LES ARCANES NOIRS DE L’HITLÉRISME (ROBERT AMBELAIN)
Le résumé du livre
Le courant porteur du national-socialisme hitlérien, responsable de dizaines de millions de morts militaires et civils, remonte à nettement plus longtemps que la période 1933-1945. Il vient des profondeurs d’un pangermanisme raciste, païen, manipulé par toutes sortes d’influences ésotériques aux racines quasi ancestrales. Le nazisme ne serait donc que la partie émergée d’un iceberg plutôt sombre. En effet, après chaque défaite de l’Allemagne (guerres napoléoniennes, premier conflit mondial) cette tendance lourde ressurgit toujours plus puissante avec la volonté de réunir toutes les populations germanophones et d’annexer tous les territoires anciennement ou vaguement germains, de la Pologne à la Bourgogne, sans oublier une grande partie des pays d’Europe centrale, histoire d’assurer la suprématie allemande sur toute l’Europe et même au-delà. Ainsi Bismarck en fut un adepte particulièrement actif. Pour affaiblir l’Empire Austro-hongrois et réaliser le projet, il n’hésita pas à s’impliquer dans le double assassinat de Mayerling, maquillé en suicides, et dans l’attentat de Sarajevo qui eut les conséquences dramatiques que l’on sait. Hitler ne fit donc que poursuivre une œuvre de longue haleine qui devait, une fois la réunion germanique réalisée (Anchluss de l’Autriche, récupération des Sudètes, etc.), obtenir la main-mise sur l’ensemble de l’Europe et pourquoi pas plus avec le « Drang nach Osten » (conquête de l’est). Le nazisme était donc une énième tentative des forces obscures pour arriver à leurs fins totalitaires…
Ma critique
« Les arcanes noirs de l’hitlérisme » est un essai historique abordant le côté sombre de l’Allemagne avec toutes les sociétés secrètes comme la Thulé Gesellschaft qui avait pour emblème la croix gammée, le mouvement du Vril très inspiré d’un bouddhisme tibétain très particulier qui influencèrent et peut-être manipulèrent Hitler. Si Hess en fit partie, ce ne fut pas le cas d’Hitler qui pourtant s’en inspira complètement. Le monstre à moustache n’inventa rien. Le lecteur en apprendra de belles à son sujet. Il avait une véritable ascendance juive par sa grand-mère servante chez un notable juif, le baron Frankenberg qui l’avait mise enceinte. La famille versa d’ailleurs une pension alimentaire à vie pour l’enfant (futur père du Führer) nommé Aloïs Hiedler qu’une erreur de copie administrative transforma en Hitler. Alois se maria avec sa cousine, Klara Polzi qui lui donna quatre enfants après en avoir perdu trois autres en bas âge. Hitler était 3e de la fratrie. Il avait une malformation de l’appareil génital et contracta, sans doute au bordel de campagne, une syphilis jamais correctement soignée qui ne fit que s’aggraver au fil du temps et entrainer des problèmes moteurs et mentaux. On notera autour de lui la présence de toutes sortes de personnages louches comme des mages qu’il ne conserva que quand ils lui prédisaient la victoire, un médecin personnel assez particulier, et, entre autres, un certain Otto Rahn dont on ne sait trop s’il portait son véritable nom, s’il était agent secret ou véritable chercheur, qui séjourna longtemps en Ariège autour des châteaux cathares à la poursuite du Graal et autres trésors wisigoths. Ouvrage documenté très intéressant qui ne se consacre pas uniquement aux fameux arcanes, mais aussi à bien d’autres aspects de la période. Bonne vulgarisation pour qui s’intéresse au sujet. Conclusion datée et un peu discutable sur les mouvements néo-nazis qui réapparurent à la fin du XXe lors du démantèlement de l’Allemagne de l’Est. Le ventre de la bête immonde est toujours fécond, semble conclure l’auteur. L’avenir nous a montré plutôt une métamorphose, une infiltration assez différente de ce qu’il pouvait imaginer.
Ma note
4/5
L’HOMME RÉVOLTE (ALBERT CAMUS)
Le résumé du livre
Difficile de faire un bref résumé de cet ouvrage. Juste en dire que son auteur a voulu définir avec précision et objectivité la notion de « révolte », à ne surtout pas confondre avec « révolution » qui signifie réalisation, cristallisation d’une révolte. De tous temps, la condition de l’homme lui a semblé difficile, voire insupportable, en dépit des consolations de la religion qui donnait l’espoir d’un sort meilleur dans l’autre monde. Depuis la contestation du protestantisme, puis l’avènement des philosophes des « lumières », puis l’explosion de la révolution et la décapitation du roi Louis XVI, la divinité est morte. L’homme s’est retrouvé seul face à son destin. « Si Dieu est mort, tout est possible », a écrit Dostoïevski. La religion a tourné en politique, la révolte en principe intangible et le bonheur sur terre a été reporté aux calendes grecques, c’est-à-dire à l’avènement du socialisme intégral, du communisme idéal, etc. Pour atteindre cet idéal inaccessible, tout opposant, toute personne supposée hésitante devient alors immédiatement suspecte, donc emprisonnée, jugée sommairement et guillotinée sous la Terreur en France, envoyée au Goulag dans l’URSS de Lénine et Staline, au Lao-Gai de Mao ou en camp de concentration sous Hitler. « La vertu absolue est impossible. La république du pardon amène par une logique implacable la république des guillotines », note d’ailleurs Camus.
Ma critique
« L’homme révolté » est un essai de philosophie politique de très haut niveau et pourtant relativement facile à lire car l’auteur présente les faits avec une grande clarté et une certaine simplicité, mais sans tomber dans la vulgarisation. Il en appelle à de nombreux exemples, autant de l’histoire ancienne que récente. Ainsi présente-t-il le marquis de Sade comme le premier théoricien de la révolte absolue. « Dans les chaînes, l’intelligence perd en lucidité ce qu’elle gagne en fureur. Sade n’a qu’une logique, celle des sentiments », écrit-il. Après ce précurseur, Camus en appelle à de nombreux autres comme Saint-Just, Dostoïevski, Nietzsche, Bakounine, Marx ou Hegel, pour ne citer que les principaux. Avec Lautréamont, Breton et quelques autres, il en vient même à la révolte des écrivains, des poètes, des musiciens ou des peintres dans un chapitre sur l’art contemporain (comptant pour rien), peut-être le summum de l’ouvrage. Datant de la moitié de l’autre siècle (1951), cet essai est donc tributaire de l’actualité politique de son époque avec une URSS menaçante et des Etats-Unis encore sur la défensive. Mais le discours reste exact et semble même presque optimiste aujourd’hui. Qu’aurait dit Camus s’il avait pu analyser l’incroyable fusion du capitalisme avec le communisme et le nazisme dont nous sommes aujourd’hui témoins et victimes ? Ce néo-totalitarisme soft et hyper technologique lui aurait-il même permis de pousser ce cri qu’il faut absolument lire ou relire pour mieux comprendre la problématique de la révolte ?
Ma note
4,5/5
LE MOULIN DE LA SOURDINE (MARCEL AYME)
Le résumé du livre
Dans une petite ville de province, Buquanant et quelques camarades ont l’habitude de se retrouver à la sortie de l’école pour jouer quelque temps avant de rentrer chez eux. Il les incite à venir dans son quartier, un brin mal famé, à l’autre bout de la ville pour leur faire découvrir d’autres terrains de jeux et surtout une mystérieuse rivière souterraine, appelée La Sourdine qui doit être passionnante à explorer pour cette petite bande de gamins d’une douzaine d’années. De son côté, Maître Marguet, notaire de son état, voudrait convaincre le vieux Burtillat de vendre son terrain pour permettre l’extension de TDC, la petite usine locale. Sans y parvenir. Passant par là, Troussequin, pauvre hère peu gâté par la nature, demande aux deux hommes de lui accorder quelques heures de travail. Le notaire accepte de l’embaucher à repeindre sa cabane de jardin. Quelques jours plus tard, la jeune servante du notaire est retrouvée dans sa chambre, poignardée de bien vilaine manière. Le coupable est tout trouvé, ce sera Troussequin qui a déjà tâté de la prison pour tentative de viol. Mais c’est sans compter sur le témoignage des gamins juchés en haut du clocher de l’église…
Ma critique
« Le moulin de la Sourdine » n’est pas vraiment un roman policier dans la mesure où il n’y a pas d’enquête au sens classique du terme. Le lecteur devine le nom du coupable dès le début. C’est plutôt un roman noir ou un roman social et même une fable avec une morale du genre : « selon que vous serez puissants et respectables ou pauvres et peu recommandables, vous serez jugés de bien différente manière ! » La petite ville de province, que l’on peut supposer franc-comtoise, est un microcosme assez figé avec sa partie respectable et son quartier populaire, ses notables, le maire, le notaire, le juge d’instruction et ses gueux, tous bien pétris d’humanité. L’ironie teintée de mansuétude de Marcel Aymé s’en donne à cœur joie dans cette histoire sur la culpabilité, les préjugés et la facilité avec laquelle l’opinion se fait et se défait. Même si ce texte date de 1936, il est encore très agréable à lire aujourd’hui, ne serait-ce que pour le style élégant de Marcel Aymé, pour la description de personnages assez hauts en couleurs et pour le sujet intemporel, celui de l’erreur judiciaire.
Ma note
4/5
REVOLUTION ET MENSONGE (ALEXANDRE SOLJENITSYNE)
Le résumé du livre
Peut-on vraiment vivre sans mentir ? Un totalitarisme peut-il perdurer sans violence ni mensonge ? Et quid de la passivité de l’opinion publique, de sa collaboration avec un pouvoir inique alors qu’il suffirait qu’un nombre suffisant de personnes, sans même se dresser ouvertement, sans même descendre manifester dans la rue et encore moins aller affronter les forces de répression, se contente de ne plus obéir du tout pour que toute tyrannie s’effondre tel un château de cartes… Comment une simple révolte circonscrite à la seule ville de Saint Pétersbourg et sans aucun réel soutien du peuple, put-elle prendre une importance considérable et tout faire basculer en février 1917 ? Pourquoi le tsar Nicolas II abdiqua-t-il aussi facilement ? Pourquoi ne fut-il pas capable de s’appuyer sur la noblesse et l’armée ? Quels furent les points communs et les différences entre la révolution française et la révolution russe ?
