux détails insignifiants de la vie de tous les jours. Ses personnages ressemblent un peu à des ombres, tant il leur donne peu de consistance. Ce voyage quasi inutile et peut-être sans retour donne surtout une impression de poésie mélancolique. Pas de théories, peu de descriptions, pas de grandes déclarations ou explications psychologique, juste l’essentiel pour que le lecteur puisse se faire son film tout seul dans sa tête. De livres en livres, Mingarelli continue donc imperturbablement sur ce même sillon. Ça finit par faire un peu procédé « breveté », d’autant qu’on retrouve presque les mêmes personnages, les mêmes situations et les mêmes décors (ou de similaires comme dans « Quatre soldats »). Le lecteur pourrait finir par se lasser, mais il n’en est rien. La petite musique si particulière de l’auteur garde encore pas mal de sa magie…

Ma note

3,5/5

SCIENCE-FICTION

LE PRINCE DES ÉTOILES (JACK VANCE)

Le résumé du livre

En juillet 1524, Kirth Gersen se présente à la taverne de Smade, établissement fréquenté par les pirates et les flibustiers les plus notoires de l’Au-delà. Il faut dire que Smade est le seul propriétaire de la planète qui porte son nom. Il s’y est établi avec ses trois femmes et ses onze enfants et y fait régner sa loi. Gersen y rencontre un autre explorateur de l’espace, Lugo Teehalt, lequel a travaillé pour le compte d’Attel Malagate, dit « Le Monstre ». Teehalt a fait la découverte d’une planète aussi magnifique qu’hospitalière, habitée par des créatures fascinantes telles les dryades. Pour la préserver, il veut garder secret son emplacement. Mais, dans la nuit, il est assassiné par trois individus, au grand dam de Smade qui n’admet aucun désordre sur sa planète. Gersen repart avec le moniteur de la fusée de Teehalt. Il espère réussir à l’ouvrir et à le faire parler, car il contient de précieux renseignements et en particulier la position de la fameuse planète.

Ma critique

« Le prince des étoiles » est un roman de science-fiction, catégorie space-opera, consacré à une chasse à l’homme et à une vengeance à travers la galaxie. C’est le premier de cinq tomes d’une saga intitulée « La geste des princes-démons ». Chacun retrace la traque d’un grand criminel et peut se lire indépendamment des autres. Après Attel Malagate, suivront Kokor Hekkus, Viole Falushe, Lens Larque et Howard Alan Treesong. Présentée comme un grand classique de la science-fiction (si l’on en croit la quatrième de couverture), cette série est plutôt une œuvre de divertissement sans grande prétention ni profondeur. L’intrigue est assez basique, les personnages peu travaillés et les méchants très caricaturaux. Reste le style de qualité du grand Jack Vance dont la production assez énorme comporte des titres de bien meilleur niveau que celui-ci.

Ma note

3,5/5

AVENTURESPOLICIER

LE TRAIN PERDU (SOUVESTRE & ALLAIN)

Le résumé du livre

Dans une guinguette des bords de Marne, Beaumôme, Oeil-de-bœuf, Bec-de-gaz et quelques autres apaches et rôdeuses de barrière découvrent qu’un mystérieux personnage semble les espionner depuis un salon particulier du premier étage. Ils s’apprêtent à lui faire un mauvais sort quand ils découvrent que le présumé roussin n’est autre que leur patron, le redoutable Fantômas. Lequel leur propose un nouveau contrat : dérober la rondelette somme de cinq millions de francs convoyée en Angleterre par le prince Vladimir, aristocrate russe, chargé de l’achat d’une île du Pacifique pour le compte d’une principauté d’Europe centrale. Une première tentative échoue lamentablement dans le train menant à Calais. Une deuxième sur le ferry-boat fait flop également. Il faut dire que diverses grèves de dockers et de cheminots compliquent à plaisir la manœuvre des voyous…

Ma critique

« Le train perdu » est un des 44 épisodes des aventures de Fantômas, « le génie du crime, le maître de l’épouvante ». Paru en 1912, ce roman feuilleton parfaitement dans le goût de l’époque rencontra un immense succès sous forme de fascicules vendus 65 centimes (le Livre de Poche avant l’heure). Dans la lignée des Rocambole et autres Arsène Lupin, le héros, sombre incarnation du mal n’a de cesse de faire frissonner de peur les lecteurs de l’époque. Y a-t-il un intérêt à lire aujourd’hui ce genre de texte écrit au kilomètre, quasiment sans relecture, sans le moindre souci de style ? Oui, sans aucun doute, mais pour des raisons différentes des originales. Tout d’abord pour la plongée dans le monde de la Belle Epoque avec toute sa galerie de personnages étranges ou truculents. Ensuite pour l’intrigue délirante, abracadabrantesque, pleine de rebondissements souvent cousus de fil blanc et frisant sans cesse l’invraisemblance. Mais qu’importe ! Le lecteur pourra également mesurer les progrès qui ont été faits en littérature (roman noir, thriller, fantastique) depuis cette œuvre de précurseurs sans prétention qui n’avaient qu’un but : distraire le lecteur et vivre de leur plume.

Ma note

3/5

ESSAIS

PAROLES D’UN RÉVOLTÉ (PIERRE KROPOTKINE)

Le résumé du livre

Né en 1842, mort en 1921, Pierre Kropotkine, issu de la haute aristocratie russe, fut à la fois géographe, explorateur, zoologiste, et anthropologue. Il est surtout connu comme théoricien du communisme libertaire. Avec Bakounine, Fourier et Proudhon, il est considéré comme un des penseurs majeurs de l’anarchisme et comme le fondateur de ce mouvement politique aussi radical que particulier. Accusé d’affiliation à « une société internationale ayant pour but de provoquer la suspension du travail, l’abolition de la propriété, de la famille, de la patrie et de la religion », en un mot, d’avoir commis par ses écrits un véritable attentat contre la paix publique, il dut purger trois années de prison en France. Mais que prônait cet imprécateur ? La véritable collectivisation des terres, des richesses et des moyens de production. Il voulait développer l’entraide, la solidarité prolétarienne, une morale basée sur la liberté, l’égalité, la fraternité et la justice sociale. Il fustigeait la spéculation et tous les profits indûment engrangés sur la sueur et le labeur des travailleurs. Il condamnait sans appel le capital et surtout la bourgeoisie qui avait manqué à toutes ses promesses lors des diverses révolutions (1789, 1830, 1848 et surtout au moment de la Commune qu’il étudie tout particulièrement comme étant la seule véritable tentative avortée de révolution anarchisante).

Ma critique

« Paroles d’un révolté » est un recueil comportant 19 articles précédemment parus dans le journal « La Révolte ». Publié en 1885, cet ouvrage pourra être lu sans problème de nos jours et certainement avec grand profit tant l’analyse des mécanismes révolutionnaires est pertinente. Le lecteur s’apercevra au fil des articles que peu de choses ont changé et que d’une oppression, le peuple est passé à une autre peut-être encore plus hypocrite et plus rapace. Il comprendra que l’ordre bourgeois a toujours su récupérer toutes les révolutions, les a retournées à son profit. Les nantis osant même se présenter comme « socialistes ». Pour Kropotkine, tout « gouvernement révolutionnaire » est un oxymore, une forfaiture et un piège dans lequel sont tombées toutes les révolutions « sociales » sans aucune exception. Ce que l’Histoire nous a d’ailleurs montré ultérieurement. La Révolution de 1917, le stalinisme, le maoïsme, guerre d’Espagne, ne faisant que conforter a posteriori les thèses de l’auteur. Pour lui, il faudrait prioritairement abolir toute forme de propriété et procéder sans attendre à une expropriation généralisée. « Ni Dieu, ni maître », donc pas d’armée, pas de clergé, pas de gouvernement, pas de pseudo « représentants du peuple » qui ne songent qu’à se servir au lieu de servir, pas de taxes, pas d’impôts. Une commune, autant dire, une communauté, un communisme total, absolu, sans compromis. Il pensait cet avenir tout proche comme une suite logique de la Commune de Paris. Nous, grâce au recul que nous avons, savons qu’il donnait sans doute un peu beaucoup dans un idéalisme utopique sans parler d’un certain misérabilisme compréhensible vu l’époque. À lire pour qui veut en savoir plus sur ce courant politique qui ne parvint jamais à inscrire ses principes dans la réalité.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

MANUEL PRATIQUE DE LA CULTURE MARAÎCHÈRE DE PARIS (MOREAU & DAVERNE)

Le résumé du livre

À la demande de la société de jardinage et d’horticulture de Paris, les auteurs ont rédigé une somme tout à fait remarquable sur les méthodes de culture des maraîchers et jardiniers professionnels de la capitale. Leur travail récompensé par un prix est devenu par la suite un ouvrage de référence dans le milieu, tellement il est précis, complet, documenté et utilisable, autant par les amateurs que par les professionnels. Il débute par une histoire sommaire de la culture maraîchère. Le lecteur y découvrira entre autres que le terme « marais » était encore à l’époque (1845) encore synonyme de « jardin » et qu’au fil des siècles et des constructions, ces lieux de production durent peu à peu s’éloigner du centre de la capitale jusqu’à se retrouver de plus en plus en périphérie. L’utilisation du premier châssis date de 1780, celle du premier forçage de l’asperge blanche de 1792. Chaque hectare de potager donnait du travail à 5 ou 6 personnes soit au total environ 9000 emplois rien que pour Paris intra-muros.

Ma critique

Le « Manuel pratique de la culture maraîchère à Paris » se compose de 13 chapitres. On y découvre tout ce qui se rapporte aux sols, aux expositions. En ce qui concerne les engrais, les maraîchers n’utilisent que du fumier de cheval ou de bovin. En revanche, ils pratiquent la rotation systématique des cultures, le terreautage, le compostage et le paillage. La plus grande partie de l’ouvrage est une description mois par mois de toutes les cultures pratiquées qui sont nombreuses et variées. Celle du chou de Chine est déjà bien connue, mais peu répandue, car elle ne trouve que peu de débouchés. Celle des fraises (surtout celle des Alpes) également car déjà concurrencée par celle de régions au climat plus doux permettant des récoltes plus précoces. Un chapitre est réservé aux maladies et aux insectes ravageurs avec malheureusement peu ou pas de parades. L’ouvrage se termine par la récolte et la conservation des graines (heureuse époque où personne n’avait eu l’idée monstrueuse de breveter le vivant !), puis par un index alphabétique des légumes permettant au lecteur de se retrouver aisément dans l’ouvrage. Il ressort de cette fort intéressante lecture que nos ancêtres avaient déjà une connaissance et une maîtrise remarquable des techniques de culture, qu’ils pratiquaient le bio et même une certaine forme de permaculture, technique qui semble si avant-gardiste à certains. Une fois encore, pas grand-chose de nouveau sous le soleil !

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

LES CHAINES DE L’ESCLAVAGE (JEAN-PAUL MARAT)

Le résumé du livre

En 1774, voulant profiter de l’occasion donnée par le renouvellement du Parlement anglais, Marat publie à l’attention des électeurs britanniques un ouvrage appelé à réveiller leur conscience civique qu’il juge assoupie. Le livre paru, il s’aperçoit qu’il n’est distribué nulle part et que personne n’en parle. Journalistes, éditeurs, distributeurs semblent tous s’être donné le mot pour le boycotter. Marat serait-il trop véhément à l’égard du pouvoir ? Il se rend d’urgence en Angleterre où il a déjà séjourné une dizaine d’années pour faire la promotion de son ouvrage auprès de sociétés qu’il appelle « patriotiques ». Il rencontre un certain succès, mais celui-ci arrive bien trop tard. Les élections sont passées et son intervention n’a rien changé aux résultats. Marat découvrira par la suite que le pouvoir avait dépensé la bagatelle de 8000 guinées pour retarder et même empêcher toute diffusion de son livre…

Ma critique

« Les chaînes de l’esclavage » est une étude soignée, argumentée, illustrée de nombreux exemples historiques principalement tirés de l’Histoire d’Angleterre mais aussi de celle de Rome, ainsi que d’évènements divers survenus en France, en Italie, en Espagne et un peu partout en Europe. Ce n’est en aucun cas un pamphlet comme on pourrait s’attendre de la part d’un révolutionnaire dont on n’a retenu que le côté imprécateur et surtout la mort tragique dans sa baignoire sous le couteau de Charlotte Corday. Tout au long d’une brillante démonstration, il analyse les ressorts et mécanismes plus ou moins vicieux de l’absolutisme, du totalitarisme, en un mot de toutes les formes de tyrannie. Il met en parallèle richesse et servitude. Tant que le peuple a du pain et des jeux, il ne se révolte pas. Il montre aussi comment un prince au départ éclairé et sensible aux problèmes de son peuple peut insidieusement basculer dans l’arbitraire avec toutes sortes de complicités extérieures (rôle des juges, des politiques, des notables, des militaires) et même grâce à un quasi goût du peuple pour sa propre servitude. Pour lui, un vrai citoyen doit pouvoir être armé comme en Suisse ou aux Etats-Unis. C’est l’unique et définitive garantie pour assurer une véritable démocratie. Un ouvrage majeur qui mériterait plus grande diffusion tant le discours et l’analyse restent modernes et même toujours d’actualité. À chaque page, le lecteur ne peut que se dire « Mais, rien n’a changé. Tout ce que dénonce Marat quelques années avant la Révolution, il pourrait le redire aujourd’hui. Et même en pire. » Au passage, on notera avec amusement quelques naïvetés sur l’extension du suffrage, l’abolition des privilèges ou la vérification des comptes de la nation, toutes choses que nous pouvons aujourd’hui évaluer avec le recul historique dont nous disposons. Une belle pensée de sociologue, d’homme politique et de moraliste mais aussi une très belle plume, agréable à lire, même de nos jours.

Ma note

4,5/5

ESSAISLOISIRSvoyages

GUIDE DE LA RETRAITE HEUREUSE (BERNARD BELLEC)

Le résumé du livre

Qu’est-ce qu’une donation-partage ? Comment s’y reconnaître dans la foule d’acronymes tous plus sibyllins les uns que les autres (de AAH à USLD) ? Comment organiser des obsèques ? Comment protéger ses proches et transmettre son patrimoine ? De quelles aides peut-on disposer pour mieux vieillir ? Comment devenir acteur de son vieillissement ? Peut-on bien vieillir en restant chez soi ? Comment améliorer sa retraite ? Toutes ces questions et bien d’autres trouvent leurs réponses dans cet ouvrage.

Ma critique

« Guide de la retraite heureuse » est un bel ouvrage assez difficile à répertorier. En effet, ce livre agréable et joliment illustré est à la fois un almanach un peu dans l’esprit du Vermot avec ses anecdotes, ses petits faits historiques, méconnus ou oubliés, ses sites à découvrir, ses recettes pas toujours connues, ses conseils de jardinage, ses bandes dessinées, ses blagues, énigmes et historiettes. Une sorte de fourre-tout sympathique et fort utile pour les seniors qui souhaitent passer une retraite heureuse et qui voudraient comme l’indique le sous-titre « Bien vivre en France ». Une très belle édition grand format (almanach) qui aborde avec bonheur un grand nombre de sujets souvent intéressants Il est évident que la partie mémento avec ses index et son lexique sera la plus consultée et la plus utile. L’autre sera plus amusante voire distrayante.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUE

L’ENNEMIE SOCIALE (PAUL ROSEN)

Le résumé du livre

En 1890, la Franc-Maçonnerie représente 136 000 loges et 28 millions de « frères » et « sœurs ». Elle dispose d’un budget annuel de 3 milliards de francs. À l’époque, elle est déjà de première importance car à l’inspiration et à l’origine de la plupart des lois et décisions républicaines. Elle se déclare « humaniste, progressiste, amie du genre humain », mais quelle est sa véritable nature ? Dans son Encyclique « Humanum gentium », le pape Léon XIII a demandé : « Arrachez à la Franc-Maçonnerie le masque dont elle se couvre et faites-la voir telle qu’elle est. » Tel est le but de cet ouvrage qui démarre par une partie historique rappelant toute l’histoire de la maçonnerie laquelle remonte à la nuit des temps. Ainsi découvre-t-on entre autres que la première loge maçonnique créée en France fut constituée le 13 octobre 1721 à Dunkerque par Lord Montaigu, grand maître de la Grande Loge d’Angleterre sous le titre « Amitié et Fraternité » et que la seconde fut fondée à Paris par Lord Derwent-Water en 1725. Merci les Anglais. Sait-on aussi que Louis XVI, Louis XVIII et Charles X furent eux-mêmes intronisés maçons de la Loge « Les trois frères » qui siégeait à Versailles ?

Ma critique

« L’ennemie sociale » se présente comme un essai ou un document historique se voulant exhaustif et présentant une analyse particulièrement précise de la situation de la maçonnerie à la fin du XIXème siècle. L’ouvrage comporte trois grandes parties (la maçonnerie en France, en Belgique et en Italie). L’auteur s’efface totalement en se contentant de citer textes et déclarations de divers Grands Maîtres, lesquels sont parfaitement clairs sur les buts réels de l’organisation transnationale. Il s’agit d’appliquer leur devise, « Liberté, Egalité, Fraternité » trois préceptes ambigus qu’il faut comprendre comme applicables aux seuls maçons et non aux opposants. En effet, l’enseignement maçonnique comporte une partie avouée, une partie avouable et une partie inavouable. C’est celle-ci que l’auteur parvient magistralement à débusquer. Cette organisation secrète veut en effet la destruction de toute religion par la corruption de la conscience, la destruction de toute autorité par la corruption de l’enseignement et la destruction de toute morale par la corruption de l’Etat. Un ouvrage majeur, somme indiscutable et un tantinet indigeste (vu l’accumulation de documents) qui permettra à son lecteur de faire des parallèles avec la situation actuelle et de comprendre d’où est partie et à quoi a abouti cette entreprise que certains qualifient de « satanique ».

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

UN FIASCO MAÇONNIQUE (ÉMILE FLOURENS)

Le résumé du livre

En 1899 puis en 1907, à l’initiative de sommités de la maçonnerie, furent organisées deux conférences internationales à La Haye. Ces hauts dignitaires souvent d’origine juive voulaient lancer une initiative en faveur de la paix mondiale. Pour y parvenir, ils voulaient créer une cour d’arbitrage internationale permanente à laquelle tous les états auraient dû se soumettre en cas de litige. Président de l’Alliance Israélite Universelle et Grand maître du Rite Ecossais, Adolphe Crémieux avait quelques années auparavant entrepris un lobbying intense auprès de l’empereur Napoléon III et du Tsar Alexandre II. Le président américain Roosevelt et le tsar Nicolas II furent officiellement à l’origine du projet qui se solda par un échec apparent, car elles n’empêchèrent pas la guerre de 1914. Après un peu plus de deux mois de travaux, le texte de l’Acte final de la Convention de la Haye fut signé le 29 juillet 1899 par les représentants de vingt-sept États, dont vingt-et-un européens. Ces deux Conventions de la paix représentent aujourd’hui les règles de droit coutumier de première importance, même si entre-temps les Conventions de Genève de 1949 et leurs Protocoles additionnels de 1977 les ont considérablement élargies.

Ma critique

Cet ouvrage écrit par un ancien ministre des Affaires étrangères et publié en 1912, est aujourd’hui un important document historique analysant de façon objective l’ébauche avortée selon l’auteur des premières instances internationales, en réalité l’acte de naissance de la Cour pénale internationale de La Haye. Suivront ensuite la SDN puis l’ONU et toutes ses annexes. Les arguments contre cette « nouveauté » ne manquaient pourtant pas. « Tout ce mouvement pour la paix, si beau à n’en considérer que l’apparence, n’est au fond que la preuve d’une sotte bonhomie », écrivit à l’époque Robert von Mohl. « Le but de tous ces projets de paix c’est de faire régner la paix ; or ce n’est pas la paix qui est le but, c’est le droit ; or toutes les garanties imaginables ne préviennent pas la violation du droit », ajoutait F. Laurent. Le plus amusant est de s’apercevoir que le véritable objectif de toutes ces grandes manœuvres était la création d’un Etat mondial sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique, une fédération universelle, un gouvernement mondial. Ceci il y a plus d’un siècle. Ces gens-là ont de la patience, de la suite dans les idées. Document très intéressant pour les amateurs d’Histoire ou pour quiconque s’intéresse à la géopolitique actuelle.

Ma note

3/5

ESSAISRELIGIEUX

LE RHIN SE JETTE DANS LE TIBRE (RALPH WILTGEN)

Le résumé du livre

Les travaux préparatoires du Concile Vatican II consistèrent d’abord en une vaste collecte des réponses données par les prélats à un questionnaire envoyé par le pape Jean XXIII. Soit un total de seize gros volumes représentant près de 10 000 pages de lecture ! Lesquelles allaient d’ailleurs servir de bases aux travaux des diverses commissions. À l’appel du souverain pontife, 2200 prélats se retrouvèrent à Rome pour ce Concile qui se voulait œcuménique. Mais dès l’ouverture ce fut la foire d’empoigne pour obtenir les présidences des dites commissions. L’Allemagne, l’Autriche, la Hollande et pour une moindre part la France se taillèrent la part du lion au grand dam des prélats d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. La Curie romaine se retrouva sur la sellette. Le Pape lui-même vit son autorité remise en question. On abandonna le latin et on systématisa la concélébration des messes. On aborda la question du statut des religieux, des laïcs, on chercha à mettre une sourdine sur le culte marial, etc. Les plus actifs partisans de l’œcuménisme furent les Jésuites et les Dominicains.

Ma critique

« Le Rhin se jette dans le Tibre » est un compte-rendu précis, presque heure par heure ou intervention après intervention ,d’un Concile qui fut lourd de conséquences surtout pour le catholicisme. Le lecteur remarquera que tous les efforts déployés pour séduire les « frères séparés », orthodoxes, protestants et même juifs ne furent guère payés de retour. Ces « minutes » illustrent parfaitement les difficultés qu’eurent les prélats à trouver des accords sur quasiment tout. Le bras de fer entre conservateurs et libéraux fut aisément gagné par ces derniers qui surent placer suffisamment de propositions floues ou ambiguës permettant la plupart des dérives qui se produisirent par la suite. Un document historique majeur, précis, référencé qui pourra être fort profitable au chercheur ou à l’amateur voulant en savoir plus sur cet événement capital. On passera sur la lecture un peu aride de ce texte.

Ma note

3/5

TEMOIGNAGE

UNE FUMÉE SUR LE TOIT (EDOUARD ROY)

Le résumé du livre

Charlou est un pauvre paysan de la région de Carmaux. Son père d’abord sabotier a essayé de se reconvertir comme vendeur de chevaux mais sans grand succès. Dès l’âge de 12 ans, il doit quitter la petite ferme familiale pour aller s’engager à la mine. Il y travaillera de 1889 à 1929 à l’entretien des chevaux puis comme porion. De trop petite taille, il est dispensé de service militaire et échappe à la grande boucherie de la Première Guerre Mondiale. Il se marie avec Orancie qui sera sa fidèle compagne pendant des années. Ils n’auront qu’une fille car Orancie, victime d’un très grave accident ne pourra plus avoir d’enfant. À la fois mineur et paysan, Charlou mènera une double vie. Double travail, double peine. Il connaîtra les grands mouvements sociaux de l’époque, verra l’armée tirer sur le peuple et découvrira l’exploitation, la misère de ceux et celles qui n’ont pas comme lui quelques arpents de terre et quelques animaux qui lui permettront de toujours améliorer l’ordinaire, ce qui sera particulièrement le cas pendant l’Occupation.

Ma critique

« Une fumée sur le toit » n’est pas un roman de terroir, mais l’authentique témoignage, vivant et poignant, d’un homme simple, honnête et courageux. Edouard Roy a recueilli et scrupuleusement noté les récits de Charlou. L’ensemble est un peu décousu, un peu brut de décoffrage. L’auteur fait parler à la première personne tantôt Charlou, tantôt Orancie, ce qui permet au lecteur de se faire une bonne idée de ce que fut la vie des personnages dans une époque difficile. Il ne pourra qu’apprécier à sa juste valeur la sagesse de cet ouvrier-paysan qui analyse le monde de la mine et toute la société avec son bon sens et surtout son humour modeste. Ouvrage très frais, très agréable, pétri de valeurs traditionnelles et si loin du cynisme, du laisser-aller et de la lâcheté actuels !

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

LE TEMPLIER D’ANDRIVAUX (JACQUES DUBOURG)

Le résumé du livre

En 1138, en Périgord, le sire de Beaudricourt a la tristesse de perdre Juliane, son épouse bien-aîmée. Il décide de tout quitter pour entrer à la commanderie templière d’Andrivaux qui vient de se créer à proximité de son domaine. Il veut devenir un « pauvre chevalier du Christ et du Temple de Salomon ». Il confie son fils Enguerrand qui n’a que 13 ans aux bons soins de sa vieille servante Gertrude et de son frère, lequel gèrera son fief jusqu’à la majorité de son fils. À ce moment, il devra rejoindre à son tour l’ordre chevaleresque qui pourra hériter de tous ses biens. Mais, d’abord, Beaudricourt doit faire ses preuves avant d’être admis dans l’ordre et pouvoir recevoir le fameux manteau blanc frappé de la croix rouge. Il rejoint ensuite la commanderie de La Rochelle avant de partir en Terre Sainte accomplir sa mission de protection des pèlerins victimes des agressions des Sarrasins. Il y attrape la lèpre et est rapatrié en France…

Ma critique

« Le templier d’Andrivaux » est un roman historique solidement étayé sur la réalité des faits et ne cédant pas à la mode romanesque si répandue sur le sujet. Ici, pas d’histoire de Baphomet ni de Saint Graal, ni de Prieuré de Sion ni même de sang royal. Jacques Dubourg ne s’aventure pas dans les élucubrations des Dan Brown et consorts. Il laisse de côté tout ce côté ésotérique plus ou moins fumeux pour privilégier l’Histoire avec un grand H. Le lecteur suit de près l’initiation du futur templier et réalise que ce personnage était vraiment autant moine que soldat. Il faisait d’ailleurs vœu de pauvreté, obéissance et chasteté. Un chapitre important du livre illustre très bien l’énorme importance attachée à cette vertu. Tous les faits s’inscrivent parfaitement avec le contexte historique qui est d’ailleurs rappelé en fin de volume. Un roman historique sérieux, bien construit, comme le vrai connaisseur de l’Histoire peut les apprécier même si les épisodes spectaculaires brillent un peu par leur absence.

Ma note

3,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

ALAIN DE SOLMINIHAC (ROLAND MAZEAU)

Le résumé du livre

Alain de Solminihac, né le 25 novembre 1593 au château de Belet à Saint-Aquilin, près de Périgueux, mort à Mercuès, près de Cahors, le 31 décembre 1659, fut un homme d’Église du XVIIe siècle. Il a été déclaré vénérable en juin 1927 par le pape Pie XI puis béatifié en 1981 par le pape Jean-Paul II. À l’âge de 18 ans, il ne désirait rien d’autre que de devenir chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem et de porter les armes pour défendre la foi catholique. Son oncle, abbé commendataire de l’abbaye de Chancelade, fondée en 1133, le désigne pour lui succéder. À 21 ans, il devient donc chanoine régulier novice. En 1614, lorsqu’il prend son abbaye en main, celle-ci est ruinée par les guerres de religion. Après sa profession religieuse (1616) et son ordination sacerdotale (1618), il va compléter ses études ecclésiastiques à Paris où il applique sa devise: : « Aussi bien que se peut, jamais rien à demi ». Il y rencontre François de Sales et se lie d’amitié avec Vincent de Paul. En 1623, il reçoit la bénédiction abbatiale et continue l’entreprise de reconstruction spirituelle et matérielle de Chancelade. En onze années, il reçoit la profession religieuse de 54 novices. Sa méthode et ses préceptes font école auprès d’autres communautés augustiniennes. Pressenti pour être nommé évêque de Lavaur, il se rend à Paris pour aller demander au roi Louis XIII de lui éviter ces honneurs. Mais le roi, frappé par cette humilité, le fait nommer en 1636, à un des plus grands diocèses du royaume, celui de Cahors.

Ma critique

« Alain de Solminihac, abbé de Chancelade, évêque de Cahors » est un ouvrage historique et documenté sur la vie d’un homme pétri de foi et de ferveur qui eut une grande influence à son époque ne serait-ce que par les réformes qu’il impulsa à la religion catholique. Le lecteur découvrira dans ce livre de nombreux extraits de sa correspondance avec Vincent de Paul. Des photographies illustrent un propos un peu aride et surprenant devant tant d’héroïcité des vertus. Cet évêque « malgré lui » portait secours aux pauvres et aux démunis et eut une conduite admirable pendant la grande peste. Il se comporta toujours comme un véritable ascète. Il ne se nourrissait qu’une fois par jour d’un peu de pain et de quelques légumes, dormait sur une planche, portait un cilice et s’infligeait des flagellations chaque vendredi entre autres… Un comportement quasi incompréhensible à notre époque. Livre intéressant pour découvrir un athlète de Dieu assez peu connu.

Ma note

3/5

ROMAN

L’ARBRE DES OUBLIS (CORINE VALADE)

Le résumé du livre

De 1962 à 1984, des dizaines d’enfants et d’adolescents, orphelins ou non, ont dû quitter l’île de la Réunion censée être surpeuplée pour être transplantés un peu partout dans les campagnes françaises en voie de désertification. Ceci à l’initiative de M. Michel Debré, député de la Réunion et ex-premier ministre du général de Gaulle. Dans l’un des convois de ces petits « déportés » se trouvait la petite Lili, 4 ans, et Joseph, 14 ans, ado un peu difficile. Les services sociaux avaient fait croire à la mère de Lili que celle-ci allait faire de brillantes études en métropole, ce qui lui permettrait d’échapper à la misère et d’avoir une meilleure vie. Elle pourrait revenir sur son île aux grandes vacances. Malheureusement la réalité va se révéler complètement différente. La petite sera confiée à Simone et Dédé, un couple d’agriculteurs creusois. Quant à la promotion sociale, elle se limitera à un emploi d’aide-soignante à l’hôpital Robert Ballanger de Sevran (Seine-Saint-Denis). Et pourtant le souvenir de son île lointaine et de sa si tendre nourrice Gros Monmon restera toujours gravé dans son cœur d’enfant puis de femme. Pourra-t-elle renouer les fils de son destin, replanter ses racines si sauvagement arrachées ?

Ma critique

« L’arbre des oublis » est beaucoup plus qu’un simple roman de terroir tant il aborde de sujets différents dans les domaines de l’histoire contemporaine, de la sociologie et des drames humains. Quelle aberration que cette transplantation d’enfants venus du bout du monde ! Que de dégâts elle a causés ! Avec cette gentille petite Lili, le lecteur comprendra que tout être humain a un besoin vital de racines, d’être de quelque part et qu’un enfant ne peut jamais être retiré à sa famille sans conséquences. Le récit de cette vie gâchée ne manque pas de rebondissements et de tribulations dans toutes sortes de milieux sociaux. Il est si vivant et garni de tant de personnages si pétris d’humanité qu’il n’est pas aisé de poser le livre tellement tout ce qu’on y découvre est émouvant, attachant ou dérangeant. C’est d’autant plus touchant que tout repose sur des témoignages et des faits réels et avérés. Une importante bibliographie en fin de volume en témoigne. Un très beau livre bien écrit, agréable à lire et qui fait réfléchir sur toutes sortes de sujets brûlants comme l’adoption, les migrations et surtout la condition enfantine avec toutes ses souffrances.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUE

LES MILLIARDS DU TRAIN DE NEUVIC (GUY PENAUD)

Le résumé du livre

Le 26 juillet 1944, divers groupes de résistance (FFI, FTP, AS, etc.) réussissent le coup de force incroyable de s’emparer de la somme fabuleuse de 2 milliards 280 millions de francs transportés dans un wagon du train Périgueux-Bordeaux lors de son arrêt à la gare de Neuvic sur l’Isle, en Dordogne. Ce vol à main armée le plus important de l’Histoire car bien plus important que l’attaque célèbre du train Glasgow-Londres se déroula sans violence aucune, le directeur de la Banque de France de Périgueux, le Préfet et même les quatre policiers de l’escorte étant plus ou moins complices du coup de main. Il n’en fut pas de même de la répression menée par la Milice, la Gestapo et ses supplétifs maghrébins qui furent responsables de la mort de 42 jeunes résistants…

Ma critique

« Les milliards du train de Neuvic » est un ouvrage historique tout à fait intéressant sur un fait un peu oublié de nos jours et même passé sous silence dans les années d’après guerre. En effet, si les membres de l’équipe d’une centaine de personnes qui réalisèrent l’exploit se montrèrent d’une probité absolue, il n’en fut pas de même de bien d’autres entre les mains desquels transita cette montagne d’argent. Un parti politique (qui n’est pas nommé dans l’ouvrage et c’est bien regrettable) en profita très largement. On prétendit que 5 ou 8 millions servirent également à payer une rançon pour libérer André Malraux emprisonné à Toulouse. Ce qui est totalement faux, cette libération ne coûta rien, mais l’argent disparut. Toutes sortes d’associations plus ou moins bidon en profitèrent et pas mal d’individus comme un certain Urban, agent russe ou yougoslave, qui, après s’être distingué par sa cruauté lors de l’Epuration se retrouva soudain à la tête d’une belle fortune placée en œuvres d’art et s’offrit même une luxueuse galerie d’art à Paris. Et tant d’autres. Seuls quelques millions purent être récupérés par la Banque de France. Cet ouvrage, très documenté et très bien illustré par de nombreux documents, se termine par une liste fort longue de tous les protagonistes de l’affaire et de tous les groupes de résistance de la région.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LA FLEUR DE DIEU (JEAN-MICHEL RÉ)

Le résumé du livre

Dans un futur très lointain, l’humanité a colonisé depuis des siècles de nombreuses planètes dont Sor’Ivanya sur laquelle pousse l’étrange « Fleur de Dieu » dont nul ne sait si elle relève du règne minéral ou végétal. Très rare et très recherchée pour ses propriétés hypnotiques voire hallucinogènes, elle fait l’objet d’un commerce très lucratif à l’intérieur de l’Empire. Mais voilà que Fawdha’anarchia, collectif d’anarchistes libertaires aux méthodes terroristes, taille des croupières aux forces impériales. Avant de disparaître dans des confins inexplorés, ces activistes ont eu le temps de détruire un certain nombre de vaisseaux de l’armée et surtout de dérober la formule secrète de composition de la « Fleur de Dieu ». Le seigneur de Latroce chargé de les retrouver pour les châtier n’est arrivé à rien. Le soupçonnant de sédition ou de double jeu, l’empereur Chayin X le convoque pour lui infliger la compagnie plutôt inquiétante de l’Inquisiteur Paznar…

Ma critique

« La fleur de Dieu » est un roman de science-fiction de fort belle facture. Dès le début, le lecteur est emporté dans un univers étrange empreint de religiosité syncrétique et de tyrannie particulièrement oppressive. Les évènements s’enchaînent sur un rythme soutenu. Le style est de qualité, la narration rythmée et les personnages bien campés. Difficile de lâcher un tel ouvrage. On ne lit pas on dévore et on arrive très vite à la fin du volume pour découvrir que l’on reste sur sa faim avec toutes ses interrogations. Qui est véritablement l’Enfant ? Que vient-il faire dans cette histoire ? Quel jeu mène vraiment le Seigneur de la guerre ? Etc. On attend donc la suite avec impatience. Sans doute une série particulièrement addictive. Pour s’y retrouver dans ce foisonnement d’évènements et de personnages, l’auteur a eu la bienveillance de proposer une liste de personnages en début de volume et surtout un important glossaire explicatif (45 pages) auquel il faut souvent se reporter pour bien comprendre le contexte de cette histoire passionnante.

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

NOS TRENTE ANS, LA SÉRIE COMPLÈTE (ARTHUR DREYFUS)

Le résumé du livre

Quelques trentenaires sans doute assez représentatifs de leur tranche d’âge donnent librement leur avis sur différents sujets. Le résultat est plus ou moins surprenant. « L’amour, c’est comme une table ou une chaise… L’amour, c’est dans le c… L’amour, c’est une structure… La première cause de souffrance dans le monde… Une solution pour rejeter sa misère sexuelle… La politique, c’est fait pour changer le monde… Tout est politique… La politique, c’est être à cinq euros près à la fin du mois… La politique, ça sert à rien… J’ai milité et j’ai pas fait changer les choses… C’est un club, la société… Ne pas détruire la planète… Limiter le nucléaire…

Ma critique

« Nos trente ans, la série complète » est un ouvrage audio difficilement classable ou définissable. Disons que c’est surtout un document brut de décoffrage qui pourrait éventuellement servir à quelques sociologues ou psychologues voulant analyser les tendances et aspirations particulières de cette génération. Tel que présenté, l’ensemble donne à réfléchir autant qu’il agace. En début de séquence (chapitre ?), l’auteur lance un thème (l’amour, le travail, la politique, vivre et mourir, la famille, le mérite, le futur) et les gens parlent sans même se présenter. À force de les écouter, on finit par les situer un peu, surtout celles et ceux qui se racontent beaucoup. S’expriment entre autres, un apprenti comédien, un fils d’immigré marocain qui a réussi, un homosexuel un peu honteux, une femme déçue de l’amour assumant sa frigidité, un fils à papa, une fille à maman et une grand-mère qui intervient sans doute à titre de contre-exemple. Platitudes, lapalissades, truismes, clichés, abondent. Chacun voit midi à sa porte. Beaucoup ressortent le prêchi-prêcha des médias. Quelques-uns s’évertuent à vouloir à tout prix sortir de l’ordinaire, à choquer le bourgeois. Pendant près de six heures, l’auditeur a l’impression d’être à la terrasse du café du commerce, dans un apéro entre copains ou à subir un micro-trottoir interminable. Pour une réflexion un peu élevée, quelle quantité de sottises ! Et bien sûr, dans le cas précis, inutile de parler de littérature.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUEROMAN

LA GUERRE COMME DES DÉMONS (THALIE DE MOLÈNES)

Le résumé du livre

1576 : les jumeaux Daniel et David ont maintenant quatorze ans. Après avoir été présentés à Henri de Navarre fraîchement libéré du Louvre où il était retenu contre son gré, ils quittent Périgueux pour se rendre à Bergerac. En chemin, ils sont attaqués dans une auberge par un seigneur catholique. Le notaire Lacombe qui les accompagne est grièvement blessé d’une balle en pleine poitrine. Le chirurgien appelé pour le soigner arrive en état d’ébriété avancée et totalement incapable d’opérer lui-même tellement il tremble. Il demande à Daniel d’être ses mains. Non sans peine, le jeune homme parvient à extraire la balle des chairs du blessé. Il n’en faudra pas plus pour déclencher chez Daniel une vocation de médecin. Son frère lui, se destine toujours à la carrière des armes. Le jeune Isaac Morlane, petit-fils d’Emeline se prend d’amitié pour ses deux cousins. Il passe de plus en plus de temps avec eux à La Fourcherie…

Ma critique

« La guerre comme des démons » est le troisième et dernier volet de cette trilogie historique fort intéressante sur les guerres de religions en Guyenne. Le lecteur continue de faire toutes sortes de découvertes sur certains aspects peu connus de ce pan d’Histoire de France peu reluisant. Ainsi apprendra-t-il que les dragonnades ne se cantonnèrent pas aux Cévennes et qu’elles furent tout aussi terribles en Saintonge et, entre autres, qu’un relaps (protestant ayant renié sa foi et étant revenu sur sa parole) ne devait être inhumé, qu’après avoir été exposé étendu sur des claies pendant plusieurs jours, laissé en pâture aux charognards. Ces guerres durèrent si longtemps que le récit en est à la troisième génération d’Hortal et de Morlane. La situation de ces deux familles huguenotes aurait pu s’améliorer, mais il n’en est rien en raison de l’acharnement de Louis XIII à vouloir éradiquer à tout prix le protestantisme de son royaume. L’intrigue malheureusement se recentre complètement sur la saga familiale avec son cortège de mariages, naissances et décès. Les grands évènements ne sont plus guère évoqués que dans les sous-titres de chapitres, ce qui est un peu regrettable.

Ma note

3,5/5

HISTORIQUEROMAN

LA GUERRE COMME DES HOMMES (THALIE DE MOLÈNES)

Le résumé du livre

1563 : l’édit d’Amboise marque la fin de la première guerre de religion. Jeanne d’Albret a ordonné que dans son royaume, catholiques et protestants utilisent à tour de rôle des lieux de culte commun. Et pourtant dans tout le sud-ouest, rien n’est vraiment réglé. À Issigeac, Guilhem Hortal assiste à une scène typique de persécution de catholiques. De jeunes protestants les bastonnent à la sortie de la messe, les lynchent et finissent par égorger leur prêtre. La jeune Alba qui a vu ses deux parents assassinés par des protestants a cru un instant qu’un jeune cavalier qui passait allait lui porter secours. Il n’en fut rien. Il la viola. Son frère Jean l’ayant retrouvée à demi consciente près d’une citerne l’a confiée à sa famille du côté de Bergerac. Mutique et remplie de haine pour cette famille de huguenots, la jeune fille accouche de deux jumeaux. Le patriarche finit par ne plus pouvoir supporter son attitude hostile. Il la vend à un certain Delbos qui la prostitue. Depuis, Alba n’a plus qu’un but dans la vie : se venger de son violeur, Guilhem Hortal.

Ma critique

Deuxième volet de la trilogie historique, « La guerre comme des hommes » se poursuit dans un contexte de plus en plus dramatique : le massacre programmé de la Saint-Barthélemy et se termine sur le premier siège de La Rochelle, ville fortifiée et un des ultimes bastions de résistance des protestants. Les personnages se succèdent. Certains disparaissent (Jean, puis plus tard Guilhem) et d’autres apparaissent. Les femmes ont la part belle (Emeline et Marguerite entre autres). Le lecteur découvrira le courage exemplaire des femmes de La Rochelle qui se battent aux côtés des hommes. L’action mollit un peu. Elle se recentre sur la saga familiale. Les scènes de guerre et de violence sont presque moins nombreuses que dans le premier tome alors que la guerre est supposée gagner en âpreté. Livre intéressant néanmoins surtout d’un point de vue historique. L’auteure reste objective, ne prend parti pour aucun des deux camps et montre tout autant les méfaits des uns que ceux des autres. Elle permet à travers cet ouvrage de fiction de faire découvrir au lecteur certains aspects peu connus de cette période particulièrement sombre de l’Histoire de France.

Ma note

4/5

La guerre comme des anges

HISTORIQUE
Thalie de Molènes
Publication year: 2007

LA GUERRE COMME DES ANGES (THALIE DE MOLÈNES)

Le résumé du livre

En 1542, à Bordeaux, Jean Hortal assiste au supplice d’Aymon de la Voye, protestant condamné à mort par strangulation puis crémation pour hérésie. Il avait prêché la Réforme dans la ville de Sainte Foy la Grande. Jean était un disciple d’Aymon. Il ne comprend pas que les parlementaires de la ville aient infligé cette mort infamante à un homme pieux, honnête et respectable comme son maître. Il décide d’abandonner la robe de bure franciscaine pour s’établir colporteur, profession qui devrait lui permettre de distribuer bibles et évangiles sous le manteau, l’Église catholique ayant interdit la lecture dans le texte des livres saints. Dans un hameau abandonné par la religion, il rencontre la jeune et belle Elisa qui tombe immédiatement amoureuse de lui. Ils se marient et ont bientôt un enfant qu’ils appellent Simon. Malheureusement, peu après, Elisa meurt noyée avec son bébé…

Ma critique

« La guerre comme des anges » est le premier tome d’une trilogie historique relatant les guerres de religion en Aquitaine. Comme dans tout bon roman historique, les personnages fictifs croisent les figures authentiques de l’Histoire avec un grand H. (Ici Monluc, Jeanne d’Albret, Marguerite de Navarre, Clermont de Piles et bon nombre d’autres). L’auteure articule sa narration autour de trois familles périgourdines, les Hortal, les Dorlac et les Morlane, tous hauts en couleur et pris dans cette tourmente monstrueuse des guerres de religion qui furent bien plus cruelles et durèrent bien plus longtemps qu’on n’imagine aujourd’hui. Difficile pour nous de comprendre comment des hommes ont pu en arriver aux extrémités décrites. Pareil fanatisme, intégrisme, ferveur, certitude de seul connaître la voie forcément unique menant au ciel peut sembler inadmissible. Un comble d’obscurantisme, une monstruosité absolue. Gardons-nous de ces jugements à l’emporte-pièce totalement anachroniques. Impensables de nos jours. Quoique. Livre bien écrit, agréable à lire. Personnages attachants. On ne peut qu’avoir envie de connaître la suite. Même si cette guerre « comme des anges » n’est qu’une suite d’horreurs. Pourra-t-on aller plus loin dans l’abjection avec celle des hommes puis celle des démons ?

Ma note

4/5

PHILOSOPHIQUEPoesies

VAGABONDAGE (MICHEL TESTUT)

Le résumé du livre

Le bonheur de s’arrêter dans la campagne pour contempler un beau site naturel. Le plaisir de s’attabler dans une petite auberge de campagne pour y déguster les spécialités d’une cuisine « comme à la maison ». La joie de marcher sur les sentiers, de profiter de la campagne, de la forêt, des petits villages perdus dans les collines au rythme lent de ses pas. Se promener dans Saint-Astier. Découvrir le charme de Ribérac. Explorer les rives de la Double. Se régaler de la galette des Rois ou du bon gros pain de campagne croustillant juste sorti du fournil du boulanger. Faire les vendanges à la ferme. Chasser le cèpe en septembre ou dénicher la truffe. Autant de bonheurs simples et campagnards amoureusement décrits dans ce petit ouvrage.

Ma critique

« Vagabondage » est un recueil de 22 textes dont certains ont été des articles de journaux locaux. Tous abordent une facette différente de la vie paysanne avec une certaine nostalgie clairement et fièrement revendiquée. Son éloge des granges en est sans doute le plus bel exemple. Mais Michel Testut nous propose bien plus que cela. Une sorte de petit traité en 22 articles du bonheur, de la joie dans toutes sortes de petites choses agréables. Un véritable précis de sagesse plein de saveur et de poésie. Les descriptions sont toutes minutieuses, pleines de tendresse et de malice. Et au détour d’un article, le poète périgourdin peut tout aussi bien se montrer philosophe ou moraliste. Il n’hésite pas à condamner le pognon roi, la malbouffe ou les salles communales polyvalentes qui ont condamné les bals sur plancher et sous chapiteau. Le lecteur pourra rapprocher Testut de Delerm et faire son miel de ces délicieux textes de poésie en prose (tous à consommer sans modération !)

Ma note

4,5/5

ROMAN

2084, LA FIN DU MONDE (BOUALEM SENSAL)

Le résumé du livre

Mis en quarantaine pour cause de tuberculose, Ati survit dans le terrifiant sanatorium du Sîn dans les confins lointains de l’Abistan, territoire où règne sans partage une religion unique où les croyants répètent en permanence : « Il n’y a de dieu que Yölah et Abi est son délégué. » Tout juste guéri, Ati, libéré, parcourt le pays et gagne la capitale, l’incomparable cité de Dieu, siège du pouvoir théocratique avec la Kiiba, la Grande Mockba et l’Abigouv, le tout-puissant gouvernement des croyants sur terre. Avec son nouvel ami Koa, ils explorent les bas-fonds, sont en butte aux terribles milices de la foi qui corrigent ou tuent déviants et autres mécréants et s’aperçoivent qu’en dépit des apparences lisses et unanimistes, certaines choses ne « collent pas ».

Ma critique

« 2084, la fin du monde » se veut un ouvrage de science-fiction, de pure imagination. Il est bien évident que ce n’est qu’un moyen détourné, une sorte de pamphlet pour décrire l’horreur d’un système totalitaire basé sur une religion unique régnant sans partage. Sansal a voulu imiter Orwell et faire avec l’islamisme, ce que son devancier fit avec le communisme. Même si le résultat n’est qu’un pâle reflet de celui du britannique, la ressemblance entre les deux dictatures est frappante. Mêmes méthodes de répression, de conditionnement des esprits, de gouvernement par la peur, de diffusion d’un obscurantisme assumé. Même pensée unique et même langage codé avec ses inversions de valeurs (« La guerre c’est la paix », « La liberté » c’est l’esclavage », « L’ignorance c’est la force » et quelques autres du même charmant tonneau). Bien que récompensé par un Grand prix du roman de l’Académie française, cet ouvrage ne semble pas mériter autant d’honneurs. L’intrigue est inexistante, sans grande consistance, les personnages manquent d’épaisseur et la narration a un côté caricatural assez agaçant ne serait-ce que par les noms qui ne diffèrent que d’une lettre ou d’une syllabe des originaux. Dans cette fable ou dans ce conte, l’auteur a surtout voulu exposer ses idées philosophiques, condamner sans appel toute forme de théocratie, malheureusement sans jamais délivrer le moindre message d’espoir. Dommage que tout cela soit insuffisant pour prétendre au chef-d’œuvre.

Ma note

3/5

AVENTURESHISTORIQUEROMAN

LA MALÉDICTION D’IMHOTEP (PHILIPP VANDENBERG)

Le résumé du livre

Au début de l’autre siècle, en Egypte, le jeune Omar Moussa sert de guide et de chamelier aux premiers touristes, anglais le plus souvent, venus visiter le site des Pyramides. Lord Shelley et son épouse Claire, fraîchement débarqués sur les lieux, l’engagent comme serviteur puis comme homme de confiance. Sa première mission consistera à remplacer son maître lors d’une transaction délicate avec un trafiquant de reliques égyptiennes antiques. Il se retrouve assommé et jeté dans un caveau où git déjà une momie. Délivré de façon mystérieuse, les menaces sur sa vie continueront de plus belle. Il échappera à une épidémie de choléra, perd de vue son amie Halima et participera à la recherche frénétique de la sépulture d’Imhotep, constructeur de pyramides, ministre du pharaon Djoser, médecin et thaumaturge hors pair. À son époque, il fut considéré comme un véritable dieu vivant. Omar et Shelley ne sont pas seuls sur l’affaire. Une étrange société secrète, quelques personnages louches et plusieurs membres des services secrets anglais, français et allemands sont aussi sur le coup…

Ma critique

« La malédiction d’Imhotep » est présentée en quatrième de couverture comme « un nouveau thriller archéologique palpitant ». On peut accepter la terminologie « thriller » au vu des quelques meurtres ou assassinats qui parsèment le récit mais pas pour le rythme ni pour le suspens. « Archéologique » sans aucun doute. Nous nous retrouvons dans une sorte de chasse au trésor un peu poussive qui malheureusement ne débouche sur rien. Fin décevante. Comme dans tout bon roman historique, on retrouve des personnages fictifs croisant la route de personnages réels, ici Howard Carter, Lord Carnarvon et quelques autres figures célèbres de l’égyptologie. Le grand événement est la découverte de la sépulture de Toutankhamon. Mais cette partie véridique s’articule assez mal avec le versant romancé qui, au final s’avère assez décevant. Quoique d’une lecture un peu laborieuse, le style est correct mais sans originalité. Au total, un roman d’aventures historiques manquant un peu de panache et d’épaisseur.

Ma note

3/5

ROMAN

J’AI CRU QU’ILS ENLEVAIENT TOUTE TRACE DE TOI (YOAN SMADJA)

Le résumé du livre

Le soir du 6 avril 1994, les présidents rwandais et burundais, le chef d’état-major rwandais et une dizaine d’autres personnalités, meurent, avec l’équipage de trois Français, dans un attentat visant l’avion présidentiel rwandais. Dès le lendemain, la première ministre, Agathe Uwilingiyimana, et d’autres personnalités politiques hutu démocrates sont assassinés. Dix militaires belges de la Mission des Nations unies (Minuar), qui étaient chargés de la protection de Mme Uwilingiyimana et qui ont été arrêtés par la garde présidentielle, sont peu après assassinés. Simultanément débute le génocide des Tutsi dans plusieurs provinces du pays. Sacha, journaliste et correspondante de guerre, est au Cap pour rendre compte des premières élections en Afrique du Sud. Dès qu’elle apprend ce qui se passe, elle décide de rejoindre au plus vite Kigali pour couvrir les évènements rwandais avec son photographe. De son côté, la jeune Rose, mère d’un petit garçon appelé Joseph, écrit des lettres à son mari Daniel en déplacement dans le pays. Elle vit avec ses parents dans l’enceinte en principe protégée de l’Ambassade de France. Elle se retrouve bien vite seule car ses parents sont parmi les premières victimes du génocide. Rapidement viendra son tour d’être menacée…

Ma critique

Cet ouvrage est présenté comme un roman sans doute dans la mesure où les personnages sont fictifs. Pourtant, tout le contexte, tous les évènements, toutes les horreurs décrites sont bien réelles. À ce titre, ce pourrait être un document, un reportage. Tout est dit avec rigueur et efficacité. Le lecteur ne peut qu’être horrifié, bouleversé par un tel déferlement de haine aussi gratuite qu’imbécile. L’auteur s’est longtemps demandé s’il y avait eu d’autres shoahs. Avec ce génocide, en voilà une bien répugnante. Et ce n’est pas la seule. La liste est longue des peuples qu’on a voulus éradiquer de la surface de la terre (Arméniens, chrétiens d’Orient, Vendéens, Tibétains, Indiens d’Amérique et tant d’autres.) La bête est féconde. Les mécanismes de déclenchement de cette spirale de l’horreur sont bien connus : le peuple à faire disparaître est minoritaire. Le pouvoir politique est d’une autre ethnie. Vacillant, il a besoin de se consolider. Les médias aux ordres (Radio des Mille collines) manipulent les esprits en multipliant les appels à la tuerie. Il n’y a plus qu’à distribuer armes et machettes pour que le massacre démarre. Un livre dur, prenant, mais qui n’apporte rien de nouveau sur la question si ce n’est le très beau personnage de Rose, sorte de nouvelle Anne Frank africaine. Si l’on veut vraiment s’informer sur cette horrible affaire, il est quand même préférable de lire les livres de Jean Hatzfeld ou ceux de Scholastique Mukasonga et de Gaël Faye.

Ma note

3,5/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

TOM O’ BEDLAM (ROBERT SILVERBERG)

Le résumé du livre

En 2103, l’humanité doit faire face aux terribles conséquences de la Guerre des poussières… Tom O’ Bedlam passe pour un simple d’esprit aux yeux d’un groupe de bandidos en train de rafistoler un van dans le désert californien. En effet, ce pauvre vagabond prétend avoir eu la vision d’une aurore verte, de neuf soleils, d’un monde d’émeraude et de créatures de cristal dotées de quatre rangées de trois yeux. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Le docteur Elszabet Lewis doit traiter par curage psychique le père Christie, pasteur ayant perdu la foi, qui, lui aussi, prétend avoir vu les neuf soleils et même avoir rencontré Dieu en personne et en majesté. Il y a aussi Jaspin, ex-professeur d’université, qui, lors d’une cérémonie de tumbondé, étrange culte cosmopolite basé sur un mélange de croyances guinéennes, haïtiennes, mexicaines et brésiliennes, a rêvé de Chungira-Il viendra, dieu gigantesque aux cornes enroulées de bélier surplombé par deux soleils reliés par une arche de feu lancée dans le ciel…

Ma critique

« Tom O’Bedlam » est un roman de science-fiction tout à fait étrange et fantastique et pouvant se lire avec différents niveaux d’interprétation. Le lecteur pourra y voir une méditation sur la mort et la résurrection, un conte philosophique voire une parabole sur la venue d’un nouveau messie en la personne de Tom, personnage tout ce qu’il y a d’ambivalent et de paradoxal, à la fois idiot de village et être doté d’énormes pouvoirs dont celui de faire passer ses frères humains d’un monde à un autre. L’ennui, c’est qu’une fois la problématique posée, l’intrigue ne prend pas l’ampleur escomptée. La narration piétine, fait du surplace. On a même l’impression de tourner en rond. De plus, aucune des questions posées n’est résolue. Jusqu’à la dernière ligne, tout reste en suspens, dans un flou pas très artistique. Le lecteur reste sur sa faim dans à peu près tous les domaines. Il ne saura même pas ce que devient le héros pas plus que ce que le sort de ses « protégés » ou « victimes ». Au total, un ouvrage qui ne tient pas vraiment ses promesses vu l’ambitieux point de départ. Pas le meilleur du grand et prolifique Silverberg !

Ma note

3/5

POLICIER

UNE FILLE DANS UN CAVEAU (RUTH RENDELL)

Le résumé du livre

Le corps d’une jeune fille est découvert dans un caveau du cimetière de Kenbourne Vale, dans le quartier ouest de Londres. Il s’agirait d’une certaine Loveday Morgan, agée d’une vingtaine d’années, et domiciliée à Garmisch Terrace. C’est un des gardiens du cimetière, Mr Edwin Tripper qui a découvert le cadavre étranglé à l’aide d’une écharpe de soie de prix alors qu’il procédait à l’inspection mensuelle du caveau en question. Le superintendant Howard Fortune chargé de l’enquête pense qu’il s’agit d’un crime crapuleux, mais ne dispose que de fort peu d’éléments. Loveday vivait en solitaire, ne fréquentait personne et son nom n’était qu’un pseudonyme pour mieux garantir son anonymat. Heureusement pour lui, il pourra bénéficier de l’aide de son oncle, l’inspecteur-chef Reginald Wexford, fin limier et héros récurrent des romans policiers de Ruth Rendell. Suite à un accident, il a quitté sa campagne pour venir se reposer dans sa famille londonienne.

Ma critique

« Une fille dans un caveau » se présente comme un roman policier de facture tout à fait classique avec les questions habituelles : à qui profite le crime ? Qui était la victime ? Quel fut son parcours pour en arriver là ? Et bien entendu une ou deux fausses pistes pour égarer le lecteur. Du sous- Agatha Christie en quelque sorte. Pour ne rien arranger le style n’est ni très vivant ni très léger. Ruth Rendell multiplie les descriptions de lieux, sites et paysages. L’action étant située dans les sixties, cela lui permet d’évoquer toute une jeunesse aussi paumée que hippie, flower people, peace n’ love etc, avec un certain nombre de personnages hauts en couleurs voire un tantinet caricaturaux. Ouvrage qui peut encore se lire avec une certaine constance et assez peu d’agrément. Cette impression est peut-être due à une piètre qualité de traduction, mais il n’en demeure pas moins que seul le côté social présente un certain intérêt de nos jours.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

UN LIBÉRAL NOMME JÉSUS (CHARLES GAVE)

Le résumé du livre

N’en déplaise à certains, nos racines sont chrétiennes. Que devient un arbre sans ses racines ? Il dépérit et meurt. Celles-ci sont sous-jacentes, invisibles, oubliées parfois même niées et rejetées. Et pourtant… Lors de travaux de rénovation dans la ville de Toulouse, les ouvriers mirent à jour de très vieilles canalisations. Ne connaissant pas leur utilité, ils les firent disparaître. En quelques jours, les caves furent inondées. Ces conduites datant de l’époque romaine fonctionnaient toujours. Et comme la ville avait été construite sur des marécages asséchés, elles étaient indispensables. Ainsi en est-il de même de nos racines chrétiennes. Et pour mieux étayer son propos, Charles Gave, reprend une à une les paraboles de l’évangile parlant d’argent, de dette, de salaire ou de crédit et arrive à prouver que le Christ avait ajouté aux commandements, un principe nouveau celui de liberté individuelle. Rien à espérer du collectif, de l’étatisme, en un mot du socialisme quelle qu’en soit sa forme, dure chez les communistes et les gauchistes ou molle chez les socialistes et les sociaux-démocrates. Jésus était un libéral et à ce titre, on peut le considérer comme le premier des révolutionnaires. Et sa parole de vérité est toujours d’actualité.

Ma critique

« Un libéral nommé Jésus » n’est ni un ouvrage théologique, ni un ouvrage religieux, à peine un pamphlet, car le propos n’est en aucun cas outrancier. L’auteur ne cite que les Évangiles et ceux-ci sont fort clairs. Dans la parabole des talents par exemple, Dieu rejette le serviteur qui n’a pas fait fructifier son argent, Gave en conclut qu’Il bénit le travail du banquier et y voit une approbation du capitalisme et une condamnation du collectivisme. Les socialistes nient en permanence la réalité. Ils ont une vision dogmatique des choses qui ne repose sur rien de concret et ne peut mener qu’à la catastrophe. Ils estiment qu’ils doivent gouverner, car ils sont d’office dans le camp du bien, de la bien-pensance. Eux seuls savent discerner le bien du mal. Un petit ouvrage intelligent, bien conçu, plein de bon sens et parsemé de fulgurances réjouissantes du genre : « Le socialisme est mort et personne n’ose le lui dire », ou « Il y a enfin l’argent que l’on pique – vol ou impôts – à quelqu’un qui l’avait gagné et que l’on dépense pour quelqu’un d’autre. Le principe même du socialisme. En général, le résultat, c’est n’importe quoi. » Un plaidoyer compréhensible, facile d’accès, clair, net et précis du libéralisme. Une condamnation sans appel de toute forme de socialisme quelle que soit son apparence.

Ma note

4/5

ESSAIS

TAILLEZ TOUS LES ARBRES FRUITIERS (JEAN-YVES PRAT)

Le résumé du livre

Ce livre est une véritable bible pour le jardinier amateur qui veut apprendre à tailler ses arbres fruitiers aussi bien à la formation que pour la fructification annuelle ou pour la restauration d’un sujet vieillissant ou abandonné. Tous les cas de figures sont envisagés. Toutes les techniques, tous les gestes sont expliqués et peuvent être visualisés, pas à pas, image par image et même à l’aide de photos couleur pour ne pas confondre par exemple bourgeon à feuille et bourgeon à fruit. Pour chaque arbre, tout est expliqué dans le détail. Rien ne manque. Sera inexcusable celui qui ratera sa récolte s’il dispose d’un tel ouvrage.

Ma critique

À noter également la très belle qualité éditoriale proposée par les éditions Rustica (une référence) : pas moins de 750 photos et dessins, tous en couleurs, agréable papier glacé et belle présentation générale. Si vous n’avez qu’un seul ouvrage à vous procurer sur le sujet, choisissez celui-là, c’est le meilleur, le plus précis, le plus complet et le plus didactique. Ne le ratez surtout pas.

Ma note

5/5

ESSAIS

LES BRUTES EN BLANC (MARTIN WINCKLER)

Le résumé du livre

Tout patient devrait pouvoir attendre de son médecin généraliste ou de son spécialiste écoute, bienveillance, empathie et compassion. Ces professionnels ne sont-ils pas là pour soigner, conseiller et accompagner le patient sur la route du retour à la santé ? Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Nombre de praticiens se permettent d’être distants, cassants, maltraitants, autoritaires quand ce n’est pas carrément violents voire discriminants. Des examens inutiles, des actes intrusifs (toucher rectal ou vaginal et autres contre la volonté du ou de la malade relevant du viol), des refus de prescription et autres chimiothérapies ou actes opératoires imposés. Les brutalités sont innombrables. Ce livre en décrit un certain nombre. Le constat est préoccupant, alarmant, surtout quand on découvre que ces pratiques sont assez spécifiques à notre pays et que tout le système de santé repose sur des luttes de pouvoir, un système de caste agrippé à ses prérogatives sans oublier des collusions inexcusables avec big pharma, les tout-puissants lobbys pharmaceutiques qui influent de mille manières sur les prescriptions médicales. Tout semble à revoir dans notre système de santé depuis la formation élitiste et discriminante jusqu’à l’installation en solitaire ou en cabinet de groupe en ville ou à la campagne, en CHU ou en clinique privée.

Ma critique

« Les brutes en blanc » est un essai sérieux, documenté et reposant sur l’expérience de l’auteur et sur un grand nombre de témoignages, souvent féminins. Les femmes, ayant affaire aux gynécologues, sont encore plus victimes de ces mauvais traitements que les hommes. En lisant un tel livre, le dégoût monte aux lèvres et la révolte gagne le cœur très vite. Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas. Et personne ensuite ne pourra se retrouver démuni face à ce phénomène. En effet, dans le dernier chapitre, certainement le plus important du livre, Martin Winckler donne onze très judicieux conseils pour détecter et rejeter toute tentative de maltraitance du praticien, puis il liste tout ce qui peut être inacceptable de la part d’un médecin et enfin, il expose toute la marche à suivre si le patient est malgré tout victime de violences verbales ou psychologiques, d’attouchements et autres. Ne pas hésiter à porter plainte au pénal et non auprès du Conseil de l’Ordre qui cherche systématiquement à couvrir les médecins quoi qu’ils aient fait. Exiger des gendarmes ou des fonctionnaires de police un véritable dépôt de plainte. Ne pas se contenter d’une main courante aussitôt classée. Si c’est le cas, porter plainte auprès d’un juge d’instruction, se rapprocher d’autres victimes à travers les blogs ou les réseaux sociaux, etc. La liste est longue et le livre d’une absolue et salutaire utilité.

Ma note

4/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

LES BRAS DE MORPHÉE (YANN BECU)

Le résumé du livre

En 2070, dans la ville de Prague, Pascal Frimousse, professeur de français, est capable de veiller douze d’affilée alors que la plupart des gens sont condamnés chaque jour à dix-huit ou vingt heures de sommeil. Depuis quelques années en effet, l’humanité souffre d’un syndrome étrange : son temps d’éveil journalier ne fait que diminuer au fil du temps et sans réelle explication. Ainsi sa compagne Aurélia, une « quatre heures », dort beaucoup plus longtemps que lui, utilise un langage simplifié avant de retomber très vite dans les bras de Morphée. Pour vaincre son ennui, Frimousse exerce un second métier, celui de troll professionnel. En échange de primes plus ou moins substantielles, il pourrit la vie de votre ennemi et peut même, avec la complicité de son ami Michel, autre réveillé, vous en débarrasser totalement. Une riche comtesse les embauche pour retrouver un étrange professeur…

Ma critique

« Les bras de Morphée », classé dans la catégorie science-fiction, relève plutôt de l’anticipation, voire de la fantaisie pure et simple. L’intrigue démarre sur un concept intéressant : que se passerait-il si tout le monde souffrait soudain de cette étrange maladie du sommeil ? L’ennui, c’est que l’auteur n’a pas vraiment poussé jusqu’au bout les conséquences de cette pandémie hormis la présence d’une violence institutionnelle accrue. On pend beaucoup, on liquide pour un oui ou un non. L’histoire manque un peu de consistance et les personnages d’épaisseur. Le lecteur sent que l’auteur a surtout voulu privilégier une certaine forme d’absurde et le faire passer avec un certain humour qu’on pourrait qualifier de potache (blagues, calembours, astuces vaseuses ne manquent pas). Les allusions et références littéraires sont innombrables et peuvent même finir par lasser certains. Heureusement, un style correct permet d’éviter de peu l’endormissement. À noter également la belle qualité éditoriale de l’ouvrage, graphisme magnifique, joli papier, couverture très réussie. En gros, un emballage de luxe pour un petit roman amusant mais sans grand contenu.

Ma note

3/5

POLICIER

MEURTRE EN PÉRIGORD (MARTIN WALKER)

Le résumé du livre

Dans le paisible petit village périgourdin de Saint-Denis, Benoît Courrèges dit « Bruno », ancien militaire ayant opéré en Bosnie, exerce les fonctions de policier municipal. Pour la première fois de sa nouvelle carrière, il se trouve confronté à un crime lui qui, d’habitude, ne doit traiter que des affaires mineures comme celle de ces pneus crevés sur les voitures de fonctionnaires trop tracassiers de l’Union Européenne. Hamid Al Bakr, ancien sergent de l’armée française s’étant illustré en Indochine et en Algérie, décoré de la médaille militaire, a été retrouvé par son petit-fils, ligoté, éventré et lacéré de nombreux coups de couteaux. Et comble de l’abomination, une croix gammée a été gravée sur son torse dénudé. Ainsi débute pour Bruno une enquête délicate qui va se révéler beaucoup moins évidente qu’elle pouvait sembler au premier abord avec une trop évidente double arrestation dans les milieux d’extrême droite…

Ma critique

« Meurtre en Périgord » se présente au premier abord comme un roman policier classique. Un mort. Une enquête. Deux suspects pour une fausse piste. Mais en réalité l’intrigue dérive très vite sur tout autre chose. Le lecteur comprend vite que Martin Walker est plus intéressé par la description des mœurs d’un petit village périgourdin. L’ennui c’est que l’auteur n’assume pas vraiment le côté terroir de son propos dans la mesure où tous les lieux géographiques et tous les personnages sont imaginaires. La caricature, les clichés, les idées reçues de même que l’approximation historique ne sont pas loin. Si on y ajoute un très (trop) grand intérêt pour la cuisine locale, la gastronomie périgourdine, truffes, foies gras et magrets de canard, ainsi qu’un agaçant parti pris de supériorité britannique tous azimuts, il apparaît que l’intrigue policière au dénouement décevant car invraisemblable et convenu sert de prétexte à un autre récit finalement assez peu passionnant.

Ma note

2,5/5

ESSAISHISTORIQUE

LE SECRET DE L’ATLANTIDE (JÜRGEN SPANUTH)

Le résumé du livre

Que sait-on d’autre de l’Atlantide que l’histoire d’une terre engloutie et d’une civilisation disparue dans les ténèbres d’un très lointain passé ? Le récit de Solon et les descriptions de la « Phéacie » d’Homère sont pourtant très précises et concordantes. Ces auteurs nous ont transmis des histoires vivantes venues du cercle de civilisation nordique de l’âge du bronze, quelque part dans les confins de l’hyper Borée, aux limites du monde connu des Grecs et des Egyptiens. Cette histoire d’île engloutie par les flots repose certainement, en dépit de ses côtés légendaires, sur une réalité historique. Avec la découverte du site de Troie par Schliemann, celle des décombres de l’Atlantide à quelques encablures du Jutland (Heligoland) au Danemark peut aisément faire pièce aux précédentes théories fumeuses la situant à Santorin, en Crête, à Tartessos, aux Açores ou aux Canaries…

Ma critique

« Le secret de l’Atlantide » est un ouvrage archéologique d’une importance capitale dans la mesure où il établit les bases et l’héritage de la civilisation occidentale et démontre que contrairement à ce que nous avons toujours cru, l’Histoire des peuples n’est ni linéaire ni évolutive, mais que, suite à des catastrophes naturelles, l’humanité a pu atteindre des apogées, des âges d’or et repartir quasiment de zéro. Ce livre est passionnant, tout ce qui y est présenté est appuyé et prouvé par les dernières découvertes sous-marines des archéologues et tout concorde enfin avec les textes anciens. Oui, il y eut bien une civilisation aussi brillante que prospère au nord grâce au commerce de l’orichalque, l’ambre aussi prisé que l’or. Oui, les Atlantes étaient de grands navigateurs, mais également de brillants astronomes et mathématiciens. Leurs constructions monumentales (Stonehenge, alignements de Carnac et autres constructions mégalithiques) en apportent la preuve. On apprend que ces sites sont antérieurs aux pyramides d’Egypte vu qu’ils ont été datés de 2900 avant J.C. On ne sait d’ailleurs pas comment furent érigés des piliers de 26 600 kg ou posés des blocs de 200 tonnes et plus. Mais un passage trop rapproché de la comète de Halley sonna la fin de la domination de l’Atlantide. Il déclencha des incendies gigantesques, des tsunamis et des tremblements de terre. Les rescapés de ces cataclysmes dignes d’une fin du monde (ragnarok) n’eurent d’autre perspective que de se lancer dans une grande migration vers le sud qui les mena jusqu’au Moyen-Orient et en Egypte. Livre majeur pour qui s’intéresse à ce sujet particulier.

Ma note

4,5/5

ROMAN

SÉROTONINE (MICHEL HOUELLEBECQ)

Le résumé du livre

Florent-Claude Labrouste, 46 ans, ingénieur agronome chargé des dossiers européens au ministère de l’Agriculture, est un être désenchanté et même dépressif qui ne croit pas en grand-chose, même pas en lui-même. Il ne survit que grâce à l’alcool et au Captorix 10 mg, tranquillisant qui a un effet négatif sur sa libido déjà en berne. Sa dernière compagne, Yuzu, froide beauté japonaise, l’a trompé en participant à des partouzes et même en pratiquant la zoophilie canine. Pour échapper à cette relation toxique, Florent prend la décision de disparaître sans laisser d’adresse. Il plaque tout et vivra d’hôtel en gîte à la ferme, tel un SDF de luxe, grâce à un bel héritage…

Ma critique

« Sérotonine », roman désabusé sur un quinqua en perte de vitesse, autofiction un peu sinistre (Florent-Claude étant à l’évidence un avatar de Michel Houellebecq), ne déroge pas aux thèmes habituellement traités par l’auteur. Sexe et dépression en sont les deux pôles principaux. Le héros en fin de course, devenu quasiment impuissant, passe son temps à ruminer sur ses « exploits » avec ses anciennes conquêtes : Kate, la danoise surdouée, Claire, la comédienne alcoolique toujours en quête d’un rôle, Marie-Hélène, bipolaire ou schizophrène au choix, Camille, jeune stagiaire à la DRAF ou Tam, blackette délurée… L’amour n’étant que sexuel, il ne dure que le temps de la passion, autant dire fort peu et finit en général assez mal. Pas mal de pages sur le blues, la déprime, le mal de vivre. Là, rien de nouveau dans le petit monde glauque de l’auteur. Seule originalité de cet opus : une intéressante description de la ruine programmée des petits agriculteurs au travers du personnage d’Aymeric. Une fois de plus, Houellebecq se révèle fin observateur d’une société en pleine décadence et déliquescence. Au total, un bon cru, mais pas le meilleur du maître !

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LES TOMBEAUX DE L’ANTARCTIQUE (GEORGE-JEAN ARNAUD)

Le résumé du livre

Le caudillo Herandez a placé face à un dilemme terrible le malheureux Jdrien maintenu prisonnier dans des geôles blindées pour qu’il ne puisse pas communiquer par télépathie avec quiconque. Ou il arrive à obtenir que les Roux cessent leur guerre de sape ou il est condamné à mort par pendaison. Aucune des conditions demandées pour sa libération n’étant acceptable par Yeuse, son demi-frère Liensun va tenter de le libérer d’une manière pour le moins originale. Il pourra profiter de la collaboration d’une baleine géante, volante et habitée par de nouveaux Jonas. Il est presque sur le point d’y parvenir. Il réussit à sortir Jdrien de sa cellule, mais au moment de remonter en altitude, la pauvre baleine se retrouve coincée, ce qui compromet fortement la réussite de cette action spectaculaire d’autant plus que les gardiens un moment surpris réagissent très vite en usant de mini-missiles aussi puissants que dévastateurs…

Ma critique

« Les tombeaux de l’Antarctique », 60e tome de la saga-fleuve « La compagnie des glaces » continue dans la lancée science-fiction, rétro-futurisme et steampunk de l’œuvre, avec pour cet épisode une plus forte connotation dramatique. En dépit de tous les efforts de Gus, le Bulb n’en finit pas d’agoniser, hypothéquant les possibilités de survie des habitants de cet étrange satellite. Et tout se conclut devant trois tombes quelque part dans les immensités glacées de l’Antarctique. La figure émouvante de Jdriele, le très vieux Roux au grand cœur se détache de cette histoire. Son dévouement, sa ténacité et son courage nous laissent une belle leçon de fidélité à méditer. Style de qualité toujours aussi agréable à lire pour la détente et le divertissement bien sûr !

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LA GUERRE DU PEUPLE DU FROID (GEORGE-JEAN ARNAUD)

Le résumé du livre

Le Bulb, mi-animal, mi-intelligence artificielle géante sur orbite géostationnaire, se meurt lentement dans d’atroces souffrances. Gus tente désespérément de transférer toutes ses données sur un très jeune cerveau en usant d’une sorte de télépathie… Le caudillo Herandez détient en otage Jdrien, le fils aîné de Lien Rag, celui qu’on appelait « le Messie des Roux ». Ce qui a entrainé ces derniers dans un conflit qui tend à se généraliser. Ils creusent toutes sortes de souterrains en partant de très loin, ainsi arrivent-ils à saper les fondations d’édifices ou de voies de communication ce qui a pour conséquence d’engloutir trains, ponts et immeubles… Le Consortium des Bonzes se permet de ravitailler les troupes de la Guilde, provocation que la Présidente Yeuse Semper considère comme un acte hostile, un casus belli. Résultat : un navire est attaqué par ses hydravions…

Ma critique

« La guerre des peuples du froid » est un nouvel épisode de l’immense et improbable saga « La compagnie des glaces », œuvre assez difficilement classable. Disons aux limites de la science-fiction, de l’archéo-futurisme et du steampunk. Une fois encore les dirigeables, les hydravions, les trains et autres prototypes vont décider de l’issue d’une guerre qui n’en finit pas. Ann Suba et ses équipes n’arrivent pas à mettre au point leur dernier prototype, un dirigeavion, sorte de compromis géant entre l’avion et le dirigeable. Comme aucun des évènements n’arrive à sa conclusion, il ne reste au lecteur d’autre issue que de se précipiter sur le tome suivant pour en savoir un peu plus. Plus de 60 tomes, ça demande de la constance !

Ma note

4/5

ESSAIS

J’APPRENDS À TAILLER MES ARBRES (ALAIN PONTOPPIDAN)

Le résumé du livre

Le vigneron taille ses vignes, l’arboriculteur ses fruitiers, le paysagiste les haies et massifs de ses clients. Ces professionnels ont certainement de bonnes raisons de pratiquer ainsi. Seul le jardinier amateur craint de porter le fer sur son pommier, son poirier ou son kiwi en se demandant toujours s’il coupe au bon endroit, s’il ne va faire plus de mal que de bien. Tout juste accepte-t-il de couper thuyas, lauriers ou troène au cordeau quand il s’aperçoit que, s’il ne le fait pas, ses haies vont finir par avoir triste mine et plus de bois que de feuillage ! D’où la nécessité d’un livre comme celui d’Alain Pontopiddan qui propose d’apprendre cet art aux néophytes. Mais pour lui, il faut pratiquer en douceur, cesser de martyriser les arbres. Pas question de se précipiter sur la cisaille ou le sécateur. Il faut savoir poser les outils, bien observer l’arbre et bien réfléchir à ce qu’on fait…

Ma critique

Cet ouvrage de vulgarisation technique ne se présente pas vraiment comme un simple guide d’apprentissage de la taille de tous les arbres. Il se propose surtout d’apprendre au lecteur ce qu’est un arbre, comment il se développe, ce que sont liber, cambium ou abscission foliaire. Les explications sont claires et agréables à lire, illustrées de nombreux dessins, croquis et photos couleur. La taille de chaque arbre fruitier ou d’ornement est étudiée et présentée après les généralités. Ensemble intéressant et de qualité avec un seul bémol : il est annoncé sur la couverture « Facile et bio ». Bio sans doute. Facile, on a des doutes. La lecture achevée, il est peu évident que l’amateur lambda ose aller plus loin que le nettoyage des bois morts et des gourmands tant l’auteur insiste sur la non-taille pour le respect de l’arbre. Paradoxal pour un « petit manuel de taille douce » !

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

En Patagonie, la Guilde a débarqué entre 20 et 30 000 hommes ainsi qu’un formidable matériel militaire. Pour éviter de se retrouver capturée, la Présidente Yeuse Semper, à bord de son train a fui en direction des sommets enneigés de la Cordillière des Andes. Elle finit par se retrouver encerclée à Isabel, petite station de l’ouest, au pied des montagnes, sur la ligne 1917. Elle avait tenté d’organiser un guet-apens qui a lamentablement échoué. Parviendra-t-elle à échapper à ses poursuivants ? Pendant ce temps, les Harponneurs détruisent systématiquement toutes les stations qui tentent d’opposer la moindre résistance à leur progression. Autant dire que la situation n’est pas loin d’être désespérée, les forces loyalistes étant en infériorité numérique et technique…

« Les millénaires perdus » fait partie de la saga fleuve « La compagnie des glaces ». On peut classer ce tome dans une forme de science-fiction uchronique, fantastique et avec des touches de steampunk. En effet, ce seront les hydravions, les dirigeables et autres monstres aériens qui permettront d’éviter la catastrophe annoncée. Une fois encore, les problèmes de logistique, de ravitaillement des populations et autres impédimenta purement matériels se retrouvent au premier rang des préoccupations. Si on y ajoute quelques épisodes assez crus et un certain nombre de scènes de batailles, on obtient un cocktail plutôt sympathique d’aventures pleines de suspens et de rebondissements. Le lecteur n’avance qu’un peu dans l’intrigue. Ainsi apprend-il que le fameux héritage du Bulb sur lequel il se posait des questions au tome précédent n’est après tout que désastre, misère, dégoût de l’humanité, haine et mort. Tome intéressant surtout pour l’imagination et la qualité du style du grand G.J.Arnaud.

4/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

L’HÉRITAGE DU BULB (GEORGE-JEAN ARNAUD)

Le résumé du livre

À la manufacture Kurts, six mois à peine après la mort dramatique de Kurts le pirate, Ann Suba fait mettre à l’eau un premier prototype d’hydravion géant doté de puissants moteurs à turbo propulsion. Pour y parvenir, elle utilise comme grue le dirigeable « Asia ». Pendant ce temps, Liensun fait débiter d’énormes quantités de bois destinées à être installés sur la plate-forme géante de Lacustra City qui, en moins de deux années devrait atteindre une surface de rien moins qu’un million de mètres carrés. En Antarctique, Jdrien lui, se retrouve à vivre dans un igloo au milieu des Roux, peuplade primitive qui n’a de cesse de se partager femmes, jeunes filles et même gamines de cinq ou six ans. Comme Jdrien refuse de se livrer à ce genre de fornication, les Roux ne comprennent pas…

Ma critique

« L’héritage du Bulb » est un des très nombreux épisodes de la saga fleuve de G.J. Arnaud « La compagnie des glaces ». Avec cette histoire étrange, le lecteur se retrouve dans un cadre que l’on pourrait qualifier d’archéo futurisme, d’anticipation rétroactive voire de steampunk. En effet, cette intrigue fait la part belle aux dirigeables, aux hydravions et aux vaisseaux géants capturés par des pirates. Le monde n’a pas subi un réchauffement climatique, mais un refroidissement avec expansion des glaces, inondations et autres cataclysmes. L’humanité n’a de cesse de tenter de survivre fort difficilement. Les besoins en ravitaillement en énergie (huile de baleine ou de phoque) et en nourriture (viande de mouton) sont un souci perpétuel et le principal ressort dramatique de cet épisode. Ce style est très en vogue aujourd’hui dans le milieu de la SF. Notre prolifique et fort imaginatif auteur fut donc un précurseur vu que l’œuvre date des années 90 de l’autre siècle. Style de qualité, narration vive et dynamique et nombreux rebondissements (nous sommes à un moment clé de la saga) permettent d’offrir un agréable moment de lecture et donnent surtout envie de poursuivre la découverte d’une saga hors-norme qui mériterait sans doute une adaptation cinématographique.

