AVENTURESTEMOIGNAGEvoyages

MARCHE AU DÉSERT (ANTOINE DE SUREMAIN)

Le résumé du livre

Réalisateur d’une émission de découverte de la France à destination des enfants et aventurier bien connu des réseaux sociaux, Antoine de Suremain décide en octobre 2022 de se lancer un nouveau défi : parcourir à pied le chemin de Saint Guilhem, soit 240 km d’itinérance entre Aumont-Aubrac et Saint Guilhem-le-désert, en 9 étapes et en se nourrissant uniquement avec ce que peut lui offrir la nature. Il veut tenter en quelque sorte une expérience de retour à l’état de chasseur-cueilleur du paléolithique, mais sans la chasse. Il emmène juste un peu d’huile de sel et de vinaigre, histoire de compenser les pertes de sels minéraux causées par la transpiration et d’améliorer un peu son ordinaire de pissenlits, d’orties, de champignons et de châtaignes…

Ma critique

« Marche au désert » est un récit d’expédition très agréable et très rapide à lire. Ce carnet de bord de randonnée survivaliste ne comporte qu’environ 150 pages, toutes bien revigorantes. Il est complété par plusieurs annexes sur les coulisses du chemin, une sorte de « making of », expliquant les tenants et aboutissants de cette aventure, et donnant conseils et références pour ceux qui voudraient suivre l’exemple d’Antoine. L’ouvrage se termine par les interventions assez intéressantes également de trois autres marcheurs, Henri d’Anselme, randonneur des cathédrales et héros « au sac à dos » de la tuerie d’Annecy, Jean-Marie Miss, président des Amis du chemin de St Guilhem et Vianney Claveul, promoteur du glanage d’herbes, fruits et plantes sauvages. Ouvrage passionnant, plein d’humanité et de transcendance qui nous amener à réfléchir sur notre condition de consommateur compulsif et surtout à nous donner une furieuse envie de boucler le sac à dos, de mettre les chaussures de marche et de partir vers les grands espaces et l’aventure qui se trouve tout autant dans les Cévennes qu’au bout du monde.

Ma note

4,5/5

AVENTURESHUMOURROMAN

LES NOUVELLES AVENTURES DU BRAVE SOLDAT CHVEÏK (JAROSLAV HASEK)

Le résumé du livre

Au cours d’un voyage en train en compagnie de son lieutenant, le brave soldat Chvéïk fait une remarque déplacée sur le crâne chauve d’un autre voyageur du compartiment qui s’avère être leur général en tournée d’inspection. Placé dans le couloir dans l’attente de sa sanction, il tire presque sans le vouloir sur la sonnette d’alarme. Le train s’arrête immédiatement. L’étourdi encourt une amende de 200 couronnes. Il n’en a pas la moindre. Le contrôleur le fait descendre à la gare suivante. Un brave homme paie l’amende à sa place et lui fait la charité d’un petit billet pour payer son train. Mais le soldat préfère aller déjeuner et tout dépenser en boisson au café de la gare en compagnie d’un soldat hongrois de passage. Et le voilà bientôt embarqué au poste par une patrouille de la police militaire qui l’a surpris sans le moindre papier sur lui. Et sa situation empire peu à peu. Le lieutenant qui l’a arrêté le soupçonne aussi d’espionnage au profit de l’ennemi…

Ma critique

« Les nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk » est le deuxième tome de la trilogie de ces aventures humoristiques datant du début de l’autre siècle. Journaliste anarchiste un brin alcoolique, Hasek a voulu proposer au lecteur une caricature de la vie militaire, une satire, une parodie désopilante et au bout du compte une démonstration de l’absurdité de la guerre qui broie les petits pour le plus grand bénéfice des puissants qui n’y vont jamais bien entendu. Le personnage du héros est celui d’un niais, d’un candide, d’une sorte d’idiot du village, très respectueux de son lieutenant, cherchant toujours à bien faire, mais accumulant les gaffes et bévues au point d’attirer toutes les catastrophes sur sa petite personne. Mais les pires situations finissent toujours par se retourner et Chvéïk s’en tire toujours sans trop de casse. Le style est très agréable à lire et très vivant sans doute grâce à une grande abondance de dialogues bien enlevés. Le lecteur y découvrira également l’antipathie réciproque des Tchèques et des Hongrois qui se retrouvent à devoir ensemble se battre sous le drapeau autrichien contre les Russes et en arrivent parfois à se tirer dessus ! Une armée de Bourbaki, une palanquée d’ivrognes et de toquards commandés par des officiers crétins et bornés qui ne redoutent qu’une chose, être amenés sur le front. Heureusement pour eux, les chemins de fer sont si mal organisés qu’ils pourront se retrouver à l’autre bout du pays après avoir attendu leur train des jours entiers en gare. Désopilant. À ne pas manquer !

Ma note

4,5/5

AUTOBIOGRAPHIESAVENTURESHISTORIQUE

LE NEGRIER DE ZANZIBAR (LOUIS GARNERAY)

Le résumé du livre

En 1802, Napoléon ayant signé un traité de paix à Amiens avec l’Angleterre, c’en est fini de la vie de corsaire pour le jeune Louis Garneray, 20 ans. Comme il ne souhaite pas rentrer en France, il s’engage en qualité de lieutenant sous les ordres du capitaine Lafitte sur le brick « La petite Caroline », navire de commerce qui opère sur les côtes de l’Inde. Ils embarquent à leur bord une famille de Portugais qui voyagent avec une très grosse somme d’argent. Mais bientôt les voilà attaqués par un praw de pirates indiens. La bataille navale qui s’engage est des plus rudes et des plus sauvages. Les Français se battent avec l’énergie du désespoir, car ils savent que s’ils sont pris, aucune torture ne leur sera épargnée avant leur exécution. Les pirates tentent de monter à l’abordage. L’équipage parvient à les repousser au prix de très lourdes pertes. Le praw finit par couler. Mais « La petite Caroline » a tellement été endommagée qu’elle tarde pas à l’imiter. Les survivants doivent se réfugier sur une île et même s’y retrancher, car ils se retrouvent très vite aux prises avec d’autres pirates. Ils ne devront leur salut qu’à l’intervention d’un brick britannique qui leur prêtera main forte en y perdant d’ailleurs une partie de son équipage avant de les amener en Inde. Ruiné dans cette affaire, Louis devra s’enrôler comme simple matelot sur un cargo qui lui permettra de rentrer à l’île Bourbon où bien d’autres aventures l’attendront…

Ma critique

« Le négrier de Zanzibar » est le second tome d’une trilogie de récits d’aventures vécues dans les mers du sud. Tout aussi passionnant et agréable à lire que « Corsaire de la République », ce second opus ne se lit pas. Il se dévore, tant les combats, péripéties et rebondissements sont nombreux. Cette fois encore, la réalité dépasse la fiction. Aucun auteur de romans n’aurait pu imaginer pareille succession de naufrages, batailles, et catastrophes en tous genres. En plus de l’agrément apporté par ce récit d’aventures incroyables, le lecteur trouvera un intérêt plus historique sur la vie des équipages au tout début du XIXè siècle et surtout sur la réalité de la traite négrière du côté de Zanzibar. Celle-ci n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut s’imaginer aujourd’hui et même à l’époque (Garneray le souligne lui-même). Et comme son témoignage est de première main, il est difficile de ne pas lui faire confiance quand il explique que cette pratique faisait partie intégrante des us et coutumes africains et ne concernait pas que les prisonniers de guerres tribales. N’importe qui, s’il perdait un procès, pouvait se retrouver du jour au lendemain esclave d’un roitelet africain. Les marchands juifs et arabes n’étaient que des intermédiaires profitant de l’aubaine. Et les Européens ne s’y greffèrent qu’en dernier, en trafiquant avec les « revendeurs » principalement pour peupler leurs nouvelles colonies et les fournir en main d’œuvre. Les chapitres sur la traite du « bois d’ébène » sont les plus émouvants, les plus dramatiques et les plus tragiques quand le navire négrier marqué par une poisse incroyable doit essuyer une révolte des esclaves qui s’imaginent que les Blancs vont les tuer pour boire leur sang ! Ouvrage tellement passionnant que le lecteur se demande pourquoi ces aventures n’ont toujours pas été adaptées au cinéma.

Ma note

4,5/5

AVENTURESFANTAISIEHISTORIQUEROMAN

LES CAVALIERS DE LA PYRAMIDE (SERGE BRUSSOLO)

Le résumé du livre

Antonus Crassus Samsala, vendeur de gladiateurs de profession, a décidé de partir en Egypte pour changer de vie et faire fortune. Et le voilà perdu en plein désert, lancé dans une course au trésor. Il doit d’abord franchir un défilé rocheux battu par des vents de sables si puissants qu’ils peuvent dépecer totalement un homme même couvert d’une peau de rhinocéros ! Puis il lui faudra trouver un obélisque aux faces couvertes de signes mystérieux qui pourraient lui servir pour la suite à condition d’arriver à les faire traduire. C’est un gladiateur mourant qui lui a révélé l’existence d’une pyramide pleine d’or enlisée dans des sables mouvants et toujours inviolée. L’ennui c’est que les premiers indices gravés sur l’obélisque ont été complètement effacés par l’érosion. Mais seule une jeune vierge aveugle appelée Tanita aurait la possibilité de les imaginer en les effleurant de ses doigts hypersensibles…

Ma critique

« Les cavaliers de la pyramide » n’est pas vraiment un « thriller antique » comme l’annonce la quatrième de couverture, mais plutôt un roman de fantaisie ou d’aventures historiques, tant le fantastique l’emporte sur l’historique. Le lecteur devra mettre cartésianisme et amour de la vraisemblance au vestiaire s’il veut vraiment profiter de ce roman bizarre et tout à fait charmant, plein de rebondissements, de situations abracadabrantes et de personnages hauts en couleurs comme cet improbable couple composé d’un cul-de-jatte fort comme un Turc, prénommé Shagan, et une géante ou femme-jument, Junia, qui a la particularité de souffrir du syndrome de la mante religieuse c’est-à-dire de se sentir obligée de dévorer le mâle, histoire de finir en beauté l’acte d’amour ! C’est très bien écrit, très facile à lire, vivant et bien rythmé. Que demander de plus pour des aventures aussi époustouflantes ?

Ma note

4,5/5

AVENTURESESPIONNAGE

LE CRÉPUSCULE DES FAUVES (MARC LÉVY)

Le résumé du livre

Tels des Robin des bois de l’ère numérique, les membres du Groupe 9 réalisent leur premier exploit. En introduisant divers virus, malwares et autres bots, dans des circuits informatiques, ils parviennent à dérober plus de 250 millions de dollars à diverses banques et autres milliardaires peu sympathiques et à les reverser à plusieurs milliers de gens lésés par ces derniers. Pendant ce temps, à Istambul, Maya, partie à la recherche d’une petite réfugiée syrienne porteuse de documents aussi compromettants pour les ripoux oligarques que les célèbres « Panama papers », est repérée par les services secrets turcs et traquée dans la nuit, d’abord en voiture, puis à pied dans la campagne, à travers champs et forêts. Elle finit par leur échapper miraculeusement et par se cacher dans un camp de réfugiés syriens. Parviendra-t-elle à trouver une aide assez efficace pour pouvoir être ex-filtrée du pays ? Le Groupe 9 pourra-t-il récupérer les documents et confondre tous ces fauves prêts à dévorer l’humanité ?