Ma critique
« Révolution et mensonge » est un ouvrage regroupant trois essais de philosophie politique écrits par Alexandre Soljenitsyne en marge et en complément d’une de ses œuvres magistrales « La roue rouge ». Le premier « Vivre sans mentir », datant de 1974, s’attaque plus généralement aux problèmes de la soumission à l’autorité, de la lâcheté du public par calcul, manque de conviction voire par sottise pure et simple. On est dans le registre de la psychologie et de la manipulation des foules, voire celui de la « Servitude volontaire » si bien décrite par La Boétie. Dans le deuxième, « Leçons de février », écrit en 1983, l’auteur s’attache plus à la personnalité de Nicolas II, sa posture presque trop « chrétienne » lui interdisant de réagir en faisant couler le sang de son peuple, tout comme son côté petit bourgeois, soulagé d’être enfin débarrassé du fardeau du pouvoir et heureux de pouvoir retrouver sa petite vie de famille. Quant au troisième, il est peut-être le plus intéressant du point de vue historique (« Deux révolutions, la française et la russe », 1984). Les similitudes que le lecteur y découvrira sont innombrables. Deux monarques faibles, mal entourés, mal soutenus et peu réalistes. Un enchainement d’évènements étrangement parallèle, un emballement quasiment incontrôlable avec élimination des plus modérés (Mencheviks en Russie, Girondins en France) au profit des plus extrémistes (Bolcheviks et Montagnards). Même haine de la religion, même liquidation du clergé qui refuse de se soumettre. Même spoliation, même ruine et même effondrement du pays. Seule différence notable : en France, tout s’acheva par un Thermidor qui vit la Révolution dévorer ses enfants avant de passer la main à un dictateur qui s’improvisa empereur et répandit la guerre dans toute l’Europe (la comparaison Napoléon/Staline ne semble pas pertinente). Les Bolcheviks russes, très inspirés par la révolution française, surent habilement éviter le piège et faire durer leur pouvoir presque trois quarts de siècle avec des souffrances bien pires et des victimes en nombre nettement supérieur…
Ma note
4,5/5
300 MAXIMES DES SAINTS ASCETES DE L’ÉGLISE ORTHODOXE (GEORGES MAXIMOV)
Le résumé du livre
« C’est une chose de croire que Dieu existe, et une autre de connaître Dieu. Celui qui connait Dieu par l’Esprit-Saint brûle d’amour pour Dieu jour et nuit et son âme ne s’attache à rien de terrestre. » (St Silouane du mont Athos)… « Ne dis pas : « Cela s’est produit par hasard, c’est arrivé tout seul. » Dans ce qui arrive, il n’y a rien de désordonné, rien de vain, rien d’accidentel… Quel est le nombre de tes cheveux ? Il n’en est aucun que Dieu n’ait compté ! Ne vois-tu pas que rien, même la chose la plus infime, n’échappe au regard de Dieu. » (St Basile le grand)… C’est le mensonge qui nous sépare de Dieu, et uniquement le mensonge, les pensées mensongères, les mots mensongers. C’est la conjonction de tous ces mensonges qui nous conduit à la mort, aux illusions et au reniement de Dieu. » (St Nicolas d’Ochrid)… Ces trois citations, juste pour donner une idée du ton particulier de cet ouvrage.
Ma critique
En effet, « 300 maximes des saints ascètes de l’Église orthodoxe » est un recueil de préceptes, d’apophtegmes, de paroles de sagesse de géants de la foi orthodoxe, souvent moines ou ermites du mont Athos et autres lieux. À l’origine, ils étaient destinés surtout à l’enseignement de jeunes novices débutant dans la vie religieuse. L’ouvrage est assez court (56 pages), mais plutôt dense. Chaque maxime mérite d’être lue, relue et méditée, tant elle relève d’une foi profonde, d’une spiritualité élevée et d’une ferveur extraordinaire. Ces préceptes, qui peuvent être d’un grand secours dans notre vie de tous les jours, sont classés en six grands chapitres : « Dieu et nous », « Les réalités du monde spirituel », « Nous et ceux qui nous entourent », « Ce qui nous rapproche de Dieu », « Ce qui nous empêche sur le chemin vers Dieu » et « Ce qu’il faut supporter sur la voie spirituelle. » La lecture de ce recueil peut présenter un intérêt universel. N’importe qui peut en tirer profit, quelle que soit sa religion ou son absence. Les véritables valeurs de la loi naturelle s’imposant d’elles-mêmes…
Ma note
4,5/5
LAIT, MENSONGES ET PROPAGANDE (THIERRY SOUCCAR)
Le résumé du livre
Les produits laitiers sont-ils vraiment nos amis pour la vie ? Sont-ils réellement indispensables à la santé de nos os ? Doit-on vraiment consommer 3, 4 voire 5 produits laitiers par jour pour mincir et garder une bonne santé comme nous le martèle la publicité faite par les cartels de l’industrie laitière ? Les anciens se souviennent du verre de lait proposé par le ministre Michel Debré aux enfants des écoles, soi-disant pour leur croissance, en réalité pour écouler la surproduction de lait. Le lait de la vache est destiné au veau et non à l’homme. Il contient des hormones de croissance qui correspondent à celle du veau et non à celle du nourrisson. On peut donc se poser bien des questions sur l’intérêt réel de cette surconsommation de laitages. Par exemple : « Pourquoi l’ostéoporose ne diminue-t-elle pas avec la consommation de lait et pourquoi progresse-t-elle au contraire ? » ou « Pourquoi les amateurs de laitages ont tendance à avoir plus de cancers de la prostate que les autres ? » ou encore « Pourquoi les chercheurs soupçonnent le lait de favoriser le diabète de l’enfant ? » On peut aussi avoir une densité osseuse importante et être sujet à la fracture, tout comme une densité faible et un risque minime… Paradoxal, n’est-il pas ?
Ma critique
« Lait, mensonges et propagande » est une enquête journalistique de grande qualité sur le lobby laitier et sur les effets réels des laitages sur la santé. Cet essai rigoureux et bien documenté montre comment l’industrie a réussi à faire d’un aliment marginal et mal considéré un pilier incontournable de l’alimentation moderne à grands renforts de publicité, de lobbying et de propagande. Le lecteur découvrira bien des choses dans cet ouvrage comme le fait que les Suédois détiennent à la fois le record mondial de la consommation de lait et celui des fractures du col du fémur. Le calcium du lait ne leur ferait-il pas un squelette en titane ? Il apprendra aussi que les populations asiatiques qui ne consomment pas ou très peu de lait souffrent moins de fractures ou de problèmes d’ostéoporose que les Occidentaux qui en consomment énormément. Et quand les Asiatiques (à Singapour, aux Etats-Unis, etc.) se mettent au régime occidental en consommant autant de produits laitiers que les Occidentaux, ils se mettent à souffrir des mêmes pathologies. Le lien de cause à effet est donc évident. L’auteur a aussi l’honnêteté de présenter toutes les études scientifiques, même celles financées par l’industrie laitière. Donc, arguments et contre arguments. Au lecteur de se bâtir une conviction. En fin d’ouvrage, comme il s’agit d’une édition revue et augmentée, Thierry Souccar répond aux questions des lecteurs d’une manière plus nuancée d’ailleurs que dans le reste du livre. Présence également d’un index très conséquent de notes et références en fin de volume. Bonne raclette quand même…
Ma note
4,5/5
AUTOPORTRAIT AU RADIATEUR (CHRISTIAN BOBIN)
Le résumé du livre
Christian Bobin nous dit qu’il aime les fleurs, les enfants et les femmes. Les hommes lui sont indifférents. Il ne les remarque même pas. Mille petites choses font son bonheur du jour. Il s’émerveille d’une belle lumière, de l’odeur du foin coupé, de la beauté d’un pétale de tulipe tombé sur un guéridon ou du vol d’une libellule. Ce qui le remet au monde ? Deux verres d’entre-deux-mers, la fumée d’une ou deux cigarettes et une page d’un poète suédois, une seule, pas deux. Il vit seul, lit beaucoup et écoute du Mozart dont les œuvres lui évoquent toutes sortes de choses dont le chuchotement des rivières ou le balbutiement des nouveaux-nés…
Ma critique
« Autoportrait au radiateur », en dépit de son titre, n’est pas vraiment un livre d’autofiction. Pas un roman non plus. Le lecteur cherchera en vain une intrigue construite, une histoire rondement menée ou des personnages hauts en couleurs. Il ne parle que de lui-même et de rares proches, et encore sans en dire grand-chose. Et ce n’est pas non plus un véritable journal bien qu’il en respecte la forme apparente en commençant son texte début avril 96 pour l’achever fin mars 97. Ce texte aurait pu être le récit d’une année de vie d’un écrivain ordinaire, mais ce n’est pas vraiment le cas. Le lecteur en apprend très peu sur le narrateur hormis sa solitude, son détachement d’à peu près tout, ses difficultés devant la page blanche et sa tristesse de la perte d’une « amie de cœur ». La force et le charme de cet ouvrage reposent sur un style minimaliste assez inimitable, basé sur la technique du « fragment », de la bribe, du détail en apparence insignifiant. La spiritualité, qu’il différencie soigneusement de la religiosité, tout comme une certaine forme de philosophie restent importantes. Avec Bobin, qui en appelle à plusieurs reprises à Thérèse d’Avila, nous ne sommes pas dans le pari de Pascal, mais dans la simple et belle évidence de Dieu. Une prose unique, poétique et aérienne qui mérite le détour, même si ce charmant ouvrage n’atteint pas les sommets de son chef-d’œuvre, « Le Très-Bas ».