Ma note

4/5

AVENTURESROMAN

LE DIAMANT NOIR (PETER MAYLE)

Le résumé du livre

Luciano Bennett, jeune ressortissant britannique implanté depuis quelques années en Provence, habite dans le petit village de Saint Martin-le-Vieux. Georgette, brave femme obsédée par la propreté, s’occupe de son ménage avec une grande conscience professionnelle. À court de perspectives dans l’immobilier, il envoie une petite annonce dans le Herald Tribune comme certains lancent une bouteille à la mer. Il se dit prêt à accepter « tout poste intéressant même si inhabituel, de préférence entre Aix et Avignon ». Un richissime homme d’affaire anglais, Julian Poe, le convie dans son immense propriété et lui propose l’étrange mission de le remplacer pendant quelques mois à Monaco, histoire de tromper le fisc français. Mais une histoire de mallette volée contenant des documents de valeur considérable dans le domaine de la culture de la truffe noire transforme cette incroyable sinécure en véritable cauchemar…

Ma critique

« Le diamant noir » se présente comme un roman d’aventures plus ou moins policières rempli de personnages truculents et plutôt improbables comme une brute napolitaine, un lord plutôt louche, un inquiétant mafieux corse proche des milieux indépendantistes, un moine rubicond, fondateur d’une confrérie bachique, une jeune femme issu des corps d’élite de Tsahal, un garde du corps japonais karatéka d’exception et quelques autres, pas piqués des hannetons. Lire ce livre revient à passer un excellent moment de détente. De nombreuses scènes sont agrémentés de petits traits d’humour british comme autant d’épices relevant une sauce aventureuse rondement menée. Jusqu’à présent, nous avions apprécié le talent de l’auteur pour ses charmants ouvrages sur la Provence (« Le bonheur en Provence », « Une année en Provence », « Provence toujours » et sur la bonne table (« Aventures dans la France gourmande »). Avec cet ouvrage très réussi, nous découvrons une autre facette de son talent, celle d’auteur de fictions picaresques à suspens.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

DE MAO À JÉSUS (PIERRE-ALBAN DELANNOY)

Le résumé du livre

Ayant bénéficié d’une éducation catholique, Pierre-Alban Delannoy trouve un premier accomplissement en s’engageant vers 20 ans dans un mouvement extrémiste et violent, la Gauche Prolétarienne, inspirée de la pensée du président Mao, revue et corrigée par Benny Levy. Son mot d’ordre principal, « Servir le peuple », peut donner une impression d’altruisme ou de philanthropie, mais quand on sait qu’il se réfère au grand bond en avant, aux « mille fleurs » et autres envois des intellectuels aux champs ou dans les camps de concentration du tristement célèbre « Lao-Gaï », le slogan paraît soudain nettement moins bienveillant. Ce groupuscule gauchiste s’étant finalement auto-dissout, ses membres ont intégré des « ateliers », soit en usine pour être au plus près des prolétaires, soit dans l’enseignement. Delannoy a donc été un temps instituteur en ZUP, puis agrégé de lettres. Il a appris l’hébreu, étudié le Talmud auprès d’un rabbin et a eu sa révélation, tel Paul sur le chemin de Damas, en découvrant l’horreur de la Shoah. Aujourd’hui, il vit à plein temps à la Grange de Saint Bernard de Clairvaux à 500 mètres du monastère éponyme. Membre d’une petite communauté de laïcs, il suit les préceptes de la règle de Saint Benoît, partageant son temps entre le travail manuel, la prière et la « lectio divinis ». D’agitateur maoïste, il est devenu une sorte de moine laïc…

Ma critique

Le sous-titre de l’ouvrage « Itinéraire spirituel d’un ancien gauchiste » en dit plus long que son titre sur la teneur de cet ouvrage qui n’est en aucun cas une autobiographie même partielle, mais plutôt une réflexion spirituelle, une vulgarisation théologale, basée principalement sur les écrits de Benny Lévy et les textes de Saint Bernard. Etrange cocktail, paradoxal en apparence seulement… Le lecteur reste sur sa faim en ce qui concerne le récit même de la vie de l’auteur, lequel aurait sans doute mieux aidé à comprendre cet itinéraire hors du commun, allant d’un extrême à l’autre, encore que chacun sait que le gauchisme peut mener à tout à condition d’en sortir bien sûr. Au détour d’une page ou d’une ligne, on apprend sans bien comprendre, qu’une jeune fille s’est suicidée par amour pour lui, qu’il a un fils et que lui-même a tâté deux fois de la prison. Cela ne l’a pas empêché d’intégrer l’enseignement privé dans un premier temps, puis public dans un second alors qu’un casier judiciaire vierge est exigé dans les textes (!) Autant de questions qui restent sans réponse et c’est bien dommage. L’auteur, sans doute par modestie, a préféré taire beaucoup de choses pour mieux s’étendre sur la spiritualité cistercienne dans une intellectualité assez accessible, avec, de-ci, de-là quelques fulgurances fort intéressantes.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

SUFFREN OU LES CAPRICES DE LA GLOIRE (JEAN FIGARELLA)

Le résumé du livre

Issu de la petite noblesse provençale, Pierre André de Suffren, dit « le bailli de Suffren », est un vice-amiral français, commandeur de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, né le 17 juillet 1729 au château de Saint-Cannat près d’Aix-en-Provence et mort le 8 décembre 1788 à Paris. Ce grand marin a traversé trois guerres navales franco-anglaises au milieu de la « Seconde guerre de Cent Ans ». Les deux premières lui permettent de mener une double carrière en gravissant peu à peu tous les échelons de la Marine royale et ceux de l’Ordre des chevaliers de Malte. La troisième en Inde lui apporte définitivement la gloire. Son nom a depuis été donné à sept navires de la marine française. À l’étranger, Suffren est le plus connu des grands marins français. De son vivant déjà, il était si redouté par les officiers et les marins anglais qu’ils le surnommèrent « l’amiral Satan ».

Ma critique

« Suffren ou les caprices de la gloire » est la biographie classique et fort bien documenté d’un personnage complètement hors du commun, une figure légendaire de l’Histoire de France. Son comportement exceptionnel face aux Anglais lui permit de se couvrir de gloire et de remporter de nombreuses victoires malgré des moyens financiers et techniques inférieurs. Il parvint même à mettre à genoux la puissance maritime de sa gracieuse majesté. Il était à un doigt de s’emparer d’une grande partie de l’Inde quand le roi Louis XVI signa un traité de paix, providentiel pour les Britanniques, privant Suffren des fruits de ses victoires. Il rentra en France couvert de gloire et d’honneur. Il mourut à 59 ans dans des circonstances mystérieuses. Certains parlèrent d’apoplexie, d’autres de suites d’un duel. Livre intéressant, illustré de nombreux documents qui fait la part belle aux descriptions de batailles navales, ce qui, vu le nombre, peut sembler un peu lassant à la longue.

Ma note

4/5

FANTASTIQUEROMAN

LE PROFESSEUR MORTIMER (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

Sommité du milieu médical britannique, cancérologue de renommée internationale, Sir Richard Mortimer a décidé de quitter son service dans un des plus prestigieux hôpitaux de Londres pour aller s’installer à son compte sur une île perdue. Il y fait construire une clinique ultra-moderne, un laboratoire d’analyses muni des appareillages les plus performants et toutes sortes de bâtiments pour accueillir ses patients et les animaux qui lui servent de cobayes pour ses recherches. Apprenant cela, Miss Bridget, vieille fille passionnée par la défense des animaux, soupçonne le professeur de s’être ainsi retiré loin des regards pour mieux torturer souris, guenons, chiennes et même louves. Elle décide d’envoyer sur l’île sa secrétaire, Monique Sorel, comme cuisinière des Mortimer. Elle pourra ainsi s’introduire dans les services et espionner le professeur. Tout se complique quand Mortimer, très attaché à sa chienne Rosetta, découvre que celle-ci souffre d’un cancer de la mamelle.

Ma critique

« Le professeur Mortimer » est un roman relevant du registre étrange et fantastique. Dès le début, le lecteur se demande ce qui peut bien pousser un grand ponte à s’exiler ainsi sur une île soi-disant pour être plus libre de mener des recherches. Il sent bien qu’il doit y avoir anguille sous roche et il ne sera pas déçu de l’intrigue très psychologique faisant dériver le personnage principal aux confins de la maladie mentale. Le suspens monte progressivement jusqu’à atteindre un paroxysme surprenant et assez monstrueux. Un très bon livre de Pierre Boulle qui se révèle ici digne des plus grands de ce genre littéraire. On pense à Edgar Poe, à Stevenson ou même à Lovecraft. Le style est bon, un peu daté et descriptif peut-être, mais toujours agréable à lire de nos jours tant le drame est finement observé et distillé.

Ma note

4,5/5

AVENTUREROMAN

LA BALEINE DES MALOUINES (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

En avril 1982, la flotte britannique fait route vers les îles Falkland qu’il s’agit de reprendre aux Argentins, quand un fax du duc d’Edimbourg arrive. Le prince, féru d’écologie, recommande de bien veiller à ne pas confondre l’écho radar d’un cétacé avec celui d’un sous-marin. Sur le destroyer « Daring », le lieutenant commander Clark se retrouve vite face au dilemme qu’il redoute : a-t-il affaire à un sous-marin ennemi ou à une baleine et même bientôt à deux. Il peut heureusement compter sur l’aide de Bjorg, ancien baleinier, qui lui évite de faire tirer sur un couple de paisibles baleines bleues. Mais quand le mâle se fait attaquer et dépecer par une centaine d’orques épaulards sous les yeux de l’armada, matelots et soldats supplient leur chef de donner l’ordre de faire sur les tueurs pour sauver la femelle. Faisant fi de toute déontologie militaire, Clark accède à cette demande, ce qui ne manquera pas d’entrainer toutes sortes de conséquences…

Ma critique

« La baleine des Malouines » se présente comme un roman d’aventures animalières tout à fait charmant et même dans la ligne de certains titres de Jack London. La malheureuse baleine bleue, vite baptisée « tante Margot » par tous les équipages, devient bientôt un personnage à part entière, dotée d’une intelligence remarquable et de sentiments incroyables. La Navy lui ayant sauvé la vie, elle va multiplier les marques de sa reconnaissance et, au fur et à mesure du développement de l’intrigue, faire preuve d’un courage exemplaire, réussir plusieurs actes de bravoure, le tout s’achevant en apothéose qu’il ne faut pas dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir d’éventuels lecteurs. Une belle histoire pleine de bons et beaux sentiments, un hymne à l’intelligence animale ainsi qu’à la fidélité et au dévouement. Pas de science-fiction, pas d’anticipation ni de conte philosophique sarcastique, juste la belle histoire d’une charmante baleine hors norme.

Ma note

4/5

AVENTURESROMAN

LE BON LÉVIATHAN (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

Un énorme supertanker à propulsion nucléaire baptisé le « Gargantua » est mis à l’eau à Saint-Nazaire dans une ambiance morose pour ne pas dire hostile. Travaillée par les revendications des écologistes, l’opinion publique craint pour les risques liés à son énergie : rejets de déchets, crainte d’irradiation, sans oublier les risques de pollution par marée noire ou dégazage. Le premier voyage vers le Moyen-Orient se déroule partout dans cet environnement de défiance alors que les réacteurs nucléaires ne sont même pas opérationnels. Pour éloigner une flottille de rafiots affrétée par les opposants dirigés par « la boiteuse », meneuse la plus acharnée, le « Gargantua » surnommé le « Léviathan » se sert de ses canons à eau. Et là, un miracle se produit. Copieusement douchée, l’handicapée se remet soudain à marcher sans béquille. Cet événement extraordinaire va complètement retourner l’opinion publique…

Ma critique

« Le bon Léviathan » est un simple roman d’aventures sur fond écologique. Il aurait pu être écrit de nos jours sans avoir à u changer grand-chose. Pierre Boulle y pose le problème de l’acceptation des risques du nucléaire par des esprits travaillés par la crainte d’un danger nouveau et totalement inconnu. L’intrigue finit par se retourner de façon totalement inattendue. Tous les défauts du Léviathan se transforment en qualités comme par magie. Autant on l’avait détesté et craint autant on finit par l’aimer voire par l’idolâtrer ! Dans cette histoire paradoxale, l’auteur peut se permettre d’exercer tout son talent de conteur et tout son humour sarcastique ou ironique. Le vulgum pecus toujours à la recherche de merveilleux et d’irrationnel tout comme l’écologiste fanatique se complaisant dans le catastrophisme en prennent pour leur grade pour le plus grand plaisir du lecteur. Ceci dit, « Le bon Léviathan » nous a semblé un bon titre, mais de loin pas le meilleur du maître !

Ma note

4/5

ROMANSCIENCE-FICTION

LES JEUX DE L’ESPRIT (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

Dans un futur relativement proche, les scientifiques les plus renommés, pour la plupart Prix Nobel comme Alex Keene ou O’Kearne, s’organisent pour obtenir des politiciens en place que ceux-ci acceptent de laisser la place à un gouvernement mondial uniquement dirigé par de jeunes savants. Le physicien Fawell, futur président du monde, est ainsi recruté suite à une longue série d’épreuves et de tests de très haut niveau. Il s’adjoint les services du Français Yranne et de Betty Han, psychologue d’origine chinoise. Le but de l’opération est d’en finir avec la guerre et avec la famine. Il suffirait pour cela d’éradiquer les nations et toute forme de patriotisme. Ce qui est obtenu avec un certain succès. Les richesses sont mieux répartis et comme on ne perd ni temps ni argent dans des préparatifs militaires, plus de pénuries ni de famine. Les heureux humains ne doivent plus travailler que deux heures par jour. Serait-on arrivé à faire descendre le paradis sur terre ?

Ma critique

« Les jeux de l’esprit » se présentent comme un roman en forme de conte philosophique. Publié en 1971, cet ouvrage semble l’œuvre d’un auteur ayant tellement d’avance sur son époque qu’il pourrait être écrit de nos jours et encore répondre à nombre de nos interrogations. À quoi bon tous ces changements ? Les hommes, libérés de toutes leurs chaînes s’ennuient lamentablement et sombrent dans une mélancolie incapacitante. Les suicides se multiplient de façon exponentielle. Les dirigeants n’ont d’autre issue que d’inventer sans cesse de nouveaux jeux de plus en plus violents et de plus en plus cruels. Rien de bien neuf depuis le « panem et circenses » (du pain et des jeux) des Romains ! Et quand le lecteur découvre qu’il faut en arriver à de véritables jeux de guerre pour enrayer le fléau, la boucle est bouclée et la démonstration par l’absurde évidente. Un régal pour les esprits intelligents. À conseiller aux utopistes béats et à tous les partisans de la mondialisation « heureuse »…

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUENOUVELLESSCIENCE-FICTION

E = MC2 ET AUTRES NOUVELLES (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

À Paris, Oscar Vincent est tranquillement assis à la terrasse de la Coupole quand il est abordé par un étrange individu vêtu d’une toge romaine rouge, lequel lui demande en quelle année on se trouve. C’est un Badarien venu des temps anciens. Il est suivi de près par un Pergolien venu, lui, d’un très lointain futur… Bourdon, savant amateur d’énigmes, se lance le défi de reconstituer un texte écrit sur deux feuillets dont il ne reste que les cendres… Arrivée sur la face cachée de la Lune, une expédition américaine croit découvrir la présence de Luniens… Un savant parvient à fabriquer le robot parfait à tout point de vue. Il sait parfaitement compter, résoudre toutes sortes de problèmes compliqués mais également avoir des sentiments et, comble du raffinement, faire des erreurs !

Ma critique

« E = MC2 et autres nouvelles » est un excellent recueil comportant huit nouvelles de fantastique, de science-fiction ou d’étrange scientifique, toutes teintées de l’humour sarcastique ou décalé du grand auteur. Lui-même de formation scientifique est loin d’être tendre avec la profession. Bien des personnages sont de doux dingues comme « l’homme qui haïssait les machines » ou de joyeux lurons aussi naïfs qu’idéalistes comme l’équipe entourant Einstein dans la nouvelle éponyme, de loin la plus inquiétante du lot avec cette version uchronique et pleine de poésie de l’invention et de l’explosion de la première bombe atomique. Chaque nouvelle est un petit bijou distrayant mais faisant aussi réfléchir sur les possibles dérives d’une science sans conscience (on connait la suite du célèbre adage…). Une mention spéciale pour « L’amour en apesanteur », nouvelle particulièrement réussie dans laquelle Pierre Boulle donne libre cours à une cocasserie des plus débridées. À de tordre de rire !

Ma note

4,5/5

 

HISTORIQUEROMANTERROIR

L’OUTARDE ET LA PALOMBE / TOME 2 (LOUIS CARON)

Le résumé du livre

1942-1943 : les évènements se précipitent. Dans le Gers, au Guibourg, les choses se précisent. Henri Ramier avoue à Mathilde, sa compagne canadienne, qu’il œuvre en secret pour la Résistance. Le pharmacien du village, lui, a pris parti pour la collaboration. Il tente de faire tomber dans un piège Mathilde qui se dévoue toujours pour les enfants juifs qu’il lui faut sans cesse cacher, d’abord dans un château puis dans diverses fermes avant de tenter le passage en Espagne. Mathilde frôle la catastrophe. Par contre, le cordonnier qui servait de boîte aux lettres au réseau d’Henri n’aura pas sa chance. Il sera torturé, martyrisé et assassiné par un groupe d’individus que tout le monde soupçonne de faire partie de la Milice. Comment les deux amants que tout sépare (l’âge, Henri en a le double de Mathilde et les origines, la Québécoise est de plus en plus révoltée par l’attitude de certains Français) vont-ils pouvoir tirer leur épingle de ce jeu terrible ?

Ma critique

« L’outarde et la palombe / Tome 2 », roman historique et de terroir, bascule dans ce deuxième tome dans un registre beaucoup plus dramatique. L’étau se resserre autour de nos deux héros. Ils manquent plusieurs fois de tomber dans des pièges mortels. L’intrigue prend plus de rythme, un lourd suspens s’installe. L’ambiance délétère des années d’occupation est parfaitement rendue. « C’était une période où les Français ne s’aimaient pas » (dixit un ancien président de la République), où les passions étaient exacerbées, ce que peine à comprendre l’héroïne qui ne raisonne pas comme eux. Livre toujours aussi agréable à lire. Celui-ci se dévore en un rien de temps tellement le lecteur souhaite savoir ce qui va arriver à ce couple atypique. À noter également de jolies descriptions de sites remarquables du Gers comme Auch ou Larressingle. Louis Caron, auteur canadien, a su rendre un bel hommage à ce terroir magnifique.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMANTERROIR

L’OUTARDE ET LA PALOMBE / TOME 1 (LOUIS CARON)

Le résumé du livre

En septembre 1939, Henri Ramier, après un séjour au Canada pendant lequel il a fait la connaissance et est tombé amoureux de la belle Mathilde Bélanger, jeune Québécoise nettement plus jeune que lui, décide de rentrer en France en sa compagnie. Tous deux s’installent dans la ferme que possède sa famille dans le Gers, au Guibourg. La défaite de 1940, l’armistice, puis l’invasion de la zone libre précipitent les évènements. Irène, la fille d’Henri réapparait. Elle est communiste et s’engage très vite dans un maquis de même coloration politique. Mathilde ne comprend pas qu’Henri ne semble s’intéresser qu’à sa peinture et ne songe pas, lui aussi, à entrer dans la Résistance. Mais les apparences peuvent être trompeuses…

Ma critique

« L’outarde et la palombe » est un roman à la fois historique et de terroir qui traite des heures les plus sombres de notre histoire. L’occupation est particulièrement bien décrite avec la vie difficile des Français de l’époque, l’exode, les persécutions des Juifs, les tickets de rationnement et la difficile mise en place de réseaux de Résistance. Les personnages sont attachants car tous bien pétris d’humanité. Au village, tout le monde n’accueille pas l’étrangère à bras ouvert, loin de là. L’intrigue est intéressante et bien menée. Le style est vif, agréable et dynamique. L’ensemble est aussi agréable qu’intéressant. Le lecteur a hâte de prendre connaissance du second tome de cette histoire.

Ma note

4/5

ROMAN

CALVAIRE DES CHIENS (FRANÇOIS BON)

Le résumé du livre

À B. (Berlin ?) dans une Allemagne coupée en deux par le rideau de fer, Jacques Barbin, scénariste et son ami Andréas, metteur en scène, ont en vue un projet de film avec dans le rôle principal une célèbre actrice blonde venue de l’Est dont la participation devrait contribuer à son succès. Ils partent faire des repérages dans un village abandonné des Cévennes. Ils y rencontrent un homme qui y a autrefois implanté un refuge un peu particulier pour chiens abandonnés. Le lieu obtint un tel succès que l’homme ne sachant plus que faire de tous les animaux qu’on lui apportait commença à en trucider quelques-uns et à les donner en pâture aux autres. Et quand il abandonna les lieux, tous les chiens restants s’organisèrent en meute et commencèrent à attaquer les troupeaux de moutons et même quelques touristes égarés…

Ma critique

« Calvaire des chiens » se présente comme un roman difficilement classable. Ni thriller, ni roman noir, ni roman social, mais quelque chose un peu entre tout ça et encore. Même chose pour l’intrigue : pas vraiment d’histoire construite et qui se tienne, mais plutôt une suite de descriptions verbeuses, disparates, sans suite, sans logique et sans chronologie. Difficile de se retrouver dans ce fatras littéraire. Et guère de plaisir de lecture non plus en raison d’un style filandreux, de phrases à rallonge, agglutinantes et (volontairement ?) mal construites. Dans le style particulier de François Bon, le lecteur averti sentira fortement les désagréables relents du soi-disant « nouveau roman », genre narratif qui a fort mal vieilli et n’a été à la mode qu’un temps relativement court. N’est pas Robbe-Grillet qui veut…

Ma note

2/5

POLICIER

UN CRIME TRÈS ORDINAIRE (MAX GALLO)

Le résumé du livre

En juin 1980, rue des Carmes, à Paris, Michel Farges, écrivain issu de milieu modeste mais ayant atteint une notoriété certaine, est retrouvé mort, dans le caniveau, entre deux voitures. Il a été abattu de deux balles en pleine tête. Qui pouvait bien en vouloir à un homme respectable et si bien introduit dans le milieu littéraire germano-pratin ? A-t-on affaire à un crime crapuleux, à un acte gratuit ou à quelque chose de plus grave impliquant plus sérieusement les hautes sphères politico-médiatiques ? C’est ce que se demande Sylvie Mertens, jeune enseignante provençale, qui fut le temps d’un été l’amante de Farges. La malheureuse tente de mener une enquête avec le peu d’éléments dont elle dispose. Et tout va se compliquer quand une des maîtresses de Farges sera renversée et tuée par un chauffard et qu’elle-même sera agressée et échappera de peu à la mort…

Ma critique

« Un crime très ordinaire » se présente comme un roman policier ou un thriller sur fond socio-politique. Il semble vouloir traiter de tous ces crimes inexpliqués, de ces suicidés se tirant deux balles dans la tête. Le lecteur pensera à l’affaire Boulin, à l’assassinat de Goldman, à la disparition étrange de Jean Edern-Hallier et de tant d’autres. L’ennui, c’est que la fameuse enquête piétine dès le début, qu’il ne se passe strictement rien à part des broutilles de vie quotidienne sans le moindre intérêt et que très vite l’ennui s’installe. Il faut pas mal de constance et de persévérance au lecteur pour arriver à découvrir une fin fort attendue mais aussi déplaisante que décevante. Rien ne sera révélé. Si on y ajoute un style assez lourd et une narration manquant particulièrement de rythme, on en arrive à la conclusion que cet ouvrage est loin d’être le meilleur de Max Gallo et que le regretté auteur aurait sans doute mieux fait de rester cantonné dans le registre des ouvrages historiques, domaine où il excellait.

Ma note

2,5/5

POLICIER

DOUCEURS PROVINCIALES (CHARLES EXBRAYAT)

Le résumé du livre

Guillaume Norrey, agent des services secrets français, est convoqué par son patron, M. Dumolard, dans son appartement discret du quatorzième arrondissement de Paris. Dans son laboratoire de Poitiers, le professeur Montanay est en passe de découvrir une formule révolutionnaire de carburant pour fusées spatiales. Le problème c’est que des fuites se sont produites. Une puissance étrangère risque de s’emparer du fruit de recherches aussi secrètes que prometteuses. Mais qui trahit ? Quelqu’un de l’entourage ou de l’équipe du professeur, composée d’un Yougoslave bourru, d’un Anglais mutique et amateur de chats et de son futur beau-frère ? Tout va encore se compliquer quand Guillaume va découvrir que Madeleine, l’épouse du professeur n’est autre qu’une ancienne amante très regrettée puis que le concierge est retrouvé poignardé après s’être vanté dans un café d’avoir gagné beaucoup d’argent…

Ma critique

« Douceurs provinciales » est un roman policier et d’espionnage de facture tout à fait classique. C’est bien écrit, bien mené, bien bâti. En son temps, le prolifique et regretté Exbrayat fut un maître dans ce registre particulier. Le lecteur erre de fausses pistes en fausses pistes et ne découvrira le pot aux roses qu’en toute fin d’ouvrage, juste à l’avant-dernière page. Vite lu, vite oublié, cet ouvrage de simple divertissement, pour ne pas parler de « roman de gare », ne se classe pas dans les meilleurs du maître, car il lui manque la petite étincelle d’humour qui caractérisait souvent la narration, en particulier dans les « Imogène ».

Ma note

4,5/5

ESSAIS

VITAL ! (FRÉDÉRIC SALDMANN)

Le résumé du livre

Nul doute que la santé est le plus précieux de tous les biens. En début d’année, ne présente-t-on pas nos vœux en souhaitant plein de bonnes choses et surtout la santé à nos proches et à nos amis ? Mais cette santé si désirée ne dépend-elle pas de nous, de nos habitudes, de notre mode de vie ? Tout commence par une bonne hygiène, une bonne alimentation, un bon sommeil et pas mal de sport… en chambre. Si on y ajoute que le mental et le physique interagissent en permanence, on comprendra que pour acquérir et conserver santé et bien-être, il faut agir sur les deux. D’où l’utilité de ce livre, sous-titré non sans raison « votre bible santé »

Ma critique

« Vital ! » est un essai de vulgarisation médicale fort réussi dans la mesure où il fourmille de conseils pour se maintenir en forme, se sentir bien, rempli d’énergie vitale, de joie et de bonheur, quel que soit l’âge que nous ayons. Certains conseils sont assez surprenants comme celui d’habiter dans une maison ou un appartement plutôt surchauffé pour être moins tenté de compenser en mangeant et ainsi ne pas prendre du poids, origine de tous les maux. Ou comme celui de boire du sperme lequel contiendrait toutes sortes d’hormones et oligoéléments ralentissant le vieillissement. Le lecteur y trouvera également nombre de conseils plus d’ordre psychologique comme l’importance du pardon, de la générosité, de la politesse ou du calme intérieur. Au total, un ouvrage très complet (excepté le volet sport réduit au sexe et à la pétanque), très intéressant et certainement très utile car reposant sur les dernières recherches dans le domaine médical, le tout étayé par une solide documentation comme en témoigne l’importante bibliographie insérée en fin de volume.

Ma note

4,5/5

HUMOURROMAN

MADE IN FRANCE (PIERRE DANINOS)

Le résumé du livre

Philippe est un célibataire d’une trentaine d’années, employé dans une société spécialisée dans le marketing. Il doit se creuser la tête pour trouver des idées, des slogans, des formules-choc pour promouvoir d’autres entreprises. Son patron, M. de Witt-Piquet, toujours entre deux avions, sait parfaitement se faire plaindre de la galerie. Il y a plus de vingt ans qu’il n’a pas pris de vacances et c’est peu de chose de dire que quand il a payé ses impôts, il ne lui reste que les yeux pour pleurer. Philippe habite un immeuble bourgeois intitulé « Le margrave » dans un endroit qui n’a plus pour unique noblesse, que celle de quartier. Il fréquente Turid, jeune étudiante norvégienne, call-girl ou cover-girl sur son temps libre, qui n’a de cesse d’être étonnée des étranges mœurs des Français. Ceux-ci passent leur temps à se plaindre, à ne voir que les mauvais côtés des choses alors qu’elle trouve que la France est le plus joli et le plus agréable pays du monde.

Ma critique

« Made in France » est un roman charmant, magnifiquement écrit, plein d’humour et de malice. Le regretté Pierre Daninos n’a pas son pareil pour épingler gentiment tous les travers d’une époque un peu folle, celle des années 70. Il relève les ridicules et les étrangetés dans lesquels chacun se complait. Ainsi passe-t-on presque plus de temps au bureau à se raconter les vacances qu’à être vraiment en villégiature. Ainsi préfère-t-on un tas d’anglicismes approximatifs à de bons mots bien français souvent plus précis. Ainsi utilise-t-on un langage alambiqué, redondant souvent proche du barbarisme pour énoncer des choses tout à fait basiques. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Un humour tonique et subtil qui a quelque chose de l’humour anglais dans la légèreté et le détachement. Une lucidité étonnante, un regard aigu et bienveillant ainsi que nombre de trouvailles stylistiques font de cet ouvrage, qui n’a pas pris une ride, un régal de finesse, de cocasserie et d’intelligence.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA SUPER-CLASSE MONDIALE CONTRE LES PEUPLES (MICHEL GEOFFROY)

Le résumé du livre

Composée d’un tout petit nombre d’oligarques, de banquiers, de grands patrons, de médiacrates et d’hommes politiques, la super-classe mondiale entraine le monde occidental dans une dérive libérale-libertaire qui ne profite qu’aux plus riches et rêve d’instaurer un nouvel ordre mondial avec une gouvernance unique. Certains, comme l’inénarrable Jacques Attali, pensent que « Jérusalem serait un joli lieu pour en être la capitale ». Cette classe pratique la stratégie du choc pour sidérer et neutraliser ses opposants. Choc anthropologique, éducatif, linguistique, migratoire, mémoriel, financier, médiatique, tous les moyens sont bons pour déconstruire, remplacer et faire du passé table rase. Son mot d’ordre alchimique « Solve et coagula » bien proche d’« ordo ab chaos », détruire avant de reconstruire, débouche forcément sur une forme de post-démocratie, sur un totalitarisme de moins en moins mou, basé sur la religion du politiquement, écologiquement, économiquement et racialement correct, arme de destruction massive de la liberté des peuples…

Ma critique

Cet ouvrage, particulièrement bien argumenté et documenté, se présente comme un essai politico-économique de très bon niveau. Les réseaux d’influence (Bilderberg, Davos, CFR, Club « Le siècle » etc.) sont soigneusement étudiés. L’idéologie de ces élites qui veulent à tout prix prendre leur revanche sur le petit peuple, les gueux, les sans-dents, est très finement analysée. Le lecteur découvrira que ce libéralisme libertaire et cosmopolite n’est après tout qu’une vieille doctrine remise au goût du jour, que l’argent reste le premier ressort de ces gens qui savent merveilleusement optimiser leur fiscalité et accroître leurs profits de façon exponentielle. D’ailleurs quand une crise surgit comme en 2008, ils arrivent à faire nationaliser leurs pertes tout en privatisant leurs profits. Le petit contribuable mis à contribution pour renflouer le gros banquier, personne n’aurait cru ça possible autrefois et pourtant, cela s’est produit. Tout comme des saisies sur les comptes bancaires de particuliers à Chypre par exemple. Un livre majeur, quasi indispensable pour qui veut comprendre quelque chose à cette mondialisation qui n’est heureuse que pour certains. L’auteur ne se contente pas d’analyser, il nous projette également dans l’avenir et là, croisons les doigts, ce projet aussi néfaste que dément n’aurait pour lui que peu de chances de se réaliser pleinement. Acceptons-en l’augure !

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMAN

LA ROUTE DE GLACE (YVES VIOLLIER)

La résumé du livre

De retour en Vendée, Pierre Métayer, désespéré d’avoir laissé seule Maïa en URSS, prend la place de son ami José qui devait partir combattre en Espagne dans les rangs des Républicains. Blessé à la hanche lors d’un bombardement, il est rapatrié en France et récupéré par Hélène, l’amie fidèle, qu’il finit par épouser et dont il aura un fils, Michel. La guerre venue, il se retrouve pris dans le STO et embarqué en Allemagne. Il y travaille comme mécano sur un vaisseau qui sera envoyé par le fond. Rescapé des terribles bombardements au phosphore sur la ville de Hambourg, il profite de la pagaille pour rentrer en France où il gagne les rangs de la Résistance en s’illustrant dans la forêt de Mervent. La guerre terminée, il peut retourner en URSS à titre de héros de la guerre et de la Résistance. Il retrouve Maïa dans un petit village sibérien. Ayant été blessée à un pied, elle ne peut plus exercer son art de danseuse et est devenue maîtresse de ballet. Elle aime encore Pierre et voudrait toujours échapper à l’enfer soviétique. Mais le pourra-t-elle un jour ?

Ma critique

Second tome, suite et fin de « La Flèche rouge », « La route de glace » est un beau roman historique et de terroir. Il couronne la saga de Pierre et de Maïa de fort belle manière. Les évènements se précipitent avec la guerre d’Espagne, la seconde guerre mondiale (la description des bombardements de l’Allemagne agonisante, un des grands moments de ce récit quasi épique ne peut que remplir d’horreur le lecteur). Cette histoire d’amour impossible prend une ampleur magnifique quand on voit tout ce que les deux amants doivent traverser pour arriver à se retrouver. Les personnages sont si attachants et cette histoire si prenante qu’il est difficile voire impossible de lâcher le livre avant de savoir comment tout ça va finir. Pour ne pas gâcher le plaisir d’éventuels lectrices ou lecteurs, nous ne dévoilerons pas la fin particulièrement réussie. Surprenante, dramatique et grandiose. Une complète réussite. Du très grand Viollier !

Ma note

4,5/5

HISTORIQUEROMAN

LA FLÈCHE ROUGE (YVES VIOLLIER)

Le résumé du livre

En 1937, Pierre Métayer, jeune mineur vendéen membre du parti communiste est sélectionné pour participer à un voyage en URSS, en compagnie d’autres jeunes mineurs, ouvriers ou employés agricoles, tous enthousiastes à l’idée de découvrir le merveilleux « paradis » communiste du petit père Joseph Staline. Après un long périple en chemin de fer, ils visitent Léningrad et doivent reprendre un train soviétique, « La Flèche rouge », qui se retrouve bloqué par une tempête de neige pendant cinq jours au milieu de nulle part. Pierre y fait la connaissance de Maïa, seize ans, danseuse du Kirov qui doit se produire avec sa troupe sur la scène du Bolchoï. Les deux jeunes tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Maïa rêve de fuir un régime dictatorial qui a déjà broyé sa famille. Pierre voudrait pouvoir s’installer un jour dans ce nouvel eldorado. Le contexte le permettra-t-il ?

Ma critique

« La Flèche rouge » est à la fois un roman historique et un roman de terroir. Le lecteur y découvrira à la fois la réalité de la vie des mineurs sur un territoire pas particulièrement célèbre pour ses terrils et ses corons ainsi que le choc de la réalité quand Pierre découvre la véritable vie des Soviétiques à mille lieues de ce qu’il imaginait avant de partir : présence policière permanente, pauvreté omniprésente, délation, espionnage et répression aussi sauvage qu’injuste. Les parents de Maïa ont été déportés au goulag puis exécutés comme « ennemis de classe » simplement parce que le père, professeur, apitoyé par le sort cruel des paysans mourant de faim, avait voulu les secourir. Livre très agréable à lire, Viollier est un des meilleurs dans ce genre de littérature. Une histoire romantique et émouvante à souhait mais qui pêche par une fin un brin décevante. Jamais de « happy end » avec Staline…

Ma note

4/5

ROMAN

SOUS LA VILLE ROUGE (RENÉ FREGNI)

Le résumé du livre

Un été à Marseille. Le soleil brille. Il fait chaud dans la cité phocéenne. Un tueur en série accumule les assassinats, répandant la terreur dans la ville… Un écrivain, Charlie Hasard vit en solitaire dans un modeste appartement rue Barthélemy, ne voyant quasiment personne. Il se veut écrivain mais n’arrive pas à faire publier ses textes. Tous reviennent par la poste avec la fameuse formule « ne cadre pas avec la ligne éditoriale de nos collections ». Pour se défouler, il fréquente une salle de boxe où il évacue sa rage en frappant sur des sacs de son. Sa vie bascule quand enfin un éditeur daigne s’intéresser à ce qu’il écrit…

Ma critique

« Sous la ville rouge » est un court roman avec un double sujet : la condition de l’écrivain en herbe, ses difficultés pour ne pas dire son impossibilité à entrer dans le cercle des élus et en parallèle la ville de Marseille, ses quartiers populaires ou non, sa population bigarrée. Si le style de l’auteur est de très belle qualité, son inspiration est nettement moins originale. Cette histoire de « wannabee » n’arrivant pas à se faire éditer, se faisant humilier et pétant un câble a été traitée bien des fois et parfois de meilleure manière. L’intrigue manque un peu d’épaisseur et de tenue. On se demande par exemple ce que le tueur en série vient faire dans l’histoire de Charlie. Quant à la fin ouverte, elle est plutôt décevante. Au total, un ouvrage qui ne tient que par son style et par quelques descriptions ou observations. C’est un peu léger… Mais, consolation, l’auteur s’est contenté de 124 pages qui se lisent très vite. Qu’il en soit remercié !

Ma note

2,5/5

POLICIERROMAN

ÉTRANGE CADAVRE EN PAYS COUTANÇAIS (MICHEL HEBERT)

Le résumé du livre

Un lundi matin, jour de grand calme en province, un cadavre est découvert par un passant sur le parvis de la cathédrale de Coutances. Il s’agit de celui d’un plombier bien connu dans le coin et de très bonne réputation. Personne n’a rien remarqué alors que l’homme a pris plusieurs balles dans la tête. De plus, sa position semble indiquer qu’il sortait du lieu de culte alors que celui-ci était fermé. Autant dire une enquête qui s’annonce fort compliquée pour l’inspecteur Vebert de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières…

Ma critique

« Étrange cadavre en pays coutançais » se présente comme un roman policier de facture et de structure tout à fait classique. Le lecteur suit pas à pas une piste qui mène le héros sur la trace d’un terrible gang de trafiquants d’œuvre d’art helvète (original !). Dès le début, il se demande ce que vient faire ce gabelou de haut vol dans cette histoire de meurtre de plombier. L’auteur résout cette difficulté par une pirouette en provenance de la haute administration. Ce démarrage un peu laborieux mis à part, la narration est agréable, bien rythmée, vivante, (beaucoup de dialogues) et la fin bien construite avec un faux coupable (obligatoire dans ce registre) et une poursuite en apothéose. Le style de l’auteur est honnête sans plus (à noter quelques coquilles et lourdeurs). Il ne lui manque qu’une chose : un peu plus d’humour lequel permettrait de rendre encore plus agréable la lecture de ce gentil ouvrage de divertissement. Un seul trait au dernier paragraphe : « La montre, à elle seule, paierait les frais dus à l’Etat, ce grand gourmand qui n’était jamais rassasié ! », c’est maigre !

Ma note

3/5

ESSAISRELIGIEUX

LE PAPE DICTATEUR (HENRY SIRE)

Le résumé du livre

Jorge Mario Bergoglio, né le 17 décembre 1936 à Buenos-Aires, a été élu évêque de Rome sous le nom de François le 13 mars 2013. Il était auparavant archevêque et cardinal de Buenos Aires. Il est le premier pape issu des rangs de la Compagnie de Jésus, le premier pape non européen depuis le pape syrien Grégoire III au VIIIe siècle ainsi que le premier issu du continent américain. Il est également le premier pape à prendre le nom de François, nom choisi en mémoire de saint François d’Assise. Le premier à ne pas habiter dans les appartements pontificaux mais à la maison Santa Marta. Son rejet de l’apparat pontifical, un déplacement en métro et une réputation de modestie lui permirent de se faire très vite attribuer le titre de « Pape des pauvres » par les médias du monde entier. Mais qu’en est-il réellement ? Qui est vraiment ce personnage au bout du compte assez ambigu ?

Ma critique

« Le pape dictateur » est, en dépit de son titre, une enquête sourcée, renseignée, ne se basant que sur des faits et non pas un simple pamphlet dirigé contre une personne publique pour le moins ambivalente. Le lecteur y découvre bien des choses fort dérangeantes sur cet étrange personnage. Sait-on que Bergoglio participa généreusement au financement de la campagne électorale d’Hillary Clinton ? Qu’il n’est progressiste que de très fraîche date vu qu’il se montra plus que favorable au régime des colonels ? Qu’élu pour nettoyer les « écuries d’Augias » (corruption galopante, banque vaticane blanchissant l’argent de la mafia, évêques et prêtres impliqués ou couvrant de sinistres affaires de pédomanie), il ne fit rien pour améliorer la situation et trancha souvent en faveur des corrompus et des malfaisants alors qu’il se montrait d’une sévérité intraitable envers quiconque demandait une simple explication au sujet de ces décisions incompréhensibles. Un livre sérieux, passionnant qui démontre sans discussion possible qu’avec ce personnage plus politique que religieux, les fumées de soufre se diffusent maintenant bien largement au sommet de l’Église Catholique, ce qui n’est pas sans inquiéter les fidèles.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA FRANCE INTERDITE (LAURENT OBERTONE)

Le résumé du livre

L’immigration est-elle une chance pour la France ? L’immigration nous enrichit-elle de sa diversité ? Le solde migratoire est-il négligeable et parfaitement stable depuis les années trente ? Quel est le nombre précis d’immigrés présents sur notre territoire ? Les Blancs seront-ils encore majoritaires en Europe dans une trentaine d’années ? Le métissage généralisé est-il inéluctable ? Assiste-t-on à un grand remplacement comme le prétend Renaud Camus ? La chute du QI aura-t-elle des conséquences ? L’immigration rend-elle notre pays plus prospère, plus compétent, plus heureux, plus civique et plus sûr ? Autant de questions politiquement incorrectes auxquelles Laurent Obertone ose répondre dans une enquête sur un sujet tabou : la disparition programmée, organisée par ses élites, d’une nation qui estime, à plus de 70% selon les sondages, que les immigrés sont déjà bien trop nombreux et qu’il serait grand temps de freiner voire d’inverser la déferlante qui submerge le pays…

Ma critique

« La France interdite » est une enquête sérieuse, sourcée, basée sur des travaux d’organismes officiels. L’auteur s’est courageusement attaché à examiner scientifiquement et sans a-priori cette question épineuse, rendue quasiment taboue par l’idéologie dominante qui ne fait que répéter des dogmes sans aucune réalité, qui maintient l’opinion majoritaire dans un état de sidération par le biais d’un matraquage médiatique permanent et systématique. Un à un, chiffres à l’appui, toutes les affirmations de cette « élite » sont démenties par les faits, la triste réalité que chacun peut constater par simple observation : tout ce qu’on nous a raconté depuis trente ans et plus n’est qu’une suite de mensonges, d’axiomes jamais vérifiés ou de dogmes à croire aveuglément que la bien-pensance oblige, sous peine d’ostracisme et de « reductio ad hitlerum », à entériner. Un livre de grande qualité, parfaitement écrit, agréable à lire et surtout courageux, salutaire et indispensable à tout citoyen qui cherche à s’informer sur un problème crucial et ne veut pas mourir idiot !

Ma note

4,5/5

HUMOURPHILOSOPHIQUE

CONTES LIQUIDES (JAIME MONTESTRELA)

Le résumé du livre

Le jour du Mardi-Gras, les hommes jouent aux femmes, les femmes aux hommes et les enfants aux adultes… Les Tihotuhop sont végétariens, mais ils font exception en se régalant de piranhas le jour de la cérémonie du Recyclage… À l’approche des vacances d’été, de nombreux jeunes gens se ruent dans les bibliothèques, les musées et les séminaires de philosophie pour faire rayonner plus puissamment leur aura… Un condamné à mort a pour dernière volonté de n’être exécuté qu’après avoir eu le temps d’apprendre le chinois… À Pine Gulch, le conseil municipal a décidé d’expulser de la langue tout vocable ayant une référence à la sexualité… Sur un archipel des Philippines, des insulaires ne savent pas compter au-delà de 456…

Ma critique

« Contes liquides » est un recueil de très courts contes ou historiettes. L’auteur portugais a réduit chacune de ses narrations à une demi-page maximum. Ces petits textes humoristiques, étranges ou carrément absurdes sont d’intérêt variable. Ils vont de la blague Carambar au conte philosophique en passant par les traits d’humour potache, les élucubrations absurdes ou les simples jeux de mots ou d’esprit. Le style est incisif, minimaliste et souvent apte à dire beaucoup sans grands développements. C’est amusant, léger, parfois facile et quelquefois ça donne à réfléchir sur la sottise de certains de nos comportements. Un auteur un peu méconnu, mais qui mérite le détour.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

DENYS L’AEROPAGITE ET LE NOM DE DIEU (JEAN-PAUL MONGIN)

Le résumé du livre

Dans un temple abandonné d’Héliopolis, ancienne capitale désertée au profit d’Alexandrie, deux jeunes Grecs, Denys et Apollophane devisent sur la meilleure manière de qualifier Dieu quand une éclipse de lune se produit plongeant tout le pays dans l’obscurité. La stupeur passée, ils reprennent leurs esprits et en viennent à se demander si Dieu ne serait pas cette lumière aperçue au cœur des ténèbres. Dieu étant représenté par des animaux chez les Egyptiens, par des hommes chez les Grecs et par rien chez les Hébreux, Denys décide de partir à Athènes pour tenter d’éclaircir cette affaire auprès des plus grands théologiens et philosophes. À l’issue d’un périlleux voyage en Méditerranée, il fera une rencontre qui marquera sa vie : celle de l’apôtre Paul de Tarse, très intéressé par cette histoire de « Dieu inconnu »…

Ma critique

« Denys l’aéropagite et le nom de Dieu » se présente comme un petit livre d’initiation à la philosophie, but manifeste des éditions « Les petits Platons » dont d’autres titres portent sur Pascal, Rousseau, Leibniz, Socrate, Heidegger ou Kierkegaard, entre autres. Mission louable en soi, mais œuvre de vulgarisation ô combien difficile quand on connait le niveau de réflexion moyen de nos ados. Le texte de Jean-Paul Mongin est facile d’accès et agréable à lire même si l’histoire de Denys n’est abordée que de manière succincte en particulier sur sa fin. Décapité sur le Mont des Martyrs à Lutèce ou finissant sa vie comme anachorète dans un lointain désert syrien, c’est au choix. N’y aurait-il pas plutôt eu deux Denis parmi les premiers chrétiens ? Les illustrations de Ghislaine Herbéra sont fraîches et charmantes avec un côté naïf qui convient bien au sujet. Celle de couverture fait penser à un dessin de Cocteau avec son trait épuré et plutôt minimaliste. Celles illustrant le texte sont beaucoup plus colorées, parfois un peu trop sombres, ce qui gène un tantinet la lecture. L’ensemble assez réussi peut donner envie à certains jeunes plus curieux que d’autres de creuser un peu plus la question après cette intéressante mise en appétit.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

LE PRINCE MYSTÈRE DE L’ARABIE (CHRISTINE OCKRENT)

Le résumé du livre

En 1953, à la mort d’Ibn al-Saoud, fondateur de la dynastie wahhabite, ses nombreux fils devaient se succéder un à un sur le trône, ce qui se produisit six fois jusqu’au règne de Salman ben Abdelaziz, lequel désigna à 82 ans l’un de ses fils, Mohammed ben Salman, nouveau prince héritier en 2017. Il rompait avec la succession horizontale pour créer une verticale au profit exclusif de sa famille. Impulsif et brouillon, le jeune Salman, 32 ans, commence par mettre au pas de nombreux dignitaires en organisant la rafle du Ritz-Carlton sous prétexte de lutte contre la corruption. Il souhaite réduire la dépendance de son pays vis-à-vis du pétrole, mettre les Saoudiens au travail et promouvoir un islam modéré. Mais derrière cette apparence progressiste, se cache un potentat aux tendances totalitaires bien affirmées, à la politique étrangère paradoxale et agressive (guerre du Yémen, brouille avec le Qatar), obsédé qu’il est par sa lutte contre l’Iran chiite…

Ma critique

« Le prince mystère de l’Arabie » sous-titré « Mohammed ben Salman, les mirages d’un pouvoir absolu » est un essai de géopolitique qui ressemble en tous points à un très long article que l’on pourrait lire dans « Le Monde » ou dans « Le nouvel Obs ». Le lecteur apprendra beaucoup de choses sur cette monarchie sunnite assise sur sa montagne de pétrodollars, son alliance indéfectible avec les Etats-Unis, ses complicités avec Israël et ses ambitions de prépondérance sur l’Oumma sunnite, la communauté des croyants. Le jeune prince, très bien décrit, peut à la fois sembler sympathique par certains côtés comme son autorisation de conduire accordée enfin aux femmes ou sa mise au pas de la police religieuse et inquiétant par tous ses penchants tyranniques. Tous les nababs n’ont pas encore été libérés de leur prison dorée du Carlton. Les condamnations à mort par décapitation sont toujours aussi nombreuses tout comme les embastillements et les châtiments de milliers de coups de fouets sans parler des mains coupées pour les voleurs ou des lapidations de femmes infidèles. Très bien écrit et très intéressant car bien documenté et bien sourcé, ce livre laisse quand même le lecteur sur sa faim car avec un personnage aussi énigmatique et paradoxal, il lui sera difficile d’imaginer quel avenir peut espérer ce pays clé du monde arabe.

Ma note

4/5

TEMOIGNAGE

J’AI CHOISI D’ÊTRE LIBRE (HENDA AYARI)

Le résumé du livre

D’origine algéro-tunisienne, Henda Ayari est née en France. Chaque été, elle va passer ses vacances en Tunisie. À neuf ans, elle se retrouve victime d’une tentative de viol de la part d’un de ses cousins. Un peu plus tard, elle découvre l’Islam Salafiste par le biais de converties d’origine française. Elle se recouvre alors du voile intégral par conviction alors que sa famille est assez peu pratiquante. Elle n’a pas encore terminé ses études de sociologie quand ses proches organisent son mariage avec un Tunisien salafiste nettement plus âgé qu’elle. Il lui fait croire qu’il a un emploi dans un magasin de matériel informatique et qu’il aménage un appartement pour leur future vie de couple alors qu’en réalité il vit d’aides sociales et de petits trafics et habite toujours chez ses parents. Mais quand Henda découvre la triste vérité alors, il est trop tard. Elle se retrouve mariée et quasi prisonnière d’un homme lâche, menteur et hypocrite. De plus, elle est bientôt enceinte de son premier enfant et, pour ne rien arranger son mari commence à la frapper…

Ma critique

« J’ai choisi d’être libre » est le témoignage émouvant et même bouleversant d’une femme dont on a abusé de la naïveté. Elle s’imaginait par exemple que porter le nicquab était le plus sûr moyen de gagner le paradis d’Allah. La route pour récupérer sa liberté fut un long chemin semé d’embûches et de difficultés de toutes sortes. Heureusement pour elle, la République fut bonne fille. Elle fut soutenue par avocats et assistantes sociales et eut même droit à un emploi réservé au Ministère de la Justice. La lecture de ce livre bien écrit et facile à lire grâce au style de la co-auteure, Florence Bouquillat, apprendra sans doute énormément aux lecteurs non avertis sur les mœurs étranges des tenants du salafisme. Son combat fut exactement le même que celui d’une adepte voulant échapper à l’emprise d’une secte. On ne peut qu’admirer le courage et la détermination de cette femme !

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

NOTRE-DAME DE L’APOCALYPSE (PIERRE JOVANOVIC)

Le résumé du livre

À Fatima (Portugal) en 1917, la Vierge apparut plusieurs fois à trois jeunes enfants ce qui finit par rameuter de grandes foules. Ainsi, plus de 70 000 personnes furent témoins d’un phénomène naturel incroyable : le soleil se mit à danser dans le ciel avant de foncer vers la terre, devenir immense et soudain reprendre sa place. Comme il avait beaucoup plu auparavant, le sol était boueux, les gens étaient trempés. En quelques secondes, tout redevint sec et propre… Pourquoi le Vatican a-t-il fait édifier aux Etats-Unis un observatoire astronomique extrêmement sophistiqué pour observer le soleil ? Pourquoi a-t-il présenté au monde en 2000 une version manifestement fausse du troisième secret de Fatima qui aurait déjà dû être révélé en 1960 ? Autant d’éléments troublants comme les larmes du portrait de la Vierge à Akita (Japon) et son message corroborant celui de Fatima qui ont à voir avec l’Apocalypse au sens premier de « révélation » mais aussi de fin du monde ou plutôt de fin d’un monde…

Ma critique

« Notre-Dame de l’Apocalypse » est à la fois une enquête sur les apparitions de la Vierge un peu partout dans le monde et un essai sur la spiritualité et l’eschatologie. Le lecteur en découvre de belles et de surprenantes dans ce livre bien écrit et passionnant qui se lit comme un roman. Nous sommes certainement à la fin d’un cycle long avec collision de météorite et changement d’axe de rotation à la clé. Le soleil avec ses taches qui sont des éruptions parfois violentes a une influence déterminante sur le climat de notre planète. Les scientifiques ont découvert que toutes les planètes même les plus lointaines étaient en train de se réchauffer. En 2003, le soleil a envoyé une flamme éruptive cinq mille fois plus puissante que d’ordinaire, heureusement dans le sens opposé à la Terre. Que se serait-il passé si elle avait été dirigée vers nous ? L’astronomie, la sagesse des anciennes civilisations et les messages de la Vierge, tout concorde : l’humanité va devoir affronter ou plutôt subir les cataclysmes annoncés. Comment la nature se vengera-t-elle ? Saura-t-on se repentir et faire machine arrière avant l’Apocalypse ? Un livre passionnant, instructif qu’il faut lire absolument si on ne veut pas mourir idiot.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEHISTORIQUE

QUE TON RÈGNE VIENNE (ALEXANDRE BARTHÉLEMY)

Le résumé du livre

Avril 1453, la ville de Constantinople, ultime bastion de la chrétienté est assiégée par une armada turque beaucoup plus nombreuse que la flotte byzantine censée la défendre. Devant se battre à un contre dix, les défenseurs de la cité se lancent dans un combat désespéré. Quelques chevaliers génois sont venus en aide aux Byzantins alors que l’immense majorité de l’Occident est restée sourde aux appels au secours de la nouvelle Rome. Alors que la ville va succomber, Constantin XI est entraîné contre son gré par Arius, grand Maître des chevaliers du Christ-Roi, et quelques-uns de ses sbires dans les catacombes du Martyrium. Ils forcent la sépulture de Constantin, fondateur de la dynastie et premier empereur chrétien, pour en extraire une pierre précieuse d’une valeur inestimable, la pierre « chrismale ». Le Basileus parvient à fausser compagnie à ses kidnappeurs tout en conservant le joyau alors que le condottiere Giustinianni se bat comme un lion pour que la ville ne tombe pas aux mains des Ottomans…

Ma critique

« Que ton règne vienne » est un roman historique « new age » car fortement teinté de fantastique et d’ésotérisme à la Dan Brown, c’est-à-dire confinant au révisionnisme dépourvu de fondement et même de simple vraisemblance. Alexandre Barthélémy profite du fait que l’on ne sait quasiment rien de la mort et du lieu de sépulture de Constantin XI pour échafauder une histoire d’immortel passant des siècles à courir derrière une pierre précieuse qui lui permettrait de libérer de son tombeau un antéchrist de ténébreuse origine. Bien évidemment, cet aspect de l’ouvrage est particulièrement agaçant et sans véritable intérêt vu qu’il détonne avec le reste de la narration. En effet, les deux morceaux de bravoure, la prise de Constantinople avec ses conséquences pour les populations chrétiennes (décapitations à la scie, mise en esclavage de certains survivants et viols systématiques des femmes) ainsi que le siège de Belgrade et son dénouement surprenant méritent l’attention du lecteur en raison de la qualité des descriptions et de la documentation. L’auteur domine parfaitement un sujet assez peu abordé. Heureusement que cet aspect plus « historique » compense avantageusement les élucubrations fantaisistes et autres débordements dans une magie de pacotille. Le style de l’auteur est plutôt bon. Sa prose n’est pas désagréable à lire malgré des approximations dans la construction de quelques phrases et un certain nombre de coquilles et fautes d’orthographe ici ou là. Dans l’ensemble, un premier roman assez réussi.

Ma note

3/5

TEMOIGNAGE

DEALER DU TOUT-PARIS (GÉRARD FAURE)

Le résumé du livre

Né au Maroc de mère maghrébine et de père français, Gérard se révéla très vite un garçon difficile et rebelle à toute autorité. Bien qu’issu d’une famille très aisée, son père médecin était un intime du roi, très jeune, il commença à fuguer, à trainer avec des voyous dans les rues de Casablanca et même à voler. Il se fait la main en pillant les troncs des églises et commence très jeune une vie de délinquance. Il se lance dans le trafic de cannabis, fait de la prison. Devenu tireur d’élite suite à son passage dans l’armée, il exécute quelques basses œuvres comme l’élimination de terroristes de l’ETA pour le compte du SAC de Charles Pasqua avant de devenir un des proches de grands truands comme Gaétan Zampa et Francis le Belge. C’est le faussaire Fernand Legros qui l’introduira dans les milieux parisiens les plus huppés où il deviendra le dealer préféré de la jet-set, des artistes et des hommes politiques…

Ma critique

« Dealer du Tout-Paris » est un témoignage relatant toute une vie de truanderies diverses et variées. Fauré a sévi dans bien des domaines et dans pas mal d’endroits (Maroc, Espagne, Pays-Bas et France). Il a payé sa dette avec 18 années de prison et semble maintenant décidé à se ranger des voitures, du moins le déclare-t-il en fin d’ouvrage. Le lecteur qui s’attend à des révélations croustillantes sur les grands de ce monde en sera un peu pour ses frais. En dehors de Chirac, Pasqua, Philippe Léotard, Hallyday, de Niro, Grace Jones, Fiona Gélin, Sagan, Mourousi ou Delarue, il n’implique en fait que très peu de « people », la plupart du temps décédés. Lesquels pourront donc difficilement contester s’être approvisionné chez lui. C’est d’ailleurs le point faible de ce récit qui se lit comme un roman malgré un style peu travaillé. Tout y semble rocambolesque, incroyable et parfois même invraisemblable. Ces aventures sont tellement extraordinaires qu’elles en deviennent difficilement crédibles. Même en se disant que la réalité dépasse souvent la fiction, on ne peut s’empêcher de se demander si l’auteur ne serait pas un tantinet mythomane sur les bords en plus d’être « un voyou infréquentable », comme il se qualifie lui-même.

Ma note

3/5

HUMOURPHILOSOPHIQUE

DES PENSÉES SANS COMPTER (PHILIPPE BOUVARD)

Le résumé du livre

« Le métier d’homme politique repose sur l’art de se rappeler périodiquement au bon souvenir de concitoyens dont on tire ses revenus en écornant les leurs. »

« La vie : ce dérisoire et prétentieux ballet dansé par des condamnés à mort. »

« Les affaires d’abus de biens sociaux : on ne divise pas pour régner, on additionne pour nuire. »

« Travaille qui veut. Travaille qui peut. Travaille qui ne sera pas remplacé par un robot. Travaille qui ne pense pas à ses impôts. »

« Le népotisme constitue la seule arme absolue contre le chômage de certains jeunes. »

Ma critique

« Des pensées sans compter » est un recueil de bons mots, de maximes, d’aphorismes, de traits d’esprit et autres trouvailles langagières surgies de l’esprit malicieux et observateur de leur auteur, un certain Philippe Bouvard, plus connu comme présentateur-animateur télé que comme écrivain. Tous sont marqués au coin de l’humour, de la dérision, de l’auto-dérision et du bon sens. Quel plaisir de pouvoir se régaler de ces petites pépites d’intelligence et de finesse digne des plus grands (Courteline, Allais ou Guitry) ! Le délicieux auteur, esprit brillant et ironique porte un regard aigu et parfois désabusé sur la réalité de notre société, sur les travers de nos contemporains et sur ses propres faiblesses ou incertitudes. Un ouvrage à lire, relire, consulter, picorer avec toujours autant d’appétit. Comme quoi la sagesse et l’acuité de l’analyse peuvent aussi se nicher dans les couloirs de l’abêtissant média boursoufflé.

Ma note

4,5/5

ROMAN

BUBU-DE-MONTPARNASSE (CHARLES-LOUIS PHILIPPE)

Le résumé du livre

Pierre Hardy, 20 ans, à Paris depuis six moins, est un modeste employé de bureau. Il n’a qu’un seul ami, Louis Buisson, 25 ans, dessinateur et collègue de travail. Un soir de 15 juillet, alors que Pierre se promène sur le boulevard Sébastopol, il rencontre Berthe Méténier, jeune femme au physique agréable et au maintien modeste. Il l’invite à boire un verre, discute longuement avec elle et obtient ses faveurs contre la modeste somme de cent sous. Berthe est une fille publique qu’un certain Maurice Bélu, dit Bubu-de-Montparnasse, ancien ébéniste au chômage, a mis sur le trottoir après l’avoir déflorée…

Ma critique

« Bubu-de-Montparnasse » est un roman social publié en 1901 par Charles-Louis Philippe auteur un peu oublié de nos jours, issu d’un milieu des plus modestes et donc très proche des petites gens. À son époque, il obtint un grand succès avec ce livre qui a très bien vieilli. En effet, il pose l’éternel problème de la prostitution, de la misère sexuelle (Berthe attrape la syphilis), et de la quasi-impossibilité pour la femme de s’affranchir de la tyrannie d’un souteneur violent et paresseux. Thème éternel, la prostitution étant le plus vieux métier du monde surtout quand elle est exercée pour tenter d’échapper à la misère. Il y a du Zola pour le côté naturaliste et du Maupassant pour le côté désenchanté et sans espoir de Philippe. Si on y ajoute une belle écriture simple, agréable et aisée à lire, nul doute que cet ouvrage, sans être un immense chef-d’œuvre, peut se classer parmi les romans importants du début de l’autre siècle.

Ma note

3,5/5

HISTORIQUE

MARIA DE LA LUZ (ANTONIO DRAGON)

Le résumé du livre

Les accords de 1926 entre les révolutionnaires mexicains et le Saint-Siège, dans le dos de l’Armée Cristera, volent à celle-ci une victoire complète qui s’annonçait imminente. Le franc-maçon Portes Gil, promet d’appliquer la loi antireligieuse et de faire cesser les persécutions. Dès la reprise du culte, les Cristeros déposent naïvement les armes. 5000 d’entre eux seront lâchement assassinés peu de temps après. Fort de la faiblesse de l’Eglise, le gouvernement anticlérical accorde au peuple un semblant de liberté de culte. La jeunesse mexicaine se réorganise autour de l’Action catholique qui prend un essor extraordinaire dans tout le pays. Ce récit nous montre la figure attachante et édifiante de Maria de la Luz Camacho, jeune fille mexicaine grandie dans une atmosphère de catacombes de persécution et d’héroïsme ; ses joies, ses peines et comment elle a su faire fructifier les talents reçus de Dieu. Pour défendre les fidèles, dont beaucoup d’enfants, elle n’hésite pas à affronter les révolvers des jeunes révolutionnaires qui veulent brûler l’église pendant la messe.

Ma critique

« Maria de la Luz » est un ouvrage historique sur la période la plus sombre de l’Histoire du Mexique, celle des années 20 et 30 au cours de laquelle des gouvernants communistes et socialistes fanatiques tentèrent d’extirper toute trace de religion de la société mexicaine. Lors de cette terreur rouge, on ne compta plus le nombre d’églises saccagées, profanées et brûlées, de prêtres, évêques, religieux et religieuses bannis, emprisonnés, torturés et exécutés souvent dans les pires tortures. C’est sur ce fond de peur et de haine que se dressa la figure admirable d’une humble et héroïque toute jeune fille, Maria de la Luz, militante exemplaire de l’Action Catholique qui mourut martyre sous les balles d’un groupe de miliciens rouges venus perturber une messe et brûler une église. Un témoignage émouvant. Une page d’Histoire particulièrement sinistre à ne surtout pas oublier. Les victimes du communisme ne se comptèrent pas qu’en URSS, en Chine et au Cambodge, mais dans bien d’autres lieux. Ils furent des millions et même des centaines de millions. On attend toujours le procès du communisme.

Ma note

4/5

HISTORIQUEvoyages

SUR LES CHEMINS DE FRANCE (BERNARD RIO)

Le résumé du livre

Les modestes chemins, les humbles sentiers qui autrefois reliaient villages, hameaux et lieux dits sont devenus terrains de jeux des randonneurs, des promeneurs et autres pèlerins maintenant que l’automobile, cette caisse de fer qui isole définitivement l’homme de son milieu naturel, a détrôné les autres moyens de transports. Pourtant si toutes les pierres, les mousses ou les boues des chemins pouvaient parler, elles témoigneraient sur ce que furent les Cathares, les Vendéens, les Jacquets marchant vers Saint Jacques de Compostelle, les légionnaires romains, les sages, les fous et les saints. Depuis les hommes préhistoriques aux Eyzies de Tayac à R.L. Stevenson sur la Grande Draille du Mont Lozère en passant par Roland au col de Roncevaux, par Saint Louis à Aigues-Mortes, par Jeanne d’Arc à Domrémy ou par Cadoudal à Locoal-Mendon. Que de magnifiques endroits, que de belles randonnées à faire ou déjà faites…

Ma critique

« Sur les chemins de France » est un de ces beaux livres qui font la richesse d’une bibliothèque et qu’on aime consulter quand le besoin s’en fait sentier. Chaque chemin ou sentier est présenté par le biais d’une anecdote historique, d’un conte ou d’une légende connue ou non. Les magnifiques photographies du co-auteur Bruno Colliot l’illustrent richement. En dépit d’utiles notes cartographiques et bibliographiques en fin d’article, ce bel ouvrage très agréable à lire n’est cependant pas vraiment un guide de randonnée, car il ne propose aucune carte ou croquis comme c’est l’usage dans de genre particulier. C’est un peu dommage mais compréhensible car l’auteur a basé son discours sur l’Histoire avec un grand H ou un petit h et c’est sans doute là le principal intérêt de cette lecture bien instructive au bout du compte. Le lecteur y apprendra mille détails sur divers sujets comme les voies romaines, le canal du Midi, le Mont-Saint-Michel ou la forêt de Brocéliande pour ne citer que quelques lieux méritant le détour.

Ma note

4/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

LETTRES A LA TERRE (STÉPHANE TIRARD)

Le résumé du livre

La Terre est-elle au centre de l’univers ? Comment peut-on en mesurer l’étendue ? Le Soleil est-il le centre du mouvement de la Terre ? Peut-on s’élever dans les airs en se couvrant de fioles emplies de rosée du matin ? Les eaux de la mer se retrouvent-elles sur le sommet des montagnes ? La Terre vogue-t-elle dans une immensité sans fin ? Pourrait-on se servir du Kilimandjaro comme du plus grand canon jamais construit ? La Terre souffre-t-elle d’un développement humain désordonné ? La planète est-elle comme malade du genre humain ? Peut-on vraiment agir de façon positive pour la Terre ?

Ma critique

« Lettres à la Terre » se présente comme une anthologie rassemblant 35 textes d’auteurs aussi différents et éloignés dans le temps ou l’esprit qu’Aristote, Chateaubriand ou Jean-Marie Gustave Le Clézio. Le fil rouge de ce recueil assez surprenant est l’intérêt que tous portèrent à notre planète. Autant les Anciens cherchaient à la connaître, à comprendre son positionnement astronomique, son mode de fonctionnement, autant les Modernes et tout particulièrement les auteurs du XXIème siècle se songent qu’à la défendre contre les agressions humaines et à la protéger pour éviter les conséquences catastrophiques d’une probable vengeance de Gaïa. Rassemblées par Stéphane Tirard, ces « lettres » sont d’un intérêt inégal pour le lecteur. Elles permettent surtout de découvrir qu’au fil de quelques millénaires, les humains se sont polarisés sur des sujets forts différents. La plus poétique est celle de Saint-Exupéry, la plus sociale, celle de Zola et la plus émouvante, celle de Marc Bloch, la plus surprenante, celle de Jules Verne et la plus révoltante celle de John Steinbeck. Au total, une impression plutôt mitigée.

Ma note

2,5/5

FANTASTIQUE

APPLAUDIS LORSQUE LES MORTS S’ANIMENT (ZACAN KOVACS)

Le résumé du livre

Quelque part dans les bas-fonds, l’homme aux semelles qui couinent deale pour le compte du Fourbe, parrain du quartier, toutes sortes de « broches » permettant à de nombreux paumés de fuir une réalité plutôt glauque… Deuil retrouve son petit ami qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Junkie en phase terminale, à trop abuser des substances, il ne lui reste plus que la peau et les os… Apu vit en colocation dans un appartement délabré. Ce soir, il doit jouer de la fracabasse au « Cocoloco », la boite à la mode au sein de son groupe « Les culs trempés ». Mais, s’il ne trouve pas « d’accelerator », il sera incapable de monter sur scène et d’assurer le show…

Ma critique

Cet ouvrage qui devrait pouvoir se classer dans le registre de l’anticipation se compose de dix épisodes qui n’ont d’autre lien entre eux que quelques personnages récurrents. L’ensemble ne forme pas du tout un roman au sens classique du terme, car il n’y a pas vraiment d’intrigue qui se tienne ni même de fil rouge entre les différentes parties si ce n’est une succession de scènes de drogue, picole et castagne sans rien pour les relier entre elles. Pris séparément, chaque épisode ne peut pas non plus relever de la nouvelle vu que la trame de construction « normale » avec exposition, dramaturgie et chute n’est jamais respectée. Pour faire simple, on dira que du début à la fin le lecteur attend en vain que l’action démarre et qu’il se passe vraiment quelque chose. Si on y ajoute un nombre incalculable de coquilles, fautes d’orthographe, de français et autres barbarismes, on se retrouve avec un style approximatif et de très basse qualité rempli de phrases bancales ou mal construites (Exemple : « Ce type se balade en slip géant où ça qu’il y aurait des poches ») et de vocables inventés et jamais explicités du genre « buldovite », « éclatobulle », « synthor », « métaklliques », « magnétifieur » ou « cortcam » pour n’en citer que quelques-uns. Des notes de bas de page ou un glossaire auraient facilité la compréhension du pauvre lecteur déjà bien déboussolé par cet ouvrage paradoxal et assez peu attrayant.

Ma note

2/5

HUMOURROMAN

ALLO, MAJOR TOM ? (DAVID. M. BARNETT)

Le résumé du livre

Le jour de la mort de David Bowie, Thomas Major, un quarantenaire britannique totalement inconnu, s’apprête à être le premier homme à partir vers Mars en solitaire. Il devra y préparer la colonisation future de la planète rouge à lui tout seul. Simple technicien chimiste, Thomas s’est juste trouvé là au bon moment pour remplacer au pied levé le cosmonaute prévu pour cette difficile mission. Loser bougon et misanthrope, il n’a pas le profil idéal pour réussir vu qu’il a quasiment tout raté dans sa vie. Il est juste heureux de prendre ses distances avec une humanité qu’il n’apprécie guère. Mais tout va changer quand une erreur de numéro de téléphone lui fera croiser la route d’une vieille dame un peu dérangée et de deux petits-enfants de milieu modeste…

Ma critique

« Allo, Major Tom » est plus un roman social et sentimental qu’un véritable roman de science-fiction. Le voyage interplanétaire n’est qu’un prétexte pour dérouler une histoire non chronologique, distillée à petites touches et amenant le lecteur à la conclusion que même l’humain le plus solitaire a un jour ou l’autre besoin des autres. « Comédie irrésistible et totalement décalée » clame la quatrième de couverture. C’est beaucoup dire et trop promettre tout comme le célèbre « humour anglais » également annoncé. Il est assez peu présent et plutôt par la loufoquerie, l’invraisemblance et le cocasse des péripéties que par la drôlerie ou l’ironie auxquelles le lecteur pourrait s’attendre. Au total, un ouvrage sympathique, gentillet, plein de bons sentiments et plutôt agréable à lire.

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

LES SEPT JOURS OU LE MONDE FUT PILLE (ALEXEÏ TOLSTOÏ)

Le résumé du livre

En 1933, Ignace Rough, puissant homme d’affaires américain, invite à bord de son majestueux trois-mâts, le « Flamingo », quatre de ses pairs ainsi que l’ingénieur Corvin, grand spécialiste de balistique et d’astronomie. Il leur propose d’organiser un complot qui devrait les rendre immensément riches et puissants en fort peu de temps. Il leur suffirait de profiter du passage de la comète de Biela pour envoyer un tir groupé de fusées bourrées d’explosifs en direction de la lune, laquelle ne devrait pas manquer de se disloquer. Il n’en faudrait pas plus pour que la panique soit totale dans la population et que les cours des bourses du monde entier s’effondrent. Les cinq milliardaires n’auraient plus qu’à racheter pour une bouchée de pains des millions d’actions et ainsi devenir les maîtres du monde. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Ma critique

« Les sept jours où le monde fut pillé » se présente comme un court roman de fantaisie, une sorte d’uchronie ou plutôt de dystopie qui tient surtout du conte philosophique dans un contexte de science-fiction à la Jules Verne ou à la Méliès. L’auteur, apparenté à l’illustre Léon Tolstoï, d’abord émigré en Angleterre et en France puis communiste de la meilleure eau stalinienne, s’est attaché à démonter les mécanismes de prise de pouvoir d’une minorité de financiers sans grande moralité, juste occupés à accroître leur fortune et à accaparer le pouvoir. Condamnation sans appel du capitalisme trouvant son apothéose dans le mondialisme. C’est par ce côté « politique » que ce récit plein de naïveté et d’erreurs astronomiques ou techniques bien excusables vu l’époque est le plus intéressant. Le lecteur remarquera également le côté visionnaire de cette fable d’une prise de pouvoir totalement illégale en vue de l’instauration (déjà) d’un nouvel ordre mondial avec gouvernement centralisé entre les mains de cette « Union des Cinq » qui aura une fin aussi courte que surprenante.

Ma note

3/5

AVENTURESvoyages

NOUVELLES VAGABONDES (JULIEN LEBLAY)

Le résumé du livre

De juillet 2010 à mars 2012, Julien, 29 ans, et sa compagne Marion, 24 ans, ont parcouru 22 000 kilomètres sur leurs vélos prénommés Teresa et Maïdo soit plus de la moitié d’un tour du monde. Ils ont traversé trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Océanie et visité pas moins de vingt-deux pays. Partis de l’Auvergne, ils ont inauguré leur voyage par une ascension du Mont-Blanc. Il leur a fallu 700 jours pour atteindre leur destination, la Nouvelle-Zélande pour y assister à la coupe du monde de rugby. Un peu partout, ils en profitèrent pour faire la promotion du don de sang. Une transfusion de sang lui ayant sauvé la vie, Julien est particulièrement attaché à cette noble cause…

Ma critique

« Nouvelles vagabondes et autres petites histoires cyclopédiques » n’est pas, comme son modeste titre pourrait le laisser penser, un simple recueil de nouvelles ou d’anecdotes, mais un véritable journal de bord détaillé relatant une expédition hors norme menée par deux jeunes gens courageux. Le texte est vivant et bien écrit et la description de leurs aventures précise et minutieuse. Le lecteur passe allègrement de la pluie suisse, aux roses italiennes puis à l’accueil yougoslave marqué de pauses raki obligatoires alors que celui des Turcs se fait tout aussi chaleureusement, mais avec du thé. La curiosité indiscrète des masses indiennes leur rend la vie particulièrement pénible puis ils goûtent la gentillesse et la tranquillité thaïlandaise, subissent l’ennui laotien, la pauvreté cambodgienne, la déforestation malaisienne, la surpopulation indonésienne, l’immensité australienne et la beauté sauvage de la nature néo-zélandaise. Cet ouvrage permet de revenir sur certaines idées reçues comme celle de la spiritualité indienne ou du « 100% pure New Zealand » respectant l’environnement. Pour rêver au grand vent de l’aventure tout en restant assis dans son fauteuil !

Ma note

3,5/5

HISTORIQUE

PLEURE, GERONIMO (FORREST CARTER)

Le résumé du livre

Geronimo, chaman de guerre des Apaches, commença par s’appeler Gokhlayeh jusqu’au jour de la San Geronimo 1859 où les tribus Apaches Chiricahuas ravagèrent le village mexicain d’Arispe pour se venger du massacre que les Mexicains avaient précédemment perpétré sur un de leurs villages. Cet acte marqua la fin des accords de paix acceptés par les chefs Cochise et Mangas Coloradas. Il faut dire que les guerres indiennes allaient vers leur fin. Beaucoup de tribus et même de peuples entiers s’étaient soumis et avaient accepté d’être parqués dans des réserves. Humiliation, famine et esclavage en avaient été pour eux les terribles conséquences. Seul Geronimo brandissait encore l’étendard de la révolte. Douze années d’expéditions punitives, de représailles et de désolation s’ensuivirent. Les Tuniques Bleues enférocés par l’audace des coups de main réussis par Geronimo et ses poignées de guerriers n’hésitèrent pas à pratiquer la guerre totale, pour ne pas dire le génocide, tuant hommes, femmes, enfants et vieillards sans la moindre pitié…

Ma critique

Écrit par un Indien cherokee, « Pleure Geronimo » peut aussi bien se classer dans les romans historiques, les biographies comme dans les ouvrages ethnographiques voire poétiques. La langue est fleurie, les concepts pas uniquement rationnels. Quelques plongées dans la mystique indienne permettent d’ailleurs de mieux comprendre la façon de raisonner et de se comporter d’hommes que l’on qualifiait de « sauvages ». Dès le début, le lecteur comprend que cette révolte est désespérée, sans issue, un baroud d’honneur en quelque sorte. À quoi sert-il de sauver son corps si on perd son esprit et son âme ? Cette très belle œuvre, à la fois lyrique et écologique, repose malheureusement sur une narration non chronologique. Bonds en avant et retours en arrière se succèdent allègrement, ce qui n’aide pas à la mise en ordre et à la compréhension de cette tragédie qui tourne vite au drame monstrueux. Autre surprise : la fin assez inattendue et plutôt éloignée de l’image du pauvre Peau-rouge croupissant dans sa réserve, sorte de camp de concentration à la mode yankee, et se laissant mourir dans l’oisiveté et l’alcoolisme. À lire pour qui s’intéresse aux peuples dépossédés, pillés et remplacés sur leur propre terre par de nouveaux venus sans scrupules…

Ma note

3/5

ROMANCE

BAD / AMOUR INTERDIT (JAY CROWNOVER)

Le résumé du livre

À The Point, Shane Baxter, 23 ans, est ce qu’on appelle un « bad boy », un voyou. Un type pas facile à aimer et avec lequel il n’est pas simple non plus de sympathiser. Il vient de se taper cinq longues années de cabane et voudrait retrouver Race, le seul et unique pote sur lequel il puisse encore compter. Mais qu’est-il devenu ? Novak, l’affreux parrain de la zone l’a-t-il fait disparaître ? Et que s’est-il passé la fameuse nuit où tout a mal tourné pour Baxter ? De son côté, Dovie, étudiante, barmaid et assistante sociale stagiaire, sait ce que c’est que d’arriver à survivre en milieu hostile. Elle s’habille en homme, se fait discrète, évite de sortir avec les tocards du coin et surtout ne veut rien devoir à personne… Jusqu’au jour où sa route croise celle du « bad boy »…

Ma critique

Premier tome d’une série, « Bad, amour interdit » se veut roman noir tout en restant quand même bluette et romance. La vie n’est pas facile dans les bas-fonds. Jay Crownover rend très bien l’ambiance glauque de ce milieu. Elle use d’un langage parlé assez proche de celui des voyous et sait donner un certain rythme à sa narration toujours présentée en deux temps. Un chapitre vu du point de vue de Baxter, un de celui de Dovie et alternativement. Le tout bien mené et sans trop de redites. L’intrigue n’est pas des plus travaillées ni des plus originales avec cette affaire de truand faisant deux fois de la taule pour quelqu’un d’autre. À noter et peut-être à déplorer une certaine tendance à trop privilégier les scènes torrides (un peu répétitives) et surtout le côté sentimental de l’affaire. Le thème du gangster amoureux d’une oie blanche, thème usé jusqu’à la corde, ne sera pas renouvelé cette fois encore.

Ma note

2,5/5

POLICIERTHRILLER

LE DRAGON DE CRACOVIE (SAN ANTONIO)

Le résumé du livre

A Berchtesgaden, en novembre 1937, Adolf Hitler sympathise avec une jeune infirmière blonde qui, bizarrement porte le même nom que lui. Il finit par se jeter sur elle et par la trousser comme l’eût fait un feldwebel. De cette étreinte furtive, neuf mois plus tard, naîtra un gros bébé qu’on prénommera Richard et qui n’aura aucune ressemblance avec son géniteur. Il devint boucher, se maria et eut lui-même en 1970 un fils qu’on prénomma Adolf et qui se retrouva doté de nombreux points communs avec son tristement célèbre grand-père. Tout jeune, il commença une carrière de tueur sadique et sans le moindre état d’âme en trucidant le riche homosexuel qui l’avait recueilli chez lui avant de le mettre dans son lit. La suite de l’histoire se résume à une accumulation de cadavres jalonnant le parcours de ce psychopathe qui finira par intéresser la redoutable Camorra sicilienne…

Ma critique

« Le dragon de Cracovie » se présente comme une sorte de thriller parodique doublé d’uchronie, car il va sans dire que Frédéric Dard se permet bien des fantaisies avec l’Histoire tout au long d’une intrigue alternant lourdement copulations et liquidations pour finir sur une fin en apothéose abracadabrante. Le lecteur cherchera en vain l’humour et le picaresque présents dans de nombreux autres titres. Ils ont totalement disparu et c’est bien dommage car seuls le sadisme, la paillardise et une sorte de désenchantement généralisé subsistent. Aussi répétitifs et lassants les uns que les autres. Au total, pas le meilleur titre du grand Frédéric Dard, et de très loin.

Ma note

2,5/5

TEMOIGNAGE

LES SECRETS D’UN GUÉRISSEUR (JEAN DAURILLAC)

Le résumé du livre

Jean Daurillac est un guérisseur généreux et talentueux. Il est capable par imposition des mains de « barrer le feu » c’est-à-dire de soulager les souffrances d’une personne brûlée. Il sait utiliser les pouvoirs de l’argile, recueillir la rosée qui lui permettra de préparer onguents, baumes et élixirs floraux. Il a une parfaite connaissance des vertus des plantes qu’il propose en macération, décoction ou infusion et sait user de toutes sortes de méthodes ancestrales pour magnétiser et calmer toutes sortes de maux. Modeste, il déclare vouloir se consacrer à réduire les douleurs et non pas à soigner. Il sait renvoyer les malades vers les médecins classiques quand c’est nécessaire. En un mot, c’est un guérisseur exemplaire qui ne veut pas que l’on dise qu’il a un don. Pour lui, tout le monde pourrait en faire autant. Il suffirait d’en prendre conscience et de travailler.

Ma critique

« Les secrets d’un guérisseur » se présente comme une sorte de longue interview menée par une journaliste qui reste anonyme du début à la faim. Daurillac explique ses pratiques qui peuvent paraître aller du vérifiable et quantifiable au plus ésotérique. Le lecteur rationaliste ou cartésien pourra aisément douter de l’efficacité réelle de certaines d’entre elles. L’intérêt du livre réside dans la révélation de « secrets » (ou plutôt de pratiques voire de trucs) que guérisseurs, magnétiseurs ou rebouteux aiment plutôt garder pour eux. « Un guide indispensable pour ceux et celles qui veulent apprendre comment soigner, se soigner et guérir autrement », proclame la quatrième de couverture. Il semble plutôt que ce soit une initiation, une présentation sommaire de méthodes qui mériteraient une étude et un développement plus important. Néanmoins agréable et facile à lire pour qui s’intéresse un peu au sujet.