Ma critique

« Le crépuscule des fauves » est le deuxième tome d’une saga d’aventures et d’espionnage qui s’annonce longue et pas particulièrement passionnante. Après la présentation des personnages du premier opus, le lecteur espère entrer dans le dur dans celui-ci. Malheureusement, même arrivé à la dernière page, on sent que l’on est encore fort loin du dénouement, même si quelques miettes, qu’on ne déflorera pas, sont jetées à la toute dernière page sur l’identité du mystérieux neuvième comparse. L’auteur tente de décrire les menées secrètes des oligarques, leur désir d’imposer un nouvel ordre mondial basé sur un crédit social à la chinoise, leur emprise sur les médias, les fake-news, le poids des réseaux sociaux, les psy-ops, les inversions accusatoires et la corruption généralisée. Mais sans doute de peur d’être taxé de complotisme, il ne va jamais au fond des choses et prend bien soin de toujours se maintenir sur le droit fil de la pensée unique en imputant toutes ces turpitudes aux seuls « méchants » patentés du narratif officiel. (Trump, mais également Nigel Farrage que l’on reconnaîtra aisément sous le pseudo de « Garbage », « ordure », Murdoch sous celui de « Berdoch », voire Zuckerberg, relooké en « Sucker »). La narration, se dispersant sur chacun des personnages, manque de cohérence, de punch, de suspens et même parfois de vraisemblance. Un troisième tome est déjà paru. Lévy poussera-t-il le bouchon jusqu’à en tartiner 9 ? Le lecteur risque de vite se lasser des bricolages numériques de cette charmante bande de rocambolesques pirates du net…

Ma note

3/5

AVENTURESEXPLORATIONS

ANNAPURNA, PREMIER 8000 (MAURICE HERZOG)

Le résumé du livre

Le 3 juin 1950, deux alpinistes français, Louis Lachenal et Maurice Herzog, parviennent au sommet de l’Annapurna, réalisant ainsi l’ascension du premier sommet de 8000 mètres. L’équipe est composée de Jean Couzy, polytechnicien, de Marcel Schatz, alpiniste, de Marcel Ichac, cinéaste, de Jacques Oudot, médecin et chirurgien, de Francis de Noyelle, officier de liaison, de trois guides réputés de Chamonix, Louis Lachenal, Lionel Terray et Gaston Rébuffat et de l’auteur, Maurice Herzog, alpiniste également. C’est une véritable expédition qui part à l’assaut de ce premier sommet mythique en emportant environ avec elle 4,5 tonnes de matériel et 1,5 tonnes de vivres avec charrettes et chevaux, sans oublier la trentaine de sherpas menés par leur chef Ang-Tarkey. Du très très lourd ! Ces sommets, considérés jusque-là comme le « domaine des dieux », avaient toujours été interdits d’accès à qui que ce soit. Les Français ont obtenu une autorisation exceptionnelle pour cette première. Ils ne disposent pas de cartes vraiment utilisables. Ils doivent donc commencer par d’interminables reconnaissances du terrain, hésitant entre le Dhaulagiri plus visible et l’Annapurna, plus en retrait. Le premier semble le plus dangereux, le second plus difficile d’accès. Ils optent pour le second, installent jusqu’à cinq camps de base et d’assaut avant que deux d’entre eux ne profitent d’une dernière fenêtre de temps acceptable avant la mousson pour atteindre, mais à quel prix, ce sommet…

Ma critique

« Annapurna, premier 8000 » est un récit d’expédition qui fut un énorme best seller à son époque. Il exaltait le courage, la ténacité et l’endurance d’un groupe de jeunes conquérants de l’inutile qui laissèrent pas mal d’eux-mêmes sur ces pentes verglacées et inhospitalières. Ils eurent les mains et les pieds gelés, furent frappés d’ophtalmie des neiges et durent redescendre dans des conditions dantesques, sans la moindre assistance. Jacques Oudot dut leur infliger des souffrances atroces en raison d’injections répétées d’acétylcholine pour essayer de sauver le plus possible de leurs membres avant de pratiquer les amputations nécessaires sans la moindre anesthésie. Le lecteur mesurera le chemin parcouru depuis cette époque. Pas d’hélico de secours, pas de radio, pas de repérage satellite, un matériel lourd et rudimentaire, monté à dos d’hommes et à la force des bras. Livre qui enchanta toute une jeunesse et suscita de nombreuses vocations d’alpinistes qu’on lira et relira même aujourd’hui avec un immense plaisir, ne serait-ce que pour une comparaison nostalgique avec notre époque sinistre, lâche, veule et sans idéaux…

Ma note

4,5/5

AVENTURESEXPLORATIONSTEMOIGNAGEvoyages

AFRICA TREK 2 (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Au pied du Kilimandjaro, le couple de marcheurs au long cours a déjà parcouru plus de 7000 km et il leur en reste autant devant eux. Plus de routes, plus de chemin, plus rien, juste le domaine des Masaïs, du moins ceux qui vivent encore vraiment libres, avec leurs troupeaux, dans leurs enkaïs, sorte de villages de cases clos par une enceinte d’épineux tressés. Les autres sont en représentation pour les touristes. On raconte à tort que les authentiques boivent le sang à la jugulaire de leurs taureaux. En fait, cela ne se pratique plus que dans certains rituels très rares, les Masaïs authentiques étant plutôt végétariens. L’initiation des jeunes consiste à essayer de trucider un ou deux lions à l’aide d’un casse-tête ou d’une lance. Dans le Rift du Ngorongoro, le danger est partout présent. En plus des lions, il y a les serpents et les hippopotames qui chargent facilement. Sonia et Alexandre échapperont presque par miracle à plusieurs attaques, ce qui ne sera pas le cas d’un couple d’Allemands dont la femme sera grièvement blessée, ni celle d’un couple d’Anglais attaqués et battus à mort par des bandits juste pour les dépouiller. Mais heureusement, nos deux marcheurs auront la chance de croiser la route d’un grand nombre de bons samaritains qui leur sauvèrent la mise à de nombreuses reprises…

Ma critique

« Africa Trek 2 » est la deuxième partie d’un récit de voyage absolument passionnant. Quel courage et quelle persévérance fallut-il à ce jeune couple pour parvenir à réaliser pareil exploit ! Chaque pays, presque chaque kilomètre présenta son lot de souffrances. L’accueil des populations souvent généreux eut quelques exceptions qui confirmèrent la règle. Je ne citerai que la traversée de l’Ethiopie qui fut marquée par des attaques permanentes de bandes d’enfants haineux leur lançant des pierres et les chassant de tous les villages qu’ils traversaient juste parce qu’ils étaient blancs ! Celle de l’Egypte ne fut pas non plus une partie de plaisir, car ils furent contraints de subir en permanence une escorte policière fort pesante qui utilisa même un engin blindé pour les accompagner. Plusieurs pages sont consacrées à présenter la liste de tous les hôtes et hôtesses qui les accueillirent, souvent des congrégations religieuses, des prêtres, des pasteurs, des popes et des imams, mais aussi de petites gens pauvres mais généreux. Livre intéressant pour les amateurs de voyage à pied, dernière véritable aventure humaine, et de grands espaces.

Ma note

4/5

AVENTURES

AFRICA TREK 1 (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Parti du Cap de Bonne Espérance le 1er janvier 2001, Sonia et Alexandre Poussin veulent traverser à pied toute l’Afrique de l’extrême sud au nord et atteindre Jérusalem, soit un périple fou de 14 000 kilomètres qui devra leur prendre plus d’une année et demi. Ils commencent par traverser l’Afrique du Sud avec l’aide à chaque étape de fermiers boers qui les hébergent et les protègent, puis le Lesotho, petit territoire d’altitude nettement plus accueillant. La traversée du Zimbabwe leur fait découvrir un pays ravagé depuis des années et même détruit par la dictature crypto-communiste de Mugabe. Suivent le Mozambique, le Malawi et la Tanzanie. Partout une misère plus ou moins terrible, mais partout aussi une immense chaleur humaine. Ce périple aussi unique qu’extraordinaire s’achève le 15 juin 2002 avec l’ascension du Kilimandjaro, après 7000 km parcourus « pedibus jambus ».

Ma critique

« Africa Trek » est le premier volume d’un diptyque présentant le récit d’un périple hors norme. Peu de courageux s’étant lancé un pareil défi. C’est l’occasion pour le lecteur de découvrir la véritable réalité de l’Afrique, non celle des safaris, des lodges et des hôtels de luxe pour touristes, mais celle des vrais gens, du petit peuple, celle qu’on ne découvre qu’au rythme lent de ses pas. « Pourquoi marchez-vous comme cela ? » leur demandent-ils. « Pour vous rencontrer ! », répondent les Poussin. Cet exploit n’aurait pas été possible sans des aides de toutes sortes (fermiers blancs, congrégations, missions religieuses, représentants d’ONG, etc.) En fin de volume, leur liste représente la bagatelle de six pages ! Le lecteur apprendra aussi que l’esclavage ne fut pas tout à fait ce qu’on raconte partout, qu’il y en eut un très florissant du côté de Zanzibar, que certains croient que pour se débarrasser du sida, il faut absolument violer une jeune vierge ainsi que toutes sortes de coutumes plus bizarres les unes que les autres. Un moment dramatique se joue lors d’une grave crise de paludisme qui les frappe simultanément en Tanzanie. Et l’apothéose, c’est la montée dantesque au plus haut sommet du continent. Un excellent livre d’aventures vécues à conseiller à tous les amateurs de voyages et de grands espaces…

Ma note

4,5/5

AVENTURESSCIENCE-FICTION

LE BATEAU FABULEUX (PHILIP JOSE FARMER)

Le résumé du livre

À bord du Dreyrugr, Sam Clemens, alias Mark Twain, remonte le Fleuve de l’Eternité en compagnie d’une bande de Vikings commandée par Erik la Hache quand il croit apercevoir sur la rive son ancienne épouse Livy. Il donne l’ordre au timonier d’accoster immédiatement. L’autre refuse. Ce n’est pas la première fois que Sam est victime de ce genre d’hallucination ! Alors Sam appelle à la rescousse son ami, le géant Joe Miller qui était en train de dormir dans l’entrepont. Mais voilà que trente galères, en formation de combat, fortes d’une soixantaine de rameurs chacune, descendent le courant pour venir attaquer les Vikings. Les assaillants disposent de fusils, de feux grégeois, de bombes, de fusées et de planeurs. Très vite, la bataille navale fait rage. Sam Clemens n’aura la vie sauve que grâce à une vague géante générée par la violente et subite émersion d’un monstre marin réveillé par une chute de météorite.

Ma critique

« Le bateau fabuleux » est le deuxième tome de la saga du « Fleuve de l’Eternité » qui en compte cinq au total. Richard Burton y cède peu à peu la vedette à Sam Clemens, plus connu sous le nom de Mark Twain, lequel veut construire un énorme bateau électrique à roues à aubes pour remonter cet interminable fleuve qui part du pôle nord de la planète pour y remonter après en avoir réalisé le tour complet. Le but final étant de découvrir le secret de ce phénomène de résurrection perpétuelle. Présentée comme « chef-d’œuvre » par l’éditeur, ce deuxième volet peut sembler un brin plus poussif que le premier en dépit de la présence sympathique de Mark Twain et surtout de son ami titanesque affublé d’un amusant cheveu sur la langue. L’ennui, c’est que l’effet de surprise passé, Farmer ne semble plus en mesure de se renouveler vraiment. Il rajoute de nouveaux personnages tel le roi Jean sans terre dans le rôle du méchant, tel Cyrano de Bergerac dans celui du bretteur imbattable ou tel Mozart un peu perdu au milieu de tous ces énergumènes. L’intrigue se calque un peu trop sur la trame du premier tome : batailles rangées, tueries, trahisons et accumulations de tentatives pour remonter le fleuve. Et pour ne rien arranger, une impression de remplissage avec toutes sortes de développements sur le féminisme, le racisme, la fierté noire et la nouvelle liberté sexuelle « baba cool », thème un brin daté. Au total, tout cela n’a pas trop bien vieilli. Dommage.

Ma note

3,5/5

AVENTURESvoyages

MADA TREK (SONIA & ALEXANDRE POUSSIN)

Le résumé du livre

Après une traversée à pied du sud au nord du continent africain, le couple Poussin, leurs deux enfants Philae et Ulysse, une amie préceptrice temporaire Virginie et leurs deux guides malgaches Tovo et Tanjona se sont lancés dans une première, une expédition réputée impossible, le tour complet, à pied, de Madagascar, île aussi grande que la France. Ils se sont fait construire une charrette tirée par deux zébus. Elle leur servira de maison roulante au confort des plus sommaires malgré la présence de panneaux solaires. Ce défi va se révéler difficile à relever. Aucun réseau routier digne de ce nom sur leur parcours, à peine des chemins défoncés voire abandonnés à la végétation, des endroits désertiques et des zones infestés de bandits de grands chemins très craints car spécialisés dans le vol de zébus, seule véritable richesse des paysans. Peu de ponts. Il leur faudra passer des cours d’eau en faisant flotter leur charrette et même la placer sur un bateau sur un tronçon. En tout, il leur faudra plus de huit mois pour relier la capitale Antananarivo à Tuléar pour ce premier périple de 949 km.