Ma note
4,5/5
CONGO À GOGO (JOSETTE BRUCE)
Le résumé du livre
Dans les années soixante de l’autre siècle, l’agent secret OSS 117 atterrit à l’aéroport N’Gili de Léopoldville au Congo. Il se déplace officiellement pour une mission d’études à titre d’expert agronome auprès de la FAO. Mais son véritable objectif est de retrouver le professeur Geenwood qui a disparu juste avant de partir pour un safari-photo dans une réserve de la région. Scientifique spécialisé dans le domaine des lasers, Greenwood était en train de mettre au point un rayon capable de neutraliser tous les missiles, une sorte d’arme absolue, un « rayon de la mort ». OSS 117 a à peine le temps de prendre contact avec Blind, le correspondant de la CIA à Léopoldville que tous deux se retrouvent mitraillés sur la route de l’aéroport et échappent à la mort de justesse. Un peu plus tard, l’enquête débute par l’interrogatoire d’Emily Marlow, la secrétaire personnelle du savant, vieille fille au physique ingrat et à l’allure des plus revêches. Qui avait intérêt à cet enlèvement ? Les Russes, toujours avides de nouvelles technologies, seraient-ils impliqués ? Une autre puissance ?
Ma critique
« Congo à gogo » est un roman d’espionnage datant de 1981 qui a fort mal vieilli. Sorti d’une poubelle, d’un grenier ou d’une « boîte à livres », il aurait mieux fait d’y rester. L’intrigue est d’une simplicité navrante, les personnages sans intérêt et toutes les situations convenues et prévisibles. La gouaille et l’érotisme, sans parler d’un certain humour à la française qui caractérisait les meilleurs titres du regretté Jean Bruce sont passés à la trappe. Il faut savoir qu’il parut au total 229 aventures du célèbre espion. Pendant 13 années, sous la plume de Jean Bruce, (Jean Brochet de son vrai nom), en écrivit lui-même 88 de 1949 à 1963, soit plus de 6 titres par an. À sa mort, son épouse Josette Bruce (Josepha Pyrsbyl de son vrai nom) puis ses enfants François et Martine en produisirent 141 de plus, en 19 ans, de 1966 à 1985, soit la bagatelle d’environ 7 titres par an. Une petite entreprise qui ne connut pas la crise. Une usine de production à la chaîne ! Le succès ne se démentit pas à l’époque, surtout à la grande époque, preuve qu’un certain type de lectorat populaire n’était pas très difficile. C’est correctement écrit, facile à lire, prévu pour divertir. Mais une telle production ne peut être qu’aux dépens de la qualité. À oublier.
Ma note
2/5
MOURIR À BERLIN (JEAN MABIRE)
Le résumé du livre
Entre 1943 et 1945, 10 000 Français s’engagèrent dans la Waffen SS. Ils formèrent la division Charlemagne qui fut envoyée combattre sur le front de l’Est, à la charnière de l’attaque de deux divisions soviétiques, entre l’Oder et la mer Baltique. Sans soutien d’aviation, sans chars, sans appui d’artillerie et sans liaison, ils subissent de fortes pertes à titre de baptème du feu, mais réussissent néanmoins à retarder quelque peu la ruée de l’Armée Rouge. Bilan : sur 5100 hommes engagés, seuls 500 en réchappent. Ils doivent se replier en marchant de nuit et en se cachant dans les bois pour ne pas être capturés. Les Allemands leur ayant proposé de se reconvertir en simples travailleurs, certains issus de la Milice ou de la LVF qui ne comprennent pas pourquoi des Français s’acharnent à vouloir défendre l’Allemagne alors que tout est perdu, les Russes étant déjà sur l’Oder et les Alliés à quelques dizaines de kilomètres à l’ouest, acceptent de troquer leurs armes contre des pelles et des pioches. Les autres (environ 700 hommes) prennent la direction de Berlin pour la dernière bataille, le sacrifice final (27 avril au 2 mai 1945).
Ma critique
« Mourir à Berlin » est un essai historique de grande qualité, basé sur des témoignages de survivants, qui raconte les combats ultimes des SS français face au déferlement de l’Armée Rouge. C’est vivant (si l’on peut dire dans pareilles circonstances), bien écrit, agréable à lire. Mais ça laisse une impression amère de combat douteux, d’engagement inutile, un peu/beaucoup pour la gloire et le panache. Avec l’aide de quelques brigades de Scandinaves, Baltes et autres volontaires européens, avec celle de vieillards de la Volksturm et de gamins de 14 ans de la HitlerJugend, ces jeunes Français furent les tout derniers combattants pour défendre la ville de Berlin et le bunker d’Hitler, sans aviation, sans chars, sans artillerie, sans armes lourdes, dézinguant au PanzerFaust des dizaines de chars russes avant d’être submergés, écrasés sous les bombes ou flingués par des tireurs d’élite. Ils se battirent même après le suicide d’Hitler. Très peu survécurent. Qu’allaient-ils faire dans cette galère ? Ils furent des soldats politiques, fanatisés, plus nazis que les nazis, persuadés de mener le juste combat, celui d’une Europe nouvelle, unie sous la bannière à croix gammée, se dressant en travers de la route de l’envahisseur bolchevique. La propagande de l’époque fit de grands ravages. Celle d’aujourd’hui n’est guère meilleure…
Ma note
4,5/5
LE VATICAN DES ESPIONS (MARK RIEBLING)
Le résumé du livre
Le 2 mars 1939, à Rome, les cardinaux réunis en conclave élisent pape Eugenio Pacelli. Dès sa première bénédiction, celui-ci sait que le poids des responsabilités qui lui incombent va être écrasant. Il est germanophile. Il a une excellente connaissance du pays et de la langue. La politique de l’Eglise catholique va l’amener à en découdre systématiquement avec le nazisme. En 1933, il avait obtenu un concordat avantageux pour l’Eglise d’Allemagne. Il permettait de la financer par des recettes fiscales à hauteur de 500 millions de marks. Et quatre années plus tard, le voilà qui condamne officiellement le nazisme, lui reprochant de vouloir anéantir l’Eglise. Il lui reproche son antisémitisme et prône l’égalité raciale. Pour lui, la chrétienté doit rassembler toutes les races dans une seule et unique famille, celle des enfants de Dieu. En effet, peu à peu, la situation des Catholiques empire en Allemagne. Hitler menace de nationaliser le culte et de créer un schisme tout comme le fit Henry VIII en son temps en Angleterre. Les Catholiques commencent à être persécutés. Leurs organisations sont interdites, les écoles et les séminaires sont fermés, leurs biens saisis. Certains opposants, dont 487 Jésuites tchèques, sont envoyés en camp de concentration, d’autres sont assassinés. Pie XII qui a commencé par condamner fermement le nazisme dans une encyclique célèbre se demande comment faire plus. Les évêques et cardinaux allemands le supplient de garder prudence et circonspection pour ne pas aggraver les choses. Il décide donc de se taire et d’agir en secret. Il organise ou participe à l’organisation d’un certain nombre de tentatives d’attentats contre Hitler.
Ma critique
« Le Vatican des espions », sous-titré « La guerre secrète de Pie XII contre Hitler » est un essai historique de belle facture, bien sourcé (un nombre impressionnant de notes et références est disponible en fin d’ouvrage) qui se lit comme un roman d’espionnage. Il aborde un aspect fort peu connu de la seconde guerre mondiale, celui de l’opposition allemande au régime nazi. Minimisée par certains historiens, elle n’en fut pas moins réelle, importante et constante. Les conspirations et complots contre Hitler furent beaucoup plus nombreux que l’on s’imagine. L’Eglise catholique, inspirée par Pie XII, en eut la plus grosse part. Hitler lui-même ne se faisait aucune illusion sur Pie XII. Il le considérait comme un ennemi à abattre. Outre l’ultime et célèbre attentat des généraux, inspiré et perpétré par von Stauffenberg, catholique fervent, dont a échappé miraculeusement Hitler, il y en eut bien d’autres qui sont racontés dans ce livre. Toutes sortes d’agents secrets jésuites ou dominicains y furent à la manœuvre. En vain, car le monstre semblait disposer de protections surnaturelles hors normes. Le lecteur découvrira beaucoup de choses sur Pie XII dont la mémoire mérite d’être réhabilitée et sur d’autres personnages comme l’amiral Canaris. Le plus émouvant et le plus attachant est sans doute l’envoyé spécial du pape, le Bavarois Joseph Müller, personnage haut en couleur, agent secret aux exploits dignes d’un James Bond, qui fut capturé, longuement torturé, envoyé en camp et qui a réussi quand même à sauver sa peau in extremis. La réalité dépasse souvent la fiction. À lire.