Ma note

3,5/5

ROMAN

LE TESTAMENT D’ALLAN BERG (PATRICK MEADOWS)

Le résumé du livre

Allan Berg, professeur d’histoire dans une université américaine, mène une vie tout ce qu’il y a d’ordinaire. Il est amoureux d’Anna et son meilleur ami n’est autre que le frère de cette dernière. Tout son petit univers bascule le jour où un inconnu vêtu de gris et portant un col de clergyman l’interpelle à la fin d’un cours pour lui confier un livre intitulé « 1944 Onward II ». Il lui semble être un ouvrage de prospective historique très différent de la réalité politique de l’Amérique telle qu’il la connaît, c’est-à-dire en proie à un totalitarisme radical depuis ses accords de collaboration avec l’URSS. À peine a-t-il pris connaissance de quelques pages du livre que les ennuis commencent pour lui. Des agents du FBI font irruption dans sa vie et commencent à l’importuner. Ils veulent à tout prix récupérer l’ouvrage…

Ma critique

« Le testament d’Allan Berg » est un livre difficile à placer dans une catégorie bien définie. Ce n’est pas vraiment un livre d’anticipation ni de science-fiction. Il se situerait plutôt aux confins de l’uchronie ou de la dystopie et à ceux de l’onirique, du fantastique et surtout de la fable ou du conte philosophique. Il pose le problème du totalitarisme, de la pensée conforme et des moyens de coercition de masse et de manipulation des opinions publiques. Les mouvements clandestins de résistance sont systématiquement assimilés à des entreprises de terrorisme. Seule une infime minorité résiste alors qu’une écrasante majorité collabore. Le héros, citoyen très ordinaire, se retrouvant pris dans un engrenage aussi inattendu que dangereux, est attachant car bien pétri d’humanité avec ses faiblesses et ses hésitations. Très inspiré du monde d’Orwell (1984), ce livre bien écrit et fort intéressant se lit avec un réel plaisir. La fin onirique et poétique en surprendra plus d’uns !

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

ARCA (ROMAIN BENASSAYA)

Le résumé du livre

Au XXIIème siècle, Sorany découvre dans les déserts glacés de la planète Encelade une étrange substance, l’Artefact qui, quelques années plus tard, permettra aux humains de dépasser la vitesse de la lumière et de naviguer bien au-delà du système solaire. Il est grand temps, car les Terriens, ayant épuisé les ressources de leur planète d’origine, peinent à terraformer Mars transformée en colonie pénitentiaire. Troubles divers et révoltes des esclaves s’y produisent. Tous les espoirs de l’humanité reposent sur « L’Arca », immense vaisseau spatial sorte de moderne arche de Noé, qui devrait permettre à près de 4000 passagers d’atteindre une planète habitable située à vingt-quatre années-lumière de la Terre, la « Griffe du Lion ». Le voyage devrait durer huit années. Mais rien ne va se passer comme prévu. Parvenus à la hauteur de Saturne, 800 adeptes de la secte d’Enlil dirigée par la machiavélique Ireen Tsei veulent déclencher une mutinerie générale…

Ma critique

« Arca » se présente comme un roman de science-fiction version space-opera fantastique pour ne pas dire onirique tant l’intrigue se permet de licences poétiques frisant souvent l’invraisemblance scientifique. Partie sur le thème ultra-rebattu de la conquête d’une lointaine exoplanète, tout finit par tourner autour de la maîtrise d’une substance magique permettant des vitesses phénoménales. Les personnages sont assez stéréotypés, le plus intéressant restant celui de Sorany, le seul, avec celui de son compagnon Franck, à avoir une certaine épaisseur. L’intrigue qui part sur de bonnes bases, s’enlise malheureusement assez vite. Le rythme ralentit avec de trop nombreuses redites, répétitions et retours sur les chapitres précédents. Si on y ajoute une narration alternée sur deux périodes (2147 et 2157) puis sur trois (date indéterminée), un agacement et un certain ennui s’installent sur une bonne moitié du livre. La fin rachète un peu cette faiblesse dans la mesure où elle explique enfin certaines circonstances importantes pour la compréhension tout en laissant le lecteur sur sa faim. Le plus intéressant aurait pu être à venir, la colonisation de la « Griffe du Lion ». Mais c’est peut-être l’intention du jeune auteur pour un tome 2. En résumé, pour un coup d’essai, cet ouvrage est loin du coup de maître. Juste un honnête ouvrage de divertissement sans grande ampleur.

Ma note

3/5

POLICIER

À CHACUN SON DÛ (LEONARDO SCIASCIA)

Le résumé du livre

Dans une petite ville de Sicile, Manno, pharmacien de bonne réputation reçoit une lettre anonyme fort inquiétante. Ne se connaissant pas d’ennemis et pensant n’avoir rien à se reprocher, il croit à une plaisanterie de mauvais goût. Mais quelque temps plus tard, au cours d’une partie de chasse, il est assassiné ainsi que son partenaire, le bon docteur Roscio. Craignant que l’enquête ne mène à rien, Laurana, professeur de son état et grand ami du docteur, décide de rechercher le coupable. Il fait alors quelques découvertes étonnantes sur la vie privée des deux notables et n’est pas loin de confondre le coupable du double meurtre. Mais rien ne se passe comme prévu.

Ma critique

« À chacun son dû » est plus une parodie de roman policier qu’un authentique « whodonit » style Agatha Christie. Sciascia se sert du motif criminel pour nous dépeindre une société sicilienne d’après-guerre gangrénée par les diverses mafias et apparemment encore nostalgique de l’époque mussolinienne. Sa plume est acérée et son esprit sarcastique a quelque chose de Simenon bien que lui-même soit plus influencé par Pirandello, auteur auquel il semble vouer une grande admiration, au point d’en imiter le style et même de mettre en scène le maître par le biais d’un personnage secondaire, Don Luigi. Ce dernier a même le tout dernier mot : « C’était un crétin ! » en parlant du pauvre Laurana. Humour et désenchantement sont au rendez-vous. Un bon moment de divertissement.

Ma note

3,5/5

ROMAN

CONFESSION D’UN PORTE-DRAPEAU DÉCHU (ANDREÏ MAKINE)

Le résumé du livre

Dans une banlieue défavorisée de Leningrad, deux jeunes garçons, Kim et Arkadi, vivent une enfance et une adolescence de pionniers, pleine de rêves et d’illusions socialistes. Piotr et Iacha, leurs pères, sont d’anciens combattants de la seconde guerre mondiale. Piotr, ancien tireur d’élite de l’armée rouge a eu les deux jambes sectionnées, suite à un bombardement venu de son propre camp. N’ayant été doté ni de fauteuil roulant ni d’appareillage, il n’a que les épaules de son ami Iacha pour se déplacer. Malgré un dénuement certain, la vie reste insouciante, solidaire et communautaire dans ce petit monde un peu à part de la ville entre les parties de dominos des hommes, les bavardages des femmes et les parades guerrières des jeunes pionniers. Jusqu’au jour où Kim, devenu militaire doit partir risquer sa vie en Afghanistan…

Ma critique

« Confession d’un porte-drapeau déchu » est un roman autobiographique sur une jeunesse pauvre mais heureuse vivant en Union soviétique sur une période allant de Staline à Gorbatchev en passant par Kroutchev et Brejnev. D’une guerre l’autre, deux générations sacrifiées. Quelques épisodes comme celui des gamins déterrants des dépouilles de soldats allemands pour les écrabouiller sauvagement sont assez pénibles à lire. L’ambiance dans ce petit quartier un peu à l’écart est fort bien rendue. Mais la fin ouverte et se voulant poétique laisse une impression assez bizarre. Pas un mot sur les méfaits du communisme. Une sorte d’indulgence un brin suspecte. Oeuvre de jeunesse ? Texte ayant obtenu l’imprimatur du conseil des écrivains bolcheviques ? Le lecteur ne peut pas savoir. En conclusion, pas le meilleur des ouvrages de Makine qui nous a habitué à beaucoup mieux comme dans « Le testament français » par exemple.

Ma note

2,5/5

AVENTURES

MA VIE EN VAN (FLORENT CONTI)

Le résumé du livre

Florent Conti est un jeune canadien francophone très attiré par une vie hors normes. Déjà à 22 ans, au sortir de sa grande école, il refuse d’assister à la fête de remise des diplômes. Puis, après trois années de travail classique en open-space, il donne sa démission et décide de tout quitter et de partir découvrir le continent à bord d’un van. Etant cinéaste et musicien (il joue fort bien de la guitare et du banjo), il compte vivre de contrats épisodiques et de woofing. Il s’est constitué un petit pécule pour les coups durs. Et le voilà parti vivre à plein temps à bord d’un Dodge 1997 Roadtrek d’occasion. À lui les immensités du Canada, la liberté, en un mot la retraite à 25 ans ! Très vite, il se fait connaître par ses reportages postés sur Youtube où il est suivi par plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Ma critique

Bien que classable dans la catégorie « Voyages et aventure », « Ma vie en van » se présente un peu comme un livre hybride. En effet, la première partie qui représente environ la moitié du livre est consacrée à sa philosophie de la vie, aux raisons qui l’ont poussé à opter pour cette vie de bohème minimaliste. La seconde partie est constituée du journal de bord de sa première année de vie en van. On y découvre un Florent qui quitte une petite amie plus toxique qu’autre chose, qui se pose plein de questions et semble en perpétuelle recherche de lui-même. Dans l’ensemble un ouvrage bien écrit, très agréable à lire (il se dévore en deux petites après-midis) qui permet de mieux connaître le sympathique Youtuber même s’il n’entre que très peu dans les détails de ses périples ni dans les côtés techniques et pratiques de ce mode de vie nomade. Avec une grande franchise et une totale sincérité, Florent Conti met le doigt sur le malaise qui ronge plus ou moins tous les représentants de la jeunesse actuelle tiraillée entre l’être et l’avoir qui découvre que tout ce qu’on possède enchaine sans vraiment satisfaire et que pour vivre heureux, il vaut mieux vivre légers…

Ma note

4,5/5

HISTORIQUE

PIE XII ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE (PIERRE BLET)

Le résumé du livre

Ayant longtemps séjourné en Allemagne alors qu’il était cardinal, Pie XII connaissait parfaitement la situation politique du pays et en particulier les dangers que représentait la montée du nazisme pour la religion catholique. Ce dernier était totalement anti-religieux et n’allait pas hésiter à persécuter prêtres, évêques et religieux, les envoyant en camps de concentration où des milliers moururent. Dès les années trente, Pie XII savait qu’il fallait empêcher que le monde ne bascule dans une guerre qui s’annonçait aussi cruelle qu’injuste. Il tenta à de nombreuses reprises d’amener Mussolini à user de son influence pour freiner Hitler dans ses désirs d’expansion. Mais cela échoua. Pie XII multiplia ensuite les exhortations et les demandes de retour à la paix et cessation des persécutions des chrétiens allemands et polonais. Il fut injustement accusé d’indifférence voire de complicité après guerre.

Ma critique

« Pie XII et la seconde guerre mondiale » est un ouvrage historique basé sur de nombreux documents (correspondance du Vatican, encycliques et autres). Tous établissent solidement que ce pape, odieusement calomnié, n’eut de cesse d’œuvrer pour la paix et de lutter avec ses faibles moyens contre le nazisme. Livre intéressant pour rétablir la vérité historique en dépit d’une certaine lourdeur stylistique et d’une réelle aridité de lecture.

Ma note

3/5

POLICIER

LE BOUDDHA BIGOUDEN (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

Ancien journaliste devenu écrivain public, Gwenn Rosmadec se voit confier par une jeune femme prénommée Lenaïg la mission de raconter la vie de son père à titre de cadeau d’anniversaire. L’homme ayant passé de nombreuses années en Inde et ayant eu une existence riche en péripéties avant de regagner Sainte Marine, à l’embouchure de l’Odet, elle souhaite que l’ouvrage devienne un témoignage et serve de référence pour les générations suivantes. Mais Goulven de Kerdoncuff est un personnage bourru et pas particulièrement coopératif. Gwenn va devoir user de tout son charme et de toute sa diplomatie pour amener le vieux hobereau breton à collaborer…

Ma critique

« Le bouddha bigouden » se présente comme un roman policier classique avec une mise en place plutôt longue puisque le seul et unique crime n’intervient que vers la deux centième page. Cette histoire de bouddha de jade volé semble plus un prétexte que le nœud véritable de l’affaire. En effet, l’auteur se montre plus intéressé par nous décrire ce charmant petit coin de Bretagne que de ciseler une intrigue type Agatha Christie. Résultat : cette histoire se retrouve un tantinet cousue de fil blanc. Tout est évidemment révélé dans le dernier chapitre. Au total, un roman agréable et divertissant bien que manquant un peu de peps et d’originalité.

Ma note

3/5

NOUVELLES

LES RÉCITS DE LA DEMI-BRIGADE (JEAN GIONO)

Le résumé du livre

À l’époque de la Restauration, en Provence et sur les collines du Luberon, le capitaine de gendarmerie Martial Langlois a la rude tâche de maintenir l’ordre en des temps particulièrement troublés. La Révolution est terminée, l’épisode napoléonien s’est achevé de la manière que l’on connait. La monarchie peine à retrouver sa légitimité et son autorité. Les campagnes sont infestées de bandits de grands chemins. Des déserteurs, des demi-soldes, d’anciens bagnards et autres gens de sac et de corde n’hésitent pas à trucider à tout-va pour quelques pièces. Des paysans ensauvagés, des aubergistes louches et même des aristocrates se mettent même de la partie. Avec sa dizaine de gendarmes, Martial n’en finit pas de sillonner le pays et l’arrière-pays, de se faire tirer dessus et de réaliser néanmoins quelques jolis cartons…

Ma critique

« Les récits de la demi-brigade » est un recueil rassemblant six nouvelles écrites par Giono à diverses époques. De la plus ancienne (« L’Ecossais ») et sans doute la plus intéressante, car elle se présente comme un court roman ou comme une novella, à la plus récente, dix années se sont écoulées, ce qui explique les différences de ton et presque de style entre les unes et les autres. Reste l’unité de lieu, de temps et le maintien du personnage principal dans chacune d’elles. On remarquera que celui-ci est également le héros d’ « Un roi sans divertissement » et que la jolie petite marquise de Théus qu’il affronte dans « L’Ecossais » est également l’héroïne du « Hussard sur le toit ». Ces histoires toujours agréables à lire mais qui ne sont quand même pas du niveau des grands titres du maître de Manosque valent surtout par le style inimitable et par les descriptions du cadre et de l’époque.

Ma note

3/5

ESSAIS

LA CONSPIRATION MONDIALE (WILLIAM-GUY CARR)

Le résumé du livre

Il s’agit pour les forces occultes agissant depuis la nuit des temps et tout particulièrement depuis la création de la société secrète des Illuminati d’Adam Weishaupt de mettre à bas les monarchies, les religions et les états-nations pour en arriver à l’objectif ultime, à savoir la constitution puis le contrôle du premier gouvernement mondial établi sous la férule de l’idéologie luciférienne imposée à la race humaine par le moyen du satanisme despotique et universel. Peu à peu, ces conspirateurs au premier rang desquels se trouvent les Rothschild, Rockefeller et quelques autres banquiers, tissent leur toile, augmentent leur pouvoir, prennent le contrôle des états, déclenchent des conflits permettant de renouveler la donne. Rares sont les pays qui aujourd’hui ne sont pas sous leur influence pour ne pas dire sous leur joug. Ils doivent se compter sur les doigts d’une main et comme par hasard, ils sont désignés sous le nom d’états-voyous, de « rogue states » et des fins cruelles sont réservées à leurs dirigeants.

Ma critique

« La conspiration mondiale » est un court essai basé sur des faits historiques avérés qui présente une thèse bien connue des « conspirationnistes ». Quelques hommes puissants agiraient en coulisses, en se servant du double levier d’une part des hommes politiques corrompus et d’autre part des médias tout acquis à leur cause et rabâchant à l’unisson une vulgate calibrée pour formater l’opinion publique. Il est étonnant de constater que cet ouvrage publié en 1958 reste encore d’actualité. Les évènements politiques et militaires intervenus depuis n’ayant d’ailleurs fait que conforter cette « théorie ». Seul correctif à apporter : l’évolution du communisme russe qui fut différente des prévisions de Carr. Un court ouvrage intéressant pour ceux qui ne s’arrêtent pas à l’apparence des choses. Les autres, c’est-à-dire, les bien-pensants, les adeptes du « politiquement correct » pourront faire un détour en se pinçant le nez !

Ma note

3,5/5

ROMAN

K.O. (HECTOR MATHIS)

Le résumé du livre

Quelque part à Paris, Sitam, ancien barman, traine sa déprime et son ennui en compagnie de sa bonne amie Capu et de ses compagnons de galère Benji et Archibald. Apprenti écrivain, il peine à essayer de terminer son premier roman jusqu’au jour où Benji se fait surprendre par sa patronne alors qu’il tente de voler la caisse du bar où il travaille. Elle lui tire une balle dans le buffet. Témoins de la scène, Sitam et Capu s’enfuient en laissant leur copain pour mort puis disparaissent discrètement en Hollande pour se faire oublier. Sitam trouve du travail dans une imprimerie où il rencontre un autre Français, Lariol, grand spécialiste de charades, contrepèteries et autres jeux de mots. Il semblerait que cet original ait ses entrées chez un éditeur susceptible de s’intéresser au bouquin de Sitam. Mais la santé de ce dernier se dégrade très rapidement…

Ma critique

« K.O. » n’est ni un thriller, ni un roman policier, ni un roman noir (ou alors gris tout au plus). C’est plutôt une sorte de long monologue, une auto-analyse un tantinet thérapeutique et complaisante. L’auteur, Mathis, semble s’être beaucoup impliqué dans son avatar, Sitam (Mathis en verlan). Il s’épanche longuement sur son triste sort, pleurniche sur sa vie d’écrivain maudit et geint sur ses ennuis de santé. Les personnages secondaires manquent nettement de consistance. Ils sont insuffisamment décrits. On peine un peu à se les représenter. L’intrigue aurait pu être nettement plus travaillée. En dehors de la fusillade dans le bar, il ne se passe pas grand-chose. Le lecteur a même parfois une impression d’artificialité voire d’irréalité. Des attentats se produisent un peu partout en France et en Europe, mais on se sait pas qui fait quoi, comment ça se passe, au nom de quelle idéologie ces évènements inquiétants se produisent ou par quelles voies on va en arriver à la guerre civile. Seule information : les rues sont pleines de policiers et de militaires qui pratiquent des contrôles d’identité incessants. Est-ce dans cette forme d’indifférence, voire d’autisme que le lecteur doit trouver le côté poétique et musical vanté en quatrième de couverture ? Un premier roman qui ne vaut que par un style très célinien, tout en éructations, invectives et lamentations…

Ma note

3/5

ESSAIS

SAVEURS D’ORTIE (ANNIE-JEANNE & BERNARD BERTRAND)

Le résumé du livre

Considéré de nos jours comme une mauvaise herbe ou comme une plante détestable car urticante, elle figura longtemps au menu de nos ancêtres avant que les nouveaux légumes venus du nouveau monde et d’ailleurs ne la chasse définitivement de leurs assiettes. Et pourtant, l’ortie oubliée, méprisée et redevenue sauvage ne manque pas de charme : elle est une source de fer exceptionnelle, elle regorge de minéraux et d’oligo-éléments. Prise régulièrement crue ou en infusion, elle peut aider à soigner les anémies chroniques et toutes sortes d’autres affections. Nous aurions tout intérêt à lui redonner la place qu’elle mérite.

Ma critique

« Saveurs d’ortie » est un charmant petit ouvrage consacré à une plante méconnue et pourtant fort répandue et difficile à ignorer ne serait-ce qu’en raison de ses piqures peu agréables. Les auteurs commencent leur ouvrage en présentant succinctement l’histoire de l’ortie, ses propriétés diététiques et thérapeutiques et, dans un deuxième temps, en proposant une série d’une trentaine de recettes de cuisine de tous ordres qui vont de la soupe, aux tourtes, aux quiches et autres tians en passant par une glace à l’ortie et au chocolat, des confits d’ortie et même des confitures d’ortie ! Étonnant. Chaque recette bénéficie d’une magnifique photo d’illustration et d’une maxime, d’un dicton ou d’une courte anecdote sur le sujet. Un livre qui donne envie de cueillir, de cuisiner et même de se soigner avec cette belle urticante ! Cerise sur le gâteau, cet ouvrage est en libre accès sur internet.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LE PLUS GRAND SECRET (DAVID ICKE)

Le résumé du livre

Nous vivons dans un monde où le contrôle mental pour ne pas dire la manipulation des esprits par le biais de la publicité, de la télévision, par l’incroyable force de persuasion des médias, est de plus en plus prégnante. La centralisation mondiale est quasiment réalisée. Le nouvel ordre mondial avance pas à pas, au fil des révolutions, des conflits, des cataclysmes et des désordres économiques soigneusement organisés. Pour arriver à toujours plus de police et toujours moins de liberté, il suffit de créer toujours plus d’insécurité, de terrorisme, de délinquance et d’agressions diverses et variées. Tout cela selon un plan mondial d’asservissement des masses au profit d’une infime minorité se gardant bien d’apparaître au grand jour. Ces gens auraient constitué une « Fraternité Babylonienne » constituée d’une élite régnant depuis la nuit des temps. Les Windsor, les Rothschild et les Rockefeller en seraient les plus illustres représentants. Ces familles aux commandes de toute éternité seraient toutes descendantes d’extraterrestres reptiliens venus de Mars bien avant le déluge, qui se seraient accouplés avec des terriennes, seraient passés pour des dieux et auraient maintenu la pureté de leur sang tout au long de l’Histoire…

Ma critique

« Le plus grand secret » est un essai difficilement classable dans la mesure où il tente d’aborder l’archéologie, l’histoire, la sociologie, la politique, le paranormal, toujours dans une optique conspirationniste parfois échevelée. David Icke fonctionne par accumulation d’affirmations gratuites selon ce qu’il cherche à présenter : une pincée de théosophie, un brin de Vril, un coup d’œil sur les mystères de Rennes-le-château, un peu de Shamballa, d’Aggartha, une grosse louche de Lucy’s Trust et de Skull n’ Bones et l’auteur s’imagine que le tour est joué. Mais il n’en est rien. Au bout des 406 pages de ce bizarre ouvrage, le lecteur de bonne foi reste sur sa faim. Rien, strictement rien n’est démontré. Il croit même avoir lu un bouquin de science-fiction, de fantaisie, de fantastique ou d’ésotérisme à deux sous. Qui veut trop prouver ne prouve rien. Qui trop embrasse mal étreint. N’en déplaise à la présentation, ce n’est pas du tout le livre le plus explosif du siècle. Et si le lecteur est assommé, ce n’est pas de révélations mais d’aberrations. La terre serait creuse avec une sorte de zone paradisiaque en son centre. Des reptiliens, capables de changer d’apparence à volonté, auraient construit d’immenses bases souterraines dans le désert du Nevada et dans le Colorado. Jésus, Shakespeare, Mahomet et quelques autres n’auraient jamais existé. Hitler serait de la lignée des Rothschild ou le deuxième fils de la reine Victoria. Il ne serait pas mort dans son bunker de Berlin à la fin de la seconde guerre mondiale. Et la CIA aurait été créée par des nazis pour des nazis. Etc, etc. Les amateurs d’ésotérisme et de paranormal apprécieront peut-être. Tous les autres crieront au fou !

Ma note

2,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

DE GAULLE / LA STATUE DU COMMANDEUR (MAX GALLO)

Le résumé du livre

À partir de 1963, la France n’est plus en guerre nulle part, mais diverses affaires viennent assombrir l’actualité : enlèvement et « saucissonnage » en Allemagne du Colonel Argoud, liquidation de Ben Barka par des agents marocains aidés de truands… En politique étrangère, de Gaulle, qui a toujours soutenu Israël, veut l’empêcher de se lancer dans la guerre des Six jours. Il lui retire son appui et décrète un embargo sur les armes. Au Canada, il lance le fameux « Vive le Québec libre », pensant sans doute que le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes n’était pas réservé au seul Tiers-Monde. Puis arrivent les évènements de Mai 68. L’ambitieux Mitterand se voit déjà en train de s’emparer du trône du monarque républicain. Après une rapide visite héliportée à Massu à Baden-Baden pour s’assurer de la fidélité des cadres de l’armée, de Gaulle arrive à reprendre les choses en main. L’opinion qui veut partir en vacances et qui en a marre de la chienlit le remet en selle lors des élections qui suivent. Mais rien n’est plus comme avant. Le commandeur est las de ferrailler toujours seul contre tous. Il organise un calamiteux référendum sur la régionalisation et la réforme du Sénat qu’il sait perdu d’avance. Et pourtant, il y met son départ sur la balance si le non l’emporte…

Ma critique

« De Gaulle / La statue du commandeur » est le quatrième et dernier tome de cette biographie du général toujours très favorable au personnage et même quasiment vu par ses yeux. Plus de la moitié de l’ouvrage consiste en reprises, redites et rappels des épisodes précédents entrelardés de quelques éléments nouveaux. Cela donne une impression d’ennui et même que l’auteur pratique le remplissage et tire pas mal à la ligne. Nettement plus intéressant est la suite traitant des évènements de Mai 68. La période est correctement relatée, mais sans qu’on entre dans les détails. Peu de choses sur le rôle de l’URSS, sur la stratégie du parti communiste français qui, craignant d’être débordé sur sa gauche et pour d’autres raisons, siffla la fin de la récréation. La fin de l’ouvrage plus mélancolique donne une certaine humanité à cet être aussi exceptionnel que controversé qui partit persuadé de laisser son pays retourner à ses mesquineries et à ses turpitudes avant de sombrer dans la décadence. Le recul historique nous permet de bien comprendre qu’il fut un véritable visionnaire en dépit de toutes ses erreurs et de tous ses défauts. Au total, une biographie de bon niveau mais un peu trop « gaulliste » pour parvenir à une véritable objectivité.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

DE GAULLE / LE PREMIER DES FRANÇAIS (MAX GALLO)

Le résumé du livre

En 1946, profondément déçu par l’attitude des politiciens français, Charles de Gaulle quitta le pouvoir, persuadé que les Français ne tarderaient pas à le rappeler. En fait, il dut subir une longue traversée du désert qui dura une douzaine d’années et qu’il passa dans sa propriété de La Boisserie à rédiger ses « Mémoires de guerre » avant de revenir aux affaires en 1948 à la faveur de la calamiteuse situation en Algérie. Dès le début, bien que certain que l’Empire était sur sa fin et qu’il n’y avait d’autre issue que l’indépendance, il sut jouer sur l’ambiguïté et alla même jusqu’à lancer le cri « Vive l’Algérie Française ! » qui trompa pas mal de monde. On sait comment s’acheva cette sale guerre et quelle somme d’horreurs, de souffrances et d’injustices elle provoqua. Au moment du putsch d’Alger, il sut tenir la dragée haute au « quarteron de généraux factieux » qui tenta de le renverser, survécut à plusieurs attentats dont celui du Petit Clamart. Pendant cette période, il fit rédiger une nouvelle Constitution, instaurer l’élection du Président de la République au suffrage universel, le tout approuvé par des référendums, même pour l’auto-détermination algérienne lequel était joué d’avance, les Européens étant dix fois moins nombreux que les Maghrébins. Il dota la France de l’arme nucléaire, lui permettant d’intégrer le cercle restreint des grandes puissances mondiales. Il posa les bases de la réconciliation franco-allemande et tenta d’orienter la construction européenne vers une Europe des patries et non vers une fédération sous domination américaine…

Ma critique

« De Gaulle / Le premier des Français » est le troisième et avant-dernier tome de cette importante biographie historique. La période traitée va de l’après-guerre à la fin du conflit algérien, autant dire des heures particulièrement sombres de notre Histoire. Les faits sont respectés, leur chronologie également. Mais leur présentation peut donner sujet à discussion. En bon gaulliste, Max Gallo exonère pratiquement l’armée de toute responsabilité dans la fusillade de la rue d’Isly à Alger et passe complètement sous silence celles d’Oran perpétrées par les tirailleurs du général Katz. Dans les deux cas, l’armée française fit délibérément tirer à balles réelles sur des manifestants pacifiques et non armés. Le lecteur aurait aimé un peu plus de compassion et d’objectivité sur des évènements peu glorieux de l’Histoire de France. Même impasse sur la guerre secrète entre l’OAS et les commandos de barbouzes qui furent lancés à leurs trousses. Et bien entendu, rien sur le grand jeu et les manœuvres des deux grands (USA et URSS) qui furent partie prenante non négligeable dans cette pénible affaire. Au total, le volume le plus faible et le plus discutable de cette quadrilogie, Gallo ayant trop poussé sur la légende dorée et pas assez poussé la recherche dans les coulisses. Même les plus grands hommes ont leurs moments de petitesse et de mesquinerie. L’ironie de l’Histoire ou la justice immanente firent que de Gaulle et Pétain eurent des destins quasi parallèles. Ce que l’un reprocha à l’autre, il finit par y succomber et ce qu’il fit, d’autres le lui firent mais avec moins de réussite…

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

DE GAULLE / LA SOLITUDE DU COMBATTANT (MAX GALLO)

Le résumé du livre

Le 17 juin 1940, Charles de Gaulle, n’ayant plus de rôle à jouer dans le nouveau gouvernement, obtient de Paul Reynaud 100 000 francs prélevés sur les fonds secrets et réussit à repartir à Londres en compagnie de son aide de camp Geoffroy Chodron de Courcel à bord du « de Havilland Flamingo » affrété pour le général Spears. Le lendemain, il lance son fameux appel du 18 juin dans lequel il exhorte tous les officiers et les soldats à le rejoindre pour continuer les combats. Considéré comme traitre et déserteur, il sera condamné à mort par contumace. Winston Churchill le reconnaît comme chef des Français libres dès le 27 juin 1940. Mais son but est beaucoup plus ambitieux que de mettre en place une légion de volontaires qui continuerait la lutte aux côtés de l’Empire britannique. Il s’agit pour lui d’ignorer purement et simplement le traité d’armistice et de poursuivre la guerre contre Hitler, en créant une armée et un contre-État doté de tous les attributs de souveraineté et légitimité avec comme base les territoires français de l’Empire colonial, future plate-forme de la reconquête. Après un échec devant Dakar, il réussira à rallier le Cameroun, le Tchad, le Congo et le Gabon, permettant ainsi de lancer les premières offensives de Leclerc. Mais la lutte sera longue et semée d’embûches avant la victoire finale.

Ma critique

« De Gaule / La solitude du combattant » est le second volet de la quadrilogie consacrée à ce grand personnage historique. Il ne recouvre que la période 1940 – 1946, soit toute la seconde guerre mondiale plus une année difficile de gouvernement du pays. Soutenu au début par Churchill qui se préoccupe surtout des intérêts de la Grande-Bretagne, il est rapidement en butte à l’opposition de Roosevelt qui lui préfèrerait Giraud, sans doute plus malléable et moins tranchant que lui. Les Alliés voulaient ménager les anciens de Vichy et obtenir la création d’un gouvernement d’union nationale dans lequel les communistes auraient été neutralisés. Ils prévoyaient même la mise en place d’une sorte de protectorat provisoire (AMGOT) avec mise en place d’une nouvelle monnaie. De Gaulle ne cède sur rien, il rejette tout en bloc et finit par s’imposer avec mille difficultés en s’appuyant sur sa popularité en France, sur la Résistance grâce à Jean Moulin, sur le soutien de Staline et sur les succès militaires des généraux Leclerc et Juin. Le lecteur suit toutes les péripéties de cette longue lutte pour le pouvoir et pour le retour de la France dans le camp des vainqueurs. Max Gallo quitte parfois un peu trop l’objectivité de l’historien pour tomber dans les travers du panégyriste en particulier dans sa façon de traiter de l’Epuration presque comme un mal nécessaire. L’assassinat de l’amiral Darlan, le retour en France de Thorez, ainsi que les exécutions de Chack et de Brasillach sont traitées avec un peu trop de légèreté. Ceci mis à part, cet ouvrage reste intéressant, bien écrit et de fort bonne qualité.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

DE GAULLE / L’APPEL DU DESTIN (MAX GALLO)

Le résumé du livre

Charles de Gaulle naquit le 22 novembre 1890 à Lille dans une famille de la grande bourgeoisie du nord. Très jeune, il est marqué par les valeurs traditionnelles : catholicisme légitimiste, patriotisme, goût des études et du service de l’Etat. Après l’école primaire chez les Frères des écoles chrétiennes, il continue sa scolarité chez les Jésuites où il a son propre père comme professeur. En 1908, il entre à l’école militaire de Saint-Cyr, après une année de préparation au collège Stanislas de Paris. À sa sortie en 1912, classé 13ᵉ, il est affecté au 33ᵉ régiment d’infanterie stationné à Arras. Lors de la première guerre mondiale, il est blessé trois fois, d’abord à la jambe le 15 août 1914 à Dinant, puis à la main gauche en Champagne, le 10 mars 1915. Un an plus tard, il est à nouveau blessé, mais cette fois à la cuisse gauche d’un coup de baïonnette. Fait prisonnier par les Allemands, il tente à cinq reprises de s’évader de toutes les forteresses où il est détenu. Finalement, il ne réussira à rejoindre la France qu’une fois la guerre terminée…

Ma critique

« De Gaulle / L’appel du destin est le premier tome d’une importante biographie qui en comporte quatre, soit un important ensemble de plus de 1600 pages. Un destin aussi exceptionnel n’en nécessitait sans doute pas moins. Ce premier opus couvre la période 1890-1940, soit de la naissance du grand homme jusqu’à l’humiliante défaite de juin 40. La narration est précise et non romancée. Max Gallo s’en tient aux faits sans négliger la psychologie du personnage souvent solitaire, un brin hautain et persuadé d’avoir raison seul contre tous et de devoir assumer un destin hors normes. Ainsi préconisa-t-il l’usage de formations de blindés en corps constitués, menant l’offensive avec l’appui de l’aviation à une époque où la tendance était plutôt à la guerre de position, bien à l’abri derrière la ligne Maginot que les Panzers teutons se firent un plaisir de contourner. Sur ce coup, de Gaulle prêcha dans le désert. Un des nombreux autres intérêts de cet ouvrage est le rapport de rivalité entre l’ancien (Pétain) et le nouveau (de Gaulle). Les deux hommes se connaissaient de longue date. De Gaulle travailla dans le cabinet de Pétain lequel le soutint jusqu’à ce que leurs divergences de vues et d’ambitions éclatèrent au grand jour. Un ouvrage historique de qualité qui se lit comme un roman.

Ma note

4/5

ROMAN

HARLOT ET SON FANTÔME (NORMAN MAILER)

Le résumé du livre

À Mount Desert (Maine, Etats-Unis), Hugh Tremont Montague, nom de code « Harlot », membre important de la CIA, mais plutôt en fin de carrière, a divorcé de Kitteredge qui l’a trompée avec son collègue Harry Hubbard, fils de Cal, autre agent de la CIA. Après une longue attente, Harry et Kitteredge ont fini par se marier. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Harlot s’est retrouvé sur un fauteuil roulant suite à un très grave accident de voiture. Harry de son côté, en est réduit à produire textes, articles de journaux et romans d’espionnage jusqu’au jour où Harlot lui propose de travailler avec lui sur une mission secrète. Mais un jour, on retrouve le corps d’Harlot au fond d’un lac, le crâne explosé. Tout se complique… Quelques années auparavant, Harry avait commencé sa carrière à Berlin, puis à Bogota et l’avait poursuivie à Miami et à Paris…

Ma critique

« Harlot et son fantôme » se présente comme un très gros et très lourd roman d’espionnage de 1044 pages grand format, petits caractères, soit l’équivalent du double dans une présentation classique. Un défi de lecture. Un vrai marathon obligeant à y rester une dizaine de jours minimum ! Mais est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Rien n’est moins sûr ! Peu d’action, guère de suspens, aucune progression dramatique. On est très loin des maîtres du genre comme John Le Carré ! Mailer se rattrape-t-il par l’enquête d’investigation (il se targue d’une énorme recherche. Une bibliographie de quatre pages en atteste) ? Pas vraiment. Le lecteur n’apprendra pas grand-chose d’inédit sur les méthodes de la CIA, l’arrivée au pouvoir de J.F. Kennedy et son assassinat, la mort de Marilyn Monroe, l’affaire de la Baie des Cochons à Cuba, les tentatives ratées d’assassinat de Castro. Avec Tom Wolfe entre autres, on fait beaucoup mieux dans le genre. Et comme de nombreuses pages sont consacrées à des séquences « hot », on ne peut s’empêcher de penser que Mailer n’y fait que du sous-Miller ! Reste le style, l’écriture que certains critiques ont jugée « alerte, inspirée, géniale ». Sans doute n’ai-je pas été touché par la même grâce. Cette narration qui ne mène à rien m’a semblé laborieuse, pesante, pleine de détours et de digressions. Presque ennuyeuse. Le tout pour raconter quelques années d’un certain nombre de ronds de cuir, relativement nuls, sorte de pieds nickelés ou de bras cassés qui ratent à peu près tout ce qu’ils entreprennent. Au total, un pensum sans grand intérêt… (Mais ceci n’est que mon avis personnel bien entendu.)

Ma note

2,5/5

BIOGRAPHIES

MARLÈNE DIETRICH (MARIA RIVA)

Le résumé du livre

Marie Magdalene Dietrich, dite Marlène Dietrich, fut une actrice et chanteuse allemande naturalisée américaine, née le 27 décembre 1901 à Schöneberg et morte le 6 mai 1992 à Paris 8e. Après s’être destinée à une carrière musicale, elle se tourna vers le théâtre et le cinéma au début des années 1920. Lancée par le film « L’Ange bleu » de Josef von Sternberg, produit par la UFA en 1930, elle fut repérée par le studio Paramount et poursuivit une longue et brillante carrière à Hollywood. Sept films dirigés par le même metteur en scène dont « Morocco » (1930), « Shanghaï Expresse (1932) ou « L’Impératrice rouge » (1934), firent de l’actrice l’incarnation parfaite de la femme fatale de cette époque. Elle tourna ensuite avec les plus grands réalisateurs, dans divers genres de films. Elle s’engagea contre le nazisme et son pays d’origine dès les années 1930, et participa activement à la Seconde Guerre mondiale entre 1944 et 1945, rendant célèbre la chanson « Lili Marleen », et obtenant en 1947 la « Medal of Freedom », plus haute distinction militaire américaine que peut recevoir un civil. Alors que ses rôles au cinéma se faisaient moins nombreux, elle se tourna vers la radio puis vers le music-hall, faisant le tour du monde avec son tour de chant entre 1953 et 1975. Les quinze dernières années de sa vie, pour protéger son image, elle vécut recluse et alitée dans son appartement du 12, avenue Montaigne à Paris.

Ma critique

« Marlène Dietrich » se présente comme un énorme pavé de 866 pages relativement indigestes. Il est écrit par sa fille unique, Maria Riva, laquelle a une fâcheuse tendance à raconter la vie de sa mère en fonction de la sienne propre (rapports dominante-dominée avec sa mère, viol, alcoolisme, etc). Son style assez peu léger donne une narration plutôt poussive et même fortement alourdie par une abondance de citations (souvent fort longues et pas forcément pertinentes) de lettres d’amour, d’extraits de journaux intimes et autres articles de journaux. Trois cahiers de documents photographiques illustrent cet ouvrage consacré à une star, longtemps idolâtrée et finalement déchue et recluse. Pour ne rien arranger, le personnage de la star des années trente se révèle au fil des pages de moins en moins sympathique. Si l’on en croit Mme Riva, l’icône hollywoodienne fut en réalité un montre d’égocentrisme, de narcissisme, d’autoritarisme, une méchante femme obsédée par son image, travaillant son apparence dans les moindres détails et ne vivant que pour le paraître. Elle collectionna un nombre incroyable d’amants et d’amantes. La liste de ses conquêtes acteurs célèbres comme Maurice Chevalier ou Jean Gabin, écrivains comme Erich-Maria Remarque ou Hemingway, voire chanteurs ou chanteuses comme Franck Sinatra ou Edith Piaf, sans parler des généraux, hommes politiques, est si longue qu’elle finit par ressembler à un bottin mondain). Elle multipliait les caprices de diva au point de se montrer odieuse avec tout le monde, petit personnel comme metteurs en scène, costumières ou techniciens de cinéma. Mythomane, affabulatrice, dépensière, alcoolique, droguée et véritable marâtre envers sa malheureuse fille, la liste de ses défauts semble si longue qu’elle finit par en être caricaturale et presque sympathique, au second degré bien sûr. On peut faire l’impasse sans problème sur une lecture qui tourne vite à la punition…

2,5/5

POLICIERTHRILLER

LES ENGLOUTIS (DENIS LEPEE)

Le résumé du livre

1918. Ludmilla tente de fuir par la mer Saint-Pétersbourg ravagé par la révolution bolchévique. Il lui importe beaucoup de mener à bien la mission qui lui a été confiée, celle de sauver le « trésor » de la famille Koutouzov, mais son bateau est coulé au large de la Finlande…

2017. Tommaso Mac Donnell ravagé par la douleur d’avoir perdu sa femme et sa fille dans l’incendie de leur maison de Nantucket, débarque à l’aéroport d’Helsinski. Archéologue sous-marin, il vient évaluer un projet d’implantation d’éoliennes off-shore dans le golfe de Finlande, à deux pas de la zone russe et non loin de la petite ville de Kotka dont le maire est un ami de longue date…

Ma critique

« Les engloutis » est un roman original à plus d’un titre. D’abord parce qu’il n’est pas aisé à classer vu qu’il se situe aux limites de plusieurs genres : historique, aventures, policier et même espionnage (vu l’implication de divers agents secrets dont celle d’une jolie espionne du FSB russe). Autant le côté historique semble évident dès le début de l’intrigue, autant le côté policier se fait plus discret vu que le premier mort n’apparait qu’à la moitié du livre et que le personnage principal n’est ni inspecteur, ni détective privé, ni même journaliste, mais simple plongeur professionnel aux prises avec les fantômes de son drame personnel. Personnage avec lequel on ne peut qu’être en empathie immédiate d’autant plus que bien des déboires et des coups durs l’accablent, maintenant ainsi un intérêt soutenu tout au long d’une narration parfaitement menée. Si on y ajoute une plume de belle qualité, un cadre dépaysant et une parfaite connaissance du monde et des techniques de plongée, on obtient une totale réussite. Autre petit plus : dans les remerciements, Denis Lépée a l’élégance et l’honnêteté de faire la part entre l’historique et le romancé. Qu’il en soit remercié car peu nombreux sont les romanciers qui s’y plient !

Ma note

4/5

POLICIER

TOXIC STAR (HERVE CLAUDE)

Le résumé du livre

En Australie, sur l’immense plaine de Nullarbor, dans un endroit désertique à des kilomètres de toute piste, est retrouvé un 4X4 abandonné ainsi que les ossements blanchis d’un homme sans doute mort depuis au moins dix-huit mois. Les tests ADN permettent de découvrir qu’il s’agit des restes d’un certain Mathew Constant, australien d’origine roumaine, ancien champion de « footy », le foot-ball-rugby local où quasiment tous les coups sont permis. Journaliste au West Tribune, l’imposant Anthony Argos cherche à comprendre la raison de cette fin tragique. Son enquête va le mener jusqu’à Bucarest où il pourra bénéficier de l’aide de Christi, un ancien amant…

Ma critique

« Toxic star » se présente comme un polar relativement noir aux limites du thriller par le nombre de cadavres, mais avec l’énigme bien maintenue jusqu’au tout dernier chapitre. L’auteur, journaliste de télévision bien connu, familier de l’Australie, prend bien soin de maintenir le suspens et par là l’intérêt pour sa sombre histoire. Il ne perd pas le lecteur sur de fausses pistes comme dans un policier classique. Il préfère faire ressentir les ambiances d’un pays qu’il connait semble-t-il fort bien et surtout distiller bribe par bribe toutes les turpitudes d’un milieu frelaté, gangréné par le fric et infiltré par des hommes politiques dignes de mafieux. Les personnages manquent un peu d’épaisseur exception faite du héros totalement atypique, nouveau Rouletabille obèse et homosexuel, mais surtout tenace et obstiné. On saura gré à Hervé Claude, qui dispose d’un style agréable et fluide à souhait, d’avoir eu la finesse et l’élégance de ne pas trop s’appesantir sur les scènes les plus torrides. Dans l’ensemble, une œuvre de divertissement bienvenue pour un voyage en train ou pour une après-midi au bord de la piscine par exemple.

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

MÉMOIRES BARBARES (JULES ROY)

Le résumé du livre

Né en 1907 à Rovigo (actuellement Bougara) en Algérie, Jules Roy, enfant illégitime, passa son enfance à la campagne avant d’entrer au petit séminaire où il restera huit années. Il intégra le corps des tirailleurs algériens puis celui de l’armée de l’air. D’abord pétainiste (il publia un livre à la gloire du maréchal), il change de camp en 1942, passe en Angleterre et entre dans la Royal Air Force. Il effectuera plus de 36 missions de bombardement de nuit sur la Ruhr en Allemagne. Il poursuit sa carrière militaire en Indochine à titre d’officier de communication. Mais en juin 1953, il démissionne alors qu’il est colonel, car il estime que l’armée se déshonore à vouloir rétablir la colonisation par la force. Parallèlement, il commence à publier des ouvrages de témoignage qui déplaisent à l’armée et est envoyé en mission d’enquête en Algérie et en Chine pour le compte de l’hebdomadaire « l’Express ». Il n’arrive pas à rencontrer Mao Tsé Toung pas plus qu’à suivre les étapes de la « Longue marche » et rentre très déçu de ce qu’il a vu. À la fin de sa vie, il se retire sur la colline de Vézelay, non loin de la basilique de Sainte Madeleine…

Ma critique

« Mémoires barbares » est un livre de souvenirs en forme d’autobiographie qui se veut honnête et qui reste assez discrète sur la vie sentimentale assez compliquée de l’auteur. Le lecteur suivra avec grand intérêt tous les évènements auxquels Jules Roy se trouva mêlé : seconde guerre mondiale, (le récit des bombardements au phosphore des villes allemandes est proprement hallucinant), la guerre d’Indochine, celle d’Algérie, le retour du général de Gaulle sans parler des arcanes du monde littéraire parisien pendant un demi-siècle. L’auteur ayant rencontré la plupart des auteurs de l’époque en trace une série de portraits souvent au vitriol. Il fut un habitué des soirées de Florence Gould et de Louise de Vilmorin. La liste est longue des écrivains et des hommes politiques qu’il dépeint : Morand, Nimier, Léautaud, Paulhan, Montherlant, Mauriac, Malraux, Camus, Kessel, Saint-Exupéry, de Gaulle, Mitterand. Personne n’échappe à son regard acéré voire impitoyable. Malraux est sans doute celui qui en prend le plus pour son grade pour sa mythomanie. Seul Camus et Saint-Exupéry trouvent grâce aux yeux de Jules Roy. Le style est bien entendu, de fort belle qualité. Les analyses sont fines et intelligentes. Au total, un livre absolument passionnant.

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMAN

CALIFORNIA SAGA (JOHN JAKES)

Le résumé du livre

En 1886, le jeune James Macklin Chance, 17 ans, part de Pennsylvanie pour fuir la misère et ne pas finir mineur comme son père. Il rêve de faire fortune en Californie alors que la ruée vers l’or est achevée depuis un certain temps. Après une longue marche en direction de l’Ouest des Etats-Unis, il finit par atteindre la côte Pacifique à Oakland. Il tente de profiter du ferry de San Francisco sans prendre de billet. Sans ménagement, il est jeté à la mer par les contrôleurs alors qu’il ne sait pas nager. Heureusement pour lui, il est vite repêché par un brave pêcheur chinois qui deviendra son premier ami californien. Et ce n’est que le début d’une longue suite de tribulations dans cet eldorado où ne se trouvent que deux sortes d’individus, ceux qui prennent et ceux à qui l’on prend…

Ma critique

« California Saga » se présente comme un énorme roman historique de 662 pages, ce qui, au premier abord, pourrait sembler assez indigeste. Mais il n’en est rien tant les aventures, péripéties et rebondissements sont nombreux. Toute l’intrigue repose sur 35 années de la vie d’un jeune homme pauvre mais non dépourvu d’ambition. Le lecteur le suit pas à pas dans son ascension sociale, laquelle est longue et pénible vu le nombre de catastrophes et d’embûches qu’il doit traverser. Si les épisodes amoureux laissent assez indifférent et peuvent même lasser vu qu’il passe son temps à osciller tout au long de cette histoire entre trois partenaires, le contexte historique (fin de la ruée vers l’or, boom immobilier, découverte de l’or noir, cataclysmes, apparition du cinéma, de l’automobile et de l’aviation) sont beaucoup plus intéressantes car fort instructives. Entre mille autres choses, le lecteur y découvrira que le problème de l’immigration mexicaine ne date pas d’aujourd’hui ni d’hier. On sera plus réservé sur l’apparition ici ou là de personnages réels comme W.R Hearst, Charlie Chaplin, Jack London, James Corbett, John Muir ou Ambrose Bierce car aucun n’apparait comme crédible. Au total, malgré tout, une belle réussite, si l’on passe sur le côté manichéen de la présentation (des bons très bons, voire excellents et même christiques comme le prêtre défroqué et des méchants très très méchants, monstrueux, intolérants, racistes) et sur une fin décevante, car en happy end très (trop) américain.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

L’AVENTURE DE LECLERC (MAJA DESTREM)

Le résumé du livre

Né le 22 novembre 1902 à Belloy (Somme), Philippe de Hauteclocque commença sa carrière militaire dans la cavalerie puis fut instructeur à Saint Cyr. Il participa à la guerre du Rif au Maroc où il se distingua par son courage, son sens tactique et sa bravoure. En mai 1940, pour ne pas être capturé, il traverse les lignes allemandes et essaie de s’échapper à bicyclette. Il sera arrêté puis relâché par erreur. Il retourne au combat, est blessé et s’échappe de l’hôpital où il était soigné er gardé. Il ne peut pas se résoudre à la défaite de la France. Il rejoint le général de Gaulle à Londres après un long périple à travers la France, l’Espagne et le Portugal. Il part ensuite au Gabon avec pour mission de rallier l’Afrique équatoriale française aux couleurs de la France Libre. Ainsi débute une véritable épopée qui le mènera avec une première poignée d’hommes à Fort-Lamy puis à s’emparer de Koufra, du Fezzan, à aider les Alliés à chasser l’Afrika Korps de Rommel d’Afrique du Nord puis à débarquer en Normandie, à libérer Paris, puis Strasbourg et porter le drapeau tricolore jusqu’à Berchtesgaden, le nid d’aigle d’Adolf Hitler…

Ma critique

« L’aventure de Leclerc » est la biographie parfaitement documentée d’un héros de l’Histoire de France, une icône de la seconde guerre mondiale, un être d’exception, au caractère bien trempé, capable de toutes les audaces et de toutes les folies, n’ayant qu’un seul objectif : servir sa patrie. Le livre très bien écrit, illustré de nombreuses photos et croquis permettant une bonne compréhension de la stratégie de Leclerc (pseudo qu’il dut prendre pour protéger sa famille restée en Picardie), se lit très facilement et très agréablement tant cette vie brisée dans un accident d’avion au Sahara fut remplie, foisonnante et exemplaire. Le lecteur apprendra énormément de choses non seulement sur l’épopée du héros et de sa fameuse 2ème DB, mais aussi sur les prémisses de la guerre d’Indochine, sur le rôle fort louche des Chinois et des Anglo-saxons qui se permirent d’organiser une sorte de Yalta asiatique dont la France aurait été la victime si Leclerc n’était pas intervenu. Malheureusement le départ de celui-ci suite à des divergences avec l’amiral d’Argenlieu et l’arrivée des socialo-communistes au pouvoir à Paris changea complètement la donne. On sait la triste tournure que prirent ensuite les évènements. Un livre de référence absolument passionnant. À conseiller aux amateurs d’Histoire et d’Histoire militaire tout particulièrement.

Ma note

4,5/5

ROMAN

OXYGÈNE (ANDREW MILLER)

Le résumé du livre

Enseignante anglaise en retraite, Alice souffre d’un cancer assez avancé. Elle a déjà dû subir une lourde chimiothérapie. Elle y a perdu ses cheveux, mais ils ont fini par repousser complètement blancs. Son fils Alec lui rend visite, s’occupe de la maison, du jardin. Son autre fils, Larry, acteur de série B intermittent et ancien joueur de tennis classé, ne va pas tarder à prendre l’avion avec sa fille depuis la Californie pour le rejoindre. Arrivé de Hongrie suite aux dramatiques évènements de Budapest, Laszlo est un auteur dramatique qui commence à rencontrer un certain succès. Sa dernière pièce, intitulée « Oxygène » relate un accident dans une mine quelque part en Europe de l’Est. Un jour, il fait une étrange rencontre et se retrouve chargé d’une mission tout à fait particulière.

Ma critique

« Oxygène » est un roman intimiste qui fait la part belle à la psychologie de toute une galerie de personnages. Le style d’Andrew Miller est quasi pointilliste. L’auteur s’attache aux mille détails de la vie quotidienne et parvient à donner de l’intérêt à une banalité qui devrait ne pas faire rêver, mais qui finit par intéresser quand même. Les développements sur la triste réalité du cancer en phase terminale tout comme le récit de la normalisation de Budapest par l’armée rouge en 1956 sont particulièrement émouvants voire instructifs. Les personnages sont des messieurs ou mesdames tout le monde, de parfaits anti héros. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ils nous semblent si proches et finalement bien attachants en dépit de leur médiocrité. Un seul regret : rien ne parvient à un achèvement. Tout reste ouvert. Au lecteur de se substituer à l’auteur volontairement défaillant…

Ma note

3/5

HISTORIQUE

POUR L’AMOUR DE L’INDE (CATHERINE CLÉMENT)

Le résumé du livre

Le 4 février 1922, à Chauri-Chaura (Inde), un rassemblement pacifique et non-violent inspiré par Gandhi s’achève dans le calme. Mais des policiers, croyant entendre quelques moqueries, commencent à taper sur les trainards. La foule se rebiffe. Les flics commencent par tirer en l’air puis sur les gens. Arrivés à court de munition, ils finissent lynchés. Gandhi est désespéré. L’indépendance de l’Inde qu’il appelle de ses vœux ne suivra jamais le cours d’un long fleuve tranquille… 1947 : Lord Louis Mountbatten, petit-fils de la reine Victoria, est intronisé dernier vice-roi des Indes. Son épouse, la frivole lady Edwina, va devoir l’épauler dans la lourde tâche de négociation qui lui échoit. Comment satisfaire les ambitions des musulmans de Jinnah, les désirs des Hindous de Nehru et Gandhi sans parler des prétentions des Sikhs ? Comment éviter l’atomisation du sous-continent et réduire le bain de sang qui s’annonce ?

Ma critique

« Pour l’amour de l’Inde » est avec « Cette nuit la liberté » le meilleur texte sur cette période troublée. Ce gros pavé parfaitement documenté (567 pages) se dévore comme un roman tant les faits sont parfaitement décrits et tant les principaux personnages, les Mountbatten, Nehru, Jinnah et surtout Gandhi sont rendus vivants. Tous les évènements étant authentiques, on ne peut pas parler de roman historique, mais plutôt de fresque, voire d’épopée véridique. L’idylle, sans doute platonique, entre Edwina et Nehru n’est même pas romancée et, heureusement, ne représente pas l’essentiel de l’intérêt du livre. L’Histoire se taille la plus belle part. En fin d’ouvrage, le lecteur trouvera tout un chapitre sur les sources et commentaires, ce qui est assez rare et montre l’honnêteté de l’auteure ainsi que son désir de coller au plus près de la réalité historique. La réalité dépassant souvent la fiction, il n’est nul besoin d’inventions ou de travestissements de la vérité pour produire une belle œuvre de référence.

Ma note

4,5/5

ESSAISRELIGIEUX

UN SIÈCLE DE TÉMOINS (DIDIER RANCE)

Le résumé du livre

À cause du nazisme, du communisme, des conflits ethniques ou tribaux sans oublier l’intégrisme islamique, notre époque a connu un nombre incroyable de martyrs ou de confesseurs de la foi. Un martyr chrétien est une personne persécutée, emprisonnée, souvent torturée et assassinée en raison de ses idées religieuses. Un confesseur de la foi subit les mêmes persécutions mais sans finir exécuté. Des camps nazis au goulag soviétique, du lao-gaï chinois au Sud Soudan, du Liban à la Turquie sans oublier l’Afrique du Nord (moines de Tibhirine), l’Afrique noire, l’Inde ou l’Amérique du Sud, les territoires sont innombrables où le sang des martyrs a coulé, coule et coulera. Un martyr est un témoin du Christ. On pourrait également l’appeler un « soldat du Christ ». Son sang est réputé semence de chrétien. En effet, chaque tuerie n’a fait que rendre plus vigoureuse et dynamique l’église visée…

Ma critique

« Un siècle de témoins » est un essai consacré aux « Martyrs du XXème siècle » comme l’indique son sous-titre. L’auteur a voulu présenter un panorama exhaustif du phénomène. Mais celui-ci est d’une telle ampleur et les exemples sont si nombreux qu’il ne peut présenter chaque fait qu’en quelques très courtes lignes voire au maximum en un paragraphe. La lecture de cet ouvrage qui cherche également à élaborer une théologie particulière sur cette réalité est un tantinet laborieuse, toujours émouvante et peut arriver à vous mettre les larmes aux yeux et même vous donner la nausée. Il faut dire que le mal est partout, que l’abjection des tortionnaires n’a pas de limites. Un seul exemple : dans l’Albanie du monstrueux Enver Hodja, ses nervis étaient capables après avoir copieusement battus et torturés de malheureux prêtres, de les achever en les noyant dans une fosse remplie de matières fécales. Dur, dur !

Ma note

4/5

POLICIER

FAMILLE PARFAITE (LISA GARDNER)

Le résumé du livre

Ancien marine, Justin Denbe a fait fructifier la puissante entreprise de BTP dont il a hérité à la mort de son père. Avec sa compagne Libby, ils ont eu Ashlyn, fille âgée aujourd’hui de 15 ans. Leur couple tient la route depuis 18 années et à première vue, à eux trois, ils donnent l’impression d’une famille exemplaire, bien que Justin ait donné quelques coups de canif dans le contrat. Un soir, de retour d’un repas au restaurant devant sceller leur réconciliation, le couple trouve ouverte la porte de sa riche demeure. Un colosse qui les attend à l’intérieur les neutralise à coups de taser pendant que deux complices maîtrisent Ashlyn. La disparition des trois membres de cette famille surprend tout le monde. Mais la détective privée Tessa Leoni est persuadée qu’il s’agit d’un enlèvement et non d’une fuite volontaire. Pourtant, on ne trouve ni effraction, ni vol, ni demande de rançon. Et pas le moindre témoin. L’affaire s’annonce compliquée : vengeance, extorsion de fonds, acte gratuit ?

Ma critique

« Famille parfaite » est un roman présenté comme un thriller alors qu’il ne respecte pas vraiment les critères du genre, à savoir présence d’un serial killer psychopathe, accumulation de cadavres et autres scènes de sadisme ou de tortures. Cousue de fil blanc, toute l’intrigue repose sur une histoire d’infidélité conjugale. Très vite le lecteur devine quelle sera la chute et perd ainsi la majeure partie de l’intérêt pour ce long pavé de 571 pages qui auraient largement pu tenir dans un volume trois fois moindre et même dans une nouvelle resserrée d’une quarantaine de pages. Trop de redites, trop de pages inutiles, en particulier tous les chapitres délayant à plaisir les états d’âme de Libby, la femme trompée partie à la dérive. On a même l’impression que l’auteur tire un tantinet à la ligne. Trop peu de péripéties, trop peu de rebondissements. Des personnages convenus : le patron ripoux, les mâles machos et violents et les femmes, pauvres victimes innocentes. On se demande comment pareil navet a pu figurer comme numéro un sur la liste des best-sellers du « New York times ». Toujours se méfier de la pub, même déguisée.

Ma note

2,5/5

POLICIER

EN CREVANT LE PLAFOND (JAMES HADLEY CHASE)

Le résumé du livre

Harry Griffin, pilote d’avion licencié par sa compagnie pour un comportement déplacé avec une hôtesse de l’air, n’a pas envie de se contenter de petits boulots pour survivre. Il préfère tenter un gros coup et ramasser le magot. Trois millions de dollars de diamants industriels vont transiter entre New-York et San Francisco à bord d’un avion de son ancienne compagnie. Avec quelques comparses, il pense être en mesure de braquer l’équipage et de filer avec le butin après avoir atterri quelque part dans le désert. Mais pour espérer une réussite complète, il a besoin de l’aide de Ben Delaney, un parrain de la mafia capable de fourguer les cailloux mieux que lui. Par chance, Glorie Dane, petite amie de Harry, est également une ex de Delaney. Elle les met en relation, force Harry à se grimer et à changer d’aspect physique pour ne pas être reconnu de ses anciens collègues. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. La présence d’un convoyeur de fonds n’ayant pas du tout l’intention de se laisser faire va complètement changer la donne…

Ma critique

« En crevant le plafond » est un roman noir d’excellente facture du prolifique auteur britannique. L’écriture est classique, de belle qualité et très agréable à lire. Bien que le lecteur se doute dès le début que tout ne peut qu’aller de mal en pis dans cette histoire, il reste accroché du début à la fin, car les péripéties ne manquent jamais jusqu’à une fin assez surprenante. Les personnages sont bien campés, bien pétris d’humanité et tout à fait crédibles. On tremble pour Harry même si le personnage n’est pas particulièrement sympathique. On remarque également l’importance de la psychologie féminine avec les deux héroïnes, aux antipodes l’une de l’autre mais réagissant de semblable manière devant la dérive du héros, tirer au mieux leur épingle du jeu. Finalement, elles sont les plus fortes, car les plus intelligentes voire les plus sournoises. Bien que datant un peu (1956), cet ouvrage permet encore de passer un très bon moment de divertissement.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

PRÉSENCE DE SATAN DANS LE MONDE MODERNE (LÉON CRISTIANI)

Le résumé du livre

Qu’en est-il de Satan et du satanisme à notre époque qui ne croit plus à rien, ni à Dieu, ni, par conséquence évidente, à Diable ? On connait la célèbre phrase de Baudelaire : « La plus grande ruse du Démon, c’est de nous persuader qu’il n’existe pas. » Dans cet ouvrage, l’auteur s’efforce de nous démontrer que l’existence du Malin, du grand Menteur est réelle et que sa puissance plus grande qu’on ne l’imagine. Pour ce faire, il commence par en référer à la Bible et aux Evangiles qui ne manquent pas d’exemples comme la tentation du Christ et la réponse bien connue : « Vade rétro Satanas ! » ou comme les possédés qui sont libérés au détriment de porcs qui vont se jeter du haut d’une falaise. Il y ajoute le cas du curé d’Ars et de ses nuits à batailler contre le « Grappin » surnom qu’il donnait au diable ou ceux de tous les faux voyants qui apparurent à Lourdes pour ridiculiser le témoignage de la petite Bernadette Soubirous. Les preuves de possessions ou d’infestations diaboliques sont innombrables aussi bien tout au long de l’Histoire que de nos jours. Les aspects lucifériens de la révolution française, du nazisme, du bolchévisme ou du communisme chinois en sont quelques exemples…

Ma critique

« Présence de Satan dans le monde moderne » est un essai de vulgarisation théologique et sociologique particulièrement bien étayé. Les faits sont incontestables et la réalité bien sinistre, n’en déplaise aux sceptiques et aux ricaneurs. L’auteur démontre qu’il ne s’agit pas de confondre possession relevant de l’exorcisme et simples troubles mentaux. Ni les symptômes, ni les remèdes, ni les résultats obtenus, ne sont les mêmes dans les cas de folie et dans ceux de possession. Dans la maladie mentale, on ne trouve jamais les marques de présence d’une intelligence préternaturelle et visiblement étrangère à celle du sujet que l’on constate chez les possédés et dont l’Eglise exige les signes pour autoriser la pratique de l’exorcisme. Un livre d’une lecture fascinante, d’une grande érudition et d’une absolue nécessité pour qui veut se faire une opinion sur ce sombre sujet. Les descriptions d’exorcismes sont particulièrement frappantes. Même chose sur certains côtés obscurs de l’Histoire ou de l’actualité (sorcellerie, Illuminatis, Rose-Croix, maçonnerie…)

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUENOUVELLES

HISTOIRES FANTASTIQUES D’AUJOURD’HUI (DIVERS AUTEURS)

Le résumé du livre

Une petite fille de douze ans vit dans un village quelque part en haute mer. Bien que totalement seule, elle fait tout fonctionner. Et quand un navire apparaît à l’horizon, elle s’endort… Un soir, à Paris, le jeune Régis Mercier se réfugie dans la fontaine de Joyeuse pour se mettre à l’abri d’une violente averse. Il y rencontre Christine qui semble souffrir d’un mal étrange. En crise, elle se prend pour Calliste, une jeune femme qui, lors de la Révolution, participa à la profanation de l’église St Paul-St Louis et au vol des cœurs embaumés de Louis XIII et Louis XIV… Victimes d’un étrange sortilège, tous les habitants d’un village sont devenus invisibles. Seul l’idiot de l’endroit a été épargné. Il est chargé du ravitaillement et de tous les contacts avec l’extérieur… Le chasseur Arminius est un être sauvage et sans aucune pitié. Par plaisir, il tue toutes sortes d’animaux dans une transe aussi barbare que cruelle. Son épouse Minna redoute que cela ne finisse très mal…

Ma critique

« Histoires fantastiques d’aujourd’hui » est un recueil de 18 nouvelles du registre étrange et fantastique d’autant d’auteurs différents. On remarque un bon nombre de célébrités parmi eux comme Supervieille, Mandiargues, Dhôtel, Robbe-Grillet, Michaux ou Sternberg. Avec pareilles « pointures », le lecteur peut s’attendre à une compilation de très haut niveau. Malheureusement, il n’en est rien. Les fonds de tiroir, les rebuts et autres textes de remplissage sont malheureusement assez nombreux. Pour le fond, c’est la même chose. On est plus dans l’insolite, les petites bizarreries du quotidien que dans le fantastique pur et dur. On passera pudiquement sur certains textes qui tombent des mains pour ne s’intéresser qu’aux meilleurs opus : « La fontaine de Joyeuse » de Jean-Louis Bouquet (gore à souhait), « Le village invisible » d’André Dhôtel (pour sa poésie charmante), « Le diamant » d’André Pieyre de Mandiargues et « Le monstre » de Gérard Klein (véritable fantastique). Au total, un ensemble plutôt décevant.

Ma note

2,5/5

NOUVELLES

TONTON BOB (FABRICE DECAMPS & AUTRES AUTEURS)

Le résumé du livre

Un psychiatre, Pierre Bertillat, convoque dans son bureau Lemonnier, un de ses patients, pour qu’il lui dise tout ce qu’il sait sur un certain oncle Bob, personnage aussi dangereux qu’irascible… L’oncle Toto, chef de chantier de son état, et sa femme Kiki la brune ne sont pas des gens très intéressants. Elle est d’une grande vulgarité. Lui, d’une honnêteté toute relative : il n’hésite jamais à détourner du matériel pour ses propres besoins… Sur la base de quatre photos, un homme essaie de s’imaginer ce que put être la vie d’un oncle qu’il n’a jamais connu… En Ouganda, Louis, volontaire français, doit être exfiltré, car il a commis une grosse bêtise… Un libraire désenchanté se pose des questions sur sa condition… Au centre commercial avec les enfants de sa maîtresse, Guiseppe a décidé qu’on n’achèterait rien… Payée par la mairie, une comédienne propose des animations dans un cimetière, histoire de rendre l’endroit plus accueillant…

Ma critique

« Oncle Bob » est un recueil de dix nouvelles d’autant d’auteurs, toutes tournant autour du thème de cet oncle dont le lecteur doit se demander qui il est : aliéné, maffieux, beauf, mondialiste ou fasciste, abruti ou intellectuel, homo ou hétéro, etc. Il n’en finit plus de se poser la question sans d’ailleurs jamais trouver la réponse, les textes étant tous différents d’esprit, de registre et de styles. Comme toujours dans ce genre de compilation, le meilleur côtoie le pire. Dans le cas précis, ce serait plutôt le très moyen pour ne pas dire le médiocre qui reste majoritaire face à l’acceptable et au (très rare) bon et agréable à lire. Nous aurons l’indulgence de passer sur les huit textes relevant de la première catégorie pour n’insister que sur les deux qui sortent du lot et méritent très certainement le détour : « Oncle Bob » de Fabrice Décamps pour son côté équivoque et « La boîte en bois et la boîte en carton » d’Antonin Crenn, un petit bijou de fantastique du quotidien.

Ma note

3/5

HISTORIQUE

LES FUSILIERS MARINS DANS LA DIVISION LECLERC (RAYMOND MAGGIAR)

Le résumé du livre

En novembre 1942, une poignée de jeunes Français d’Afrique du Nord veulent en découdre avec les nazis. Armés par les Anglo-américains fraîchement débarqués, ils deviennent le « bataillon Bizerte », puis le RBFM, (régiment blindé de fusiliers marins). Ils sont formés au Maroc, dotés de matériel puis intégrés dans la 2ème DB du général Leclerc, sous le commandement du capitaine de frégate Maggiar, auteur de l’ouvrage. Cette unité regroupera environ 300 véhicules, des chasseurs de chars, des tanks destroyers, des Half-tracks et des chars Sherman qui feront merveille contre les Panthers et autres MarkIV teutons. Dans la nuit du 3 au 4 août 1944, ils seront débarqués en Normandie, à Utah Beach. S’ensuivra une véritable épopée avec la libération de Paris où ils prendront une part décisive, les combats acharnés en Lorraine et en Alsace (libération de Strasbourg) puis la réduction de la poche de Royan et finalement le rush vers le nid d’aigle d’Hitler, Berchtesgaden.

Ma critique

« Les fusiliers marins dans la division Leclerc » est un témoignage quasiment heure par heure de tous les combats menés par cette troupe de marins et d’engagés volontaires (ils furent nombreux à s’enrôler au fur et à mesure de l’avancée victorieuse de Leclerc !). Ecrit à chaud et publié en 1947, cet ouvrage porte la marque de l’enthousiasme et du patriotisme magnifique de ces jeunes Français qui partis de rien, du fin fond d’une oasis (Koufra), prêtèrent le serment de rendre sa dignité à la France humiliée en se lançant à corps perdu dans les combats et de ne cesser que quand le drapeau tricolore flotterait sur la cathédrale de Strasbourg. Un bon nombre n’en revint pas. Une magnifique page d’histoire. Un témoignage honnête et sincère d’une grande utilité pour les passionnés d’Histoire militaire.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENCE-FICTION

LE LIVRE DES MAÎTRES DU MONDE (ROBERT CHARROUX)

Le résumé du livre

En se basant sur les observations d’objets volants non identifiés, d’étranges monuments dont personne ne peut dire la destination, de constructions enfouies n’appartenant à aucune civilisation connue et de tablettes ou hiéroglyphes censés représenter des cosmonautes ou des vaisseaux spatiaux, Robert Charroux bâtit une thèse selon laquelle les débuts de l’humanité seraient bien antérieurs aux Sumériens ou aux Egyptiens. Pour lui, 12 000 années et plus avant notre ère, des voyageurs extra-terrestres sans doute venus de Vénus auraient fondé l’Atlantide et le continent de Mu, lesquels auraient fini par sombrer dans un grand cataclysme tellurique ou nucléaire. Tout le savoir venu du cosmos se serait perdu dans les masses d’eau du déluge. Pire, les rares rescapés n’auraient eu de cesse de nier et de diaboliser l’apport technologique dont les humains auraient profité auparavant…

Ma critique

« Le livre des maîtres du monde » est un essai de « Prim-histoire » (néologisme inventé par Charroux), période antérieure à la proto-histoire et parallèle à la préhistoire, mais bien différente, car elle suppose l’existence de civilisations avancées (maîtrisant le feu nucléaire, les voyages dans le cosmos, la radio ou la télévision, etc), ce qui n’a jamais été prouvé. Et c’est bien là que le bât blesse ! Qu’il y ait des pyramides (modestes) en France à Falicon (Provence) ou à Autun, des tours hermétiques (sortes d’énormes menhirs ou de massifs obélisques sans la moindre ouverture) à Saint Romain de Benest ou à Ebéon (Charente-Maritime) ainsi que d’étranges grimoires maya voire de curieux témoignages dans de vieux manuscrits chinois ou tibétains ne permet quand même pas de conclure que nous descendons tous des extra-terrestres. Un ouvrage un peu bâti de bric et de broc surtout vers la fin où les anecdotes curieuses se multiplient sans jamais rien prouver d’ailleurs. Un cahier de photos et de nombreuses illustrations voudraient étayer cette curieuse théorie sans vraiment y parvenir. Même peu versé dans l’archéologie, le lecteur a très vite l’impression d’être dans une rêverie pour ne pas dire « fumisterie », en un mot, plus dans la fiction que dans la science. Cartésiens et rationalistes pourront aisément faire un détour…

Ma note

3/5

ESSAIS

DIEU, MON PREMIER AMOUR (GUY GILBERT)

Le résumé du livre

Né le 12 septembre 1935 à Rochefort-sur-Mer en Charente-Maritime, le père Guy Gilbert, surnommé « le curé des loubards », est un prêtre catholique français, éducateur spécialisé et écrivain prolifique. Il est issu d’une famille ouvrière de quinze enfants où il a trouvé beaucoup d’amour. Désirant très tôt être prêtre, il entre en 1948 au petit séminaire à l’âge de 13 ans. Alors qu’il est séminariste, il part en 1957 pour accomplir son service militaire en pleine guerre d’Algérie. C’est à Alger qu’il finit son séminaire et qu’il est ordonné prêtre. Il reste auprès de Monseigneur Duval de 1965 à 1970. De retour à Paris, il exerce son activité de prêtre dans la rue et devient éducateur spécialisé pour les jeunes délinquants dans le 19e arrondissement. En 1974, grâce à un legs, il achète une ferme à La Palud-sur-Verdon, « une ruine loin de Paris », pour y installer un lieu d’accueil, la « Bergerie de Faucon » où, avec une équipe d’éducateurs, il tente de réinsérer des jeunes en difficulté, par le travail et le lien avec les animaux.

Ma critique

« Dieu, mon premier amour » se présente comme un essai de vulgarisation sociologique, théologique voire philosophique très facile d’accès. Avec des mots simples, Guy Gilbert nous partage ses réflexions sur son engagement, sur sa vocation, sa foi, son amour de Dieu et son ministère auprès des plus humbles. Le tout est présenté sous la forme d’une série d’articles, de portraits, d’anecdotes sans lien chronologique ni thématique, un peu comme une compilation. Lire cet ouvrage permet de mieux comprendre la démarche de ce religieux atypique qui sous des dehors rebelles (perfecto, jeans et santiags) cache un esprit évangélique parfaitement dans la ligne de l’Eglise. Il a compris qu’il ne pouvait pas donner sans lui aussi recevoir. Aussi s’accorde-t-il des pauses de retraite spirituelle de trois jours tous les dix jours dans un monastère et des breaks de six jours par mois dans sa bergerie. Un ouvrage abordable et qui interroge pour qui s’intéresse à la charité et à la spiritualité chrétienne.

Ma note

4/5

AVENTURESROMAN

JEAN VILLEMEUR (ROGER VERCEL)

Le résumé du livre

Seul maître à bord après Dieu, Jean Villemeur, capitaine très respecté du Vulcain, robuste chalutier au long cours, emmène son épouse Hélène et son fils Jean jusqu’à Boulogne, port de départ de sa nouvelle campagne de pêche prévue pour durer quatre longs mois. Sa femme doit y retourner à terre. Il espère que son fils en fera autant, car il ne souhaite pas qu’il prenne sa suite dans ce métier de marin pêcheur ingrat et difficile. Mais le jeune s’obstine et impose sa présence à bord. L’ennui c’est que le métier ne rentre pas. Il souffre atrocement du mal de mer et n’arrive pas à trouver le moindre intérêt pour la pêche au chalut. Arrivés en vue de l’Islande, il leur faut y faire escale pour permettre à un matelot de se faire soigner les dents. Villemeur voudrait en profiter pour y laisser son fils qui pourrait ainsi rentrer en France au plus vite. Mais celui-ci refuse à nouveau…

Ma critique

« Jean Villemeur » est un roman maritime datant de 1950. Malgré l’outrage des ans et un style précis mais un peu ampoulé, il reste intéressant à lire même aujourd’hui, à la fois à titre de document sur les conditions de vie des marins-pêcheurs de l’autre siècle mais aussi pour l’histoire finement contée qui se développe en huis-clos, à bord du Vulcain. L’intrigue a quelque chose d’un antique drame qui s’établit graduellement, par petites touches, pour exploser dans les dernières pages de façon aussi logique que tristement humaine. Le héros, Jean Villemeur, est une sorte d’archétype de capitaine solitaire, fier, dur à la peine, peu causant, mais admiré de son équipage. L’obstination du fils qui est loin d’avoir la carrure et la fermeté de son père, ne s’explique elle aussi qu’en toute fin. Un ouvrage sur la mer, intéressant et émouvant, à classer avec ceux de Conrad, Melville ou Quéffelec.

Ma note

4/5

ESSAIS

BONSAÏ PASSION (KEN NORMAN)

Le résumé du livre

Cultiver les bonsaïs, ces arbres nanifiés et élevés dans des poteries, demande du soin, de la minutie et un grand respect des équilibres naturels. C’est un art qui apparut d’abord en Chine avant d’être introduit au Japon et d’être maintenant répandu partout dans le monde. L’auteur de cet ouvrage est lui-même un passionné d’origine britannique, un des plus grands spécialistes des bonsaïs, juge de la Royal Horticultural Society et lui-même exposant à huit reprises au Chelsea Flower Show où il reçut six fois la médaille d’or. C’est dire si ses conseils peuvent être précieux !

Ma critique

« Bonsaï passion » est un traité d’horticulture qui, par son volume et ses très nombreuses et spectaculaires photographies peut se classer dans les livres de collection. Un néophyte dans cette culture particulière y apprendra tout ce qu’il faut savoir sur le sujet. Après une introduction et un historique, il trouvera toutes les indications sur les dimensions, les proportions, l’esthétique, les techniques de culture, les obtentions par greffe, semis ou bouturage, les présentations. Les chapitres les plus importants sont sans doute ceux consacrés aux soins et entretiens au fil des saisons et le répertoire de toutes les sortes de bonsaïs. On déplorera que toutes n’aient pas une photo dédiée. Très complet et richement illustré, l’ouvrage s’achève sur un glossaire et un très utile carnet d’adresses. Un peu moins complet que le « Larousse des Bonsaïs », cet ouvrage de grande qualité intéressera sans nul doute les amateurs du genre.

Ma note

4/5

ESSAIS

ÊTRE PARENT, LA BOÎTE À OUTILS (ARIANE HEBERT)

Le résumé du livre

Le métier de parent est, sans aucun doute, le plus difficile et le plus exaltant qui soit. Quand un petit être vous arrive et que la responsabilité de son avenir vous tombe sur les épaules, on se sent plutôt démuni. Comment se comporter ? Quelle est la limite acceptable entre le rigorisme et le laxisme ? Comment s’y prendre pour élever correctement un enfant, c’est-à-dire l’amener à se réaliser, à devenir autonome et accompli pour ne pas dire heureux et équilibré ? À toutes ces questions et à quelques autres, Ariane Hébert, psychologue canadienne, apporte des réponses sous la forme de dix principes, de dix commandements que tout parent devrait appliquer s’il veut mener à bien sa délicate mission.

Ma critique

« Être parent, la boîte à outils » est un essai de vulgarisation psychologique et pédagogique présenté de façon particulièrement plaisante. Ariane Hébert ne se paie pas de mots. Elle ne théorise pas. Elle reste dans le concret et ne se laisse pas influencer par toutes les théories fumeuses à la mode. Son discours est basé sur le bon sens et l’expérience de sa pratique. Chacune de ses affirmations est étayée par une anecdote (souvent amusante) intitulée « Dans la vraie vie ». Assez loin des Dolto, Spock et autres pédopsys, l’auteure nous ramène à la réalité avec ses dix principes : donner un cadre, des règles, des limites, oser être source de frustration, ne pas oublier que l’enfant est calculateur, qu’il sait parfaitement à qui il a affaire, admettre que l’apprentissage de l’autonomie peut être douloureux, se rappeler qu’une pensée n’est pas un fait, ne jamais acheter la paix, apprendre à l’enfant comment se comporter, favoriser l’estime de lui-même et surtout ne jamais se payer de paroles, toujours passer à l’action. Un livre tonique, optimiste, agréable à lire et plein d’amusantes illustrations. À conseiller aux jeunes parents et aux autres…

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

DES BABOUCHES À ESQUIBIEN (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

À Saint Renan, au nord de la Bretagne, un tueur à gages provoque délibérément un accident envoyant au fond d’un étang une voiture avec son malheureux conducteur. Puis il abat d’une balle de révolver entre les deux yeux une vieille dame, chez elle, dans son jardin. Gwenn Rosmadec, ancien grand reporter devenu écrivain public et son épouse Soazic, par le biais d’un texte à fournir sur un étrange bienfaiteur de la commune, se retrouvent mêlés à cette affaire qui les mènera jusqu’en Arabie Saoudite où l’homme en question a longtemps travaillé et fait fortune avant de prendre sa retraite à Esquibien.

Ma critique

« Des babouches à Esquibien » est un roman d’aventures policières tilisant la plupart des codes du thriller. Il s’agit pour les deux héros d’empêcher que se produise un attentat contre un monument emblématique des Cornouailles. L’intrigue est bien menée quoi que le pot aux roses soit assez énorme et moyennement vraisemblable. L’auteur, grand amateur d’une certaine marque de whisky breton à base de blé noir, citée si souvent qu’on se demande s’il n’en est pas sponsorisé, connait parfaitement son sujet. Il décrit son petit coin de Bretagne avec autant de soin que la réalité de Djeddah. Rien que pour le dépaysement, cet ouvrage agréable à lire mérite le détour.

Ma note

4/5

ROMANTERROIR

MAURIN DES MAURES (JEAN AICARD)

Le résumé du livre

Au siècle dernier, en Provence, dans le massif des Maures, Maurin, braconnier facétieux aussi porté sur les femmes que sur la galéjade, et son ami Parlo-Soulet, grand gaillard taiseux, se retrouvent dans une auberge de campagne devant un auditoire de paysans à qui ils racontent des histoires en présence de deux gendarmes venus de Cogolin. Aussi inconscient que taquin, Maurin décide de jouer un tour qui ridiculisera les deux pandores ceci pour se faire valoir aux yeux d’une très jolie Corse qui plait beaucoup au coureur des bois. Les deux compères profitent d’un moment d’inattention pour s’emparer des chevaux des pandores, filent dans les bois avant de finalement les renvoyer à leurs propriétaires humiliés…

Ma critique

« Maurin des Maures », paru en 1908, est un roman de terroir comme on n’en écrit plus de nos jours. Il est très long, pas moins de cinquante chapitres et la bagatelle de 463 pages. Ça tire un peu à la ligne et donne l’impression d’une sorte de feuilleton écrit autour de la personnalité attachante de ce Provençal rebelle, républicain un tantinet anarchiste, toujours prêt à jouer des tours à la maréchaussée qui n’a de cesse de le pourchasser sans jamais parvenir à le coincer. Il y a du Jacquou le croquant et du Robin des bois chez Maurin et bien sûr ce gros plus méridional, vantardise, jovialité et tartarinades incluses. Toute l’intrigue tourne autour de l’idylle contrariée avec la belle Tonia promise au gendarme Alessandri. Le récit est entrecoupé des récits et commentaires du taiseux compagnon de Maurin ainsi que de quelques contes et anecdotes provençales servant en quelque sorte d’intermèdes. Très bien écrit, cet ouvrage n’est pas désagréable à lire. Il peut encore intéresser les amateurs de folklore méridional. Aicard, poète parnassien, ami de Verlaine et Rimbaud, est malheureusement un peu oublié de nos jours.