Ma critique

« Mada Trek » est un récit de voyage peu ordinaire. C’est un véritable exploit familial que les Poussin nous font partager avec ses joies et ses peines, ses souffrances et ses étapes plus confortables chez des amis ou dans des lodges mis à leur disposition. Ils veulent expérimenter une forme de sobriété heureuse et ils y parviennent fort bien. Cet exploit aurait été impossible sans l’aide des autochtones qui sont souvent mis à contribution autant pour pousser la charrette dans les montées difficiles que pour les protéger des brigands. Ils découvrent un peuple attachant qui lutte désespérément pour sa survie. Alexandre Poussin arrive même à parler la langue. Son texte qui est d’ailleurs rempli de phrases en malgache dont il faut chercher la traduction en bas de page, s’achève par ce qu’il appelle un vade-mecum lexical, sorte de glossaire utile pour qui voudrait causer malgache ! En plus de l’aventure, les Poussin ont un autre but : aller au-devant d’ONG et autres intervenants de la coopération pour les faire mieux connaître chez nous. Ils constatent que près d’un demi-siècle de gouvernance dictatoriale plus ou moins communisante a laissé un pays exsangue et une population plus pauvre et plus démunie que celles qu’ils ont découvertes en Afrique. En plus de deux cahiers de magnifiques photos, le lecteur a droit à une playlist de tubes malgaches (il faudrait un audio-book pour en profiter) et à une bibliographie succincte. Une belle aventure familiale à ne pas rater et dont on attend déjà la suite avec impatience.

Ma note

4/5

AVENTURESHISTORIQUE

JEAN DIABLE / TOME 2 (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

À Londres, le petit Ned plein de malice, ex-clerc de notaire et nouvelle âme damnée de Jean Diable, et sa compagne la plantureuse blonde Molly assistent à une parodie de procès, spectacle très appréciés par le petit peuple des bas-fonds massé dans la taverne borgne de la veuve Jenny Paddock. Ned Knob y est venu recruter une brochette de faux témoins qui doivent accabler Richard Thompson accusé à tort du meurtre de l’actrice Constance Bartolozzi. Depuis la démission de Gregory Temple, c’est Sir Paulus Mac Allan qui a repris toute l’affaire en dépit du bon sens. Pendant ce temps, en France, le comte Henri de Belcamp est arrêté et incarcéré pour deux meurtres commis en même temps, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles. Quand il apprend ce qui risque de se passer en Angleterre, son sang ne fait qu’un tour. Il lui faut à tout prix sauver la vie du pauvre Thompson. Mais comment y parvenir quand on se retrouve emprisonné à la prison de Versailles. Mais pour ce diable d’homme, rien n’est impossible…

Ma critique

« Jean Diable / Tome 2 » est le second et dernier volet de ce gros roman feuilleton qui navigue cette fois plus nettement sur les rivages du roman historique et d’aventures que sur ceux du policier et du thriller. En effet, plus de nouveaux crimes dans ce tome. On nage plutôt dans le rocambolesque totalement assumé. Les péripéties se succèdent toujours à un rythme échevelé. Le comte Henri, dont on ne sait qu’en toute fin la véritable identité, galope de France en Angleterre et inversement, entre et sort de prison comme d’un moulin, est accusé de tous les crimes, puis blanchi, puis à nouveau incriminé. Avec ses six identités présumées, avec tous les personnages qu’Henri peut incarner, Féval se fait un malin plaisir d’égarer son lecteur du début à la fin. Il y rajoute des sociétés secrètes visant à délivrer l’Irlande du joug anglais et des francs-juges allemands impliqués dans l’assassinat du général O’Brien, celui qui marqua le début de la longue série. Sans oublier une conspiration visant à libérer Napoléon de son exil à Sainte-Hélène. Heureusement, une fin en demi-teinte, pleine de valeurs chevaleresques et de bons sentiments permet au lecteur de se remettre de toutes ses émotions. Ne craignez pas de lire ou de relire Paul Féval, même aujourd’hui, cela reste un régal. Les grands auteurs sont éternels !

Ma note

4,5/5

AVENTURESROMANROMANCE

LE LAC ONTARIO (JAMES FENIMORE COOPER)

Le résumé du livre

Dans l’Ouest américain à peine exploré et encore très disputé entre Anglais et Français, un petit groupe part en direction du lac Ontario. Il est composé d’un vieux loup de mer, Charles Cap, de sa nièce, la jeune et belle Mabel Dunham, d’un chef indien Tuscaroa nommé Arrowhead et de son épouse Rosée de juin. Ils tombent presque par hasard sur un bivouac monté par deux Anglais, Pathfinder et Jasper Western et un Indien Mohican, appelé Grand Serpent. Le terrain étant peu sûr en raison de la présence des Français et de leurs alliés Mingos ou Iroquois, les deux groupes décident d’allier leurs forces pour rejoindre un fort tenu par une garnison dont fait partie le père de Mabel. Arrivés sur les lieux après avoir été pourchassés par les Mingos, ils sont accueillis par Dunham qui verrait d’un bon œil que sa fille se marie avec Pathfinder bien qu’il ne soit qu’un modeste éclaireur sans argent ni culture et qu’il ait vingt ans de plus qu’elle. Mais un autre prétendant, un Ecossais nommé Muir, déjà trois fois marié est le favori du commandant…

Ma critique

« Le lac Ontario » est un roman d’aventures pour un quart du propos et un roman sentimental très « fleur bleue » pour les trois autres quarts. Paru en 1840, cet ouvrage semble avoir terriblement vieilli autant pour la forme que pour le fond. Le style lourd et fortement descriptif fait vite bailler d’ennui. L’intrigue est loin de briller par son originalité. Qui épousera Mabel ? Le vieux trappeur ou le fringant militaire ? L’un est trop vieux et l’autre trop porté sur les femmes… On se doute dès le début qu’un troisième larron, plus jeune et de meilleure apparence, finira forcément par emporter la mise. Si on y ajoute une accumulation d’élégances désuètes, d’assauts de politesse et de bons sentiments sans parler des références religieuses proches de la bondieuserie un peu bébête de l’époque ainsi qu’un certain manque de souffle côté aventures, on se retrouve avec un bouquin qui est loin d’être le meilleur de Fenimore Cooper. On peut faire l’impasse sans problème.

Ma note

2/5

AVENTURESROMAN

AU CŒUR DES TÉNÈBRES (JOSEPH CONRAD)

Le résumé du livre

Après avoir bourlingué sur toutes les mers du monde, Charlie Marlow obtient, par l’entremise d’une vieille tante, un engagement comme capitaine d’un vieux vapeur sur un grand fleuve africain. Mais à son arrivée à l’embouchure du fleuve, il apprend que son navire a coulé. Il va lui falloir le renflouer et le réparer. Non sans peine, il finit par y parvenir. Sa première mission consistera en une remontée du fleuve jusqu’à atteindre un poste lointain fondé par un certain Kurz qui a obtenu de belles réussites dans le trafic de l’ivoire. Mais, encore à l’approche, Marlow et son équipage sont accueillis par des volées de flèches et de sagaies projetées par des autochtones déchainés. Le poste semble en fort piteux état. Qu’est devenu donc leur correspondant ? Est-il même encore en vie ?

Ma critique

« Au cœur des ténèbres », ouvrage publié en 1899, est à la fois un roman d’aventures et un roman noir, tant le propos est sombre et négatif. L’intrigue simple voire basique a sans doute été inspirée par l’expérience de Conrad qui fut lui-même capitaine d’un steamer et qui remonta le fleuve Congo. Sa description de la réalité des débuts de la colonisation peut fortement déplaire à certains. C’est du « Tintin au Congo » puissance dix ! Les Africains ne sont que de grands enfants apeurés par le timbre impérieux d’une voix d’européen. Lequel est arrivé quasiment seul à se tailler une place de potentat local aussi cruel que divinisé. Les personnages sont pour la plupart pleins de failles, de désenchantement, malades, au bout du rouleau, à la limite de la folie, voire de purs mégalomanes. Le style a pas mal vieilli. Il est très descriptif et un brin « filandreux ». Pas le meilleur ouvrage de Joseph Conrad !

Ma note

3/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE DERNIER VOL DU FAUCON (AXEL AYLWEN)

Le résuné du livre

En 1688, au royaume du Siam, le roi Naraï le grand, âgé de 60 ans et souffrant de crises d’asthme de plus en plus violentes sent sa fin arriver à grands pas. Comme il ne dispose pas de successeur valable dans sa famille, il envisage de demander à Pra Piya, son fils adoptif, de prendre sa suite. Mais pour cela, il faudrait que Yotatep, sa propre fille accepte de l’épouser, histoire de l’anoblir et de le rattacher ainsi à la lignée royale. L’ennui, c’est que celle-ci refuse catégoriquement, car elle en aime un autre et ne veut pas entendre parler d’une union avec un roturier sorti de rien et soupçonné de vouloir se convertir au catholicisme… Une dame anglaise, Nellie Tucker, accompagnée de son fils Mark, 16 ans, débarque au port de Mergui. Elle demande au gouverneur Ivatt l’autorisation de se rendre à la capitale Ayuthia. Ivatt remarque tout de suite que Mark ressemble étrangement à son ami Phaulcon… Sa mère l’a bien eu du Barcalon qui, à l’époque n’était qu’un jeune marin en partance pour l’Asie. Nellie, après Sunida et Maria. Trois femmes pour un seul homme : la situation se complique…

Ma critique

« Le dernier vol du faucon » est le troisième volet de la saga d’aventures exotiques et plus ou moins historiques du héros gréco-anglo-siamois. Parvenu au sommet de l’Etat et au comble des honneurs, le héros a accumulé haines et rancœurs autour de lui. Le général Petraja n’a de cesse de monter des complots et des intrigues pour se débarrasser de lui et des autres « farangs » qu’il soupçonne de vouloir coloniser son pays. Il est aidé par le cruel Sorasak, prince débauché et sadique, ainsi que par la faiblesse du roi qui n’a plus que de très brefs instants de lucidité. La fin de cette histoire où la roche tarpéenne est très proche du Capitole, est truffée de rebondissements plus ou moins invraisemblables. On échange les rôles, on se déguise, on se grime, on vous colle des masques sur la figure, on vous fait passer pour quelqu’un d’autre pour finalement parvenir à une fin controuvée et pas spécialement « happy », les méchants remportant la mise. Bilan final : un ouvrage divertissant et dépaysant, mais sans plus.