Ma note
4,5/5
TREIZE PILLARDS (JUAN BRANCO)
Le résumé du livre
Qui sont vraiment Edouard Philippe, Emmanuel Macron, Xavier Niel, Benjamin Grivaux, Gabriel Attal, Arnaud Lagardère, Bruno Roger-Petit, Anne Lauvergeon, Thierry Breton, Martin Hirsch, Marie Fontanel, Agnès Buzyn, Bernard Arnault et quelques autres présentés dans ce livre ? Certains sont au haut sommet de l’Etat, d’autres à celui de la Finance cosmopolite et vagabonde, d’autres tiennent les principaux médias et d’autres encore sévissent à Bruxelles ou dans de grandes entreprises. Ils ont en commun de tous venir des classes sociales les plus privilégiées du pays et d’avoir suivi des parcours scolaires et universitaires semblables (Ecole Alsacienne, Lycée Henri IV ou Louis le Grand, ENA, grandes écoles). Ils se sont entraidés pour parvenir aux places enviables où ils se trouvent. Ils se sont enrichis en dilapidant un à un tous les fleurons de la richesse nationale, en privatisant à tout-va (autoroutes, service des eaux, aéroports, etc.), pour en faire profiter des compagnies étrangères et permettre aux copains et coquins de se servir au passage. Ils sont riches, célèbres et puissants. Disposant de tous les médias mainstream, ils peuvent manipuler à leur guise l’opinion, lui faire valider n’importe quel politicien, même le plus nul et le plus incompétent. Pour Branco, « ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption même ». Et cela depuis pas mal de temps…
Ma critique
« Treize pillards » est une courte (59 pages) galerie de portraits à charge taillés à la serpe et à la hache. On avait les « Douze salopards » immortalisés au cinéma, voici les « Treize pillards » de la bande à Macron. Tout comme les « Trois mousquetaires » qui étaient quatre, nos treize sont nettement plus nombreux. Le lecteur peut se dire que Juan Branco est sévère voire un brin malveillant. Mais on peut aussi penser que qui aime bien châtie bien. L’auteur est issu du même milieu, a fréquenté certains dès les bancs de l’école Alsacienne (Attal, Griveaux) et a eu l’occasion de bien connaître les autres, comme Xavier Niel, enrichi dans la prostitution, le minitel rose et si proche du Président qu’il se vantait de l’avoir au téléphone deux fois par jour. En fort peu de pages bien écrites (avec une tournure originale renvoyant les verbes en fin de phrase), le lecteur découvrira un nombre assez effarant d’affaires plus ou moins scandaleuses comme l’enrichissement ultra-rapide de Bernard Arnault qui vit sa fortune tripler en quatre années, passant de 40 à 120 milliards ou comme les « exploits » de Mme Anne Lauvergeon, responsable du démantèlement d’Areva, de la perte de 4 milliards d’euros dans une recherche impossible d’uranium et de 6000 suppressions d’emploi. Car toute cette gestion menée (au choix) par ces gribouilles ou ces profiteurs a un coût social. Quand c’est l’Etat qui paie, ce n’est pas gratuit, c’est le peuple qui trinque sous forme d’inflation, d’augmentation des tarifs de l’énergie et des impôts, sans oublier les délocalisations et le chômage de masse qui va avec. Sait-on seulement que celui-ci est responsable de la mort de 15 000 de nos compatriotes chaque année ? À lire pour ouvrir les yeux sur une triste réalité. Et aucune excuse pour ne pas le faire. L’auteur a mis cet ouvrage en libre accès sur le net.
Ma note
4,5/5
LA FRONTIERE (MAURICE LEBLANC)
Le résumé du livre
Sur la ligne de crête des Vosges, au début de l’autre siècle, le vieux Morestal, vétéran de la guerre de 70, constate qu’un poteau marquant la frontière côté allemand a été abattu. Dans sa maison de maître située à quelques encablures, il attend avec son épouse la venue de leur fils Philippe, accompagnée de son épouse Marthe. Farouche patriote, Morestal, qui a réussi comme patron d’une petite scierie, vit dans la honte de la défaite de 1870 et dans l’espoir d’une nouvelle confrontation avec les Prussiens qui, cette fois, pourrait tourner à notre avantage et nous permettre de récupérer l’Alsace et la Lorraine. Professeur à Paris, son fils Philippe a des idées diamétralement opposées. Pacifiste convaincu, il a écrit deux livres sur la question dont le dernier est paru anonymement pour ne pas froisser ses proches. Philippe rêve d’un monde où l’amour de l’humanité ne s’arrête pas aux frontières d’un pays. Mais quand un certain Dourlowski, colporteur un peu louche, prévient Morestal qu’un soldat alsacien, Jean Baufeld, s’apprête à déserter pour rejoindre la Légion, le drame se noue. Morestal qui connait la région comme sa poche et peut aider Baufeld à trouver les points de passage se met en route de nuit avec son fils et un ami…
Ma critique
« La frontière » est un roman de fiction prémonitoire publié en 1911. Il ne s’agit pas d’un roman policier comme en produisit tant Maurice Leblanc, mais d’une projection dans un futur proche. L’auteur imagine ce qu’un simple incident de frontière pourrait engendrer comme conséquences si les deux parties campaient sur leurs positions tranchées voire de mauvaise foi et en arrivaient logiquement et par paliers jusqu’à un conflit mondial. À cette époque, une simple étincelle suffisait pour faire exploser le baril de poudre Il y ajoute une histoire d’amour assez dramatique et bien pétrie de faiblesse humaine. Il se montre fin psychologue et parfait narrateur. Le style est d’une telle qualité et d’une telle fluidité que l’ouvrage se dévore en un temps record. Un des nombreux intérêts de ce livre qui n’a pas pris une ride réside surtout dans la présentation des points de vue antagonistes des patriotes et des pacifistes (style Jaurès ou Anatole France). Bien qu’étant lui-même radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc a la finesse de ne pas prendre parti ni pour le père ni pour le fils. Il se contente de présenter les arguments, laissant la liberté au lecteur de se faire une opinion sur une problématique qui se pose malheureusement encore aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard. Il faut lire et relire Maurice Leblanc et pas seulement les « Arsène Lupin » !
Ma note
4,5/5
LE TELEPHONE PORTABLE, GADGET DE DESTRUCTION MASSIVE (PIÈCES ET MAIN D’ŒUVRE)
Le résumé du livre
Les semi-conducteurs sont la cause de maxi-nuisances autant au moment de leur conception, qu’à ceux de leur utilisation puis de leur improbable recyclage. Savez-vous que près de Grenoble l’usine MST Alliance qui fabrique des puces pour portables utilise 40 millions de kwh d’électricité par an pour y parvenir, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 20 000 foyers ? Elle engloutit aussi 700 m3 d’eau par heure, autant qu’une ville de 50 000 habitants. Et pour ne rien arranger, elle pollue gravement l’environnement. En 2002, elle a rejeté dans la nature 9 tonnes d’oxydes d’azote, 10 270 tonnes de CO2 et 40 tonnes de composés organiques volatils divers. Les nappes phréatiques de la région sont contaminées au xylène, toluène, trichloroéthane chloré et autres. Et quid des effets nocifs et délétères des champs électromagnétiques générés par les appareils eux-mêmes ainsi que par les antennes relais sur les êtres humains et les animaux ? Il est maintenant prouvé que des ruptures de brins d’ADN de cellules peuvent se produire et perturber la synthèse naturelle des protéines. Des abeilles exposées à ce genre de rayonnements en arrivent à ne plus retrouver leur chemin vers leur ruche et à mourir…
Ma critique
« Le téléphone portable, gadget de destruction massive » est un essai assez court, agréable à lire, mais bien percutant sur les méfaits d’un petit appareil que l’on retrouve partout et dont certains sont devenus tellement accros qu’ils ne peuvent plus vivre sans. Il rend bien des services. Mais comme toute avancée technologique, il peut se révéler la meilleure et la pire des choses. Cet ouvrage qui se présente comme l’un des réquisitoires les plus sévères sur la question présente tous ses aspects négatifs, tous ses dangers, depuis sa conception jusqu’à sa fin peu glorieuse dans une décharge du tiers-monde, après un vague recyclage de quelques composants éventuellement réutilisables. Le bilan de cet appareil est exorbitant autant pour la nature par le pillage de toutes les ressources, que pour l’homme qui finit par être esclave de sa machine, particulièrement les jeunes générations nées avec lui et que pour la société qui se voit évoluer lentement vers un contrôle social quasi absolu (traçage, fichage des individus) avec pour conséquence une perte de démocratie et de liberté d’expression. À lire pour mieux comprendre les enjeux de notre temps…
Ma note
4,5/5
LES MALADIES DEGENERATIVES (SOLINE ABBEVILLE)
Le résumé du livre
Qu’ont en commun des maladies aussi diverses que le cancer, l’athéromatose, la sclérose en plaques, la myopathie, l’autisme, la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer ou celle de Parkinson ? Ce sont toutes des maladies dégénératives, pratiquement incurables, et ayant toutes un rapport avec le fonctionnement ou plutôt le dysfonctionnement du cerveau et/ou du système nerveux. Le docteur André Gernez fut l’un des premiers à découvrir le point commun entre nombre de ces maladies, l’importance du rôle de l’hormone de croissance, des cellules souches et de l’épiphyse. Il préconisa un traitement consistant à neutraliser cette minuscule partie du cerveau grâce à l’utilisation d’un « couteau-laser » à une fréquence très précise, sur une surface minime, sans anesthésie ni intrusion d’aucune sorte et avec un taux de réussite remarquable. Malheureusement, ce type d’intervention n’a toujours pas été autorisé dans notre pays. Le conseil de l’ordre des médecins s’y étant opposé.
Ma critique
« Les maladies dégénératives » est un essai médical présenté comme « Les propositions du Docteur André Gernez » compilées par l’auteure. C’est assez technique et pas forcément à la portée des béotiens lambdas que nous sommes. Heureusement, un lexique annexé en fin de volume permet d’éclairer notre lanterne grâce à des définitions de termes médicaux tout à fait bienvenues. Il n’en demeure pas moins qu’on y apprend énormément de choses, en particulier sur les causes et les conséquences du cancer. Celui-ci évoluant au début de façon asymptomatique sur des périodes allant de 8 à 15 ans, toutes les détections se révèlent souvent trop tardives. De plus, les destructions de tumeurs ne font souvent que laisser place à d’autres plus agressives, la nature ayant horreur du vide, sans parler des métastases. On découvre aussi le rôle délétère du cannabis sur le cerveau. Il peut déclencher une schizophrénie chez des adolescents de plus en plus jeunes. De plus, le cannabis qui redouble l’expérience de la psychose, rend inefficaces les médicaments anti-psychotiques. Un ouvrage fort intéressant à lire, même si on ne comprend pas tout.