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

MÉMOIRES DE SEPT VIES / CROIRE ET OSER (JEAN-FRANÇOIS DENIAU)

Le résumé du livre

Au cours d’une existence incroyablement remplie, Jean-François Deniau fut chargé par plusieurs hauts dirigeants français ou étrangers des missions les plus diverses et les plus périlleuses. Il fut entre autres négociateur pour la Commission Européenne, homme des missions les plus secrètes et les plus délicates comme (par exemple) libérateur d’otages en Bosnie pour des pilotes capturés ou en Afrique noire pour une religieuse embastillée par les soins des sbires de Bokassa. Tour à tour marin, ministre, diplomate, baroudeur (il a passé clandestinement d’innombrables frontières pour rejoindre des maquis), envoyé spécial, écrivain ou académicien, il se retrouva défenseur du Liban, spécialiste de la Yougoslavie et expert de la politique agricole commune à Bruxelles. Véritable homme-orchestre qu’aucune détresse ne laissait indifférent, on le retrouva sur tous les théâtres d’opérations du Liban à l’Afghanistan, en passant par la Tchétchénie, la Bosnie et tant d’autres…

Ma critique

Avec pudeur et élégance, il nous livre une deuxième fournée de ses Mémoires, faites de rencontres exceptionnelles, de combats toujours pour la bonne cause, de réflexions politiques aussi élevées que désabusées, de rêveries et autres réflexions plus ou moins philosophiques. Personnage extraordinaire de courage et de générosité, chevalier des temps modernes, Deniau devait peut-être à sa foi et à ses lointaines origines irlandaises et serbes, ce goût de l’aventure sous toutes ses formes, cette passion dévorante d’aider les plus démunis et cette volonté de s’intéresser à tout. Rien ne l’arrêta, ni la maladie qui le frappa cruellement à de très nombreuses reprises, ni l’incompréhension de ses pairs, ni les basses manœuvres de la politique politicienne. Il voulut réaliser son rêve d’enfant : aller au bout de ses sept vies. Une magnifique leçon de courage, de volonté, d’altruisme et d’abnégation. Un ouvrage intéressant pour les amateurs d’histoire et de géopolitique contemporaine (sur la période 1945-1995), écrit au fil de la plume, sans souci d’ordre chronologique et sans jamais tomber dans les travers de l’effet facile ou de l’indiscrétion.

Ma note

4/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

MÉMOIRES DE SEPT VIES / LES TEMPS AVENTUREUX (JEAN-FRANÇOIS DENIAU)

Le résumé du livre

Issu d’une famille de viticulteurs et de forestiers, établie depuis plus de quatre siècles en Sologne sur le domaine de Chambord, Jean-François Deniau eut une vie des plus aventureuses. Il fut étudiant pendant la seconde guerre mondiale et volontaire pour l’Indochine, homme politique, ambassadeur, ministre, commissaire européen, député, président du Conseil général du Cher, essayiste, romancier et membre de l’Académie française. Il fut aussi navigateur émérite, envoyé spécial dans des zones de combats et soutien de peuples opprimés tels les boat people. Il échappa onze fois à la mort et subit un très grand nombre d’interventions chirurgicales particulièrement lourdes. Hors normes dans le paysage politique français, et même carrément électron libre pour les partis de droite, il faisait de la politique en ne se souciant que de servir et non de se servir et sans jamais chercher à faire carrière. Un juste, une sorte de chevalier des temps modernes.

Ma critique

« Les temps aventureux » est le premier des deux tomes de ses mémoires. Il relate la première partie de sa vie, sa jeunesse, ses études et ses premiers pas dans la carrière. Il comporte sept chapitres qui, même s’ils suivent un relatif ordre chronologique n’en demeurent pas moins écrit apparemment un peu au fil de la plume. Deniau reste d’une grande discrétion en ce qui concerne sa vie privée. Il préfère nettement relater toutes sortes d’anecdotes réelles ou inventées. (Difficile avec lui de savoir où se situe la frontière entre réalité et fiction). Il faut dire qu’avec une vie aussi riche et aussi remplie en aventures et rencontres (l’auteur a côtoyé les grands de ce monde Adenauer, Pompidou, Giscard, Kissinger, Jean Monnet, Kroutchev, Louise de Vilmorin, François-Poncet et tant d’autres), il y a forcément ample matière à raconter. Ce touche-à-tout de génie, membre de l’Académie Française, qui fut aussi un grand romancier, se révèle également excellent mémorialiste même si son élégance et sa discrétion pourront décevoir les amateurs de révélations inédites.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LES CROISES DE MARA (GEORGES-JEAN MARA)

Le résumé du livre

Après un long périple en galère galactique, Laur le Négociateur fait escale à Vasa, la Cité des boues où les populations vivent une sorte de Moyen-Âge barbare et cruel sous la coupe du tyrannique Honorat. Aux jeux du cirque, il assiste au supplice infligé à quatre malheureux Ganathiens brûlés vifs, mais ne supporte pas qu’un sort semblable soit réservé à son ancien maître Cydras le Reclus. Il échoue à le faire évader et se retrouve dans un cul de basse fosse en compagnie d’un certain Buch l’Educateur. Laur s’attend à être exécuté à son tour. Mais il est stupéfait quand l’Honorat-Major lui assigne pour mission d’assassiner Dorle le Prophète ainsi que ses principaux lieutenants ganéthiens. La vie et la libération de Cydras est à ce prix.

Ma critique

« Les croisés de Mara » est un roman de science-fiction paru en 1971 aux mythiques éditions du Fleuve noir. L’intrigue se présente comme une lutte entre deux tyrannies, deux totalitarismes, l’un totalement matérialiste, l’autre nettement plus religieux et même carrément fanatique. Le lecteur pourra y voir une allégorie du bolchevisme et de l’islamisme. Inutile de dire qui l’emporte des deux. L’esprit est nettement moins optimiste que dans la SF des années cinquante pleines de confiance en l’avenir. Déjà pointait le pessimisme et les ambiances sombres et plus ou moins désespérées. Arnaud entrevoit l’importance des énergies nouvelles, le solaire en particulier, l’arrivée des androïdes quasi-humains, et des intelligences artificielles, mêmes si toutes ces nouveautés techniques n’ont que peu d’importance dans cette histoire assez bien écrite mais pas spécialement originale. Pas le meilleur opus du prolifique auteur.

Ma note

3/5

LOISIRS

LE PETIT LAROUSSE DES BONSAÏ (ISABELLE & RÉMY SAMSON)

Le résumé du livre

Le Bonsaï est un arbre miniaturisé cultivé dans une poterie, en intérieur ou en extérieur. C’est une pratique orientale très ancienne. Le mot lui-même signifie « arbre sur un plateau » ou « arbre dans un pot ». Historiquement parlant, il est né en Chine. On en retrouve ses prémices au IIIème siècle avant J.-C. Il aurait ensuite été introduit au Japon au XIIème siècle et ne serait apparu en Europe au XIXème siècle grâce à des voyageurs qui découvraient l’Orient et commençaient à mettre l’art oriental à la mode. Le lecteur se doute que c’est tout un art délicat de faire vivre un arbre même nanifié dans de telles conditions.

Ma critique

« Le petit Larousse des bonsaï » est une somme, une belle réussite éditoriale des éditions Larousse. C’est un peu la bible de l’amateur de bonsaï. Il est composé d’une présentation des pratiques de cultures. Comment en créer ? À partir de quoi ? (semis de graines, bouturage, marcottage, greffage) Comment l’entretenir ? (Rassembler les meilleures conditions de culture, taille, rempotage, arrosage, vaporisation, ligaturage…) Comment diagnostiquer et soigner les principales maladies. Les principales espèces sont présentées avec toutes leurs caractéristiques et leurs particularités de culture. De très nombreuses illustrations, photos, dessins agrémentent cet ouvrage très complet qui ravira aussi bien les simples amateurs que ceux qui voudraient se lancer dans cette culture particulière. Un incontournable.

Ma note

4,5/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / LE CHANT DU CYGNE (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

Nous sommes maintenant en 1926. La Grande-Bretagne vit une réalité sociale difficile et chaotique. Les mineurs et les cheminots se sont embarqués dans une grève interminable. L’économie du pays est impactée en raison de la pénurie de charbon et des chemins de fer qui fonctionnent au ralenti. Craignant pour l’avenir, Tante Winifred a fait des stocks de nourriture. Avec quelques-uns de leurs amis artistes et membres de la haute société, Fleur et Mickaël ont décidé de créer une cantine pour distribuer des repas aux ouvriers nécessiteux. Le nouveau député tente également de collecter des fonds pour transformer en logements corrects et dotés de l’électricité toutes sortes d’habitations ouvrières insalubres. De son côté, June continue à vouloir lancer de jeunes peintres inconnus…

Ma critique

« Le chant du cygne » est le dixième et dernier tome de la saga des Forsyte. C’est le plus sombre et le plus social de la série. On y voit la montée en puissance du syndicalisme et des idées communistes, l’importance de la question sociale et l’évolution des mœurs. En bon conservateur, Soames ne voit rien de bon dans tout cela. Quand on lui propose d’intégrer un comité pour l’électrification des taudis, il refuse d’y participer. Il ne comprend pas grands choses aux nouvelles mœurs (coupe à la garçonne, danses « modernes » comme le charleston) et rejette l’art nouveau, la peinture moderne, lui qui fut un collectionneur averti d’œuvres d’art. Sans dévoiler le final, on dira simplement que la saga s’achève sur un terrible drame. Le lecteur quitte avec un certain regret le personnage principal qu’il côtoie depuis le début et auquel il a fini par s’attacher. Une saga magistrale, très bien écrite, plus intimiste que sociale dans son ensemble, qui, vu sa longueur demande une certaine constance au lecteur.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE (À LOUER)

Le résumé du livre

La saga redémarre en 1920. Suite au premier conflit mondial, la situation politique et sociale a beaucoup évolué en Angleterre. Soames voit ses impôts augmenter considérablement. Il découvre que les socialistes voudraient procéder à des prélèvements sur le capital, ce qu’il considère comme une idée folle, tout à fait dans la ligne de la démence générale qui, à ses yeux, s’est emparée du pays. Sa fille Fleur poursuit ses études dans un pensionnat des plus huppés. Et voilà que dans une exposition de peinture, Soames fait la connaissance du jeune Michaël Mont, un baronnet. Sans trop réfléchir, il l’invite chez lui. Par son entremise, Fleur rencontre Jon, son cousin germain dont elle ignorait l’existence. Les deux jeunes gens tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, ce qui n’est pas du tout du goût de leurs parents qui voient leur douloureuse histoire ressurgir sous une forme inattendue avec la nouvelle génération.

Ma critique

Nouvel épisode de la « Dynastie des Forsyte », « À Louer » tourne autour des amours contrariées de Jon et de Fleur, nouveaux Roméo et Juliette victimes du passé de leurs parents respectifs. Ce tome est un peu moins sombre que le précédent à ceci près que les histoires d’amour finissent mal en général. John Galsworthy l’illustre parfaitement avec cette romance douce-amère. Nouvelle génération, même trio perdant. Mêmes erreurs ! L’expérience des parents ne sert en rien celle des enfants. L’ensemble est magnifiquement observé et décrit. Le style très descriptif, minutieux, pointilleux, quasi proustien, porte une histoire bien construite et surtout pleine de personnages criant de vérité. Plus le lecteur avance dans la saga, plus il s’attache à ces Forsyte plein de défauts et de qualités. Et surtout humains, si humains.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / LES PASSANTS (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

À Washington, district de Columbia, Soames termine en compagnie de sa fille Fleur et de son mari Mickaël, un tour du monde qui a duré six mois et qui a permis à sa fille de retrouver un certain équilibre largement mis à mal lors de son procès avec Marjorie. Un jour, il se trouve dans un cimetière en train d’admirer une statue quand il aperçoit par hasard le jeune Jon, premier amour de Fleur, en compagnie d’Anne, son épouse américaine. Il est hors de question que les deux personnages se rencontrent. Soames est troublé quand il réalise qu’Irène qui l’a tant fait souffrir est également du voyage…

Ma critique

Neuvième et avant dernier épisode de la saga des Forsyte, « Les passants » est un court intermède un peu mélancolique avant le tome final intitulé « La mort du cygne ». Soames s’achemine vers la fin d’une vie riche en péripéties. Il aura été le fil rouge de toute cette histoire. Il réalise la vanité de toute chose, les difficultés de compréhension entre les humains et la solitude omniprésente. La mort rôde autour du vieil homme. Les fantômes du passé ressurgissent. La fin est proche. Pourtant, lui demeure, fatigué, las, mais bien décidé à encore résister, à ne pas baisser pavillon. Après tout, bien d’autres vieux Forsyte, ont passé le cap des 70 ou des 80. Il s’en est même trouvé un pour finir centenaire. À ce stade du récit, le lecteur attend un dénouement digne du niveau élevé de l’ensemble.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / LA CUILLÈRE D’ARGENT (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

Mickaël, qui a abandonné ses responsabilités dans le monde de l’édition et la plupart de ses espoirs littéraires, décide de se lancer dans la carrière politique. Son père use de son influence pour lui obtenir un poste de député conservateur alors que le cœur de son fils pencherait plutôt du côté du socialisme et du travaillisme. Mickaël consacre d’ailleurs son premier discours au Parlement à exposer la doctrine « foggartiste », du nom d’un théoricien prônant le retour à la terre et l’envoi d’un maximum de jeunes gens dans les colonies britanniques, histoire de résorber le chômage. De son côté, Soames se retrouve avec une mauvaise affaire sur les bras. Une certaine Marjorie Ferrar, petite-fille d’un lord désargenté, s’étant ouvertement moquée de Fleur lors d’une réunion mondaine, son père a pris sa défense, l’a insultée et jetée dehors. Il est menacé d’un procès s’il ne présente pas d’excuses. Fier et sûr de son bon droit, Soames refuse…

Ma critique

« La cuillère d’argent » qui représente le huitième épisode de « La dynastie des Forsyte », est un tome nettement plus social que d’autres. L’auteur dépeint en parallèle les milieux les plus aisés, ceux qui naissent avec une cuillère d’argent dans la bouche, et les plus démunis, ceux qui croupissent dans les ruelles les plus sordides de Londres. Il nous offre une scène de « comédie » (dans le sens de la « Comédie humaine » de Balzac) judiciaire avec ce procès ridicule impliquant Fleur et Marjorie, deux égéries « libérées » du milieu artistique et littéraire en vogue dans la capitale. Le regard de Galsworthy est aussi amusé que désenchanté sur le milieu judiciaire que sur les tentatives maladroites de réinsertion à la campagne de pauvres bougres bien peu à la hauteur du défi que cela représente. Encore un tome bien intéressant autant par la qualité du style (quelque part entre Dickens et Zola) que pour les intrigues croisées et les personnages bien pétris d’humanité.

Ma note

4/5

ROMANROMANCE

LA DYNASTIE DES FORSYTE / DÉCLARATION SANS PAROLE (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

En février 1924, en Caroline du Nord, le jeune Jon Forsyte, après un échec en Colombie britannique, s’est lancé dans la culture des pêches. Au cours d’une partie de campagne dans son cercle d’amis, il fait la connaissance d’une jeune et jolie Américaine, Anne Wilmot, sœur de son ami Francis. Le pique-nique se passe au mieux. Le groupe continue en direction de tumulus indiens. Jon et Anne se proposent de rentrer à cheval à l’hôtel. Ils finissent par se perdre et par se laisser surprendre par la nuit. Jon ressent une attirance immédiate envers la jeune fille. Va-t-il lui déclarer sa flamme ? Osera-t-il se lancer, faire le premier pas ?

Ma critique

« Déclaration sans parole » représente le septième épisode de la dynastie des Forsyte. C’est une sorte d’intermède ensoleillé entre deux séquences dramatiques. John Galsworthy nous offre une charmante parenthèse romantique dans un décor de grands espaces et dans une ambiance de vie libre et sauvage. Cela lui permet de faire un parallèle avec l’atmosphère plus confinée, autant dans les décors que dans les esprits, de la vieille Angleterre. Au passage, il n’oublie pas d’évoquer tous les problèmes du sud profond : la ségrégation raciale, la justice expéditive, les lynchages, etc. Un ouvrage court mais intéressant qui permet au lecteur de reprendre son souffle avant la suite des évènements de cette saga à la fois intimiste et sociale.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / LE SINGE BLANC (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

La saga reprend en 1926 dans une atmosphère de crise un peu délétère. Fleur et Mickaël ne sont mariés que depuis deux ans. Leur salon sert de base à bon nombre d’artistes de l’avant-garde : peintres, romanciers, poètes, sculpteurs, etc. L’un d’entre eux, Wilfrid Desert, qui fut le compagnon d’armes et le témoin de mariage de Mickaël Mont, s’aperçoit qu’il est en train de tomber amoureux de la trop charmante Fleur. N’étant pas payé en retour, l’artiste envisage de partir courir le vaste monde, histoire d’oublier cet amour impossible. Suite à son alliance avec les Mont, Soames se retrouve au Conseil d’administration d’une compagnie d’assurances fort mal gérée. Un administrateur-délégué s’est permis de graves malversations. Soames refuse d’étouffer l’affaire…

Ma critique

« Le singe blanc » est le sixième épisode de « La dynastie des Forsyte ». Très habilement, John Galsworthy en profite pour faire évoluer ses personnages et la situation. L’honnêteté et la rigueur ne semblent plus de mise dans une époque d’avidité et de profit. La saga évolue plus nettement vers le roman social. Le tableau est assez noir. Les gentlemen de la City laissent apparaître leur lâcheté et même une certaine forme de malhonnêteté. Un petit couple de prolétaires, Victorine et Tony Bicket, luttent pour leur survie. L’un en vendant des ballons de baudruche dans la rue et l’autre en posant nue pour des peintres plus ou moins respectueux. Et là, il y a du Dickens ou du Zola sous la plume de Galsworthy. L’épisode se termine assez mal pour Soames qui prend de plus en plus une stature de Commandeur, de dernier témoin d’une autre époque. Décidément, le lecteur ne se lasse pas de cette longue saga, car évolutions et rebondissements ne manquent pas cette fois encore.

Ma note

4/5

POLICIER

L’ŒUVRE DES PIEUX (VALÉRIE LYS)

Le résumé du livre

Ayant à peine résolu une affaire dans la ville de Quimper, le commissaire Velcro est aussitôt récupéré par Delcourt, son collègue de Rennes alors qu’il espérait enfin rentrer à Paris pour profiter un peu de son canapé et de sa clarinette. Sur le lieu du crime, un appartement inoccupé, Velcro découvre un homme torse nu, agenouillé sur le sol, un rabot à la main, dans la posture d’un ponceur de parquet. Un pieu planté dans sa poitrine le maintient dans cette position particulière. La victime se révèle être l’adjoint du ministre de la Culture. Cet assassinat risque de faire du bruit en haut lieu. Ainsi démarre en terre bretonne une nouvelle enquête qui s’annonce compliquée pour Velcro.

Ma critique

« L’œuvre des pieux » est un roman policier de facture tout à fait classique avec un petit côté thriller très bienvenu dans la mise en scène des crimes. L’intrigue est menée de main de maître. Le lecteur se perd dans diverses pistes très plausibles mais qui toutes ne mènent à rien avant que ne soit révélée en toute fin la clé de l’énigme tout à fait inattendue. Il y a de l’Agatha Christie chez Valérie Lys. On ne lit pas son ouvrage, on le dévore, tant le rythme est soutenu et l’intérêt jamais pris en défaut. L’écriture est limpide, fluide et agréable. Les personnages sont intéressants. Velcro bien sûr, mais aussi Déborah, la stagiaire, hyper efficace et presque surdouée et même Gustave le photographe philatéliste. Ils sont même attachants parce qu’ambigus. Livre à conseiller à tous les amateurs de bons polars qui font bien travailler les petites cellules grises !

Ma note

4,5/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / L’AUBE (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

1909. Soames s’est marié avec Annette surtout dans le but d’avoir un héritier à qui il pourra transmettre sa conséquente fortune. Mais, à l’issue d’un accouchement dramatique, sa jeune épouse met au monde une fille qui sera prénommée Fleur. De son côté, Irène a refait sa vie avec Jolyon Forsite, l’artiste de la famille. Ensemble, ils ont eu un enfant, le petit Jolyon, surnommé « Jon ». À huit ans, c’est un bambin solitaire et imaginatif qui vit dans ses rêveries et qui s’invente des histoires inspirées de celles de Tom Sawyer et Huckleberry Finn ou du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde…

Ma critique

« L’aube », bref épisode de la « Dynastie des Forsyte » se présente comme une sorte d’intermède chaleureux, agréable comme un matin d’été entièrement centré sur un petit personnage charmant. Une ode à l’enfance, à son monde aussi enchanté que terrifiant. En effet, comme il est hypersensible, le petit Jon est sujet à de terribles cauchemars. Ses parents sont souvent partis en voyage à Paris et un peu partout en Europe. Il passe donc son temps à les attendre, gardé par sa nurse et par sa tante June. Il voue un véritable culte à sa maman Irène. Une très jolie parenthèse, toujours parfaitement écrite. Rarement le monde de l’enfance n’a été aussi magistralement décrit.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / AUX AGUETS (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

Trois années plus tard, en 1895, Susan Hayman, celle des sœurs Forsyte qui était mariée, meurt et est incinérée. Quatre ans plus tard, en 1899, c’est le tour de Roger Forsyte de quitter cette terre. Ruiné en raison des performances décevantes d’un pur-sang, Montague Dartie doit s’enfuir de chez lui comme un voleur quand sa femme, Winifred Forsyte découvre qu’il lui a également dérobé un magnifique collier de perles. Soames lui conseille d’en passer par le tribunal dans le but d’en arriver à un divorce en bonne et due forme, seule manière de se débarrasser de ce boulet impécunieux. Lui-même a fait la connaissance d’Annette, fille d’une restauratrice française. Il songe à refaire sa vie avec elle malgré les 25 ans qui les séparent, mais cela risque d’être compliqué car depuis des années, il n’est que séparé de corps et non divorcé d’Irène.

Ma critique

« Aux aguets » représente le troisième volet de la « Dynastie des Forsyte ». L’accent est mis cette fois encore sur Soames, honnête, rigoureux, toujours amoureux de sa femme, et à qui tant de choses résistent. Pour lui, comme pour beaucoup d’ailleurs rien ne se produit comme il le voudrait et pourtant ce n’est pas l’argent qui lui manque. Dans cet épisode, les évènements extérieurs et en particulier la guerre des Boers en Afrique du Sud précipitent les choses. Val et Jolly s’enrôlent dans une sorte de surenchère un brin ridicule. La conséquence ne tardera pas. À cette époque, se produit également le décès de la reine Victoria. C’est toute une époque qui s’achève et un monde nouveau qui apparaît avec les premières automobiles et surtout une nouvelle mentalité. Dans cet opus, l’intrigue prend un tour nettement plus dramatique, ce qui maintient l’intérêt et incite à poursuivre une lecture agréable surtout pour les personnages attachants car très humains.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / DERNIER ÉTÉ (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

En 1892, le gros Swithin qui s’est laissé mourir à l’âge de 79 ans, quitte la scène en jetant un doute sur la longévité indéfinie des Forsyte. Tante Ann l’avait d’ailleurs précédée dans la mort en 1886, date d’ouverture de la saga. Le vieux Jolyon qui a racheté la maison de Soames vit maintenant à la campagne avec ses petits-enfants et son fils Jo qu’il a institué comme seul et unique héritier de ses biens. Un jour, alors qu’il se promène dans le bois de Robin Hill, Jolyon se retrouve face à Irène, la réprouvée, la rejetée et l’invite à dîner. Maintenant séparée définitivement de Soames, elle lui apprend qu’elle vit seule dans un modeste appartement de Chelsea et qu’elle donne des leçons de musique pour subvenir à ses besoins.

Ma critique

« Dernier été » représente le seconde épisode de « La dynastie des Forsyte ». C’est un court roman ou une sorte de longue nouvelle (novella) en forme de point d’orgue dans le déroulé des évènements. Six années ont passé. Les passions se sont apaisées avec la disparition de Bosinney, le divorce et la nouvelle vie d’Irène. Le lecteur sent que l’histoire prend un tournant plus dramatique. C’est le tout dernier été du patriarche qui va tirer sa révérence de manière particulièrement poétique. La belle Irène, femme adultère source de scandale, va égayer les derniers instants du vieil homme qui, sous des dehors un peu rugueux, montre de belles qualités de cœur. Il est humain, très humain. Emouvant même quand on le voit essayer de réchauffer ses vieux os au spectacle de la jeunesse et de la beauté. On attend la suite en se doutant que l’intrigue va prendre un nouveau cap après ce moment dramatique.

Ma note

4/5

ROMAN

LA DYNASTIE DES FORSYTE / LE PROPRIÉTAIRE (JOHN GALSWORTHY)

Le résumé du livre

Le 15 juin 1886, la famille Forsyte, roturiers enrichis dans les affaires, est réunie dans la maison de son chef, le vieux Jolyon pour y célébrer les fiançailles de June, sa petite-fille, avec Philip Bosinney, architecte fantasque et désargenté. Autant dire une mésalliance. Pour être certain que le fiancé sera capable de subvenir aux besoins de sa future femme, Jolyon a exigé que le mariage ne soit pas célébré tant que l’impétrant ne soit capable de gagner au minimum 400 livres par an, ce qui risque de prendre pas mal de temps. Un jour, Soames, l’un des frères Forsyte, décide néanmoins de confier au jeune architecte la responsabilité de la construction d’une somptueuse maison de campagne. Mais rien ne se passe comme prévu. Le montant du devis initial est largement dépassé. Et pour ne rien arranger, son épouse Irène se montre de plus en plus distante et commence même à s’intéresser un peu trop au nouveau venu dans le clan…

Ma critique

« Le propriétaire » est le premier tome de « La dynastie des Forsyte », une saga qui en comporte dix. Le lecteur y découvre la vie d’une famille de la haute bourgeoisie dans l’Angleterre de la fin du règne de la reine Victoria. Partis de rien, leur ancêtre n’étant qu’un modeste fermier, ces gens ont gravi un à un tous les échelons d’une société en pleine expansion. Ils sont devenus négociants (comme Jolyon), notaires (comme James), administrateur de sociétés foncières (comme Swithin) ou propriétaires d’immeubles (comme Roger). Ils fréquentent le meilleur monde et ne pensent qu’à une chose, conserver leur patrimoine et, si possible, encore et toujours le faire prospérer. Aussi quand l’un des membres du clan sort un peu des rails, tel le jeune Jolyon qui se voudrait artiste peintre, il est rejeté sans la moindre pitié. Cette situation est très minutieusement décrite. Les personnages et tout particulièrement Soames, June, Bosinney, Irène et le vieux Jolyon sont tous criants de vérité. Ça sent même terriblement le vécu. Le style est ample et particulièrement soigné. On trouve comme une parenté avec Balzac, Zola et même Anatole France chez Galsworthy (qui ne fut pas honoré du prix Nobel de littérature sans raison). On quitte ce premier opus tout à fait passionnant avec un très fort désir de découvrir la suite des aventures de ces gens.

Ma note

4/5

ESSAIS

CE QU’ON VOIT ET CE QU’ON NE VOIT PAS (FRÉDÉRIC BASTIAT)

Le résumé du livre

Que deviendraient les vitriers si personne ne cassait de vitres ? Quand il change une vitre, le vitrier gagne six francs. Il s’en réjouit. L’industrie vitrière profite. C’est ce qu’on voit. Mais les six francs dépensés pour réparer cette vitre ne peuvent plus l’être dans d’autres secteurs comme celui de la chaussure, du textile ou de l’édition. C’est ce qu’on ne voit pas. En fait, la société perd la valeur des objets inutilement détruits. Destruction n’est pas profit… L’Etat doit-il subventionner les Arts ? On ne saurait stimuler par le biais de l’impôt donc de l’argent du contribuable les industries du luxe sans léser les industries de nécessité, car toute somme d’argent ne pouvant être dépensée deux fois, ce qui est attribué au théâtre a forcément été pris ailleurs. La subvention qui prive le particulier d’une part de ses possibilités d’échange est-elle au moins efficace ? Les théâtres subventionnés ont-ils des finances équilibrées ? On peut en douter quand on sait que ce sont les théâtres privés, qui ne vivent que de leurs ressources propres, qui ont les meilleurs résultats. Bastiat démontre que le choix, l’impulsion et l’initiative doivent venir du bas, du citoyen/consommateur et non du haut, du législateur/prédateur. Selon lui, il en va de la liberté et de la dignité humaine.

Ma critique

« Ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas » se présente comme un essai d’économie politique clair et d’abord aisé. L’auteur en bon économiste libéral entend démontrer la nocivité des entraves apportées à l’économie réelle. Ses cibles principales sont la subvention, la réglementation abusive et bien sûr le gaspillage de l’argent public pour des projets qui sont bénéfiques en apparence et nocifs en réalité. Cet ouvrage publié en 1879 reste facile et agréable à lire. Les démonstrations de Bastiat sont claires nettes et sans bavure et toujours illustrées par des exemples concrets. Tout ce qui est expliqué n’est finalement que simple bon sens et parfait réalisme. On s’étonne que cet économiste, révéré dans le monde entier, soit si peu connu dans son pays d’origine. En fait, on ne s’étonne plus quand on admet que depuis Colbert et même avant, le dirigisme et le centralisme démocratique ou non ont toujours tenu le haut du pavé. Un classique à lire par tous ceux qui s’intéressent au sujet.

Ma note

4/5

ESSAIS

PROPRIÉTÉ ET SPOLIATION (FRÉDÉRIC BASTIAT)

Le résumé du livre

En 1848, les économistes socialistes ou anarchistes comme Proudhon remettent en question la légitimité même du principe de propriété privée. Frédéric Bastiat estime lui, que ce qui les dérange vraiment est en réalité ce qu’on peut appeler « la rente », c’est-à-dire le fait que les propriétaires semblent disposer à leur profit exclusif des biens que Dieu ou la nature ont offert gratuitement à l’ensemble de l’humanité. L’économiste libéral, référence mondialement reconnue sauf en France, croit que cette question essentielle sera résolue de manière satisfaisante pour tous s’il peut prouver que la propriété non seulement laisse à ceux qu’on nomme les prolétaires l’usufruit gratuit des agents naturels, mais encore le décuple ou le centuple. Il se dit « prêt à apaiser les prétentions de toutes les écoles économistes, socialistes et même communistes. »

Ma critique

Écrit sous la forme de cinq lettres, « Propriété et spoliation » se présente comme un court traité ou un bref essai de théorie économique de grande qualité. Les arguments s’enchaînent avec la précision d’un mouvement d’horlogerie. Les rapports économiques sont en réalité une suite d’échanges de services dans lesquels seuls sont facturés les efforts des humains et non les biens naturels. Quand on vous fait payer l’eau, il s’agit de rémunérer l’effort de l’homme qui l’a tirée du puits et qui l’a amenée jusque chez vous et non l’eau elle-même qui est toujours restée gratuite. La plus percutante des lettres est sans doute la cinquième, celle qui traite des impôts qui, eux, représentent la véritable spoliation, car ils ne procèdent pas de l’échange de services vu que ce sont toujours les mêmes qui paient et toujours les mêmes qui reçoivent. Ils sont même pernicieux dans la mesure où chacun essaie d’en payer le moins possible tout en cherchant à récolter le maximum d’allocations, subventions et services. Un ouvrage incontournable pour qui s’intéresse aux principes économiques.

Ma note

4/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

LE RETOUR À LA SANTÉ PAR LE JEÛNE (DR. EDOUARD BERTHOLET)

Le résumé du livre

Le jeûne apporte aux hommes un moyen infaillible et économique de rétablir leur santé dégradée par toutes leurs erreurs alimentaires, hygiéniques et autres. Bien entendu, cette pratique exige une adhésion, un effort et pas mal de volonté au départ. À première vue, il semble tellement plus simple d’avoir recours à une pharmacopée chimique souvent inopérante quand elle n’est pas carrément nocive, directement ou par ses effets secondaires. Les dangers du jeûne, — affaiblissement généralisé, amaigrissement et mise en danger vital — ne sont que craintes irrationnelles et mythes entretenus par des ignorants ou par des gens qui ont tout intérêt à ce que cette thérapeutique naturelle, radicale et efficace ne se généralise d’aucune façon, car de gros intérêts sont en jeu : multinationales pharmaceutiques, professionnels de la santé, etc.

Ma critique

« Le retour à la santé par le jeûne » est un essai de vulgarisation médicale assez bien construit et argumenté quoique de lecture un peu laborieuse. Le lecteur y trouvera tout un corpus doctrinal dans la ligne des travaux des docteurs Carton et Shelton. L’auteur commence par rappeler que les pratiques de jeûnes ont de tous temps existé, que toutes les religions sans exception l’ont prôné pour purifier autant le corps que l’âme du fidèle. Il rappelle qu’il ne faut surtout pas confondre faim et appétit et martèle de nombreuses fois que nous mangeons trop, beaucoup trop et que notre gourmandise a les pires effets sur notre santé. Il illustre son propos de nombreux exemples de cas cliniques. Les plus frappants sont ceux relatant les records de durée de vie sans absorber de nourriture comme celui de ce yogi hindou qui se fit enterrer et resta dix mois sans manger ni boire ou de ce bonze qui tint 26 jours ou de cette femme, surnommée « la jeunesse de Bourdeilles » qui s’abstint de nourriture pendant la bagatelle de 125 jours. Le docteur Bertholet expose également les méthodes de plusieurs de ces prédécesseurs comme Dewey, Carton ou Guelpa. L’ouvrage s’achève sur une très importante bibliographie. À lire par ceux que cette pratique interroge ou intéresse.

Ma note

3,5/5

AVENTURESSCIENCE-FICTION

LE DOCTEUR OMÉGA (ARNOULD GALOPIN)

Le résumé du livre

Retiré dans son cottage normand, le violoniste Denis Borel est témoin d’un incident surprenant. Il aperçoit un éclair suivi d’une énorme explosion en provenance d’une propriété voisine, celle du docteur Oméga. C’est son laboratoire de recherches qui vient d’exploser dans la nuit ! Le lendemain, Denis tente de rencontrer l’étrange personnage qui souffre d’une sulfureuse réputation dans toute la région. Il découvre que l’homme travaille sur la gravité des métaux. Il aurait même réussi à en produire un si réfractaire à la pesanteur qu’il pourrait permettre de s’élever tout seul jusqu’à l’espace. Il l’a appelé « Répulsite ». Il veut s’en servir pour fabriquer un engin en forme d’obus lui permettant d’atteindre rien moins que la planète Mars. Il propose à Denis de l’accompagner dans cette extraordinaire expédition.

Ma critique

« Le docteur Oméga », publié en 1906, est un roman d’aventures et de science-fiction tout à fait charmant et fort agréable à lire, même aujourd’hui. Le style est excellent, l’écriture impeccable. Ah ! Comme on savait bien écrire au début de l’autre siècle ! Comme la langue était belle, fluide et précise ! Assez proche de celle de Jules Verne, l’inspiration de Galopin profite d’une imagination débordante bien qu’un peu naïve. Il faut dire que les connaissances scientifiques de l’époque étaient moins développées que celles de maintenant. Et pourtant, on se régale en découvrant tout ce qui arrive à ce malheureux équipage. Tous les éléments de la future science-fiction sont déjà là : le voyage dans l’espace avec rencontre d’astéroïde, l’environnement hostile de la planète Mars avec une kyrielle d’animaux plus monstrueux les uns que les autres, et, comme point d’orgue, les démêlés avec les Martiens (décrits presque comme l’homme de Roswell) qu’il ne faut pas raconter pour ne pas déflorer une intrigue aussi foisonnante que passionnante car riche en rebondissements et incidents de toutes sortes. À lire pour découvrir quel génial précurseur fut ce prolifique auteur français un peu oublié.

Ma note

4,5/5

DARK-FANTASY

LES CHRONIQUES DE TELLUS / L’ÉVEIL DES GUERRIERS (JULIA COOPER)

Le résumé du livre

Dans les temps anciens, Solstyce, dompteuse de dragons morte et réincarnée, a aimé Kadicha, vaillant guerrier de modeste origine. Tenylessia, impératrice du ciel et des océans et également dragonne immortelle, se demande comment va redémarrer l’éternel combat contre les forces maléfiques emmenées par le Dieu-Démon. Pour savoir qui mènera le combat, elle rend visite à Mârh, le haut mage. Elle voudrait qu’il lui révèle les noms des successeurs de Solstyce et Kadicha. Pour Mordreka, l’impératrice de la mort, ce devrait être Arion, jeune homme de basse extraction, qui doit d’abord contacter les trois sœurs de Mordreka : Terra, impératrice de la Terre, Océania, reine des océans et Célesta, impératrice de la vie et maîtresse des cieux. Puis, en compagnie de Sam, son père, Arion part à la découverte de la ville royale et fortifiée de Daroh où il rencontre Sir Daktiro qui l’introduit au palais du roi Balgar.

Ma critique

« Les chroniques de Tellus/ L’éveil des guerriers » est le premier tome d’une trilogie de pure dark-fantaisie. Tous les éléments du genre se trouvent réunis dans leur recette habituelle : rois, impératrices (fort nombreuses), elfes, nains, dragons, béhémots, mages, sorciers, etc. L’intrigue de ce premier opus se résume à une présentation de nombreux personnages qui font une courte apparition avant de disparaître et aux amours naissantes entre un vaillant roturier (Arion) qui a été adopté mais doit bien avoir un peu de sang bleu dans les veines, et une charmante princesse au caractère bien trempé (Larya). On assiste aux premières escarmouches et à la préparation d’une guerre qu’on nous promet terrible. Le style de l’auteure n’est pas désagréable en dépit d’une trop grande importance accordée aux dialogues, d’une certaine faiblesse dans les descriptions (pourtant primordiales dans ce genre particulier) et de quelques tournures ou expressions malheureuses ou hasardées. Au final, un demi-succès qui n’incite pas trop à continuer dans cet univers plutôt glauque.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

LES FEMMES (ALPHONSE KARR)

Le résumé du livre

De tous temps, les hommes ont dit du mal des femmes. Depuis Salomon (« la grâce de la femme est trompeuse et sa bonté n’est que vice ») jusqu’à Socrate (« Il vaut mieux demeurer avec un dragon qu’avec une femme ») en passant par Sénèque (« La seule chose qui puisse faire supporter la vertu chez une femme, c’est sa laideur ») et combien d’autres. Alphonse Karr, lui, souhaite en prendre le contrepied, en dire tout le bien qu’il en pense. Leur rendre hommage, ou à tout le moins justice. Mais, comme qui aime bien châtie bien, cet esprit brillant est quelquefois aussi capable d’avoir la dent dure…

Ma critique

« Les femmes » est un essai, une étude sans ambition scientifique, sur le comportement des femmes tout au long de leur vie. Le propos se veut objectif, réaliste et se retrouve quelquefois teinté de pessimisme voire d’ironie grinçante. La plupart des thèmes sont illustrés de quelques poèmes ainsi que d’anecdotes cruelles ou amusantes, véritables petites nouvelles finement ciselées. Alphonse Karr s’attarde sur de nombreux thèmes, légers comme la beauté, son importance, sa relativité, la mode, les chiffons, le maquillage ou plus graves comme la guerre, la condition dramatique de la fille-mère en milieu ouvrier ou l’éducation des enfants. Il démontre que dès l’enfance, la fille domine le garçon autant au niveau de l’intelligence que du courage. Cet ouvrage publié en 1853 par un brillant auteur, ami de Victor Hugo, journaliste, auteur de bons mots et écrivain prolifique, est encore agréable à lire de nos jours, surtout pour les chapitres sur l’éternel féminin, par principe intemporel, un peu moins pour les parties datées qui permettent, elles, de mesurer l’évolution des mœurs (baise-main, marques de politesse, etc.)

Ma note

4/5

AVENTURESFANTASTIQUE

LE JOYAU DES AMAZONES / BLACK IRBIS 2 (MATT SNOW)

Le résumé du livre

Emily Minerald, quinze ans, et son ami Frédéric sont deux lycéens orphelins qui, faute d’avoir connu leur passé, rêvent de se bâtir un avenir. Un jour, Emily est invitée par une société secrète, les « Albescens Veritas », lesquels se réunissent dans une cachette et lui proposent de lui apprendre les arcanes de la sagesse et de la tolérance. Elle fait la connaissance du charmant Jonathan Leduc. Mais bientôt, les méchants Ourobouros attaquent les gentils Albescens. Frédéric est blessé. Jonathan découvre son vrai visage. Quant à Emily, elle est capturée, envoyée en Allemagne, gardée prisonnière puis déportée sur une île mystérieuse à des milliers de kilomètres…

Ma critique

« Le joyau des Amazones », contrairement à son sous-titre qui pourrait faire penser à une suite de « La panthère des brumes », est un roman d’aventures et de fantaisie avec des personnages jeunes, ce qui donne envie de le classer dans la littérature ados. L’intrigue est bien menée, pleine de rebondissements, nettement moins répétitive que l’autre opus. L’auteur a multiplié les allusions et autres rappels de diverses mythologies avec une prépondérance pour la grecque, ce qui n’est pas désagréable et donne une touche d’originalité dans un genre plutôt axé sur un Moyen Âge ou une Préhistoire fantasmée. Il revisite également l’Atlantide, la légende des Amazones et quelques autres mythes. Le style est agréable en dépit de petites faiblesses de-ci, de-là. Le caractère des personnages n’est pas très nuancé avec des bons très gentils et des méchants très mauvais. L’ensemble a un petit côté BD qui aurait pu agacer. Mais la qualité du style, le rythme de la narration (beaucoup et peut-être trop de dialogues, fort peu de descriptions) et l’originalité de l’histoire emportent finalement l’adhésion.

Ma note

3,5/5

AVENTURESFANTASTIQUE

LA PANTHÈRE DES BRUMES / BLACK IRBIS 1 (MATT SNOW Y)

Le résumé du livre

A New-York, Lyona surnommée Lady Uncia ou Black irbis, est une mercenaire qui accepte de remplir diverses missions en échange de fortes sommes d’argent. Quand elle ne sert pas de garde du corps pour des célébrités, elle s’introduit dans un building pour y voler une clé USB pour le compte d’un commanditaire concurrent. Elle se considère comme une « Dominatrix »… De son côté, le narrateur se pose beaucoup de questions sur le « Noir », le mal, le côté sombre, ténébreux de l’âme humaine. Il fréquente des vampires qui, au premier abord, lui semblent des gens quasiment normaux.

Ma critique

« La panthère des brumes » est plus un roman d’aventures qu’un véritable roman de science-fiction, fantaisie ou même fantastique. L’intrigue est malheureusement très répétitive. L’héroïne entre par effraction dans un immeuble, s’empare d’un document quelconque et se retrouve aux prises avec des kyrielles de sbires qu’elle liquide un à un en se servant de son arme secrète, le mystérieux rayon bleu. Aucune progression dramatique, mais une suite de séquences de jeu vidéo. Une superwoman digne d’un James Bond en jupons en lutte contre de machiavéliques forces des ténèbres dont le lecteur ne comprend pas bien les motivations. Une histoire genre BD Marvel simpliste. Le style de l’auteur n’est pas désagréable en dépit de certaines faiblesses. Ce premier tome en annonce un second qu’on espère mieux construit et plus captivant. Quoi de plus lassant qu’une longue suite d’escarmouches et de bagarres dont on connait d’avance l’issue ?

Ma note

2,5/5

FANTASTIQUEROMANCE

DÉVIANTS / INNOCENCE (CARA SOLAK)

Le résumé du livre

A Lake Road, non loin de Los Angeles, Gaby Sawyer rentre à la faculté de médecine de Darken en section neurologie. Elle y rencontre Noah, autre étudiant qui veut se spécialiser dans la cardiologie. Mais pour un retard au premier cours de l’année, elle se fait remarquer par son professeur, Matthew Baker qui la prend de haut. Pourtant, tous deux ont un point commun : un don paranormal. Celui de lire dans les pensées pour Matthew et celui de s’introduire dans les rêves des autres pour Gaby. L’ennui, c’est que l’URS, un service secret impitoyable traque sans relâche toutes celles et tous ceux qui sortent de la normalité. On les appelle les « Déviants ». Nul ne sait ce qu’il advient d’eux quand ils sont arrêtés par l’URS.

Ma critique

« Déviants » est un roman qui allie sentiments et paranormal sous la forme d’un cocktail réunissant ¾ de fleur bleue pour un petit quart de fantastique. C’est un peu dommage, car le résultat manque d’action et de rebondissements. Le début est lent à se mettre en place et heureusement la fin relance l’intérêt. Mais c’est uniquement pour donner envie de lire la suite. Comme de bien entendu, le lecteur reste avec ses questions. Sinon, l’écriture est fluide, agréable et assez efficace. La romancière ne s’embarrasse pas trop de descriptions, préférant user et abuser des dialogues. Les personnages sont un peu stéréotypés comme le prof jeune et craquant à souhait. Nul doute que « Déviants » trouvera un public, celui de la chick-lit et autres lectrices « d’After » ou « Twilight ».

Ma note

3,5/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

LES AVENTURES DE CAGLIOSTRO (JULES DE SAINT FÉLIX)

Le résumé du livre

Joseph Balsamo, qui se fera également appeler Alexandre, comte de Cagliostro, est un aventurier et escroc de haut vol né à Palerme le 18 juin 1743 d’honnêtes et très catholiques marchands drapiers. Il a 13 ans à la mort prématurée de son père. Ses oncles le placent au séminaire dont il s’enfuit très vite, car il ne supporte aucune contrainte. Le père général tente alors de lui faire intégrer un monastère où il apprend l’herboristerie et diverses notions de médecine et de chimie. Mais suite à une nouvelle effronterie, il s’évade à nouveau et retourne à Palerme où, en compagnie de quelques petits voyous, il se livre à l’ivrognerie, au jeu et au libertinage. Après un certain nombre d’escroqueries, recherché par tous les polices, il embarque pour Messine pour échapper aux foudres de la justice. Un jour, il rencontre un certain Altotas, alchimiste arménien qui lui servira de premier initiateur en ésotérisme avec lequel il file en Egypte. Et ce n’est que le début d’une vie riche en aventures…

Ma critique

« Les aventures de Cagliostro » se présente comme la biographie parfaitement sourcée et documentée d’un personnage aussi sulfureux que controversé qui fut une riche source d’inspiration pour Alexandre Dumas et bien d’autres auteurs. Très bien écrit, ce récit, édité en 1855, n’a pas pris une ride en dépit de son grand âge. Saint Félix s’est voulu objectif quand il nous décrit un personnage peu recommandable, prêt à toutes les turpitudes (il ira jusqu’à prostituer son épouse), à toutes les lâchetés et à toutes les compromissions pour faire fortune en trompant le pigeon le plus haut placé possible dans la société : l’impératrice Catherine II de Russie, Potemkine et le cardinal de Rohan et beaucoup d’autres furent du nombre. Disciple du fameux « comte » de Saint-Germain, faiseur d’or, fabricant d’élixir de longue vie, devin et nécromancien, il ne fit pas illusion à Marie-Antoinette pendant l’affaire du collier de la reine (très minutieusement décryptée d’ailleurs) ni à Louis XVI auquel l’auteur rend justice en en dressant un portrait plutôt honnête et pondéré. Au total, un ouvrage historique excellent, de très belle facture et fort intéressant pour les passionnés d’Histoire. Cerise sur le gâteau : ce texte, tombé dans le domaine public, est disponible gratuitement sur la toile.

Ma note

4,5/5

AVENTURESPOLICIER

RETOUR À SHANGRI-LA (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

En exil depuis des années aux Etats-Unis, le vieux général Teng Tao, chef de la rébellion des Méos du Laos cherche à organiser un coup d’état dans son pays. Il s’agit de s’emparer du pouvoir à Vientiane en se débarrassant de la dictature communiste qui y règne depuis l’abandon des Américains à la fin de la guerre du Viet-Nam. Tao espère profiter d’un changement d’attitude de la CIA, laquelle commence par lui faciliter la tâche pour l’approvisionnement en armes de ses combattants. Pour mener à bien sa tentative, il compte également sur la passivité naturelle des Laotiens et surtout sur l’usure d’un régime au bout du rouleau. Malko Linge se retrouve à devoir faciliter la tâche du général en se faisant passer pour un marchand d’armes nommé Max. Mais il sait très bien que la tâche va être tout sauf aisée…

Ma critique

« Retour à Shangri-La » est un roman d’espionnage et d’aventures basé sur un complot mené sous fausse bannière dont les services secrets américains sont friands. Gérard de Villiers, en fin connaisseur de la situation du Sud-Est asiatique, nous entraine dans cette histoire pleine de coups tordus qui donne une bonne idée des capacités américaines en matière de trahison. Cet ouvrage a surtout le mérite d’évoquer le long calvaire des Méos, peuple fier et courageux, harkis de l’Asie, sacrifié deux fois sur l’autel de la « real politik ». Comme à son habitude, Villiers entrelarde son récit de scènes de sexe particulièrement torrides qui apportent un brin de piment mais sont loin d’être d’un intérêt exceptionnel.

Ma note

3/5

HISTORIQUE

À CŒUR OUVERT (THOMAS THOMPSON)

Le résumé du livre

À Houston (Texas) dans les années 60/70, deux grands spécialistes de la chirurgie cardiaque rivalisent d’efficacité et de virtuosité. Ils reçoivent des patients venus du monde entier. D’un côté, le docteur Michael Ellis DeBakey, d’origine libanaise, petit, maigre et plutôt tyrannique, qui fut l’un des premiers en 1964 à pratiquer le pontage aorto-coronarien. De l’autre, le docteur Benton Cooley, ancien adjoint du premier, plus jeune, grand, beau, impassible et d’une puissance de travail incroyable. Il pouvait réaliser onze opérations à cœur ouvert dans la même journée ! Et, en 1967, la chirurgie cardiaque fait un bond de géant quand Christiaan Barnard réussit la première transplantation cardiaque dans un hôpital du Cap. Les deux grands patrons américains se lancent immédiatement dans son sillage. Les interventions se multiplient, les transplantations de cœur également. Avec quelques succès, mais aussi beaucoup d’échecs.

Ma critique

« À cœur ouvert » est un ouvrage d’histoire médicale bien documenté et facile d’accès retraçant les énormes progrès réalisés par la chirurgie lors de cette décade. L’histoire des débuts du cœur artificiel est particulièrement intéressante et même émouvante par son aspect dramatique. En effet, en 1969, le docteur Denton Cooley posa le premier cœur artificiel total sur un patient mourant à qui l’on ne trouvait pas de cœur de donneur. Ce cœur était un système de circulation externe à l’étape expérimentale, un dispositif très lourd comportant un compresseur de 250 kg fonctionnant par commande pneumatique et deux prothèses ventriculaires en plastique. Après 64 heures, ce cœur artificiel fut retiré et remplacé par un cœur humain. Malheureusement, 32 heures après la transplantation, le patient décéda. Plus tard l’on comprit que c’était dû à une infection pulmonaire aigüe certainement aggravée par des médicaments immunosuppresseurs. Pour ceux qui s’intéressent à l’histoire de la médecine, un ouvrage essentiel, vivant, bien écrit avec de nombreux cas étudiés et des solutions osées (cœurs de chimpanzés, chiens ou cochons, pontages, détournements d’artères, envoi de gaz carbonique, pose de valvules en matière synthétique, etc.)

Ma note

4/5

ESSAIS

JE VEUX VIVRE EN DÉMOCRATIE (HERVE LEBRETON)

Le résumé du livre

Quand un petit prof de maths honnête et tenace comme Hervé Lebreton met son nez dans les finances de nos élus, ça fait mal et même très mal. Au début, il doit faire face à une résistance incroyable quand il ose demander qu’on lui communique la réalité des comptes et pourtant il ne fait qu’exercer son droit et même son devoir de simple citoyen. Ainsi, avec son « Association pour une démocratie directe », il arrivera à lever le voile sur le scandale des généreuses retraites des parlementaires, sur les mystérieux arcanes de la réserve parlementaire, cette caisse noire alimentée par nos impôts qui permet de dépenser sans le moindre contrôle plus de 150 millions d’argent public pour améliorer le quotidien dans certaines villes et de s’assurer en toute illégalité des voix aux prochaines élections. Il lui a d’ailleurs fallu en passer par une longue bataille judiciaire devant le tribunal administratif pour obtenir la publication d’une partie des dotations, celle concernant les associations restant hors de portée ! Même chose pour l’enrichissement personnel des députés et sénateurs qui utilisent leurs indemnités parlementaires pour financer leur permanence, faire des achats immobiliers ou même acquérir des SICAV…

Ma critique

Le lecteur comprendra aisément que « Je veux vivre en démocratie » est à la fois un essai, un témoignage et un grand cri d’espoir lancé par un simple citoyen qui ne peut plus se satisfaire de glisser à intervalles réguliers un bulletin dans une urne et ensuite de ne plus jamais pouvoir rien contrôler. Le livre est absolument passionnant. Il se lit comme un roman. On peut même dire qu’il se dévore et que le lecteur va de découvertes en découvertes qui ne feront que conforter ses réticences vis-à-vis de certaines pratiques peu recommandables. D’aucuns pourraient se résigner et considérer que c’est une lutte totalement inégale, celle du pot de terre contre le pot de fer, que le citoyen n’a qu’à la fermer et supporter toutes ces dérives qui, à terme, ne peuvent qu’être mortelles pour une réelle démocratie, tant elles alimentent la défiance et même le rejet d’un pareil système. La grande force et le mérite de cet ouvrage réside dans le fait qu’il montre tout ce qu’un simple citoyen résolu peut réaliser en s’armant de patience et en s’appuyant sur notre constitution et sur la déclaration des droits de l’homme (en annexe avec une lettre au président pour participer à l’action). Un bel exemple à suivre si nous voulons reprendre en main une démocratie confisquée au profit d’individus qui se servent au lieu de servir !

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESRELIGIEUX

DIFFINE, FILS DU BON DIEU, FILS DU BON PEUPLE (MARC FLICHY)

Le résumé du livre

Fils unique de parents alsaciens réfugiés à Paris en 1871, Henri Diffiné nait en 1890 dans le XVIIIème arrondissement. Jusqu’à sa majorité, il habite avec eux dans une loge exiguë de concierge dans un triste immeuble du boulevard Magenta (Xème). Après de courtes études, il devient métreur en peinture. Dès 1908, il passe ses soirées comme adorateur à la basilique de Montmartre. En 1911, il est appelé sous les drapeaux. En 1914, il part à la guerre avec un enthousiasme juvénile. Puis il part pour Salonique avec l’armée d’Orient. Blessé à deux reprises, il est démobilisé en 1919. Il entre alors dans la Compagnie de Jésus et est ordonné prêtre à l’âge de 39 ans. Emule du Curé d’Ars et nouvelle image de Saint Vincent de Paul, il consacre le reste de sa vie à un grand nombre d’œuvres sociales pour les petites gens. Il sera enfin le conseiller spirituel de nombre de prêtres, de religieux ou d’évêques. Autant contemplatif qu’actif, il savait être aussi proche des petites gens que des grands de ce monde…

Ma critique

« Diffiné » est à la fois la biographie, l’anthologie et le portrait vivant d’un être exceptionnel. Cet humble jésuite, fils d’une concierge et d’un ouvrier du bâtiment, fut en effet une grande figure de la spiritualité française. Il vécut pauvre comme Antoine Chevrier et simple comme Thérèse de Lisieux. Il sut conserver précieusement un esprit d’enfance et pratiquer une charité évangélique en action. Très documenté, cet ouvrage se compose de deux parties : la description de son itinéraire peu ordinaire. Le lecteur remarquera qu’il fit tout à fond qu’il fut ouvrier, puis militaire, puis religieux. La seconde partie est consacrée à ses écrits et à sa démarche spirituelle, celle de l’oraison perpétuelle qui avait bien des points commun avec celle des grands mystiques orthodoxes. L’auteur souligne d’ailleurs qu’à la fin de sa vie, Diffiné avait les allures d’un vieux staretz que les gens venaient consulter bien volontiers. Une magnifique icône qui mérite le détour…

Ma note

4/5

AVENTURES

COMPAGNONS DE PLONGÉE (DIOLE & COUSTEAU)

Le résumé du livre

À la fin de l’hiver 1967, la « Calypso » se retrouve au sud de l’Océan Indien, en route vers le Cap. Cousteau et son équipe explorent l’île Bird, refuge d’une impressionnante colonie de fous de Bassan, puis l’île Sainte-Croix, abritant de nombreux manchots. Le 29 février, elle croise devant l’île Geyser qui est le domaine particulier des otaries. Les mauvaises conditions météorologiques et les nombreuses autres missions prévues obligent le commandant à quitter prématurément les lieux, non sans devoir prendre une décision difficile : capturer deux otaries prénommées « Pepito » et « Christobald » qui seront « apprivoisées » avec plus ou moins de réussite.

Ma critique

« Compagnons de plongée » est le récit très vivant d’une expédition maritime entre l’Océan Indien et le détroit de Béring avec traversée de l’Atlantique (escale à Sainte-Hélène), passage du canal de Panama et finalement, remontée du Pacifique avant d’atteindre les glaces de l’Arctique. L’intérêt de cet ouvrage édité en 1974 est autant écologique que biologique. Cousteau s’intéresse tout particulièrement à la faune : oiseaux, otaries, morses, éléphants de mer avec une légère prédilection pour ces derniers. Il cherche déjà à alerter l’opinion publique sur les atteintes à l’environnement. Lire ce livre aujourd’hui permet de mesure le chemin parcouru (certains diraient en direction de la grande catastrophe…). La rencontre finale avec de véritables esquimaux vivant encore de manière traditionnelle et chassant dans leurs embarcations carénées en peau de morse femelle en est l’exemple le plus frappant. À noter également une abondance de belles photos en couleur. Cet ouvrage fait d’ailleurs partie d’une importante série, véritable encyclopédie de la mer, la collection « Odysée ».

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESRELIGIEUX

LE VAGABOND DE DIEU (JOSEPH RICHARD)

Le résumé du livre

Benoît-Joseph Labre, né le 26 mars 1748 à Amettes, du diocèse de Boulogne et décédé le 16 avril 1783 à Rome, fut un pèlerin mendiant français qui parcourut les routes d’Europe et se fixa à Rome et à Lorette vers la fin de sa vie. Surnommé le « Vagabond de Dieu », il est considéré comme un mystique. Son errance perpétuelle, son absence d’hygiène étonnent, voire indisposent, ses contemporains et suscitent la méfiance des pouvoirs locaux. Fréquentant chacun dans un esprit fraternel, il est parfois maltraité ou brocardé par ses compagnes et ses compagnons de route, par les enfants ou les gens de rencontre, mais, toujours vêtu d’un manteau de bure et d’un chapeau de feutre, avec pour seul bagage un bréviaire, un bourdon de pèlerin et une gourde en bandoulière, il préfère leur sourire plutôt que se défendre. À sa mort, une foule innombrable se rassemble pour vénérer sa dépouille et proclamer sa sainteté. On en appelle à l’armée pour rétablir le calme à Rome.

Ma critique

« Le vagabond de Dieu » est la biographie précise et documentée d’un personnage hors norme qui vécu dans l’humilité et dans la contemplation et que certains pourront qualifier de témoin de la foi ou de saint d’un calibre proche d’un François d’Assise, d’un Alexis ou d’un Vladimir alors que d’autres le relégueront au rang d’exalté pour ne pas dire de simple fou. N’ayant pas trouvé son compte ni à la Trappe ni dans d’autres monastères tout aussi austères, il choisit cette condition de pèlerin perpétuel, de mendiant partageant ses aumônes avec plus pauvres que lui et de pénitent passant ses jours et une partie de ses nuits à prier dans diverses églises. Plutôt moqué de son vivant, il fut idolâtré dès sa mort. L’Eglise catholique mit un siècle à consacrer ses vertus et à le canoniser. Le livre en fait d’ailleurs une assez longue recension (presque la moitié du texte). Ouvrage bien écrit, intéressant, permettant de découvrir un être extraordinaire, attachant, épris d’absolu et voulant en tous points imiter son divin Maître. Admiré par Paul Verlaine qui lui dédia un poème, il eut aussi deux « imitateurs », Germain Nouveau et Charles Maire, mais ne fonda pas d’ordre religieux, son exemple étant par trop radical, même pour son époque.

Ma note

4,5/5

AVENTURESTEMOIGNAGE

L’HOMME QUI MARCHE (JEAN BELIVEAU)

Le résumé du livre

Le 18 août 2000, Jean Béliveau quitte le Québec avec 4000 $, un petit tricycle à bagages et le rêve fou de faire le tour du globe à pied. Quelque 75 500 km, 4077 jours et 64 pays plus tard, le marcheur de 55 ans termine son incroyable voyage. Après une marche de 11 ans et 2 mois, Jean Béliveau rentre à Montréal, le 16 octobre 2011. Tout avait commencé par une terrible tempête de glace et le ralentissement de son affaire d’enseignes lumineuses. Puis une lente dépression et un jour, pendant un jogging, cette question : « Combien de temps lui faudrait-il pour rejoindre New-York, le Texas, le Mexique en courant ? Très vite, sa décision est prise. Plutôt que de se suicider, il va partir traverser les cinq continents. Et là, il a senti la force se répandre en lui…

Ma critique

« L’homme qui marche » est le récit d’une expédition hors norme, d’un voyage au bout de soi-même, aux confins de la solitude et de la folie. Combien de traversées de déserts, combien de souffrances, de peines, de larmes mais aussi de rencontres, d’accueil, d’entraide, de solidarité de la part d’inconnus rencontrés un peu partout. Le lecteur découvrira nombre de pays sous un aspect bien différent que celui renvoyé par les médias. Une Afrique du Sud bien éloignée du mythe de la nation arc-en-ciel, une Egypte où des patrouilles de police l’escortent tout au long de son périple, mais aussi un Iran hospitalier et chaleureux dans lequel les jeunes sont curieux de tout ce qui se passe en dehors de leurs frontières. Sans parler des « sauts de puce » obligatoires pour raisons de conflits ou de situations politiques délicates comme l’impossible traversée de la Libye, de l’Afghanistan ou du Pakistan. Un ouvrage bien écrit, passionnant, magnifique, qui se dévore littéralement en laissant un peu le lecteur sur sa faim. Il comprend que l’auteur ait dû condenser onze années de vie intense en 247 pages et ait dû élaguer. Un cahier avec quelques photos aurait été le bienvenu également.

Ma note

4/5

ESSAISTEMOIGNAGE

L’ESPRIT DU CHEMIN (EDOUARD CORTES)

Le résumé du livre

Grand marcheur devant l’éternel, Edouard Cortès, écrivain et journaliste, a de nombreuses expéditions à son actif. Une traversée du Caucase à pied, un pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle en solitaire en 1999, puis un autre en Terre Sainte avec son épouse en 2007 et, pour finir, un dernier à Rome, en famille avec leurs trois filles en 2012. Ainsi, à titre de jacquet, romieu et paumier, s’interroge-t-il sur l’esprit du chemin. Qu’est-ce qui pousse tant d’êtres humains à prendre sac, bourdon et calebasse et à partir à pied sur d’interminables kilomètres vers l’un des hauts lieux de la chrétienté ? Pourquoi souffrir du froid, de la chaleur, endurer la fatigue, attraper tendinites ou ampoules et supporter de précaires conditions d’hébergement ? Et comment vivre cette expérience unique, faire des rencontres et finalement rentrer au bercail bien différent de l’être qu’on était au départ et arriver à réintégrer l’agitation de la vie ordinaire ?

Ma critique

« L’esprit du chemin » n’est pas vraiment un témoignage, ni un récit de voyage, ni une transcription de journal de bord, mais plutôt une suite de réflexions philosophiques ou théologiques et d’anecdotes tirées du vécu de l’auteur. Lequel n’hésite pas à prendre à témoin toutes sortes d’autres pèlerins ayant témoigné dans les temps anciens. Ainsi découvre-t-on au fil de cette lecture que finalement peu de choses ont changé le long de tous ces pèlerinages. Les hommes sont restés les mêmes. Leurs motivations ont peu changé. Plus de 40% des arrivants à Santiago déclarent avoir marché pour des raisons religieuses encore aujourd’hui. Le chemin continue à appeler. Ces paysages, ces cailloux, ces sanctuaires modestes ou majestueux attirent toujours autant. L’essentiel reste pourtant le chemin, le « Camino » et son esprit qui reste magique, essentiel, que l’on soit croyant ou non. Le secret n’est-il pas de chercher à vivre l’instant présent, de lâcher prise au rythme lent de la marche et d’en revenir aux besoins essentiels de la condition humaine ? Livre agréable à lire, bien écrit et plein de références intéressantes. (Une importante bibliographie en fin d’ouvrage permettra d’approfondir la question).

Ma note

4/5

AVENTURESEXPLORATIONS

FLEUR AUSTRALE (GÉRALDINE DANON)

Le résumé du livre

Le 1er juin 2010, « Fleur australe » après avoir traversé l’Atlantique, remonté vers le Groenland et réussi le passage du Nord-Ouest en 2009 (narré dans les précédents ouvrages), repart pour une expédition dans le Pacifique. Leur but, les îles Marquises (escale à Hiva-Oa), puis les Tuamotu, l’archipel de la Société (Tahiti, Moorea, Bora-Bora), les îles Australes et les îles Gambier. À son bord, le skipper Philippe Poupon, Géraldine, son épouse, ex-actrice et narratrice, leurs quatre enfants âgés de deux à treize ans, deux équipiers servant également d’instituteur et de nounou sans oublier Beti, leur chienne Jack Russell qui aura des petits pendant le voyage…

Ma critique

« Fleur Australe » est le récit très vivant et très honnête d’une croisière qui n’a rien d’une partie de plaisir. Le bateau essuie des tempêtes, des vents contraires, le pot au noir. Les enfants et les équipiers souffrent du mal de mer. Géraldine tombe à l’eau et n’est pas loin de se noyer et pour finir, tous échappent à un redoutable tsunami qui fera de gros dégâts aux Marquises. Géraldine Danon sait parfaitement rendre l’ambiance à bord, souvent électrique du fait de la promiscuité et du manque d’intimité, et joliment décrire les décors sublimes de ces endroits paradisiaques. De plongées dans des eaux aussi cristallines que poissonneuses, d’observation des baleines, dauphins et requins en invitations diverses et variées chez les nombreux amis du couple, ce voyage est une mine de découvertes et d’apprentissages pour les enfants et, par la même occasion pour le lecteur qui s’offre ainsi une jolie part de rêve et d’aventures. Aussi agréable à lire que les ouvrages d’Antoine ou du célébrissime Moitessier. Un seul regret : l’absence d’un album photo dans la version poche.

Ma note

4,5/5

POLICIERROMAN

L’AGENDA KOSOVO (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

En 2007, au Kosovo, non loin du village de Decani, un monastère abritant quelques moines d’origine serbe est protégé par un détachement de bersaglieri italiens de la KFOR. Une nuit, Adile, une jolie kosovare, monte au monastère rejoindre un certain Beppo Forlani qui finit par lui faire l’amour dans un cabinet de toilettes. Pendant ce temps, un commando albanais, « les loups noirs du Kosovo » profite du relâchement de surveillance de Beppo et de son collègue Vanzetti pour s’introduire discrètement dans le monastère, kidnapper cinq moines, les emmener dans la forêt et les décapiter à la scie circulaire. Cet acte barbare déclenche immédiatement l’intervention magistrale du prince Malko Linge…

Ma critique

« L’agenda Kosovo » est un roman d’action et d’espionnage basé sur des faits réels et particulièrement bien documenté. L’intrigue n’est malheureusement pas très originale. Malko, pour tenter de découvrir qui a commandité le crime, doit remonter toute une filière en passant de témoin en témoin. La seule surprise réside dans le fait que cette affaire fonctionne sous « fausse bannière » et donc que les apparences peuvent être trompeuses. Sinon, le procédé de fabrication repose sur l’éternelle même recette : pas mal de violence entrelardée de scènes de sexe censées pimenter le propos. L’ennui c’est que les descriptions sont quasiment tirées au kilomètre au mot près et que la monotonie ne peut qu’engendrer l’ennui. Chacun sait ce qu’il peut attendre de ce genre de « littérature », autrefois dite « de gare » et ne doit pas s’attendre à autre chose qu’un peu de divertissement facile et sans conséquence.

Ma note

3/5

ROMAN

THE FAVORITE GAME (LEONARD COHEN)

Le résumé du livre

À Montréal, vit une importante communauté juive qui s’estime être la plus influente du Canada. Et, en son sein, une famille se considère comme tenant le haut du pavé, les Breavman. Le dernier descendant de la dynastie s’encanaille avec quelques amis. La liste de ses conquêtes féminines est assez impressionnante (Heather, Bertha, Lisa, Tamara, Norma, Shell…) Dans une boîte de nuit, il est à l’origine d’une bagarre générale. En s’aidant d’un livre d’hypnotisme, il parvient à prendre le contrôle mental d’une fille un peu naïve et à abuser d’elle. Il aime beaucoup fréquenter de jeunes militantes communistes et gauchistes…

Ma critique

« The favorite game » est un roman composé par une suite d’anecdotes non chronologiques et reliées entre elles de façon assez lâche. Le thème servant de fil rouge est la recherche de l’amour plutôt physique. Pour Léonard Cohen, c’est une quête sans grand espoir, désenchantée et quasi désespérée. À cette problématique s’ajoute celle de la condition juive. Hitler, le nazisme et les camps de concentration sont évoqués à diverses reprises. Quelques pages pour un portrait de la mère juive et un peu plus pour la musique, les débuts du folk avec Leadbelly, Pete Seeger, les Weavers par exemple. Breavman joue de la guitare. Le lecteur doit-il en déduire qu’il est plus ou moins un avatar de l’auteur. Le style littéraire est simple et sans afféteries. Cet ouvrage sans grande envergure ne laisse pas un souvenir très marquant. Nul doute que Cohen est meilleur chanteur qu’écrivain !

Ma note

3/5

HISTORIQUE

CURIEUSES HISTOIRES DE L’HISTOIRE (GUY BRETON)

Le résumé du livre

À Jérusalem, Lazare, revenu de la mort grâce à un miracle du Christ, sa famille et ses amis chrétiens, sont détestés par les Juifs et trainés devant le grand prêtre, lequel prononce une sentence de bannissement à leur encontre. Ils sont placés sur une barcasse sans voile, ni mât, ni gouvernail et sans eau, ni vivres et poussés vers la haute mer. Un vent favorable leur fait traverser toute la Méditerranée. C’est ainsi que Lazare, Trophime, Maximin, Marie Salomé, Marie-Madeleine et leur petite servante Sara (les Saintes Maries de la mer) débarquent en Camargue… Une jeune et belle reine éthiopienne se présente à Jérusalem avec toute sa cour. Le roi Salomon, fils de David, tombe immédiatement amoureux de la belle étrangère. Après une torride nuit d’amour, Makeda, reine de Saba, rentre dans son pays où elle accouchera neuf mois plus tard d’un fils nommé Ménélik… Pendant des siècles, les professions d’apothicaires et d’épiciers furent confondues ou interchangeables…

Ma critique

« Curieuses histoires de l’Histoire » est un recueil comprenant 24 anecdotes amusantes et surprenantes de l’Histoire proche ou lointaine. L’ensemble est pétillant, plein d’humour et impeccablement écrit. Le lecteur apprendra énormément de choses tout en s’amusant. Par exemple qu’une jolie Anglaise aida Napoléon III à réussir son coup d’Etat avant d’être fort inélégamment remerciée… Que les maréchaux d’Empire exigeaient de grosses sommes d’argent de Napoléon 1er avant d’engager le moindre combat et que ses nombreuses maîtresses ne se gênaient pas pour en faire autant. Que Gustave Eiffel, de son vrai nom Gustave Bonikausen, dut vaincre une formidable opposition à l’édification de sa fameuse tour. Pas moins de trois cents personnalités (Sully Prudhomme, Leconte de Lisle, Coppée, Maupassant, Gounot, etc.) signèrent une pétition contre elle. Verlaine demanda même qu’on abatte cette « horreur » après qu’elle fut construite. Certains allèrent jusqu’à parler de monument anticlérical, car sa hauteur dépassait celle de la cathédrale Notre-Dame. Ouvrage intéressant et divertissant. Que demander de plus ?

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LA GUERRE POLITIQUE (RAYMOND MARCELLIN)

Le résumé du livre

Pour Raymond Marcellin, ministre de l’intérieur en mai 1968, la guerre politique est celle que mène l’URSS à l’endroit des démocraties sans jamais avoir recours au choc des armées. Il s’agit de les subvertir, de les affaiblir par un certain nombre de procédés idéologiques utilisés par son ambassade largement pourvue en agents du KGB, par le parti communiste « français » totalement inféodé à Moscou et par des syndicats comme la CGT et avec la complicité active de divers compagnons de route : intellectuels, journalistes et artistes divers et variés. C’est une guerre froide, souterraine, diligentée par les services spéciaux, dont l’action dépasse largement le simple espionnage pour aller jusqu’à la manipulation des masses et l’instrumentalisation de groupes révolutionnaires, autonomistes et/ou terroristes. Cette subversion venue de l’étranger a pris des proportions inquiétantes, devant lesquelles toute nation libérale est pratiquement désarmée sur tous les plans, psychologique, politique, juridique, militaire et administratif. « Son caractère insidieux facilite ses entreprises et rend aléatoire les mesures prises pour les combattre par les nations qu’elle mine à la façon des termites », lit-on.

Ma critique

« La guerre politique » est un essai géopolitique particulièrement bien écrit et bien documenté. Son auteur fut tout à fait bien placé pour comprendre la situation, l’analyser et apporter des solutions. Sait-on que des groupuscules gauchistes avaient le projet de s’emparer des urnes à la fin de mai 68, ceci pour fausser le résultat des élections ? Marcellin, en organisant un énorme coup de filet dans ces milieux, fit avorter cette tentative peu connue. L’intérêt de ce livre, au-delà du fait qu’il est daté et plus tout à fait d’actualité, est sa parfaite analyse des rouages d’un phénomène que l’observateur a vu croitre, s’affiner et embellir même après la fin de l’URSS. Les mêmes procédés, améliorés au fil des années, amenant les mêmes résultats et minant de plus en plus une société en pleine déliquescence. L’auteur ne se contente pas de faire un diagnostic, il fournit en plus l’ordonnance pour contrer le phénomène. Il faudrait de la fermeté, du bon sens et avoir le courage de regarder la réalité en face, ne plus se payer de bons mots, de beaux sentiments et de slogans plus ou moins pipés.

Ma note

4/5

ESSAISRELIGIEUX

DIEU, MALGRÉ TOUT (JACQUES DUQUESNE)

Le résumé du livre

Un tsunami en Asie, une inondation à la Nouvelle-Orléans, un cyclone en Haïti, un ouragan, un tremblement de terre, une éruption volcanique. Des milliers de morts, des dégâts par millions. Comment un Dieu bon peut-il permettre le mal, les souffrances d’un enfant atteint du cancer ou celles d’un peuple injustement persécuté. Jacques Duquesne constate que le Mal semble être partout. « À tous ceux qui crient et se révoltent, il faut dire qu’ils ont raison de crier », dit-il. Dès le départ se pose le problème du péché originel qui aurait été à la source de tous les malheurs du monde. Sans parler qu’on peut même aller jusqu’à se massacrer pour la plus grande gloire de Dieu. Et pourtant, il y a la théorie de l’évolution. Le monde est en perpétuelle création. L’avenir serait donc plein de promesses car Dieu est perpétuellement à l’œuvre et aurait même besoin des hommes…

Ma critique

« Dieu, malgré tout » se présente comme un essai de vulgarisation théologique d’abord facile et compréhensible. L’auteur part des catastrophes naturelles, de tous les ratés de la création, continue sur la condition humaine, sa capacité au pire comme au meilleur et finit par poser le problème de la présence du mal. Pourquoi Dieu le permettrait-il ? Serait-il un Dieu vengeur ? Un Dieu se satisfaisant de sacrifices ou châtiant aveuglément l’innocent comme le coupable ? Aucun philosophe, aucun théologien n’a jamais pu résoudre ce problème. Après un détour par Darwin et Teilhard de Chardin, Duquesne en vient aux conclusions ultimes. Dieu n’est qu’amour et humilité. Il souffre et crie avec les souffrants. Il n’est pas tout-puissant et ne veut pas l’être car s’il l’était nous ne serions pas hommes. Et notre « liberté » ne vaudrait pas bien cher. Un livre qui donne à réfléchir tout en secouant quelques vieux dogmes au passage.

Ma note

3/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

LES CHIENS D’HIMMLER (FRANÇOIS-ALBERT VIALLET)

Le résumé du livre

En juin 1940, dans une France battue et envahie, François-Albert Viallet est arrêté par des agents de la Gestapo en compagnie d’un camarade. Commence alors pour les deux Français un long périple, en voiture et en train, qui les mènera jusqu’à Berlin, après plusieurs étapes dans diverses prisons (Wiesbaden, Mayence et Francfort). Dans la capitale du Reich, le narrateur se retrouve dans la prison de la préfecture de Police, à l’Alexanderplatz. Pendant plus de quatre mois, il croupit dans le dépôt numéro 1, surnommé « la cuisine du diable », avec 400 autres prisonniers « politiques » dans des conditions effroyables de crasse et de promiscuité, les lieux étant prévus pour une vingtaine de détenus. Torturé par la faim et rongé par la vermine, l’auteur observe que tout le monde ou presque a été arrêté de façon arbitraire. Ainsi le doyen, Juif de 83 ans, s’est retrouvé raflé pour s’être promené dans la rue à une heure tardive. Partout, une stricte hiérarchie raciale a été décrétée par les nazis : les prisonniers allemands sont toujours les premiers et les mieux servis et font également office de kapos, souvent pires que les gardiens officiels. Tout en bas de l’échelle sociale, se retrouvent les Polonais et les Juifs.

Ma critique

« Les chiens d’Himmler » est à la fois le témoignage d’un homme ayant passé une vingtaine de mois dans les geôles nazies et un essai sur le système judiciaire et carcéral hitlérien. Il faut attendre la moitié de l’ouvrage pour savoir pour quelles raisons, F-A Viallet s’est retrouvé dans cette pitoyable situation. On le soupçonne d’espionnage et de complicité avec des antinazis allemands. En réalité, journaliste polyglotte (il servira d’ailleurs de traducteur aux Allemands), il lui est reproché d’avoir écrit avant guerre certains articles peu favorables au régime. La lecture de cet ouvrage publié en 1945 et donc vraisemblablement écrit « à chaud » et « à charge » est assez pénible voire laborieuse. Que de haine ! Que de souffrances ! Que d’absurdités kafkaïennes ! Quel manque d’humanité ! Tout comme le KGB d’autre sinistre mémoire, la Gestapo fonctionnait selon le principe monstrueux et totalitaire du « tous coupables », aussi extravagantes ou invraisemblables que puissent être les charges. Le tout étant de ne pas tomber entre leurs pattes, vu le peu de chances de s’en ressortir… Heureusement pour l’auteur, il parviendra à s’évader d’une façon totalement improbable et fort mal expliquée d’ailleurs. Ouvrage utile à titre de document pour la recherche historique, registre totalitarisme, propagande et manipulation des masses.

Ma note

2,5/5

AVENTURESESSAIS

LE MONDE EST MON PAYS (ANDRÉ BRUGIROUX)

Le résumé du livre

Perpétuel voyageur, André Brugiroux, surnommé le pape des stoppeurs ou des routards, a passé la totalité de son existence à voyager en auto, bateau ou avion-stop dans le monde entier. Il peut se targuer d’avoir visité l’ensemble des pays du monde et même des territoires aussi improbables que l’archipel des Chagos ou aussi impénétrables que l’Arabie Saoudite, le dernier trophée qu’il accrocha à son palmarès. Né en 1937, il démarra son périple en 1955 en refusant de payer pour quelque hébergement que ce soit et en se limitant à un budget d’un seul dollar par jour. Et il y parvint. Au terme de 18 années d’aventures autour de la planète, il cumula 400 000 km parcourus et pas moins de 135 pays traversés. Fort de ce premier exploit, il monta un film, donna de nombreuses conférences qui lui permirent de continuer sur sa lancée et, au fil des années, des opportunités, des hasards et des rencontres, d’ajouter de nouvelles destinations jusqu’à atteindre récemment son but ultime…

Ma critique

« Le monde est mon pays » n’est pas à proprement parler un récit de voyage mais plutôt une réflexion sur un retour d’expérience. Brugiroux n’ayant pas tout raconté ni dans son premier opus « La terre n’est qu’un seul pays », ni dans son précédent « L’homme qui voulait voir tous les pays du monde », ajoute diverses anecdotes en les classant par thèmes : le rêve impossible, la peur de l’inconnu, les règles de l’art, le stop, la solitude, la Providence et bien sûr, la quête spirituelle. Brugiroux s’envisage avant tout comme un missionnaire, c’est-à-dire un homme chargé d’une mission, celle de propager les idées du baha’isme, religion qui prône la paix universelle par une sorte de syncrétisme général et grâce à un gouvernement mondial éclairé. Le livre est fort intéressant et très bien écrit (le globe-trotter a bénéficié de l’aide d’un journaliste, Jérôme Bourgine). Dommage qu’il y ait tant de redites. Un grand nombre d’histoires ont déjà été racontées dans les précédents ouvrages d’où une impression de radotage un peu lassante.

Ma note

3/5

NOUVELLES

HISTOIRES À LIRE (SIX NOUVELLES)

Le résumé du livre

En Irlande, Grand-père O’Behan, ne supportant plus de vivre avec son épouse, demande à un de ses fils de bien vouloir l’héberger. En retour, il agrandit la maison, « fabrique » de toutes pièces un arpent de bonne terre cultivable sur de la caillasse, construit des meubles et même son propre cercueil… Dans le Nord de la France, André, orphelin de mère, voit son père partir à la guerre en août 14 alors qu’il n’a que 9 ans… Frankie est la maîtresse de Robert, cadre marié, brillant et dynamique. Elle est tout heureuse de partir avec lui en escapade sur la Côte d’Azur. Mais au dernier moment, changement de programme : ce sera l’Irlande… La fille de Dora est renversée par la voiture d’un cadre qui s’en sort en déclarant qu’il n’était pas au volant. Dora veut à tout prix se venger… Dans un salon de thé londonien, une jeune femme rencontre Archie Marchbanks, comédien célèbre, qui s’est glissé incognito parmi les clients… À Montmartre, la « Chanteuse de Pigalle » est retrouvée assassinée peu après sa prestation. Le lendemain, c’est sa remplaçante qui disparaît à son tour…

Ma critique

« Histoires à lire » est un recueil de six nouvelles d’autant d’auteurs. Pas de véritable unité de thème ou de registre. On trouve du terroir, du sentimental, de l’historique et du policier. Des écrivains de styles et niveaux bien différents. L’ensemble reste assez hétéroclite. Le pire côtoie le meilleur. Certaines nouvelles donnent une impression de remplissage pour ne pas dire de tirage à la ligne. D’autres reposent sur des intrigues plutôt faibles. Seules les nouvelles de Jean Anglade et de Georges Simenon sortent vraiment du lot avec une mention particulière pour « Grand-père Samuel » de Jean Anglade, un petit bijou d’intelligence et de finesse. Cette nouvelle qui illustre bien le courage et la ténacité des Irlandais mérite à elle seule de détour. Celle de Simenon est également intéressante, mais sans plus. Quant aux quatre autres, on peut faire l’impasse sans problème.