Ma note

3,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

L’ENVOL DU FAUCON (AXEL AYLWEN)

Le résumé du livre

En 1687, après moult intrigues et circonstances favorables, le très ambitieux Constantin Phaulkon est parvenu à se hisser jusqu’au sommet de l’état. Il a obtenu le titre de « Barkalon », c’est-à-dire premier ministre de Naraï, roi du Siam. La situation politique est assez complexe. Après la forte influence portugaise et musulmane, c’est au tour des Hollandais de s’implanter en force. Phaulkon commence par dévoiler les malversations et la corruption des Musulmans, les faisant tomber dans l’estime du prince mais s’en faisant des ennemis particulièrement acharnés. Il veut contrebalancer la puissance des Hollandais par celle des Anglais, puis par celle des Français. Il réussit même à obtenir l’aide du roi Louis XIV. Malheureusement, l’expédition envoyée va aller bien au-delà des espérances de Constantin et du roi…

Ma critique

« L’envol du faucon » est le deuxième tome de la trilogie du « Faucon ». Il relève toujours du registre roman d’aventures plus ou moins historiques. L’auteur profite de son excellente connaissance de l’histoire et des mœurs du royaume du Siam pour nous concocter une histoire pleine de rebondissements dont il est difficile de démêler l’authentique du romancé vu que les archives de l’époque ont disparu. Le lecteur pourra se divertir et s’amuser des efforts pitoyables des Jésuites en général et de l’expédition française en particulier pour essayer de convertir un monarque bouddhiste, ouvert à toutes les croyances, une sorte de précurseur du modernisme dans le domaine spirituel. L’alternance de scènes de bataille, d’intrigues et d’interludes amoureux, procédé largement utilisé dans le genre, fonctionne relativement bien, vu que le livre se lit facilement et agréablement. L’exotisme et l’érotisme toujours présents, espérons que l’ensemble tiendra la distance…

Ma note

4/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE FAUCON DU SIAM (AXEL AYLWEN)

Le résumé du livre

En 1679, dans le golfe du Siam, Constantin Phaulcon, capitaine du « Royal Lotus », jonque siamoise de 120 tonneaux, doit convoyer des ballots de draps pour le compte de la Compagnie anglaise des Indes. Avec ses collègues Ivatt et Burnaby, il compte réaliser de surcroit un beau coup de contrebande en faisant entrer au royaume du Siam, une série de canons de fabrication hollandaise. Phaulcon envisage de les vendre à une certaine reine de Pattani, musulmane ne voulant plus se soumettre au pouvoir central bouddhiste. L’ennui, c’est qu’après quelques révoltes péniblement mâtées de son équipage malais, la jonque fait naufrage et coule corps et biens avec les derniers espoirs de réussite de Phaulcon. Seul survivant du désastre avec ses deux acolytes, il se retrouve prisonnier du puissant gouverneur de Ligor qui veut leur faire avouer par n’importe quel moyen y compris la torture qu’ils menaient une action de contrebande. Heureusement la participation valeureuse de Phaulcon à un tournoi de boxe thaï, puis l’arrivée plus qu’opportune d’un éléphant blanc quasiment divinisé par les Siamois changent totalement la donne…

Ma critique

« Le faucon du Siam » est le premier tome d’une trilogie d’aventures historiques du temps des premiers établissements européens (successivement portugais, hollandais et anglais) dans cette partie de l’Asie. L’auteur, anglais qui se révèle excellent spécialiste de l’histoire et des coutumes thaïlandaises, reconnaît lui-même en introduction qu’il s’est inspiré de l’histoire, mais sans la suivre fidèlement car toutes les archives du Siam ont été détruites au XVIIIème siècle par les envahisseurs birmans. Il n’en demeure pas moins que cette lecture est particulièrement dépaysante et exotique. Le lecteur y découvrira des excès de raffinement, de délicatesse et de largeur d’esprit (toutes les religions sont acceptées sans la moindre discrimination) mêlés à des sommets de servilité (on ne se présente qu’à plat ventre devant le roi ou les mandarins) et de cruauté (châtiments d’une incroyable barbarie, tortures atroces…). S’il n’est que relativement historique, ce roman se rattrape sur les aventures, les rebondissements, les intrigues, ce qui permet de maintenir l’intérêt du lecteur tout au long d’un pavé de plus de 800 pages, qui se dévore en dépit de quelques longueurs. On suit avec grand intérêt l’ascension irrésistible du (super) héros doté de toutes les qualités (intrigant redoutable, diplomate hors pair, séducteur irrésistible et combattant courageux) ainsi que le déroulement de ses amours compliquées avec la sublime Sunida, son amante locale, et la très jeune et très charmante Maria, sa future épouse. Ouvrage de gare, de plage ou de « confinement » permettant de se divertir agréablement tout en enrichissant ses connaissances de l’Orient étrange et mystérieux.

Ma note

4/5

AVENTURESvoyages

UNE VISITE AU PAYS DU DIABLE (KARL MAY)

Le résumé du livre

Après avoir vécu mille aventures en Tunisie, Egypte, Syrie et Arabie Saoudite, le narrateur arrive aux confins de la Perse en passant par le Kurdistan, territoire mal défini, mais sous domination ottomane. Il séjourne chez les Yésidis, population que les Musulmans accusent d’adorer Sheïtan (Satan) tout comme les Turcs lui reprochent de rendre un culte à Mammon (l’argent). Autant dire un peuple bouc émissaire, hérétique et chargé de tous les péchés du monde. Comme dans le précédent épisode, Karl May est accompagné de son fidèle serviteur Hafef, de sir Lindsay, riche et fantasque britannique féru d’anthropologie et toujours à la recherche d’une relique de taureau ailé et de Mohamed Emin, sheik de la tribu des Haddedin, toujours aussi motivé par la délivrance de son fils Amad prisonnier des geôles turques… La narration reprend donc au moment précis où elle s’était achevée à la fin des « Pirates de la mer Rouge ».

Ma critique

« Une visite au pays du diable » est à la fois un récit de voyage comme le précise le sous-titre et un roman d’aventures aux nombreuses péripéties, plutôt destiné à la jeunesse. Le lecteur d’aujourd’hui sera surpris par la qualité et la précision des descriptions des mœurs et des environnements anthropologiques sans doute tirés de récits authentiques de voyageurs. May le sous-entend dans le dernier paragraphe de l’ouvrage. « Il me reste aussi à le prier de m’excuser si, dans mes ruses, j’ai fait quelques entorses à la vérité, si je me suis montré un peu Turc avec les Turcs. » Il faut dire que ces derniers ne sont pas décrits sous des dehors les plus flatteurs alors que les Yésidis auraient nettement plus les faveurs de l’auteur. Il les pare de nombreuses qualités, les présentant comme des sortes de proto-chrétiens. Même chose pour les derniers des derniers, les plus persécutés de la région, les assyro-chaldéens. Comme quoi si bien des choses ont évolué aux confins de l’Irak et de l’Iran, d’autres n’ont pas du tout bougé. Rien de tel qu’un bouquin écrit en 1892 pour relativiser les évolutions historiques…

Ma note

4/5

AVENTURESvoyages

LES PIRATES DE LA MER ROUGE (KARL MAY)

Le résumé du livre

Dans le désert tunisien, le narrateur, avatar de Karl May, voyage en compagnie d’Halef, serviteur musulman particulièrement fervent qui veut lui témoigner son affection en essayant de le convertir à l’Islam. En chemin, les deux hommes découvrent le cadavre d’un Français dévoré par les vautours… Sur les bords du Nil, une réputation de médecin exceptionnel est attribuée à l’auteur qui a pu soigner certains malades à l’aide de quelques granules d’homéopathie. Un notable lui demande de sauver son épouse atteinte de neurasthénie. Mais celle-ci n’est pas ce qu’elle paraît être… Parvenu aux bords de la Mer Rouge, Karl May est capturé par une bande de pirates avant d’être libéré par Halef et de faire la connaissance d’un autre voyageur un Autrichien rentrant de Bombay et se dirigeant vers Trieste. May veut à tout prix visiter La Mecque et Médine où il risque de trouver la mort s’il est découvert, car les deux villes saintes sont interdites aux « infidèles ».

Ma critique

« Les pirates de la Mer Rouge » est un roman d’aventures et de voyages en quatre parties comme on n’en écrit plus depuis bien longtemps. Le héros est une sorte de chevalier sans peur et sans reproche qui arrive toujours à se sortir des situations les plus inextricables. Presque un super-héros, il est capable de mettre au défi toute une bande de fines gâchettes de réussir à l’atteindre en usant de dons de cavalier hors pair ou de combattre et de venir à bout d’un lion qui terrorisait toute une région. On n’est pas loin de la bande dessinée. L’ouvrage, fort plaisant à lire néanmoins, reste intéressant moins par les rebondissements nombreux que par la description de tribus de bédouins passant leur temps à guerroyer les unes contre les autres, à piller, razzier, rançonner les voyageurs, mais toujours avec courage et panache. Karl May ne cache pas son admiration pour ces gens. Les rôles de méchants sont d’ailleurs toujours tenus par des non-musulmans et en particulier par un Arménien vicieux et retors et par un Grec tout aussi fourbe. Tous se déguisent en bédouins, font illusion aux Arabes, mais pas à Karl May. Si l’on en croit la biographie de Wikipédia, l’auteur n’aurait pas accompli le dixième des voyages qu’il décrit dans ses ouvrages. Si c’est le cas, il s’est bien documenté tant les détails véridiques sont nombreux !

Ma note

3/5

AVENTURESPOLICIER

LE TRAIN PERDU (SOUVESTRE & ALLAIN)

Le résumé du livre

Dans une guinguette des bords de Marne, Beaumôme, Oeil-de-bœuf, Bec-de-gaz et quelques autres apaches et rôdeuses de barrière découvrent qu’un mystérieux personnage semble les espionner depuis un salon particulier du premier étage. Ils s’apprêtent à lui faire un mauvais sort quand ils découvrent que le présumé roussin n’est autre que leur patron, le redoutable Fantômas. Lequel leur propose un nouveau contrat : dérober la rondelette somme de cinq millions de francs convoyée en Angleterre par le prince Vladimir, aristocrate russe, chargé de l’achat d’une île du Pacifique pour le compte d’une principauté d’Europe centrale. Une première tentative échoue lamentablement dans le train menant à Calais. Une deuxième sur le ferry-boat fait flop également. Il faut dire que diverses grèves de dockers et de cheminots compliquent à plaisir la manœuvre des voyous…

Ma critique

« Le train perdu » est un des 44 épisodes des aventures de Fantômas, « le génie du crime, le maître de l’épouvante ». Paru en 1912, ce roman feuilleton parfaitement dans le goût de l’époque rencontra un immense succès sous forme de fascicules vendus 65 centimes (le Livre de Poche avant l’heure). Dans la lignée des Rocambole et autres Arsène Lupin, le héros, sombre incarnation du mal n’a de cesse de faire frissonner de peur les lecteurs de l’époque. Y a-t-il un intérêt à lire aujourd’hui ce genre de texte écrit au kilomètre, quasiment sans relecture, sans le moindre souci de style ? Oui, sans aucun doute, mais pour des raisons différentes des originales. Tout d’abord pour la plongée dans le monde de la Belle Epoque avec toute sa galerie de personnages étranges ou truculents. Ensuite pour l’intrigue délirante, abracadabrantesque, pleine de rebondissements souvent cousus de fil blanc et frisant sans cesse l’invraisemblance. Mais qu’importe ! Le lecteur pourra également mesurer les progrès qui ont été faits en littérature (roman noir, thriller, fantastique) depuis cette œuvre de précurseurs sans prétention qui n’avaient qu’un but : distraire le lecteur et vivre de leur plume.

Ma note

3/5

AVENTURESHISTORIQUEROMAN

LA MALÉDICTION D’IMHOTEP (PHILIPP VANDENBERG)

Le résumé du livre

Au début de l’autre siècle, en Egypte, le jeune Omar Moussa sert de guide et de chamelier aux premiers touristes, anglais le plus souvent, venus visiter le site des Pyramides. Lord Shelley et son épouse Claire, fraîchement débarqués sur les lieux, l’engagent comme serviteur puis comme homme de confiance. Sa première mission consistera à remplacer son maître lors d’une transaction délicate avec un trafiquant de reliques égyptiennes antiques. Il se retrouve assommé et jeté dans un caveau où git déjà une momie. Délivré de façon mystérieuse, les menaces sur sa vie continueront de plus belle. Il échappera à une épidémie de choléra, perd de vue son amie Halima et participera à la recherche frénétique de la sépulture d’Imhotep, constructeur de pyramides, ministre du pharaon Djoser, médecin et thaumaturge hors pair. À son époque, il fut considéré comme un véritable dieu vivant. Omar et Shelley ne sont pas seuls sur l’affaire. Une étrange société secrète, quelques personnages louches et plusieurs membres des services secrets anglais, français et allemands sont aussi sur le coup…

Ma critique

« La malédiction d’Imhotep » est présentée en quatrième de couverture comme « un nouveau thriller archéologique palpitant ». On peut accepter la terminologie « thriller » au vu des quelques meurtres ou assassinats qui parsèment le récit mais pas pour le rythme ni pour le suspens. « Archéologique » sans aucun doute. Nous nous retrouvons dans une sorte de chasse au trésor un peu poussive qui malheureusement ne débouche sur rien. Fin décevante. Comme dans tout bon roman historique, on retrouve des personnages fictifs croisant la route de personnages réels, ici Howard Carter, Lord Carnarvon et quelques autres figures célèbres de l’égyptologie. Le grand événement est la découverte de la sépulture de Toutankhamon. Mais cette partie véridique s’articule assez mal avec le versant romancé qui, au final s’avère assez décevant. Quoique d’une lecture un peu laborieuse, le style est correct mais sans originalité. Au total, un roman d’aventures historiques manquant un peu de panache et d’épaisseur.