Ma note
4/5
MAL À DROITE (NICOLAS BONNAL)
Le résumé du livre
Depuis 1945, l’Occident est en pleine dégringolade. Il semble frappé de sénescence, d’impuissance et d’aboulie. Industriellement, il ne produit plus grand-chose. Intellectuellement, ce n’est guère mieux. Les écrans et les smartphones transforment peu à peu les gens en zombies. La sottise règne partout. Les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et Internet ont détruit toute l’industrie culturelle, réduit l’information aux agissements ridicules des « people » et autres « influenceurs de TikTok », ont désexualisé les rapports humains et accompli la même destruction puissance 100 ou 1000 que celle de l’imprimerie qui fut responsable en son temps d’une bonne vingtaine de guerres civiles, dites « guerres de religion », de révolutions, de massacres à grande échelle et de la dépopulation d’une grande partie de l’Europe. Sommes-nous en train de vivre « une apocalypse molle et grise » comme l’annonce l’auteur ?
Ma critique
« Mal à droite » est un court essai (144 pages seulement) de sociologie politique sur un ton de pamphlet tonitruant et fortement désabusé. Pour Bonnal, tout est foutu. Rien ne va plus. Et nos vieilles civilisations responsables de tous les maux de la planète ne s’en sortiront pas. L’ouvrage qui se lit plus vite qu’un roman a d’ailleurs pour sous-titres « Symphonie pamphlétaire en quatre mouvements » et « Lettre ouverte à la vieille race blanche et à la droite fille de joie ». Tout est dit. Un lecteur un tantinet plus optimiste pourrait objecter que tout ce qui est excessif est insignifiant et aussi que le pire n’est pas toujours certain. Et pourtant, cette lecture le bousculera et poussera dans les derniers retranchements. L’auteur, fin lettré, moraliste et observateur perspicace en appelle aux plus grands auteurs (Virgile, Ovide, Poe, Molière, Balzac, etc) pour étayer son propos. Il multiplie aussi les citations en latin qui ne sont traduites qu’en fin d’ouvrage, histoire de nous montrer que ce que nous vivons n’a rien de vraiment nouveau sous le soleil (« Nihil novi sub soli », ouaf, ouaf !). Il ne cache pas non plus sa nostalgie pour le régime soviétique qu’il juge plus sain et moins destructeur pour l’intelligence et le moral des troupes que notre néo-libéralisme. Il se réfère beaucoup à Karl Marx, Nietzsche et Debord tout en se présentant comme « anarchiste de droite ». C’est coruscant et ça donne à réfléchir. D’autant plus que publié en 2010, l’ouvrage n’a pas vieilli du tout si on ne tient pas compte de son point de vue sur les guerres. La situation actuelle aurait même empiré avec les nouvelles crises et autres poudrières. Terrible constat.
Ma note
4,5/5
UNE FEMME A BERLIN (ANONYME)
Le résumé du livre
Dans les derniers jours de la seconde guerre mondiale, une jeune Berlinoise d’une trentaine d’année, ancienne employée d’une maison d’édition, subit bombardements sur bombardements, cachée dans une cave sous son immeuble en compagnie de compatriotes aussi terrorisés qu’elle-même. Ce sont les ultimes combats. Hitler s’est suicidé dans son bunker. L’armée rouge s’est emparée de la ville. La jeune femme passe son temps entre cet abri et l’appartement d’une veuve qui l’a recueillie, vu que le sien, au dernier étage, a le toit percé et les carreaux brisés. Il n’y a plus grand- chose à manger et ni eau, ni gaz, ni électricité dans les appartements. Il faut aller chercher de l’eau à une pompe, dans une cour, trimballer les seaux et faire d’interminables queues devant les dernières boutiques pour quelques pauvres denrées comme du gruau d’orge, des pois, des flocons d’avoine ou de la margarine. Les Berlinois manquent de tout. Ils survivent misérablement, dans la peur, le froid, la saleté et la faim. La mort rôde partout. La ville n’est plus qu’un champ de ruines. On enterre les cadavres n’importe où et n’importe comment. Et tout s’aggrave encore avec l’arrivée effective des soldats russes qui veulent boire le maximum de schnaps, se livrer au pillage et abuser sexuellement de toutes les femmes allemandes qu’ils peuvent trouver. La malheureuse sera extraite de la cave où elle avait trouvé refuge. Personne ne lui viendra en aide. La porte blindée se refermera derrière elle. Et trois Russes la violeront dans l’escalier d’accès…
Ma critique
« Une femme à Berlin » est un témoignage glaçant, basé sur un journal intime rédigé entre le 20 avril et le 22 juin 1945. Son auteure a tenu à rester anonyme et il n’a été publié qu’après son décès.. Son récit très bien écrit et particulièrement émouvant garde une certaine distance vis-à-vis de toutes les horreurs qu’elle raconte. Malgré tout ce qu’elle doit subir, elle garde une grande dignité. Elle note tout sans doute pour exorciser le mal. C’est une sorte de thérapie qui va l’empêcher de sombrer dans la folie et l’empêcher d’en arriver au suicide comme ce fut le cas de nombre de ses consœurs. Le livre ne contient pas la moindre trace de haine. Même ses pires agresseurs sont présentés pour ce qu’ils sont, de pauvres moujiks bruts de décoffrage, éloignés de leurs familles depuis des mois. Etant la seule personne de l’immeuble à parler un peu de russe, elle servira d’interprète et de fusible et sauvera même la vie d’une autre femme. Elle saura aussi finir par « choisir » ses « partenaires » en accueillant des gradés un peu plus humains pour se prémunir de la soldatesque éméchée. Le lecteur découvrira avec surprise beaucoup de choses étonnante sur cette période dramatique assez courte (environ deux mois) et en particulier la vitesse avec laquelle les Berlinois ont commencé à remonter la pente grâce à un travail acharné de déblayage et de remise en état des principaux services. Un document exceptionnel. Du vécu, et sans pathos…
Ma note
4,5/5
LA VIE DANS UN VILLAGE MEDIEVAL (FRANCES & JOSEPH GIES)
Le résumé du livre
Le village d’Aethelintone, Aethelington ou Adelintune, selon les sources, fut aussi connu sous le nom d’Aylington avant de prendre son nom actuel d’Elton. Il est le seul et unique objet de cet ouvrage et uniquement sur la période allant du Xe au XIIIe siècle. Il dépendait alors de la riche abbaye bénédictine de Ramsay dans la région des Midlands de l’Est où l’on pratiquait une forme d’agriculture en « open fields » (champs ouverts) ainsi que l’élevage de moutons, cochons, bovins, chevaux, oies, canards et volaille… Contrairement au village actuel où la population qui y habite travaille ailleurs, le village médiéval était une véritable communauté où les gens vivaient, travaillaient, chassaient, pêchaient, se socialisaient, allaient à la taverne et à l’église, se prêtaient mutuellement de l’argent, des outils ou du grain. Libres ou « villeins » (équivalent de nos « serfs »), les villageois y naissaient, s’y mariaient, avaient des enfants et y mouraient. Même s’il y avait des échanges avec les villes environnantes, les habitants s’en éloignaient rarement. Toute la communauté était orientée vers la production agricole. La population comptait de 400 à 600 habitants environ, vivant dans des conditions souvent difficiles, avec de fortes contraintes et de grandes inégalités sociales.
Ma critique
« La vie dans un village médiéval » est une monographie historique bien écrite, bien documentée et bien étayée (pas loin de 50 pages de notes ainsi que de nombreux documents photographiques et de dessins d’époque). Le lecteur intéressé par le sujet pourra y apprendre énormément de choses et également reconsidérer certaines idées reçues sur une période historique finalement assez mal connue. Les auteurs passent en revue bien des sujets comme le statut des paysans, libres ou non, qui avait assez peu à voir avec la condition des esclaves africains, comme le système pyramidal dans lequel le propriétaire terrien (aristocrate descendant de compagnons de Guillaume le Conquérant, mais aussi abbayes, évêques, voire bourgeois enrichis) multipliait impôts, redevances et travail contraint ou comme les assemblées villageoises où se rendait une justice très différente de la nôtre. Tout le village servait de juge et de jury. Les sanctions allaient de quelques sous d’amende à la pendaison en passant par le pilori. Les peines de prison n’apparurent que beaucoup plus tard pour des raisons de commodité. Paradoxalement, la vie était plus facile quand la population était moins nombreuse, décimées par les épidémies ou les guerres. Une lecture passionnante qui donne une idée sans doute moins misérabiliste et moins romantique que celle proposée par les romanciers d’hier et aujourd’hui…
Ma note
4,5/5
ESPRIT ES-TU LÀ ? (HUBERT MONTEILHET)
Le résumé du livre
En raison de sa bonne conduite, un jeune voyou, Jean-Pierre Desormières, doit sortir de prison avant la fin de sa peine. Il a la surprise de voir débarquer dans sa cellule Juliette Sarlat, ministre de la condition carcérale, accompagnée de journalistes. Elle est venue le féliciter et l’encourager à entreprendre une bonne réinsertion tout en s’offrant un petit coup de pub par la même occasion. Le jeune délinquant sans scrupule en profite pour dérober discrètement le trousseau de clés de la ministre. À peine dehors, il file dans son riche appartement situé dans un des plus beaux quartiers de la capitale, lui dérobe plusieurs tableaux de maîtres ainsi que divers objets de grande valeur. Et, au lieu de filer sans demander son reste, il a le culot de taper l’incruste, d’exiger le silence de la ministre en lui faisant craindre un scandale qui lui ferait perdre son poste ainsi qu’une place de secrétaire particulier grassement payé à ne rien faire. Et pour couronner le tout, il abuse sexuellement de la malheureuse sans lui demander le moindre consentement. Ne sachant comment se débarrasser d’un tel escroc, Juliette, volée, violée et abusée, récupère un chien-loup de gendarmerie, animal redouté par Jean-Pierre, histoire d’essayer de reprendre un peu le contrôle de la situation. Mais l’animal a un comportement bizarre. Il s’agite devant la tombe du défunt mari de la ministre alors qu’il ne l’a jamais connu. Et un guéridon ayant appartenu à Talleyrand, « le diable boiteux », se met à taper tout seul dans l’appartement. L’esprit qui l’anime déclare s’appeler « Werewolf », c’est-à-dire « Loup-Garou ».