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESBIOGRAPHIES

LE BEAU MASQUE (JEAN-CLAUDE PASCAL)

Le résumé du livre

Issu de la haute bourgeoisie parisienne, Jean-Claude Pascal s’est engagé dans la 2ème DB à la fin de la seconde guerre mondiale, à l’âge de 17 ans. Il fut le premier à entrer dans la ville de Strasbourg abandonnée par les Allemands. Démobilisé, il commença par travailler comme modéliste chez Dior aux côtés d’un certain Pierre Cardin puis chez d’autres grands couturiers. Attiré par le théâtre, il s’inscrit au cours Simon où il fait la connaissance de Pierre Mondy, Philippe Nicaud, Nicole Courcel et Robert Hossein. Bientôt, c’est Edwige Feuillère qui lui mettra le pied à l’étrier en le prenant comme partenaire pour « La dame aux camélias ». Un bonheur ne venant jamais seul, il décrochera également un premier rôle dans un film historique, « Le jugement de Dieu ». Ce sera le début d’une belle carrière au cinéma (une cinquantaine de films) et au théâtre (il jouera avec les plus grands) avant de prendre le tournant vers la chanson où il rencontrera un égal succès (Grand prix de l’Eurovision, cinquante albums) aussi bien en France qu’à l’étranger.

Ma critique

« Le beau masque » est une auto-biographie partielle qui reste principalement focalisée sur la carrière cinématographique de l’acteur qui fut souvent cantonné en raison de son physique avantageux dans les rôles de séducteurs et qui joua avec Gina Lollobrigida, Jeanne Moreau, Annie Girardot, Romy Schneider, Erich von Stroheim, Charles Vanel, Georges Descrières, Sacha Guitry… Ce dernier l’impressionnera beaucoup sans lui faire illusion, car il aura l’impression que l’homme est en représentation permanente. Livre très bien écrit. Pascal aura d’ailleurs une troisième carrière, celle d’écrivain historique avant de décéder dans l’anonymat. Il peut être intéressant de lire cet ouvrage qui permet de découvrir des facettes peu connues du monde du cinéma des années cinquante. Les portraits de stars sont justes, précis, sans concession et souvent assez loin de l’idée que l’on peut se faire des personnages. Beaucoup de tendresse dans ses descriptions, aucune indulgence pour lui-même, signe des belles âmes. Dommage que l’auteur reste d’une discrétion de violette sur sa vie privée. Il faut dire que l’époque ne s’y prêtait pas trop.

Ma note

3/5

ESSAISRELIGIEUX

LE SECRET DE MARTHE ROBIN (JACQUES RAVANEL)

Le résumé du livre

Fille de paysans de la Drôme, Marthe Robin (1902-1981) fut, dès son plus jeune âge, d’une santé fragile. À 16 ans, elle commença à souffrir de céphalées et de maux de têtes particulièrement douloureux. Puis, elle perdit peu à peu l’usage de ses jambes. Ne voulant être une charge pour personne, elle s’occupa de travaux de couture et de broderie. Mais assez rapidement, de paraplégique, elle devint tétraplégique, c’est-à-dire qu’elle ne put plus se servir de ses mains et de ses bras. Elle en fut réduite à passer son temps alitée. La maladie gagnant ses yeux, il ne lui fut plus possible de supporter la lumière du jour et devint aveugle. Elle ne pouvait plus rien manger d’autre que l’hostie apportée chaque jour par un prêtre. Chaque fin de semaine, elle revivait dans sa chair toutes les souffrances de la Passion du Christ au point d’en recevoir les stigmates…

Ma critique

« Le secret de Marthe Robin » se présente à la fois comme un témoignage (Jacques Ravanel a bien connu Marthe Robin, a recueilli ses confidences et eu accès à ses écrits) et comme un recueil de paroles inédites, de pensées ou de recommandations de l’extraordinaire mystique. (Sans doute le versant le plus passionnant de cet ouvrage). Marthe Robin a été une source d’inspiration formidable pour un grand nombre de communautés nouvelles. Des centaines de milliers de personnes sont venues la voir sur son lit de souffrances, dans l’obscurité de sa modeste chambre. Elle leur a toujours fait bon accueil que ce soit de grands personnages ou des gens de rien et leur a tous apporté amour, compassion et réconfort. Le lecteur ne peut que tirer grand avantage de cette lecture d’une simplicité évangélique, tout en étant émerveillé de découvrir l’importance de l’humilité dans sa démarche. Une fois de plus, le Christ, négligeant le clinquant, les paillettes, les tambours et les trompettes, s’est servi des plus pauvres matériaux (la fameuse pierre rejetée par les bâtisseurs), en l’occurrence une pauvre paysanne n’ayant même pas son certificat d’études, pour transmettre son formidable message d’amour.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

LES FRANCS-MAÇONS (SERGE HUTIN)

Le résumé du livre

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Franc-Maçonnerie se trouve dans cet ouvrage. Son origine qui remonterait à la nuit des temps et à la construction du Temple de Salomon par Maître Hiram. Son évolution de maçonnerie opérative (réservée aux sculpteurs et tailleurs de pierre du Moyen Âge) en maçonnerie spéculative (c’est-à-dire affranchie de toute appartenance corporative). Ses origines sociales : longtemps chasse gardée des aristocrates sous la houlette de membres de la famille royale comme Philippe d’Orléans dit « Philippe Egalité » ou Frédéric II de Prusse, elle s’est lentement démocratisée par l’adjonction de strates bourgeoises. Ses orientations religieuses et philosophiques : se référant au départ au catholicisme (pays latins) ou au protestantisme (pays anglo-saxons), elle s’en est éloignée de plus en plus en France jusqu’à devenir farouchement anti-religieuse et anti-cléricale (séparation de l’Eglise et de l’Etat, affaire des fiches, nationalisation des biens du clergé, bannissement des congrégations, etc.). Sans oublier les rites d’initiation, les symboles, les grades, les obédiences…

Ma critique

Traité particulièrement bien documenté, « Les Francs-Maçons » se présente comme un ouvrage de vulgarisation éclairé et se voulant objectif. Pour l’auteur, franc-maçon lui-même, conférencier officiel des Rose-Croix Amorc et expert en alchimie et ésotérisme, les Franc-maçons ne mériteraient ni les excès d’honneurs ni les tombereaux d’opprobre dont les uns et les autres les gratifient. Ils ne seraient que d’importance secondaire ou partielle dans le déclenchement de la Révolution Française (alors que pratiquement tous ses dirigeants et inspirants en étaient), ni dans le soutien à Bonaparte (alors que tous ses frères en étaient et que l’intéressé n’en était pas), ni dans l’avènement et les réalisations de la IIIème République (alors qu’une écrasante majorité de députés et de ministres en étaient). Il balaie d’un revers de manche les travaux nettement moins favorables de Barruel sans grandes preuves ni arguments. Au total, un ouvrage intéressant ne serait-ce que par les illustrations souvent macabres voire inquiétantes, les notes très précises et surtout la chronologie indispensable pour le côté historique de l’affaire. Utile pour une première approche mais insuffisamment critique pour porter un jugement.

Ma note

3/5

AVENTURESEXPLORATIONSTEMOIGNAGE

L’HOMME QUI VOULAIT VOIR TOUS LES PAYS DU MONDE (ANDRÉ BRUGIROUX)

Le résumé du livre

S’il est un homme qui peut se targuer d’avoir réalisé, adulte, tous ses rêves d’enfant, c’est bien André Brugiroux. Surnommé « le pape des routards », il a d’abord bouclé en dix-huit ans d’auto-stop, bateau-stop et autres subterfuges peu onéreux, un incroyable tour du monde. Puis au fil des ans, des occasions et des conférences, il a réussi à poser son sac dans presque tous les pays du monde. Seule, l’Arabie Saoudite s’est longtemps refusée à lui, mais, il a réussi récemment, grâce à un concours de circonstances quasi miraculeux, à accrocher ce dernier trophée à son tableau de chasse de globe-trotteur ! Et tout ça, à raison d’un seul dollar par jour, sans jamais devoir payer pour coucher à l’hôtel (sauf quand c’était absolument obligatoire comme en URSS ou en Corée du Nord), sans se munir du moindre canif (en signe de non-violence assumée), ni d’une simple gourde même en plein désert (pour toujours devoir s’en remettre au bon vouloir de l’Autre).

Ma critique

« L’homme qui voulait voir tous les pays du monde » est un témoignage passionnant et époustouflant de toute une vie passée sur les chemins dans une quête assez unique de cette totalité de voyages qui vise le Livre des Records et frise un tantinet la monomanie. En effet, il reste à Brugiroux un lieu non visité, les îles Chagos, base militaire US vidée de ses habitants. Lire ces aventures permet d’apprendre pas mal de choses sur la réalité de pays dont le lecteur n’a souvent qu’une idée faussée par la présentation tendancieuse qu’en font nos médias. Que de péripéties, que de dangers, que de rebondissements, que de souffrances pour arriver à pareil résultat. L’auteur en tire la leçon suivante : « La terre n’est qu’un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens », précepte proclamé par Bahà’u’llàh, fondateur d’une religion universelle dérivée de l’Islam et prônant un idéal de paix par la gouvernance mondiale. Ouvrage que l’on conseillera aux amateurs d’aventures loin des sentiers battus touristiques, aux rêveurs de grands espaces, tout en se permettant deux petits reproches. Bien des lieux mériteraient de plus amples développements. L’auteur aurait pu en profiter pour réduire la durée de ses prêchi-prêcha baha’istes un brin lassants. L’enfer « mondialiste » est pavé de si bonnes intentions…

Ma note

4/5

HISTORIQUE

UN ETRANGE MONSIEUR FREY (PIERRE SERGENT)

Le résumé du livre

En 1934, Ernst Frey, jeune bachelier autrichien d’origine juive, milite dans diverses organisations d’extrême gauche. Pour échapper aux persécutions des nationaux-socialistes, il quitte clandestinement l’Autriche pour se réfugier en France. Il espère pouvoir partir combattre aux côtés des Républicains espagnols, mais ses chefs, jugeant qu’il ne leur serait pas de grande utilité, l’en empêchent. Il s’engage alors dans la légion étrangère où il fonde la toute première cellule du parti communiste. Il se retrouve en Indochine où il est fait prisonnier par les Japonais. Après des mois de détention particulièrement cruelle, à peine libéré, il intègre les rangs du Viet-minh tout juste émergeant. Très vite il se retrouve à combattre ses anciens frères d’armes et à monter dans la hiérarchie jusqu’à devenir colonel et conseiller particulier du général Giap. Un jour, lassé de la guerre, des tortures et des exactions perpétrées, il remet tout en question, rencontre le divin et donne un nouveau tournant à sa vie.

Ma critique

« Un étrange monsieur Frey » est la biographie précise et circonstanciée d’un personnage tout à fait hors du commun. Athée aussi militant que rabique, il épouse les thèses communistes avec enthousiasme, se révèle un apparatchik fanatique et d’un totalitarisme borné jusqu’au moment de l’illumination sur son chemin de Damas. D’une lecture un peu laborieuse, ce livre a également l’immense avantage de faire découvrir au lecteur un côté peu connu de la guerre d’Indochine, de se retrouver dans l’autre camp, celui des mercenaires européens, anciens nazis et autres Japonais reconvertis, celui des futurs vainqueurs. Il apprendra ainsi que le parti communiste indochinois ne comptait à cette époque qu’un petit millier de membres, le Viet-Minh, moins de 20 000 combattants et que cet effectif si modeste, sans artillerie, ni aviation, ni blindés, ni armes lourdes réussit à tenir en échec le corps expéditionnaire français avant d’en faire autant avec la puissante armée américaine. Pour les amateurs d’Histoire militaire.

Ma note

3,5/5

ROMAN

DANS LA BAIE MAUVE (SARA BAUME)

Le résumé du livre

Dans un petit village de l’Irlande profonde, Ray, homme d’un certain âge, vit seul dans une modeste maison face à la mer. Orphelin, il n’a pas connu sa mère et il a passé son enfance chez une femme qu’il n’aimait pas et qu’il devait appeler « Ma Tante ». Considéré comme débile mental, il n’alla pas à l’école, ne fréquenta pas d’enfants de son âge et vécut en la seule compagnie de son père, homme froid et indifférent qui passa sa retraite à fabriquer des jeux de sociétés aux règles improbables avant de décéder fort âgé en s’étouffant avec une saucisse. Se retrouvant du jour au lendemain seul et abandonné, Ray décide d’adopter un chien, un ratier au caractère difficile qui se bat souvent avec ses congénères. Il est couvert de cicatrices et a déjà perdu un œil. D’où son nom : « One Eye ». Le couple cabossé part au hasard des routes, vivant, mangeant et dormant sur des parkings dans une vieille auto.

Ma critique

« Dans la baie fauve » se présente comme une sorte de long monologue réparti sur quatre chapitres, un pour chaque saison de l’année. Par bribes, Ray raconte sa vie à son chien, son seul confident et son seul ami. Celle-ci étant très tristesse et d’une monotonie à pleurer, l’auteure la pimente de longues et minutieuses descriptions de plages, d’oiseaux marins, de plantes, d’animaux familiers et autres décors ou paysages. Le résultat donne une sorte de « magie du quotidien » avec des alternances d’épisodes un tantinet abracadabrantesques qui ne manquent d’ailleurs pas d’étonner. Peu de péripéties, aucun rebondissement, et pourtant, l’intérêt ne se dément pas et on lit même avec un certain plaisir. Sans doute est-ce dû au regard acéré de l’auteure, à ses observations pertinentes, à ses fulgurances et à son style particulier, tout en finesse et allusions. Les deux personnages ne peuvent laisser indifférents. Leur histoire dans sa terrible banalité amène à réfléchir sur le sens de ces « petites » vies « inutiles ». Un premier roman très réussi et déjà remarqué dans divers prix littéraires.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA COURSE À PIED (JEAN-PAUL MATHISS)

Le résumé du livre

La course à pied est l’un des sports les plus pratiqués dans notre pays. On estime le nombre de joggers à quatre millions. Il y a des épreuves et des compétitions pour tous et de tous niveaux. Des 10 ou 15 km jusqu’aux marathons ou semi-marathons, sans oublier les 100 km de Millau ou de Migennes ou le trophée du Vignemale, la course la plus haute d’Europe avec un dénivelé total de 2700 m pour une longueur de 51 km dont 2 sur glacier. Entre autres. Pourquoi court-on autant ? Par quoi doit-on commencer ? Comment mener un entrainement ? Comment améliorer ses performances ? Quelle est la bonne manière de préparer un marathon ? Autant de questions auxquelles répond ce livre…

Ma critique

« La course à pied » se présente comme un petit guide technique bien illustré, bien documenté et très bien conçu. Le lecteur, qu’il soit lui-même coureur ou non, débutant ou chevronné, y découvrira mille choses sur le sujet. Par exemple, que la bizarre longueur du marathon (42 kilomètres et 195 mètres soit 26 miles et 385 yards) a été décidée par les Britanniques. Elle correspond à la distance qui sépare le château de Windsor du stade de White City. Il y trouvera également divers tableaux et graphiques sur les allures à tenir, les correspondances test sur 10 km par rapport au marathon, sur les choix de chaussures et même un lexique sur le jargon des coureurs et diverses adresses en annexe. Au total, un livre court, mais très complet et fort utile pour progresser dans la pratique d’une discipline aussi exigeante que bienfaisante.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

BENOÎT XVI OU LE MYSTÈRE RATZINGER (DUQUESNE & ZIZOLA)

Le résumé du livre

Benoît XVI (Joseph Ratzinger) né le 16 avril 1927 à Marktl (Bavière, Allemagne), a été le 265e souverain pontife de l’Église catholique du 19 avril 2005 au 28 février 2013. Fils de parents opposés au nazisme, il fut enrôlé de force dans les jeunesses hitlériennes. En 1944, il refusa d’intégrer la Waffen-SS en faisant valoir son intention d’entrer au séminaire. À la suite de sa libération, en 1945, du camp de prisonniers de guerre de Bad Aibling où il fut interné après avoir déserté la Wehrmacht lors de son service militaire, il commença sa formation de prêtre puis fut ordonné le 29 juin 1951. Le 24 mars 1977, il est nommé archevêque de Munich et Freising par le pape Paul VI. Théologien reconnu, le cardinal Ratzinger est nommé par le pape Jean-Paul II, en 1981, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Réputé conservateur, il fait l’objet de nombreuses critiques concernant notamment ses prises de position sur le préservatif, l’homosexualité, l’Islam, les Amérindiens ou encore la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. Cependant, il est aussi reconnu pour ses prises de position en faveur de l’écologie ou encore pour son combat contre la pédophilie dans l’Église et contre l’antisémitisme. Le 11 février 2013, il renonce à ses fonctions, et devient dès lors, et de façon inédite, « Sa Sainteté Benoît XVI, pontife romain émérite ».

Ma critique

« Benoît XVI ou le mystère Ratzinger » est un livre double, écrit à quatre mains par Jacques Duquesne, écrivain bien connu, qui signe « Ce qui attend Benoît XVI », un état des lieux de l’Eglise catholique au mois d’avril 2005 et par Giancarlo Zizola, vaticaniste réputé, qui est responsable de la seconde partie intitulée « Qui est-il ? » et présentant un portrait plutôt à charge du « Panzer Kardinal ». Les deux parties sont de très inégal intérêt. Autant la première est passionnante avec ces analyses très pertinentes du rôle du pape et des évêques, de la crise du sacerdoce, de la place des femmes, du rôle des théologiens, du problème de l’œcuménisme. Autant la seconde est décevante, car elle n’apporte pratiquement aucune lumière ni piste de recherche sur ce « mystère ». Ratzinger reste un personnage fort complexe à la fois réformiste (il fut en pointe lors du Concile Vatican II) et conservateur (il n’y eut pas plus grand adversaire de la fameuse « théologie de la libération »). Zizola conclut son essai en disant qu’il ne fera pas de révolution mais qu’il ne se résoudra sans doute pas à n’être qu’un pape de transition. Avec le recul, le lecteur s’aperçoit que l’avenir lui a donné tort. Livre de circonstance, qui au lieu de lever un coin du mystère, ne fait que l’épaissir un peu plus !

Ma note

2,5/5

ESSAISEXPLORATIONS

QUESTIONS DE NATURE (NICOLAS HULOT)

Le résumé du livre

D’abord photographe, puis animateur de télévision (« Ushuaïa ») et maintenant ministre de l’écologie, Nicolas Hulot a de tous temps aimé la nature. Il a parcouru en tous sens notre planète, a pratiqué l’ULM, le parapente, l’avion, la plongée sous-marine, la spéléologie sur les plus beaux sites de la planète. Il a sillonné le désert en compagnie du professeur Théodore Monod, séjourné sur le motu de Paul-Emile Victor, face à l’île de Bora-Bora. Il a assisté à la ponte des tortues sur l’île inhabitée d’Aldabra, participé à une ancestrale chasse à l’aigle au Kazakhstan, écouté le brame du cerf en forêt de Fontainebleau et caressé des gorilles dans la réserve de la malheureuse Diane Fossey. Et de chacun de ces lieux et de quelques autres, il nous prodigue une réflexion, une pensée ou une recommandation écologique : la chasse n’est pas une bonne chose, la chasse à courre est pire encore. Les corridas et bastonnades d’ânes en Espagne sont des abominations. La pêche industrielle avec filets dérivants devrait être interdite. Il faut protéger et respecter les animaux sauvages, s’inspirer des peuples premiers qui ne prélèvent que le strict minimum sur la nature…

Ma critique

« Questions de nature » se présente comme un livre de courtes réflexions politico-philosophiques sur le thème de l’écologie et de la défense de l’environnement. Pour Hulot, l’homme moderne impacte beaucoup trop gravement la nature. Il met en péril les animaux, les plantes et les sites encore préservés. Ceux-ci d’ailleurs devraient même être sanctuarisés et interdits au tourisme de masse, en sous-entendant que lui et ses lourdes expéditions de type « Ushuaïa » avec énormes 4X4, camions de matériel, et armada volante ou roulante devraient seuls continuer à en jouir alors qu’il ne fait que donner envie à d’autres de le suivre et de l’imiter ! On ne peut qu’adhérer aux principes répétés à longueur de page dans ce livre au bout du compte plus ennuyeux qu’autre chose. L’auteur aligne les évidences, les truismes et autres idées reçues comme d’autres enfilent des perles. La plupart des paragraphes commencent par « je ». Plus narcissique que ça, on meurt ! Encore un bouquin édité sur une notoriété, une de ces savonnettes littéraires qui, même si elles lavent plus blanc, n’apporte pas grand-chose et sera aussi vite lue qu’oubliée !

Ma note

2,5/5

HISTORIQUE

LES PRÊTRES DÉPORTÉS SUR LES PONTONS DE ROCHEFORT (YVES LOMME)

Le résumé du livre

En 1794, la France est en pleine Terreur. Robespierre veut en arriver à l’éradication complète et définitive de la religion catholique. La Révolution a déjà confisqué tous les biens du clergé, aboli la dîme, établit la constitution civile du clergé et ordonné le bannissement de tout ecclésiastique soupçonné de sympathies pour la royauté. Mais il reste encore des curés dans les paroisses et des moines dans les abbayes qui n’ont pas voulu quitter leurs ouailles. Sur dénonciation rétribuée, il les fait arrêter dans les départements. Ceux du nord du pays se retrouvent déportés dans diverses prisons de Rochefort. Ne sachant que faire de ces 829 prisonniers, les révolutionnaires les enferment dans les entreponts de divers anciens navires négriers envasés ou incapables de prendre la mer. Pendant un an, ces malheureux vont subir des conditions de détention atroces. Ils seront entassés au-delà du raisonnable dans une chaleur, dans un froid de glace et une puanteur effroyable, enfumés chaque matin aux vapeurs de goudron et interdits de prière. Ils ne disposent que d’une nourriture avariée et infecte et sont soumis aux vols, aux moqueries et aux brutalités des matelots. Une épidémie de typhus se déclare bientôt. Au total, 480 moururent de maladie et de mauvais traitements en moins d’un an.

Ma critique

Cet ouvrage historique est basé sur un grand nombre de témoignages et de documents officiels ayant servis à la béatification de 64 de ces malheureux. Celle-ci fut finalement prononcée en 1994 par le pape Jean-Paul II. Cet épisode particulièrement cruel des persécutions religieuses de la Révolution Française est moins connu que les noyades de Carrier à Nantes, que le supplice des religieuses de Compiègne ou que le génocide des Vendéens. Il mérite cependant de ne pas être oublié. Il montre jusqu’où peut aller la cruauté des hommes quand ils sont égarés par une idéologie fanatique. Le lecteur remarquera que prêtres jureurs et réfractaires (et même mariés) se retrouvèrent à égalité sur ces pontons, les accommodements n’ayant servi de rien. Après Thermidor, le vent ayant tourné, les tortionnaires eurent même la vergogne de demander des certificats de bonne conduite à leurs victimes qui, par charité chrétienne, les leur accordèrent ! Un livre important, bien documenté, qui ne peut qu’intéresser le passionné d’Histoire qui veut se faire une opinion sur cette période troublée.

Ma note

4/5

TEMOIGNAGE

UNE FEMME BLESSÉE (SUSAN STANFORD)

Le résumé du livre

À Chicago, Susan, 26 ans, professeure de psychologie en faculté, voit son mariage avec Franck, brillant juriste, se déliter peu à peu. Quand elle lui pose la question cruciale de savoir si elle peut espérer agrandir un jour la famille, il refuse en se disant pas prêt à être père. Le couple finit par se séparer. Susan rencontre un autre homme dont elle tombe enceinte. Ne se sentant pas la force de garder cet enfant conçu hors mariage, elle se résigne à avorter. Le traumatisme est tel pour la malheureuse qu’il lui faudra de longues années avant de retrouver le goût de vivre et de regagner la surface grâce à l’amitié de ses proches et surtout à la découverte du pardon et de l’amour divin. Elle doit bientôt quitter un poste de doyenne de l’Université pour ouvrir un cabinet de consultations psychologiques à Detroit où elle s’efforce d’aider d’autres femmes traumatisées par l’épreuve de l’avortement. Elle pratique ainsi une totale reconstruction « psychique et spirituelle » qui porte souvent de très beaux fruits.

Ma critique

« Une femme blessée » se présente comme le très émouvant témoignage d’une femme honnête et intelligente. À la lumière d’une expérience aussi douloureuse que traumatisante, elle parvient à nous faire partager avec sensibilité et ferveur un message de foi et d’espoir en la vie et en la miséricorde divine laquelle permet aux femmes de se pardonner et de se faire pardonner. Ce chemin de résurrection peut être long et douloureux. Les séquelles psychiques de ce geste terrible pouvant être aussi nombreuses que la dépression nerveuse, le chagrin persistant, le remords chronique, les maladies psychosomatiques, les abus de drogues ou d’alcool et même les tentatives de suicide sans parler de celles purement physiques comme les possibles fausses couches ou grossesses extra-utérines. Un livre important sur une question aussi cruciale que vitale et nettement moins simple que voudraient le faire croire les tenantes de l’IVG fraîche et joyeuse.

Ma note

4,5/5

TEMOIGNAGE

LA FOSSE AUX SERPENTS (MARY JANE WARD)

Le résumé du livre

Dans les années cinquante de l’autre siècle, à New-York, Virginia Cunningham, jeune journaliste souffrant de dépression nerveuse (aujourd’hui, on parlerait plutôt de « burn out »), accepte de se faire interner volontairement dans un hôpital psychiatrique qui se présente comme un établissement de cure ou de repos de premier ordre. À peine est-elle arrivée que le cauchemar commence. Rien n’est épargné à la pauvre Virginia, ni la tenue de bagnarde, ni la nourriture infecte, ni les douches collectives où il faut se savonner avant de se mouiller, ni la camisole chimique, ni surtout les monstrueuses séances d’électrochocs qui sont une inhumaine torture parfaitement inutile. Ce calvaire durera des mois. La malheureuse aura toutes les peines du monde pour arriver à échapper à cet enfer…

Ma critique

« La fosse aux serpents » est un témoignage bouleversant et totalement véridique sur la condition des patients traités en psychiatrie dans ces années-là. Le personnel soignant semble n’avoir qu’une obsession : exercer un pouvoir absolu, réduire à néant toute volonté, nier totalement la personnalité du malade. À la plus petite incartade, les sanctions tombent dru : enfermement, camisole de force, nuit dans des draps mouillés, douches glacées, etc. La lecture d’un tel document permet de mesurer l’évolution qu’a suivie la psychiatrie et de se poser bien des questions sur la nature humaine, sur la fragilité de son psychisme (Virginia en était arrivée à ne plus savoir depuis combien de temps elle était enfermée, ni à quel moment de la journée elle se trouvait, ni même à reconnaître son mari venu lui rendre visite). Et de toutes les questions que pose cet ouvrage, il en est une particulièrement irritante car insoluble : où se situe la frontière entre normalité et maladie mentale ?

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

FLORENCE NIGHTINGALE (CECIL WOODHAM-SMITH)

Le résumé du livre

Issue d’une riche famille britannique, Florence Nightingale chercha dès son plus jeune âge à se dévouer pour les autres. Après des études d’infirmière, elle décida de se consacrer à ce métier. Elle y sacrifia même un amour de jeunesse. À cette époque (1845), les hôpitaux anglais étaient particulièrement sales et l’hygiène plus que déplorable. Florence visita des établissements en Allemagne et en France, ce qui lui donna des idées pour améliorer le sort des patients qui y rentraient plus souvent pour mourir que pour être soignés. Elle devint surintendante bénévole d’un hôpital londonien, y acquit une réputation d’organisatrice hors pair. Son dévouement était sans bornes. Les malades l’adoraient et elle pouvait disposer de nombreux appuis dans le monde politique. Mais là où elle put donner toute la mesure de son génie, ce fut au cours de la guerre de Crimée, dans une caserne-hôpital prêtée par les Turcs à Scutari. L’endroit était particulièrement insalubre. Les soldats blessés ou atteint de dysenterie ou de malaria tombaient comme des mouches. Pas de meubles, pas de nourriture, des soins discutables et pour couronner le tout, un égout bouché qui s’était répandu dans les caves ! Une tâche à la hauteur de cette femme exceptionnelle…

Ma critique

« Florence Nightingale » est une biographie particulièrement bien documentée sur la vie de celle qu’on pourrait appeler la sainte patronne des infirmières. Henri Dunant, le fondateur de la Croix Rouge l’admirait beaucoup. Il disait d’elle : « C’est l’exemple du travail accompli par Miss Nightingale en Crimée qui me donna l’idée d’aller en Italie pendant la guerre de 1859. » Il faut dire que le travail accompli était titanesque. Les infirmières de l’époque avaient la triste réputation d’être aussi peu farouches que portées sur la boisson. Elles ignoraient les règles d’hygiène les plus élémentaires. Florence Nightingale y mit le holà au point que des années plus tard, la réputation du métier était exactement l’inverse. Livre passionnant autant par le personnage hors norme que par sa vie qui se présente comme une suite d’aventures dépassant la fiction ou par le contexte historique troublé de l’époque. À la lecture de cet ouvrage très bien écrit et très agréable à lire, le lecteur pourra découvrir d’où est parti le service sanitaire des armées et apprécier le parcours accompli.

Ma note

4/5

ESSAIS

COMMENT VIVRE 365 JOURS PAR AN (DR JOHN A. SCHINDLER)

Le résumé du livre

Une très importante partie de nos maux et même de nos maladies occasionnelles ou chroniques sont psycho-somatiques. Elles proviennent de nos émotions négatives comme l’anxiété, la peur, l’angoisse, la propension à ruminer ou à tout voir en noir. En effet, il n’est d’émotion sans manifestation physiologique. À cet égard, l’hypophyse ou glande pituitaire joue un rôle primordial dans ce phénomène par la variété des hormones qu’elle produit. Conséquence de cette importante découverte médicale : chacun d’entre nous a la possibilité en gérant convenablement ses émotions de se maintenir en bonne santé. Tel est le sujet du livre du Docteur John Schindler lequel ne se contente pas d’exposer de nombreux cas étayant sa thèse, mais de proposer des pistes de gestion émotive pour y parvenir.

Ma critique

« Comment vivre 365 jours par an » se présente comme un livre de vulgarisation médicale tout à fait intéressant. L’auteur expose un grand nombre de cas montrant, par exemple, que le rythme cardiaque peut s’accélérer jusqu’à 180 et même 220 pulsations/minutes ou plus sous l’effet de la colère et de s’y maintenir tant qu’elle n’est pas retombée. Il cite même le cas d’un physiologiste anglais, John Hunter, qui annonçait que le premier paltoquet venu qui le mettrait vraiment en colère le tuerait sur le coup, ce qui arriva peu après lors d’un congrès médical ! Le livre serait d’un intérêt relatif s’il en restait au constat sans donner de remèdes. Fort heureusement, l’ouvrage se termine par ces sept conseils judicieux :

— Apprécier les joies de la vie

— Ne jamais donner dans l’hypocondrie

— Aimer son travail

— Aimer les gens

— Prendre l’habitude de la bonne humeur

— Prendre les problèmes à bras le corps et les résoudre sans attendre ni ruminer

— Vivre et réussir le moment présent. Positiver.

Tout un programme ! Un livre utile et qui peut être bénéfique.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

J’AI SERVI LE ROI DU NÉPAL (ERIKA KATE LEUCHTAG)

Le résumé du livre

En 1939, Erika Kate Leuchtag est une physiothérapeute allemande qui exerce son art en Inde auprès de malades plutôt illustres. Dix ans plus tard, elle est invitée à venir soigner l’une des deux reines du Népal, pays totalement fermé aux étrangers. Elle fait la connaissance du roi Tribhuvana qui lui semble très agréable mais également complètement oisif. Comme elle s’étonne qu’il semble n’avoir jamais rien à faire, il lui répond que depuis plus d’un siècle, la famille Rana a confisqué le pouvoir pour exercer une sorte de dictature complètement rétrograde. Lui souhaiterait pouvoir ouvrir son pays à la démocratie et à la modernité, mais il n’y arrivera pas sans aide. Ce sera l’occasion pour Erika de se trouver en position d’intermédiaire avec l’Inde et ainsi de jouer un rôle capital dans les destinées du Népal.

Ma critique

« J’ai servi le roi du Népal » est un témoignage historique tout à fait intéressant et singulier. En effet, il n’est pas commun de voir un roi, considéré par son peuple comme une réincarnation de Bouddha, être à l’origine d’une révolution et comploter contre son premier ministre, lequel n’est qu’un autocrate corrompu jusqu’à la moelle. Dans cet ouvrage bien écrit et agréable à lire, le lecteur apprendra nombre de choses sur la réalité d’un petit royaume fermé sur lui-même, longtemps interdit aux étrangers, un « dernier bastion du mystère » qui peu à peu et d’une façon totalement inattendue a pu sortir de son terrible isolement. Une page d’Histoire à découvrir.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

MISSION AU-DELÀ DU CRÉPUSCULE (J.BRYAN & P.REED)

Le résumé du livre

Le 19 juin 1944, en pleine bataille du Pacifique, le vice-amiral américain Marc Mitscher lance une attaque massive de chasseurs-bombardiers contre la flotte japonaise. Une bataille aéronavale décisive s’engage alors. La 58ème Force US coule un porte-avions japonais ainsi que quatre pétroliers et endommage plusieurs autres navires. La riposte ne se fait pas attendre. L’ennemi déclenche un véritable tir de barrage en forme de mur de feu. Les quelques avions américains rescapés sont en piteux état et surtout presque à court de carburant. Et pourtant, il leur faut à tout prix regagner leurs porte-avions respectifs. Tous n’y parviennent pas. Une soixantaine est obligée d’amerrir. Les accidents se succèdent au moment de l’atterrissage sur les ponts. Au total, la Navy perdra 96 appareils et rien moins que 49 hommes.

Ma critique

« Mission au-delà du crépuscule » est le fidèle récit d’un épisode assez peu connu de la seconde guerre mondiale. Il est basé sur un ensemble de témoignages recueillis par les auteurs et sur les confidences des survivants de cet épisode dramatique. Tout est authentique, rien n’est romancé. « Aucun incident n’a été inventé, pas un mot n’a été attribué à un témoin sans son accord », dit la présentation. Le lecteur se rend compte qu’une fois encore la réalité dépasse largement la fiction. De telles narrations donnent une idée nettement plus juste de la terrible réalité de la guerre. Celle-ci est bien loin des épopées grandioses du cinéma américain. Un témoignage ancien (le livre a été publié pour la première fois dès 1945), mais toujours passionnant et utile à lire pour qui s’intéresse à l’Histoire de cette période.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

THE SONG REMAINS THE SAME (ALAIN GOUVRION)

Le résumé du livre

Led Zeppelin, formation de rock britannique, originaire de Londres, formée en 1968 par Jimmy Page (guitare), Robert Plant (chant), John Paul Jones (basse, claviers) et John Bonham (batterie), et dissous à la suite de la mort de ce dernier en 1980, reste un groupe mythique autant pour ses prestations scéniques que pour la qualité et l’originalité de sa musique. Celle-ci est particulièrement bien décryptée dans ce livre fort intéressant et magnifiquement illustré. Aux frontières entre la simple pop, la hard rock, le blues, le heavy metal et le psychédélique, Led Zeppelin fut un inspirateur pour bien d’autres groupes et pour de nombreux courants musicaux. Ce livre commence par dix bonnes raisons de s’intéresser au phénomène avant de présenter la carrière, le film et même son making of qui fut des plus laborieux…

Ma critique

« The song remains the same » se présente donc comme un livre accompagné d’un DVD éponyme de 137 minutes qui propose des extraits de concerts donnés au Madison Square Garden (dont certaines parties ont d’ailleurs dû être re-filmées en studio), entrecoupées de séquences plus ou moins oniriques et bien dans le style de l’époque. Il s’agissait à la fois de concurrencer le célèbre « Gimme shelter » de leurs concurrents, les Rolling Stones, et d’innover, là encore, en mettant en scène les quatre musiciens et leur producteur dans des saynètes bucoliques ou chevaleresques pour Plant, parodiant Al Capone pour Peter Grant, le manager, ou même carrément ésotériques voire fantastiques pour les autres personnages. L’ensemble du livre et du film qui rencontra d’ailleurs un grand succès en son temps peut être intéressant pour les fans du groupe qui sont encore nombreux aujourd’hui.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LA NUIT DU TITANIC (WALTER LORD)

Le résumé du livre

Le 14 avril 1912 peu avant minuit, le Titanic, paquebot transatlantique de la compagnie britannique White Star Line, voit un iceberg se dresser sur sa route. Il tente de l’éviter alors qu’il est lancé à pleine vitesse. C’est à l’époque le plus luxueux et le plus grand paquebot jamais construit. Sa coque est pourvue de seize compartiments étanches servant à protéger le navire en cas de voies d’eau ou d’avaries importantes, ce qui lui donne la réputation de paquebot « insubmersible ». Très confiant, son capitaine, le plus ancien et le plus chevronné de la compagnie, donne l’ordre de virer mais ne peut éviter une collision par tribord. L’eau pénètre partout. Il faut organiser un sauvetage des passagers des plus chaotiques et des plus injustes. Le paquebot géant coule le 15 avril 1912 à 2 h 20 au large de Terre-Neuve. Plus de 1500 personnes disparaissent, ce qui fait de cet événement l’une des plus grandes catastrophes maritimes survenues en temps de paix. Le drame met en évidence les faiblesses du navire, le nombre limité de canots de sauvetage et les carences dans les procédures d’évacuation d’urgence.

Ma critique

« La nuit du Titanic » est la reconstitution dramatique et très précise d’un événement historique bien connu qui a fait couler beaucoup d’encre et suscité bien des remous dans l’opinion publique. Le lecteur apprend beaucoup de chose dans cette narration basée sur une documentation importante. Par exemple que les canots de sauvetage étant en nombre insuffisant, les passagers des classes inférieures furent sacrifiés. Pour preuve : sur les 143 passagers de première, on ne compta que 4 victimes. En troisième classe, 81 femmes sur 179 trouvèrent la mort. Tous les enfants de première et deuxième classe sauf un survécurent alors que sur 76 enfants des classes inférieures seuls 23 trouvèrent la mort. Ouvrage très bien écrit, bien mis en scène et très intéressant pour qui s’intéresse à l’histoire.

Ma note

4/5

AVENTURES

LE MONDE EN STOP (LUDOVIC HUBLER)

Le résumé du livre

Le 1er janvier 2003, fraîchement émoulu d’une école de commerce, Ludovic Hubler, 25 ans, décide de se lancer dans un tour du monde en auto-stop (et même en bateau-stop pour franchir mars et océans) au départ de Val d’Isère. Il prévoit d’y consacrer au maximum deux années. En réalité, il lui en faudra cinq pour boucler son incroyable périple. 170 000 kms seront parcourus. 59 pays seront traversés, les plus accueillants comme les plus dangereux, les plus ouverts à cette pratique comme les plus fermés. Il visitera tous les continents y compris l’Antarctique, traversera des déserts brûlants ou glacés et donnera des centaines de conférences un peu partout, mais principalement aux Etats-Unis où il séjournera une année entière. Ce tour du monde qui fait un peu l’impasse sur une grande partie de l’Afrique noire et sur l’immense fédération de Russie ne sera possible que grâce à l’amabilité de 1300 conducteurs de véhicules de tous pays (excepté la Corée du Nord), d’une dizaine de marins et de centaines d’hébergeurs trouvés le plus souvent sur deux sites internet (« Couchsurfing » et « HospitalityClub).

Ma critique

« Le monde en stop » est le récit de voyage en stop le plus extraordinaire que nous ayons lu depuis le fameux « La terre n’est qu’un seul pays » d’André Brugiroux. Il se présente sous la forme d’un pavé de 566 pages qui se lit comme un roman et qui aurait pu en comporter le triple sans aucun problème. Certains pays sont longuement décrits, d’autres trop vite survolés et là, le lecteur reste un peu sur sa faim. Que de choses on apprend en lisant cet ouvrage, que de clichés véhiculés par les médias toujours à l’affût du sensationnel ne doit-on pas corriger ! Un seul exemple : il est un pays où le culte de la personnalité est encore bien pire qu’en Corée du Nord, c’est le Turkménistan. Le saviez-vous ? En fin d’ouvrage, l’auteur mesure la chance qu’il a eu de rencontrer tant de bonnes personnes et d’échapper à la plupart des dangers (les FARC en Colombie, les Talibans en Afghanistan, les zones militaires interdites au Tibet ou de conflits dans de nombreux endroits, tous traversés sans incident majeur). Sans être obligé d’adhérer aux idées pour le moins utopiques de paix et de fraternité universelle, d’abolition des frontières et de globalisation heureuse prônées par l’auteur ni même à ses rêves d’universalisme et de syncrétisme religieux, le lecteur appréciera la plume alerte, le témoignage honnête et sincère et surtout le grand vent de liberté qui souffle dans ces pages magnifiques.

Ma note

4,5/5

AVENTURES

SANS UN SOU EN POCHE (BENJAMIN LESAGE)

Le résumé du livre

A l’issue de ses études à La Haye dans le cadre d’Erasmus, Benjamin Lesage décide de partir sur les routes sans un sou en poche. Il est accompagné par un Italien, Nicola et un Allemand Raphaël, tous convaincus que l’on peut vivre sans argent dans un esprit de don et de partage. Ils traversent la France et l’Espagne en stop, se font offrir le passage vers le Maroc puis celui vers les îles Canaries où ils restent des semaines avant de trouver un skipper qui accepte de leur faire traverser l’Atlantique. Arrivés au Brésil, ils passeront par la Guyane, le Surinam, la Colombie, tous les pays d’Amérique Centrale et arriveront finalement au Mexique, but de leur périple toujours en faisant de l’autostop. Au total, 10 mois sur les routes, 24 000 km parcourus. 270 véhicules empruntés dont cinq bateaux. Des dizaines de nuit à la belle étoile, sur les trottoirs, chez les pompiers, dans les hôpitaux ou chez de rares particuliers bienveillants. Ils ont dépensé en tout moins de cent euros pour les visas, passeports et taxes. Une aventure hors du commun.

Ma critique

« Sans un sou en poche » se présente comme un récit de voyage tout à fait atypique. Quelle idée folle de vouloir voyager sans dépenser un sou ! Tous ceux qu’ils rencontrent sur leur chemin leur disent qu’ils sont fous. Mais eux veulent vivre fauchés pour vivre libre. Magnifique projet mais réalisation difficile. Benjamin se fera voler toutes ses affaires et tous ses papiers. Nicola partira assez vite. Raphaël sera rejoint par sa compagne. Benjamin verra la sienne le rejoindre en fin de parcours pour repartir rapidement. Il parcourra d’ailleurs seul et sur un vélo donné les derniers 1500 km avant Mexico. Un livre passionnant, bien écrit, qui se dévore et donne à réfléchir sur nos modes de vie et de consommation, ainsi que sur notre impact sur les ressources de notre planète.

Ma note

4,5/5

POLICIER

SAINT FREDO (ALPHONSE BOUDARD)

Le résumé du livre

Alfred Friteau, « Frédo » pour les intimes, est un truand à l’ancienne qui a connu les maisons de correction, les prisons centrales et même le bagne. Au total, environ 25 années derrière les barreaux. Il a partagé quelques-unes de ses galères pénitentiaires avec l’auteur. C’est la raison pour laquelle il reprend contact avec lui bien des années plus tard. Alphonse est un auteur connu. Il fréquente même le milieu du cinéma. Frédo lui, s’est trouvé un petit boulot d’éducateur à Rouen. Il se consacre à la réhabilitation de jeunes voyous. Un curé s’intéresse à lui. Il va même jusqu’à lui confier la direction d’un centre de réinsertion en région parisienne. Quelques personnages haut placés s’extasient sur une aussi extraordinaire reconversion. En réalité, Frédo n’en a pas complètement terminé avec tous ses vieux démons…

Ma critique

« Saint Frédo » se présente plus comme un roman social que comme un roman noir ou policier. Il se situe plutôt aux limites des trois genres. Le personnage haut en couleur de ce gangster d’un autre temps, celui des « vrais hommes » avec leur code d’honneur que Boudard relativise d’ailleurs, mérite à lui seul d’occuper toute l’intrigue. Tour à tour braqueur, perceur de coffre-forts, fourgue et proxénète, il profite de son retour à la liberté pour mettre les bouchées doubles autant sur la boisson que sur la nourriture ou les femmes. Un vrai jouisseur libidineux, ce faux « saint » ! Un régal que cet ouvrage autant pour le regard malicieux et plein d’humour que pour le style inimitable, truffé d’argot, d’images cocasses, de trouvailles lexicales d’un auteur comme on en fait plus.

Ma note

4,5/5

AVENTURESEXPLORATIONS

EN AVANT, CALME ET FOU (SYLVAIN TESSON ET THOMAS GOISQUE)

Le résumé du livre

Avec quelques amis et l’aide de divers mécaniciens autochtones, Sylvain Tesson a parcouru la Chine, la Mongolie, le Népal, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, les steppes et déserts africains ou d’Amérique du Sud sans oublier la Sibérie, le lac Baïkal gelé et bien d’autres lieux exotiques aussi sauvages qu’improbables. Ne pouvant être ni lansquenet, ni Robin des Bois, ni grognard de Napoléon et encore moins cavalier de Gengis Khan, il retrouve un peu de cet esprit de liberté en chevauchant des motocyclettes de diverses marques, comme des Moto-Guzzi, des Oural, des Royal-Enfield, des BMW et même des side-cars bricolés. Il en tire toute une esthétique de la bécane qu’il illustre de citations diverses et de réflexions plus ou moins philosophiques ou poétiques.

Ma critique

« En avant, calme et fou » est plus un album-photo à la gloire de l’aventure en deux ou trois roues qu’un véritable récit d’expéditions en forme de carnet de bord ou de compte-rendu. Sylvain Tesson, qui fut un de mes aventuriers préféré avec son comparse Alexandre Poussin, a un peu vieilli. Plus d’escalade, plus de trekking à pied, plus de VTT, mais des engins à moteur pétaradant et tombant plus d’une fois en panne et des caisses de vin de Bordeaux à l’étape. La part du lion est attribuée aux photos, fort belles et insolites d’ailleurs, de Thomas Goisque. On regrette que les commentaires soient si squelettiques et si peu précis. Tesson en reste à des notes prises à l’étape sans souci du contexte. Pour s’y retrouver ne reste au lecteur que la table des illustrations en fin de volume qui seule précise le lieu, la date et l’engin piloté. On regrette un peu les vrais récits de voyages et d’aventures des débuts !

Ma note

3/5

AVENTURESROMANCE

SARA DANE (CATHERINE GASKIN)

Le résumé du livre

En juin 1792, Sara Dane, 18 ans, se retrouve dans un groupe de déportées au fond de la cale du « Georgette », en route pour Botany Bay sur la côte sud de l’Australie qui n’est alors qu’une colonie pénitentiaire aussi pauvre que désolée. Un riche passager du bateau nommé Ryder perd sa domestique victime des fièvres. Comme son épouse ne peut se passer des services de celle-ci, Ryder demande au capitaine de pouvoir disposer de Sara Dane qui a déjà exercé cette charge en Angleterre dans la famille d’un pasteur. Les charges retenues contre la jeune fille, le simple vol de trois guinées et d’une bague, étant des plus réduites, le capitaine accepte…

Ma critique

« Sara Dane » se présente comme un roman d’aventures avec arrière-fond historique. L’auteure a su faire en sorte que la romance et les péripéties sentimentales de l’héroïne n’occupent pas tout l’espace. Ainsi évite-t-elle l’écueil « Harlequin ». Sara est un personnage de femme aussi exceptionnelle qu’admirable. Partie du plus bas de l’échelle sociale, trainant un lourd passé et une condamnation injuste, elle saura, avec un courage immense, remonter la pente et arriver au plus haut niveau de la société. L’auteur nous raconte une vie extraordinaire faite de magnifiques réussites matérielles et de tragédies terribles comme la mort tragique de ses deux maris et de l’un de ses fils. Les péripéties ne manquent pas : révolte des bagnards, incendies, inondations, etc. Livre très bien écrit, particulièrement intéressant pour son volet historique (la colonisation de l’Australie fut loin d’être une partie de plaisir) et pour son intrigue bien ficelée. Cocktail réussi. À conseiller.

Ma note

4/5

AVENTURES

L’APPEL DU LOUP (RONALD DOUGLAS LAWRENCE)

Le résumé du livre

Dans le grand Nord, une meute de loups poussée par la faim se rapproche d’une ferme et tue quelques animaux domestiques. La riposte des humains ne se fait pas attendre. Elle tourne au carnage. Seule survivante, une louve repart vers le Nord, finit par rencontrer un autre loup et mettre bas trois louveteaux dont l’un, plus faible, meurt très vite. Les deux survivants sont une louvette et un louveteau nommé Patte d’Argent. Jeune et vigoureux, il aime à vagabonder et finit par tomber dans un piège tendu par Morgan, un trappeur des plus frustres. Prisonnier dans une cage de fer, le jeune loup découvre la captivité, la rage et le désespoir. Il profitera d’un moment d’inattention de son geôlier pour se venger de l’affront subi avant de reprendre sa liberté.

Ma critique

« L’appel du loup » est un roman animalier dans lequel les loups ont le tout premier rôle. Grand spécialiste de ceux-ci, Ronald D. Lawrence décrit minutieusement leurs habitudes, leurs comportements, leurs modes de vie et les rapports hiérarchiques à l’intérieur du groupe. Pas une chasse, pas une attaque de daim, élan, mouffette et même de porc-épic n’est épargnée au lecteur qui peut ressentir une certaine lassitude due à la répétition de scènes de prédation toutes semblables. La rencontre avec l’homme est plus intéressante, plus dramatique et vire même à la tragédie. Le maître de la création n’a pas le beau rôle. C’est lui aussi un prédateur, mais sans foi ni loi, qui ne pense qu’au profit immédiat et n’a pas le moindre souci de la souffrance animale. Un livre passionnant et documenté quoique de lecture un peu laborieuse pour les amateurs de nature sauvage et de vie animale. La fin sous forme de « happy end » est un peu décevante quand même.

Ma note

3/5

AVENTURES

L’ENFANT DES SEPT MERS (PAUL-LOUP SULITZER)

Le résumé du livre

Kaï O’Hara est un jeune métis sino-irlandais d’une quinzaine d’années, hyper athlétique et de caractère bien trempé. Il représente la douzième génération d’une longue lignée d’écumeurs des mers du sud. Il quitte son père adoptif pour aller vivre la vie de corsaire de son père et de son grand-père. Pourchassé par divers pirates – dont le terrible Archibald – qui veulent tous lui dérober les sept sapèques d’or de son petit héritage, il se réfugie chez les Dayaks de la mer, terribles coupeurs de têtes et éternels alliés de sa famille. Ceux-ci vont l’aider à récupérer le Nan Shan, goélette ultra-rapide sur laquelle s’illustra son célèbre grand-père Cerpelaï Gilo, et constituer son équipage…

Ma critique

« L’enfant des sept mers » est un roman d’aventures maritimes qui se voudrait dans l’esprit de ceux de Jules Verne voire de Stevenson. Les innombrables péripéties sont un peu rocambolesques et assez peu vraisemblables. Le héros principal, sorte de cocktail entre Tarzan et Mowgli (les références au livre de la jungle abondent), est si plein de qualités morales et guerrières qu’il confine au personnage de bande dessinée. C’est encore plus flagrant pour les personnages secondaires tels l’oncle Ka, la grand-mère ou la grande bringue qui deviendra son épouse. Clichés et poncifs sont si nombreux que l’intrigue en arrive à une caricature du genre. Les amateurs apprécieront peut-être. Les lecteurs plus exigeants considéreront que cet ouvrage n’est pas le meilleur du prolixe auteur et soupçonneront même d’être en présence d’une simple production « alimentaire ».

Ma note

2,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE CAPITAINE (JAN DE HARTOG)

Le résumé du livre

Le jeune capitaine hollandais Martinus Harinxma se voit attribuer le commandement de l’« Isabel Kwel » le plus gros remorqueur, le vaisseau-amiral de la flotte de la société Kwel. Il a d’abord pour mission de remorquer des péniches en Mer du Nord pour les mettre en sécurité en Grande-Bretagne au tout début de la Seconde Guerre Mondiale. Sa mission est des plus délicates. Les sous-marins allemands qui pullulent dans ces eaux prennent un malin plaisir à envoyer par le fond tous les vaisseaux qu’ils rencontrent. Au début, Martinus est plutôt chanceux. Mais les ennuis commencent quand son chef mécanicien se suicide en se tirant une balle dans la tête dans sa cabine et quand son remorqueur est réquisitionné pour escorter des convois de vivres et de munitions à destination du port de Mourmansk.

Ma critique

« Le capitaine » est un roman maritime de fort belle facture rempli de combats inégaux et meurtriers minutieusement décrits. Les convois que Martinus escorte servent même d’appât pour essayer de tendre un piège au fameux cuirassé « Tirpitz ». Tout bascule très vite dans le drame, la tragédie et le carnage. Le lecteur réalise avec cette histoire désabusée qu’entre l’héroïsme et la pleutrerie la frontière est des plus ténues. Cet ouvrage pétri d’humanité et proche du témoignage vécu révèle des hommes attachants, courageux ou lâches et même tantôt lâches et tantôt courageux. Sans oublier un tout dernier rebondissement très bienvenu à la fin. À conseiller aux amateurs du genre. Jan de Hartog est de la lignée des Melville, Vercel et autres Conrad.

Ma note

4/5

POLICIER

COMPTE À REBOURS (AUDREY ERSKINE LINDOP)

Le résumé du livre

Dans une petite ville de Grande-Bretagne, la jeune Wynne Kinch a été recueillie par sa tante Lucy Meakham laquelle vit avec Tom, le grand-papa, son fils George et les deux jumeaux Hélène et Len. Pour impressionner son amie Corinne, elle s’invente des aventures sentimentales à défaut de les vivre et finit par tomber dans la mythomanie. Et voilà que dans le quartier sévit un tueur en série qui s’en prend à de très jeunes filles que l’on retrouve étranglées à main nue dans les squares. Wynne commence à soupçonner George pour lequel elle a un véritable faible. Elle trouve intelligent d’essayer d’éloigner de lui les soupçons en faisant disparaître des indices et en s’embrouillant dans une longue chaîne de mensonges qui ne font que compliquer les choses et attirer sur elle l’attention de la police…

Ma critique

« Compte à rebours » aurait pu être un thriller haletant si l’auteure s’était focalisée sur le criminel. Mais ce n’est qu’un roman à suspens assez bien ficelé, assez psychologique, dans lequel seul le point de vue de la jeune héroïne importe. Comme dans toute intrigue policière classique, le lecteur, auquel on ne fournit les indices qu’au compte-gouttes, se perd en conjectures et s’égare sur de fausses pistes avant de se voir révéler la clé de l’énigme en toute fin d’ouvrage. Mme Lindop respecte complètement ce procédé et va même jusqu’à ne quasiment rien dire du véritable coupable. Bien écrit et agréable à lire, ce livre, qui obtint le Grand Prix de la littérature policière en 1967, a quand même un peu vieilli même s’il peut encore intéresser certains amateurs du genre.

Ma note

3/5

TEMOIGNAGE

TOUTE VÉRITÉ EST BONNE À DIRE (CLAUDE ALLÈGRE)

Le résumé du livre

Le « Mammouth », que Claude Allègre préférerait qualifier de « Dinosaure » est en plein marasme depuis bien des décennies. Effectifs d’enseignants en constante augmentation alors que le nombre d’élève est en baisse. Eternelle revendication de « plus de moyens », c’est-à-dire de plus de postes alors que l’enseignement ne fait que se dégrader. Co-gestion avec des syndicats corporatistes et ne représentant qu’eux-mêmes. Haute administration arque-boutée sur ses privilèges. Manque d’ouverture sur le monde et sur l’entreprise. Et, entre autres, utilisation d’un jargon abscons digne du pire volapük avec ces fameux « apprenants en situation de maîtrise d’un référentiel bondissant » pour parler d’élèves jouant au ballon… Autant de chantiers titanesques, de travaux d’Hercule auquel le ministre tenta de s’atteler avec les maigres résultats que l’on connait.

Ma critique

« Toute vérité est bonne à dire » est un livre d’entretiens menés par le journaliste Laurent Joffrin. Claude Allègre profite de l’exercice pour expliquer sa démarche. Il aurait pu se contenter d’être un bon gros ministre sympa qui n’aurait rien fait du tout. Il s’est retroussé les manches, a affronté vaillamment le terrible SNES et a récolté une réputation détestable dans le milieu enseignant. Son bilan n’est qu’à moitié convaincant même si lui est persuadé d’avoir pleinement réussi dans sa tâche réformatrice. Il n’en demeure pas moins que le recul du temps démontre que malgré tous ces beaux efforts, les problèmes n’ont fait que croître et embellir. Le livre demeure néanmoins intéressant, car le diagnostic est assez exact. Allègre ne pratique pas la langue de bois. Le tableau qu’il dresse des coulisses du ministère n’a rien de rassurant quant aux pratiques des éléphants du parti socialistes avec leurs tendances, leurs courants, leurs motions et leurs intrigues, elles sont carrément dignes du panier de crabes. Le lecteur comprendra mieux comment tous ces politicards purent tomber de Jospin en Hollande pour en arriver au catastrophique Hamon. Ouvrage à lire à titre de document historique sans grande tenue. Les niaiseries sur la démocratie et sur la construction européenne marquant les limites de l’exercice de vérité.

Ma note

2,5/5

TEMOIGNAGE

LA RAGE DE SURVIVRE (ANTONIO FONSECA)

Le résumé du livre

Le 18 novembre 1965, Antonio Fonseca, jeune immigré portugais récemment arrivé en France, travaille de nuit dans un tunnel mal éclairé de la SNCF quand il est happé par un train de voyageurs qu’il n’a pas entendu arriver. Traîné sur plus de cent mètres, il se retrouve amputé d’un bras et de ses deux jambes. Il reste plus d’un an à l’hôpital, dans des souffrances intolérables, aux limites entre la vie et la mort. Mais la rage de survivre l’emporte. Le courageux Antonio supporte tout et commence à entrevoir un début d’embellie quand un médecin spécialisé lui annonce qu’il y a une possibilité de l’appareiller. Et c’est le début d’une très longue série d’efforts pour se remettre debout et commencer à remarcher et à revenir peu à peu sur le chemin de la vie.

Ma critique

« La rage de survivre » est un témoignage aussi émouvant que roboratif. L’auteur nous communique son enthousiasme et sa passion pour la vie. Il reconnaît que c’est surtout grâce à sa foi vivante, solide, indestructible, qu’il est parvenu à se reconstruire peu à peu, qu’il n’en a jamais voulu ni à Dieu ni aux hommes du malheur qui l’a frappé. Une magnifique leçon de courage, et d’optimisme doublée d’un très beau message de réconciliation et de fraternité. Un livre qui fait du bien, qui laisse admiratif devant tant de confiance en la Providence et de ténacité et qui ne se lit pas, qui se dévore. À découvrir pour oublier son blues, ses petites misères et autres ridicules contrariétés…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

EXTRATERRESTRES, SECRET D’ÉTAT (JEAN-GABRIEL GRESLE)

Le résumé du livre

Au début du mois de juillet 1947, se produisit un événement tout à fait exceptionnel. Un objet volant ne procédant pas d’une technologie humaine connue s’écrasa dans le désert du Nouveau-Mexique à une cinquantaine de kilomètres au nord de la ville de Roswell. Dès le lendemain matin, une caravane de secours de l’armée de l’Air arrivée sur les lieux découvre l’épave d’un engin aérien d’origine indéterminée, dont l’avant était enfoncé à la base d’une falaise. Des corps humanoïdes furent également découverts. Les témoignages permettent de penser que quatre ou cinq cadavres de petite taille furent retrouvés. Il est même possible qu’il y ait eu un survivant…

Ma critique

« Extraterrestres, secret d’État » est une étude rigoureuse, sourcée et particulièrement bien documentée sur le phénomène des objets volants non identifiés en général et sur l’affaire de Roswell en particulier. Avec le recul du temps, il devient de plus en plus évident que la thèse du ballon météorologique, servie pour faire pare-feu, ne tient pas la route. Comment expliquer qu’il fallut un bombardier « Superfortress » pour emmener tous les débris de l’appareil au GQG ou que les matières retrouvées ne purent ni être rayées ni être brûlées et que certaines, même pliées de nombreuses fois retrouvaient toujours leur forme initiale ? Une enquête passionnante et méthodique basée sur des documents déclassifiés de la CIA et du FBI qui démontre que ces incursions étranges (Roswell ne fut pas la seule, loin de là) se produisaient au-dessus des bases atomiques les plus secrètes des Etats-Unis ce qui laisse à penser que ces « visiteurs » s’y intéressaient particulièrement. La trentaine de pages d’annexe en fin de volume offre de nombreux fac-similés de documents qui étayent solidement la thèse.

Ma note

4/5

AVENTURESROMANCE

LE DRAGON DES MERS (LAURIE MAC BAIN)

Le résumé du livre

Au printemps 1769, le capitaine Dante Leighton, à bord de son vaisseau « Le dragon des mers », brigantin construit à Boston et longtemps armé par les Anglais pendant la guerre de Sept Ans, écume les mers des Antilles en compagnie de son équipage d’une dizaine d’hommes fidèles. Tous se sont reconvertis dans les trafics et la contrebande et sont à la recherche d’un trésor caché dans les cales d’un galion espagnol coulé au large des côtes de Floride. Pendant ce temps, une aristocrate vénitienne d’origine anglaise, surnommée « La Rose Triste », rentre en Angleterre avec la ferme intention de se venger de sa famille, les très puissants Dominick. Elle enlève la très jeune et très belle Rhea Claire, fille du duc Lucien et la vend à un marin qui l’enferme dans les soutes d’un navire en partance pour les colonies américaines…

Ma critique

« Le dragon des mers » est un roman d’amour et d’aventures sur fond historique. Tous les ingrédients du roman de cape et d’épée sont réunis. Les haines rancies, les rebondissements et autres péripéties ne manquent pas, même si l’auteur a laissé la part belle au sentimental avec cette histoire d’amour très clichée entre un pirate blasé et une princesse plutôt oie blanche. L’intrigue regroupe la plupart des poncifs du genre. On se croirait dans un des épisodes de la série des « Angéliques ». Les personnages sont tous très typés. Dante est beau, chevaleresque, d’une noblesse désargentée et tombée dans la débine. Rhea est belle à damner un saint et fort naïve. La tante kidnappeuse est diabolique à souhait. Quant aux personnages secondaires, ils sont exactement comme on s’imagine un équipage de pirates ou une famille de la noblesse anglaise du XVIIIème siècle version ciné ou BD. Au total, un ouvrage agréable et bien écrit mais sans grande originalité. Même le « happy end » est attendu, c’est dire. À réserver aux romantiques et autres amateurs du genre « fleur bleue ».

Ma note

3/5

HUMOUR

PRIS SUR LE VIF / SCÈNES DE LA VIE JUDICIAIRE (PIERRE GARDES)

Le résumé du livre

Un petit fraudeur a mis de l’eau dans son lait. Pour expliquer son escroquerie et prouver sa bonne foi, il déclare que c’est à cause de la rosée du matin. Un autre répondra au Président qui lui reproche la même chose : « Ah, non, je mets le lait dans l’eau ! »… Un juge qui déclare à un prévenu un peu trop assidu du Tribunal Correctionnel : « Il me semble, mon ami, que je vous ai vu souvent ici ! » s’entendra répondre : « Moi aussi, mon Président, je vous ai souvent vu ! »… Un autre, pinailleur à souhait : « Monsieur le Président, je vous demanderai de bien rédiger votre jugement, de ne rien oublier. Je veux une décision complète afin de pouvoir la discuter correctement lorsque j’aurai fait appel. »… Une dame qui a giflé un monsieur se disculpe en déclarant que c’était une toute petite gifle, quasiment une caresse…

Ma critique

« Pris sur le vif » est un petit recueil d’anecdotes et d’historiettes plus ou moins amusantes ayant toutes pour cadre le prétoire. Au nombre de vingt-neuf, elles sont plus ou moins intéressantes, plus ou moins drôles, toutes écrites d’une plume légère et sans grande consistance et toutes révèlent une société bien différente de la nôtre. Plus sévère sans doute. C’était un temps où l’on se retrouvait au tribunal pour une pomme volée ou pour un simple coup de canif dans une union matrimoniale. À lire plus pour le document « historique » que pour la qualité de l’humour.

Ma note

3/5

ESSAIS

RIRES ET LARMES DU PRÉTOIRE (PIERRE GARDES)

Le résumé du livre

Dans cet ouvrage, Pierre Gardes s’est donné pour mission de mieux faire connaître le rôle de l’avocat, rôle qu’il estime aussi noble que valeureux, car il se fait une haute opinion de la fonction. Il réfute l’idée reçue selon laquelle l’avocat est capable de plaider une cause et son contraire et même de se faire le complice vénal d’un coupable avéré. Il réfute cette accusation de la façon suivante : ou bien l’avocat est convaincu de l’innocence de son client et dans ce cas, il n’y a pas de problème. Ou bien il croit à la culpabilité de l’accusé et alors son rôle n’est pas de chercher à tromper le juge grâce à d’habiles mensonges, mais de se contenter de chercher à obtenir des circonstances atténuantes ou des motifs d’indulgence. Ou bien enfin, le cas lui semble douteux. Il devra alors faire partager ce doute à la Cour. Et, comme chacun sait, le doute doit toujours bénéficier à l’accusé.

Ma critique

« Rires et larmes du prétoire » n’est pas, comme son titre pourrait le laisser penser, un recueil d’anecdotes amusantes voire un bêtisier sur les anomalies ou les bizarreries de la justice, mais un essai très sérieux sur un métier qui n’a pas forcément la réputation qu’il mérite, une sorte de défense et illustration de la profession. Publié en 1955, cet ouvrage très bien écrit, porte les marques du temps. À plus d’un demi-siècle de distance, le lecteur mesure la distance parcourue quand il lit que le secret de l’instruction doit toujours être respecté ou que l’avocat commis d’office ne doit pas recevoir le moindre dédommagement en vertu d’une ordonnance datant de Saint Louis selon laquelle l’avocat doit défendre gracieusement le nécessiteux, la veuve et l’orphelin. Pierre Gardes avait une très haute idée de sa fonction et cherchait à la faire partager à ses contemporains. Petit ouvrage intéressant à lire ne serait-ce que pour savoir d’où nous venons et pour mesurer le décadence et la dégradation de certaines valeurs.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

LA VOIE TERRESTRE (ROBERT REED)

Le résumé du livre

Le jeune Kyle est un simple Terrien qui trouve son existence trop terne et trop morne et ne s’en satisfait pas. Pour se donner plus d’importance et pour séduire la jolie Billie, il se fait passer pour un « Vagabond ». Il en a le costume gris et en imite à la perfection démarche et intonations. Il faut dire que sur Terre les Vagabonds, extra-terrestres bienveillants et de grande utilité vu qu’ils font partager leurs avancées scientifiques, sont très appréciés. L’ennui, c’est que Billie finit par demander à Kyle de lui présenter Jy, légendaire inspiratrice de la quête des « Fondateurs ». Depuis des millions d’années, elle et ses semblables passent d’une Terre à la suivante dans le but de remonter une voie qu’ils nomment la « Clarté ». Jusqu’au jour où ils tombent sur des créatures nettement moins pacifiques que les Terriens, les « inTrouvés » qu’il va falloir neutraliser sous peine de faire échouer la belle initiative.

Ma critique

« La voie terrestre » est un roman de science-fiction des plus déjantés sur le thème des univers parallèles, de l’immortalité et de l’incommunicabilité. Le style de Robert Reed (mais peut-être est-ce dû à la traduction ?) semble assez lourd et redondant. La construction narrative est volatile, passant d’un personnage à un autre sans logique ni transition, d’un événement à un autre et d’une époque à l’autre de la même manière. Le pauvre lecteur lambda a un peu de mal à suivre et à trouver une logique et un fil directeur à cette histoire abracadabrantesque dans laquelle personne ne meurt jamais, où l’on extrait des cervelles des mémoires dures et où les consciences passent d’un corps à un autre comme certains changent de chemise. À se demander ce que l’auteur avait bu ou fumé avant de se mettre à l’écriture ! Les personnages manquent de consistance, l’intrigue est fort longue à atteindre un rythme de croisière. Il ne se passe pas grand-chose jusqu’à la moitié du bouquin de sorte que l’ennui pointe son nez assez vite. Au bout du compte, une impression de confusion et d’inachevé pour ne pas dire plus…

Ma note

2/5

ROMANCE

À L’OMBRE DES REMPARTS (MICHÈLE FOULAIN)

Le résumé du livre

À Saint-Malo, au tout début du XXème siècle, Léopoldine, jolie blonde d’origine modeste, tombe amoureuse de Jean-Marie, dentiste issu de la bonne bourgeoisie. En dépit de l’hostilité de sa famille, il épouse Léopoldine et lui fait cinq enfants avant de partir à la guerre en 1916. Il n’en reviendra pas. Veuve et mère de famille sans aucune ressource, Léopoldine arrive à tirer quelques premiers revenus en tressant des nasses et des paniers. Sa petite affaire prend peu à peu de l’expansion jusqu’à devenir tout à fait prospère. Elle ouvre une boutique, puis deux et fait de nouvelles rencontres amoureuses. Mais jamais elle n’acceptera de se remarier, voulant rester éternellement fidèle à son premier amour.

Ma critique

« À l’ombre des remparts » est un roman qui aurait pu être historique et n’est malheureusement que sentimental. Deux êtres se marient, ont des enfants qui grandissent et à leur tour se marient et ont des enfants. Une vie simple et banale, mais parsemée de drames, perte du mari puis d’un fils. Et pourtant Léopoldine reste sereine, vaillante, courageuse comme une véritable Malouine. Un magnifique portrait de femme, même si cette histoire, bien racontée mais finalement peu originale, pêche également par un certain nombre d’invraisemblances surtout dans le domaine historique (incorporation en 1916, transfert en camions, etc.). Un premier roman qui tient plus de l’œuvrette que du coup de maître !

Ma note

2,5/5

HISTORIQUE

LE JOUR DU MIRACLE (LARRY COLLINS)

Le résumé du livre

Savez-vous que le nom de code du débarquement des alliés en Normandie devait d’abord être « Mothball » (boule de naphtaline) avant que Churchill le transforme en « Overlord » (suzerain), terme nettement plus évocateur et plus flatteur ? Savez-vous que les ports artificiels qu’il fallut mettre en place représentaient deux millions de tonnes de ciment et d’acier et qu’ils nécessitèrent de venir des Etats-Unis des remorqueurs car leurs homologues anglais n’étaient pas en nombre suffisant ? Savez-vous que le premier acte de résistance eut lieu le 11 novembre 1940 et qu’il fut le fait de jeunes lycéens et étudiants brandissant deux cannes à pêche (deux gaules, c’est-à-dire De Gaulle) et que les Allemands ouvrirent le feu pour disperser la manifestation ? Savez-vous que la moitié de l’effectif du prestigieux corps des troupes d’élite des SAS (Special Air Service) britannique était composé de jeunes Français ?

Ma critique

Tous ces faits peu connus et bien d’autres constituent la matière du « Jour du miracle », livre basé sur les coulisses de l’événement le plus déterminant de la seconde guerre mondiale. En effet, ce jour-là et les suivants, tout se joua sur le fil du rasoir. La météo, la chance, les actions de la Résistance qui ralentirent la progression des Panzers allemands et surtout l’obstination d’Hitler, intoxiqué par l’illusion des divisions fantômes de l’Opération « Fortitude » s’apprêtant à débarquer pour un « vrai » débarquement dans le Pas-de-Calais, décidèrent du sort des armes. Sans parler de la périlleuse attaque de la pointe du Hoc pour neutraliser des batteries de canons qui n’avaient pas été installés tout comme les destructions de villes normandes et leurs milliers de morts civils pour bloquer des divisions qui ne vinrent jamais. Un livre passionnant, bien écrit, agréable à lire. De l’Histoire passionnante et à la portée de tous.

Ma note

4/5

ESSAIS

CE QU’ILS NOUS APPRENNENT (MICHEL KLEIN)

Le résumé du livre

La maison du Docteur Michel Klein ressemble à une sympathique arche de Noé. Après avoir cohabité avec lionceaux, guenon et autres guépards, le célèbre vétérinaire et sa famille hébergent également deux bergers allemands, un chow-chow, un caniche, une chatte de gouttière et un chat birman, sans oublier tous leurs hôtes occasionnels, animaux malades, en instance d’intervention chirurgicale ou en convalescence. C’est dire jusqu’où va l’amour de l’auteur et de sa femme pour les animaux en général et pour les animaux domestiques en particulier. Cependant une question turlupine Michel Klein. Pourquoi pratiquement tous ces animaux, à l’exception de son chat birman, semble systématiquement préférer son épouse Michèle ?

Ma critique

« Ce qu’ils nous apprennent » est un charmant recueil d’anecdotes animalières. Tout le propos du vétérinaire tourne autant du thème contenu dans le titre de cet ouvrage. Oui, pour lui, les animaux pourraient être nos maîtres. Ils pourraient nous apprendre bien des choses, vu que leur comportement est souvent plus doux, plus aimant, plus compréhensif que le nôtre. Nous aurions donc bien des leçons à prendre d’eux. Il va sans dire qu’on se perd un peu beaucoup dans l’anthropomorphisme. Ceci mis à part, les anecdotes sont touchantes, particulièrement celles concernant les chiens guides d’aveugle au dévouement sans faille. Un petit reproche : trop de coquilles, fautes d’orthographe et autres lourdeurs grammaticales entachent ces pages. Les correcteurs feraient-ils la grève du zèle chez Laffont ?

Ma note

3,5/5

BIOGRAPHIES

SŒUR EMMANUELLE (PAUL DREYFUS)

Le résumé du livre

Qui était Sœur Emmanuelle, née Madeleine Cinquin le 16 novembre 1908 à Bruxelles (Belgique) et morte le 20 octobre 2008 à Callian (Var, France), souvent surnommée la « petite sœur des chiffonniers » ? Une religieuse de Notre Dame de Sion enseignante qui fit ses premières armes en Turquie puis en Egypte, et qui fut même naturalisée égyptienne à partir de 1991. Elle était surtout connue pour ses œuvres caritatives auprès des enfants et des plus démunis, les fameux chiffonniers du Caire, et fut un symbole, dans l’opinion française, de la cause des déshérités. Née d’une mère belge et d’un père français, elle possédait ces deux nationalités. En 1991, le président Moubarak lui a accordé la nationalité égyptienne en remerciement de son œuvre. Elle devint très populaire dans l’opinion publique, apparaissant régulièrement en tête des classements des personnalités préférées des Français.

Ma critique

« Sœur Emmanuelle » se présente comme un long reportage sur un personnage hors du commun, habité par le besoin d’imitation du Christ dans son amour des plus humbles. La partie la plus importante de l’ouvrage est consacrée à une sorte de longue interview de la religieuse. Celle-ci permet de mieux comprendre ses motivations au travers d’évènements et d’anecdotes sur sa vie dans un milieu particulièrement dur et défavorisé. Sur l’immense décharge à ciel ouvert, des Chrétiens coptes et des Musulmans survivent en parfaite entente. Malgré des conditions de vie effrayantes pour un Occidental, ils ne sont pas malheureux et sont même remplis de l’amour de Dieu. Une extraordinaire leçon d’espérance, de charité et d’amour du prochain que la lecture de ce livre revigorant.

Ma note

4,5/5

AVENTURESHISTORIQUETERROIR

LE GRAND SILLON (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du livre

À Panama, débute un chantier gigantesque, titanesque même, celui du fameux canal de Ferdinand de Lesseps. Flairant la bonne affaire, Martial et Romain se lancent vaillamment dans l’aventure. Ils équipent leur société de puissantes dragues et d’énormes excavatrices et offrent leurs services au contremaître O’Brien. Il s’agit d’unir deux océans pour éviter aux bateaux de faire le tour complet du continent. Mais pour cela, il va leur falloir araser les montagnes, lutter contre une nature hostile et dompter le Sagrès, un fleuve particulièrement capricieux. Un défi à la mesure de leur courage et de leur ambition. Mais les catastrophes s’enchaînent : éboulements en série, glissements de terrain, crues monstrueuses, coulées de boue meurtrière, sans oublier le climat malsain, les fièvres, les moustiques, les mygales et les serpents venimeux. Atteint par la malaria, Martial doit rentrer au Chili et être remplacé par Antoine qui délaisse pour un temps l’immense hacienda dont il avait la charge…

Ma critique

« Le grand sillon » est un roman historique de belle ampleur qui clôt la trilogie des « Promesses du ciel et de la terre ». Il s’achève sur un demi-échec fort bien décrit. Exaltante s’il en est, cette épopée qui tourna au scandale financier a raison de la détermination de l’initiateur de toute la saga. Ainsi tout s’achève en demi-teinte, comme dans la vie. Rien n’est tout blanc ni tout noir, mais plutôt dans les nuances de gris. Une très belle et très enthousiasmante histoire, des personnages attachants et très humains. Une totale réussite. Peut-être le meilleur ouvrage du prolifique Claude Michelet qui sait allier érudition et amour de la terre et des gens. À ne pas rater.

Ma note

4,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

POUR UN ARPENT DE TERRE (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du livre

En 1879, alors que la guerre du Pacifique oppose le Chili à la Bolivie et au Pérou, Pauline et Antoine poursuivent leur implantation en Amérique du Sud en diversifiant leurs activités. Mais Martial et Rosemonde, eux, sont retournés en France. Atteinte du mal du pays, Rosemonde est retournée à Bordeaux où elle goûte aux plaisirs de l’oisiveté et ne compte pas du tout franchir à nouveau l’Atlantique. Pendant ce temps, de l’autre côté, leur ami banquier et financier, Herbert Halton ayant été capturé par une bande de guérilleros lors d’une expédition dans le désert, Antoine et Edmond se lancent à sa recherche et mettent tout en œuvre pour le délivrer. Dans cette mission difficile, ils seront aidés par Romain Deslieux, un prospecteur français qui a eu bien des mésaventures et qui deviendra bientôt leur ami et partenaire commercial…

Ma critique

« Pour un arpent de terre » est la passionnante suite des « Promesses du ciel et de la terre », saga sud-américaine de Claude Michelet. Dans ce tome, l’auteur fait encore plus œuvre d’historien que dans le précédent. En effet, la plus importante part de la narration est consacrée aux épisodes d’une guerre assez mal connue mais qui fut d’une folie et d’une cruauté peu commune. L’attaque d’Arica, la prise de Lima et les pillages qui s’ensuivirent sont très minutieusement décrits. Les rebondissements et les péripéties se succèdent à un rythme accéléré à tel point qu’il est difficile de lâcher le livre pourtant assez épais (487 pages). De plus en plus attaché aux personnages, le lecteur ne peut s’empêcher de vouloir connaître leur évolution dans ce monde rude et exaltant où tout est à construire et parfois malheureusement, à détruire !

Ma note

4/5

FANTASTIQUEHUMOURNOUVELLESSCIENCE-FICTION

L’AUTRE CÔTE DE NULLE PART (JEAN-PIERRE FONTANA)

Le résumé du livre

En classant livres et papiers d’un oncle défunt, un homme tombe sur un très étrange manuscrit… En Afrique, Tarz’an, l’homme-singe, suit à distance une colonne d’hommes blancs partis à la recherche d’une ville souterraine… Un Martien aussi caoutchouteux qu’indiscret, débarque à l’improviste chez un couple qui n’arrive plus à s’en débarrasser… Chaque fois que la Ville s’agite, Erwin le Serviteur doit intervenir pour rétablir l’ordre à n’importe quel prix… Un enfant rêve qu’une étoile vienne le chercher… Deux péripatéticiennes se plaignent de la musique diffusée par une de leurs ex-consœurs… Dans un Far-West quelque peu virtuel, le chasseur de primes Slim Dakota n’en finit pas de pourchasser l’affreux Ramirez, violeur et tueur d’une petite fille…

Ma critique

« L’autre côté de nulle part » se présente comme un recueil de 16 textes variés repris de diverses revues comme « Galaxies », « Gandahar », « Mercury », « Science-Fiction Magazine » et quelques autres. Quelle variété dans cette compilation ! Le lecteur y trouvera des nouvelles bien sûr, mais aussi un conte philosophique, un livret d’opéra-rock, une fable en hommage à La Fontaine et même une parodie désopilante de science-fiction. Le fond n’est pas en reste. Jean-Pierre Fontana exerce son indéniable talent dans tous les domaines de l’imaginaire : le fantastique, la fantaisie, la SF, l’horreur et même le scénario de jeu vidéo (« Demain matin au chant du colt », à mes yeux la meilleure nouvelle avec « Le Martien » et « L’autre côté de nulle part »). Que de facettes à son imagination ! Il y en a pour tous les goûts. Et, excepté le livret à la Manset et quelques clins d’œil en forme d’hommage, tout est bon et agréable à lire dans cet ouvrage édité avec soin par Armada. (Papier de qualité, couverture superbe de Lohran). À ne pas manquer !

Ma note

4/5

HISTORIQUEROMANCETERROIR

PUYNEGRE (BRIGITTE LE VARLET)

Le résumé du livre

En 1840, Adeline Fabre, jeune veuve d’un général d’empire, gère Puynègre, une jolie propriété située en plein Périgord noir, quelque part entre Limeuil et Le Bugue. Son beau-fils, Jérôme, s’apprête à entreprendre un voyage en Orient, périple fort à la mode chez les nantis de l’époque. De vieilles amies demandent à Adeline de bien vouloir permettre à un certain Monsieur de Céré d’avoir accès aux ouvrages de la bibliothèque de Puynègre pour ses études sur l’architecture du cloître de l’abbaye de Cadouin. Mais le personnage en plus d’un intellectuel et d’un esthète est également un jeune et charmant dandy pétri d’idées romantiques qui vit la plupart du temps à Paris et fréquente les milieux intellectuels et littéraires. Adeline tombe vite amoureuse de ce beau ténébreux…

Ma critique

« Puynègre », suite de « Fontbrune », est un roman sentimental placé dans un contexte historique et de terroir particulier. Avec beaucoup de précisions et de détails très vraisemblables, l’auteur s’attache à faire vivre tout un petit monde provincial et parisien tout en déroulant une histoire d’amour assez classique au bout du compte. Au-delà de l’essentiel de ce gros roman principalement consacré aux émois et ébats de nos deux héros, l’accessoire, c’est-à-dire le contexte, la vie et les mœurs de la bourgeoisie et de la petite noblesse périgourdine très minutieusement décrits est sans doute le versant le plus intéressant de cet ouvrage bien écrit et fort agréable à lire. La plume de Mme Le Varlet a quelque chose de balzacien tout à fait plaisant.