Ma note

3/5

AVENTURESROMAN

LE DIAMANT NOIR (PETER MAYLE)

Le résumé du livre

Luciano Bennett, jeune ressortissant britannique implanté depuis quelques années en Provence, habite dans le petit village de Saint Martin-le-Vieux. Georgette, brave femme obsédée par la propreté, s’occupe de son ménage avec une grande conscience professionnelle. À court de perspectives dans l’immobilier, il envoie une petite annonce dans le Herald Tribune comme certains lancent une bouteille à la mer. Il se dit prêt à accepter « tout poste intéressant même si inhabituel, de préférence entre Aix et Avignon ». Un richissime homme d’affaire anglais, Julian Poe, le convie dans son immense propriété et lui propose l’étrange mission de le remplacer pendant quelques mois à Monaco, histoire de tromper le fisc français. Mais une histoire de mallette volée contenant des documents de valeur considérable dans le domaine de la culture de la truffe noire transforme cette incroyable sinécure en véritable cauchemar…

Ma critique

« Le diamant noir » se présente comme un roman d’aventures plus ou moins policières rempli de personnages truculents et plutôt improbables comme une brute napolitaine, un lord plutôt louche, un inquiétant mafieux corse proche des milieux indépendantistes, un moine rubicond, fondateur d’une confrérie bachique, une jeune femme issu des corps d’élite de Tsahal, un garde du corps japonais karatéka d’exception et quelques autres, pas piqués des hannetons. Lire ce livre revient à passer un excellent moment de détente. De nombreuses scènes sont agrémentés de petits traits d’humour british comme autant d’épices relevant une sauce aventureuse rondement menée. Jusqu’à présent, nous avions apprécié le talent de l’auteur pour ses charmants ouvrages sur la Provence (« Le bonheur en Provence », « Une année en Provence », « Provence toujours » et sur la bonne table (« Aventures dans la France gourmande »). Avec cet ouvrage très réussi, nous découvrons une autre facette de son talent, celle d’auteur de fictions picaresques à suspens.

Ma note

4/5

AVENTURESROMAN

LE BON LÉVIATHAN (PIERRE BOULLE)

Le résumé du livre

Un énorme supertanker à propulsion nucléaire baptisé le « Gargantua » est mis à l’eau à Saint-Nazaire dans une ambiance morose pour ne pas dire hostile. Travaillée par les revendications des écologistes, l’opinion publique craint pour les risques liés à son énergie : rejets de déchets, crainte d’irradiation, sans oublier les risques de pollution par marée noire ou dégazage. Le premier voyage vers le Moyen-Orient se déroule partout dans cet environnement de défiance alors que les réacteurs nucléaires ne sont même pas opérationnels. Pour éloigner une flottille de rafiots affrétée par les opposants dirigés par « la boiteuse », meneuse la plus acharnée, le « Gargantua » surnommé le « Léviathan » se sert de ses canons à eau. Et là, un miracle se produit. Copieusement douchée, l’handicapée se remet soudain à marcher sans béquille. Cet événement extraordinaire va complètement retourner l’opinion publique…

Ma critique

« Le bon Léviathan » est un simple roman d’aventures sur fond écologique. Il aurait pu être écrit de nos jours sans avoir à u changer grand-chose. Pierre Boulle y pose le problème de l’acceptation des risques du nucléaire par des esprits travaillés par la crainte d’un danger nouveau et totalement inconnu. L’intrigue finit par se retourner de façon totalement inattendue. Tous les défauts du Léviathan se transforment en qualités comme par magie. Autant on l’avait détesté et craint autant on finit par l’aimer voire par l’idolâtrer ! Dans cette histoire paradoxale, l’auteur peut se permettre d’exercer tout son talent de conteur et tout son humour sarcastique ou ironique. Le vulgum pecus toujours à la recherche de merveilleux et d’irrationnel tout comme l’écologiste fanatique se complaisant dans le catastrophisme en prennent pour leur grade pour le plus grand plaisir du lecteur. Ceci dit, « Le bon Léviathan » nous a semblé un bon titre, mais de loin pas le meilleur du maître !

Ma note

4/5

AVENTURESvoyages

NOUVELLES VAGABONDES (JULIEN LEBLAY)

Le résumé du livre

De juillet 2010 à mars 2012, Julien, 29 ans, et sa compagne Marion, 24 ans, ont parcouru 22 000 kilomètres sur leurs vélos prénommés Teresa et Maïdo soit plus de la moitié d’un tour du monde. Ils ont traversé trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Océanie et visité pas moins de vingt-deux pays. Partis de l’Auvergne, ils ont inauguré leur voyage par une ascension du Mont-Blanc. Il leur a fallu 700 jours pour atteindre leur destination, la Nouvelle-Zélande pour y assister à la coupe du monde de rugby. Un peu partout, ils en profitèrent pour faire la promotion du don de sang. Une transfusion de sang lui ayant sauvé la vie, Julien est particulièrement attaché à cette noble cause…

Ma critique

« Nouvelles vagabondes et autres petites histoires cyclopédiques » n’est pas, comme son modeste titre pourrait le laisser penser, un simple recueil de nouvelles ou d’anecdotes, mais un véritable journal de bord détaillé relatant une expédition hors norme menée par deux jeunes gens courageux. Le texte est vivant et bien écrit et la description de leurs aventures précise et minutieuse. Le lecteur passe allègrement de la pluie suisse, aux roses italiennes puis à l’accueil yougoslave marqué de pauses raki obligatoires alors que celui des Turcs se fait tout aussi chaleureusement, mais avec du thé. La curiosité indiscrète des masses indiennes leur rend la vie particulièrement pénible puis ils goûtent la gentillesse et la tranquillité thaïlandaise, subissent l’ennui laotien, la pauvreté cambodgienne, la déforestation malaisienne, la surpopulation indonésienne, l’immensité australienne et la beauté sauvage de la nature néo-zélandaise. Cet ouvrage permet de revenir sur certaines idées reçues comme celle de la spiritualité indienne ou du « 100% pure New Zealand » respectant l’environnement. Pour rêver au grand vent de l’aventure tout en restant assis dans son fauteuil !

Ma note

3,5/5

AVENTURES

MA VIE EN VAN (FLORENT CONTI)

Le résumé du livre

Florent Conti est un jeune canadien francophone très attiré par une vie hors normes. Déjà à 22 ans, au sortir de sa grande école, il refuse d’assister à la fête de remise des diplômes. Puis, après trois années de travail classique en open-space, il donne sa démission et décide de tout quitter et de partir découvrir le continent à bord d’un van. Etant cinéaste et musicien (il joue fort bien de la guitare et du banjo), il compte vivre de contrats épisodiques et de woofing. Il s’est constitué un petit pécule pour les coups durs. Et le voilà parti vivre à plein temps à bord d’un Dodge 1997 Roadtrek d’occasion. À lui les immensités du Canada, la liberté, en un mot la retraite à 25 ans ! Très vite, il se fait connaître par ses reportages postés sur Youtube où il est suivi par plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Ma critique

Bien que classable dans la catégorie « Voyages et aventure », « Ma vie en van » se présente un peu comme un livre hybride. En effet, la première partie qui représente environ la moitié du livre est consacrée à sa philosophie de la vie, aux raisons qui l’ont poussé à opter pour cette vie de bohème minimaliste. La seconde partie est constituée du journal de bord de sa première année de vie en van. On y découvre un Florent qui quitte une petite amie plus toxique qu’autre chose, qui se pose plein de questions et semble en perpétuelle recherche de lui-même. Dans l’ensemble un ouvrage bien écrit, très agréable à lire (il se dévore en deux petites après-midis) qui permet de mieux connaître le sympathique Youtuber même s’il n’entre que très peu dans les détails de ses périples ni dans les côtés techniques et pratiques de ce mode de vie nomade. Avec une grande franchise et une totale sincérité, Florent Conti met le doigt sur le malaise qui ronge plus ou moins tous les représentants de la jeunesse actuelle tiraillée entre l’être et l’avoir qui découvre que tout ce qu’on possède enchaine sans vraiment satisfaire et que pour vivre heureux, il vaut mieux vivre légers…

Ma note

4,5/5

AVENTURESROMAN

JEAN VILLEMEUR (ROGER VERCEL)

Le résumé du livre

Seul maître à bord après Dieu, Jean Villemeur, capitaine très respecté du Vulcain, robuste chalutier au long cours, emmène son épouse Hélène et son fils Jean jusqu’à Boulogne, port de départ de sa nouvelle campagne de pêche prévue pour durer quatre longs mois. Sa femme doit y retourner à terre. Il espère que son fils en fera autant, car il ne souhaite pas qu’il prenne sa suite dans ce métier de marin pêcheur ingrat et difficile. Mais le jeune s’obstine et impose sa présence à bord. L’ennui c’est que le métier ne rentre pas. Il souffre atrocement du mal de mer et n’arrive pas à trouver le moindre intérêt pour la pêche au chalut. Arrivés en vue de l’Islande, il leur faut y faire escale pour permettre à un matelot de se faire soigner les dents. Villemeur voudrait en profiter pour y laisser son fils qui pourrait ainsi rentrer en France au plus vite. Mais celui-ci refuse à nouveau…

Ma critique

« Jean Villemeur » est un roman maritime datant de 1950. Malgré l’outrage des ans et un style précis mais un peu ampoulé, il reste intéressant à lire même aujourd’hui, à la fois à titre de document sur les conditions de vie des marins-pêcheurs de l’autre siècle mais aussi pour l’histoire finement contée qui se développe en huis-clos, à bord du Vulcain. L’intrigue a quelque chose d’un antique drame qui s’établit graduellement, par petites touches, pour exploser dans les dernières pages de façon aussi logique que tristement humaine. Le héros, Jean Villemeur, est une sorte d’archétype de capitaine solitaire, fier, dur à la peine, peu causant, mais admiré de son équipage. L’obstination du fils qui est loin d’avoir la carrure et la fermeté de son père, ne s’explique elle aussi qu’en toute fin. Un ouvrage sur la mer, intéressant et émouvant, à classer avec ceux de Conrad, Melville ou Quéffelec.

Ma note

4/5

AVENTURESSCIENCE-FICTION

LE DOCTEUR OMÉGA (ARNOULD GALOPIN)

Le résumé du livre

Retiré dans son cottage normand, le violoniste Denis Borel est témoin d’un incident surprenant. Il aperçoit un éclair suivi d’une énorme explosion en provenance d’une propriété voisine, celle du docteur Oméga. C’est son laboratoire de recherches qui vient d’exploser dans la nuit ! Le lendemain, Denis tente de rencontrer l’étrange personnage qui souffre d’une sulfureuse réputation dans toute la région. Il découvre que l’homme travaille sur la gravité des métaux. Il aurait même réussi à en produire un si réfractaire à la pesanteur qu’il pourrait permettre de s’élever tout seul jusqu’à l’espace. Il l’a appelé « Répulsite ». Il veut s’en servir pour fabriquer un engin en forme d’obus lui permettant d’atteindre rien moins que la planète Mars. Il propose à Denis de l’accompagner dans cette extraordinaire expédition.