Ma critique
Edité en 1977 dans la série « Sueurs froides » de Denoël, « Esprit es-tu là ? » est plus un roman social voire une fable satirique qu’un roman policier dans le sens classique du terme. Avec une plume incisive, élégante et une grande liberté de ton, Hubert Monteilhet se sert du prétexte de cette histoire un peu étrange pour décrire quelques figures de la société de son temps (giscardien) avec tous leurs travers (cupidité, mensonge, prétention, crédulité idiote et autres). Tous les personnages sont amoraux. Le lecteur ne peut même pas avoir de l’empathie pour la victime principale, car elle n’est pas meilleure que son bourreau qui reste une véritable crapule. Même si l’intrigue est relativement originale, l’histoire reste un peu cousue de fil blanc et cette affaire de spiritisme bidon assez « capillotractée ». La fin, qui tourne même au bricolage faussement technique, semble un brin décevante. Et pourtant, le lecteur d’aujourd’hui peut éprouver un véritable plaisir à lire ou relire ce roman en raison de l’humour mordant, frondeur, insolent dont fait preuve cet auteur un peu oublié, proche en esprit de Jean Dutourd et même d’Alphonse Boudard, de Frédéric Dard, de Michel Audiard, voire d’Albert Simonin avec en prime la finesse un brin licencieuse d’un libertin du XVIIIe. Il y a aussi du Laclos chez lui. Il faut lire ou relire Monteilhet, ne serait-ce que pour retrouver une liberté d’esprit qu’on peut croire à jamais disparue !
Ma note
4/5
ERNST JÜNGER, DANS LES TEMPÊTES DU SIÈCLE (JULIAN HERVIER)
Le résumé du livre
Ernst Jünger (1895-1998) commença à écrire dès l’âge de 14 ans et produisit ses dernières pages à celui de 101 ans. Lors de la première guerre mondiale, il se révéla être un combattant héroïque. 14 fois blessé, il échappa par miracle à la mort et fut le dernier titulaire de l’ordre « Pour le mérite », créé par Frédéric II de Prusse. Il passa au total quinze années sous les drapeaux et le reste de sa vie à lire et à écrire. Issu d’un milieu d’aisance récente, il avait six frères et une sœur. Elève solitaire et assez médiocre, il se réfugiait souvent dans la lecture. Très jeune, il finit par fuguer pour s’engager dans la Légion, histoire d’aller voyager en Afrique. Mais il est récupéré par sa famille six semaines plus tard. L’année suivante, il s’engage dans l’armée pour ne pas avoir à terminer ses études. La guerre venue, il se retrouve sur le front. Il participe activement à la bataille de la Somme. Alors qu’il est en train de déjeuner, il est blessé par un éclat de shrapnell et évacué vers l’arrière pour y être soigné, ce qui lui permet de ne pas se retrouver mêlé à une offensive meurtrière dont quasiment aucun de ses camarades de combat ne réchappera. Il participera également à la seconde guerre mondiale, mais de manière plus agréable, en suivant de loin les troupes et en séjournant à l’état-major parisien, ce qui lui permettra de fréquenter les meilleurs endroits de la capitale, toute l’intelligentsia et les puissants de l’époque…
Ma critique
« Ernst Jünger, dans les tempêtes du siècle » est la biographie particulièrement détaillée de l’un des écrivains allemands les plus prolifiques et les plus récompensés du siècle passé. Il aborda de nombreux sujets (la guerre avec « Orages d’acier », mais aussi la politique, la philosophie et même le fantastique et la science-fiction avec « Héliopolis » et autres) et utilisa diverses formes littéraires (le récit, le journal intime, l’essai, le roman, le conte voire la parabole). Le lecteur apprendra beaucoup de choses sur l’écrivain perfectionniste qu’il était (il proposa pas moins de sept versions différentes d’« Orages d’acier »), sur sa passion pour l’entomologie et les voyages un peu partout sur la planète. Il découvrira qu’il fut inquiété après guerre lors de la période de dénazification de l’Allemagne de l’Ouest. Il ne s’était pas compromis avec les nazis, avait même refusé tout soutien ou collaboration alors qu’il était porté aux nues par eux comme héros national et pourtant les Britanniques lui infligèrent une interdiction de publier qu’il contourna d’ailleurs en allant s’installer dans la zone française d’occupation où il put s’exprimer sans problème. Ouvrage intéressant, mais de lecture un brin laborieuse. L’auteur ne se contente pas de raconter la vie de l’écrivain, il analyse un peu trop longuement chacune de ses œuvres, lesquelles furent fort nombreuses et souvent redondantes.
Ma note
3/5
CHEVALIERS ET CHEVALERIE AU MOYEN-ÂGE (JEAN FLORI)
Le résumé du livre
Dans l’imaginaire collectif, le chevalier reste un guerrier à cheval doté d’une plus ou moins belle armure qui n’a de cesse, l’épée ou la lance à la main, de se battre pour défendre la veuve et l’orphelin. Il doit être fidèle à son suzerain, à son roi et au Pape. Il dispose d’un rang social honorable et respectable, mais son statut social ne deviendra que très tardivement un véritable titre de noblesse. À l’époque, la société est répartie en trois « castes », les « oratores » (les « priants », le clergé), les laboratores (« les travaillants », paysans, serfs, artisans, etc.) et les « bellatores » (les « combattants », soldats et hommes de guerre). Les chevaliers qui en font partie ont donc des devoirs envers Dieu, le Roi et l’Eglise. Ils doivent aide et protection aux deux autres castes. Courage, sens de l’honneur, fidélité, mais aussi humilité mêlée d’orgueil définissent une condition qu’illustra au mieux Bayard, le fameux chevalier « sans peur et sans reproche »…
Ma critique
« Chevaliers et chevalerie au Moyen-Âge » est un essai de sociologie historique de belle qualité et fort bien documenté. Un appareil de notes et référence d’une bonne trentaine de pages en fin de volume complète opportunément le propos. Avec honnêteté et modestie, l’auteur n’assène pas une théorie personnelle sur ce « phénomène de société » qui irrigua plusieurs siècles (du IXe au XVe) et influença les suivants, mais présente les diverses avancées des historiens sur le sujet. Il tente de faire la part entre les textes primitifs (« Chanson de Roland », « Chevaliers de la Table Ronde »), les romans historiques style Dumas, Féval, Zévaco ou Walter Scott et la réalité historique. Le lecteur apprendra qu’au fil des temps, la chevalerie évolua en permanence. Le statut de chevalier passa de celui de simple guerrier doté d’une monture, en général de bonne extraction, (avec la possibilité pour un valeureux écuyer d’être adoubé pour son ardeur au combat), à celui de noble et d’aristocrate reconnu de ses pairs, avant de finir comme titre purement honorifique. L’évolution technique de la guerre y eut une certaine part. L’équipement du chevalier, assez peu onéreux au départ, devenant de plus en plus couteux avec des armures de plus en plus lourdes et sophistiquées pour résister aux flèches des arcs « long-bow » anglais ou aux carreaux des arbalétriers milanais par exemple. Livre passionnant, quasi exhaustif sur le sujet, bien que d’une lecture un tantinet laborieuse.
Ma note
4/5
EN ATTENDANT L’ANNÉE DERNIÈRE (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
En 2055, la Terre est la proie d’une guerre interminable contre les Reegs, sorte d’insectes extra-terrestres. Elle s’est alliée avec les Lilistariens, autres extra-sterrestres, aussi exigeants qu’encombrants pour ne pas dire envahissants et totalitaires. Le secrétaire des Nations Unies, Gino Molinaro, essaie par tous les moyens de préserver les intérêts des Terriens. Il ménage la chèvre et le chou, tente tous les subterfuges possibles et imaginables. Mais il est hypochondriaque, dispose de plusieurs existences et intervient dans diverses dimensions… Eric Sweetscent est un médecin spécialisé dans les transplantations d’organes. Il travaille pour une société spécialisée, la FCT dont le patron Vigil Ackerman est un sorte de vieux fossile qui n’a plus aucun organe d’origine et qui n’est pas loin de devenir immortel. Eric va devenir le médecin privé de Molinaro, ce qui va lui amener bien des déboires sans oublier ceux créés par sa femme Kathy. Le couple ne se supporte plus. Et tout arrive à un paroxysme quand Kathy se met à prendre du J-J 180, drogue hallucinogène particulièrement addictive qui peut provoquer de graves séquelles physiques et psychiques voire amener à la mort. Comme cette substance est sans goût, sans odeur et sans saveur, elle réussit à en faire prendre à son insu à Eric qui n’aura de cesse de chercher à se désintoxiquer…
Ma critique
« En attendant l’année dernière » est un roman de science-fiction un brin alambiqué ne comportant que peu de personnages et une intrigue assez simple pour ne pas dire simpliste. Philip K. Dick en profite pour développer les problèmes de couple (« Je t’aime, moi non plus ») avec une fin assez banale, ainsi que sa vision de l’évolution de la technologie dans les années à venir. Le livre datant des années 60, il est amusant pour le lecteur d’aujourd’hui de constater que certaines choses sont assez conformes (transhumanisme et mondialisme entre autres) et d’autres pas du tout. Le principal intérêt de l’ouvrage se situe à notre avis dans les descriptions d’effets de cette drogue qui fait penser au LSD en dix fois pire avec ses voyages dans le temps, l’espace et dans diverses dimensions. Le style est toujours vivant et agréable à lire, mais l’ensemble laisse quand même l’impression que l’on a pas affaire au meilleur titre du grand auteur américain.