Ma note

3,5/5

EXPLORATIONSTEMOIGNAGE

L’IGLOU (PAUL-EMILE VICTOR)

Le résumé du livre

En 1934, Paul-Emile Victor, encore un tout jeune homme, organise sa première expédition polaire au Groenland en compagnie de Michel Perez, Robert Gessain et Fred Matter. Le célèbre commandant Charcot les débarquent sur l’inlandsis où ils comptent séjourner plusieurs mois en compagnie d’une tribu d’autochtones. Ils veulent vivre parmi les eskimos et surtout comme les eskimos. Plus tard, ils tenteront le pari fou d’une traversée complète en traineaux à chiens, une première française où ils furent à un doigt de trouver la mort. Puis un long séjour de plus d’un an sur la banquise. Paul-Emile Victor fera la connaissance de la belle Doumidia qui sera sa fidèle compagne, se bâtira une cabane et sera même atteint par le scorbut…

Ma critique

En dépit de son manque évident d’actualité, « L’iglou » reste un récit culte d’aventures et d’exploration. Le lecteur qui voudra bien s’y plonger découvrira un monde complètement inconnu, totalement hostile où la survie est plus que précaire. Les chiens sont les variables d’ajustement. Comme les chameaux des déserts de sable, sans eux pas de possibilité de se déplacer sur de grandes distances. L’auteur leur consacre un grand nombre de pages et même la majeure partie de l’ouvrage. Les conditions de vie sont tellement difficiles que les hommes n’hésitent pas à les sacrifier le moment venu, aussi attachés à eux soient-ils. Le côté ethnographique de l’ouvrage est sans doute le plus intéressant, d’autant plus qu’à cette époque, l’auteur a pu connaître le mode de vie ancestral des eskimos, celui d’avant les motoneiges, le Coca-Cola, la télévision et autres facilités modernes. Livre toujours à conseiller aux amoureux des grands espaces et de la nature sauvage.

Ma note

4/5

AVENTURETERROIR

LES PROMESSES DU CIEL ET DE LA TERRE (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du film

Négociant en vin originaire de Lodève, Martial se retrouve à Paris au beau milieu des troubles des toutes dernières heures de la Commune. Dans le quartier de Grenelle repris par les Versaillais, il tombe sur Pauline, une jeune repasseuse qui vient juste d’être arrêtée par quatre gendarmes. Il l’aide à leur fausser compagnie et part avec elle se réfugier au fin fond de la Corrèze. Là, il y retrouve Antoine, ancien militaire récemment démobilisé dont la ferme familiale vient de brûler. Sans grandes perspectives les trois jeunes gens auxquels se joint bientôt Rosemonde, la bonne amie de Martial, envisagent d’émigrer en Amérique du Sud où ils espèrent réussir dans le commerce…

Ma critique

« Les promesses du ciel et de la terre » est un roman un peu de terroir de par le cadre et les personnages et beaucoup d’aventures, car les rebondissements et péripéties ne manquent pas dans cette histoire palpitante et fort bien menée qui aurait d’ailleurs très bien pu être authentique. Elle fait penser à celle des fameux « Barcelonnettes », ces pauvres paysans de la vallée de l’Ubaye qui s’expatrièrent au Mexique et qui, fortune faite, revinrent au pays pour se faire construire de magnifiques demeures. Le style de Claude Michelet est fluide, vivant et agréable. Le livre se dévore d’une seule traite. Les embûches ne manquent pas sur la route des quatre héros : tremblements de terre, incendies, vols, sans oublier un égarement dans le désert qui faillit être fatal à l’un des protagonistes. Un livre tonique, revigorant et optimiste qui montre qu’avec du courage, de l’honnêteté et de la ténacité, l’on peut venir à bout de tout. Des personnages positifs et très humains et une belle leçon de vie au final. À ne pas rater.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

VIOL D’ANGES (MARTINE BOUILLON)

Le résumé du livre

Substitut du procureur auprès du Tribunal de Bobigny, Martine Bouillon s’est intéressée au problème de la pédophilie en traitant certaines affaires. Elle a été ulcérée de voir des adultes se servir d’enfants innocents comme de simples objets sexuels et encore plus révoltée de constater l’omerta, la chape de plomb qui s’abat dans la plupart des cas. En 1996, elle représenta la France au congrès de Stockholm où de nombreux pays furent réunis pour débattre du drame de l’exploitation des enfants dans le monde et pour se fendre d’une belle pétition de principe. Elle clame dans ce livre que la pédophilie qu’il serait préférable de nommer « pédomanie » reste le plus terrible crime contre l’humain, les enfants violés, victimes d’attouchements ou de sévices sexuels, étant détruits à tout jamais.

Ma critique

« Viol d’anges » est un essai approfondi sur ce fléau mal perçu et mal combattu. L’auteur s’attache à analyser ce qu’elle a compris du phénomène, détaille les portraits des délinquants sexuels, précise qu’ils peuvent avoir tous les profils, venir de n’importe quel milieu social et souvent avoir été eux-mêmes violés dans leur propre enfance. La victime devenant à son tour bourreau. Les explications philosophiques, sociologiques et psychologiques ne manquent pas. Il est assez dommage que le propos ne soit étayé que par de vagues allusions à l’affaire Dutroux et au tristement célèbre Gilles de Rais. Rien sur les réseaux, filières, pourvoyeurs et autres sociétés secrètes fréquentées par des gens très respectables dont les turpitudes ne doivent jamais être révélées au petit peuple. Et pas grand-chose non plus sur le tourisme sexuel dans le tiers monde. En se refusant à « détailler les horreurs pour éloigner les voyeurs », comme elle le dit, l’auteur se maintient dans le vague, le flou, le général et au bout du compte dessert plutôt sa cause. Ce qui est bien dommage.

Ma note

2,5/5

ESSAISSCIENTIFIQUE

L’ENCEINTE CONCENTRATIONNAIRE (JERÔME LEJEUNE)

Le résumé du livre

À Maryville (Tennessee) se déroule un procès sans précédent dans l’histoire de l’humanité, celui de la mise à disposition de la mère, Mary Davis, de ses sept embryons congelés alors qu’elle est divorcée. Les époux Davis ont eu toutes les difficultés à créer une famille. Mary ayant multiplié les grossesses extra-utérines, ils ont eu recours aux fécondations in vitro, sans le moindre succès. Après une tentative d’adoption qui n’a pas été menée à bien, ils ont accepté de passer par la cryogénie. Neuf ovocytes ont été prélevés sur la mère. Tous ont été fécondés avec succès grâce au sperme du père. Les deux qui ont été implantés n’ont pas permis une grossesse viable. La mère voudrait maintenant disposer des sept restants. Le tribunal rendra-t-il un jugement de Salomon ? Jérôme Lejeune, éminent professeur de génétique fondamentale à l’Université René Descartes vient de sa propre initiative témoigner à la barre…

Ma critique

« L’enceinte concentrationnaire » est la transcription au mot près du procès-verbal et des minutes d’un procès qui eut lieu en 1989 et qui fut déterminant pour définir avec précision le moment où l’on peut parler d’un être humain même en devenir. Pour certains, il y aurait un stade de pré-embryon tant que le système nerveux ne serait pas mis en place. Pour Jérôme Lejeune, ce concept ne repose sur rien de sérieux car dès la fécondation tous les éléments constitutifs sont mis en présence et le processus enclenché n’aura plus jamais besoin de rien. Sitôt conçu, un homme est un homme et mérite le même respect aussi minuscule et démuni soit-il. Simple rappel de la sagesse des peuples et du serment d’Hippocrate. Un livre scientifique d’abord relativement facile. Un hymne à la vie, plein d’humanité et de bon sens, qui remet les choses en place.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

MA MORT ET PUIS APRÈS (LYNE LÉON)

Le résumé du livre

Victime d’un très grave accident de la route, une jeune femme tombe dans un coma profond. Son esprit se détache de son corps et elle se retrouve dans une NDE (Near death expérience) assez longue. Quand elle reprend véritablement conscience, c’est pour découvrir qu’elle est défigurée, recousue de partout, incapable de se lever et qu’elle souffre le martyre. Un chirurgien classique et absolument pas spécialiste en esthétique rate son intervention sur ses paupières. Et ce n’est que le début du calvaire que doit endurer cette pauvre femme pour revenir vers la vie.

Ma critique

« Ma mort et puis après » est un témoignage qui malheureusement ne se cantonne pas au voyage aux confins de la mort. Celui-ci est d’ailleurs évoqué de façon totalement impressionniste, par petites touches qui ne donnent qu’une idée très vague de ce que doit être cette expérience. Très vite le livre tourne au drame et même au mélodrame. L’héroïne accumule les malheurs et les déboires. En plus de son calvaire personnel, autour d’elle c’est l’hécatombe : elle perd son mari suite à un cancer, puis sa mère et enfin la fille de son nouveau compagnon, elle aussi victime d’un accident de la route. Un livre assez intéressant malgré tout, bien écrit quoi qu’un peu confus, mais à déconseiller à celles et ceux qui n’ont déjà pas trop le moral !

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUE

LA PASSION DES CHRÉTIENS DU LIBAN (DOMINIQUE BAUDIS)

Le résumé du livre

Toute l’histoire du Liban a été marquée par les affrontements confessionnels entre Musulmans et Chrétiens depuis l’expansion de l’Islam au VIIIème siècle jusqu’à nos jours où, sur une même terre, cohabitent difficilement Chrétiens maronites et Musulmans sunnites, chiites ou druzes. Les périodes de paix et d’harmonie ont malheureusement bien souvent été entrecoupées d’intermèdes de persécutions barbares frisant le génocide. Ainsi, en 1860, les Druzes se lancèrent-ils dans de terribles massacres de Chrétiens à Beyrouth, sur le Mont Liban et jusqu’en Syrie. Les Turcs sensés faire régner l’ordre se rendirent d’ailleurs complices de toutes ces atrocités. À Damas, où d’autres tueries religieuses eurent lieu, seul l’émir Abd-el-Kader sut se montrer charitable. Et il fallut que Napoléon III se décide enfin à intervenir par l’envoi d’un corps expéditionnaire pour faire cesser cette folie sanguinaire. Le calvaire se reproduisit en 1914-18 sous forme d’une monstrueuse famine cyniquement organisée qui fit périr à nouveau des milliers de Maronites. D’autres troubles eurent encore lieu en 1943, période qui vit la fin du protectorat français. Et en 1975, éclata une très longue guerre civile qui ravagea à nouveau la pauvre petite « Suisse » du Moyen-Orient.

Ma critique

« La passion des Chrétiens du Liban » est un ouvrage historique de belle facture qui nous rappelle quelques épisodes de l’histoire douloureuse d’une communauté multi-culturelle et multi-religieuse qui eut toujours les pires difficultés à maintenir un équilibre précaire entre les diverses forces en présence. On transigea avec un président maronite et un premier ministre sunnite, principe démocratique reposant sur l’importance numérique de chaque religion. On sait ce qu’il en est devenu. Livre souvent dur à lire en raison de la description par des témoins oculaires de véritables pogroms d’une cruauté féroce. La populace druze égorgeant à tout-va, n’épargnant ni femme, ni enfant, ni vieillard. Incendies, vols, viols et pillages furent à chaque fois systématiquement pratiqués. Mais livre indispensable pour qui veut garder un regard lucide sur des réalités religieuses et ethniques qu’on aimerait relever d’un autre temps.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

MARIANNE ET LE POT AU LAIT (PHILIPPE ALEXANDRE ET ROGER PRIOURET)

Le résumé du livre

C’est la crise, le marasme. Et pas depuis hier. Il suffit de lire ce livre pour le réaliser. Le citoyen a l’impression de n’en plus jamais espérer voir la fin. Gouvernants et économistes devraient faire preuve de plus d’humilité dans leurs déclarations et dans leurs initiatives. Ils aiment bien nous faire prendre leurs hasardeux paris pour des certitudes. Quand ils annoncent que leur politique produira tel ou tel résultat, ils mentent effrontément. Aucun économiste ne peut vraiment dire comment les hommes, les collectivités, les peuples réagiront à telle ou telle mesure. C’est pour cette raison fondamentale que l’économie est une science inexacte, largement soumise aux caprices et aux aléas des évènements. Notre vieux pays est sclérosé, crispé sur ses vieux concepts, arcbouté sur ses acquis sociaux et depuis longtemps irréformable. Si on y ajoute des gouvernants peu portés sur l’économie ou tentés par toutes sortes de coccigrues comme l’obsession de « faire payer les riches », comme la sottise du « c’est gratuit, c’est l’Etat » qui paie ou par les potions magiques du protectionnisme ou du colbertisme, on comprend que notre pays est fort mal barré et depuis fort longtemps…

Ma critique

« Marianne et le pot au lait » est un essai économique axé sur les années Mitterrand qui commencèrent par une relance ruineuse et des nationalisations idiotes pour déboucher, une année plus tard, sur une rigueur digne de Raymond Barre. Il est très instructif de lire aujourd’hui cet ouvrage bien écrit et bien documenté. L’analyse de la situation économique hexagonale est fine, intelligente et bien documentée. Il en ressort que depuis presque un demi siècle rien n’a vraiment changé. Les mêmes causes ont créé les mêmes effets. Les politiques continuent à patauger dans les mêmes marigots, proférer les mêmes calembredaines. Ce qui fut écrit à l’époque est malheureusement toujours valable aujourd’hui. Chômage, délocalisation, désindustrialisation, endettement, déficit de la balance commerciale, tous ces maux n’ont fait que croître et empirer. Un livre essentiel qui ne tombe pas dans les excès du pamphlet mais fait œuvre didactique, même à long terme.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESHISTORIQUE

L’AUDACE D’UNE ÉTOILE (CORINE VALADE)

Le résumé du livre

Au début de l’autre siècle, Anaïs-Mauricia Bétant, jeune Thiernoise des plus casse-cous, se taille une belle réputation dans le monde du cirque et du music-hall. Elle se distingue particulièrement dans des numéros de haute voltige comme l’Auto-bolide, le saut à cheval ou le « Bilboquet humain ». Très vite, le public français puis étranger (Etats-Unis, Portugal, Russie et Allemagne) s’enthousiasme pour ses exploits. Elle connait la gloire et la fortune tout en restant une femme libérée, généreuse et très en avance sur son temps. Sa vie hors norme est jalonnée de hauts et de bas, de triomphes et d’accidents ainsi que de nombreux compagnons et soupirants…

Ma critique

« L’audace d’une étoile » est un roman historique et sentimental bâti autour d’un personnage extraordinaire ayant réellement existé. L’auteure, Corine Valade, après de jolis succès dans un registre plus terroir et artisanat traditionnel (« Le printemps d’Aurélien »), s’était déjà spécialisée dans les récits de vies de femmes libres comme « Victoire » ou « Léopoldine ». Elle franchit maintenant un nouveau cap avec le récit d’une partie de la vie de ce personnage des plus extraordinaires et des plus attachants. Une fois de plus, se vérifie l’adage selon lequel la réalité dépasse la fiction. Les évènements et péripéties se succédant à un rythme rapide, ce livre, agréablement écrit, ne se lit pas, il se dévore à toute vitesse ! On ne souhaite qu’une chose à l’auteure : qu’elle poursuive avec d’autres figures du féminisme comme Olympe de Gouges, Louise Michel, Ella Maillart ou Alexandra David-Neel. Les sujets ne lui manqueront pas.

Ma note

4,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

LA DIFFÉRENCE CRÉATRICE (JACQUES DE BOURBON-BUSSET)

Le résumé du livre

Aimer c’est faire confiance, c’est accepter qu’un autre m’altère… Je me suis débattu contre l’amour comme on se débat contre Dieu… Chacun aime l’autre pour l’autre et non pour soi… Le mal, c’est le refus du droit à la différence et donc l’esprit de domination… Malheureusement, la société marchande n’adore qu’un dieu, le dieu fric… J’apprends que la fidélité est une création perpétuelle, que l’amour peut vaincre le temps, que l’intelligence du cœur est au cœur de l’intelligence… Ce livre étant impossible à résumer, j’ai préféré noter ses quelques pépites qui illustrent parfaitement le propos de l’auteur.

Ma critique

« La différence créatrice » est un double recueil philosophique : celui de sept textes personnels de Jacques de Bourbon-Busset et dans une seconde partie celui d’une vingtaine d’autres de grands auteurs, saints, poètes ou philosophes (comme Saint Jean, Saint Bernard, Charles Péguy, Paul Valéry, Rainer Maria Rilke, Descartes, Pascal, Spinoza, Rousseau, Alain, Heidegger, etc.) Tous semblent convoqués ici pour illustrer les réflexions de l’auteur sur l’amour, la mort, le divin, l’humain, l’âme, la puissance et la gloire, le respect de la nature. Les sujets ne manquent pas, les interrogations non plus. À moins de servir d’introduction voire d’initiation, l’ensemble qui a quelque chose d’hétéroclite et d’un peu superficiel laisse le lecteur un peu sur sa faim. Mais une authentique philosophie n’est-elle pas une perpétuelle recherche ?

Ma note

3/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

LES AVEUX INFIDÈLES (JACQUES DE BOURBON-BUSSET)

Le résumé du livre

Un homme, écrivain et diplomate, sorte de double de l’auteur, s’interroge sur le sens de sa vie, sur l’amour, la mort, l’amitié, la transcendance, entre autres choses. Pris dans le tourbillon de la vie, se préoccupe-t-on si l’âme meurt avec le corps ou si quelque principe supérieur la sauve de l’anéantissement ? Il faut dire que la mort rôde autour de lui. Il vient de perdre J., une amie très chère, suite à une longue et douloureuse maladie. Son frère est mort pendant une escarmouche au début de la guerre, sa mère également victime d’une rafale de mitraillette en août 44 et son père pour achever la série. Sa vie ne trouve un sens qu’auprès de sa compagne et dans le calme de la nature. Il songe même à tout quitter pour ne plus se consacrer qu’à son art.

Ma critique

« Les aveux infidèles » se présentent comme des confidences décousues, qu’on dirait écrites au fil de la plume dans une série de courts chapitres sans véritable lien les uns avec les autres. Une suite d’impressions introspectives, une auto-analyse et même une autobiographie spirituelle. Jacques de Bourbon-Busset, qui est loin d’être un mystique, est parti d’un rejet de la transcendance pour lentement y revenir sous l’influence de sa compagne. En chemin, il s’est interrogé sur tous les grands thèmes de la philosophie. Le lecteur y trouvera les influences d’Alain, de Kant et de quelques autres ainsi que de Paul Valéry en ce qui concerne la poésie. Ces aveux « infidèles » (au sens que les mots peuvent souvent trahir la pensée) laissent au lecteur une impression de légèreté pour ne pas dire de futilité. Ils restent la plupart du temps à la surface des choses sans jamais les approfondir vraiment. Ils posent plus de questions qu’ils ne proposent de réponses. Mais la vie n’est-elle pas ainsi ?

Ma note

3/5

HISTORIQUE

LES INNOCENTS DE PARIS (GILBERT CESBRON)

Le résumé du livre

En 1923, à Paris, les anciennes fortifications avec leurs terrains vagues, leurs jardinets et autres cabanes en bois servent de terrain de jeu à une bande de gamins pauvres et plus ou moins livrés à eux-mêmes. Ces petits « Poulbots » se sont accaparés une vieille cabane dans laquelle ils se retrouvent et cachent leurs pauvres trésors, une boussole, quelques albums et diverses babioles. Il y a également un perroquet, un chat et un chien. Les enfants ne rêvent que d’aventures et d’expéditions plus ou moins risquées. Ainsi, l’un d’eux se perd dans un des souterrains de la petite Ceinture et y découvre un vieux wagon abandonné autrefois réservé aux voyages princiers. Leur soif d’aventures les pousse à se lancer à l’assaut du lointain Parc Monceau pour y affronter les gosses de riches. Mais l’aventure tourne court. Un des gamins placé un temps en garde à vue attire l’attention d’un véritable voyou…

Ma critique

« Les innocents de Paris » est un joli roman sur l’enfance et sur un monde disparu celui du vieux Paname, des fortifs et des titis parisiens. Nombre de personnages hauts en couleurs comme l’employé de l’octroi, le gardien du square ou l’ancien vétéran de la Commune, égayent cette histoire qui rappelle par moment la fameuse « Guerre des boutons » de Louis Pergaud. Le style de Gilbert Cesbron, finement descriptif, n’a pas pris une ride et est toujours agréable à lire. Même si cet ouvrage n’est pas le meilleur de l’auteur, il mérite néanmoins notre intérêt ne serait-ce que pour la connaissance du monde de l’enfance perdue et surtout pour la description glaçante des terribles évènements de la « Commune de Paris », page d’Histoire de France terrible au point d’être soigneusement édulcorée dans les manuels. C’est tout à l’honneur de Gilbert Cesbron de l’avoir évoquée de cette manière.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA VIE SECRÈTE DES ARBRES (PETER WOHLLEBEN)

Le résumé du livre

Contrairement à ce que d’aucun pourrait croire, les arbres ne sont pas des êtres presque inanimés proches des minéraux, de simples fournisseurs de bois et accessoirement d’ombre et de fraîcheur en été. Ils sont capables de communiquer par leurs racines, de s’entraider en ravitaillant en nutriments un congénère en difficulté. Ils savent également se défendre contre les prédateurs en changeant la composition de leur feuillage de manière à le rendre non comestible. Les chênes sont capables de gérer leur production de glands pour mieux assurer leur succession. Quant aux séquoias de nos régions ou de nos parcs, s’ils n’arrivent pas à devenir aussi imposants que ceux d’Amérique, c’est tout simplement parce qu’ils ont été plantés en solitaires et donc qu’ils n’ont plus le soutien du groupe. La forêt est un grand être vivant où les arbres vivent en communautés et en symbiose avec les champignons, les micro-organismes, les insectes et tous les autres animaux.

Ma critique

« La vie secrète des arbres » est un essai absolument passionnant basé sur les recherches d’un forestier allemand responsable d’une forêt bavaroise qu’il s’efforce de gérer comme une forêt primaire c’est-à-dire avec le minimum d’intervention humaine pour lui permettre de garder toute sa richesse et toutes ses caractéristiques naturelles. Cet ouvrage permet de découvrir un nombre incalculable de choses insoupçonnées. Quand il se promènera en forêt, le lecteur ne regardera plus jamais les arbres de la même façon. Le style est fluide et agréable. L’intérêt est soutenu du début à la fin. Laquelle se présente sous forme d’un plaidoyer en faveur de la forêt primaire auquel il est difficile de ne pas souscrire après tout ce qui vient d’être aussi magistralement exposé. Un livre essentiel pour qui veut comprendre la réalité écologique du milieu forestier.

Ma note

4,5/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

RÉCITS DE KOLYMA (VARLAM CHALAMOV)

Le résumé du livre

À l’époque de Staline, un détenu des camps de concentration du Goulag, à l’extrême-nord de la Sibérie, se retrouve interné dans un centre de quarantaine. Pour un temps, il échappe au travail exténuant, aux coups pour un oui ou pour un non, aux vols et humiliations des droits communs. Quand son nom est appelé pour faire partie de ceux qui doivent retourner au camp de la Kolyma, il se fait tout petit et reste dans les rangs pour pouvoir faire durer plus longtemps son séjour dans cet abri relatif. Et ça marche… Un autre qui a énormément travaillé et qui n’est plus bon à grand-chose suite aux mauvais traitements est convoqué par un responsable qui lui assigne une nouvelle affectation. Quand il se retrouve avec des gardes armés dans un camion qui s’enfonce profondément dans la forêt, il réalise soudain que sa dernière heure est venue et qu’on va le liquider d’une balle dans la nuque…

Ma critique

« Kolyma » n’est ni un témoignage chronologique complet ni un recueil de nouvelles, mais plutôt une série de récits, d’anecdotes de portraits de pauvres bougres internés la plupart du temps sans rime ni raison dans cet effroyable enfer concentrationnaire bolchévique. Etudiant à l’Université de Moscou, l’auteur y fut condamné en 1929 et y fit deux séjours avant d’être libéré en 1953, à la mort de Staline. Ce qu’il raconte est d’autant plus glaçant et choquant que tout est fait pour détruire l’homme : travail épuisant dans les mines d’or ou au débardage de bois, nourriture insuffisante, promiscuité, parasites, maladies et persécutions par les droits communs. La plume est précise, les descriptions parfois impressionnistes, l’ambiance glauque à souhait, une impression de dernier cercle de l’enfer. Le summum de l’horreur est d’ailleurs atteint lorsque la montagne rasée et dévastée fair remonter à la surface les milliers de cadavres congelés qui se sont accumulés au fil du temps. Un témoignage accablant pour l’Histoire du communisme.

Ma note

3,5/5

ESSAIS

ÊTRE JEUNE À TOUT ÂGE (Dr NADIA VOLF)

Le résumé du livre

Ce guide pratique illustré propose une méthode pour vivre bien et en forme le plus longtemps possible. La médecine chinoise, l’acupuncture et son dérivé, la digitopuncture, seraient-ils en mesure de tous nous maintenir dans l’éternelle jeunesse, à tout le moins, de nous permettre de vieillir à peu près confortablement et sans trop importants problèmes de santé ? Pour ce faire, il vaut mieux prévenir que guérir, renforcer les défenses, mener une vie riche et active, faire de l’exercice, manger de bons produits, exercer sa mémoire et maintenir une vie sociale épanouissante. « Dans la Chine ancienne, l’usage voulait que l’on paie son médecin quand… on allait bien. Aussitôt la maladie déclenchée, les soins devenaient gratuits. Pourquoi ? Parce qu’un bon médecin devait être capable de prévenir les maladies. »

Ma critique

« Être jeune à tout âge » se présente comme un traité de vulgarisation de maintien en bonne santé surtout destiné aux femmes. Chaque grande étape de la vie, 20/30 ans, l’âge des débuts, 30/40 ans, l’âge de l’accomplissement, 40/50 ans, l’âge de l’essentiel, 50/60, la ménopause pas de panique, et 60/70, la joie de vivre, est étudié dans un chapitre particulier avec un état des lieux (difficultés particulières de chaque tranche de vie) puis avec une série de conseils pratiques de toutes sortes : points d’acupuncture, compléments alimentaires, exercices physiques, conseils diététiques, etc. Un grand nombre de dessins et croquis illustre le propos qui complète un peu les exposés des précédents ouvrages mais en reste quand même à toutes sortes de généralités que l’on peut retrouver un peu partout dans la presse féminine. Utile, mais pas génial !

Ma note

3/5

HUMOUR

UNE HUÎTRE (DENIS WILLEMS/LESIO)

Le résumé du livre

« Une fois morts, les vrais abrutis sont-ils réincarnés en faux cons ? »

« L’homme est accro à l’argent et, pour soigner son addiction, a pris la mauvaise habitude de travailler. »

« Quand l’homme part à la guerre, sa femme rentre alarmée. »

« À l’heure de pointe, l’autoroute est un vrai bal musette ; les voitures jouent de l’accordéon, le trafic dense et la police fait sauter les bouchons… »

« Le monde moderne est si peu sûr que même le béton est armé… »

« L’école est une prison… D’ailleurs on y étudie déjà la cellule… »

« La cigarette tue et le bar-tabac… »

Juste pour vous mettre l’eau à la bouche, quelques exemples des 500 perles que renferme cette huître si bien nommée et si bien ciselée par Denis Willems, alias LeSio, parolier et humoriste aussi talentueux que belge !

Ma critique

« Une huître » est un recueil d’anagrammes, de jeux de mots et autres contrepèteries souvent écrite pour le plaisir du paradoxe ou de l’étrangeté et qui atteignent parfois la sagesse de l’aphorisme et le plus souvent l’humour aussi farfelu que décalé qui est souvent une spécialité de nos amis d’outre-Quiévrain. Le lecteur rira beaucoup à la lecture de ces brèves de comptoir et de ces maximes toujours amusantes, parfois poétiques bien que quelquefois un peu faciles si ce n’est même (rarement) « capillotractées ». Le lecteur ne boudera pas son plaisir. Bonne lecture garantie. C’est vif, net, pétillant, moqueur, taquin, paradoxal. Presque du Bobby Lapointe ! Autant dire un régal pour connaisseurs ! Profitez-en vite…

Ma note

4,5/5

ESSAIS

VOS MAINS SONT VOTRE PREMIER MÉDECIN (Dr NADIA VOLF)

Le résumé du livre

Cet ouvrage basé sur la digitopuncture (acupuncture sans aiguille, c’est-à-dire par la simple pression des doigts) propose de soulager les douleurs, d’atténuer les souffrances de cette étonnante manière en utilisant certains points précis du corps humain. Reste bien évidemment à connaître leurs emplacements et à quels organes ils correspondent. Il indique également comment faire un « check-up » en palpant certains emplacements au niveau des pieds, des oreilles ou du tronc, ce qui ne correspond pas forcément à une affection précise, mais représente une action de prévention en vue d’une meilleure hygiène de vie. Dans une première partie intitulée « Ma longue marche », l’auteure relate également sa découverte de la médecine chinoise et son arrivée en France suite aux persécutions subies en URSS, rappel de son autre livre « J’ai choisi la liberté », précédemment chroniqué.

Ma critique

« Vos mains sont votre premier médecin » se présente comme une ouvrage de vulgarisation simple et de lecture aisée. De très nombreuses photos ainsi que des croquis illustrent le propos et devraient permettre une mise en œuvre aisée d’une technique qui semble un peu exotique pour ne pas dire ésotérique au premier abord. La liste des maux traités qui va des convulsions aux troubles spécifiques de la femme en passant par les crises d’asthme ou de colite néphrétique sans oublier lumbago ou sciatique laisse un peu rêveur. Une méthode très intéressante qui semble facile à pratiquer par tout un chacun. Sans garantie du chroniqueur quant aux résultats bien sûr !

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

IRÈNE JOLIOT-CURIE (NOËLLE LORIOT)

Le résumé du livre

Fille des célèbres Pierre et Marie Curie, découvreurs de la radio-activité du radium, deux fois prix Nobel, Irène Joliot-Curie se lance très jeune sur leurs traces après de très brillantes études. À 17 ans, elle part sur le front pour organiser les premiers fourgons radiographiques qui seront d’une grande aide pour les soins aux blessés. Décorée de la médaille militaire, elle rencontre le jeune Frédéric Joliot, son collègue à l’Institut du Radium qu’elle épouse quelque temps plus tard et dont elle aura deux enfants. En 1935, le couple découvre la radio-activité artificielle ce qui lui vaut un prix Nobel commun. Irène est à l’origine de la découverte de la fission nucléaire, avancée qui permettra la mise au point par les Américains de la bombe atomique quelques années plus tard dans les conditions que l’on sait. Fondateur du CEA (commissariat à l’énergie atomique), Frédéric Joliot-Curie s’en verra écarté en raison de son appartenance au Parti Communiste et ne cessera de militer pour la paix quand il découvrira que cette nouvelle énergie pouvait avoir des développements terribles pour l’humanité. Irène mourra de leucémie en 1956 sans doute suite à des irradiations lors de manipulations mal protégées…

Ma critique

« Irène Joliot-Curie » est la biographie un tantinet hagiographique d’une femme hors norme qui consacrera tout son temps et toute son énergie à ses recherches, qui sera la première femme à être nommée secrétaire d’Etat à la recherche scientifique en 1936 et qui participera à tous les combats contre le fascisme, les injustices sociales, la lâcheté et la bêtise et surtout pour l’émancipation des femmes. Cet ouvrage bien écrit et bien documenté apporte un éclairage intéressant sur l’histoire de la découverte de l’énergie nucléaire. Les passages sur la course entre les savants nazis, européens et américains pour la suprématie atomique (avec la fameuse bataille de l’eau lourde gagnée par les Alliés et la non-coopération des Joliot-Curie protégés par un de leurs anciens élèves, allemand mais anti-nazi, est particulièrement passionnant). Un destin exceptionnel qui croisa la route des plus grands comme Albert Einstein, Fermi, De Gaulle, Paul Langevin, Eugénie Cotton et tant d’autres. À lire si on s’intéresse à l’Histoire.

Ma note

4/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

AU BEAU TEMPS DE LA BUTTE (ROLAND DORGELES)

Le résumé du livre

Au tout début de l’autre siècle, le jeune Roland Dorgelès, plus saute-ruisseau que véritable journaliste, passe le plus clair de son temps avec les artistes de la Butte Montmartre. Ainsi fréquente-t-il les peintres du Bateau-Lavoir dont le plus célèbre est déjà Picasso, mais également Utrillo, Suzanne Valadon, Marie Laurencin dont il trace un portrait assez peu flatteur, sans oublier les écrivains comme Paul Mac Orlan, Francis Carco, Paul Léautaud, Henri Béraud et tant d’autres. La vie est aussi dure qu’insouciante pour ces grands noms de la bohème. Mais soudain, un jour d’août 14, toute cette jeunesse est emportée dans le malstrom de la guerre. Un grand nombre n’en reviendront pas… Et l’auteur y laissera bien des illusions sur la fidélité des femmes…

Ma critique

« Au beau temps de la butte » est à la fois un recueil de souvenirs et un témoignage charmant sur une époque disparue, sur un monde oublié. Une époque où Paris était encore la capitale mondiale des arts et des lettres. Un tel rassemblement de talents laisse rêveur. La plume de Dorgelès est magnifique, cela va sans dire. Il sait comme personne traduire une ambiance, faire revivre un peintre ou un écrivain. C’est un observateur intelligent et perspicace au regard acéré, compatissant et plein d’humanité. Sa description du retour à la vie civile en 1918 avec sa suite de déceptions, ses pertes d’illusions et son désespoir poussant un grand nombre de ses compagnons jusqu’au suicide est particulièrement émouvante.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

J’AI CHOISI LA LIBERTÉ (NADIA VOLF)

Le résumé du livre

Pourquoi la jeune et brillante Nadia Volf, docteur en médecine, agrégée en neuro-pharmacologie et directrice d’un centre de recherche se retrouve-t-elle obligée de fuir l’URSS de Brejnev en compagnie de son mari Leonid et en cachant son fils Artyom dans le coffre de leur voiture ? Tout simplement parce qu’ils sont juifs et victimes de l’antisémitisme rabique qui règne à cette époque dans le pays. Dès son enfance, elle eut à subir les rebuffades, insultes et humiliations des autres élèves et finalement le rejet, les menaces, les pressions incessantes du KGB. Il était impensable qu’une juive puisse monter si haut ! Arrivée en France, elle découvre que les promesses faites par ses homologues français ne reposent sur rien de sérieux. Heureusement pour elle, toute la communauté juive de Nîmes se mobilise pour accueillir cette famille persécutée de manière plus qu’exemplaire.

Ma critique

« J’ai choisi la liberté » est un magnifique témoignage de courage, de solidarité et de générosité. Il peut redonner confiance dans l’être humain et même prouver qu’à condition d’être honnête, sérieux et de bonne foi, l’intégration de réfugiés « politiques » de ce style peut être une formidable réussite, bénéfique pour ceux qui en profitent comme pour le pays d’accueil. Il faut dire que le docteur Volf n’est pas n’importe qui, mais une des meilleures spécialistes de l’acupuncture, toute dévouée à son art, un « cerveau » qui fut même championne d’échecs dans sa jeunesse. Le genre de « migrante » qu’on accueille avec plaisir (ce qui ne fut pas tout à fait le cas) et qu’on souhaiterait même plus nombreuses. Elle sait reconnaître ce qu’elle doit à notre pays. « Oui, la France fut pour nous la Terre promise. », conclut-elle. À lire, ne serait-ce que pour se rappeler les horreurs du communisme soviétique…

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

JILL, UNE FEMME RACONTE SON COMBAT CONTRE LE CANCER (JILL IRELAND)

Le résumé du livre

Née en 1936, Jill Ireland est une actrice britannique d’abord mariée avec l’acteur écossais David McCallum avec qui elle a eu trois fils dont un adopté, Jason, mort d’une overdose en 1989. Sur le tournage de « La grande évasion », elle rencontre Charles Bronson, lui-même marié avec des enfants. Le couple aura une fille Zuleika, qui s’illustrera dans des concours hippiques. La famille possède une magnifique propriété à Bel-Air. Passe l’été au bord de l’océan dans une belle résidence de Malibu et l’hiver à faire du ski dans le Vermont. Leur bonheur serait complet si Jill ne s’était pas vue détecter un cancer du sein qui nécessita une ablation totale suivie d’une longue série de sept sessions de chimiothérapie particulièrement douloureuses. Dans ce livre, surtout centré sur les années 83 à 85, l’actrice relate par le menu son long combat contre cette terrible maladie.

Ma critique

« Jill, une femme raconte son combat contre le cancer » est le témoignage émouvant d’une femme qui décide de prendre les choses en main et de mettre toutes les chances de son côté. Elle ne se contente pas de mettre en œuvre les thérapies classiques. Elle se lance parallèlement dans la médecine holistique, dans l’électrothérapie et la méditation. Elle change sa façon de vivre, son alimentation (plus de laitages, de farineux, de sucre et de protéines animales) et jusqu’à son regard sur ses contemporains. Une leçon de courage et de dignité qui se termine sur des pages d’espoir et ne peut qu’être profitable au lecteur même si celui-ci sait que la triste réalité a rattrapé l’auteure cinq années plus tard et a eu le dernier mot…

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

VLADIMIR OU LE VOL ARRÊTÉ (MARINA VLADY)

Le résumé du livre

En 1967, dans un théâtre moscovite, Marina Vlady fait la connaissance de l’acteur, auteur-compositeur-interprète Vladimir Vissotsky. Elle est alors mariée et mère de trois garçons issus de deux unions différentes. Lui est dans une situation similaire mais avec deux enfants. Cela ne les empêche pas de tomber follement amoureux et de tout abandonner pour vivre ensemble. L’ennui c’est que Marina Vlady est une actrice de renommée mondiale qui a toute latitude de circuler partout dans le monde sans pouvoir s’installer durablement en Union soviétique alors que son amant, poète détesté par le régime mais idolâtré par le public, n’a pas le droit de sortir du pays. Le couple doit vivre caché et Marina faire des allers et retours incessants entre la France et la Russie. Tout se compliquera rapidement avec l’alcoolisme et l’addiction à la morphine de Vladimir…

Ma critique

« Vladimir ou le vol arrêté » est un témoignage en forme de déclaration d’amour à un artiste à la carrière météoritique. Les astronomes d’un observatoire de Crimée baptiseront d’ailleurs de son nom une nouvelle planète découverte entre les orbites de Mars et de Jupiter. Au-delà du côté sentimental et passionnel de cette liaison qui ne dura qu’une douzaine d’années, le lecteur découvrira surtout les tracasseries dans la Russie soviétique, les souffrances pour ne pas dire le calvaire de la compagne d’un drogué et d’un alcoolique en proie au mal de vivre sans oublier les plaisirs d’une existence de nantis passant d’un pays à l’autre, d’un palace au suivant, dans les endroits les plus chics et les plus romantiques de la planète, notre actrice ayant réussi à extraire son poète de sa prison à ciel ouvert. Intéressant et instructif même avec le recul du temps. De nombreux poèmes de Vissotsky agrémentent ce texte, écrit comme une adresse au disparu, qui donne envie de mieux connaître cet artiste tout à fait original.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

J’AI DU CIEL BLEU DANS MON PASSEPORT (PHILIPPE DE DIEULEVEULT)

Le résumé du livre

Issu d’une ancienne famille de l’aristocratie bretonne, Philippe de Dieuleveult est le benjamin d’une fratrie de sept garçons. Dès le plus jeune âge, il ne rêvait que d’aventures. Il fut d’abord scout puis exerça mille petits métiers pour financer sa première expédition, une traversée du Sahara qui sera suivie de plusieurs autres. Il participe avec succès à la « Course autour du monde » pour laquelle de jeunes globe-trotteurs devaient envoyer chaque semaine un reportage sur un pays différent. En 1979, il est engagé comme journaliste reporter d’images pour FR3. Caméra à l’épaule, il filme les équipes de « Médecins sans frontières » dans leurs diverses missions partout dans le monde. Et en 1981, il anime sur Antenne 2 l’émission « La Chasse aux trésors », qui passionnera le public pendant plus de quatre ans. Enregistrant l’émission chaque semaine dans un endroit différent, il marque les téléspectateurs par sa chaleur humaine, son humour, et ses prises de risques (chute depuis un hélicoptère, plongée sous-marine, saut en parachute en direct, etc.). L’émission, diffusée le dimanche soir, arrivera souvent en tête des audiences. Malheureusement, il disparaît tragiquement et mystérieusement au Zaïre en 1985. Noyade, accident ou assassinat ? L’affaire n’a jamais été vraiment élucidée.

Ma critique

« J’ai du ciel bleu dans mon passeport » est son témoignage en forme d’autobiographie qui parut une année avant sa mort. Sans se soucier de l’ordre chronologique, il y raconte en vrac sa jeunesse, ses expéditions, sa vie d’homme de télévision et même ses liens avec l’armée (ancien parachutiste et formateur commando, il sera contacté par le célèbre Bob Denard mais refusera de collaborer avec lui). Il fait preuve d’une grande franchise et d’une belle honnêteté. Reconnait être touché par l’amour que le public lui porte et en particulier les handicapés, tout en reconnaissant ne pas être atteint par cette « gloire » et être résolu à toujours rester lui-même, c’est-à-dire un aventurier des temps modernes toujours prêt à faire ses bagages pour partir au bout du monde. Un livre tonique et bien écrit qui permet de jeter un œil dans les coulisses de la télévision tout en gardant la mémoire d’un être hors norme.

Ma note

4/5

ESSAIS

OVNIS, 50 ANS DE SECRET (GILDAS BOURDAIS)

Le résumé du livre

Aux Etats-Unis, en juin 1947 débute avec l’affaire Roswell, une série de phénomènes étranges : lueurs dans le ciel, apparition des premières soucoupes volantes, disparitions inexpliquées et mutilations d’animaux d’élevage. L’opinion les attribue à des manifestations d’extra-terrestres alors que les instances dirigeantes semblent tout faire pour faire disparaître les traces et cacher les évènements. Pourtant, au fil des ans, s’accumulent des milliers de témoignages troublants. En dépit de l’ouverture au public des archives de l’armée de l’air américaine et du FBI quelques années plus tard, il est toujours aussi difficile à la vérité de se manifester. Les « fakes » (« homme de Roswell » en latex et autres) n’arrangent rien. Les autorités campent depuis cinquante ans sur la négation complète. La réalité est-elle si inquiétante qu’il faille encore et toujours la dissimuler ?

Ma critique

« OVNIS, 50 ans de secret » se présente comme une enquête rigoureuse, prouvée, sourcée (nombreuses pages de notes de référence, fac-similés de documents authentiques) sur un phénomène qui déchaine les passions et suscite les controverses. L’auteur a l’honnêteté de dénoncer les déclarations mensongères ou fantaisistes. Il démontre que ce sont souvent des rideaux de fumée créés pour dévaloriser les thèses de ceux qui croient aux interventions extra-terrestres. On apprend énormément de choses dans cette étude très complète et même très copieuse. Cependant le lecteur achève sa lecture en restant un peu sur sa faim. Rien ne prouvant rien, les arguments se contre disant, le mystère demeure. Les doutes aussi.

Ma note

3/5

ESSAIS

L’AMOUR, LA MÉDECINE ET LES MIRACLES (DR BERNIE S. SIEGEL)

Le résumé du livre

Chirurgien à New Haven, enseignant à l’université de Yale, le Dr Bernie S. Siegel fit un jour la découverte de l’importance et même de la prédominance de l’esprit sur le corps de certains patients. Il fut témoin d’un nombre incroyable de guérisons exceptionnelles ou de rémissions inattendues déjouant tous les pronostics médicaux. Ces « miracles » se produisent presque toujours chez des êtres atypiques qui prennent leur sort en main, ne se résignent pas à la maladie, la combattent et finalement en viennent à bout sans s’en remettre uniquement à la médecine traditionnelle. L’auteur en tire alors les conclusions qui s’imposent. Il change radicalement sa pratique médicale, donne des conférences sur le rapport corps/esprit et crée un groupe d’accompagnement de cancéreux où les gens partagent, s’écoutent, s’encouragent et s’entraident pour guérir autrement…

Ma critique

« L’amour, la médecine et les miracles » est un essai médical basé sur la pratique et le concret. Il fait appel à une multitude d’anecdotes et de témoignages souvent bouleversants sur les capacités insoupçonnées de l’amour et de la volonté dans le retour à la santé. En fin de volume, et ce n’est pas le moindre intérêt de cet ouvrage, l’auteur détaille techniques et méthodes pour stimuler le processus de guérison : alimentation, activité sportive, méditation, yoga, visualisation, travail sur les rêves, rire, interprétation de dessins spontanés, groupe de parole, jeux, prise en compte des ressentis, des émotions, etc. Un ouvrage majeur, bien écrit, tout à fait passionnant et qui ouvre des perspectives nouvelles fort éloignées de la conception mécaniste de la médecine classique. Il est rassurant de penser que l’esprit dirige le corps et non l’inverse ! À lire et méditer…

Ma note

4/5

HISTORIQUE

SAINTE-MERE-EGLISE, 5-6 JUIN 1944 (ALEXANDRE RENAUD)

Le résumé du livre

Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, l’avant-garde des forces alliées, en l’occurrence les parachutistes des 82ème, 101ème et 505ème US airborne sautent ou débarquent de planeurs sur le petit village de Sainte-Mère-Eglise (Cotentin) et ses environs pour sécuriser la zone de débarquement. Mais les Allemands les attendent de pied ferme. Ils ont fortifié la région et massé des troupes un peu partout. Les combats sont acharnés. Très vite les Américains se retrouvent à court de munitions et même prêts à se replier. Heureusement pour eux, la logistique arrive juste à temps et cette première petite parcelle de territoire français délivré au prix du sang (perte de la moitié des effectifs) sera l’amorce d’une solide tête de pont qui permettra la victoire finale.

Ma critique

« Sainte-Mère-Eglise » est un récit historique écrit par le maire de la ville, témoin oculaire de tous ces évènements. Avec beaucoup de sincérité et d’amour pour sa région martyrisée et pour ses habitants, il raconte sans pathos et même avec un certain détachement l’arrivée des « libérateurs » et même celle, quelques jours plus tard de la fameuse division Leclerc, cette armée de Français Libres qui furent les premiers à entrer dans Paris et qui sauvèrent l’honneur de la France. Le lecteur découvrira dans ce livre une quantité impressionnante de documents photographiques dont beaucoup d’inédits montrant l’état de destruction des villes et villages de la région. Malgré les « tapis de bombes » des Alliés qui transformèrent Carentan, Caen, Saint-Lô et tant de lieux en amas de ruines, les Français firent bon accueil aux Américains, les nourrirent, les aidèrent, les cachèrent et les guidèrent dans les marais et furent l’humble cheville ouvrière du succès de cette opération risquée. Une page d’histoire à ne pas oublier.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

LA PERLE ET LA COQUILLE (NADIA HASHIMI)

Le résumé du livre

De nos jours, dans un petit village afghan, un ancien soldat des seigneurs de la guerre retrouve sa famille et se laisse aller à ses penchants pour la drogue. Il n’a que des filles qui sont harcelées sur le chemin de l’école. La solution sera de les confiner à la maison et de marier la très jeune Rahima à un homme de plus de soixante ans… Au tout début de l’autre siècle, Shekiba perd toute sa famille lors d’une épidémie de choléra. Elle tente de survivre seule sur la petite ferme familiale. Mais assez rapidement, ses oncles la placent comme garde du harem dans le palais du roi d’Afghanistan. Malheureusement, elle ne peut empêcher un homme de s’introduire à l’intérieur. Ce sera la suite de ses malheurs…

Ma critique

« La perle et la coquille » est le récit choral ou stéréophonique de la vie de deux femmes afghanes à un siècle de distance et en alternant les chapitres. Une longue suite d’épreuves, de drames et d’humiliations de toutes sortes pour ces femmes. Des vies d’esclaves consacrées aux travaux ménagers et vouées à la procréation si possible uniquement de garçons. Le lecteur découvre qu’au XXIème siècle rien n’a changé, Rahima a beau terminer adjointe parlementaire d’une députée de la « jirga » (assemblée nationale), elle est tout autant privée de liberté, exploitée et humiliée que son arrière-arrière-arrière grand-mère. Malgré quelques longueurs, ce gros pavé se lit assez rapidement tant ces mœurs d’un autre temps semblent exotiques et choquantes et donnent à réfléchir sur la condition de la femme dans ce pays. À conseiller pour nous aider à appréhender une réalité bien cruelle.

Ma note

4/5

AVENTURE

OBJECTIF : PÔLE NORD DE NUIT (MIKE HORN)

Le résumé du livre

En compagnie du Norvégien Borge Ousland, grand spécialiste de la banquise, Mike Horn tente de relier le cap Arkticheskiy situé aux extrémités nord de la Russie au pôle Nord géographique, de janvier à mars, c’est-à-dire en plein hiver, donc sans jamais voir le jour. Cet exploit les obligera à parcourir environ 2000 km soit 62 jours de marche dans des conditions dantesques en tractant des traineaux de vivres et de matériel particulièrement lourds. Le tout dans un froid intense, souvent moins 35° ou moins 38°, avec des vents contraires et des glaces dérivantes les faisant reculer d’autant qu’ils avancent. Sans oublier le danger des crevasses plus ou moins importantes du pack les obligeant à nager avec des combinaisons étanches et surtout celui des ours polaires pas forcément amicaux avec lesquels ils se retrouvèrent plusieurs fois nez à nez.

Ma critique

« Objectif : Pôle Nord de nuit » est un récit de voyage écrit en collaboration comme c’est le cas la plupart du temps, que l’éditeur le revendique ou non. Le lecteur n’y cherchera pas de la grande littérature, mais de la sincérité, de l’émotion et de belles leçons de vie, de courage, de ténacité et de solidarité. Et là, il sera servi. Car il en a fallu à ces deux êtres hors normes pour réussir un tel exploit. Comme tous les défis « inutiles », ils l’ont fait parce que personne ne l’avait fait avant eux et parce que tout le monde le croyait impossible. Un magnifique témoignage qui ravira les amateurs d’aventures et de grands espaces tout en les faisant réfléchir à la relativité des choses : la nature n’a pas besoin de nous pour exister. Et sous ces latitudes, elle peut même se montrer si hostile qu’il faut être aussi fou que ces deux-là pour aller s’y frotter !

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

Le résumé du livre

Fils d’un gardien de refuge en Cerdagne catalane, Kilian Jornet a gambadé dans les montagnes dès son plus jeune âge. À 7 ans, il réalisa son premier « 4000 » puis la traversée des Pyrénées en famille pendant 42 jours. Adulte, après une formation de ski-running à Font-Romeu, il refait le même itinéraire en courant pendant 8 jours seulement, au prix de souffrances incroyables. Son palmarès de coureur de l’extrême laisse pantois : l’ultra-trail du Mont-Blanc, le GR20, la Diagonale du Fou, la Western States au lac Tahoe, l’ascension du Kilimandjaro en un temps record et, plus récemment des sommets de 8000 m sans oxygène dans l’Himalaya.

Ma critique

« Courir ou mourir » est le témoignage franc et honnête d’un sportif de haut niveau accro à la compétition, à la performance mais qui sait rester humble et modeste. Il nous fait partager ses impressions lors de ses exploits. Mais que de souffrances, que de courage, que d’abnégation, que de tortures infligées à son pauvre corps pour atteindre ce niveau ! Il suffit de lire ce livre pour se rendre compte que même pour les plus grands, on n’a jamais rien sans rien. Plus incroyable est l’exploit, plus énorme est la souffrance. En course pourtant, Jornet met un point d’honneur à cacher ses difficultés. Tout le monde finit par croire qu’il obtient tout dans la facilité. Il n’en est rien. Livre intéressant pour toucher du doigt la réalité de ces performances au bout du compte aussi inutiles qu’époustouflantes. L’auteur le reconnaît lui-même vers la fin de l’ouvrage. Il se demande pourquoi il court, pourquoi il a toujours besoin de repousser ses limites.

Ma note

3/5

FANTASTIQUENOUVELLES

ERRANCES (CAROLE BERGH)

Le résumé du livre

Une femme fait une chute dans l’escalier de son immeuble. Arrivée dans la rue, elle ne reconnaît plus son environnement habituel… Sophie croit que Paul la trompe. Pour se venger, elle sabote les freins de sa voiture… Victime d’une agression, David, sonné, erre toute une nuit dans la forêt de Fontainebleau. Au matin, il est recueilli par un étrange homme des bois… Une chatte abandonnée est adoptée par une vieille dame bien gentille… Karine est jalouse de Yohann. Elle lui rend la vie si infernale qu’il en est réduit à se réfugier dans l’alcool… Victime d’un terrible accident de la route, Simon est éjecté de son véhicule. Il se retrouve dans un autre monde, sans avions, ni voitures…

Ma critique

« Errances » est recueil regroupant huit nouvelles sur le thème de l’étrange et du fantastique mais pas seulement car quelques-unes ne sont que de petits récits sur une tranche de quotidien très banal. Deux nouvelles traitent de jalousie maladive avec ses conséquences inattendues. Deux autres d’intrusion dans des univers parallèles. Ce sont à mon sens les meilleurs de cet ouvrage agréable à lire. Les personnages féminins ne sont pas particulièrement sympathiques mais bien pétris d’humanité. La plume de Carole Bergh est alerte, vive et de très belle qualité. Un bon moment de divertissement d’autant plus agréable que ce livre est en accès libre sur les plate-formes.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA LOI DE L’ATTRACTION (ESTHER & JERRY HICKS)

Le résumé du livre

Dans notre existence, tout ce qui advient, que nous le voulions ou non, est provoqué par une loi universelle très puissante et jamais prise en défaut, la « loi de l’attraction », principe qui veut que tout ce qui se ressemble s’assemble, que toute pensée négative induit une conséquence du même ordre et inversement. Il s’agit donc de comprendre pourquoi arrive ce qu’il arrive dans nos vies et surtout apprendre comment diriger nos envies et nos pensées dans un sens positif et constructif pour attirer de bonnes choses, obtenir tout ce qu’on peut désirer afin de jouir d’une vie de plénitude et de joie sans fin.

Ma critique

« La loi de l’attraction » est un ouvrage de psychologie appliquée dans la lignée de la sophrologie voire de la méthode Coué, mais avec un réel contexte ésotérique. En effet, tout l’enseignement des époux Hicks repose sur des révélations reçues d’entités non-incarnées qui les auraient dispensées à Jerry par l’intermédiaire d’Esther laquelle aurait servi de médium. Cet aspect de l’affaire qui pourra révulser rationalistes et cartésiens mis de côté, il semble qu’il faille s’attacher au plus important, le message, très clair, parfaitement expliqué, et même décortiqué jusque dans les plus menus détails. Il est plus que troublant, mérite d’être examiné avec soin et pratiqué ne serait-ce que pour en vérifier la pertinence. Le lecteur ne regrettera qu’une chose la quasi-absence d’anecdotes, d’exemples concrets de réussite ou d’échec de la méthode. À conseiller à toutes celles et à tous ceux que la pensée positive interpelle.

Ma note

4/5

HISTORIQUE

IMHOTEP, LE MAGE DU NIL (PIERRE MONTLAUR)

Le résumé du livre

Au troisième millénaire avant notre ère, à Chmounou, en Egypte, vit Imhotep, un médecin de grand talent. Voulant s’entourer des meilleurs, le puissant pharaon Khasekem lui fait l’honneur de le prendre à son service. Le thérapeute se met donc en route vers le palais de Nekhen en compagnie de son épouse Méri-Ankh en toute fin de grossesse. Celle-ci est dans les douleurs de l’enfantement quand Imhotep doit la quitter pour se rendre au chevet de la Grande Epouse Royale dont l’accouchement se passe difficilement. En la sauvant d’une hémorragie qui aurait pu être fatale, le médecin gagne la confiance et la faveur du pharaon qui lui confie des responsabilités de plus en plus importantes.

Ma critique

« Imhotep, le mage du Nil », est un roman historique de très bonne facture, bien écrit et bien documenté. Quelle existence exceptionnelle que celle de ce personnage hors norme qui, en plus de se révéler un praticien remarquable (au point d’être divinisé après sa mort et de servir de modèle à Asklépios et Esculape), fut également un formidable architecte qui initia l’utilisation de blocs de pierre dans la construction des palais et des sépultures et qui inventa la toute première pyramide, celle à degrés du pharaon Djoser à une vingtaine de kilomètres du Caire, sur le plateau de Saqqarah. Fort intéressant pour ses descriptions des mœurs de l’Egypte ancienne, ce livre a aussi le mérite de faire découvrir au lecteur la cause finalement assez triviale qui fut à l’origine des fameuses pyramides. Cet ouvrage est à conseiller aux passionnés de ce volet particulier de l’Histoire.

Ma note

4,5/5

TERROIR

LES SENTIERS DU VIEUX CAUSSE (RAYMONDE ANNA REY)

Le résumé du livre

Dans un hameau isolé des Cévennes, vit Gousta-Soulet un vieux solitaire qui partage son temps entre ses animaux et sa vigne. Un matin, il trouve sur son perron une petite sourde-muette venue de nulle part qui, très vite, se plait en sa compagnie. Il la prénomme « Griotte », une contraction de « Maigriotte » car en plus d’être rousse aux yeux bleus, elle est d’une grande maigreur. Il la recueille en se gardant bien de prévenir qui que ce soit. À l’été, le jeune Frédéric, fils des voisins qui ne viennent chaque année qu’un mois pour les vacances, la découvre et passe avec elle le plus merveilleux été de son enfance. Mais à l’automne, ce sont des chasseurs qui la croisent et qui alertent les autorités. Griotte est immédiatement placée dans une institution au grand désespoir de Gousta-Soulet et de Frédéric…

Ma critique

« Les sentiers du vieux Causse » est un joli roman de terroir écrit en hommage à une région qui décline doucement, à un monde qui peu à peu disparaît au fil des départs des anciens, des ruines de maisons et du retour des ronces, orties et épineux. Que de beaux sentiments évoqués dans cette émouvante histoire d’homme et d’enfants, dans cette amitié improbable entre un petit citadin, un vieux paysan asocial et une handicapée qui ne communique que par les regards et les sourires ! Qui a dit qu’on ne pouvait pas faire de bonne littérature avec de bons sentiments. L’auteure nous apporte ici une magnifique preuve du contraire. Son amour de la vie difficile des derniers habitants du Causse transcende tout. Le lecteur ne peut qu’être emporté jusqu’à un happy end, écrit au conditionnel quand même, histoire de rester vraisemblable.

Ma note

4/5

POLICIER

LES DISPARUES DE LA SAINT-JEAN (LAURENT CABROL)

Le résumé du livre

Au début des années soixante, à quelques années de distance, trois jeunes filles, Isabelle, Clémence et Adeline, disparaissent d’un petit village du Tarn au cours de la nuit de la Saint-Jean. Les gendarmes concluent à des fugues sans conséquence. Mais, Justin Gilles, journaliste localier, est certain que les trois filles ont été assassinées par un tueur en série qui sévirait sur le Causse. Ses articles obligent à relancer l’enquête. Les soupçons se portent alors sur un jeune berger, Christophe Solal, qui est rapidement incarcéré par un juge d’instruction. Est-il le véritable coupable ?

Ma critique

« Les disparues de la Saint-Jean » est un roman policier en milieu rural sans véritable enquêteur à la Maigret, Holmès ou Poirot mais sous la houlette d’un commandant de gendarmerie psychorigide et d’un juge d’instruction frustré. Avec pareils bras cassés, l’erreur judiciaire n’est pas très loin. Parfaitement écrit, ce roman se lit quasiment d’une traite tant l’ambiance campagnarde est bien rendue et le suspens magistralement maintenu. Laurent Cabrol, journaliste météo bien connu, se révèle également romancier de terroir de haut niveau. Ses personnages, excellemment décrits sont tous pétris d’humanité et cette histoire à la chute aussi réussie qu’inattendue est d’une noirceur et d’une réalité qui donne à réfléchir. Quand la justice s’emmêle les pinceaux, les dommages collatéraux s’accumulent.

Ma note

4,5/5

HUMOUR

PROPOS DE VILLE ET PROPOS DE THÉÂTRE (HENRY MURGER)

Le résumé du livre

Un journaliste n’ayant rien à proposer à son chef a l’idée de jeter dans la Seine un chapeau trouvé sur un banc et de hurler à la noyade. Les passants s’attroupent, croient à une noyade et alertent les autorités. Pour le plumitif en manque de matière, ce sera un de ses meilleurs « papiers »… Savez-vous ce que Montaigne disait des hommes qui épousent leur maîtresse ? « Ce sont des gens qui crachent dans leur verre avant que de boire »… Le Français sait le mieux faire l’amour ; l’Italien le fait mieux agir ; le Russe le fait agir et parler également bien ; l’Allemand l’endort ; le Polonais le ruine…

Ma critique

« Propos de ville et propos de théâtre » est un recueil de petits articles, d’anecdotes, d’historiettes, de traits d’esprit et de chroniques de pièces de théâtre. Une sorte de fourre-tout pétri d’humour et d’ironie plus ou moins grinçante. Une sorte de concentré de l’esprit français et même parisien. Bien que datant de 1853, cet ouvrage reste d’une lecture agréable. C’est pétillant, corrosif, parfois poétique, philosophique, même si certaines références sont perdues et même si l’auteur a des femmes une vision désenchantée et frôlant la misogynie. Certains textes ont plus d’intérêt que d’autres. Ainsi sort du lot celui sur le temps trop doux du mois de janvier qui permet toutes sortes d’extravagances et une incursion dans le fantastique désopilant très proche du surréalisme. Idem pour la série de portraits archétypaux de toutes sortes de piètres personnages gravitant autour du théâtre et de la littérature. Il y a du Saint-Simon chez Murger, auteur qui ne mérite le détour.

Ma note

4,5/5

HUMOURPOLICIER

L’HOMME AU STYLO (MARCEL IDIERS)

Le résumé du livre

Le commissaire Poupart est appelé dans un théâtre parisien suite à l’assassinat de la comédienne Mona Stella. En réalité, celle-ci n’était qu’évanouie. Un individu lui a fait livrer une corbeille de roses, a soudoyé son habilleuse et s’est présenté sous le nom de Maxime Fontani, imprésario voulant lui proposer un contrat mirifique. Il en a profité pour lui injecter un somnifère et lui dérober ses bijoux. Les méthodes employées amènent Poupart à penser qu’il a affaire à l’insaisissable « homme au stylo ». Peu après, un jeune journaliste et un détective privé nommé Furet se lancent à leur tour sur la piste du voleur…

Ma critique

« L’homme au stylo » se présente comme un roman populaire et feuilletonesque dans l’esprit du célébrissime Arsène Lupin. En effet, le héros vole aux riches pour donner aux pauvres, ridiculise ses poursuivants et, tel un véritable Frégoli, change en permanence d’aspect et de déguisement, se rendant ainsi quasiment impossible à capturer. La trentaine, joli garçon, grand, mince et élégant, il habite un appartement trois pièces dans une rue calme d’un quartier chic du vieux Passy. Insaisissable et mystérieux, ce voleur gentleman, ne tue jamais et choisit ses victimes parmi les individus qui ont acquis leur richesse de façon peu recommandable. Adepte du déguisement, mais uniquement lorsqu’il n’est pas sur un coup, il a l’habitude d’opérer avec un stylo dissimulant une seringue Pravas qui lui permet d’injecter un liquide opiacé capable de provoquer un sommeil immédiat chez la personne qu’il a choisie de neutraliser. Datant de 1945, ce roman, bien écrit et qui n’a pas pris une ride, reste un agréable divertissement sans autre prétention.

Ma note

4/5

FANTASTIQUE

L’HOMME SANS BRAS (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

Vingt années plus tard, Tanneguy de Tréguern, fils de Filhol le revenant breton, débarque à Paris au Palais-Royal pour être introduit parmi les personnalités importantes de la capitale. Il prend toujours la douairière Le Brec pour sa grand-mère et ne sait que peu de choses sur ses origines hormis le fait qu’il soit orphelin. Il retrouve Stéphane, son ami et quasi frère de lait. Un étrange avocat se présente chez la marquise du Castellat, richissime veuve qui doit bientôt épouser Gabriel de Feuillans, autre parvenu de fortune aussi récente que peu méritée. L’homme dit s’appeler Privat, être breton et natif de la région de Tréguern. Depuis le début, il prétend avoir suivi l’affaire des revenants et avoir accumulé preuves et témoignages accablants. Sera-t-il en mesure de faire éclater la vérité et cesser la malédiction qui frappe cette famille ?

Ma critique

« L’homme sans bras » est le second et dernier tome d’une « Histoire de revenants », roman fantastique et social assez noir, bien dans le style des romans feuilletons populaires de l’époque. Les rebondissements ne manquent pas dans cette intrigue à la fois compliquée et un tantinet cousue de fil blanc. En effet, dès le début, le lecteur a un doute et il lui vient même une explication qui est confirmée par la fin en happy end, autre passage obligé du genre. Les personnages ne déçoivent pas. Le méchant l’est énormément, à la fois assassin, voleur, menteur, faussaire, prêtre défroqué et usurpateur. Les nobles dans la débine ne font que descendre un à un les échelons de la société. L’argent corrompt tout sur son passage et finit par ravager complètement l’ordre ancien. Les femmes se partagent entre les cupides et les victimes. Seul surnage le personnage d’Etienne, l’homme sans bras, qui ne vit que pour aider son maître et fait preuve d’un tel dévouement qu’il va jusqu’à se sacrifier totalement pour lui. Finalement, le lecteur se demande si le côté historique et ethnologique de ce livre parfaitement écrit et toujours agréable à lire même aujourd’hui n’est pas plus intéressant que son versant fantastique avec ses revenants, sa sorcière, ses esprits frappeurs et autres ectoplasmes.

Ma note

3,5/5

FANTASTIQUE

UNE HISTOIRE DE REVENANTS (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

En Bretagne, à la fin du XVIIIème siècle, Filhol de Tréguern, aristocrate désargenté, est censé jouer les revenants quelque part sur la lande déserte non loin du Trou de la Dette. La douairière Françoise Le Brec et Marianne, la sœur du disparu viennent la nuit sur les lieux dans l’espoir de voir apparaître son fantôme. Mais rien ne se produit, aucune voix ne s’élève dans les ajoncs… Et soudain, elles aperçoivent une forme humaine sortie des broussailles, c’est un spectre de femme avec un visage d’une beauté angélique encadré d’une vague de boucles blondes. Il s’agit de Geneviève de Tréguern, la veuve du revenant, qui le cherche également. Mais où donc Filhol est-il passé ? On le dit mort des fièvres depuis longtemps. Et pourquoi cette croyance selon laquelle tout Tréguern doit mourir trois fois ?

Ma critique

« Une histoire de revenants » est le premier tome d’un roman fantastique de Paul Féval, auteur breton qui, à son époque, rencontra un succès équivalent à ceux de Balzac ou de Dumas. Ce n’est plus le cas aujourd’hui et pourtant ce prolifique romancier nous gratifie ici encore d’une histoire pleine de rebondissements écrite d’une plume alerte et de descriptions minutieuses d’une Bretagne profonde, pleine de mystère et de croyances aux esprits, aux sorciers et autres korrigans. Sans doute est-ce le côté le plus passionnant de ce texte. Quelques années après la Révolution et la révolte des Chouans, le pays pauvre et arriéré est encore imprégné des us et coutumes de l’ancien régime. Les nobles bénéficient toujours du dévouement et du respect de leurs paysans. Un des personnages prend même la place de son seigneur au moment de la conscription. Il y laissera un bras et se sacrifiera même pour lui. Et pourtant, l’âge d’or des Tréguern est terminé. Ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes et le lecteur ne découvrira leur fin et la clé de l’énigme que dans le second tome intitulé « L’homme sans bras ».

Ma note

3,5/5

ESSAIS

COMMENT CESSER DE PROGRAMMER L’ÉCHEC (MICHEL DOGNA)

Le résumé du livre

L’être humain est tout à la fois corps et esprit. Son esprit a des potentialités qu’il ne soupçonne même pas. Certains semblent accumuler les souffrances et les malheurs alors que d’autres collectionnent les joies et les réussites. Pour l’auteur, tout dépend de la pensée positive qu’il appelle « la force d’attraction ». L’univers serait une source de bonheur inépuisable. Nos pensées négatives seraient non seulement une barrière empêchant qu’il se déverse sur l’humain, mais en plus, qu’elles perpétueraient indéfiniment les catastrophes et les calamités…

Ma critique

« Comment cesser de programmer l’échec » est un essai de psychologie appliquée, présenté par Michel Dogna, naturopathe bien connu. Ses recherches sur la maladie l’ont amené à la conclusion que le psychologique avait toujours le dernier mot dans la plupart des cas de pathologie. Nos maux n’arrivent jamais par hasard et nous avons en nous tous les facteurs de guérison possibles. Cette méthode semble pas mal à voir avec la sophrologie ou avec la fameuse « méthode Coué ». Même si les arguments et les anecdotes présentés laissent un peu rêveur, rien n’empêche d’essayer de la pratiquer. Que risque-t-on ? Une meilleure santé ? Plus de réussite ? Un livre qui donne à réfléchir.

Ma note

4/5

ESSAIS

LA GRANDE RELÈVE DES HOMMES PAR LA MACHINE (JACQUES DUBOIN)

Le résumé du livre

En 1932, l’auteur rencontre quelque part en Haute-Savoie, un médecin en retraite, le docteur Hermodan, un industriel du Nord, un négociant parisien, un jeune ingénieur, un propriétaire terrien, un pharmacien ainsi qu’un architecte retiré des affaires et ayant longtemps milité dans un parti de gauche. Ce petit cénacle discute en toute liberté de politique et d’économie. La terrible crise économique commencée en 1929 aux États-Unis est là et bien là avec son lot de chômage, ses usines qui ferment et ses entreprises qui font faillite. Comment en sortir ? Y a-t-il vraiment des solutions ? L’auteur est d’autant plus intéressé par le diagnostic et les remèdes présentés par ses interlocuteurs que son éditeur lui a demandé d’écrire un livre sur la question.

Ma critique

« La grande relève des hommes par la machine » est un essai sur l’économie particulièrement clair et intéressant qui n’a pas pris une ride en dépit de son grand âge. Il est présenté sous forme de conversations à bâtons rompus abordant un à un tous les aspects du problème : déséquilibre entre production et consommation, automatisation (robotisation) amenant à une surproduction, réduction des effectifs, concurrence sauvage, abondance entrainant la chute des cours, chômage amenant une baisse de la consommation, déséquilibre de la balance commerciale… L’analyse des causes est tellement précise et impeccable que le lecteur se dit que si le livre avait été écrit aujourd’hui il n’aurait d’autre différence que quelques chiffres (les 300 000 chômeurs de l’époque se retrouvant nettement plus nombreux de nos jours) et qu’une belle aggravation des dérives du capitalisme. Ecrit par un industriel et homme politique de premier plan, ce livre longtemps mis sous le boisseau, a été réédité en numérique par Etienne Chouard (en libre accès sur son site). Il propose comme solution à ces crises récurrentes, endémiques et quasi-perpétuelles, un partage du travail, une économie distributive (on dirait « solidaire » ou « décroissante » de nos jours) et un revenu de base, ancêtre du « revenu universel », toutes solutions n’ayant jamais été vraiment mises en pratique et ne manquant pas d’une certaine séduction. Quiconque s’intéresse à l’économie ne devrait pas se priver de lire l’ouvrage de ce visionnaire que fut Jacques Duboin !

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

SABLES MOUVANTS À BENODET (SERGE LE GALL)

Le résumé du livre

À Sainte Marine, non loin de Bénodet, une jeune femme est violée puis mutilée sauvagement avant d’être achevée à l’aide d’un pied de parasol planté sous le sternum. Stéphanie Rannou et Lorraine Boucher, future magistrate, qui se promènent dans le coin, assistent à la fin de ce supplice barbare. Stéphanie tente d’intervenir, mais le tueur parvient à s’échapper grâce à un petit canot caché non loin de là. Un peu plus tard, elles s’invitent dans l’enquête menée par le commissaire Landowski qui les connait pour les avoir déjà rencontrées lors d’une précédente affaire…

Ma critique

« Sables mouvants à Bénodet » est un thriller à la française assez bien mené avec son habituelle kyrielle de cadavres, son serial killer psychopathe torturé et ses scènes gore répugnantes à souhait. Le style est agréable et efficace. Tous les ingrédients du genre sont réunis pour une narration plutôt distrayante. Le lecteur ne pourra faire qu’un seul et unique reproche : un certain manque de vraisemblance. Les évènements s’enchainent trop bien, les coïncidences sont trop parfaites. Dans la vraie vie des vrais gens, jamais rien ne se goupille comme ça. Ceci dit, le cadre est bien décrit, les personnages sont intéressants bien qu’un peu stéréotypés et l’intrigue permet un bon moment de divertissement, rien de plus. Les amateurs du genre apprécieront.

Ma note

3/5

TEMOIGNAGE

MON CHEMIN MÈNE AU TIBET (SABRIYE TENBERKEN)

Le résumé du livre

Sabriye Tenberken est une jeune Allemande aveugle de 26 ans passionnée par la vie des Tibétains. Elle met au point un alphabet en braille pour leur langue et décide de partir au Tibet pour y monter une école spécialisée pour jeunes aveugles nécessiteux. À Lhassa, un directeur d’école pour jeunes orphelins lui prête un local où elle peut commencer à accueillir ses six premiers élèves. Mais très vite, l’argent manque. Il lui faut trouver des subventions, ainsi que des collaborateurs honnêtes et dévoués sans parler d’autres locaux plus indépendants. Sur son chemin, les obstacles ne vont pas manquer…

Ma critique

« Mon chemin mène au Tibet » est un magnifique témoignage de courage et de dévouement. Le lecteur ne peut être qu’admiratif de voir cette jeune femme parvenir à dépasser son propre handicap (elle monte à cheval, est capable de prendre seule l’avion, etc.) pour venir en aide aux autres. Il découvrira également la triste condition des aveugles tibétains, les croyances obscurantistes répandues autour de ce handicap sans parler de toutes les difficultés qui lui sont faites aussi bien du côté allemand que du côté tibétain. Le style est vivant, fluide et agréable. Un ouvrage intéressant qui permet une plongée étonnante dans le monde assez peu connu des mal-voyants.

Ma note

4,5/5

AVENTUREBIOGRAPHIES

LES MOULINS DE GLACE (JANOT LAMBERTON)

Le résumé du livre

Originaire du Vercors, Janot Lamberton passa une enfance aventureuse à explorer grottes et cavernes de son massif. Il retrouva toutes sortes de traces et de souvenirs (plus ou moins macabres) du Maquis. Il fut un temps ouvrier dans la chaussure à Romans (Isère), puis électricien avant de faire de la spéléologie son unique métier. Il s’illustra comme sauveteur d’expéditions en danger et comme découvreur de nouvelles grottes jusqu’au jour où Haroun Tazieff lui suggéra d’aller explorer sous l’Inlandsis, la calotte glaciaire du Groenland. Il y organisa une douzaine d’expéditions et battit le record du monde de descente sous la glace (plus de 200 mètres de profondeur).

Ma critique

« Les moulins de glace » est un témoignage de vie d’aventurier tout à fait intéressant. Le lecteur y découvre la réalité du monde souterrain, les dangers des fameux moulins de glace qui évoluent sans cesse et peuvent se transformer très vite en étaux ou en cercueils sous l’effet d’une bédière (rivière de glace). Le plus étonnant est peut-être le fait que l’exploit sportif débouche à la fois sur des découvertes scientifiques inattendues (étude des trous de cryoconite et des tartigrades, micro-organismes capables de résister aux froids extrêmes, de se mettre en hibernation et de « ressusciter » des années plus tard) et sur des applications commerciales étonnantes comme la récupération d’icebergs pour les transformer en glaçons pour émirs du désert ou en eau ultra-pure pour brassage de bières de luxe. Au total, un livre aussi vivifiant qu’émouvant (décès de la fille de l’auteur, accident mortel de Marc Boivin, son fidèle compagnon d’exploration, et disparition du grand Haroun Tazieff).

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESTEMOIGNAGE

MADAME LA COMMISSAIRE (MIREILLE BALLESTRAZZI)

Le résumé du livre

En février 1976, Mireille Ballestrazzi, étudiante, se présente au concours d’admission à l’école nationale de police de Saint Cyr au Mont d’or. Deux années plus tard, elle devient une des premières femmes commissaire de police. Elle exercera dans divers lieux : Roubaix, Bordeaux, Creil, Argenteuil, Ajaccio comme directrice du SRJP. Elle s’illustrera dans différentes affaires, hold-up, démantèlement des divers réseaux de trafic de drogue et même récupération au Japon d’œuvres d’art dérobées en France.

Ma critique

« Madame la commissaire » est un témoignage sur le métier de policier en général et sur celui de commissaire féminin en particulier. Mireille Ballestrazzi ne cherche pas à décrire par le menu les enquêtes menées par ses services ni à apporter de révélations particulières sur telle ou telle affaire. Elle en reste en permanence aux allusions et un peu trop à la surface des choses. Elle dévoile fort peu de détails sur sa vie personnelle sinon qu’elle est d’origine eurasienne, mariée et mère de deux enfants. Au fil de ses diverses affectations, son mari a dû plus ou moins sacrifier sa propre carrière professionnelle et ses fils s’adapter à tous leurs changements d’école et de camarades. Même si elle déplore que des voyous qu’il lui a été si difficile d’arrêter sont très vite relâchés par la justice, elle refuse de jeter la pierre à cette dernière, arguant que les juges sont des fonctionnaires intègres et qu’ils doivent avoir de bonnes raisons dont elle n’a pas à juger. Ces prises de position toujours très « correctes » relativisent un peu l’intérêt de cet ouvrage.

Ma note

3/5

ESSAIS

LA SAGA DES BETTENCOURT (BRUNO ABESCAT)

Le résumé du livre

Eugène Schueller, engagé volontaire pendant la guerre de 14, issu d’une modeste famille alsacienne, est un chimiste réputé pour avoir inventé une nouvelle teinture pour les cheveux. Grand travailleur, il multiplie les découvertes et les produits, rachète la société Monsavon et fonde l’Oréal, petite entreprise qui très vite deviendra grande au point de devenir une puissante multinationale et atteindre les sommets que l’on connait aujourd’hui. Un géant des cosmétiques au chiffre d’affaires de près de 14 milliards d’euros et au bénéfice net de 1229 millions d’euros en 2001. Sa fille et unique héritière, Liliane Bettencourt en est l’actionnaire majoritaire. Trois managers, François Dalle, Charles Zviak et Lindsay Owen-Jones se sont succédés à sa tête depuis le décès du fondateur. Depuis l’introduction en bourse des années 80, le géant Nestlé entré au capital, attend son heure pour pouvoir devenir actionnaire majoritaire…

Ma critique

« La saga des Bettencourt » est une enquête sérieuse, fouillée et menée dans la difficulté par un journaliste de l’Express qui ne fut même pas autorisé à interviewer Liliane Bettencourt. Paru en 2002, elle commence à dater un peu, car elle ne tient pas compte des récents développements : affaire Sarkozy, procès Banier, etc. L’auteur s’attarde sur les côtés sombres de Schueller, tout à la fois collaborateur à des journaux vichyssois et opposant ayant caché des Juifs et financé des réseaux de résistance. Ceux de Bettencourt, aussi à l’aise à gauche qu’à droite, tout autant ami de François Mitterrand que de Georges Pompidou. Le style littéraire de l’auteur est vif, fluide et enlevé, un brin journalistique. L’ensemble demeure passionnant car l’histoire de cette dynastie hors du commun ne manque pas d’intriguer.

Ma note

4/5

NOUVELLES

ARLETTE ARLINGTON ET AUTRES NOUVELLES (BRIGITTE LECUYER)

Le résumé du livre

Le 6 juin 1944, naît à Arles, dans des conditions difficiles, une petite Arlette. Son jardinier de père aurait préféré avoir un fils… Sous le regard de sa mère, un enfant qui jouait sur la plage est emporté par une vague… Deux tribus se disputent la suprématie d’une île. Pour en finir, les deux chefs se lancent le défi de descendre le plus profondément possible dans le cratère d’un volcan. Le perdant devra quitter l’île avec tout son clan… Employées dans un ministère, Alice et Bertille se mettent à voler des vêtements dans un magasin, histoire de mettre un peu de piment dans leurs vies… Ouvrière dans une usine de Berlin-Est, Emma rentre chez elle complètement épuisée de sa journée de travail… Dimitri retrouve une photo d’autrefois qui l’amène à poser toutes sortes de questions et à découvrir un secret de famille. Une planche à repasser, vieux témoin de la vie d’un couple finit un jour par être remerciée de ses bons et loyaux services…

Ma critique

« Arlette Arlington » est un recueil de nouvelles de qualité relevant de plusieurs registres : naturalisme, intimisme, mais aussi étrange et fantastique. L’écriture de Brigitte Lecuyer est de belle facture. Elle sait se montrer poétique et impressionniste et ne manque ni d’humour ni d’ironie. Même si toutes ces nouvelles sont agréables à lire, certaines sortent particulièrement du lot. Ainsi, « Conte patriotique » ressemble-t-il à une fable allégorique empreint de charmante naïveté. « Une planche à repasser » reste un véritable régal d’originalité humoristique. « Un petit clic » est glaçante par son côté « vaudou ». Quant à « Fragments de mur », ce n’est rien moins qu’un roman complet qui tient sur six pages ! Une mention spéciale pour « Un départ à la neige », une histoire d’installation dans un village de montagne qui tourne au cauchemar pour son humour d’ailleurs inspiré d’une blague bien connue au Québec sur la beauté de la neige et sur un certain conducteur de chasse-neige qui finit par la faire détester ! Seul reproche à faire à cet ouvrage réussi, l’absence de rebondissement final, de chute surprenante et totalement inattendue.

Ma note

4/5

BIOGRAPHIES

L’AUBE DU DESERT (WARIS DIRIE & JEANNE D’HAEM)

Le résumé du livre

Née dans le désert somalien, la petite Waris a partagé la vie d’une tribu nomade particulièrement pauvre avant de s’enfuir pour ne pas être mariée de force avec un vieillard. Auparavant, elle avait dû subir une excision avec ablation des petites lèvres et d’une partie des grandes ainsi qu’une infibulation pour être rendue plus « pure » et pour respecter un précepte du Coran. Mère d’un jeune garçon et devenue un célèbre top-model à New-York, elle revient en Somalie plus de vingt années plus tard pour y retrouver sa mère vivant dans une hutte misérable en compagnie de quatre chèvres et son père devenu aveugle. La condition de la femme n’a malheureusement toujours pas changé. Elle ne peut toujours pas manger dans la même pièce qu’un homme, doit porter le voile et se draper dans la longue robe traditionnelle. Ses interventions à la tribune de l’ONU pour dénoncer les mutilations sexuelles n’ont pas suffi pour faire évoluer les choses…

Ma critique

« L’aube du désert » est un témoignage émouvant mais partiel sur un chemin de vie particulièrement atypique. En effet, si Waris raconte par le menu sa vie de petite fille et son retour au pays vingt ans plus tard, elle occulte complètement les circonstances de son arrivée aux Etats-Unis et ses débuts dans le métier. Elle préfère se focaliser sur la condition féminine, les humiliations subies par les femmes, la vie tribale traditionnelle, la situation économique et politique catastrophique de son pays, la misère endémique (ni eau courante, ni électricité, ni services de santé minimum dans les villages). Et pourtant, elle constate que les gens de sa tribu vivent dans la joie, le partage et l’entraide. Même si les faits sont présentés de façon un peu désordonnée, le lecteur se retrouve dans ce parcours et dévore ce livre honnête et rare qui lui permet de découvrir un monde à des années-lumière du sien.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIES

IL N’Y A PAS QUE LE VÉLO DANS LA VIE (LANCE ARMSTRONG)

Le résumé du livre

Tout le monde connait Lance Armstrong, le champion cycliste américain sept fois vainqueur du Tour de France entre 1999 et 2005. Ses victoires lui seront retirées en 2012 pour cause de dopage. Moins connue est sa lutte contre le cancer qui commença par le testicule et s’étendit avec des métastases aux poumons et au cerveau. Ses chances de survie étant très faibles, il décide de se battre comme un beau diable, subi une ablation, une trépanation et trois chimiothérapies particulièrement destructrices. Il fut un véritable miraculé. Tout aussi extraordinaire furent sa remise en forme et son retour en compétition qui se passèrent dans la souffrance, la douleur et la peine. Même si la fin de l’histoire, qui n’est d’ailleurs pas racontée dans ce livre qui s’arrête à la victoire de 1999, est moins glorieuse, cette descente aux enfers et cette résurrection hors norme mérite tout notre intérêt.