Ma critique

« Le docteur Oméga », publié en 1906, est un roman d’aventures et de science-fiction tout à fait charmant et fort agréable à lire, même aujourd’hui. Le style est excellent, l’écriture impeccable. Ah ! Comme on savait bien écrire au début de l’autre siècle ! Comme la langue était belle, fluide et précise ! Assez proche de celle de Jules Verne, l’inspiration de Galopin profite d’une imagination débordante bien qu’un peu naïve. Il faut dire que les connaissances scientifiques de l’époque étaient moins développées que celles de maintenant. Et pourtant, on se régale en découvrant tout ce qui arrive à ce malheureux équipage. Tous les éléments de la future science-fiction sont déjà là : le voyage dans l’espace avec rencontre d’astéroïde, l’environnement hostile de la planète Mars avec une kyrielle d’animaux plus monstrueux les uns que les autres, et, comme point d’orgue, les démêlés avec les Martiens (décrits presque comme l’homme de Roswell) qu’il ne faut pas raconter pour ne pas déflorer une intrigue aussi foisonnante que passionnante car riche en rebondissements et incidents de toutes sortes. À lire pour découvrir quel génial précurseur fut ce prolifique auteur français un peu oublié.

Ma note

4,5/5

AVENTURESFANTASTIQUE

LE JOYAU DES AMAZONES / BLACK IRBIS 2 (MATT SNOW)

Le résumé du livre

Emily Minerald, quinze ans, et son ami Frédéric sont deux lycéens orphelins qui, faute d’avoir connu leur passé, rêvent de se bâtir un avenir. Un jour, Emily est invitée par une société secrète, les « Albescens Veritas », lesquels se réunissent dans une cachette et lui proposent de lui apprendre les arcanes de la sagesse et de la tolérance. Elle fait la connaissance du charmant Jonathan Leduc. Mais bientôt, les méchants Ourobouros attaquent les gentils Albescens. Frédéric est blessé. Jonathan découvre son vrai visage. Quant à Emily, elle est capturée, envoyée en Allemagne, gardée prisonnière puis déportée sur une île mystérieuse à des milliers de kilomètres…

Ma critique

« Le joyau des Amazones », contrairement à son sous-titre qui pourrait faire penser à une suite de « La panthère des brumes », est un roman d’aventures et de fantaisie avec des personnages jeunes, ce qui donne envie de le classer dans la littérature ados. L’intrigue est bien menée, pleine de rebondissements, nettement moins répétitive que l’autre opus. L’auteur a multiplié les allusions et autres rappels de diverses mythologies avec une prépondérance pour la grecque, ce qui n’est pas désagréable et donne une touche d’originalité dans un genre plutôt axé sur un Moyen Âge ou une Préhistoire fantasmée. Il revisite également l’Atlantide, la légende des Amazones et quelques autres mythes. Le style est agréable en dépit de petites faiblesses de-ci, de-là. Le caractère des personnages n’est pas très nuancé avec des bons très gentils et des méchants très mauvais. L’ensemble a un petit côté BD qui aurait pu agacer. Mais la qualité du style, le rythme de la narration (beaucoup et peut-être trop de dialogues, fort peu de descriptions) et l’originalité de l’histoire emportent finalement l’adhésion.

Ma note

3,5/5

AVENTURESFANTASTIQUE

LA PANTHÈRE DES BRUMES / BLACK IRBIS 1 (MATT SNOW Y)

Le résumé du livre

A New-York, Lyona surnommée Lady Uncia ou Black irbis, est une mercenaire qui accepte de remplir diverses missions en échange de fortes sommes d’argent. Quand elle ne sert pas de garde du corps pour des célébrités, elle s’introduit dans un building pour y voler une clé USB pour le compte d’un commanditaire concurrent. Elle se considère comme une « Dominatrix »… De son côté, le narrateur se pose beaucoup de questions sur le « Noir », le mal, le côté sombre, ténébreux de l’âme humaine. Il fréquente des vampires qui, au premier abord, lui semblent des gens quasiment normaux.

Ma critique

« La panthère des brumes » est plus un roman d’aventures qu’un véritable roman de science-fiction, fantaisie ou même fantastique. L’intrigue est malheureusement très répétitive. L’héroïne entre par effraction dans un immeuble, s’empare d’un document quelconque et se retrouve aux prises avec des kyrielles de sbires qu’elle liquide un à un en se servant de son arme secrète, le mystérieux rayon bleu. Aucune progression dramatique, mais une suite de séquences de jeu vidéo. Une superwoman digne d’un James Bond en jupons en lutte contre de machiavéliques forces des ténèbres dont le lecteur ne comprend pas bien les motivations. Une histoire genre BD Marvel simpliste. Le style de l’auteur n’est pas désagréable en dépit de certaines faiblesses. Ce premier tome en annonce un second qu’on espère mieux construit et plus captivant. Quoi de plus lassant qu’une longue suite d’escarmouches et de bagarres dont on connait d’avance l’issue ?

Ma note

2,5/5

AVENTURESPOLICIER

RETOUR À SHANGRI-LA (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

En exil depuis des années aux Etats-Unis, le vieux général Teng Tao, chef de la rébellion des Méos du Laos cherche à organiser un coup d’état dans son pays. Il s’agit de s’emparer du pouvoir à Vientiane en se débarrassant de la dictature communiste qui y règne depuis l’abandon des Américains à la fin de la guerre du Viet-Nam. Tao espère profiter d’un changement d’attitude de la CIA, laquelle commence par lui faciliter la tâche pour l’approvisionnement en armes de ses combattants. Pour mener à bien sa tentative, il compte également sur la passivité naturelle des Laotiens et surtout sur l’usure d’un régime au bout du rouleau. Malko Linge se retrouve à devoir faciliter la tâche du général en se faisant passer pour un marchand d’armes nommé Max. Mais il sait très bien que la tâche va être tout sauf aisée…

Ma critique

« Retour à Shangri-La » est un roman d’espionnage et d’aventures basé sur un complot mené sous fausse bannière dont les services secrets américains sont friands. Gérard de Villiers, en fin connaisseur de la situation du Sud-Est asiatique, nous entraine dans cette histoire pleine de coups tordus qui donne une bonne idée des capacités américaines en matière de trahison. Cet ouvrage a surtout le mérite d’évoquer le long calvaire des Méos, peuple fier et courageux, harkis de l’Asie, sacrifié deux fois sur l’autel de la « real politik ». Comme à son habitude, Villiers entrelarde son récit de scènes de sexe particulièrement torrides qui apportent un brin de piment mais sont loin d’être d’un intérêt exceptionnel.

Ma note

3/5

AVENTURES

COMPAGNONS DE PLONGÉE (DIOLE & COUSTEAU)

Le résumé du livre

À la fin de l’hiver 1967, la « Calypso » se retrouve au sud de l’Océan Indien, en route vers le Cap. Cousteau et son équipe explorent l’île Bird, refuge d’une impressionnante colonie de fous de Bassan, puis l’île Sainte-Croix, abritant de nombreux manchots. Le 29 février, elle croise devant l’île Geyser qui est le domaine particulier des otaries. Les mauvaises conditions météorologiques et les nombreuses autres missions prévues obligent le commandant à quitter prématurément les lieux, non sans devoir prendre une décision difficile : capturer deux otaries prénommées « Pepito » et « Christobald » qui seront « apprivoisées » avec plus ou moins de réussite.

Ma critique

« Compagnons de plongée » est le récit très vivant d’une expédition maritime entre l’Océan Indien et le détroit de Béring avec traversée de l’Atlantique (escale à Sainte-Hélène), passage du canal de Panama et finalement, remontée du Pacifique avant d’atteindre les glaces de l’Arctique. L’intérêt de cet ouvrage édité en 1974 est autant écologique que biologique. Cousteau s’intéresse tout particulièrement à la faune : oiseaux, otaries, morses, éléphants de mer avec une légère prédilection pour ces derniers. Il cherche déjà à alerter l’opinion publique sur les atteintes à l’environnement. Lire ce livre aujourd’hui permet de mesure le chemin parcouru (certains diraient en direction de la grande catastrophe…). La rencontre finale avec de véritables esquimaux vivant encore de manière traditionnelle et chassant dans leurs embarcations carénées en peau de morse femelle en est l’exemple le plus frappant. À noter également une abondance de belles photos en couleur. Cet ouvrage fait d’ailleurs partie d’une importante série, véritable encyclopédie de la mer, la collection « Odysée ».

Ma note

4,5/5

AVENTURESTEMOIGNAGE

L’HOMME QUI MARCHE (JEAN BELIVEAU)

Le résumé du livre

Le 18 août 2000, Jean Béliveau quitte le Québec avec 4000 $, un petit tricycle à bagages et le rêve fou de faire le tour du globe à pied. Quelque 75 500 km, 4077 jours et 64 pays plus tard, le marcheur de 55 ans termine son incroyable voyage. Après une marche de 11 ans et 2 mois, Jean Béliveau rentre à Montréal, le 16 octobre 2011. Tout avait commencé par une terrible tempête de glace et le ralentissement de son affaire d’enseignes lumineuses. Puis une lente dépression et un jour, pendant un jogging, cette question : « Combien de temps lui faudrait-il pour rejoindre New-York, le Texas, le Mexique en courant ? Très vite, sa décision est prise. Plutôt que de se suicider, il va partir traverser les cinq continents. Et là, il a senti la force se répandre en lui…

Ma critique

« L’homme qui marche » est le récit d’une expédition hors norme, d’un voyage au bout de soi-même, aux confins de la solitude et de la folie. Combien de traversées de déserts, combien de souffrances, de peines, de larmes mais aussi de rencontres, d’accueil, d’entraide, de solidarité de la part d’inconnus rencontrés un peu partout. Le lecteur découvrira nombre de pays sous un aspect bien différent que celui renvoyé par les médias. Une Afrique du Sud bien éloignée du mythe de la nation arc-en-ciel, une Egypte où des patrouilles de police l’escortent tout au long de son périple, mais aussi un Iran hospitalier et chaleureux dans lequel les jeunes sont curieux de tout ce qui se passe en dehors de leurs frontières. Sans parler des « sauts de puce » obligatoires pour raisons de conflits ou de situations politiques délicates comme l’impossible traversée de la Libye, de l’Afghanistan ou du Pakistan. Un ouvrage bien écrit, passionnant, magnifique, qui se dévore littéralement en laissant un peu le lecteur sur sa faim. Il comprend que l’auteur ait dû condenser onze années de vie intense en 247 pages et ait dû élaguer. Un cahier avec quelques photos aurait été le bienvenu également.

Ma note

4/5

AVENTURESEXPLORATIONS

FLEUR AUSTRALE (GÉRALDINE DANON)

Le résumé du livre

Le 1er juin 2010, « Fleur australe » après avoir traversé l’Atlantique, remonté vers le Groenland et réussi le passage du Nord-Ouest en 2009 (narré dans les précédents ouvrages), repart pour une expédition dans le Pacifique. Leur but, les îles Marquises (escale à Hiva-Oa), puis les Tuamotu, l’archipel de la Société (Tahiti, Moorea, Bora-Bora), les îles Australes et les îles Gambier. À son bord, le skipper Philippe Poupon, Géraldine, son épouse, ex-actrice et narratrice, leurs quatre enfants âgés de deux à treize ans, deux équipiers servant également d’instituteur et de nounou sans oublier Beti, leur chienne Jack Russell qui aura des petits pendant le voyage…

Ma critique

« Fleur Australe » est le récit très vivant et très honnête d’une croisière qui n’a rien d’une partie de plaisir. Le bateau essuie des tempêtes, des vents contraires, le pot au noir. Les enfants et les équipiers souffrent du mal de mer. Géraldine tombe à l’eau et n’est pas loin de se noyer et pour finir, tous échappent à un redoutable tsunami qui fera de gros dégâts aux Marquises. Géraldine Danon sait parfaitement rendre l’ambiance à bord, souvent électrique du fait de la promiscuité et du manque d’intimité, et joliment décrire les décors sublimes de ces endroits paradisiaques. De plongées dans des eaux aussi cristallines que poissonneuses, d’observation des baleines, dauphins et requins en invitations diverses et variées chez les nombreux amis du couple, ce voyage est une mine de découvertes et d’apprentissages pour les enfants et, par la même occasion pour le lecteur qui s’offre ainsi une jolie part de rêve et d’aventures. Aussi agréable à lire que les ouvrages d’Antoine ou du célébrissime Moitessier. Un seul regret : l’absence d’un album photo dans la version poche.