Ma note
3,5/5
UN SAMOURAÏ D’OCCIDENT (DOMINIQUE VENNER)
Le résumé du livre
Depuis les deux grands conflits mondiaux de 14/18 et 39/45, la civilisation européenne qui était dominante est entrée en déclin. La disparition des Empires, la décolonisation et la montée en puissance des deux vainqueurs (USA et URSS) ont poursuivi le processus. Pour l’auteur, la cause avant tout spirituelle de tous nos malheurs vient de l’âme européenne qui est « entrée en dormition ». Mais elle n’est pas morte. Elle est même immortelle. Quand se réveillera-t-elle ? Nul ne peut le dire. Pour cela il lui suffira de renouer avec ses grands principes, ses fondamentaux, ceux de l’Iliade et de l’Odyssée, avec les valeurs de la philosophie antique, la « gravitas » (grandeur d’âme) faite de « virtus » (courage moral) et de dignitas (honneur). Qualités morales que l’on retrouve aussi dans l’esprit chevaleresque du Moyen-Âge et dans le code d’honneur des samouraïs japonais. Venner marque l’opposition voire la contradiction existentielle entre la « dignitas » païenne et « l’humilitas » chrétienne dont le dévoiement serait à la base de notre effondrement.
Ma critique
« Un samouraï d’Occident », sous-titré un peu abusivement « Le bréviaire des insoumis » (ni recettes, ni mode d’emploi), est un essai plus philosophique que vraiment politique tentant d’expliquer les raisons du déclin évident de l’Occident et de démontrer la nécessité de revenir aux sources de la pensée grecque et latine pour amorcer une quelconque renaissance. De très longs développements sont consacrés à Homère, à Epictète, Platon, Socrate, Pline l’Ancien et autres grands philosophes avec une attention toute particulière aux Stoïciens qui ont la faveur de l’auteur. Païen et même un tantinet paganiste, Venner pense qu’il n’y a pas à espérer un salut dans l’au-delà, que le seul devoir de l’honnête homme est de tenter de mener une bonne vie ici-bas, de se contenter de ce que l’on a, de ne pas se perdre dans l’hédonisme, l’individualisme et le consumérisme. De tout supporter avec calme et lucidité et même de mettre fin à son existence si l’on estime que le moment en est venu. La plus grande dignité de l’homme serait de se faire « seppuku » comme un samouraï japonais. Plutôt mourir debout que vivre couché. Ce qu’il a pratiqué lui-même en se suicidant à l’intérieur de la cathédrale Notre-Dame. Un ouvrage qui pose intelligemment les problématiques et propose des changements radicaux de paradigmes. Un retour aux sources qui pourrait se révéler salutaire…
Ma note
4/5
LA VÉRITÉ SUR LE BOUDDHISME (DANIEL SENS)
Le résumé du livre
Parti d’Inde, répandu dans toute l’Asie et maintenant un peu partout dans le monde, le bouddhisme peut revendiquer de 350 millions à 1 milliard de pratiquants selon les critères d’évaluation utilisés. Cette pratique qui semble être plus une philosophie qu’une religion stricto sensu a été instaurée comme une déviance de l’hindouisme par Siddartha Gautama, jeune aristocrate, qui fut d’abord marié et père d’un enfant avant de quitter sa famille pour accomplir son destin, celui de devenir le Bouddha (« l’Eveillé »). Il vécut quelque temps dans un monastère hindouiste qu’il quitta assez vite, car la voie de l’ascétisme proposée ne lui convenait pas. Cinq premiers disciples se regroupèrent autour de lui avant de le quitter assez rapidement. Comme il se retrouvait seul à méditer sous un grand arbre pendant des jours et des jours, il finit par atteindre le but recherché, l’Illumination, le Nirvana, l’absence de tout attachement, l’indifférence totale à l’agitation du monde. S’estimant un être parfaitement accompli, il décida de prêcher, de transmettre son savoir en commençant par ses cinq premiers disciples retrouvés. Ce qu’il fit ensuite pendant 45 ans avant de mourir d’une indigestion soit de champignons, soit de viande de porc…
Ma critique
« La vérité sur le bouddhisme » est un essai théologique bien documenté, assez fouillé et parfois un brin ennuyeux à lire surtout dans la partie descriptive des grandes lignes de la doctrine. Le lecteur apprendra cependant bien des choses sur ce courant de pensée aux confins du religieux et du philosophique comme le fait que cinq siècles s’écoulèrent avant qu’apparaissent les premiers écrits. Tout l’enseignement se transmit oralement, de maîtres à disciples. Les courants furent nombreux (bouddhisme tibétain, chinois, japonais, zen, etc.) La doctrine se caractérise par le rejet de tout Dieu créateur et par l’absence du principe de miséricorde (dans le sens « charité chrétienne »). Tout revenant au karma et aux réincarnations. Ainsi même « une mouche peut devenir Bouddha un jour », lit-on avec une certaine stupéfaction. La seconde partie, plus aisée à lire, réfute la plupart pour ne pas dire la totalité des principes bouddhistes avec de solides arguments aussi bien théologiques que scientifiques. Cinq annexes terminent l’ouvrage en démontant d’autres aspects paradoxaux de la doctrine : l’impermanence, le mouvement, le temps et l’instant, la causalité et la production conditionnée et même l’atome. Ouvrage critique fort intéressant pour qui s’intéresse au sujet. Mais quel dommage que ce texte soit entaché de tant de coquilles !
Ma note
3,5/5
MON RÉGIME PALEO (EMMA VICKENS)
Le résumé du livre
Le régime dit « Paléo » serait-il l’un des meilleurs possibles du fait qu’il serait pratiqué par des millions de personnes dans le monde et depuis environ 2,5 millions d’années ? Notre organisme serait-il programmé depuis la nuit des temps pour n’ingérer que des légumes et des fruits bios, de la viande d’animaux élevés à l’air libre et pour ne boire que de l’eau de source très pure ? Faut-il s’inspirer d’un mode de vie datant d’avant l’invention de l’agriculture pour parvenir à la pleine santé et éviter carences et maladies ? Dans le régime paléo, les céréales, légumineuses et produits laitiers (sauf ceux au lait de chèvre) sont proscrits. Et bien entendu, ni « junk food », ni nourriture transformée industriellement de quelque manière que ce soit, ni sucreries, ni charcuteries, ni café, ni vin, ni alcool ne sont autorisés. Dans ces conditions, l’auteure nous promet que ce mode de vie paléo permet de se sentir en meilleure santé, d’augmenter son niveau d’énergie et même de perdre du poids. Ce changement d’habitudes alimentaires devrait pouvoir porter ses fruits au bout de trois semaines à un mois, nous promet-on. Cela pourrait donner envie d’essayer…
Ma critique
« Mon régime paléo » est plus un livre de recettes de cuisine qu’un essai à proprement parler. En effet, la théorie et les généralités sur cette curieuse façon de se nourrir n’occupe qu’à peine un tiers du livre alors que les recettes prennent tout le reste. Madame Vickens propose en effet autant de recettes différentes que de jours d’un mois complet avec petit déjeuner, déjeuner, collation et dîner. C’est extrêmement varié, apparemment délicieux (nous n’avons encore rien testé…) et même assez sophistiqué. L’apprenti « paléo » ne risque pas de se lasser car cela change tout le temps. Il remarquera aussi une importante présence de patate douce, lait de coco, beurre de coco et sucre de coco. Sans parler de toutes les épices, avocats et autres fruits et noix exotiques que ne connaissaient certes pas ce bon Cromagnon. Ce régime n’est donc pas l’exacte imitation de ce que mangeaient nos ancêtres avant l’agriculture (pêche aléatoire, chasse et cueillette saisonnière de baies et plantes sauvages). En examinant de plus près ces recettes, on s’aperçoit aussi que l’abondance pour ne pas dire la profusion (qui peuvent d’ailleurs amener à l’excès et donc à l’exact contraire de l’effet recherché) est encore bien présente. Se priver de l’apport calorique et protéinique des céréales amène à manger des produits animaux (œufs, poissons, viande et même « bacon », tiens, tiens…) trois fois par jour. N’est-ce pas un peu trop ? Ouvrage intéressant pour certains mais qui manque un peu de preuves établissant scientifiquement sa réelle efficacité (sources, références, notes, bibliographie auraient été les bienvenues).
Ma note
3,5/5
VOTRE AVENIR SUR ORDONNANCE (FREDERIC SALDMANN)
Le résumé du livre
La pratique du jeûne, qu’il soit religieux ou thérapeutique, est connue depuis la nuit des temps. Nous avons tendance à trop manger, à nous nourrir par habitude, à heures fixes et même sans appétit, juste pour faire comme tout le monde. Nous ne devrions manger que quand nous avons vraiment faim et laisser des périodes de repos plus longues à notre système digestif. Ainsi notre organisme, libéré du gros travail de la digestion, peut se consacrer à d’autres tâches comme la réparation de cellules ou d’organes endommagés et même se donner les moyens d’être plus efficace, voire de rajeunir. D’où l’intérêt du jeûne intermittent qui ne devrait pas être une épreuve ni une pénitence mais, bien au contraire, des « vacances métaboliques que vous offrez à votre organisme. » Il permet d’avoir plus de vitalité et plus d’énergie au quotidien. En effet, toute forme de manque, tout stress biologique et tout changement de rythme mobilisent nos systèmes de défense immunitaire et de régénération cellulaire. Donc, fuyons l’inaction, la sédentarité et la routine qui provoquent la « rouille » du corps et de l’esprit.