Ma critique

« Il n’y a pas que le vélo dans la vie » est un témoignage émouvant, écrit en collaboration avec Sally Jenkins, dans lequel le champion se livre avec sincérité, raconte son enfance, sa mère aimante, l’absence d’un père et sa rage de gagner des courses dès son plus jeune âge. Mais le côté sportif n’est sans doute pas le plus intéressant dans ce livre d’autant plus qu’il y jure ses grands dieux ne s’être jamais dopé. Cela sonne d’autant plus faux quand on lit ce texte aujourd’hui ! Le parcours pour échapper au cancer reste la principale raison de lire cet ouvrage aujourd’hui. Une leçon de courage, de ténacité et de patience. Un diable d’homme au bout du compte.

Ma note

3/5

ESSAIS

CANCERS, GUÉRIR HORS PROTOCOLES (MICHEL DOGNA)

Le résumé du livre

Depuis plus d’un demi-siècle, pratiquement aucun progrès notoire n’a été enregistré dans la lutte contre le cancer. Avec le lot de souffrances de la trilogie infernale, radiothérapie, chimiothérapie et ablation, chaque malade lambda rapporte au consortium médical (et coûte à la sécurité sociale) environ 150 000 euros pour des résultats fort décevants quand on sait qu’à un horizon de cinq années, les taux de survie ne sont que de 2,2% selon les statistiques de l’OMS. En plus de fonctionner comme un bulldozer écrasant une taupinière, la chimiothérapie représente pour l’organisme une énorme pollution qui vient s’ajouter à la toxémie initiale ayant provoqué le cancer que l’on voudrait ainsi soigner. Et pourtant des médecins et des chercheurs ont découvert et mis en application toutes sortes de moyens non toxiques et non-iatrogènes et surtout nettement plus efficaces. Mais Big Pharma veille au grain. La plupart ont été attaqués, ridiculisés ou ignorés et parfois même poussés au suicide ou carrément liquidés. Il faut dire que de modestes remèdes de quatre sous comme le bicarbonate de sodium, le plasma de Quinton à base d’eau de mer, la curcumine (agent actif du curcuma), le jus d’herbe d’orge, les amandes amères ou la vitamine C liposomale peuvent porter à sourire et pourtant…

Ma critique

« Cancers, guérir hors protocoles » est un essai de médecine naturelle qui propose un tour d’horizon particulièrement exhaustif d’un grand nombre de recherches et d’expérimentations (souvent sur un nombre impressionnant de patients) avec des taux de réussite bien supérieurs à ceux des thérapies classiques. Le style de l’auteur est clair, agréable et efficace. Tout ce qui est présenté est étayé et soigneusement décrit aussi bien dans la méthode que dans les éventuelles contre indications. Les travaux des docteurs Simoncini, Clark, Gerson, Quinton et Breuss etc, sont particulièrement intéressants à découvrir et on s’étonne pour ne pas dire qu’on s’insurge de savoir que si peu de gens en aient entendu parler. À noter dans le dernier chapitre, l’importance démontrée du psychique dans le développement de ce fléau. En effet, en plus d’une nourriture carencée et de faible qualité nutritive, des faiblesses génétiques, des pollutions diverses et variées, nous souffrons également de stress, de troubles affectifs et de souffrances émotives qui peuvent déclencher ce phénomène létal. Par cet ouvrage de vulgarisation (en libre accès sur les plateformes), Michel Dogna fait œuvre d’éducation du public et rend un immense service à tous ceux qui souhaitent se soigner d’une façon différente. Qu’il en soit remercié.

Ma note

4,5/5

BIOGRAPHIESPOLICIER

SHARKO, HENEBELLE, COUPLE DE FLICS (FRANCK THILLIEZ)

Le résumé du livre

Franck Sharko est un flic qui a beaucoup souffert. Il a perdu sa femme Suzanne et sa fille Eloïse dans un accident de voiture. Pour ne rien arranger, il souffre d’une forme particulière de schizophrénie paranoïde. Son grand plaisir, c’est de voir rouler sur ses rails sa locomotive Poupette. Lucie Henebelle, mère célibataire de deux adorables jumelles Clara et Juliette, vient d’un milieu modeste. Elle est tout autant cabossée par la vie que son collègue et ami Sharko. Son compagnon l’a quittée à l’arrivée des jumelles et un psychopathe, Grégory Carnot, les a enlevées sur la plage des Sables d’Olonne alors qu’elles étaient parties s’acheter des glaces. Comme on n’a retrouvé que le corps calciné de Clara, Lucie s’imagine que Juliette est toujours vivante.

Ma critique

« Sharko, Henebelle, couple de flics », présenté comme une petite anthologie biographique, est composé d’une série d’extraits des principaux romans de Franck Thilliez (« Syndrome E », « Gataca », « Atomka » et autres…). Mis bout à bout, ceux-ci permettent de retracer la vie des deux héros récurrents de l’auteur, suivre leurs deux parcours, leur descente aux enfers et finalement leur reconstruction. Cela n’apprendra pas grand-chose aux lecteurs les plus attentifs et les plus fidèles mais permettra aux autres de bien se remémorer le « background » de ces deux flics si humains et si touchants. Intéressant et gratuit, pourquoi s’en priver ?

Ma note

4/5

HISTORIQUETEMOIGNAGE

PIÉGÉS PAR STALINE (NICOLAS JALLOT)

Le résumé du livre

En juin 1946, le secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique, le camarade Staline, propose aux Russes exilés en France de rentrer au pays, de récupérer la jouissance de leurs droits civiques et de participer à la reconstruction du pays ravagé par la guerre. Pris par la nostalgie, trompés par une propagande efficace suite à la victoire sur le nazisme et convaincus de la sincérité de ce geste inattendu de réconciliation nationale, une grande partie de la diaspora russe blanche organisa son retour dans sa patrie originelle. Sur les 65 000 Russes d’origine que comptait la France des années 30, plus de 5000 (dont des femmes françaises et des enfants nés dans l’Hexagone) prirent la route du retour. Mal leur en prit. À leur arrivée, après un voyage dantesque, ils n’eurent droit qu’à la relégation dans des villages perdus de Sibérie, au démembrement des familles quand ce ne fut pas carrément à l’internement dans les camps de concentration du Goulag. Plus du tiers mourut dès les premiers mois de séjour (exécutions, suicides, déportations au-delà du cercle polaire, travaux forcés dans les mines, famines, relégations). Et ceci dans l’indifférence la plus complète.

Ma critique

« Piégés par Staline » est un ouvrage historique basé sur un certain nombre de témoignages de survivants qui dans leur immense majorité sont maintenant trop pauvres ou trop âgés pour pouvoir rentrer en France. Cet épisode des relations franco-soviétique, qui vit Charles de Gaulle abandonner ces pauvres hères à leur triste sort au nom de la politique, représente une pièce de plus à ajouter au procès du communisme soviétique lequel est toujours à faire. Très bien écrit et très bien documenté (il est basé sur une enquête de télévision menée sur place), ce livre passionnant à lire pour son importante charge d’humanité ne manquera pas d’intéresser les passionnés d’Histoire et les chercheurs de vérité.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

CENTENAIRE ET EN PLEINE FORME (JOHN ROBBINS)

Le résumé du livre

En divers lieux de la planète, la plupart du temps assez difficiles d’accès et assez loin de la civilisation, certaines peuplades présentaient, dans les années 60 de l’autre siècle, une très forte proportion de centenaires actifs et en pleine forme. Divers chercheurs ont cherché à percer le secret de ces longévités exceptionnelles chez les Hunzas, au nord du Pakistan, en Abkhazie, dans la région de Vilcabamba et jusque dans l’archipel d’Okinawa. Ils ont découvert un certain nombre de constantes : une vie active sans la moindre retraite, une nourriture saine comportant peu ou pas de produits animaux, aucun produit industriel, aucun sucre, aucune graisse hydrogénée, et surtout une ambiance de vie joyeuse et respectueuse des anciens et des plus faibles. Alors que dans les pays civilisés, vieillir est considérer comme une sorte de malédiction ou de maladie honteuse, chez ces peuples primitifs, c’est une grâce et même une source de fierté au point que beaucoup se rajoutent des années à leur état civil.

Ma critique

« Centenaire et en pleine forme » est un essai à base ethnologique qui peut donner énormément à réfléchir. Toutes nos belles avancées de la vie moderne (fast-food, sucreries, sodas, conserves et nourritures industrielles), toutes nos obsessions (course au profit, concurrence, individualisme) ne font que dégrader nos santés et raccourcir nos vies et multiplier les souffrances (obésité, maladies cardio-vasculaires, diabète, cancers, etc.) Après étude des mœurs des différentes peuplades étudiées, lesquelles aujourd’hui rejointes par la civilisation commencent à souffrir des mêmes maux, l’auteur propose d’élargir un peu la perspective en proposant des conseils de vie très judicieux. Vieillir harmonieusement ne consiste pas seulement à faire du sport et manger correctement mais aussi à garder une vision positive des choses, cultiver le lâcher-prise et savoir aimer et partager. Un livre optimiste et fort enrichissant. À conseiller à tout le monde car vieillir et un jour mourir est notre lot commun.

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

TEMPÊTES SOLAIRES (LUDOVIC SPINOSA)

Le résumé du livre

À quelques jours de la fête de Noël, une explosion coupe toutes les possibilités d’approvisionnement en électricité de notre planète. Les conséquences vont se révéler particulièrement dramatiques pour l’humanité. Une tempête solaire particulièrement violente est à l’origine de ce phénomène qui, en plus de détruire tous les moyens de communication et tous les accès aux sources d’énergie, provoque un énorme dérèglement climatique. En Europe du Nord, la température descend jusqu’à – 60°. Partout les tornades se comptent par centaines, les eaux montent au point de rayer de la carte de nombreuses zones côtières. Les tsunamis font des ravages… L’humanité vit-elle ses derniers instants ?

Ma critique

« Tempêtes solaires » est un roman d’anticipation apocalyptique articulé de façon chorale ou kaléidoscopique, procédé très bienvenu pour donner une idée générale de ce monstrueux cataclysme. Ainsi suit-on un certain nombre de personnages dans divers pays du monde. En Chine, Jiao devenu clochard pour avoir raté sa vie. Au Brésil, un gang issu des favelas. Aux Etats-Unis, deux traders Steve et Jack. En Allemagne, un couple de retraités coincés dans une télécabine en panne. En France, deux collégiens, Thibaut et Eva. Et quelques autres, ce qui fait quand même pas mal de monde à suivre dans toutes sortes de mésaventures souvent bien menées. Les chapitres sont introduits par quelques pages de données générales à tendance philosophique ou sociologique qui ralentissent un peu le rythme de la narration. Au total, un ouvrage original, intéressant et qui donne à réfléchir, mais dont le style un peu approximatif reste la petite faiblesse.

Ma note

3,5/5

FANTASTIQUEHUMOUR

MÉTAPHYSIQUE DU VAMPIRE (JEANNE-A DEBATS)

Le résumé du livre

En mission secrète pour le Vatican, Raphaël, vampire de son état depuis près de cinq siècles, souque ferme dans sa coque de noix prise dans la tempête. Il est en partance vers l’île d’Avalon. Il doit aller délivrer une très jeune princesse prisonnière d’un très méchant dragon. Mais auparavant, il se retrouve aux prises avec les sortilèges d’une bande de sirènes en folie dont il se débarrasse bien vite. Arrivé sur l’île, il retrouve le chevalier Lancelot endormi depuis deux millénaires. Il le sort de ce très long sommeil et l’emmène avec lui dans sa barque. L’ennui, c’est que le preux n’est pas bien réveillé, parle une langue amphigourique bien agaçante et souffre de préjugés qui n’ont plus cours en 1936.

Ma critique

« Métaphysique du vampire » est un court roman ou une longue nouvelle, en fait une novella, de fantaisie uchronique assez décalée. Beaucoup d’humour dans le ton et dans les situations en font une parodie bien agréable à lire ne serait-ce qu’à cause du style de qualité de l’auteur qui n’hésite pas à employer des termes raffinés et à imaginer des rebondissements tout à fait improbables. Son vampire est une sorte d’obsédé sexuel revenu de tout et son chevalier une brute épaisse qui ne sait ni nager ni grimper, que Raphaël doit porter sur le dos et auquel il doit tout expliquer ! Deux anti-héros dont on rit de bon cœur. Au total, un bon moment de divertissement offert par l’éditeur ActuSF. Aucune raison de s’en priver si on est fan du genre !

Ma note

4/5

HISTORIQUE

LES HOMMES DE LA FRATERNITÉ (MICHEL CLEVENOT)

Le résumé du livre

De 20 avant J.C à 96 après J.C, que d’évènements dans le monde romain ! Avec Agrippa, le peuple supporte la peine et d’autres en recueillent le profit… Maure lui-même, Julia II participe à la romanisation de la Mauretanie… En Palestine, se produisent les premières révoltes zélotes… Par-delà le Rhin, trois légions romaines beaucoup trop avancées dans les terres sont totalement anéanties… Sans femmes, sans argent, sans amour, les Esséniens vivent une expérience monastique des plus radicales sur les rives de la Mer Morte… Octave, qui s’est approprié l’Egypte et en a fait son pré carré, l’exploite sans la moindre vergogne… À Jérusalem, une nouvelle secte juive commence à faire parler d’elle. Elle est surtout composée de rudes Galiléens, péquenots pas très raffinés qui ne jurent que par un certain Yeshoua, prophète crucifié et ressuscité le troisième jour…

Ma critique

« Les hommes de la fraternité » est un ouvrage historique de belle facture qui ne tente pas de raconter un chapitre de l’histoire du monde de manière classique c’est-à-dire comme une sorte de vaste fresque ou d’épopée mais préfère de brefs coups de projecteur sur des faits marquants, des tournants significatifs et même quelques anecdotes pittoresques. Il en ressort une immersion passionnante dans un monde en pleine mutation, traversé de mille courants et surtout ordonné en mille strates. Un monde si loin et si proche du nôtre, cela peut donner à réfléchir ! La plume de Michel Clévenot fait merveille au fil de ces trente épisodes qui raviront tous les amateurs d’Histoire authentique et non romancée. À remarquer en fin d’ouvrage, un important index de notes et d’indications de sources ainsi qu’une liste de tous les personnages historiques cités.

Ma note

4/5

AUTOBIOGRAPHIESHISTORIQUE

LE PRÊTRE ET LE COMMISSAIRE (ALBERT STIHLE)

Le résumé du livre

En 1952, pendant la guerre française d’Indochine, Albert Stihlé, aumônier militaire, est fait prisonnier par les Viet-Minhs. Très vite, ses conditions de vie en captivité sont effroyables. Blessé, il n’est pas soigné. Dénutri, il risque la gangrène, le paludisme et la dysenterie. Pour ne rien arranger, ses tortionnaires l’entrainent avec ses camarades dans une interminable marche à travers la jungle qui sera jalonnée de dizaines de croix marquant les emplacements où sont enterrés tous ceux qui ne résistent pas aux maladies et aux mauvais traitements. Il restera deux années au camp N°1 dans des conditions terribles, face à un commissaire politique fanatique, à subir humiliations, autocritiques et lavage de cerveau avant d’être enfin libéré quand la paix sera signée peu après la chute de Dien Bien Phu.

Ma critique

« Le prêtre et le commissaire » est un témoignage émouvant et bouleversant qui met en lumière une période historique un peu tombée dans l’oubli, celle de la décolonisation du sud-est asiatique qui se fit au prix du sang, des larmes et de la honte. Un régime politique se jugeant à la manière dont il traite les plus faibles, le communisme de l’oncle Ho ne sort pas grandi de ces tragiques évènements. Bien au contraire. Ils mettent en lumière son côté totalitaire, son manque d’humanité, son racisme et son absolue cruauté. Le face à face entre Albert, l’homme de Dieu pétri de foi et de bienveillance, et Duong, son bourreau dogmatique et borné, est des plus passionnants. Un document pour l’Histoire et un sujet de réflexion toujours d’actualité même à plus d’un demi-siècle de distance. L’homme est, était et malheureusement restera d’autant plus un loup pour l’homme qu’il le fera par idéologie.

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESHISTORIQUE

SURVIVRE (JEAN-FRANÇOIS DENIAU)

Le résumé du livre

Un peu oublié de nos jours, Jean-François Deniau, (né le 31 octobre 1928 et décédé le 24 janvier 2007), est un homme politique atypique, un aventurier et un écrivain. Il a été co-rédacteur du Traité de Rome, ambassadeur, six fois ministre, commissaire européen, député, président du Conseil général du Cher, essayiste et romancier. Il fut aussi un navigateur émérite. De santé fragile, il dut subir de nombreuses interventions chirurgicales (poumons, cœur), fut un habitué des services de réanimation et n’eut plusieurs fois la vie sauve que par la grâce de la science médicale…

Ma critique

« Survivre » ne se présente pas comme une autobiographie classique. Point de récit circonstancié suivant une chronologie bien définie, mais une suite d’anecdotes tirées d’une vie hors norme et racontées au fil de la plume comme des bulles remontant à la surface de l’étang de ses souvenirs. Deniau, présenté comme un « aventurier de la générosité » fut une sorte de chevalier d’un autre temps, cherchant toujours à se rendre utile. Ainsi apprend-on que c’est grâce à son intervention que les Soviétiques purent évacuer d’Afghanistan de façon digne. Il intervint dans nombre de pays en conflit (Darfour, Afghanistan, Yougoslavie, Bosnie, Kossovo, etc.), côtoya et conseilla les grands de ce monde qui souvent se trompaient dans leur évaluation de la situation sur place. Un livre qui, sans être d’actualité, n’en demeure pas moins passionnant à lire ne serait-ce qu’à titre de témoignage historique. Une écriture impeccable, ce regretté touche à tout de génie était également membre de l’Académie Française quand même !

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

UN PRISONNIER DE GUERRE NOMME JEANNE D’ARC (PIERRE ROCOLLE)

Le résumé du livre

Le 23 mai 1430, suite à une tentative de sortie pour dégager la ville de Compiègne assiégée, Jeanne d’Arc est capturée en compagnie de son frère, de son écuyer et de quelques fidèles par les soldats de Lionel de Wandomme. La « Pucelle » se retrouve donc aux mains de leur chef Jean de Luxembourg lui-même vassal de Jean le Bon, duc de Bourgogne. C’est une prise de choix : son armure est évaluée à 200 livres, son cheval à autant et la captive à dix fois plus. Elle connaîtra quinze lieux de détention différents (châteaux, maisons fortes) de Margny à Rouen (dans la tour-prison du château de Bouvreuil) en passant par Le Crotoy et Saint Valéry en Caux.

Ma critique

« Un prisonnier de guerre nommé Jeanne d’Arc » se présente comme un essai historique d’excellente qualité s’attachant à ne traiter que l’année de captivité, les tractations de l’évêque Cauchon avec les Anglais, les procès et bien sûr le supplice final sur la place du Vieux Marché de Rouen. Il laisse de côté les faits d’armes de l’héroïne, les victoires militaires (prise d’Orléans) et les succès politiques comme le sacre de Charles VII à Reims. Le texte est illustré de nombreux croquis, cartes et schémas permettant de bien comprendre les évènements. Il est également terminé par un important index de notes. Au total, un ouvrage de qualité, reposant sur un travail d’enquête minutieux et ceci en dépit d’un manque de documents. Par exemple, nous ne disposons d’aucun portrait de Jeanne exécuté de son vivant.

Ma note

4/5

ESSAIS

CE QUE JE CROIS (PAUL MILLIEZ)

Le résumé du livre

Médecin spécialiste de l’hypertension artérielle de renommée mondiale, le professeur Milliez fut aussi un homme de combat : résistant de la première heure pendant l’Occupation, militant pro-avortement lors du procès de Bobigny de 1974 où il témoigna en faveur d’une femme qui s’était faite avorter, ce qui lui valut une sanction du Conseil de l’Ordre, et enfin combattant pour le développement d’une véritable information médicale.

Ma critique

« Ce que je crois » est un témoignage sur les engagements d’une vie. Milliez l’articule selon trois axes qui le définissent lui-même : catholique, français et médecin. Catholique, il l’est à sa manière, n’étant pas tendre avec le pape qu’il trouve trop rigide sur les questions de sexualité et de contrôle des naissances. Il estime que le catholicisme est sur le déclin et reconnaît une vive admiration pour le judaïsme et pour l’islam. En tant que « français », il voue une grande admiration au général de Gaulle avec quelques réserves quand même sur la décolonisation. Et dans son domaine, la médecine, il tire à boulets rouges sur l’ordre des médecins qu’il trouve complètement archaïque et rétrograde. Il prône un meilleur partage des savoirs et la levée du fameux secret médical dans certaines circonstances. Au total, un ouvrage intéressant même s’il n’est plus trop d’actualité aujourd’hui.

Ma note

3/5

AUTOBIOGRAPHIESPHILOSOPHIQUE

LA VIE TRAMPOLINE (MONIQUE BROSSARD-LEGRAND)

Le résumé du livre

Après de longues études de médecine, Monique Brossard-Legrand devient une cancérologue et chirurgienne reconnue et passionnée par son métier. Mais, au bout d’une vingtaine d’années de vie commune, son mari la quitte. Avec son grand fils, elle retourne habiter chez sa mère et sa sœur aînée. Elle vit assez mal cette solitude forcée et cette cohabitation un peu étouffante jusqu’au jour où elle rencontre, sur une piste de ski, le charmant et élégant Jean-Pierre. S’ensuit une quinzaine d’années de bonheur pendant lesquelles les deux amants habitent chacun chez soi et ne se retrouvent que pour le meilleur…

Ma critique

« La vie trampoline » est un récit en forme de témoignage de vie. L’auteure nous fait part de ses joies et de ses peines au fil du temps. Elle traverse un divorce difficile, quitte un service hospitalier pour lequel elle s’est dévouée corps et âme pendant des années et se lance dans l’humanitaire dans plusieurs pays lointains. Au total, une belle leçon de vie pleine de philosophie et d’humanité. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. Et il y a toujours un enseignement à tirer de nos échecs ou de nos erreurs. Le livre se lit facilement et rapidement, car le style est fluide et agréable. Nul doute qu’il donnera à réfléchir à plus d’un ne serait-ce que par la problématique de l’identité quand on se retrouve tiraillé comme elle entre deux origines.

Ma note

3/5

FANTASTIQUEHUMOUR

LE CHEVALIER A LA CANNE A PÊCHE (GUILHEM)

Le résumé du livre

Âgée de 11 ans, la petite Sélène est hébergée dans une maisonnette d’une seule et unique pièce qui sert également de four à pain au boulanger du village de Prin. Elle y pratique l’élevage d’escargots surtout pour améliorer son ordinaire. Si les femmes de la petite communauté se montrent aussi généreuses avec elle, c’est qu’elles espèrent que Sélène sera bientôt capable de prendre le relais dans leur pénible tâche de procréation. À Aleth, capitale de la principauté de Coriosolite, le teignome Coum, gros gnome grincheux et fort mal embouché, désire reprendre une partie de carte interrompue par le chant hypnotisant d’une elfe…

Ma critique

« Le chevalier à la canne à pêche » est un roman de fantaisie plutôt déjantée dans la lignée des bouquins du regretté Terry Pratchett (auquel ce livre est d’ailleurs dédié), mais aussi et encore plus de ceux de Neil Gaiman avec un petit côté Lewis Carroll, voire Monty Python. Autant dire de belles références pour un texte très réussi, plein d’humour et d’originalité. Quelle imagination ! Une suite de situations improbables ou farfelues, une galerie de personnages relevant de la plus haute fantaisie, voire de la chimère comme Anorin, le revenant qui prend toutes sortes d’aspects à intervalles réguliers. Ainsi peut-il se transformer en dragon ou en oiseau de feu tout en déclamant des alexandrins. Sans parler de Prof, l’ours-nandi, du gnome teigneux, de Sthéna, la chimère capable de pétrifier ses ennemis ou de Geungshi, personnage dont il ne reste plus qu’un crâne et qu’une dent, mais qui vit et parle encore ! Une mention spéciale pour Sélène, seule humaine de cette histoire, gamine attachante, amoureuse d’un inconnu et disposant de super-pouvoirs. L’intrigue, tout aussi improbable, regorge de combats, batailles rangées et péripéties de toutes sortes qui font beaucoup penser à une BD ou à un jeu video. Le style de l’auteur est fluide, agréable et efficace. Pour peu qu’on l’on ne soit pas trop cartésien, on passe un très bon moment de divertissement à découvrir cet univers de folie douce, finalement aussi poétique qu’humoristique qui pourrait d’ailleurs être aisément adapté au cinéma avec pas mal d’effets spéciaux bien sûr.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEROMANCE

ESCLAVE, GUERRIÈRE, REINE (MORGAN RICE)

Le résumé du livre

À Delos, la jeune et jolie Cérès, 17 ans, est la fille d’un modeste fabricant d’armes qui fournit la cour royale. Elle rêve de devenir guerrière. Mais dans cette société archaïque, c’est totalement interdit à une fille. Alors, déguisée en garçon, elle s’entraine au maniement des armes en général et de l’épée en particulier. Avec ses deux frères, Sartès et Nisos, elle assiste aux « Tueries » qui sont de nouveaux jeux du cirque dans lesquels des esclaves s’affrontent jusqu’à ce que mort s’ensuive alors que leurs maîtres festoient et parient sur eux. Un jour, son père lui apprend qu’il doit partir travailler dans un autre royaume et qu’elle devra rester auprès de ses frères et de sa mère qui la déteste au point de bientôt vouloir la vendre comme esclave…

Ma critique

« Esclave, guerrière, reine » est le premier tome d’une saga de fantaisie relativement bien menée. En effet, tous les ingrédients indispensables à une bonne recette de ce genre, (une héroïne aussi vaillante qu’attachante, douée de pouvoirs extraordinaires, une société injuste et en proie à une rébellion mâtée dans le sang, des combats, des guerres, des complots plus quelques pincées de magie) sont réunis et pourtant la mayonnaise ne prend pas vraiment, car il manque le minimum syndical en ce qui concerne le style. Les coquilles sont innombrables tout autant que les barbarismes, erreurs de syntaxe, de vocabulaire et de conjugaison. Sans doute est-ce dû à des problèmes de traduction. Le lecteur a même l’impression de lire un texte traduit par un simple logiciel « Google » ! L’ennui, c’est que cela gâche complètement le plaisir et ne donne pas du tout envie de poursuivre avec les tomes 2 et suivants.

Ma note

2,5/5

NOUVELLES

HIVER (COLLECTIF)

Le résumé du livre

En 1801, une malade présumée incurable est mise en quarantaine sur l’île du Chancre. Chaque jour, son amoureux lui apporte une potion… Venue d’un pays chaud, Lana est introduite par Léo à l’intérieur du Palais de l’Hiver. Elle a l’impression d’y découvrir une planète totalement inconnue… À l’issue d’une bataille, des morts reprennent peu à peu vie… Deux clochards, Ralbert et Bellotone, déposent chaque matin des fleurs chapardées ou récupérées sur le paillasson de Marie-Joëlle, bénévole dans une association caritative d’aide aux sans-abris… Bruce, un homme étrange qui a déjà tué sa femme, est sur la trace de quelqu’un qui n’est autre que son propre Pygmalion, l’auteur…

Ma critique

« Hiver » est un recueil de 18 nouvelles proposées par les Editions Secrètes lesquelles avaient déjà édité « Feu », autre excellent recueil. Toutes tournent autour du thème éponyme mais sont traitées selon des répertoires aussi différents que le romanesque sentimental, la science-fiction, le fantastique, la fantaisie ou l’anticipation, sans parler des inclassables. Chaque auteur rivalise de talent narratif. Tous les textes sont de belle qualité littéraire et de présentation éditoriale impeccable (aucune coquille, ce qui devient rare dans ce genre de production). Deux nouvelles sortent vraiment du lot, car ce sont de véritables petits chefs d’œuvre à mon sens : « Hartush, le dernier mâle » d’Olivier Boile pour sa glaçante fantaisie et « La petite fille dans la neige » de Murphy Myers pour sa terrible épouvante. Une mention spéciale à l’émouvant et poétique « L’hiver partout, partout l’hiver » de Dany Lecènes. Si vous aimez lire des nouvelles passionnantes et bien écrites, ne vous privez pas de cet ouvrage qui est en libre accès, ce qui ne gâte rien !

Ma note

4,5/5

THRILLER

RAISON DE TUER (BLAKE PIERCE)

Le résumé du livre

Dans la ville de Boston, Avery Black, ancienne avocate devenue policière suite à un fiasco judiciaire, vient d’intégrer la police criminelle. Vu son passé, elle peine à se faire accepter par ses collègues et par sa direction. Au sortir d’une fête estudiantine bien arrosée, Cindy Jenkins est victime d’une étrange agression. Quelqu’un lui inocule une drogue incapacitante qui lui fait presque immédiatement perdre conscience. 48 heures plus tard, des cyclistes la retrouvent morte sur un banc dans un parc public. Son corps a été vidé, empaillé, recousu et maquillé, un vrai travail de taxidermiste. L’enquête va s’avérer compliquée pour Avery Black et pour son collègue Ramirez…

Ma critique

« Raison de tuer » est un thriller de bonne facture et de structure parfaitement classique. Un serial killer dérangé à souhait, une longue série de victimes, toutes jeunes, jolies et étudiantes et une police qui patauge et se perd dans une longue série de fausses pistes. Une intrigue parfaitement calibrée pour empêcher le lecteur d’abandonner le livre en cours de route ! Un style fluide et efficace. Le personnage de l’ex-avocate devenue policière est plutôt attachant. On ne peut pas en dire autant des autres, nettement plus stéréotypés. Au total, une agréable lecture de divertissement, un tantinet macabre, en libre accès, ce qui ne gâte rien, mais avec un léger défaut : une abondance de coquilles indignes d’un éditeur sérieux !

Ma note

4/5

Poesies

LES CONTES D’EURYDICE (J. S.)

Le résumé du livre

« Les Contes d’Eurydice » sont un recueil de 26 poèmes ; tous plus ou moins écrits en l’honneur et à la gloire de la femme, de l’éternel féminin. Chaque texte bénéficie d’une jolie illustration sous forme de dessin ou de photo. L’auteur fait preuve d’élégance, de délicatesse et d’un aussi agréable sens de l’observation que de la narration. « À cet instant, on ne vit que pour l’autre, comme si l’on ne faisait qu’un », dit-il. Belle définition de l’amour.

Ma critique

Peu ou quasiment pas de rimes, mais de belles assonances et d’élégantes résonances. « Ton amour est parti sur l’océan, emporté par le vent. » « J’étais le soldat de ton cœur, le gardien de ton âme. » Chaque texte, plus poème en prose que classique versification, mérite qu’on s’y arrête, qu’on le déguste, qu’on le médite. Tous ont le charme de la sincérité. Tous évoquent une ambiance, un sentiment, des impressions. Une mention toute particulière pour « Nouvelle ère », mon préféré, sans doute parce que les chants mélancoliques sont les chants les plus beaux : « Aujourd’hui, nous approchons d’un point de non-retour, où le ciel restera à jamais rempli de la peine des hommes. » Ce recueil est proposé en libre accès par Librinova, alors pourquoi s’en priver ?

Ma note

3,5/5

ROMANCE

LANDON (ANNA TODD)

Le résumé du livre

Venu du Midwest avec Dakota, son ex-petite amie, Landon Gibson, 20 ans, vient d’intégrer l’Université de New-York. Dakota l’a quitté pour un autre et lui partage un appartement avec Tessa, une colocataire qui vient aussi de se faire plaquer. Landon travaille dans un bar pour payer ses études. Un jour, Nora, une amie de Tessa venue cuisiner dans l’appartement, lui vole un baiser. Dakota n’apprécie pas du tout. Y aurait-il un retour de flamme à prévoir ? Nora sera-t-elle la nouvelle régulière de Landon ? La suite dans le prochain épisode.

Ma critique

« Landon » est un roman sentimental américain typique de la chick-lit avec tous ses codes et tous ses ingrédients habituels. Un univers de jeunes étudiants papillonnant, se cherchant, se perdant, se retrouvant. On est dans la romance, le fleur bleu, pas loin de la collection Harlequin et autres « Nous deux ». C’est écrit de façon basique et efficace, mais sans charme ni originalité particulière. On se doute qu’il va falloir enchaîner les saisons et les épisodes pour venir à bout de toutes les prévisibles péripéties sentimentales de ces héros d’un quotidien bien dans l’air du temps. Cette présentation en feuilleton, qui est un artefact commercial destiné à créer et entretenir le désir, sera sans doute à conseiller aux amatrices du genre si elles ne sont pas trop regardantes sur l’originalité du propos ni sur la qualité littéraire de l’intrigue.

Ma note

2,5/5

NOUVELLES

LA PROVENCE AU COIN DU FEU (MARIE MAURON)

Le résumé du livre

Le preux chevalier Aucassin aime la belle Nicolette. Quand il la demande en mariage, son père lui inflige un refus et enferme la belle pour l’empêcher de rejoindre son amoureux. Aucassin se languit tellement qu’il n’a plus le courage de se battre pour défendre son Comté contre les envahisseurs… Pierre de Provence, tombé éperdument amoureux de la belle Maguelonne est capturé par des pirates barbaresques qui le vendent comme esclave au sultan, lequel en fait le chef de ses armées. Mais, désespérant de jamais revoir sa belle, il néglige complètement sa tâche… Mal vu des habitants de son village, le jeune Gens est aussi le souffre-douleur de tous les enfants. Lorsqu’il a quinze ans, il décide de tout quitter pour aller se réfugier dans la montagne et y vivre en ermite. À peine a-t-il disparu qu’une terrible sécheresse s’abat sur le pays…

Ma critique

« La Provence au coin du feu » est un recueil de 23 textes de contes et légendes classés par thèmes : les légendes anciennes et mythologiques comme la venue d’Hercule en Provence, puis les histoires d’amours éternelles, les contes maritimes, les légendes dorées comme celle des Saintes-Maries de la mer, les magiques (Nostradamus) et, pour finir, les agrestes et poétiques. Comme souvent dans ce genre de recueil, les histoires sont assez disparates et d’intérêt plus ou moins important. La plume de Marie Mauron, très inspirée du grand Frédéric Mistral, est de belle qualité, ce qui ne gâte rien dans cet ouvrage qui sera réservé aux amateurs de folklore local et de traditions remontant parfois à la nuit des temps comme l’histoire de la Tarasque, ce dragon terrible domestiqué et rendu doux comme un agneau par la magie d’un simple ruban.

Ma note

3,5/5

HUMOURNOUVELLES

LES PERLES ET LES COCHONS (JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

Au temps d’Henri II, un aristocrate qui a accumulé une jolie fortune en récupérant les dots de ses épouses successives mortes prématurément, rencontre une belle courtisane au charme de laquelle il ne peut résister… Un âne « bibliophore », c’est-à-dire porteur de centaines de livres, rencontre un singe écrivain qui lui déclare s’appeler François Arouet… Suite à un naufrage en Méditerranée, un dauphin recueille un singe, unique survivant d’un équipage anglais… Socrate et Dupont discutent doctement de l’abolition de la peine de mort et ne sont d’accord sur rien… Le président d’un petit état des rives du Danube vient plaider la cause de son pays devant une commission qui ne comprend pas bien ce que peut bien signifier un « socialisme à visage humain »…

Ma critique

« Les perles et les cochons » est un recueil de 39 courts textes de styles divers et variés, tous marqués de l’humour particulier de Jean Dutourd. On y trouve des fables de Jean de La Fontaine remises au goût du jour, c’est-à-dire nettement plus noires et plus pessimistes que les originales (le chêne et le roseau, le lion et le rat et bien d’autres encore comme cette version du loup et l’agneau qui est un petit chef-d’œuvre à elle toute seule), quelques contes bien sombres comme celui de Barbe-bleue ou celui de la Belle et la Bête, et des mythes comme celui de Sisyphe ou de Promethée. L’ensemble est un vrai régal de lecture qui donne à réfléchir, car en plus d’une plume aussi élégante que flamboyante, le lecteur y trouve une grande finesse d’analyse et une intelligence remarquable. Lisez Dutourd.

Ma note

4,5/5

ESSAIS

DE LA MAISON AUTONOME A L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE (PATRICK BARONNET)

Le résumé du livre

En mai 1968, la famille Baronnet souhaite quitter Paris pour aller revivre à la campagne, construire une maison en empruntant le moins possible, pour ne pas perdre sa vie à la gagner. Ne pas se contenter de brasser des concepts, de rêver sur des utopies de lendemains qui chantent, mais passer à l’acte. Construire une micro-économie limitée, mais surtout en voir le bout, la réalisation concrète. D’où le concept de la « maison autonome » en énergie et en eau avec recyclage maximal des déchets et empreinte carbone minimale. Au départ, juste une petite maison bretonne en ruines, achetée 40 000 F (soit 6000 €), autant dire pour une bouchée de pain qu’il fallut retaper puis agrandir et doter de serres, panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaire, éoliennes, toilettes sèches, lagunage de traitement des eaux grises et maintenant un grand « zome » qui sert de salle commune…

Ma critique

« De la maison autonome à l’économie solidaire » n’est pas seulement un livre technique permettant de faire partager une expérience de plus de quarante années de recherche appliquée sur les énergies douces et sur une vie moins polluante, c’est aussi un petit manuel de vie inspirée des préceptes de Lanza del Vasto ou de Pierre Rabhi, sans oublier un très utile carnet d’adresses et une bibliographie conséquente. Un livre à conseiller à toutes celles et tous ceux qui voudraient se lancer sur les traces de ces pionniers qui ont déjà reçu plus de 100 000 personnes (visiteurs ou stagiaires) dans leur maison autonome et sont en passe de créer maintenant un véritable éco-village.

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

PHANTASMOPOLIS (BERNARD BOUILLON)

Le résumé du livre

Dans un futur aussi lointain qu’indéterminé, Kobal et Malorel, deux astronautes embarqués dans un voyage commercial interstellaire de 500 années relatives, décident de faire étape sur Luxuria, planète de loisirs un peu particulière. La réalisation de tous les fantasmes, même les plus improbables y est possible. Fort peu vêtus, les habitants pratiquent l’amour libre sans le moindre complexe. Et pourtant, Kobal peine un peu à faire les rencontres qui lui permettraient d’enfin assouvir tous ses désirs…

Ma critique

« Phantamopolis » est un roman de science-fiction d’une belle originalité. L’intrigue en est très surprenante. Elle part sur un thème genre « île des plaisirs », avec une certaine malice et pas mal d’érotisme élégant mais sans la moindre vulgarité. Et elle s’achève en un space-opéra plein de turbulences galactiques avec empires décadents et androïdes fidèles pour des millénaires. Les personnages surprennent aussi, car ils ne sont jamais exactement ce qu’on imagine et prennent de l’épaisseur au fil de la narration. Si l’on y ajoute que la plume de Bernard Bouillon est de très belle facture, l’ensemble donne un ouvrage très agréable à lire, plein d’humour, d’onirisme et même de poésie. Une jolie découverte. C’est suffisamment rare pour ne pas le noter.

Ma note

4,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

LE SIÈCLE DES LUMIÈRES ÉTEINTES (JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

C’est une étrange manie que celle de vouloir changer le mode de scrutin à chaque fois que ça arrange ! « La proportionnelle est la planche de salut des incapables, des nullots, des gens qui, pendant les années qu’ils étaient au pouvoir n’ont fait que des stupidités, sans parler de ceux qui se sont mis un peu d’argent dans les poches », note l’auteur, assez peu satisfait des grandes avancées des années Mitterand… Sans parler de la manie de distribuer à tout-va des décorations à des étrangers, et particulièrement à des Américains que cela laisse relativement indifférent… Manie également de s’incruster au pouvoir, même après que le peuple vous a infligé un démenti sanglant… Paradoxe des commémorations du bicentenaire de la Révolution française, qui fait que Louis XVI et Marie-Antoinette, par leur martyr, en deviennent les figures dominantes…

Ma critique

« Le siècle des lumières éteintes » est un recueil de chroniques éditoriales parues dans France-Soir entre 1992 et 1999. L’académicien Dutourd y disposait en première page d’une tribune qui lui permettait, chaque semaine, de donner son avis sur un fait de société, une tendance ou n’importe quel événement politique du moment. Il y faisait preuve d’une telle intelligence, d’une telle clairvoyance, d’un tel esprit et d’un tel humour, que le jour de sa parution, le samedi, le journal enregistrait ses meilleures ventes. Il en fut pourtant éjecté fort inélégamment, après plus de trente années de bons et loyaux services et en fut très chagriné comme il le raconte en introduction et en conclusion. Relire ces articles peut sembler paradoxal et sans grand intérêt. Même si ces vieilles « actualités » sont devenues du passé et presque de l’histoire, le style est tellement bon, l’esprit tellement affuté et la plume tellement élégante que cela reste encore un plaisir de fin gourmet.

Ma note

4/5

ESSAIS

COMMENT AUGMENTER LE CHÔMAGE (BRUNO JARROSSON)

Le résumé du livre

De 1974 à 2016, la France est passée de 200 000 à 3 550 000 demandeurs d’emploi. Autant dire que, droite gauche confondues, tous nos gouvernants n’ont fait qu’aggraver la situation même aux (rares) moments où une véritable croissance permettait à d’autres de résorber le leur ! De coups de pouce en coups de pouce au SMIC, ils n’ont fait que renchérir le coût du travail et mieux affûter cette arme de destruction massive de l’emploi. Quant aux 35 heures, elles n’ont pas créé d’emplois supplémentaires, elles en ont détruit ! Les charges sociales sur le travail ont rien moins que doublé en 40 ans. Quant au déficit de la balance commerciale, il est passé de 2,6 milliards d’euros en 1974 à 58,4 milliards en 2014. Sans parler du RSA, qui bien utilisé peut devenir plus avantageux que le SMIC, des syndicats les plus archaïques du monde et d’un Code du travail de 3700 pages, sans doute le plus foisonnant du monde. Celui de la Suisse n’en comporte que 117 ! Eh oui, tout semble avoir été fait pour augmenter le chômage, arriver au chômage de masse, à l’oisiveté généralisée. Et pourtant, il semble que l’on puisse faire encore mieux…

Ma critique

« Comment augmenter le chômage », sous-titré « Non, ils n’ont pas tout essayé ! » se présente comme un essai dont le ton ironique et très second degré pourrait faire penser à un pamphlet pas très sérieux. Mais il n’en est rien. La documentation est solide et l’argumentation tient bien la route. Les solutions existent. On les a rencontrées. Ailleurs. Mais en France, on ne veut pas en entendre parler. Il va sans dire que l’auteur prône le libéralisme, tente d’innocenter la mondialisation, la technocratie bruxelloise et même certaines formes de capitalisme sauvage comme l’ubérisation de la société. Il semble un peu plus léger sur le dumping social et écologique des pays à bas coût de main d’œuvre et autre importation massive de travailleurs non qualifiés. On aurait aimé qu’il développe et étaie plus certains arguments et ne se contente pas d’asséner comme vérité première qu’une taxation aux frontières de produits réimportés ne ferait qu’appauvrir le pays et créer encore plus de chômage. Un essai fort intéressant qui a le mérite de poser le problème avec un humour certain. Une intelligente démonstration par l’absurde.

Ma note

4/5

FANTASTIQUETHRILLER

Le résumé du livre

Alors qu’au Vatican, l’ambassadeur tchèque tente d’en savoir plus auprès des autorités pontificales au sujet de la scandaleuse affaire du pont Charles, en Bourgogne, un certain Charles Ravière, sorcier wiccan autoproclamé, s’installe dans un petit village pour y créer sa secte. Patrick Sullen, flic des Renseignements Généraux, en voulant enquêter sur le phénomène, tombe à sa merci et se retrouve nu et enchainé au pilier en béton d’une cave sordide… Au cours d’une messe noire particulièrement glauque, Ravier le transforme en disciple de Lucifer…

Ma critique

« La porte » est le troisième et dernier tome d’une série tout ce qu’il y a de gore et de plus en plus axée sur le « hard » satanisme. Rien n’est épargné au lecteur, outre les meurtres habituels des thrillers, tortures en tous genres, cannibalisme, messes noires et apparitions de monstres sortis des enfers. Attention, ces livres ne sont pas à mettre entre toutes les mains. Il est fortement conseillé aux âmes sensibles de s’abstenir. Cauchemars garantis pour les amateurs. En effet, ce dernier opus termine en crescendo et s’achemine vers une fin aussi terrible que laborieuse. Le héros, Nataniel Dresde, a une peine folle à rouvrir la porte des enfers qu’il a malencontreusement fermée. Et le rythme en souffre nettement. Dans l’ensemble, un ouvrage glaçant d’épouvante proche de l’univers de Dean Koontz, lequel aurait d’ailleurs su raconter la même histoire en trois fois moins de pages…

Ma note

4/5

FANTASTIQUETHRILLER

L’ÈRE DU DIABLE (J.B. LEBLANC)

Le résumé du livre

Au Brésil, Cesare, prêtre exorciste est assassiné à l’intérieur d’une église. En France, Coraline, prostituée, s’intéresse à un client un peu étrange qui n’est autre que Nathaniel Dresde. En Italie, quatre hauts responsables du Vatican se réunissent en secret pour faire le point : le père Cesare est le troisième exorciste assassiné en très peu de temps. C’est très inquiétant et ne peut pas être une simple coïncidence. D’autant plus que le père Fantino, autre exorciste, a disparu de façon mystérieuse. Quant au commandant Marchegiani, il ne se remet pas de son échec dans l’affaire Kolber. Il est persuadé de la culpabilité de Dresde mais, sans preuve indiscutable, il ne peut rien faire…

Ma critique

« L’ère du Diable » est le deuxième tome de la trilogie paranormale proposée par J.B.Leblanc. Cette histoire relève du thriller ésotérique et fantastique avec un nouveau palier franchi dans l’horreur et l’épouvante. Contrairement au premier tome où l’on revenait souvent en arrière, cette fois, cela se produit beaucoup moins souvent, ce qui permet un bien meilleur rythme de narration. Les évènements s’enchainent à toute allure, l’horreur s’amplifie, le complot luciférien prend de l’ampleur. Le diable ne s’attaque plus seulement à l’Église catholique mais aussi à l’islam et même au judaïsme ! Il se permet une véritable hécatombe d’exorcistes et toutes sortes de destructions improbables comme dans la scène du pont Charles. Les personnages, et particulièrement celui de Nataniel Dresde, prennent de l’épaisseur, de l’ampleur et de l’intérêt. L’intrigue est haletante et menée avec brio. Seul petit reproche : encore des approximations lexicales et des coquilles qui agacent un peu le lecteur attaché à la précision de la langue. Au bout du compte, un très bon et très effrayant ouvrage à déconseiller aux cartésiens et aux âmes sensibles quand même !

Ma note

3,5/5

FANTASTIQUETHRILLER

LE CAUCHEMAR DE CASSANDRE (J.B.LEBLANC)

Le résumé du livre

Un tueur à gages abat un chef d’entreprise à la sortie d’une boîte échangiste… Alors qu’il est en train de fermer son église, un curé au physique de rugbyman surprend plusieurs étranges jeunes femmes se livrant à des pratiques obscènes… Pour pouvoir avancer dans son enquête, un jeune policier ambitieux cherche à entrer en contact avec un médium par le biais d’un site internet… Ancien gradé de services de police prestigieux, Nathaniel Dresde qui s’est fait affecter dans un commissariat de quartier, reste un exemple et une énigme pour tous ses collègues.

Ma critique

« Le cauchemar de Cassandre » est un gros pavé (735 pages) de thriller fantastique tout à fait original à la fois par sa construction très séquencée et cinématographique et par son intrigue très axée sur le paranormal, l’ésotérisme et le satanisme. Au long de cette histoire inachevée, les cadavres s’accumulent dans une ambiance glauque, gore, empestant le stupre et le soufre. Plusieurs scènes d’horreur pourront être à déconseiller aux âmes sensibles. Cet ouvrage aurait pu être une belle réussite dans la lignée de Stephan King ou de Dean Koontz si l’auteur avait un peu moins tiré à la ligne, répétant deux à trois fois le même épisode ou se laissant aller à divers développements philosophiques ou théologiques qui ralentissent l’action un peu trop à mon goût. Le style de l’auteur est fluide, efficace et agréable si on ne tient pas compte de quelques concordances de temps erratiques, d’erreurs syntaxiques et autres coquilles entachant parfois la lecture. On note également la présence et l’utilisation d’un Minitel, ce qui date un peu beaucoup. Au total, un ouvrage intéressant et qui ne laisse pas indifférent dans la mesure où le lecteur s’attache au personnage de la malheureuse Cassandre, ancien top-model persécuté par les engeances sataniques et beaucoup moins au flic psychopathe. Reste à savoir si J.B. Leblanc transformera l’essai dans le deuxième tome de la trilogie.

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

ROVOLUTION (PATRICK S. VAST)

Le résumé du livre

L’inspecteur du travail Wilfrid Johnson arrive sur un chantier de construction tenu par des androïdes dirigés par un chef de chantier humain, Georges Lerbhaïm. Trouvant que les mesures de protection en faveur des robots sont très insuffisantes, Wilfrid inflige à Georges une amende représentant trois mois de son salaire. Dans ce monde futur, les androïdes qui sont en passe de remplacer les humains pour toutes les tâches, ont plus de valeur qu’eux et la R.I.C. (Robotic Innovation C°) ne plaisante pas avec la sécurité de ses machines. Catherine Hermanov a confié la garde de son fils autiste à Ted, autre androïde de la R.I.C. Paul, membre de la confrérie des Génésistes qui prône le retour à la valeur travail lui rend visite pour lui en faire l’amer reproche…

Ma critique

Dédié à Asimov, grand maître des robots, « Rovolution » est un roman d’anticipation et de science-fiction qui nous présente un futur rien moins qu’inquiétant. Il y a du « Meilleur des monde » et du « 1984 » en pire dans cet ouvrage. On ne sait qui, des trois forces qui s’affrontent, la multinationale sans foi ni loi, la secte bornée et fanatique ou le syndicat lancé dans une révolution sans issue, propose un quelconque espoir pour une humanité désespérée. Aucun manichéisme chez Patrick S. Vast, mais une fine réflexion sur divers thèmes comme l’avenir de l’homme éjecté du monde du travail et maintenu dans une oisiveté forcée, le fanatisme religieux des sectes, la manipulation des foules, l’euthanasie et l’asservissement de l’individu réduit à l’état d’ilote ou de robot. L’intrigue est intéressante, bien menée et pleine de rebondissements. Les personnages, un peu archétypaux, restent attachants quand même. Le style de l’auteur étant fluide, agréable et efficace, il est difficile de lâcher le livre avant la fin qui n’en est pas une d’ailleurs, vu que l’éditeur, « L’IvreBook », nous réserve une suite à ce tome 1 semble-t-il.

Ma note

4/5

PHILOSOPHIQUERELIGIEUX

LES QUATRE VÉRITÉS DE L’ABBÉ PIERRE (PHILIPPE JOST)

Le résumé du livre

Pendant des années personnalité préférée des Français, l’abbé Pierre, de son véritable nom Henri Grouès, se fit connaître par son émouvant appel de 1954 en faveur des sans-logis. Véritable trublion des médias, empêcheur de consommer et de profiter en rond, il apparut et réapparut de temps à autre, pour marteler son quasi unique message « Et les autres ? ». Dans cet ouvrage, l’auteur a collecté la plupart de ses appels, de ses pensées, de ses fulgurances franciscaines classées en cinq grands chapitres : « L’homme de Dieu », « Emmaüs, la guerre à la misère », « Dieu et la foi », « La vie mode d’emploi », « Politique et société ».

Ma critique

« Les quatre vérités de l’Abbé Pierre » est donc un recueil non exhaustif de citations extraites de ses nombreuses interventions, conférences, entretiens et ouvrages. La plupart sont de véritables aphorismes ou maximes de belle teneur sociologique, philosophique ou théologique. « Le prophète, c’est la grande gueule, la voix des hommes sans voix, celui qui se dresse entre un pouvoir aveugle et un besoin muet ». « Les hommes politiques ne connaissent la misère que par les statistiques. On ne pleure pas devant des chiffres ». « Le plus important, ce n’est pas d’être croyant, c’est d’être crédible », dit-il. Un livre à lire et à relire. À picorer, à méditer et à parcourir en diagonale de temps à autre pour en faire son miel et surtout pour ne jamais oublier… « les Autres ».

Ma note

4/5

NOUVELLES

LA ROUE TOURNE (COLLECTIF)

Le résumé du livre

Un dernier tour de grande roue pour un couple qui va se séparer… Un homme est intéressé par une annonce bizarre… Un plombier musicien connait le succès sur le tard… Lolita, 12 ans, en a assez de vivre dans sa famille d’accueil… Un débile mental provoque un carnage dans un supermarché… Un autre se livre à une séance de masturbation qui finit mal… Dans un café, une étudiante attend l’heure de son cours de philo… En répétant le rôle de Marc-Antoine, un acteur fait une importante découverte… Un homme assiste impuissant aux derniers instants de sa mère…

Ma critique

« La roue tourne » est un recueil de onze nouvelles proposées par la revue Squeeze. Comme toujours dans ce genre de production, le moyen côtoie le médiocre et l’excellent l’insignifiant. On ne trouve pas plus d’unité de ton que de thème commun. Quelques textes donnent l’impression de remplissage, d’écriture au fil de la plume. L’indulgence veut qu’on jette un voile pudique sur ceux-là ! En revanche, trois textes méritent amplement le détour : ceux de Raginel, Philippe Azar et Marianne Desrosiers. Une nouvelle dépasse toutes les autres autant pour son style de grande qualité que pour son originalité. Il s’agit de « Tête morte » de Christophe Siebert, un petit bijou d’horreur cauchemardesque et de fantastique du quotidien. À ne pas manquer d’autant plus que cet ouvrage est en libre accès !

Ma note

3,5/5

ESSAIS

ÇA BOUGE DANS LE PRÊT-À-PORTER ( JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

Comment écrire dans les journaux, parler à la radio ou à la télévision ? Comment faire carrière dans la communication ? Comment raconter la vie du monde aux braves gens et leur imposer une pensée calibrée mais aussi un langage frelaté ? Pourquoi tout le monde s’appelle-t-il « Coco » ? Quels sont les grands principes du journalisme ? En quoi consiste le fameux « kilomètre sentimental » ? Comment écrire une bonne critique littéraire ? Quelles sont les bonnes locutions à utiliser ? Qu’est-ce qui se dit et ne se dit pas dans ce milieu bien particulier ?

Ma critique

C’est à toutes ces questions et à quelques autres que répond cet ouvrage malicieux sous-titré « Traité du journalisme » qui aurait d’ailleurs pu s’intituler « Rien de nouveau dans le prêt-à-penser » car la conclusion s’impose d’elle-même : rien ne bouge depuis des lustres. Tout reste d’une grande conformité bien-pensante dans cette profession plus décriée aujourd’hui qu’en 1989 quand ce livre parut. Dutourd pouvait y dresser le portrait de trois grands patrons de presse de son époque, Brisson pour le Figaro, Beuve-Méry pour le Monde et Lazareff pour France-Soir qui honoraient la profession. (Peut-être la partie la plus intéressante du livre.) Quoi que l’étude des tics linguistiques, de la manie des américanismes, de l’abus des poncifs et autres images usées jusqu’à la corde soit un véritable régal pour connaisseurs. Avec toujours autant de finesse et d’humour, Dutourd rhabille élégamment tous ses confrères pour plusieurs hivers. Après tout, qui aime bien châtie bien !

Ma note

4/5

THRILLER

AVANT QU’IL NE TUE (BLAKE PIERCE)

Le résumé du livre

Dans un champ de maïs du Nébraska, une femme est retrouvée assassinée, attachée à un poteau et sans doute victime d’un psychopathe. Il ne faut pas longtemps à la police pour s’apercevoir qu’elle a affaire à un tueur en série de la pire espèce dont la folie meurtrière mystico-religieuse ne fait que commencer. La jeune et jolie détective MacKenzie White, plus futée et plus coriace que ses collègues aussi vieillissants que moqueurs, est chargée un peu contre son gré de cette enquête particulièrement épineuse.

Ma critique

« Avant qu’il ne tue » est un thriller de facture tout ce qu’il y a de classique. Tous les ingrédients sont là : les crimes sadiques qui s’accumulent, les flics qui pataugent et la fliquette plutôt mal vue qui seule a quelques éclairs de génie permettant de faire avancer l’affaire, mais toujours avec un temps de retard… L’écriture est efficace et agréable à lire en dépit d’un certain nombre de coquilles et de quelques faiblesses dans la traduction. On est dans la littérature de divertissement de qualité, alors ne boudons pas notre plaisir d’autant plus que ce titre est gracieusement mis à disposition en ebook sur les plateformes.

Ma note

4/5

ESSAISHUMOUR

VOUS N’ÊTES PAS OBLIGES DE ME CROIRE (JEAN AMADOU)

Le résumé du livre

Le charabia européen est le jargon employé par les technocrates de tous poils pour assurer solidement leur pouvoir sur le brave pékin de contribuable-citoyen qui n’y comprend goutte… Noyé sous les productions anglo-saxonnes, le cinéma X français peine à remplir l’obligation du quota de 30% d’œuvres françaises sur les chaînes de télévision du pays… Les « publicités distribuées par courrier » (mailings) envahissent nos boîtes aux lettres au point que certains assurés ont balancé à la poubelle leur carnet de santé de la Sécurité Sociale, croyant avoir encore affaire à de la réclame… La France est le pays où l’on trouve le plus d’animaux domestiques en pourcentage de sa population…

Ma critique

« Vous n’êtes pas obligés de me croire » est un recueil de 180 chroniques sur mille et un sujets. Celles qui relèvent de l’actualité immédiate (faits divers, politiques) sont, bien entendu, devenues un peu obsolètes, mais ce sont les moins nombreuses. Toutes les autres, plus sociétales, plus anecdotiques, plus historiques voire philosophiques n’ont pas pris une ride et représentent un véritable régal pour l’esprit. Le chansonnier et humoriste bien connu, sous son air de ne pas vouloir y toucher, porte des jugements amusés, acidulés et bienveillants sur ses contemporains et sur tous les travers de notre société de consommation. Tout y passe, de la taille des préservatifs décidée par un comité de normalisation européenne aux amnésies sélectives des hommes politiques en passant par les baisses d’impôts toujours promises et jamais tenues, par les plaisirs de la bande dessinée ou par un sondage sur le temps de prière chez les Français. Même si parfois l’observation peut sembler être pratiquée par le petit bout de la lorgnette, le résultat est toujours amusant et roboratif. Quel plaisir de lire un auteur aussi intelligent et facétieux que le regretté Jean Amadou !

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESHUMOUR

LE DÉJEUNER DU LUNDI (JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

Tous les lundis midi, le père de Jean Dutourd, dentiste de son état, invite son fils Jean et l’oncle Alfred à déjeuner. Veuf joyeux et épicurien sans complexe, il met les petits plats dans les grands pour régaler ses deux hôtes, ce qui n’est pas un mince exploit, car dans les années d’après guerre, les tickets de rationnement sont encore en vigueur et il faut souvent recourir au marché noir pour élaborer un menu. Ces sympathiques agapes familiales sont l’occasion de discussions à bâtons rompus sur mille sujets des plus triviaux aux plus relevés dans une ambiance charmante et détendue.

Ma critique

Paru en 1947, « Le déjeuner du lundi » est le deuxième livre et le premier roman de Jean Dutourd. Il le présente comme étant le prototype du « nouveau roman », style qu’il dit avoir inventé avec dix ans d’avance. En effet, les cinquante premières pages donnent tout à fait cette impression avec des descriptions pointilleuses mais jamais ennuyeuses du décor de cette charmante pièce en trois actes (entrée, plat, dessert). Passé cette introduction à la Robbe-Grillet, le lecteur bascule dans le vif du sujet, les dialogues et la comédie de ce déjeuner de brillants esprits. Ça ne se lit pas. Ça se dévore. Tant c’est intelligent, amusant, plein d’humour et finement raconté. Le personnage du père, un peu vantard, heureux de vivre et toujours le cœur sur la main, celui de l’oncle, plus introverti, grand amateur de calembours, de paradoxes et d’énigmes plus ou moins scientifiques et bien sûr celui du jeune Dutourd, ancien évadé de camp de prisonnier, grand résistant, anticlérical, libre penseur et très à gauche, tous trois sont d’excellente compagnie. Les idées politiques de l’auteur peuvent surprendre. Il faut dire qu’il était très jeune à l’époque et qu’il a évolué au fil du temps et de sa réflexion personnelle. Seuls les idiots ne changent jamais d’avis ! Un bel ouvrage qui n’a pas pris une seule ride !

Ma note

4,5/5

 

PHILOSOPHIQUESCIENCE-FICTION

2024 (JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

En 2024, Paris est devenue une ville fantôme, décrépie, dépeuplée et quasi en ruines. La raison de cette catastrophe ? La dépopulation. En effet, depuis plusieurs décennies, les femmes se sont refusées à avoir la moindre progéniture et les hommes n’ont rien pu ou voulu faire pour contrer ce mouvement. Résultat : l’humanité, composée principalement de vieillards cacochymes et de rombières acariâtres et flétries, chemine lentement vers sa fin programmée. Et voilà qu’un jour, le narrateur fait une rencontre extraordinaire dans un jardin public : un jeune père d’une trentaine d’années accompagné par un petit gamin de six ans prénommé Jean-Pierre…

Ma critique

« 2024 » est une dystopie écrite dans les années 70 sur le principe que l’humanité ne court pas vers la surpopulation, mais vers son contraire, la dépopulation générale due à un excès de progrès, de science, d’efficacité et à un manque de spiritualité, de charme, de magie. « Le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas », prête-t-on à André Malraux. Jean Dutourd en a tiré cette histoire en forme de conte philosophique. L’intrigue est simple et le recul du temps nous montre que cette hypothèse ne tenait pas la route. Cependant, elle sert à de magnifiques développements sociologiques ou philosophiques sur les conséquences des idées de Mai 68. Résultat : on a encore beaucoup de plaisir à découvrir ce texte tant la pertinence du propos reste flamboyante d’intelligence. Il faut lire Dutourd, même aujourd’hui. Il y a tout à gagner de profiter de la sagesse d’un grand esprit et de la plume alerte d’un merveilleux écrivain.

Ma note

4,5/5

POLICIER

SAS, LE DOSSIER K (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Plus de huit années après la fin de la guerre en Bosnie, Radovan Karadzic, président de l’éphémère République Serbe de Bosnie et criminel de guerre recherché par le tribunal international de La Haye, est toujours en cavale. Seul Sulejman Brancevo, un agent des services secrets bosniaques cherche encore à le capturer alors que toutes les tentatives précédentes ont échoué. Lui, comme tant d’autres, échouera dans des conditions dramatiques. Finalement, sur ordre direct du président américain, ce sera au prince Malko Linge, le célèbre SAS, de reprendre cette traque impossible dans un pays toujours hanté par ses vieux démons.

Ma critique

« Le dossier K » est le 165ème tome des aventures de l’espion aristocratique doublé d’un authentique playboy. L’intrigue laisse un peu à désirer, émaillée qu’elle est d’une longue suite d’échecs un peu lassants dans cette chasse à l’homme interminable. En superhéros récurrent, Malko échappe à toutes les embûches et à tous les pièges placés sur son chemin par les méchants nationalistes serbes et trouve quand même le temps d’une belle série de rapports sexuels minutieusement décrits. Ce côté racoleur mis de côté, le principal intérêt de cet ouvrage de grande consommation reste une documentation impeccable autant sur les faits historiques que sur le contexte géo-politique. La fin romanesque et les diverses péripéties amoureuses restent du domaine du simple divertissement.

Ma note

3/5

ROMANCE

LE SÉMINAIRE DE BORDEAUX (JEAN DUTOURD)

Le résumé du livre

Alors que les évènements de Mai 68 battent leur plein au Quartier Latin, Brigitte met au monde son bébé en regrettant de ne pas pouvoir participer à cette révolution. Avec Jean-Claude, chercheur au CNRS, ils forment un couple d’intellectuels modernes et complètement libérés. Ils ne se cachent rien de leurs aventures extra-conjugales. Tout va bien quand il s’agit de Brigitte, mais quand Jean-Claude s’offre un petit retour de flamme avec Adeline, sociologue dans le même organisme que lui, Brigitte le prend très mal et, paradoxalement, ne lui pardonne qu’en échange d’une promesse de mariage en bonne et due forme.

Ma critique

« Le séminaire de Bordeaux » est un roman comme on n’en écrit plus. Parfaitement construit, merveilleusement écrit dans une langue riche et détaillée, débordant d’intelligence et d’humour (l’analyse des expressions branchées et leur traduction est déjà un régal à lui tout seul). Les longs développements ne manquent pas, mais jamais ils ne sont verbeux ou pompeux. Le confort de lecture est total en dépit d’une sophistication évidente du style. Le regretté Jean Dutourd était un maître de la littérature qui méritait amplement son habit et son épée d’académicien. Tous les titulaires actuels de la vénérable institution ne peuvent pas en dire autant. En ce qui concerne le fond, nous sommes dans la droite ligne des « Horreurs de l’amour », mais cette fois dans le cadre bien particulier de la révolution sexuelle de Mai 68. Observateur perspicace et un tantinet caustique de la société, Dutourd analyse tout ce chambardement avec une grande finesse, beaucoup d’humour et pas mal de philosophie. Avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous pouvons mieux nous apercevoir à quel point il avait raison et quel extraordinaire visionnaire il était. Lisez Dutourd, vous ne serez jamais déçus.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

THE CELL (CECILE DUQUENNE)

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Le résumé du livre

Sur Bagne, planète prison particulièrement inhospitalière, Renaud retrouve Laura inerte. Est-elle mourante ou déjà morte ? Victime sans doute d’un accident de transfert. Et qu’est devenu son ami Killian auquel il est relié par un clou d’union qu’il garde précieusement ? Vingt années se sont écoulées. Il n’avait pas su se montrer courageux à l’époque. Il se fait maintenant bien des reproches. Beaucoup d’hommes sont morts à cause de lui. Et le voilà de retour avec mille questions qui le taraudent. Il est prêt à tout, mais certainement pas à retourner sur la Terre…

Ma critique

« The Cell » n’est que le premier (copieux) épisode de la 3ème saison de la saga « Les Foulards rouges ». Cette série de fantaisie mêlée d’un brin de science-fiction est très imprégnée de magie blanche et noire, d’étrange et de fantastique. Tout fonctionne par la puissance de l’esprit, on y pratique la téléportation, la télépathie, la télékinésie, etc. L’épisode en question, offert par l’éditeur Bragelonne-Snark, ne permet pas de se faire une idée sérieuse sur l’intérêt de l’ensemble de l’intrigue, tout juste de faire connaissance avec des personnages plutôt jeunes et sympathiques en butte aux complots des forces du mal. Donc, rien de bien original. On notera un style agréable, fluide et tout à fait efficace, donc un vrai plaisir de lecture. Mais on regrettera cette nouvelle manie de proposer des titres en anglais à l’instar de ceux des blockbusters américains que l’on refuse de traduire en raison d’un snobisme imbécile. Pour les amateurs (trices) de saga de ce genre particulier.

Ma note

3/5

ROMANCE

TOUT RESTE A FAIRE (EMMANUEL BODIN)

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Le résumé du livre

Svetlana, jeune actrice russe, revient à Paris, ville qu’elle a quitté quelques années plus tôt pour revenir dans sa ville d’Irkoutsk en Russie. Elle revient exercer le métier de traductrice. Elle espère retrouver Franck, réalisateur français, avec qui elle a eu une aventure qui, par sa faute, ne s’est pas très bien terminée. Mais maintenant, tout est clair de son côté : Franck est vraiment l’homme de sa vie. Mais tout reste à faire car celui-ci est en ménage avec Sylwia. Ressentira-t-il encore quelque chose pour Svetlana si celle-ci vient à le rencontrer ?

Ma critique

« Tout reste à faire » est un roman sentimental très classique dans son intrigue, laquelle ne brille d’ailleurs pas par son originalité. Le lecteur suit Svetlana dans ses errances sexuelles alors que celle-ci passe de bras en bras sans jamais trouver partenaire à son goût. Et pour cause, son cœur est occupé par le souvenir de Franck. Rien de bien nouveau sous le soleil avec ce genre d’histoire qui a été racontée des milliers de fois. Le lecteur pouvait espérer qu’un style génial aurait transcendé ce handicap. Il n’en est rien. L’auteur qui, entre autres approximations de construction de phrases, use et abuse du passé du subjonctif, s’est interdit de proposer le moindre dialogue. Le résultat est une narration très introspective, manquant de rythme, peu vivante et même un tantinet monotone. On est très loin de chef-d’œuvre. Les habituées de la collection Harlequin s’intéresseront peut-être à cet ouvrage proposé gratuitement par les Editions Millésimées. Les autres pourront faire l’impasse sans problème.

Ma note

2,5/5

HUMOUR

SENS DESSUS DESSOUS (RAYMOND DEVOS)

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Le résumé du livre

Un percepteur particulièrement traumatisant hante les nuits d’un malheureux contribuable… Un chien se prend pour son maître lequel se demande s’il n’est pas lui-même en train de devenir chien quand il se surprend à aboyer… Les mécanismes du rire ont une base bassement physiologique… Certains sont tellement bavards qu’ils parlent pour ne rien dire… L’homme sans tête la retrouve en se regardant dans un miroir… Le répugnant personnage est toujours celui qui a les mêmes pensées que vous quand vous matez une jolie fille…

Ma  critique

Au total, les textes de 75 sketches du grand humoriste disparu sont rassemblés dans ce recueil pour notre plus grand plaisir. Tous très agréables, même à lire simplement, ne serait-ce que pour admirer la qualité du langage paradoxal de l’artiste, sa maîtrise de l’absurde, de l’étrange, du non-sens et de la folie. Certains tiennent en quelques lignes, d’autres prennent trois ou quatre pages. Le lecteur trouvera des monologues, des dialogues et même des saynètes pour trois ou quatre acteurs. Un petit bijou d’écriture à lire et relire pour se remémorer un grand auteur dont le comique s’alliait à plus de contenu qu’il n’y paraît. L’art subtil de Devos allait bien souvent au-delà des jeux de mots cocasses et des effets faciles.

Ma note

4,5/5

PHILOSOPHIQUEROMANCE

DES NÉONS SOUS LA MER (FRÉDÉRIC CIRIEZ)

des-neons

Le résumé du livre

« Le Fascinant », vieux sous-marin de la Marine Nationale termine une calamiteuse carrière le long d’un quai désert de l’anse de Paimpol. Il a été racheté par une société anonyme pour être transformé en bordel flottant. Une douzaine de prostituées indépendantes, aidées de quelques mâles, y accueillent des clients pour des prestations tarifées de gamme moyenne-haute car de nouvelles lois ont autorisé la réouverture des maisons closes. Beau-Vestiaire, le narrateur, chargé de recevoir les clients et de les débarrasser de leurs manteaux et blousons, présente l’établissement au lecteur…

Ma critique

Cet étrange opus, qui se voudrait relever de l’anticipation sociopolitique est présenté comme un premier roman. En fait, il ne relève guère du genre dans la mesure où il ne propose pas la moindre intrigue au lecteur. En clair, il ne se passe rien dans ce bouquin. Dans un fouillis de truismes et de clichés complètement éculés sur la prostitution et la condition féminine, nous avons droit à d’arides descriptions de sites, villes ou paysages dignes d’un vulgaire guide touristique, à des divagations sur les diverses couleurs de l’arc en ciel et de temps en temps à des paragraphes barrés. Cette technique qui permet à celui qui sait ne pas en abuser de mettre en parallèle des idées ou des langages contradictoires pour arriver à des effets comiques ou ironiques, tombe ici complètement en porte à faux. Les parties barrées sont totalement inutiles. L’auteur aurait été bien inspiré de les épargner à son malheureux lecteur ! Un profond ennui se dégage de cette œuvrette. Quoi de plus normal avec pareil sujet. Sexe à chaque détour de phrase, cela tourne à l’obsession et devient vite aussi lassant et aussi convenu qu’un film porno. N’est pas Miller, Bukowski, Sade ou Boccace qui veut. Seule petite lumière dans cette triste traversée de ce désert littéraire faussement poétique : les biographies assez amusantes des péripatéticiennes.

Ma note

2/5

 

POLICIER

DES MORTS QUI DÉRANGENT (P.I. TAÏBO II – SOUS COMMANDANT MARCOS)

des-morts

Le résumé du livre

Un certain Alvarado, récemment assassiné, téléphone d’outre-tombe pour accuser une sombre crapule d’extrême-droite, Morales, de crimes, trahisons et de nombre d’exactions tant à Mexico qu’au Chiapas. Le sous- commandant Marcos nomme un indien, Elias Contrarios pour mener l’enquête et retrouver Morales. Il sera aidé dans sa tâche par Hector Belascoaran, détective borgne qui « voit seulement la moitié de ce que voient les autres mais de manière plus nette » et héros récurrent des romans de P.I.Taïbo II, ainsi que d’un groupuscule zapatiste appelé « Personne ».

Ma critique

Improbable roman policier ne s’encombrant pas trop de vraisemblance, ce livre écrit à quatre mains avec le célèbre sous-commandant Marcos, personnage emblématique de la contestation indienne, devrait rencontrer le succès de curiosité escompté par l’éditeur. Il est bien évident que l’intérêt d’un tel bouquin n’est ni dans son intrigue peu élaborée, ni dans le style de ses auteurs (langage parlé pour Taïbo et rapport type comité central pour Marcos) mais dans la description apocalyptique d’une société mexicaine en proie à mille maux: corruption, prévarication, assassinats, trahisons, tueries et saccages en tout genre. Si l’on croit ce qu’on nous raconte, c’est pire que tout ce qu’on peut s’imaginer vu d’ici. Bien entendu, ce genre de texte relève plus de la propagande que de la littérature avec son côté manichéen (les gouvernements sont tous pourris, les zapatistes tous charmants) un tantinet agaçant à la longue.

Ma note

2,5/5

ESSAIS

DES BIBLIOTHÈQUES PLEINES DE FANTÔMES (JACQUES BONNET)

bibliotheques

Le résumé du livre

Quand on est un bibliomane, un lecteur compulsif ou un textonaute comme moi, on ne peut qu’être intéressé par un livre portant un tel titre. Accumuler des livres par souci de collection ou par passion de la lecture ou pour les deux à la fois, tient de la manie voire du vice et pose beaucoup de questions : que faire de tous ces ouvrages qui s’accumulent dans les rayons et qui sournoisement envahissent tout votre lieu de vie ? Comment classer les volumes ? Par genre, par date, par pays, par ordre alphabétique ou par thème ? Peut-on faire voisiner sur une étagère deux auteurs brouillés dans la réalité ?

Ma critique

A toutes ces questions et à quelques autres, ce petit opus de 139 pages tente de répondre en demeurant œuvre d’érudit. A part quelques anecdotes où l’on apprend que Pessoa a tenté de devenir bibliothécaire et que Matisse a postulé en vain pour un poste de « contrôleur du droit des pauvres », ce livre ne nous apprend pas grand-chose sur les livres, les écrivains, les lecteurs et leurs antres envahissants, les bibliothèques…

Ma note

2/5

HUMOUR

DÉCLIC (PATRICK CAUVIN)

declic

Le résumé du livre

Ronald Dunand est un écrivain qui a obtenu une certaine notoriété mais qui, devenu un peu dépassé, se retrouve en panne d’inspiration. Un après-midi, en attendant un rendez-vous d’affaires dans un grand hôtel parisien, il surprend sa femme au bar alors qu’elle était censée être partie au chevet de sa mère souffrante. De plus, elle a rendez-vous avec un inconnu qui lui remet une mallette. Dunand prend sa femme en filature, mais elle lui échappe très vite en profitant d’un magasin de bagages disposant de deux entrées. Le mystère s’épaissit et ce ne sont pas les apparitions d’un espion ventripotent et d’une gitane à demi-folle qui vont éclairer la lanterne du pauvre écrivain…

Ma critique

Roman à suspens et à intrigue tarabiscotée, « Déclic » promène gentiment le lecteur dans une histoire sans queue ni tête jusqu’à un dénouement assez prévisible. Le style de Cauvin est toujours agréable avec cette manière personnelle de s’adresser au lecteur comme à un ami. Un peu moins d’humour que dans « Les pantoufles du Samouraï », mais toujours cette distanciation élégante qui fait son charme. Le passage permanent de la première personne du singulier à la troisième n’apporte pas grand-chose. On passe néanmoins un agréable moment.

Citation : « En fait, écrire l’avait déchargé de tout. Il bricolait dans la fiction, ce qui l’empêchait de plonger dans le réel. La réalité était bonne pour ceux qui ne savaient pas inventer des vies différentes de la leur. »

Ma note

4/5

POLICIER

DEBOUT LES MORTS (FRED VARGAS)

debout-les-morts

Le résumé du livre

Un matin, une ancienne cantatrice célèbre découvre dans son jardin un arbre qu’elle ne connaît pas. Elle s’inquiète, elle en perd le sommeil alors que son mari ne s’y intéresse pas le moins du monde. Elle finit par demander de l’aide à trois étudiants en Histoire qui habitent la maison voisine. Elle leur demande de creuser sous l’arbre, au cas où… Bien sûr, ils ne trouvent rien. Un peu plus tard, la cantatrice disparaît et on croit retrouver sa dépouille calcinée…

Ma critique

Ainsi débute une enquête policière menée par trois étudiants et un vieux commissaire ripoux et déchu, Vandoosler, sorte d’Adamsberg un peu plus âgé. Cette fois, Fred Vargas a vraiment travaillé son histoire. Les rebondissements et les fausses pistes ne manquent pas. Il faut vraiment aller jusqu’au bout pour découvrir le pot aux roses. Un roman policier de facture ultra classique, digne des grands spécialistes du genre. Seul léger reproche : le style est un peu verbeux, on se perd dans des détails inutiles, mais on passe néanmoins un bon moment… Pour les amateurs du genre…

Ma note

4/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

DARWINIA (ROBERT CHARLES WILSON)

darwinia

Le résumé du livre

En Mars 1912, l’Europe et une partie de la Grande Bretagne disparaissent subitement pour être remplacées par un continent inconnu à la faune et à la flore non terrestre que l’on appelle la Darwinie. Le jeune photographe Guilford Law se passionne pour le sujet qu’il considère comme une énigme scientifique à résoudre et non comme une intervention divine. Il participe à la première grande expédition d’exploration qui arrive à s’enfoncer au coeur de ce continent sauvage, inconnu et quasiment vierge de toute présence humaine. Il ne sait pas encore qu’il va devoir affronter de terribles dangers et remettre en cause quasiment toutes ses certitudes.

Ma critique

Ce livre qui démarre sur un thème que n’aurait pas renié le grand Jules Verne, se poursuit le long des rivages de la science fiction la plus échevelée pour s’achever en apothéose dans la fantaisie, le fantastique pour ne pas dire la poésie la plus démentielle. R.C.Wilson, qui nous a donné plus récemment « Spin », mérite largement sa place parmi les grands de la littérature d’imagination tant son talent est original, sa plume alerte et son ambition singulière. Oeuvre étrange et passionnante qui aborde autant les thèmes de la SF d’aventure classique que ceux de l’immortalité, des passerelles entre les mondes ou des couloirs du temps. Livre inclassable qui peut surprendre et révulser les esprits cartésiens et rationalistes. Mais n’est-ce pas le propre des grandes œuvres ?

Ma note

4/5

ESSAIS

CRACK (TRISTAN JORDIS)

crack

Le résumé du livre

Le crack est un mélange de cocaïne, de bicarbonate de soude et/ou d’ammoniaque qui se présente sous la forme de petits cailloux qu’il faut chauffer dans une pipe doseuse avant de fumer. Ses effets sont plus intenses, plus addictifs mais plus brefs que ceux de la cocaïne. La descente et le manque qui s’en suit n’en sont que pires. Sa consommation régulière peut provoquer des hallucinations et entraîner des comportements violents, paranoïaques ou suicidaires. Quand on sait que la dose (galette) s’échange pour 30 à 50 euros et qu’un toxico bien accro en fume jusqu’à 5 ou 6 par jour sans pouvoir exercer le moindre travail, on imagine quels trafics et quel niveau de prostitution sont liés à cette pratique…

Ma critique

Jeune journaliste frais émoulu de son école, Jordis souhaite réaliser un film sur ce milieu qu’il a déjà eu l’occasion d’aborder de loin en tant que consommateur régulier de shit. Et le voilà qui plonge, seul blanc parmi cette communauté majoritairement noire, dans le milieu des accros de la porte de la Chapelle à Paris. Il rencontre des personnages hauts en couleur (Souleymane, Saga, Ibou), pour la plupart originaires du Sénégal ou des Antilles qui ont commencé par dealer de la cocaïne avant de tomber dans le crack. Ils sont instables, peu fiables et souvent violents. Ils désirent même être payés pour être filmés, ce qui fausse totalement le jeu. Résultat : Jordis ne pourra jamais tourner son film ! Ni roman, ni thèse, ni véritable reportage, ce livre n’est que le compte-rendu brut de décoffrage d’une suite d’impressions, de rencontres, de déclarations plus ou moins hallucinées mais souvent lucides de drogués qui ne se font aucune illusion sur leurs chances de décrocher. L’auteur a passé une année entière avec eux et s’est senti très proche d’eux. La description du rôle des associations et des pouvoirs publics est révélatrice du désarroi d’une société qui ne sait que faire de ces êtres perdus pour lesquels l’auteur éprouve plus que de la sympathie. Un peu plus de distance n’aurait pas nui, mais il faut prendre ce bouquin pour ce qu’il est : un simple document, un instantané sur un fait de société inquiétant, à un instant T dans un lieu X. Le squat de la Chapelle est démantelé à la fin et les toxicos se voient relogés dans des hôtels où ils ne se plaisent pas. Le trafic reprendra ailleurs…

Ma note

3/5

FANTASTIQUE

CONTRE-JOUR (THOMAS PYNCHON)

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Le résumé du livre

L’action débute au moment de l’Exposition Universelle à Chicago en 1893 et s’achève au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Elle démarre dans le Grand Ouest américain par des histoires d’anarchistes poseurs de bombes, se poursuit du côté de Venise au tournant du siècle puis se déplace au Mexique en proie à la Révolution et finit par se perdre dans l’Orient lointain… Un ploutocrate richissime, Scarsdale Vibe, fait exécuter Webb, un mineur anarcho-syndicaliste. Les enfants de celui-ci n’auront de cesse de vouloir le venger. Autour de ce noyau central, gravite une foule de personnages bariolés et plus ou moins intéressants et s’imbriquent en arborescence totalement loufoque et désordonnée une multitude d’histoires n’ayant pas forcément grand-chose à voir les unes avec les autres. Veillant sur ce petit monde depuis leur ballon dirigeable, les Casse Cou, joyeux aéronautes dignes du Club des Cinq, suivent ces péripéties à la manière d’anges gardiens un peu snobs.