Ma note

4,5/5

AVENTURESESSAIS

LE MONDE EST MON PAYS (ANDRÉ BRUGIROUX)

Le résumé du livre

Perpétuel voyageur, André Brugiroux, surnommé le pape des stoppeurs ou des routards, a passé la totalité de son existence à voyager en auto, bateau ou avion-stop dans le monde entier. Il peut se targuer d’avoir visité l’ensemble des pays du monde et même des territoires aussi improbables que l’archipel des Chagos ou aussi impénétrables que l’Arabie Saoudite, le dernier trophée qu’il accrocha à son palmarès. Né en 1937, il démarra son périple en 1955 en refusant de payer pour quelque hébergement que ce soit et en se limitant à un budget d’un seul dollar par jour. Et il y parvint. Au terme de 18 années d’aventures autour de la planète, il cumula 400 000 km parcourus et pas moins de 135 pays traversés. Fort de ce premier exploit, il monta un film, donna de nombreuses conférences qui lui permirent de continuer sur sa lancée et, au fil des années, des opportunités, des hasards et des rencontres, d’ajouter de nouvelles destinations jusqu’à atteindre récemment son but ultime…

Ma critique

« Le monde est mon pays » n’est pas à proprement parler un récit de voyage mais plutôt une réflexion sur un retour d’expérience. Brugiroux n’ayant pas tout raconté ni dans son premier opus « La terre n’est qu’un seul pays », ni dans son précédent « L’homme qui voulait voir tous les pays du monde », ajoute diverses anecdotes en les classant par thèmes : le rêve impossible, la peur de l’inconnu, les règles de l’art, le stop, la solitude, la Providence et bien sûr, la quête spirituelle. Brugiroux s’envisage avant tout comme un missionnaire, c’est-à-dire un homme chargé d’une mission, celle de propager les idées du baha’isme, religion qui prône la paix universelle par une sorte de syncrétisme général et grâce à un gouvernement mondial éclairé. Le livre est fort intéressant et très bien écrit (le globe-trotter a bénéficié de l’aide d’un journaliste, Jérôme Bourgine). Dommage qu’il y ait tant de redites. Un grand nombre d’histoires ont déjà été racontées dans les précédents ouvrages d’où une impression de radotage un peu lassante.

Ma note

3/5

AVENTURESEXPLORATIONSTEMOIGNAGE

L’HOMME QUI VOULAIT VOIR TOUS LES PAYS DU MONDE (ANDRÉ BRUGIROUX)

Le résumé du livre

S’il est un homme qui peut se targuer d’avoir réalisé, adulte, tous ses rêves d’enfant, c’est bien André Brugiroux. Surnommé « le pape des routards », il a d’abord bouclé en dix-huit ans d’auto-stop, bateau-stop et autres subterfuges peu onéreux, un incroyable tour du monde. Puis au fil des ans, des occasions et des conférences, il a réussi à poser son sac dans presque tous les pays du monde. Seule, l’Arabie Saoudite s’est longtemps refusée à lui, mais, il a réussi récemment, grâce à un concours de circonstances quasi miraculeux, à accrocher ce dernier trophée à son tableau de chasse de globe-trotteur ! Et tout ça, à raison d’un seul dollar par jour, sans jamais devoir payer pour coucher à l’hôtel (sauf quand c’était absolument obligatoire comme en URSS ou en Corée du Nord), sans se munir du moindre canif (en signe de non-violence assumée), ni d’une simple gourde même en plein désert (pour toujours devoir s’en remettre au bon vouloir de l’Autre).

Ma critique

« L’homme qui voulait voir tous les pays du monde » est un témoignage passionnant et époustouflant de toute une vie passée sur les chemins dans une quête assez unique de cette totalité de voyages qui vise le Livre des Records et frise un tantinet la monomanie. En effet, il reste à Brugiroux un lieu non visité, les îles Chagos, base militaire US vidée de ses habitants. Lire ces aventures permet d’apprendre pas mal de choses sur la réalité de pays dont le lecteur n’a souvent qu’une idée faussée par la présentation tendancieuse qu’en font nos médias. Que de péripéties, que de dangers, que de rebondissements, que de souffrances pour arriver à pareil résultat. L’auteur en tire la leçon suivante : « La terre n’est qu’un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens », précepte proclamé par Bahà’u’llàh, fondateur d’une religion universelle dérivée de l’Islam et prônant un idéal de paix par la gouvernance mondiale. Ouvrage que l’on conseillera aux amateurs d’aventures loin des sentiers battus touristiques, aux rêveurs de grands espaces, tout en se permettant deux petits reproches. Bien des lieux mériteraient de plus amples développements. L’auteur aurait pu en profiter pour réduire la durée de ses prêchi-prêcha baha’istes un brin lassants. L’enfer « mondialiste » est pavé de si bonnes intentions…

Ma note

4/5

AVENTURES

LE MONDE EN STOP (LUDOVIC HUBLER)

Le résumé du livre

Le 1er janvier 2003, fraîchement émoulu d’une école de commerce, Ludovic Hubler, 25 ans, décide de se lancer dans un tour du monde en auto-stop (et même en bateau-stop pour franchir mars et océans) au départ de Val d’Isère. Il prévoit d’y consacrer au maximum deux années. En réalité, il lui en faudra cinq pour boucler son incroyable périple. 170 000 kms seront parcourus. 59 pays seront traversés, les plus accueillants comme les plus dangereux, les plus ouverts à cette pratique comme les plus fermés. Il visitera tous les continents y compris l’Antarctique, traversera des déserts brûlants ou glacés et donnera des centaines de conférences un peu partout, mais principalement aux Etats-Unis où il séjournera une année entière. Ce tour du monde qui fait un peu l’impasse sur une grande partie de l’Afrique noire et sur l’immense fédération de Russie ne sera possible que grâce à l’amabilité de 1300 conducteurs de véhicules de tous pays (excepté la Corée du Nord), d’une dizaine de marins et de centaines d’hébergeurs trouvés le plus souvent sur deux sites internet (« Couchsurfing » et « HospitalityClub).

Ma critique

« Le monde en stop » est le récit de voyage en stop le plus extraordinaire que nous ayons lu depuis le fameux « La terre n’est qu’un seul pays » d’André Brugiroux. Il se présente sous la forme d’un pavé de 566 pages qui se lit comme un roman et qui aurait pu en comporter le triple sans aucun problème. Certains pays sont longuement décrits, d’autres trop vite survolés et là, le lecteur reste un peu sur sa faim. Que de choses on apprend en lisant cet ouvrage, que de clichés véhiculés par les médias toujours à l’affût du sensationnel ne doit-on pas corriger ! Un seul exemple : il est un pays où le culte de la personnalité est encore bien pire qu’en Corée du Nord, c’est le Turkménistan. Le saviez-vous ? En fin d’ouvrage, l’auteur mesure la chance qu’il a eu de rencontrer tant de bonnes personnes et d’échapper à la plupart des dangers (les FARC en Colombie, les Talibans en Afghanistan, les zones militaires interdites au Tibet ou de conflits dans de nombreux endroits, tous traversés sans incident majeur). Sans être obligé d’adhérer aux idées pour le moins utopiques de paix et de fraternité universelle, d’abolition des frontières et de globalisation heureuse prônées par l’auteur ni même à ses rêves d’universalisme et de syncrétisme religieux, le lecteur appréciera la plume alerte, le témoignage honnête et sincère et surtout le grand vent de liberté qui souffle dans ces pages magnifiques.

Ma note

4,5/5

AVENTURES

SANS UN SOU EN POCHE (BENJAMIN LESAGE)

Le résumé du livre

A l’issue de ses études à La Haye dans le cadre d’Erasmus, Benjamin Lesage décide de partir sur les routes sans un sou en poche. Il est accompagné par un Italien, Nicola et un Allemand Raphaël, tous convaincus que l’on peut vivre sans argent dans un esprit de don et de partage. Ils traversent la France et l’Espagne en stop, se font offrir le passage vers le Maroc puis celui vers les îles Canaries où ils restent des semaines avant de trouver un skipper qui accepte de leur faire traverser l’Atlantique. Arrivés au Brésil, ils passeront par la Guyane, le Surinam, la Colombie, tous les pays d’Amérique Centrale et arriveront finalement au Mexique, but de leur périple toujours en faisant de l’autostop. Au total, 10 mois sur les routes, 24 000 km parcourus. 270 véhicules empruntés dont cinq bateaux. Des dizaines de nuit à la belle étoile, sur les trottoirs, chez les pompiers, dans les hôpitaux ou chez de rares particuliers bienveillants. Ils ont dépensé en tout moins de cent euros pour les visas, passeports et taxes. Une aventure hors du commun.

Ma critique

« Sans un sou en poche » se présente comme un récit de voyage tout à fait atypique. Quelle idée folle de vouloir voyager sans dépenser un sou ! Tous ceux qu’ils rencontrent sur leur chemin leur disent qu’ils sont fous. Mais eux veulent vivre fauchés pour vivre libre. Magnifique projet mais réalisation difficile. Benjamin se fera voler toutes ses affaires et tous ses papiers. Nicola partira assez vite. Raphaël sera rejoint par sa compagne. Benjamin verra la sienne le rejoindre en fin de parcours pour repartir rapidement. Il parcourra d’ailleurs seul et sur un vélo donné les derniers 1500 km avant Mexico. Un livre passionnant, bien écrit, qui se dévore et donne à réfléchir sur nos modes de vie et de consommation, ainsi que sur notre impact sur les ressources de notre planète.

Ma note

4,5/5

AVENTURESEXPLORATIONS

EN AVANT, CALME ET FOU (SYLVAIN TESSON ET THOMAS GOISQUE)

Le résumé du livre

Avec quelques amis et l’aide de divers mécaniciens autochtones, Sylvain Tesson a parcouru la Chine, la Mongolie, le Népal, l’Inde, l’Asie du Sud-Est, les steppes et déserts africains ou d’Amérique du Sud sans oublier la Sibérie, le lac Baïkal gelé et bien d’autres lieux exotiques aussi sauvages qu’improbables. Ne pouvant être ni lansquenet, ni Robin des Bois, ni grognard de Napoléon et encore moins cavalier de Gengis Khan, il retrouve un peu de cet esprit de liberté en chevauchant des motocyclettes de diverses marques, comme des Moto-Guzzi, des Oural, des Royal-Enfield, des BMW et même des side-cars bricolés. Il en tire toute une esthétique de la bécane qu’il illustre de citations diverses et de réflexions plus ou moins philosophiques ou poétiques.

Ma critique

« En avant, calme et fou » est plus un album-photo à la gloire de l’aventure en deux ou trois roues qu’un véritable récit d’expéditions en forme de carnet de bord ou de compte-rendu. Sylvain Tesson, qui fut un de mes aventuriers préféré avec son comparse Alexandre Poussin, a un peu vieilli. Plus d’escalade, plus de trekking à pied, plus de VTT, mais des engins à moteur pétaradant et tombant plus d’une fois en panne et des caisses de vin de Bordeaux à l’étape. La part du lion est attribuée aux photos, fort belles et insolites d’ailleurs, de Thomas Goisque. On regrette que les commentaires soient si squelettiques et si peu précis. Tesson en reste à des notes prises à l’étape sans souci du contexte. Pour s’y retrouver ne reste au lecteur que la table des illustrations en fin de volume qui seule précise le lieu, la date et l’engin piloté. On regrette un peu les vrais récits de voyages et d’aventures des débuts !

