LE ROI DES FOUGERES (JEAN ANGLADE)
Le résumé du livre
Le jeune Zébédée, dix ans, est l’un des six enfants de Noélise et Pamphile Lhasard, un couple de Martiniquais installés depuis peu en Auvergne. Conducteur de tramways sur la ligne Montferrand-Royat, le père, si admiré par Zébédée, a un faible assez prononcé pour le rhum blanc. Il en a toujours une bouteille dans sa cabine pour se donner du cœur à l’ouvrage. Mais un jour, un inspecteur de la compagnie de transport lui en fait le reproche et le menace de renvoi devant son fils. Voir son père humilié bouleverse Zébédée au point de le faire partir à l’aventure, droit devant lui et sans espoir de retour. Bien décidé à ne plus jamais retourner à l’école, il jette son cartable dans la rivière avant de prendre la direction du Puy de Dôme. Alors qu’il s’est assoupi en chemin, un homme barbu et vêtu de guenilles le réveille et se présente à lui sous le nom de « Roi des fougères ». Il invite l’enfant à séjourner dans son « palais »…
Ma critique
« Le roi des fougères » est un court roman de moins d’une centaine de pages, une « novella » très agréable à lire. Ce n’est pas vraiment un roman de terroir, même si l’histoire se situe en Auvergne dans les années 50 ou 60, mais plutôt une sorte de fable ou de conte philosophe dans lequel Jean Anglade a voulu illustrer diverses problématiques : le déracinement d’une famille où la mère se lamente d’avoir quitté son île bien-aimée et où le père s’oublie dans l’alcool et surtout la quête impossible d’une liberté totale du vagabond qui vit dans un monde imaginaire et semble même y avoir trouvé un bonheur paradoxal. Ce personnage est certainement le plus attachant et le plus intéressant de cette histoire qui finit tristement, vu que malgré sa générosité, il se retrouvera victime des apparences. Encore un bon titre du prolifique Jean Anglade !
Ma note
4,5/5
LE PAYS DE RÊVE (DAVID DIOP)
Le résumé du livre
Quelque part dans un pays que l’on devine d’Afrique noire, Rêve, jeune orpheline dont les parents ont été tués par quelques soldats désœuvrés, a été recueillie par sa grand-mère. Pour que la beauté de l’enfant ne suscite pas les convoitises, elle la cache dans un bidonville, la revêt de haillons et la nourrit de ce qu’elle trouve dans les poubelles du Palais du Grand Désœuvré. Ainsi protégée, Rêve grandit et devient une jolie jeune fille qui rêve d’un destin meilleur. Un jour, la grand-mère lui montre deux anneaux d’or, les alliances des parents de l’enfant, qui devraient lui permettre de sortir de la misère en temps utile. Mais elle ne devra les recevoir qu’après sa mort, quand viendra le moment de se lancer dans le monde. Rêve ne l’entend pas de cette oreille. Elle voudrait récupérer son bien sans attendre. Même une seule bague en or lui suffirait…
Ma critique
« Le pays de Rêve » est un très court conte, présenté comme « initiatique sur l’injustice du monde », peut-on lire sur la couverture. Effectivement le texte est bref, l’ouvrage ne comportant que 54 pages dont on peut retrancher une vingtaine en comptant les en-têtes et les présentations de chapitres occupant chacune deux pages blanches. Le style de l’auteur se veut minimaliste et un brin allégorique. En dehors de Rêve, aucun personnage n’a de nom, aucun lieu non plus. L’Afrique donne l’impression d’être une sorte de vaste décharge publique, un tas d’ordures plein de vêtements « pulvérulents ». La corruption et la violence gratuite semblent omniprésentes avec tous ces soldats désœuvrés, mal-payés et sans doute prêts à tous les crimes et à tous les viols. Dans un tel contexte, le lecteur ne peut éprouver que de la compassion pour les deux héroïnes. La fin de cette histoire triste laisse un goût assez amer. Le salut de Rêve, tout comme celui de tout le continent serait-il impossible en dehors de l’émigration vers l’Europe ? L’auteur ne le dit pas ouvertement, mais le laisse supposer. Le lecteur ne peut donc que rester avec ses interrogations.
Ma note
3,5/5
CONTES DE LA VIEILLE FRANCE (MAX JASINSKI)
Le résumé du livre
Au moment de passer un pont et de s’acquitter de son droit de passage comme tout un chacun, le roi Louis IX fait la connaissance d’un troubadour qui se plaint de ne pas pouvoir payer le péage. Le bon roi trouve une solution inattendue… À Pont de Briques, non loin de Boulogne, quelques moines vivent dans la solitude et la paix. Mais l’un d’eux se demande si, après une très longue période de béatitude, les élus ne finissent pas par s’en lasser quand même… L’acariâtre femme d’un pauvre paysan se plaint sans cesse de son sort. Et quand celui-ci rencontre un ânier qui fait obéir à coups de badine son animal rétif, il lui vient une idée… En enfer, Satan accueille l’âme pitoyable d’un pauvre poète. Il lui donne à pousser le feu de la chaudière où rôtissent les hôteliers qui le jetaient autrefois dehors… À Douai, Mme Elodie, épouse d’un riche drapier s’ennuie à mourir. Pour se distraire, elle invite à dîner trois bossus, tous très amusants, mais tous véritables fripouilles… Parti chasser, le jeune duc Désiré rencontre une jeune fée particulièrement jolie. Il en tombe amoureux et l’épouse aussitôt. Mais leur amour doit rester caché aux yeux des hommes… La mère Martin est si pauvre qu’elle finit par se faire saisir son unique bien, sa vache. Une voisine lui reproche de n’avoir pas su « graisser la patte » de son créancier. Cela lui donne une idée…
Ma critique
« Contes de la vieille France » est un recueil en comportant vingt-cinq, tous assez peu connus dans l’ensemble, quoi que de facture classique et comme inspirés des « Contes de Perrault » ou de « ma mère l’Oye ». Un conteur pourrait en régaler petits et grands au coin de la cheminée, devant une belle flambée un long soir d’hiver. Avec un égal bonheur, ils mettent en scène seigneurs et paysans, belles dames et bergères, tout comme bourgeois retors et avares et troubadours impécunieux. De temps à autres, apparaissent même de grands personnages ayant existé comme Charlemagne, Roland ou Saint Louis ou mythiques comme Merlin l’enchanteur ou la fée Viviane. Les textes sont courts, simples, efficaces et bien écrits donc tous très agréables à lire. Bien que publiés en 1920, ces contes n’ont pas pris une ride et peuvent parfaitement être lus et appréciés aujourd’hui, autant par les parents que par les enfants. Aucune mièvrerie, mais de la finesse et des histoires qui donnent à réfléchir sur les faiblesses et les vilenies humaines. À découvrir ou redécouvrir.
Ma note
4/5