Ma critique
Cette fresque ambitieuse et déjantée relève de quasiment tous les genres : le roman historique, fantastique, humoristique, picaresque, d’espionnage, d’aventure, le western, etc… C’est un pur OLNI : objet littéraire non identifiable. Pynchon prend un malin plaisir à perdre son lecteur dans un labyrinthe d’historiettes innombrables, lui fait rencontrer une foule de personnages plus ou moins importants ou récurrents. A la longue, cette absence de fil directeur devient un peu lassante, mais possède néanmoins un avantage. On peut abandonner la lecture n’importe où, la reprendre ailleurs, sauter les descriptions, lire en diagonale et même repartir en arrière, vu que les histoires sont sans suite et souvent sans lien et que les personnages entrent, sortent, disparaissent à jamais ou reviennent quand on ne les attend plus. Cette épopée déjantée aurait pu relever du chef d’œuvre si elle avait été bien écrite et bien traduite. Mais il ne semble pas que ce soit le cas.
Juste un énorme pavé (1207 pages) décevant, épuisant et indigeste…

Ma note

2/5

HUMOURROMANCE

COLOCS ET RIEN D’AUTRE, l’intégrale des bonus (EMILY BLAINE)

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Le résumé du livre

Sur le coup de trois heures du matin, Ashley tambourine à la porte de l’appartement qu’elle partage avec son colocataire profondément endormi. Mademoiselle a encore une fois oublié ses clés. Il lui ouvre la porte en maugréant. Pour se faire pardonner, elle lui propose de partager un verre de téquila. Au fur et à mesure d’une discussion qui s’éternise en s’alcoolisant peu à peu, il lui propose d’établir quelques règles de bonne conduite pour tenter d’améliorer la qualité de leur « vivre ensemble »…

Ma critique

« Colocs et rien autre », intégralité des bonus, se compose de trois courts récits en accès libre permettant d’apprécier le style fluide et efficace d’Emily Blaine ainsi que son humour particulièrement pétillant dans le premier texte dans lequel le lecteur découvre que la colocation avec une partenaire aussi fantasque qu’Ashley, loin d’être une partie de plaisir tourne vite au cauchemar. Bien sûr, il ne s’agit que de chick-lit, de littérature sentimentale, un tantinet fleur bleue et eau de rose, le narrateur étant en train de tomber tout doucement amoureux de sa pétulante colocataire. On passe néanmoins avec ce court ouvrage un agréable moment de lecture-détente. Ne rien vouloir chercher d’autre bien sûr.

Ma note

4/5

NOUVELLES

COMMENT RÉUSSIR SA VIE SANS ÊTRE UNE ROCK STAR (ERIC SCILIEN)

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Le résumé du livre

En Ardèche, un jeune couple n’en peut plus de devoir supporter le froid de l’hiver dans une caravane, le temps de retaper une maison dont il a sous-évalué l’ampleur des travaux de remise en état… Un athlète coureur du 400 mètres se prépare activement à participer aux prochains Jeux Olympiques quand il voit son destin basculer subitement… Jean-Louis Leroy, « la cinquantaine, employé municipal et ancienne graine de rock star », graine qui n’a pas réussi à germer, passe un très mauvais quart d’heure quand il se retrouve face à cousin Thomas, son parfait opposé, un homme qui a de l’or dans les mains…

Ma critique

« Comment réussir sa vie sans être une rock star » est un court recueil (132 pages) comportant trois nouvelles réalistes et naturalistes d’Eric Scilien, auteur qui, outre une faculté à proposer des titres aussi originaux que percutants, s’est déjà taillé une belle réputation de spécialiste du format court. Après avoir excellé dans le style « nouvelles noires », il en vient maintenant à un registre moins sombre, plus humain, plus social avec des histoires simples mais émouvantes, des personnages de braves gens tous plus attachants les uns que les autres (excepté l’homme au bras en écharpe de la première nouvelle bien sûr) et des intrigues parfaitement construites dans lesquelles le dérisoire le dispute à la malchance, sans oublier qu’une minuscule et ridicule victoire comme un lancer victorieux de noyaux de cerise permet au héros de retrouver confiance en lui. Le style fluide, efficace, agréable est moins minimaliste et plus travaillé que dans ses précédents opus. L’art de la narration, presque sous la forme de contes philosophiques (dans deux histoires sur trois), semble avoir atteint son apogée. Chaque texte minutieusement ciselé, est un mini-roman (surtout le premier et le dernier) presque au format d’une novella anglo-saxonne. Attention, lire cet ouvrage peut être source de frustration vu que le temps et le plaisir de lecture sont si courts qu’on regrette de si vite devoir quitter un ouvrage de pareille qualité.

Ma note

4,5/5

NOUVELLES

ÉDITION SECRÈTE (DIVERS AUTEURS)

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Le résumé du livre

Dans un monde où les livres sont devenus des raretés recherchées par les collectionneurs, Loukas est depuis des années à la recherche des Editions secrètes, les seules à produire encore des livres, quand il est attaqué par des pirates de l’air… Gwendal Kovacs a perdu sa femme Norma ainsi que son fils et sa belle-fille. Il vit seul avec son petit-fils Matthew qui a survécu à l’accident dans lequel ses parents sont morts… Dans une Phrace en proie à une interminable guerre civile, une vieille bibliothécaire en retraite, seule personne encore capable de fabriquer un journal papier, cherche à transmettre son savoir devenu rarissime… Un homme passe ses journées dans le métro pour évaluer les prestations artistiques de faux mendiants mais véritables comédiens qui doivent y présenter des textes littéraires… Un jeune handicapé tombe amoureux d’une de ses soignantes beaucoup plus âgée que lui. Celle-ci hésite longuement à succomber… Un étrange éditeur propose un contrat bizarre à deux auteurs prometteurs, Voltaire et Rousseau…

Ma critique

« Edition secrète » est un recueil de 19 nouvelles écrites par autant d’auteurs différents disponible gratuitement sur Internet. Après « Horrible monde » et « Feu », c’est donc la troisième offre de ce genre de la part de cette maison d’édition plus généreuse que les autres qui se contentent souvent d’extraits frustrants. Tous ces textes ayant en commun la notion d’édition secrète, tournent d’une manière ou d’une autre autour du thème du livre, de sa prochaine disparition et de la création littéraire. Tous les formats sont représentés, de la courte nouvelle d’une dizaine de pages jusqu’à la novella (« Le signe des demi-bêtes ») qui approche la centaine. Il en est de même pour les genres qui vont de l’anticipation la plus échevelée au sentimental un peu mièvre en passant par le fantastique, la science-fiction, l’horreur, et même l’historique plus ou moins uchronique. Comme toujours dans ce genre d’ouvrage, le lecteur y trouvera de l’excellent comme « Le marché » d’Emilie Duthieuw, du bon comme « Pirates du livre » de Lunahël ou « Lorem Ipsum » de Jean-François Benoît et malheureusement du moyen et même du médiocre que nous n’aurons pas la cruauté de désigner précisément. Une mention particulière pour « Des mots croisés par hasard » de Franck Leduc pour son originalité. Il faut donc lire cet ouvrage ne serait-ce que pour ces quatre pépites !

Ma note

3,5

AVENTURE

DÉSERTS D’ALTITUDE (SARAH MARQUIS)

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Le résumé du livre

L’expédition décrite dans ce livre consiste à longer à pied la Cordillère des Andes depuis Los Andes, non loin de Santiago du Chili, jusqu’au Machu Pichu. Soit 7000 km, 8 mois de marche en solitaire, trois pays traversés, le Chili, la Bolivie et le Pérou, trois cultures découvertes, celle des Aymaras, des Quechuas et des Incas, avec en prime la traversée du désert d’Atacama et celle du lac Titicaca en canoë, soit 220 km à la seule force des bras. Un environnement particulièrement hostile (nombreux passages à plus de 4000 mètres d’altitude, températures extrêmes, déserts, etc.) nécessite une logistique sans faille. C’est son frère Joël qui s’en charge. Ainsi disposera-t-il du ravitaillement de sa sœur grâce à des bidons enterrés tout le long du parcours. Ainsi l’accompagnera-t-il sur le lac avec un bateau plus important qui lui permettra de s’y reposer la nuit. Ainsi fera-t-il pendant des heures antichambre dans les administrations pour lui obtenir les laissez-passer indispensables…

Ma critique

« Déserts d’altitude » est un récit de voyage présenté plus sous la forme de notes impressionnistes que de véritable carnet de bord racontant par le menu toutes les péripéties de ce périple. On y trouve cependant un joli cahier de photos particulièrement intéressant. La plus émouvante est sans doute celle de la marcheuse avec un sac à dos de 18 kg sur le dos tirant une charrette de 45 kg. Un temps intéressée par le voyage avec un lama, elle essaiera ce mode de transport, mais renoncera très vite en raison du caractère fantasque pour ne pas dire capricieux de l’animal. On remarquera un grand nombre de dessins d’illustration ainsi qu’un glossaire et une bibliographie sur les peuplades andines. Le lecteur ressort admiratif devant le courage et la ténacité de l’aventurière, agacé de découvrir qu’en territoire quechua, elle doit se cacher en permanence, éviter les villages pour ne pas être importunée et même se mettre en danger et un peu sur sa faim, car il se pose encore beaucoup de questions sur cette expédition, même si Sarah Marquis en dévoile un peu plus que dans « Sauvage par nature ». Livre à conseiller aux amateurs d’aventures et de grands espaces.

Ma note

4/5

AVENTURE

SAUVAGE PAR NATURE (SARAH MARQUIS)

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Le résumé du livre

Sarah Marquis est une marcheuse au long cours d’origine suisse. Aussi téméraire que le célèbre Mike Horn, elle s’est lancé le défi de parcourir l’Asie du Nord au Sud à travers la Mongolie, le désert de Gobi, la Chine, le Laos, la Thaïlande et l’Australie, soit un périple d’environ trois ans dans des conditions particulièrement difficiles. En Mongolie, elle devra passer chacune de ses nuits, loin de tout village, en se cachant des autochtones, pour éviter de se faire voler, violer ou trucider. En Chine, où l’accueil ne fut guère plus chaleureux, elle fut reçue à coups de pierres par les enfants, arrêtée et persécutée par la police. Elle dut interrompre plusieurs fois sa progression pour toutes sortes d’ennuis de santé, mais jamais elle n’abandonna tant qu’elle n’atteignit pas son but :un certain arbre perdu dans le bush australien, endroit précis où elle avait rencontré et adopté son chien D’Joe, un red heller ou bouvier d’Australie qui l’accompagna dans sa première traversée du continent. En 2013, elle reçut le prix européen de « l’Aventurier de l’année », distinction amplement méritée au vu de ses exploits.

Ma critique

« Sauvage par nature » est un récit d’aventures et d’exploration tout à fait classique, dans la lignée de ceux de Bernard Ollivier (« La longue marche »), de Tesson et Poussin ou de Mike Horn. Pourtant Sarah Marquis semble avoir encore plus de mérite que ses prédécesseurs hommes, si l’on considère que, voyageant comme une femme seule, elle se retrouve souvent dans la peau d’une proie potentielle dans de nombreux territoires. À lire ce livre, on comprend que la réalité du terrain n’a pas grand-chose à voir avec les descriptifs des catalogues sur papier glacé des agences de voyages incitant à partir dans les-dits pays (seule exception, l’Australie où elle put bénéficier d’aide et de soutien désintéressé). Le style est fluide, clair, efficace. L’auteure sait faire partager ses souffrances, ses doutes, ses peurs. Le lecteur reste un peu sur sa faim car tout n’est pas conté par le menu comme dans un carnet de route classique. Il reste cependant admiratif devant tant de courage, de ténacité, d’audace et de résistance face à l’adversité. À conseiller aux amateurs de grands espaces et d’aventures authentiques.

Ma note

4/5

HUMOUR

COMMENT ÉCHAPPER À SA FEMME ET SES QUADRUPLÉES EN ÉPOUSANT UNE THÉORIE MARXISTE (TOM SHARPE)

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Le résumé du livre

Pour Wilt, les prochaines vacances s’annoncent difficiles. Eva, sa gargantuesque épouse, vient de les faire inviter avec leurs quadruplées à passer l’été en Amérique, dans la propriété du richissime oncle Wally et de la tante Joan. Wilt, en bon prof libéral, ne supporte pas les remarques racistes du vieil homme, ses souvenirs des horreurs de la guerre contre les Japonais, les Coréens et les Vietnamiens et encore moins son anticommunisme primaire, secondaire et tertiaire. Pour sortir de ce piège, il s’invente un cours de théorie marxiste qui le dispense du voyage. Pendant qu’il part en randonnée pédestre, droit devant lui, à la découverte de l’Angleterre profonde, c’est le choc des civilisations outre atlantique. Eva et ses quadruplées teigneuses sèment involontairement ou non une pagaille monstrueuse chez leurs hôtes. Quant à Wilt, il a toujours le don pour toujours se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.

Ma critique

Ce quatrième épisode des aventures de Wilt (ce sont des histoires complètes qui peuvent se lire séparément) est un petit bijou d’humour british, de loufoquerie, de cocasserie et de « non-sense » (qui n’est pas exactement notre absurde). On se surprend bien souvent à éclater de rire devant les situations abracadabrantes qui se sont créées suite à un enchaînement de circonstances et de faits d’importance minime qui finissent par amener petit à petit à de véritables catastrophes. Tout aussi génial que « Panique à Porterhouse », il faut conseiller ce livre à tous ceux qui ont envie de passer un bon moment en oubliant tous les tracas de la vie quotidienne. Seule critique : le plaisir ne dure pas assez longtemps, car le livre peut se dévorer en une journée tellement il est passionnant et bien écrit. Un régal à ne pas manquer !

Ma note

5/5

HISTORIQUEROMANCE

CE QUE LE JOUR DOIT À LA NUIT (YASMINA KHADRA)

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Le résumé du livre

Dans les années 30, le jeune Younès, fils d’un paysan ruiné, est confié à son oncle, pharmacien aisé d’Oran pour qu’il l’élève à l’européenne et lui permette d’échapper au sort misérable du reste de sa famille. Partisan du nationaliste Messali Hadj, le pharmacien est arrêté et soupçonné d’agissements indépendantistes. Il quitte la ville et se réfugie dans une petite bourgade, Rio Salado, où il pense trouver une vie plus calme. Les grands évènements de l’époque y parviendront atténués : la seconde guerre mondiale, les émeutes de 1945, la Toussaint rouge de 1954, la guerre d’Indépendance et l’exode des Pieds-Noirs. Au milieu de ce grand tourbillon, Younès grandira dans une ambiance d’abord fraternelle entre chrétiens, juifs et musulmans avant que tout ne se délite et qu’il ne reste seul à Rio avec au cœur son amour impossible pour Emilie, la petite française qu’il a connue enfant et dont le souvenir l’obsède.

Ma critique

Un roman d’amour impossible sur fond de drame historique avec des personnages attachants comme Younès ou Emilie ou hauts en couleurs comme les colons espagnols fiers de l’œuvre accomplie et sûrs de leur bon droit. Un style toujours aussi agréable, mais une histoire assez légère dans cette Algérie torrentielle, excessive, passionnée et douloureuse. Le plus intéressant est sans nul doute la description de la vie avant guerre. Les « évènements » sont traités de manière édulcorée. La description des histoires d’amour constituant l’essentiel d’un livre qui ne m’a pas semblé le meilleur de l’auteur.

Ma note

3,5/5

AVENTUREBIOGRAPHIES

CARNETS DU CAP HORN (PIERRE STEPHAN)

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Le résumé du livre

Le brestois Pierre Stephan, capitaine à 25 ans de l’un des plus beaux et des derniers grands quatre-mâts à voile français, « le Félix Faure », fera onze fois le tour du monde de 1896 jusqu’à la guerre de 14 pour aller chercher le nickel de Nouvelle-Calédonie et le ramener en France ou en Angleterre. Il sera l’un des derniers témoins de la fin de la marine à voile, de l’époque mythique des grands clippers qui faisaient la course pour importer vers l’Europe le thé de Chine, la laine d’Australie ou les phosphates du Chili…

Ma critique

ans ce livre, son petit-fils, Roland Paringaux nous présente une nouvelle version d’un recueil familial intitulé « Souvenirs de Pierre Stephan, capitaine cap-hornier » basé sur des enregistrements sonores recueillis de la bouche même de son grand-père. Il y a adjoint le journal de bord de sa jeune épouse, Marie-Jo, qui a pu l’accompagner dans trois de ses voyages. Ces deux témoignages croisés nous sont infiniment précieux à une époque qui voit le retour des grandes courses à la voile autour du monde (tel le Vendée Globe qui ne fait que suivre à nouveau cette route hyper dangereuse avec un luxe de moyens technologiques inconnus de nos anciens). Ils nous permettent de mieux comprendre leur courage, leur abnégation et leur modestie. Les Cap-horniers constituaient l’aristocratie de la mer dont les fiers voiliers, victimes du modernisme et des lois sociales finirent leurs jours à Saint Nazaire, le long du sinistre quai La Martinière… Un livre témoignage utile pour l’Histoire et passionnant pour les amateurs de voile.

Ma note

4/5

HUMOUR

ÇA VA JEEVES ? (P.G.WODEHOUSE)

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Le résumé du livre

De retour de la Côte d’Azur, Bertie voudrait introduire en Angleterre la mode de la veste blanche de smoking ce que réprouve son valet de chambre, Jeeves. Mais son maître, lassé d’être infantilisé, ne veut pas céder. Et comme il commence à prendre ombrage devant l’intelligence et les ruses de son butler, il se retrouve obligé et assez satisfait de se substituer à lui dans le rôle du « tireur de ficelles » et du monsieur bons-offices. Invité à la campagne chez sa tante Dahlia, il va lui falloir seul la rabibocher avec l’oncle Tom et réconcilier deux couples de ses amis, sans oublier d’empêcher un cuisinier vexé de donner son congé…

Ma critique

Les aventures du malheureux Bertie, l’aristocrate au grand cœur mais à l’intelligence un peu limitée, se poursuivent de plus belle dans ce nouveau tome. Bertie, croyant bien faire, n’arrive qu’à envenimer les choses et à se retrouver dans des situations impossibles mais toujours aussi amusantes pour le lecteur. Un roman hilarant avec une intrigue rondement menée et pleine de rebondissements cocasses. On passe toujours un bon moment avec Wodehouse.

Ma note

4,5/5

Poesies

UN HOMME SANS QUÊTE EST UN VÉLO SANS ROUE (ERIC SCILIEN)

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Le résumé du livre

Une étudiante aux Beaux-Arts exige de son petit ami qu’il lui offre chaque jour un bouquet de fleurs différent… Un prisonnier s’évade d’une prison nazie et rentre au bout d’un certain temps dans son village natal pour découvrir que ses amis ont disparu, que sa femme est partie ou a été enlevée et que sa maison a été vendue à un collabo…

Ma critique

Dans quel registre classer ce recueil ? Des nouvelles ? Des poèmes en prose ? De la versification libre ? Sans doute un peu des trois. Les textes sont présentés en chapitres cohérents comme autant de parties ou d’étapes de l’éternelle histoire humaine : romances, promesses, cherche-bonheur, combat, solitudes, équilibre instable, adieux. Scilien a le sens des titres, l’œil aigu, la plume alerte et gracieuse et la sensibilité à fleur de peau. Nulle part on ne le découvre plus que dans ces textes en général courts (pas tous) pleins de fulgurance, d’évidences ou d’ambiguïté, de cris et de larmes, de souffrance mais aussi de joie et d’allégresse. Sans oublier l’amour et le non-amour toujours présents qu’ils soient charnels ou platoniques, torrides ou sublimés. Avec en fil conducteur la quête (thème général de l’ouvrage), la recherche, le désir ici et maintenant, l’envie de l’autre, de l’ailleurs et de l’autrement. « Combien d’inutiles victoires pour une seule défaite ? » dit Scilien. « Tout s’en va, se consume sur l’autel de nos chimères… Et si la vie n’était qu’un songe, la mort nous ouvrirait les yeux… Les plus belles victoires se forgent dans l’amertume de la défaite… », constate-t-il également. Comment rendre compte d’un tel ouvrage ? Comment juger de la poésie ? Dire humblement que c’était beau et bien écrit, raconter qu’on a aimé sa lecture, souffert avec l’auteur, pleuré devant la dépouille de son père, ragé de l’injustice des êtres ou soupiré à cause de la dureté des choses. Une mention spéciale pour trois textes, trois pépites, trois nouvelles philosophiques, sociales ou simplement noires, qui sortent du lot et méritent à elles seules le détour : « Aimer au sang », « Avoir le bon profil », et « Mauvais fils ». Lisez Eric Scilien ! Vous ne regretterez pas votre découverte !

Ma note

4/5

ROMANCE

UNE VIE APRES (ROBBIE SCHWELLE)

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Le résumé du livre

Désirant faire le point sur sa vie sentimentale en déroute ( l’homme de sa vie l’a quittée pour une beaucoup plus jeune ), Béatrice, responsable d’une petite maison d’édition en faillite, part se réfugier en Bretagne, dans un village de bord de mer. Elle y loue une maison appartenant à un agent immobilier handicapé à la réputation un peu sulfureuse. Très vite, elle s’aperçoit qu’il s’y passe d’étranges choses. Certains objets disparaissent mystérieusement. Une pièce au sous-sol est inaccessible car verrouillée. Un jour, elle se retrouve sans eau courante et bientôt sans électricité. Sans parler d’une étrange visite des gendarmes. Et pour ne rien arranger, elle a l’impression de sentir une présence derrière elle quand elle remonte de la cave. Quel avenir pour Béatrice ? Parviendra-t-elle à se reconstruire sur de nouvelles bases ?

Ma critique

« Une vie après » démarre presque comme un thriller ou comme un roman policier et évolue très vite en roman psychologique, social et sentimental. Mais pas dans le sens eau de rose et niaiseries fleur bleue. Robbie Schwelle pose avec sensibilité et intelligence la problématique des secondes parties de vie, ces épisodes d’après divorce et de tournants professionnels dans lesquels les quinquas et sexagénaires se retrouvent sans compagnon, sans travail et avec une vie en mille morceaux. Au fil des chapitres, l’auteure a pris le parti de braquer le projecteur sur chacun des personnages principaux, ce qui permet de varier les angles d’attaque et d’affiner les descriptions psychologiques mais ralentit un peu le rythme de narration pour cause de reprises de certains évènements. Les personnages sont pour la plupart touchants et toujours bien pétris d’humanité. L’intrigue intéressante, oscillant entre suspens et drames divers, s’achève sur un happy end bien réjouissant. Le style de Robbie Schwelle est agréable, fluide et efficace en dépit de coquilles un peu trop nombreuses à mon goût. Ce petit défaut aisément corrigeable mis à part, cet ouvrage reste néanmoins un très bon roman réaliste bien dans son époque.

Ma note

4/5

NOUVELLES

INSTINCT DE SURVIE EN MILIEU HOSTILE (ERIC SCILIEN)

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Le résumé du livre

Au buffet de la gare de Vierzon, Maud, téléopératrice, est importunée par un beau dragueur un peu trop sûr de lui… Quelque part en Amérique du Sud, Pierre et Sophie, deux jeunes touristes français, se retrouvent kidnappés par un groupe de dangereux guérilleros… Criblé de dettes, un père de famille s’improvise gagnant d’un jeu de grattage… Pourchassé par la mafia, un homme accompagné d’une « Miss Monde » capricieuse fait escale dans un minable motel américain… Un psychopathe obèse espère se faire aimer d’une femme en la gavant comme une oie… Yann le dingue, petit malfrat de seconde zone, s’attarde un peu trop avec son complice dans la maison qu’il vient de cambrioler et de mettre à sac…

Ma critique

« Instinct de survie en milieu hostile » est un recueil comportant quatorze nouvelles très sombres pour ne pas dire noires, toutes de grande qualité. Elles nous entrainent dans un univers glauque de paumés, sadiques, pauvres bougres, filles maltraitées, etc. On fume beaucoup dans toutes ces histoires souvent terrifiantes, on tire le diable par la queue, on tente de survivre par tous les moyens et on n’y parvient pas toujours… Malgré tous leurs vices, toutes les situations merdiques dans lesquelles ils se trouvent, quasiment tous les personnages gardent toujours une petite part d’humanité et restent quelque part attachants. C’est tout l’art de conteur d’Eric Scilien que d’être capable de réaliser ce tour de force : passionner son lecteur avec autant d’histoires a priori effrayantes et même repoussantes ! Le style est vivant, concis, ciselé et d’une parfaite efficacité. Ce recueil ne se lit pas, il se dévore. Toutes les nouvelles sont réussies, intéressantes, voire excellentes. Mes quatre préférées sont : « Mauvaise pioche », « Les nouilles au chocolat », « Toujours des problèmes » et « Reine d’un soir ».

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESHUMOURROMANCE

COMMENT DEVENIR ECRIVAIN, ANTI-MODE D’EMPLOI (ERIC SCILIEN)

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Le résumé du livre

Depuis ses années de lycée, Pierre Dumont n’a eu de cesse de rêver de devenir écrivain, d’arriver à publier un livre chez un grand éditeur et bien sûr que cet ouvrage soit rien moins qu’un chef-d’œuvre inoubliable lu dans le monde entier. L’ennui c’est que sa route ne va être qu’une longue suite de déceptions et de déboires. De ses camarades de classe se moquant de ses premières poésies à sa petite amie le quittant pour manque de réussite en passant par les mauvaises plaisanteries, la frustration, la dépression et le renoncement provisoire.

Ma critique

Cet anti-mode d’emploi (avec Scilien, point de tromperie sur la marchandise, tout est annoncé dans le titre) est un vrai et beau roman d’amour. Amour pour son épouse, Myriam et pour sa maléfique compagne, la littérature bien sûr. Mais aussi roman réaliste, social avec une bonne dose d’humour et d’auto-dérision. Tous les « wannabees », scribouilleurs et autres graphomanes en herbe ou confirmés se reconnaîtront dans le personnage de Pierre et ne pourront qu’être en empathie avec lui. Ils se douteront bien qu’une bonne partie de ce qu’ils lisent est autobiographique et véridique. Pour s’y être longuement et rudement frotté, Eric Scilien sait de quoi il parle. Il n’ignore pas combien il est difficile d’être édité quand on n’est pas déjà une célébrité du show-biz, du sport ou de la politique. Il raconte cette histoire tellement ordinaire qu’elle en devient universelle dans un style agréable, élégant et fluide. Un tantinet minimaliste à la manière d’un Jean-Louis Fournier ou d’un Hubert Mingarelli, excusez du peu. C’est sans doute le sommet de l’art pour le littérateur : être capable d’en dire énormément avec un minimum de mots. Véritable régal, cet ouvrage ne se lit pas, il se dévore en un temps record. C’est fin, intelligent et surtout bien pétri d’humanité. À ne rater sous aucun prétexte.

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUETHRILLER

QUE LA BÊTE S’EVEILLE (JONATHAN & JESSE KELLERMAN)

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Le résumé du livre

Dans une maison abandonnée d’Hollywood, est retrouvée une tête d’homme sans corps à côté d’un petit tas de vomis. Comble de l’étrangeté, aucune tache de sang nulle part. Les artères ont été soigneusement suturées et la peau recousue. Manifestement la décapitation ne s’est pas faite sur les lieux et la mise en scène semble avoir une signification très particulière. L’inspecteur Jacob Lev de l’étrange section des « Projets spéciaux » du LAPD (« Los Angeles Police Department ») se retrouve chargé d’une enquête qui va le mener en Grande-Bretagne et jusqu’à Prague et lui causer bien du souci.

Ma critique

« Que la bête s’éveille », roman écrit à quatre mains et en famille, est présenté comme un thriller « plein de suspense et de mystère surnaturel » alors que c’est surtout un roman fantastique, d’épouvante et même d’horreur, assez invraisemblable, très lent et d’une lecture plutôt laborieuse. Le lecteur navigue entre toutes sortes d’histoires du folklore yiddish et en particulier le mythe du Golem, ce monstre créé de main humaine à partir d’un peu d’argile qui servi de modèle à la célèbre créature de Frankenstein. La narration manque cruellement de rythme. Elle s’essouffle très vite sur une distance de 643 pages qui semblent interminables et se perd dans toutes sortes d’histoires annexes d’inspiration biblique dont on se demande ce qu’elles ont à voir avec l’intrigue principale. Le seul intérêt de cet ouvrage est peut-être ses descriptions des mœurs juives américaines. En conclusion, malgré une citation laudative du maître Stephen King sur un bandeau qui peut tromper le chaland, cette histoire improbable laisse plutôt de marbre le lecteur surtout s’il est friand de bons thrillers bien péchus à la française ou à l’américaine !

Ma note

2,5/5

POLICIER

ANTITHESE (JEAN-BAPTISTE FERRERO)

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Le résumé du livre

À l’université Paris XV, Thomas Fiera, enquêteur privé un peu désabusé, se présente au département linguistique en compagnie d’une certaine Héloïse, étudiante rencontrée en chemin. Il a rendez-vous avec Paul Dubreuil, le responsable de la recherche, qui s’inquiète d’un trafic de vrai faux diplômes. Les faussaires auraient bénéficié de diverses complicités à l’intérieur même de la faculté. Fiera, Héloïse et ses autres compères vont vite s’apercevoir que cette affaire débouche sur des rivages beaucoup plus crapuleux qu’ils ne l’imaginaient au début…

Ma critique

« Antithèse » est un roman noir et d’atmosphère policière qui se dévore quasiment sans possibilité de le lâcher. L’intrigue est assez mince et les développements plutôt faciles pour ne pas dire téléguidés. Fiera et ses amis, lancés sur les traces d’un réseau d’infâmes trafiquants de chair humaine en provenance des pays de l’Est, ne font pas dans la dentelle. Ils y vont franco au décarpillage et au sulfatage dans un registre très « Tontons Flingueurs » ! En fait, tout le plaisir du lecteur vient de la truculence de l’auteur qui a un style très personnel et tout à fait dans la ligne des plus grands de ce genre particulier de polar. Il y a chez lui du Frédéric Dard pour la gauloiserie, de l’Audiard pour le recours à l’argot et aux expressions imagées et de l’Alphonse Boudard pour le ton décalé et teinté d’humour noir. Sans parler de sa galerie de personnages, hauts en couleurs, caricaturaux jusqu’à l’improbable et marginaux bien déjantés. Un vrai régal à conseiller à ceux qui cherchent un roman de divertissement de bon aloi qui ne prend pas la tête.

Ma note

4,5/5

SCIENCE-FICTION

ACCELERANDO (CHARLES STROSS)

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Le résumé du livre

Au début du XXIème siècle, Manfred Macx, courtier en trouvailles et inventions dans le domaine de l’informatique et des technologies de pointe, milite pour « l’open source », c’est à dire pour la totale liberté d’accès aux découvertes. Tout en se disant respectueux de la propriété intellectuelle. Totalement bénévole, il permet ainsi à pas mal de gens de s’enrichir. Lui-même vit très confortablement alors qu’il n’a officiellement aucun revenu. De discrets mécènes pourvoient à tous ses besoins. C’est la raison pour laquelle il est harcelé par un agent du fisc, en l’occurence son ex-compagne, qui lui réclame une somme faramineuse… Un jour, Manfred se fait voler toute sa mémoire… Quelques années plus tard, sa fille Amber, conçue en éprouvette, vogue avec quelques amis vers une naine brune à la recherche d’un signal extraterrestre…

Ma critique

Avec « Accelerando », le lecteur se retrouve face à un OLNI (objet littéraire non identifié) tant l’ouvrage est étrange, inclassable et déroutant. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman d’un seul tenant avec une intrigue construite et une histoire classique avec début, développement et fin, mais de neuf chapitres ou de neuf nouvelles sans autre lien que des personnages récurrents qui évoluent à des périodes et dans des contextes différents. Mais il y a bien pire que cette impression de grand foutoir sans queue ni tête, il faut aussi subir le jargon permanent, l’abus de termes techniques voire pseudo scientifiques qui obligent le lecteur à se référer presque à chaque page à un important glossaire qui peut sans doute éclairer informaticiens, astrophysiciens, chimistes et autres scientifiques de haute volée mais qui laisse le béotien dans une frustrante incompréhension. De nombreux thèmes sont abordés comme le clonage, la fécondation in vitro, la post humanité, l’invasion numérique, l’avenir de l’humanité, l’intelligence artificielle ou l’optimisation des performances du cerveau humain. Mais l’ennui, c’est qu’une idée chasse l’autre, qu’une nouvelle théorie scientifique annihile la précédente, qu’une tentative d’explication disparaît ou se ramifie dans une autre et qu’au bout du compte, tout ce verbiage se révèle confus, embrouillé et abscons. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire en viennent aisément… » Avec Stross, c’est malheureusement loin d’être le cas et l’on a toutes les peines du monde à suivre les méandres d’un discours pour le moins obscur Très vite, Stross lasse la patience du lecteur le plus indulgent. Trop occupé à déballer toute cette esbroufe scientifique, l’auteur devient vite pesant pour ne pas dire pédant tout en ne racontant rien de bien intéressant ni de bien original. La quatrième de couverture parle d’intelligence et d’humour. Le lecteur, s’il n’est ni snob ni geek, les cherchera en vain.

Ma note

2/5

ROMANCE

ABSENCES (PAULINE DOUDELET)

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Le résumé du livre

De nos jours, à Paris, Amy, animatrice radio trentenaire d’une émission nocturne écoutée surtout par les routiers, est bouleversée de tomber sur Nicolas, un amour de jeunesse perdu de vue depuis longtemps. Elle se réfugie dans un café et appelle à son secours Philippe, son ami-amant artiste peintre chez qui elle séjourne quand elle enregistre dans la capitale. Philippe vient de divorcer de Delphine qui met beaucoup de mauvaise volonté à lui laisser la garde de leurs deux filles. Quant à Thomas, le compagnon d’Amy, il ronge son frein en province, car il commence à s’apercevoir qu’il y a quelque chose de louche dans le comportement d’Amy.

Ma critique

Pur roman sentimental, fleur bleue, eau de rose garantie, mais avec quelque moderne « touch » de branchitude et de conformisme bien dans l’air du temps, « Absences » se laisse facilement lire vu la fluidité du style de Pauline Doudelet. Le lecteur amoureux de la belle langue regrettera de trop nombreuses coquilles et approximations langagières autant qu’il appréciera la finesse des observations sur la psychologie des différents personnages. Tout le monde cherche l’amour, le bonheur, le grand frisson et certains ou certaines comme la productrice homosexuelle Chris en deviennent pathétiques voire ridicules. On peut ne pas partager la vision du monde très fortement sexuée (genrée ?) de l’auteur, on n’en lira pas moins cette œuvrette, sans doute juste pour se détendre entre deux ouvrages sérieux en se demandant d’ailleurs si l’on n’est pas tombé sur un bouquin de chez Harlequin, version LGTB un tantinet porno.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIES

ANTOINE BLONDIN (ALAIN CRESCIUCCI)

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Le résumé du livre

Antoine Blondin, né le 11 avril 1922 à Paris et mort le 7 juin 1991 à Paris, fils d’une poétesse et d’un correcteur d’imprimerie, lui-même écrivain raté, est un brillant sujet à l’école, qui collectionne prix et récompenses. Sous l’Occupation, il est envoyé en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), ce qui lui inspire son premier ouvrage, « L’Europe buissonnière ». Le livre obtient le Prix des Deux Magots. D’autres romans suivent (« Les Enfants du bon Dieu », « L’Humeur vagabonde », « Un singe en hiver » qui sera adapté au cinéma et « Monsieur Jadis »). Avec Roger Nimier, Jacques Laurent et Michel Déon, il fait partie du mouvement littéraire des Hussards. Egalement journaliste sportif, il est l’auteur de nombreux articles (plus de mille) parus notamment dans le journal L’Équipe. Il suit vingt-sept éditions du Tour de France et sept Jeux olympiques. Buvant souvent plus que de raison, il a marqué le quartier de Saint-Germain-des-Prés de ses frasques, jouant à la « corrida » avec les voitures, multipliant les visites dans les bars et collectionnant les arrestations.

Ma critique

Ce livre, pavé de 533 pages, est une biographie particulièrement fouillée de la vie et de l’œuvre de Blondin. Le ton et le style en sont assez lourdement universitaires avec tout ce que cela comporte de précision et de minutie (le corpuscule de notes représente à lui seul plus de cinquante pages en petits caractères), mais aussi de manque de fantaisie et de lourdeur amenant une lecture un peu laborieuse. Grand spécialiste de l’auto-fiction, ce genre littéraire reposant sur le témoignage d’une vie rêvée, transcendée et devenue légendaire, Blondin a plus laissé de questions et de zones d’ombre que de certitudes sur sa vie. L’auteur a cherché à s’éloigner de la mythologie, de la notoriété douteuse de l’alcoolique, franc compagnon et bagarreur notable, pour s’attacher au personnage mélancolique et désabusé ayant toutes les peines du monde à écrire et à produire une œuvre littéraire importante. Intéressant pour qui aime encore cet auteur malheureusement déjà un peu oublié de nos jours.

Ma note

3/5

HUMOUR

FIELDS PRESIDENT ! (W.C. FIELDS)

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Le résume du livre

Ce livre étant impossible à résumer, je me contenterai de donner quelques citations :

« La responsabilité majeure d’un président est d’extorquer au contribuable jusqu’à son dernier sou. »

« Ne saurait-il qu’une chose, un président doit au moins connaître le secret pour réussir dans les affaires. »

« La femme qui reproche à son mari de nettoyer ses chaussures avec les rideaux de la chambre ne fait que creuser la tombe de son mariage. »

« Soit vous mourez de faim en ayant un revenu si bas que vous n’avez pas à payer l’impôt. Soit vous disposez d’un revenu assez élevé pour payer l’impôt puis vous mourez de faim après vous en être acquitté. »

« — Papa, je peux avoir un verre d’eau ?

— Bien sûr, fiston, si tu m’en apportes un aussi… »

«— Papa, pourquoi tu embrassais la bonne hier soir ?

— Calembredaine ! Mensonge ! D’ailleurs, elle m’avait pris pour le plombier. »

« 1- Ne vous présentez jamais pieds nus à un entretien d’embauche.

2- Ne lisez pas le courrier de votre employeur potentiel pendant qu’il vous interroge sur vos qualifications.

3- Rappelez-vous de n’avoir aucune bouteille d’alcool visible sur vous ; toutefois, si cela vous échappait, ayez au moins la décence d’en proposer une rasade à votre futur patron. »

Ma critique

Drôle de bonhomme que ce W.C.Fields ! Jongleur dès l’âge de quinze ans, clown, vedette de music-hall puis de cinéma muet et ensuite parlant, il rivalisa, au sommet de sa carrière dans les années trente de l’autre siècle, avec les plus célèbres comiques américains de l’époque, Charlie Chaplin ou les Marx Brothers. « Fields président ! » fut son unique contribution à la littérature. Un concentré de « non-sense », de folie, d’humour parfois noir, parfois complètement absurde. Un sens de la formule corrosive qui fait mouche. « Quelqu’un qui déteste les enfants et les chiens ne peut pas être tout à fait mauvais. », ose-t-il dire.

S’il se proclame candidat à la présidence des Etats-Unis, c’est par pure dérision et esprit parodique. En cela, il est un précurseur de notre Coluche national, mais avec quelques ressemblances et différences. Fields donne plus dans l’absurde et le surréaliste et beaucoup moins dans le politique et l’humanitaire que notre homme à la salopette. Fields déteste le genre humain alors que Coluche l’aime au point de vouloir nourrir les nécessiteux dans ses restos du cœur. Paru en 1940 et très violemment opposé au New Deal de Roosevelt, son programme annoncé comme « populiste » semble plutôt anarchiste et complètement barré avec, de-ci, de-là quelques vérités bien envoyées et énormément de loufoqueries sans queue ni tête assez déstabilisantes. Composé d’historiettes, d’aphorismes plus ou moins absurdes, de vues parfois machistes sur le mariage, de considérations amères sur l’impôt, de bizarres règles de savoir-vivre, de conseils idiots pour se bâtir un physique de rêve, pour soigner les bébés ou pour réussir sa vie professionnelle, ce fourre-tout illustré de dessins naïfs se lit ou se déguste avec plaisir et facilité. Le lecteur rit, sourit et se demande quelquefois si Fields ne se moque pas un peu de lui. Est-ce drôle, amusant ou lamentable ? Un peu des trois sans doute.

Ma note

3/5

ESSAISHISTORIQUEPOLICIER

UNE SI JOLIE PETITE FILLE (GITTA SERENY)

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Le résumé du livre

En 1968, à quelque temps d’intervalle, deux petits garçons de 3 et 4 ans sont retrouvés étranglés à Newcastle on Tyne, en Grande-Bretagne. Très vite, les soupçons de la police se portent sur deux gamines de 13 et 11 ans, Norma et Mary Bell. Cette dernière sera seule condamnée à la perpétuité, placée dans un premier temps dans un centre d’éducation fermé, puis dans une prison pour femme dès ses 14 ans. Elle n’en sortira qu’en 1980, c’est-à-dire 12 années plus tard à l’âge de 23 ans. L’affaire ayant révulsé l’opinion publique, elle devra se cacher et bénéficier d’une nouvelle identité pour tenter de se bâtir une nouvelle vie. Trente années plus tard, l’auteure, ayant déjà écrit un premier livre sur celle-ci, retrouve Mary Bell, maintenant mariée et mère d’une petite fille.

Ma critique

Ce livre n’est en aucun cas un roman. C’est plutôt un long reportage, une longue et très fouillée enquête journalistique donnant à connaître dans ses plus infimes détails le parcours d’une enfant du peuple devenue meurtrière. En découvrant son enfance en compagnie d’une mère prostituée la livrant à des pédophiles et un père peu présent et n’étant d’ailleurs pas le sien, le lecteur comprendra les raisons profondes de ces gestes monstrueux. L’auteure ne les excuse évidemment pas. Elle préfère chercher des explications et surtout ne se cache pas pour condamner une société qui fait passer une enfant devant un tribunal pour adultes, ne lui propose aucun soin psy et ne lui laisse faire que fort peu d’études. D’une lecture un peu laborieuse et ne permettant pas d’entendre la voix des victimes, « Une si jolie petite fille » pose plus de questions qu’il n’en résout et laisse un goût amer une fois la dernière page atteinte.

Ma note

2,5/5

POLICIER

TANGO PARANO (HERVE LE CORRE)

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Le résumé du livre

À Bordeaux, Elise Dulac, une jeune secrétaire médicale, est assassinée. Les capitaines Schmidt et Cousin, responsables de services secrets font appel à Henri Vallès, un ancien flic rayé des cadres suite à une longue maladie mentale. Ils lui proposent d’infiltrer une secte particulièrement pernicieuse. Vallès accepte en ne se faisant pas d’illusions sur la dangerosité de l’affaire. Il commence son enquête chez son propre psy qui aurait été un des plus farouches adversaires de la secte et croise la route d’une certaine Edmonde, beauté fatale dont il tombe immédiatement amoureux. Les cadavres vont s’accumuler, les coups tordus et les manipulations également…

Ma critique

« Tango Parano » est un polar plutôt atypique. Ce n’est ni un thriller à l’américaine, ni un roman policier à suspects multiples, ni un roman noir, mais quelque chose de parodique, de très français et d’assez proche de l’esprit des Frédéric Dard, des Alphonse Boudard et autres Michel Audiard. L’intrigue qui est plutôt secondaire, moyennement construite et avec une fin improbable, importe moins que le style à la fois descriptif, décalé et un tantinet humoristique. Le Magazine Littéraire parle d’une « écriture minutieuse et flamboyante », ce qui est bien vu. Le revers de la médaille est une certaine lenteur narrative et une bizarre fixation sur la nourriture et sur le sexe. Ces petits bémols précisés, cet ouvrage reste agréable et mérite l’attention des amateurs ne serait-ce que pour la très belle plume de Le Corre.

Ma note

3/5

POLICIERROMANCE

LE TOUTAMOI (ANDREA CAMILLERI)

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Le résumé du livre

Arianna est une très belle jeune femme qui a eu une enfance et une adolescence difficile. Elle est mariée en secondes noces avec Guilio, un riche industriel italien impuissant. Le couple a trouvé un subterfuge simple pour pallier cette difficulté sexuelle. Guilio choisit de jeunes hommes pour sa femme et assiste à leurs ébats. En général, Arianna ne couche qu’une fois ou deux avec chaque amant et en change une fois par semaine environ. Mais un jour, elle rencontre Mario, un jeune étudiant aussi efflanqué que fougueux, qui tombe amoureux d’elle et ne veut plus la quitter…

Ma critique

« Le toutamoi », présenté comme un roman noir, relève plutôt du registre sentimental ou érotique. En effet, l’intrigue, très peu policière, repose sur la description des rencontres et rapports physiques entre Arianna et ses jeunes amants d’un jour. Le personnage principal est intéressant, ne serait-ce que par son psychisme très particulier, ce besoin de tout maîtriser, ce désir de jardin secret, ce « touamoi », endroit étrange, gardé par un crâne de vache doté de pouvoirs maléfiques, dans lequel elle se réfugie pour jouer à la poupée. Le style de Camilleri est fluide et sa prose agréable à lire. Ce court roman atypique et un peu borderline peut donc se dévorer très rapidement, ce qui semble être sa plus grande qualité.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUEPOLICIER

LA VILLE DES MORTS (SARA GRAN)

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Le résumé du livre

Dans la ville de la Nouvelle Orléans, sinistrée par l’ouragan Katrina, la détective privée Claire DeWitt se lance dans la recherche d’une personne disparue au lendemain de l’inondation, Vic Willing, célèbre procureur, à la demande de son neveu, Léon. L’enquête s’annonce longue et difficile et l’enquêtrice aussi fantasque qu’hors norme. Elle s’efforce de suivre les préceptes d’un certain Silette, privé français auteur d’un livre assez abscons sur le sujet, intitulé « Détection ». Elle n’hésite pas à chercher son inspiration dans le Yi-Jing et vit dans le regret de l’amitié perdue de ses deux complices de jeunesse Tracy et Kelly…

Ma critique

« La ville des morts » est plus un roman d’ambiance qu’un roman policier classique. Sara Gran fait merveille pour projeter le lecteur dans le monde dévasté de la ville submergée, nous fait rencontrer toutes sortes de personnages plus ou moins marginaux plus qu’elle ne nous mène de piste en piste, d’indice en indice ou de coupable potentiel en coupable potentiel. On l’aura compris Sara Gran n’a rien à pas grand-chose en commun avec Agatha Christie tout comme Claire DeWitt est à l’exact opposé du célèbrissime Sherlock Holmès. Avec cette sympathique paumée largement déjantée, foin de logique ou de cartésianisme, bonjour l’intuition, les baguettes chinoises et les rêves prémonitoires. Le lecteur est tellement bluffé par ses méthodes improbables qu’il ne s’étonnerait même pas qu’elle trouve l’inspiration dans le marc de café, les tarots ou les tables tournantes. Si on y ajoute le style fluide, agréable, vivant et le regard plein d’humanité de l’auteure, on obtient forcément un agréable moment de lecture finalement assez peu policière au sens propre du terme, mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

Ma note

3,5/5

POLICIER

LA MADONE DE NOTRE DAME (ALEXIS RAGOUGNEAU)

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Le résumé du livre

Le lendemain du 15 août, une jeune femme est retrouvée morte, étranglée, dans une chapelle de la cathédrale Notre-Dame à Paris. La veille, lors de la procession en l’honneur de la Vierge, elle s’était fait remarquer par une tenue provocante, tout de blanc vêtue, robe ultra-courte et hauts talons. Un jeune intégriste blond l’avait éjectée du cortège manu militari. Il n’en avait pas fallu plus pour l’inculper de meurtre. Mais comme il n’avoue pas et finit même par se suicider, le père Kern décide de reprendre l’enquête là où la police et la justice l’ont laissée, c’est-à-dire quelque part dans la poubelle des affaires classées.

Ma critique

« La madone de Notre-Dame » est un honnête roman policier de facture classique qui met en scène toute une galerie de personnages bien pétris d’humanité comme le père Kern, enquêteur ecclésiastique aussi souffreteux que maladroit, une magistrate stagiaire plutôt rigide, deux flics pas piqués des hannetons, un taulard étudiant le droit, une dame-pipi, un clochard polonais et quelques autres. L’intrigue est bien menée. Le récit est entrelardé de séquences se passant pendant la guerre d’Algérie dont le lecteur se demande au début ce qu’elles viennent faire. Ce n’est qu’à la fin, à l’énoncé du nom du sous-lieutenant, que tout s’éclaire. Le style de l’auteur est fluide et agréable. Ce livre, qui se dévore plus qu’il ne se lit, procure un très agréable moment de détente.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

LE MOINEAU ROUGE (JASON MATTHEWS)

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Le résumé du livre

De nos jours, à Moscou, Nate Nash, jeune agent de la CIA, se laisse surprendre par le contre-espionnage lors d’un contact avec MARBRE, général respecté et importante taupe agissant à l’intérieur des services secrets russes. Nate parvient néanmoins à regagner son ambassade sans que la taupe ne soit démasquée. Etant grillé, il doit quitter Moscou, être exfiltré vers la Finlande et rejoindre l’antenne de la CIA à Helsinki. Pendant ce temps, Dominika, ancienne danseuse, après une formation très particulière à l’école des « Moineaux », ces espionnes russes spécialisées dans les rapports sexuels avec des étrangers pour leur soutirer des renseignements, séduit un diplomate français et se laisse surprendre en pleins ébats. Scandale parfaitement mis au point et début d’une double manipulation particulièrement vicieuse.

Ma critique

Bien que racontant une histoire d’espionnage se déroulant sous le règne du nouveau tsar Poutine, « Le moineau rouge » est un ouvrage qui semble avoir été écrit dans les années soixante-dix, en pleine guerre froide, tant les méthodes des services secrets russes ressemblent trait pour trait à celles du KGB de la grande époque. Cet ouvrage donne l’impression d’être un vieux roman de John Le Carré surtout par le côté technique très bien documenté, ce qui n’a rien d’étrange, l’auteur ayant passé plusieurs décennies dans l’agence de renseignement américaine. Cette double affaire de taupes au plus haut niveau démarre assez bien mais l’intérêt retombe très vite, car le rythme narratif est beaucoup trop lent. Trop de détails, trop de descriptions de lieux ou de repas. Chaque chapitre est même terminé par une recette plus ou moins succulente. Au total, une bonne quarantaine, de quoi remplir un livre de cuisine. À noter également de nombreuses phrases en russe (phonétique) pas toujours traduites, ce qui ne facilite pas la compréhension si on ne comprend pas cette langue. Au total, un livre intéressant par son contexte, mais un peu ennuyeux par sa forme en dépit d’une légère accélération des évènements vers la fin.

Ma note

3/5

SCIENCE-FICTION

BLEUE COMME UNE ORANGE (NORMAN SPINRAD)

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Le résumé du livre

À la fin du XXIème siècle, le réchauffement accéléré de la planète a précipité la montée des eaux, a fait disparaître des régions entières de la surface de la terre et a transformé les régions chaudes en déserts brûlants, la Sibérie en nouvelle Californie et en véritable eldorado. Des millions de réfugiés climatiques sont montés au nord pour s’entasser dans des bidonvilles. La Terre est-elle sur le point d’en arriver à la « Condition Vénus » c’est-à-dire à se transformer en fournaise inhabitable suite à un emballement du phénomène ? C’est à Paris, devenue une cité tropicale avec palmiers, perroquets et alligators que l’ONU décide de réunir un énième congrès sur le climat, mais cette fois avec le plus de faste possible, car il faut alerter l’opinion et les dirigeants. Pourtant, on soupçonne de gros cartels multinationaux d’avoir tenté d’aggraver la situation pour mieux vendre leur technologie…

Ma critique

Nous sommes plus dans l’anticipation que dans la science-fiction avec cet excellent livre qui nous montre vers quelles dérives nous entrainent certains. Formidablement bien écrit, rempli de personnages et de situations crédibles et intéressantes, c’est une condamnation sans appel de l’ecology-business, des magouilles des multinationales, de la décadence de la société du spectacle, du dieu-pognon et du système mondialiste en général. Le sort de la Terre se joue souvent entre orgies de vodka et de cocaïne et parties de jambes en l’air ! Les rires que l’auteur nous arrache valent à eux seuls le détour, et démontrent que le père de Jack Barron et l’Éternité, ex-enfant terrible des années soixante-dix, n’a rien perdu de ses qualités corrosives. Un bouquin majeur, passionnant, aux limites du thriller et du roman politico-social style Tom Wolfe. Décidément, Spinrad qui vit à Paris, est un des plus grands écrivains américains « francophiles » actuels.

Ma note

4/5

FANTASTIQUEHISTORIQUE

BASTARD BATTLE (CELINE MINARD)

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Le résumé du livre

En 1437, la ville de Chaumont est prise d’assaut et sauvagement pillée par le Bastard de Bourbon. Mais, au milieu des combats, apparaît un étrange adversaire, une femme-samouraï qui manie le sabre à la perfection et maîtrise au mieux le kung-fu et les techniques d’arts martiaux de l’Orient. Profitant de l’intervention d’un autre routier, Enguerrand, une poignée de combattants, las des exactions sanglantes du Bastard, réussit à reprendre la ville, à organiser sa défense et à repousser les assaillants. Cet échec ne portera pas chance au ravageur des campagnes…

Ma critique

Ce livre ne peut pas être considéré comme un véritable roman historique. Ce « bastard de Bourbon » semble n’être qu’un pur produit de l’imagination de l’auteur. Les seuls bâtards ayant laissé une trace dans l’histoire de l’époque, étant Jean II dit « le connétable de Bourbon », né en 1426 et Hector, archevêque de Toulouse, n’ont rien à voir avec ce monstre sanguinaire assez improbable au demeurant. Ce n’est pas non plus un roman fantastique, car on ne trouve aucune fantaisie, aucune féérie et aucune poésie là-dedans. Juste un bouquin d’horreurs, très gore. Le sang coule à flot, les sévices les plus sadiques s’accumulent et Céline Minard semble s’y complaire. Une longue suite de combats, tueries et tortures qui finit par lasser alors que le livre ne comporte qu’une centaine de pages. Seul intérêt : la langue utilisée. En apparence moyenâgeuse, truculente et exotique, mais en réalité un simple trompe l’œil, sorte de canada-dry langagier. De plus, Minard truffe ses phrases de mots et expressions anglaises modernes aussi anachroniques et incongrues que la femme-samouraï de son histoire dont on se demande ce qu’ils viennent faire sous la plume d’un clerc de l’époque. L’écrivaine croit sans doute inaugurer un nouveau genre : le « Gore Pseudo-historique ». Les vrais amateurs d’Histoire n’y trouveront pas leur compte, seuls peut-être les lecteurs de bouquins d’horreur… et encore…

Ma note

2/5

POLICIERSCIENCE-FICTION

BABYLON BABIES (MAURICE G. DANTEC)

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Le résumé du livre

Toorop, soldat de fortune et ex-mercenaire en Bosnie et au Kazakhstan, est chargé de convoyer d’Asie Centrale jusqu’au Canada Marie Zorn, une jeune schizophrène semi-amnésique porteuse d’une arme biologique révolutionnaire pour le compte d’un officier corrompu des services secrets russes qui lui-même travaille pour la mafia sibérienne. Réussira-t-il sa mission au milieu de sectes post-millénaristes, de scientifiques apprentis sorciers et de gangs de bikers déjantés qui se livrent à des guerres sans merci à coup de lance-roquettes ?

Ma critique

Le livre culte de Maurice G. Dantec nous entraîne dans une sorte de maelström d’anticipation où tous les grands thèmes sont abordés sur des bases plus ou moins scientifiques : le clonage, l’immortalité, l’intelligence artificielle, l’influence des drogues hallucinogènes, le phénomène sectaire, la transmission de pensée et la télépathie par le biais de machines devenues intelligentes. On l’aura compris, ce livre relève de la pure science-fiction. On se demande d’ailleurs pourquoi il est référencé comme « policier » par Gallimard… Malgré un aspect général brouillon et foisonnant, des personnages venus de nulle part qui apparaissent puis disparaissent et des évènements qui se produisent sans crier gare, l’auteur arrive à ménager un véritable suspens et à maintenir en alerte l’attention du lecteur qui ne peut lâcher le livre avant l’apothéose finale. À ne pas manquer.

Ma note

4/5

AUTOBIOGRAPHIESAVENTURE

AVANT D’ALLER DORMIR CHEZ VOUS (ANTOINE DE MAXIMY)

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Le résumé du livre

La biographie de l’animateur et réalisateur Antoine de Maximy par lui-même ( ?). Ce genre d’ouvrage à deux (ou quatre mains car je subodore une possibilité d’intervention d’une personne à forte pigmentation… Voilà où on en arrive quand même les mots les plus courants deviennent tabous…) répond à une certaine curiosité et même à un certain voyeurisme du public. Beaucoup d’éditeurs s’en sont fait une spécialité car c’est un créneau très rentable. Florent Massot n’est pas des moindres avec des bios de Mocky, Sébastien et d’une demoiselle Chaplin entre autres pipoles à son palmarès. Mais foin de purisme, si je me suis intéressé à Maximy, c’est parce que je le trouve infiniment plus sympathique que son homologue le pseudo écolo narcissique de la chaine en béton vibré. Il travaille sur le même créneau : le reportage animalier, scientifique ou naturaliste. Issu d’une famille assez bohème avec deux parents artistes peintres, Antoine de Maximy commence sa carrière comme ingénieur du son au service cinématographique des armées, puis devient reporter de guerre, puis cinéaste et participe à de nombreux tournages scientifiques comme « Le peuple singe » ou « Le radeau dans les arbres » jusqu’à ce qu’il invente le concept novateur de « J’irai dormir chez vous ». Un voyageur solitaire armé de deux petites caméras (une au bout d’un trépied pour se filmer lui-même et la seconde accrochée à la bretelle de son sac à dos pour capter l’image de son interlocuteur) part à la rencontre de parfaits inconnus dans de lointains pays et essaie de partager leur quotidien. Pas de grosse équipe de tournage, un homme seul, souriant, chaleureux et son hôte plus détendu, plus naturel.

Ma critique

Je ne ferai aucun commentaire sur un style d’une facture totalement standardisée et facile à lire malgré un certain nombre de coquilles et approximations qui donnent l’impression d’un véritable manque de relecture de la part de l’auteur, de son… double ou de son correcteur. L’intérêt de l’ouvrage est surtout de faire pénétrer le lecteur dans les coulisses de la réalisation de cette émission aussi sympathique qu’intéressante. Le téléspectateur a vraiment l’impression d’accompagner Maximy et d’être lui aussi invité chez les Bantous, Papous, Péruviens ou autres habitants du Vuanatu. Ce concept a malheureusement ses limites qui apparaissent à la lecture de ce livre. Bien des fois, l’animateur globe-trotter ne s’est pas senti en sécurité (pour ne pas dire qu’il a frôlé la mort). Il a arrêté le tournage et n’a jamais diffusé les images. Le téléspectateur n’a donc droit qu’au monde des Bisounours où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. De plus, même si l’artefact est le plus léger possible, il n’en demeure pas moins présent. Maximy réserve également une chambre d’hôtel pour y entreposer son matériel technique et ses bagages. Il ne se présente chez les gens qu’avec le minimum vital et ne manque jamais d’offrir des cadeaux, voire de l’argent. Comme quoi avec la télé, on est toujours dans l’apparence, le contrefait même dans les situations les moins truquées. Reality show jamais bien loin… Un œil également sur le making-off de son film de cinéma « J’irai dormir à Hollywood ». La vie chez les Peaux-Rouges alcooliques et drogués des réserves américaines n’est pas triste non plus. Un dernier reproche : on reste sur sa faim, on aurait aimé en savoir plus sur le monde de la télé. Mais Maximy est un gentil, il ne veut gêner personne et cela se sent.

Ma note

3/5

ROMANCE

AUPRES DE MOI TOUJOURS (KAZUO ISHIGURO)

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Le résumé du livre

Anciens élèves d’un pensionnat niché dans la campagne anglaise, Kath, Ruth et Tommy, se demandent pourquoi ils ont bénéficié d’une éducation d’aussi bon niveau, basée sur les arts, les lettres et la philosophie. Leurs éducateurs les ont persuadés qu’ils étaient des êtres à part et que leur bien-être personnel était essentiel, non seulement pour eux-mêmes, mais également pour la société dans laquelle ils allaient devoir exercer leurs talents. Ces enfants, dont on finit par apprendre qu’ils ne sont que des clones, sont, en réalité, destinés à être « accompagnants » ou « donneurs ».

Ma critique

Sur un sujet aussi porteur que le clonage et le don d’organes, Ishiguro réussit l’exploit d’en rester sur le registre du roman à l’eau de rose où l’on dissèque à longueur de page sentiments et états d’âmes enfantins alors que devrait se nouer un véritable drame entraînant un douloureux questionnement et une prise de conscience du lecteur. Rien de tout cela dans ce livre, sinon un profond ennui, un style lourd et sans grâce. Le livre tombe des mains et il faut de la constance pour arriver à une fin décevante. Bavard, verbeux, se perdant en mille détails aussi insignifiants que sans intérêt, ce livre semble si raté et si peu intéressant qu’on peut s’interroger une fois de plus sur les raisons pour lesquelles l’éditeur a tenu à publier cette œuvrette indigeste.

Ma note

2/5

ESSAISHISTORIQUE

1917, LA REVOLTE DES SOLDATS RUSSES EN FRANCE (REMI ADAM)

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Le résumé du livre

En 1916, un corps expéditionnaire russe composé de deux brigades, soit environ 20 000 hommes, est envoyé par le Tsar sur le front de l’ouest pour épauler l’effort de guerre français. Ces hommes échangés contre des fusils, des canons et des munitions sont très vite engagés en Champagne où ils paieront un très lourd prix du sang. Mais en 1917, dès qu’ils apprennent que le Tsar a été détrôné et qu’un gouvernement provisoire a pris les rênes du pouvoir, ils se sentent déliés de leur serment de fidélité envers l’empereur et demandent à être libérés et à rentrer en Russie. Des soviets de soldats sont créés partout. Une grande majorité décide de mettre la crosse en l’air et de cesser de se sacrifier dans une guerre qui ne profite qu’aux banquiers et aux bourgeois. Les gradés ne sont plus ni salués ni respectés. Craignant que ce vent de mutinerie ne gagne les troupes françaises, l’état-major éloigne du front les deux brigades et les installe avec leurs armes dans le camp militaire de La Courtine dans la Creuse. Les esprits ne se calmant pas, les revendications étant toujours les mêmes, on passe aux ultimatums et à l’épreuve de force, ce qui ne résout rien. Finalement, les Russes « loyalistes », encadrés par 5000 soldats français prêts à intervenir en cas de débordement, s’emparent du camp après une importante préparation d’artillerie et trois jours de combats acharnés. Que faire des survivants ? Juger les meneurs, renvoyer les « loyalistes » au front, faire travailler à l’arrière les volontaires ou déporter en Algérie ceux qui refusent tout compromis ?

Ma critique

Cet ouvrage très sérieux et parfaitement documenté sort de l’oubli un fait calamiteux mais beaucoup moins connu que les autres mutineries de 1917. À ma connaissance, seuls Pierre Poitevin en son temps et Jean Anglade dans son livre « Y a pas de bon Dieu ! » l’avaient évoqué. Il faut dire que l’attitude de l’état-major russe qui pratiquait encore systématiquement les brimades et les châtiments corporels et celle des politiques et militaires français qui, s’ils ne participèrent pas physiquement au massacre (les historiens restent divisés sur le nombre de morts lequel varie de quelques dizaines à quelques milliers, tous les documents ayant été détruits…), firent tout pour qu’il se produise en fournissant matériel, armes, logistique et encadrement militaire. La révolution ne devait à aucun prix faire tache d’huile ! Et pour ne rien arranger, les conséquences de cette révolte furent aussi calamiteuses sinon encore pires que la répression elle-même, aussi bien du côté des mutins que de celui des « loyalistes ». Très bon travail d’historien que celui de Rémi Adam qui ne cache pas son parti pris favorable aux insurgés et reste d’une discrétion de violette sur l’après, c’est à dire sur le retour en URSS sous Lénine et Trotsky des hommes de ces brigades sacrifiées. Tout juste dit-il qu’un seul des meneurs intégra l’Armée Rouge et put grimper dans la hiérarchie jusqu’à devenir général pendant la Seconde Guerre Mondiale. Quid des autres ? Goulag, balle dans la nuque, procès truqué ou asile psychiatrique ? Le lecteur averti se doute bien que ce ne fut certainement pas un chemin semé de pétales de rose. Mais là-dessus, motus. Le livre, en plus d’une abondante bibliographie, bénéficie également d’annexes intéressantes et d’une chronologie détaillée. A lire pour qui s’intéresse aux côtés sombres ou cachés de l’Histoire.

Ma note

4/5

ESSAISHISTORIQUE

LA FEMME AU TEMPS DE SCARLETT (LILIANE CRETE)

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Le résumé du livre

Scarlett, héroïne de roman, est devenue le symbole d’une époque riche en héroïnes de toutes sortes. Elles ont, ces Américaines au XIXème siècle, dont l’histoire nous est racontée ici, construit une grande nation aux côtés de leurs époux, et le souvenir de leur épopée nous fera rêver longtemps encore.

Ma critique

Sous-titré « Les Américaines au XIXème siècle », cet ouvrage se propose de nous plonger dans une époque riche en évènements et en bouleversements aussi bien sociaux que politiques : Guerre de Sécession, abolition de l’esclavage, ruée vers l’Ouest, droit de vote accordé aux femmes, etc. Si la célèbre Scarlett O’Hara d’« Autant en emporte le vent » est évoquée, ce n’est pas sans raison. Liliane Crété, présentée comme une spécialiste de l’Histoire des Etats-Unis, vit une partie de l’année à La Nouvelle-Orléans. Elle ne cache pas ses sympathies sudistes et sait parfaitement rendre l’ambiance qui régnait dans les plantations avant que tout soit ravagé par la guerre civile.

Le lecteur apprendra beaucoup de choses à la lecture de ce livre foisonnant qui donne la part belle à de nombreux portraits tels ceux de ces femmes ou filles de planteurs, de ces quakeresses toujours prêtes à se dévouer pour de justes causes comme celle de l’éducation des Noirs, de ces pionnières brinquebalées dans leurs chariots pendant des mois à la merci des rigueurs du climat ou des attaques des Indiens, de ces militantes des droits de la femme dans leurs luttes interminables et même de ces futiles femmes ou filles de milliardaires de New-York du dernier chapitre. Autant d’histoires passionnantes qui donnent un certain intérêt à cet ouvrage très documenté et enrichi par un glossaire de théologie (le fait religieux est particulièrement important à cette époque), une quinzaine de pages de notes, une importante bibliographie et une chronologie permettant de s’y retrouver, de remettre la petite histoire dans la grande, en un mot de replacer toutes ces anecdotes dans leur contexte. Ouvrage intéressant mais très dense. Donc à lire à petites doses.

Ma note

3,5/5

ESSAISPHILOSOPHIQUE

ABECEDAIRE MAL-PENSANT (JEAN-FRANCOIS KAHN)

abecedaire

Le résumé du livre

Présenté sous forme d’articles courts ou longs selon les sujets, ce livre un peu à part présente l’opinion de l’auteur sur des sujets aussi variés que la politique, l’économie, la religion ou la philosophie. Même si l’on n’est pas toujours d’accord avec les positions prises, on ne peut que célébrer l’intelligence, la finesse ou le bon sens de l’un de nos plus brillants éditorialistes actuels, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Marianne ».

Reste la question placée en sous-titre : « A-t-on encore le droit d’écrire ça ? » qui sous-entendrait que l’auteur serait un terrible dissident, un révolutionnaire enragé ou un combattant engagé contre la pensée unique… Et là, grosse déception. L’auteur ne risquera ni le bûcher ni le lynchage médiatique pour ces quelques articles, car il n’est que taquin, impertinent voire très légèrement insolent avec un système dont il fait partie d’ailleurs d’une certaine manière et même d’une manière certaine. À côté de mini-biographies de philosophes ou de grands hommes d’hier ou d’aujourd’hui, après de grandes envolées vers les hautes sphères de la philosophie ou de la politique, le voilà qui ne peut s’empêcher le calembour à deux sous ou le jeu de mots facile… Mais on lui pardonne. Personne n’est parfait et une petite blague de temps en temps peut détendre l’atmosphère.

Ma critique

Souvent, ça sent la poudre, ça tire, ça défouraille dans tous les azimuts. Rares sont ceux qui ne ressortent pas rhabillés pour l’hiver après être passé entre les griffes de l’auteur. Un en particulier en prend pour son grade : Nicolas Sarkozy décrit comme nombriliste, narcissique, agité, instable et surtout tenté par le césarisme bonapartiste…

On passe de bons moments au détour de ces pages.

Morceaux choisis :

Frimer : s’affirmer capable, dans le même élan, de redresser les comptes de la Sécu, les voyous des cités et la tour de Pise.

Frite : valeur autour de laquelle, en cas d’éclatement de la Belgique, peut se faire l’union de la Wallonie et de la France.

Distributeur automatique : notre interlocuteur principal, désormais, dans la vie de tous les jours.

Apéritif : sorte de vin doux que l’on boit en prélude à un repas ou banquet consistant : en apéritif donc. Par extension : vous faîtes voter des douceurs fiscales en apéritif et vous avez droit, ensuite, à un déficit budgétaire très consistant.

Omelette : le problème du centre mou, c’est sa propension à vouloir faire une omelette sans casser des œufs. Mais celle de la droite et de la gauche dure, c’est qu’elles ont tendance à casser des œufs sans réussir à faire l’omelette.

Camping : ressemble à un camp de réfugiés, sauf que l’accès y est volontaire et même payant.

Aubry, Martine : Absinthe femme. Partagea le travail, ce qui appauvrit évidemment les travailleurs, mais pour la bonne cause. Martine Aubry pense toujours bien, mais méchamment.

Argent sale : Paradoxalement, il s’agit d’argent qui a été blanchi et, en plus, quand on a découvert son origine louche, on s’exclame : « C’est du propre ! » De toute façon, comme la guerre enrichit infiniment plus que l’humanitaire et la spéculation immobilière beaucoup plus que la création poétique, on ne voit pas comment l’argent pourrait être immaculé.

Ma note

4/5

FANTASTIQUESCIENCE-FICTION

ANANSI BOYS (NEIL GAIMAN)

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Le résumé du livre

Gros Charlie menait une vie tranquille. Petit employé de bureau, amoureux de Rosie sa fiancée qui se refuse à lui, il prépare néanmoins son prochain mariage avec elle. Et voilà qu’apparaît dans sa vie son frère Mygal qui se fait passer pour lui, séduit Rosie, le remplace dans son travail et lui occasionne de nombreux ennuis. Le père des deux frères était loin d’être un homme ordinaire, c’était Anansi, le Dieu-Araignée, celui qui monopolise les chansons et les histoires dont il a dérobé le monopole aux animaux. C’est un dieu filou, capable de renverser l’ordre social, de créer une fortune à partir de rien et même de défier le diable. Anansi vient de mourir, que vont devenir les deux frères ?

Ma critique

Un des livres les plus inclassables de la littérature contemporaine. Il relève autant du fantastique que du thriller, de la fantaisie que de l’épopée magico-horrifique. Mais peu importe, une fois qu’on a laissé son cartésianisme au placard, on ne boude pas son plaisir une fois parti à la découverte de cette histoire abracabrantesque que l’on dirait inspirée d’ « Alice aux Pays des Merveilles » de Lewis Carroll. Ici, aussi, les animaux parlent et influent sur cette histoire pleine de magie, mais aussi de sorcellerie. Neil Gaiman dit s’être beaucoup amusé en écrivant ce livre. Le lecteur n’en doute pas car l’humour et l’imagination poétique règnent en maîtres chez lui et c’est un véritable plaisir…

Ma note

4/5

SCIENCE-FICTION

AMERICAN GODS (NEIL GAIMAN)

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Le résumé du livre

A peine sorti de prison, Ombre rencontre un étrange personnage, Voyageur, aussi sarcastique que malhonnête. Il s’agirait de Wotan, le roi des anciens dieux germaniques qui en serait réduit à de petites truanderies et à profiter de son statut pour séduire de pauvres gamines. Voyageur charge Ombre d’une mission un peu particulière, lui servir de garde du corps, de factotum et d’envoyé spécial. Mais en l’acceptant, il se retrouve au cœur d’un conflit qui le dépasse et qui oppose les anciens dieux de l’ancien monde (Odin, Thor, pour les nordiques, mais également les dieux de la mythologie grecque, hindoue ou égyptienne) à ceux du nouveau : la télévision, l’informatique, l’argent, la carte de crédit etc… Qui va l’emporter ? Et qui tire vraiment les ficelles de cette improbable histoire ?

Ma critique

American Gods est un roman-fleuve (604 pages) où l’on ne s’ennuie pas une seconde à la condition absolue de laisser cartésianisme et rationalisme au vestiaire. On nage dans la fantaisie et la loufoquerie la plus complète. En véritable disciple de Pratchett, Gaiman nous entraine dans un délire sans queue ni tête. Sa théologie est assez étrange. L’homme crée ses propres dieux et ne peut pas vivre sans eux. Au fur et à mesure que ceux-ci sont négligés, ils ne disparaissent pas, mais continuent à errer à la surface de la terre en ne réalisant pas grand-chose de bon d’ailleurs… En Amérique, les dieux « classiques » sont très malheureux, car les habitants leur préfèrent d’autres dieux plus techniques ou plus pragmatiques. Œuvre complètement inclassable, pris au second degré, ce livre peut se lire comme une sorte de conte ou de fable philosophique. Gaiman a cru bon d’introduire des « interludes » qui n’apportent pas grand-chose à l’intrigue et alourdissent l’ensemble. Le style est agréable, mais le livre m’a semblé légèrement inférieur à celui qu’il a écrit après, « Anansi Boys », plus réussi, moins brouillon, car plus détaché de l’influence de Pratchett.

Ma note

3,5/5

AVENTURE

ABSURDISTAN (GARY SHTEYNGART)

 

absurdistan

Le résumé du livre

Micha Vainberg est un jeune juif, fils d’un grand ponte milliardaire de la mafia russe. Alors qu’il sort à peine de l’Université américaine de Hasard, il doit rejoindre son père à Saint Petersbourg et quitter son amie Rouenna, une prostituée new-yorkaise qu’il continue d’entretenir alors qu’elle le trompe avec un prof pédant. Totalement oisif, son occupation principale consiste à s’enivrer en compagnie de son ami Aliocha-Bob au cours de soirées branchées. Pour pouvoir repasser à l’Ouest qui lui est interdit en raison de l’assassinat d’un Américain par son père, il décide de partir pour l’Absurdistan où il espère récupérer un passeport belge et où il se retrouve embarqué dans une guerre civile totalement imbécile.

Ma critique

Livre aussi désenchanté que déjanté. Beaucoup d’humour grinçant dans cette histoire aussi improbable que fortement caricaturale. Le jeune héros n’est pas particulièrement sympathique. Obèse, faible, lâche, jouisseur et profiteur, il attire toutes les catastrophes sur lui. Au début, le lecteur trouve cela fort amusant. Mais petit à petit, il rit de plus en plus jaune car ce roman picaresque, cette fable ou ce conte politico-philosophique cache sous ses dehors loufoques la monstrueuse réalité d’un monde cruel, cynique et totalement inféodé aux puissances de l’économie et de l’argent.

Ma note

4/5

POLICIER

LES LOUPS BLESSES (CHRISTOPHE MOLMY)

 

les-loups-blesses

Le résumé du livre

Un braquage de fourgon blindé en région parisienne par une équipe composée de deux voyous de banlieue, Imed et Nordine Belkiche, et d’un Corse prénommé Doumé, tourne au drame. Attaqués à l’arme lourde, deux convoyeurs de fonds sont abattus froidement et tout cela pour un butin des plus modestes. Quand il apprend la nouvelle, Matteo Astolfi, voit rouge. Il en a assez des sottises de son jeune frère Doumé et voudrait bien lui-même finir en beauté. Renan Pessac, commissaire blanchi sous le harnais et relativement désabusé se retrouve chargé d’une affaire qui va tourner au bras de fer entre Matteo et lui, au combat à mort entre deux loups blessés.

Ma critique

« Les loups blessés » est plus un roman noir qu’un roman policier à énigme et suspects multiples, style « whodunit » (cf Agatha Christie et consoeurs). Ancien patron de la BRI, Molmy sait de quoi il parle et ce qu’il raconte sent le vécu. Il permet au lecteur d’assister à tout, aussi bien côté flics que côté voyous, ce qui est relativement intéressant, car on ne vit pas la même chose selon le camp où l’on se trouve. Quoique. Les caractères sont aussi bien trempés que bien décrits. L’intrigue est bien menée, intéressante, crédible. Seul bémol : dans un désir louable de précision technique, l’auteur décrit tout par le menu, jusqu’aux plus infimes détails d’une filature ou d’une planque, ce qui ralentit un peu trop à mon goût le rythme de la narration. Il n’en demeure pas moins que ce livre permet de passer un bon moment de lecture et pourrait certainement donner lieu à une belle adaptation cinématographique.

Ma note

3,5/5

POLICIERTHRILLER

UNE VRAIE FAMILLE (VALENTIN MUSSO)

 

Une vraie famille, Valentin Musso

 

Le résumé du livre

 » Il s’appelle Ludovic, c’est du moins le prénom qu’il a donné. Un jeune homme simple et sans histoires. En apparence. Les Vasseur, un couple de Parisiens retirés dans leur résidence secondaire en Bretagne à la suite d’un drame personnel, l’engagent pour quelques travaux de jardinage. Le mystérieux garçon sait rapidement se rendre indispensable et s’installe dans leur vie. Quand les Vasseur commencent à se poser des questions et à regretter de lui avoir ouvert leur porte, il est déjà trop tard. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que leur cauchemar n’a pas encore commencé. Car la véritable menace qui pèse sur leur maison n’est pas du tout celle qu’ils croyaient. « 

Ma critique

Non loin de Ploermel, en Bretagne, la voiture de François Vasseur, professeur à l’université en longue maladie est victime d’une crevaison. Alors que le conducteur peine à changer de roue sous une pluie battante, Ludovic, jeune chômeur venu du Nord, vient à son aide. Quelques jours plus tard, François et Mathilde, son épouse, le retrouvent et lui proposent quelques travaux de jardin dans leur maison isolée. Le jeune homme travaille si bien que le couple lui confie toutes sortes de travaux de rénovation et finit même par l’héberger en permanence. Mais qui est vraiment Ludovic ? Et quel drame secret cache ce couple de Parisiens venus se réfugier au fin fond de la lande bretonne ?

« Une vraie famille » se situe aux confins du thriller à la française et du roman noir. À l’exception d’une première scène particulièrement violente et dont on ne comprend l’importance que beaucoup plus loin dans la narration, tout démarre très en douceur, de façon agréable et policée et ne bascule dans le drame qu’à mi-course. L’une des grandes forces de ce roman réside dans l’effet de surprise assez époustouflant de ce premier rebondissement puis dans l’enchainement épouvantable qui s’ensuit. La seconde tient à la grande qualité des descriptions psychologiques des personnages, tous attachants avec leurs fêlures ou leurs blessures diverses et variées. Et la dernière, mais pas la moindre, se trouve dans la belle plume de Valentin Musso, à la fois élégante, sobre, précise et détaillée.

Ma note

4/5

Un ouvrage particulièrement réussi que l’on ne peut que conseiller à toutes celles et à tous ceux qui cherchent un polar original et de grande qualité qui aborde avec maestria les conséquences funestes des traumatismes post-attentats.

SCIENCE-FICTION

UN DIEU PARMI LES HOMMES (SYLVAIN JOHNSON)

 

un dieu parmi les hommes

 

Le résumé du livre

 » La Terre… 6 milliards d’habitants… Quel serait l’avenir de notre planète bleue si un enfant d’un autre monde, doté de pouvoirs inimaginables, était recueilli par un couple dépravé ? Cet enfant devra mener un combat acharné : suivra-t-il sa nature profonde pour choisir de devenir un héros ? Se laissera-t-il influencer par le bagage environnemental et génétique d’un dégénéré de père pour devenir un monstre ? Il se pourrait bien que l’issue de ce combat conditionne l’avenir de notre monde… « 

Ma critique

Dans un Montréal dévasté par un cataclysme, un homme entre dans la cathédrale et s’empare d’une chasse contenant le cœur d’un saint très vénéré. Diane et Marcel forment un couple qui ne s’entend plus et qui part à la dérive. Marcel boit beaucoup plus que de raison. Il frappe et humilie sa femme. Un jour, alors qu’il vient de lui faire subir une agression des plus horribles, Marcel découvre une capsule apparemment venue d’une autre planète.

« Un Dieu parmi les hommes » est plus un roman d’horreur que de science-fiction pure. Quoi que cette histoire d’extra-terrestre adopté par un couple infernal et lui-même issu d’une sorte de docteur Folamour tienne également de la fable ou du conte philosophique sur le thème du Dieu maléfique. Il y a beaucoup de détachement, de dérision et même d’ironie grinçante chez Sylvain Johnson qui nous donne là un ouvrage magistral qui ne se lit pas mais qui se dévore. Un véritable page-turner. Adapté au cinéma, il pourrait même donner un surprenant block-buster ! Et pourtant, la dernière page atteinte, on s’étonne d’avoir porté un tel intérêt à des personnages aussi déplaisants (excepté Diane bien entendu). Mais sans doute est-ce à cela qu’on reconnaît la belle ouvrage.

Ma note

4/5

Lisez Sylvain Johnson, vous ne serez pas déçu du voyage, à condition d’avoir le cœur bien accroché bien sûr !

POLICIERTHRILLER

HYENAE (GILLES VINCENT)

 

 

Le résumé du livre

 » Dans les quartiers, les campagnes, aux abords des écoles, des fêtes foraines, des prédateurs rôdent, chassent et emportent nos enfants. Quatre ans que Camille a disparu. À la sortie de l’école, elle est montée dans une camionnette blanche, et depuis, plus rien. Quatre ans sans nouvelles, sans demande de rançon, sans la moindre piste. Et brusquement, une vidéo surgie de nulle part. Depuis quatre ans, Sébastien Touraine, détective privé, s’est coupé du monde. Depuis que cette gamine a été enlevée à Marseille. Depuis qu’il sait qu’elle n’est pas la seule… Pour aider la commissaire Aïcha Sadia, sa compagne, il va devoir replonger dans une enquête aux confins du supportable. Et pour débusquer le chasseur dont il est devenu la proie, plus d’autre choix que de jouer sa vie et celle des autres… « 

Ma critique

Dans les quartiers nord de Marseille, la commissaire Aïcha Sadia procède à une arrestation délicate, pendant laquelle ressurgit une cassette video pédopornographique surgie de nulle part. Aïcha se lance alors sur la piste d’un réseau qui pratiquerait des enlèvements d’enfants suivis de sévices et tortures de toutes sortes pour alimenter les fantasmes malsains de déséquilibrés et obsédés sexuels. Ainsi, quatre années plus tôt, la jeune Camille est montée dans une fourgonnette blanche et n’a jamais été retrouvée. Aidée de son compagnon, Sébastien Touraine, lui-même détective privé, Aïcha parviendra-t-elle à démanteler cette malfaisante filière ?

« Hyenae » est un thriller et un roman noir particulièrement réussi et magnifiquement écrit. Impossible de lâcher ce page-turner digne des plus grands (King, Thilliez, Chattam, Coben et autres). Le lecteur est scotché, glacé, épouvanté devant tant d’horreurs et de monstruosité. Il ne peut que se demander comment l’être humain peut se comporter aussi mal. Il n’est parfois pas très loin d’avoir le cœur au bord des lèvres. Les amateurs de sensations fortes ne manqueront pas semblable expérience. Quant aux âmes sensibles, elles pourront se dispenser. Il n’en demeure pas moins que Gilles Vincent rejoint grâce à ce livre le panthéon des grands maîtres de ce genre particulier de littérature.

Ma note

4,5/5