Ma note

3/5

AVENTURESROMANCE

SARA DANE (CATHERINE GASKIN)

Le résumé du livre

En juin 1792, Sara Dane, 18 ans, se retrouve dans un groupe de déportées au fond de la cale du « Georgette », en route pour Botany Bay sur la côte sud de l’Australie qui n’est alors qu’une colonie pénitentiaire aussi pauvre que désolée. Un riche passager du bateau nommé Ryder perd sa domestique victime des fièvres. Comme son épouse ne peut se passer des services de celle-ci, Ryder demande au capitaine de pouvoir disposer de Sara Dane qui a déjà exercé cette charge en Angleterre dans la famille d’un pasteur. Les charges retenues contre la jeune fille, le simple vol de trois guinées et d’une bague, étant des plus réduites, le capitaine accepte…

Ma critique

« Sara Dane » se présente comme un roman d’aventures avec arrière-fond historique. L’auteure a su faire en sorte que la romance et les péripéties sentimentales de l’héroïne n’occupent pas tout l’espace. Ainsi évite-t-elle l’écueil « Harlequin ». Sara est un personnage de femme aussi exceptionnelle qu’admirable. Partie du plus bas de l’échelle sociale, trainant un lourd passé et une condamnation injuste, elle saura, avec un courage immense, remonter la pente et arriver au plus haut niveau de la société. L’auteur nous raconte une vie extraordinaire faite de magnifiques réussites matérielles et de tragédies terribles comme la mort tragique de ses deux maris et de l’un de ses fils. Les péripéties ne manquent pas : révolte des bagnards, incendies, inondations, etc. Livre très bien écrit, particulièrement intéressant pour son volet historique (la colonisation de l’Australie fut loin d’être une partie de plaisir) et pour son intrigue bien ficelée. Cocktail réussi. À conseiller.

Ma note

4/5

AVENTURES

L’APPEL DU LOUP (RONALD DOUGLAS LAWRENCE)

Le résumé du livre

Dans le grand Nord, une meute de loups poussée par la faim se rapproche d’une ferme et tue quelques animaux domestiques. La riposte des humains ne se fait pas attendre. Elle tourne au carnage. Seule survivante, une louve repart vers le Nord, finit par rencontrer un autre loup et mettre bas trois louveteaux dont l’un, plus faible, meurt très vite. Les deux survivants sont une louvette et un louveteau nommé Patte d’Argent. Jeune et vigoureux, il aime à vagabonder et finit par tomber dans un piège tendu par Morgan, un trappeur des plus frustres. Prisonnier dans une cage de fer, le jeune loup découvre la captivité, la rage et le désespoir. Il profitera d’un moment d’inattention de son geôlier pour se venger de l’affront subi avant de reprendre sa liberté.

Ma critique

« L’appel du loup » est un roman animalier dans lequel les loups ont le tout premier rôle. Grand spécialiste de ceux-ci, Ronald D. Lawrence décrit minutieusement leurs habitudes, leurs comportements, leurs modes de vie et les rapports hiérarchiques à l’intérieur du groupe. Pas une chasse, pas une attaque de daim, élan, mouffette et même de porc-épic n’est épargnée au lecteur qui peut ressentir une certaine lassitude due à la répétition de scènes de prédation toutes semblables. La rencontre avec l’homme est plus intéressante, plus dramatique et vire même à la tragédie. Le maître de la création n’a pas le beau rôle. C’est lui aussi un prédateur, mais sans foi ni loi, qui ne pense qu’au profit immédiat et n’a pas le moindre souci de la souffrance animale. Un livre passionnant et documenté quoique de lecture un peu laborieuse pour les amateurs de nature sauvage et de vie animale. La fin sous forme de « happy end » est un peu décevante quand même.

Ma note

3/5

AVENTURES

L’ENFANT DES SEPT MERS (PAUL-LOUP SULITZER)

Le résumé du livre

Kaï O’Hara est un jeune métis sino-irlandais d’une quinzaine d’années, hyper athlétique et de caractère bien trempé. Il représente la douzième génération d’une longue lignée d’écumeurs des mers du sud. Il quitte son père adoptif pour aller vivre la vie de corsaire de son père et de son grand-père. Pourchassé par divers pirates – dont le terrible Archibald – qui veulent tous lui dérober les sept sapèques d’or de son petit héritage, il se réfugie chez les Dayaks de la mer, terribles coupeurs de têtes et éternels alliés de sa famille. Ceux-ci vont l’aider à récupérer le Nan Shan, goélette ultra-rapide sur laquelle s’illustra son célèbre grand-père Cerpelaï Gilo, et constituer son équipage…

Ma critique

« L’enfant des sept mers » est un roman d’aventures maritimes qui se voudrait dans l’esprit de ceux de Jules Verne voire de Stevenson. Les innombrables péripéties sont un peu rocambolesques et assez peu vraisemblables. Le héros principal, sorte de cocktail entre Tarzan et Mowgli (les références au livre de la jungle abondent), est si plein de qualités morales et guerrières qu’il confine au personnage de bande dessinée. C’est encore plus flagrant pour les personnages secondaires tels l’oncle Ka, la grand-mère ou la grande bringue qui deviendra son épouse. Clichés et poncifs sont si nombreux que l’intrigue en arrive à une caricature du genre. Les amateurs apprécieront peut-être. Les lecteurs plus exigeants considéreront que cet ouvrage n’est pas le meilleur du prolixe auteur et soupçonneront même d’être en présence d’une simple production « alimentaire ».

Ma note

2,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

LE CAPITAINE (JAN DE HARTOG)

Le résumé du livre

Le jeune capitaine hollandais Martinus Harinxma se voit attribuer le commandement de l’« Isabel Kwel » le plus gros remorqueur, le vaisseau-amiral de la flotte de la société Kwel. Il a d’abord pour mission de remorquer des péniches en Mer du Nord pour les mettre en sécurité en Grande-Bretagne au tout début de la Seconde Guerre Mondiale. Sa mission est des plus délicates. Les sous-marins allemands qui pullulent dans ces eaux prennent un malin plaisir à envoyer par le fond tous les vaisseaux qu’ils rencontrent. Au début, Martinus est plutôt chanceux. Mais les ennuis commencent quand son chef mécanicien se suicide en se tirant une balle dans la tête dans sa cabine et quand son remorqueur est réquisitionné pour escorter des convois de vivres et de munitions à destination du port de Mourmansk.

Ma critique

« Le capitaine » est un roman maritime de fort belle facture rempli de combats inégaux et meurtriers minutieusement décrits. Les convois que Martinus escorte servent même d’appât pour essayer de tendre un piège au fameux cuirassé « Tirpitz ». Tout bascule très vite dans le drame, la tragédie et le carnage. Le lecteur réalise avec cette histoire désabusée qu’entre l’héroïsme et la pleutrerie la frontière est des plus ténues. Cet ouvrage pétri d’humanité et proche du témoignage vécu révèle des hommes attachants, courageux ou lâches et même tantôt lâches et tantôt courageux. Sans oublier un tout dernier rebondissement très bienvenu à la fin. À conseiller aux amateurs du genre. Jan de Hartog est de la lignée des Melville, Vercel et autres Conrad.

Ma note

4/5

AVENTURESROMANCE

LE DRAGON DES MERS (LAURIE MAC BAIN)

Le résumé du livre

Au printemps 1769, le capitaine Dante Leighton, à bord de son vaisseau « Le dragon des mers », brigantin construit à Boston et longtemps armé par les Anglais pendant la guerre de Sept Ans, écume les mers des Antilles en compagnie de son équipage d’une dizaine d’hommes fidèles. Tous se sont reconvertis dans les trafics et la contrebande et sont à la recherche d’un trésor caché dans les cales d’un galion espagnol coulé au large des côtes de Floride. Pendant ce temps, une aristocrate vénitienne d’origine anglaise, surnommée « La Rose Triste », rentre en Angleterre avec la ferme intention de se venger de sa famille, les très puissants Dominick. Elle enlève la très jeune et très belle Rhea Claire, fille du duc Lucien et la vend à un marin qui l’enferme dans les soutes d’un navire en partance pour les colonies américaines…

Ma critique

« Le dragon des mers » est un roman d’amour et d’aventures sur fond historique. Tous les ingrédients du roman de cape et d’épée sont réunis. Les haines rancies, les rebondissements et autres péripéties ne manquent pas, même si l’auteur a laissé la part belle au sentimental avec cette histoire d’amour très clichée entre un pirate blasé et une princesse plutôt oie blanche. L’intrigue regroupe la plupart des poncifs du genre. On se croirait dans un des épisodes de la série des « Angéliques ». Les personnages sont tous très typés. Dante est beau, chevaleresque, d’une noblesse désargentée et tombée dans la débine. Rhea est belle à damner un saint et fort naïve. La tante kidnappeuse est diabolique à souhait. Quant aux personnages secondaires, ils sont exactement comme on s’imagine un équipage de pirates ou une famille de la noblesse anglaise du XVIIIème siècle version ciné ou BD. Au total, un ouvrage agréable et bien écrit mais sans grande originalité. Même le « happy end » est attendu, c’est dire. À réserver aux romantiques et autres amateurs du genre « fleur bleue ».

Ma note

3/5

AVENTURESHISTORIQUETERROIR

LE GRAND SILLON (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du livre

À Panama, débute un chantier gigantesque, titanesque même, celui du fameux canal de Ferdinand de Lesseps. Flairant la bonne affaire, Martial et Romain se lancent vaillamment dans l’aventure. Ils équipent leur société de puissantes dragues et d’énormes excavatrices et offrent leurs services au contremaître O’Brien. Il s’agit d’unir deux océans pour éviter aux bateaux de faire le tour complet du continent. Mais pour cela, il va leur falloir araser les montagnes, lutter contre une nature hostile et dompter le Sagrès, un fleuve particulièrement capricieux. Un défi à la mesure de leur courage et de leur ambition. Mais les catastrophes s’enchaînent : éboulements en série, glissements de terrain, crues monstrueuses, coulées de boue meurtrière, sans oublier le climat malsain, les fièvres, les moustiques, les mygales et les serpents venimeux. Atteint par la malaria, Martial doit rentrer au Chili et être remplacé par Antoine qui délaisse pour un temps l’immense hacienda dont il avait la charge…

Ma critique

« Le grand sillon » est un roman historique de belle ampleur qui clôt la trilogie des « Promesses du ciel et de la terre ». Il s’achève sur un demi-échec fort bien décrit. Exaltante s’il en est, cette épopée qui tourna au scandale financier a raison de la détermination de l’initiateur de toute la saga. Ainsi tout s’achève en demi-teinte, comme dans la vie. Rien n’est tout blanc ni tout noir, mais plutôt dans les nuances de gris. Une très belle et très enthousiasmante histoire, des personnages attachants et très humains. Une totale réussite. Peut-être le meilleur ouvrage du prolifique Claude Michelet qui sait allier érudition et amour de la terre et des gens. À ne pas rater.

Ma note

4,5/5

AVENTURESHISTORIQUE

POUR UN ARPENT DE TERRE (CLAUDE MICHELET)

Le résumé du livre

En 1879, alors que la guerre du Pacifique oppose le Chili à la Bolivie et au Pérou, Pauline et Antoine poursuivent leur implantation en Amérique du Sud en diversifiant leurs activités. Mais Martial et Rosemonde, eux, sont retournés en France. Atteinte du mal du pays, Rosemonde est retournée à Bordeaux où elle goûte aux plaisirs de l’oisiveté et ne compte pas du tout franchir à nouveau l’Atlantique. Pendant ce temps, de l’autre côté, leur ami banquier et financier, Herbert Halton ayant été capturé par une bande de guérilleros lors d’une expédition dans le désert, Antoine et Edmond se lancent à sa recherche et mettent tout en œuvre pour le délivrer. Dans cette mission difficile, ils seront aidés par Romain Deslieux, un prospecteur français qui a eu bien des mésaventures et qui deviendra bientôt leur ami et partenaire commercial…

Ma critique

« Pour un arpent de terre » est la passionnante suite des « Promesses du ciel et de la terre », saga sud-américaine de Claude Michelet. Dans ce tome, l’auteur fait encore plus œuvre d’historien que dans le précédent. En effet, la plus importante part de la narration est consacrée aux épisodes d’une guerre assez mal connue mais qui fut d’une folie et d’une cruauté peu commune. L’attaque d’Arica, la prise de Lima et les pillages qui s’ensuivirent sont très minutieusement décrits. Les rebondissements et les péripéties se succèdent à un rythme accéléré à tel point qu’il est difficile de lâcher le livre pourtant assez épais (487 pages). De plus en plus attaché aux personnages, le lecteur ne peut s’empêcher de vouloir connaître leur évolution dans ce monde rude et exaltant où tout est à construire et parfois malheureusement, à détruire !

Ma note

4/5