Ma critique
« Votre avenir sur ordonnance » est un essai de vulgarisation médicale axé plus sur le maintien en bonne santé que sur les soins à proprement parler. Mieux vaut prévenir que guérir. L’ouvrage est bien écrit, agréable à lire et passionnant du début à la fin. Chacun pourra y trouver son miel vu que l’auteur a l’intelligence d’aborder la problématique de cette forme de jeûne partiel par un nombre de biais fort important. Tout y passe, l’estomac, l’intestin, la peau, le cerveau, et même le sexe auquel un important chapitre est consacré. Saldmann ne propose pas de méthode rigide avec régime alimentaire (heures, quantités, calories, etc.). Il prodigue néanmoins une foule de conseils dont certains pourront sembler étranges voire saugrenus comme s’applaudir soi-même, se frotter le ventre, claquer des doigts, tirer la langue, jouer à la marelle ou à colin-maillard, faire des bulles de savon ou marcher pieds nus dans la rosée, pour n’en citer que quelques-uns. Chacun en prendra et en laissera sans doute. Il remarquera aussi avec un certain amusement que ces propositions souvent connues des pratiquants de la naturopathie deviennent acceptables venant d’un médecin en titre alors qu’elles étaient passibles de poursuites lorsqu’elles étaient prônées par un certain Thierry C, modeste YouTubeur par exemple. Donc, bravo au docteur-philosophe de remettre un peu de bon sens, d’humanité et d’efficacité au cœur même de la médecine « dure ».
Ma note
4,5/5
MARIE-JULIE JAHENNY, LA STIGMATISEE DE BLAIN (PIERRE ROBERDEL)
Le résumé du livre
Née le 12 février 1850 à Blain, au hameau de La Fraudais (Loire-Atlantique) et morte le 4 mars 1941 au même endroit, Marie-Julie Jahenny est une mystique et stigmatisée catholique française, appelée « la sainte de Blain » par ses fidèles. À partir de 1873, elle revit chaque vendredi la Passion du Christ et en porte les stigmates. Elle annonce l’arrivée des deux guerres mondiales et le retour de la monarchie en France. Mais à partir de 1877, elle est l’objet de suspicions de la part du clergé du diocèse, puis d’une interdiction de s’approcher des sacrements. Cette mesure est levée dix ans plus tard, mais l’élan de curiosité est alors retombé et seul un petit cercle de fidèles continue à noter ses faits, gestes et paroles, jusqu’à sa mort en 1941 à l’âge de 91 ans.
Ma critique
Cet ouvrage se présente comme la biographie de cette humble paysanne qui fut gratifiée de nombreuses apparitions de la Vierge ou du Christ qu’elle voyait et à qui elle parlait dans un état extatique, mais qui subit en contrepartie une longue vie de souffrances et d’incompréhensions, offertes pour expier les péchés d’un monde indifférent. Elle eut des visions de l’avenir et fit même toutes sortes de prophéties. Tout fut noté scrupuleusement par les témoins sur des dizaines de milliers de pages si l’on en croit l’auteur. Certaines prophéties concerneraient particulièrement notre époque, mais malheureusement il n’en est nulle trace dans cet ouvrage. C’est un peu dommage pour ceux qui seraient en quête de révélations apocalyptiques. Nettement moins connue que le Padre Pio, la « Sainte de Blain » mérite de ne pas être oubliée, ne serait-ce que comme exemple d’humilité, de vie cachée, et entièrement vouée à l’amour de Dieu.
Ma note
4/5
ON N’EST JAMAIS MIEUX SOIGNE QUE PAR SOI-MÊME (FREDERIC SALDMANN)
Le résumé du livre
Est-il possible et souhaitable de devenir son propre médecin ? Peut-on pratiquer sur soi-même une sorte de médecine préventive permettant de maintenir une bonne santé quasi permanente, une vitalité hors pair et une sexualité gratifiante ? C’est ce que nous propose le docteur Saldmann dans ce livre. Après tout, dans la Chine millénaire ne payait-on pas le médecin pour qu’il maintienne le patient en bonne santé et cessait-on dès qu’il tombait malade ! Notre corps et notre esprit demandent à être bien entretenus. Tout comme n’importe quelle mécanique, n’importe quel véhicule, il s’agit d’en prendre soin, de bien l’entretenir, de lui donner le bon carburant, de l’employer à bon escient et de savoir interpréter ses signaux de détresse. Cela commence par le surpoids, bien difficile à vaincre avec des régimes tous basés sur la privation, la frustration, créant des effets de yoyo bien connus et finissant par aggraver la situation au lieu de l’améliorer. Sur ce point, l’auteur n’a pas la solution miracle. Il suggère juste de se conserver malgré tout un aliment-plaisir, comme une part de gâteau au chocolat mangée en début de repas, histoire de se couper l’appétit sans perdre son plaisir ! Il nous apprend également l’intérêt de la poignée de noix journalière qui peut relancer la libido défaillante, celui des bienfaits du jeune intermittent qu’il qualifie de « séquentiel » pour laisser un peu de répit au système digestif et bien d’autres choses.
Ma critique
« On n’est jamais mieux soigné que par soi-même » est un ouvrage de vulgarisation aux confins de l’essai et du guide pratique, sans les avantages et les inconvénients de l’un et de l’autre. Frédéric Saldman se base sur toutes sortes d’études récentes de médecine, diététique, sociologie ou psychologie dont il reconnaît lui-même qu’elles ne sont pas forcément à prendre au pied de la lettre, les cohortes testées étant souvent insuffisantes en nombre. Le lecteur ne trouvera pas de séries de menus conseillés, pas de méthode précise, chiffrée et adaptée, (cf Cohen ou Dukan) mais des pistes, déjà plus ou moins explorées ailleurs. Importance du régime alimentaire, de la sédentarité, du repos, du travail intellectuel, mais aussi des relations sociales et du maintien d’un bon moral. Il étaie son propos avec des études ou des expériences menées sur des coraux, des vers de terre, des rats et autres. Il cherche à comprendre comment il se fait que les gens arrivent à vivre si vieux dans les zones « bleues », en l’occurrence en Sardaigne. Le lecteur trouvera aussi dans cet ouvrage une analyse des « Dix commandements » revus et corrigés à la lumière de la santé et remarquera ici ou là, en s’en amusant un peu, que les problèmes de sexualité ainsi que ceux des flatulences reviennent plus souvent qu’à leur tour. Intéressant, mais au titre de première approche du sujet seulement.
Ma note
4/5
LETTRE AUX AUTRUCHES ET AUX TUBES DIGESTIFS (NICOLAS VIDAL)
Le résumé du livre
Cette très courte lettre d’une quarantaine de pages est adressée aux millions de Français qui préfèrent s’amuser, consommer, regarder la télé et/ou Netflix, qui ne s’informent pas, qui ne votent pas, qui ne militent pas. À toutes ces autruches qui mettent leur tête dans le sable, à tous ces tubes digestifs qui gobent tout et le répètent, vu que ça été « dit à la télé », l’alerteur un brin passionné Nicolas Vidal leur rappelle que c’est de leur faute si le pays va si mal, s’il est tombé si bas, si la démocratie déjà chancelante n’est plus qu’un faux semblant sans consistance. Depuis des années, une certaine élite a profité de cette apathie populaire pour trahir le pays de toutes les façons possibles. Depuis des décennies, elle n’a fait que se servir au lieu de servir. Et les résultats catastrophiques sont là. Il serait donc grand temps d’assister à un sursaut de citoyenneté, à une prise de conscience de nombre de ces braves consommateurs…
Ma critique
« Lettre aux autruches et aux tubes digestifs » se présente comme le « coup de gueule » d’un honnête citoyen déçu de l’attitude de certains de ses semblables. Ce n’est en aucun cas un pamphlet. Pas de caricature, pas d’outrance, pas d’invective chez Vidal, juste un état des lieux objectif, une description du champ de ruine qu’est devenue notre pays. Tout y passe depuis la décadence de l’Éducation Nationale, à l’abrutissement de la jeunesse avec les écrans, jeux vidéos et réseaux sociaux en passant par la révolte des « Gilets Jaunes », la crise sanitaire avec toutes ses atteintes aux libertés, les fleurons de notre industrie bradés, etc. Un livre salutaire et à conseiller à tous ceux qui n’ont pas encore saisi l’ampleur de l’enjeu. Un seul petit reproche: Vidal cite dans son texte quelques auteurs comme Brighelli, Desmurget, Vaguerlant et autres, mais ne propose pas de bibliographie en fin d’ouvrage. Cela aurait permis de mieux approfondir certains sujets et même d’étayer son propos.
Ma note
4,5/5
PSYCHOLOGIE DE LA MANIPULATION ET DE LA SOUMISSION (NICOLAS GUEGEN)
Le résumé du livre
Jusqu’où sa tendance naturelle à l’obéissance peut-elle amener l’être humain ? Comment expliquer les exactions commises en temps de guerre par des soldats par ailleurs bons fils, bons pères de familles et maris doux et prévenants ? Y a-t-il une sauvagerie, une perversion latente que les circonstances, les rapports sociaux ou certaines manipulations feraient apparaître ? Peut-on être contraint à la violence par simple principe d’obéissance, par soumission à l’autorité ? Dans les expériences de Milgam qui consistaient à envoyer des décharges électriques (virtuelles) à un élève donnant de mauvaises réponses, tous les sujets sont allés jusqu’à 285 volts, 12,5% se sont arrêtés à 300 volts, 20% entre 315 et 360 volts et 65% ont poursuivi jusqu’au bout, soit de 435 à 450 volts ! Cela donne une idée de la puissance de suggestion représentée par une simple blouse blanche dans un banal exercice universitaire. Diverses études ont montré que selon l’aspect de l’interlocuteur, selon sa présentation vestimentaire ou son statut social, il était plus ou moins aisé de se soumettre à son autorité. Ainsi obéira-t-on plus facilement à un personnage en uniforme, à un bourgeois en costume cravate, à un médecin en blouse blanche qu’à un clochard en haillons.
Ma critique
« Psychologie de la manipulation et de la soumission » est un essai psychologique intéressant, détaillé, s’appuyant sur de très nombreux travaux et au bout du compte très universitaire. L’auteur s’évertue à analyser les causes de la soumission d’un individu à un autre. Il analyse longuement une manipulation qu’il baptise « Pied dans la porte » qui consiste à demander un petit effort à quelqu’un avant de lui en demander un plus grand. Ou l’effet « Porte dans le nez », exact contraire du précédent. Le manipulateur fait une demande exorbitante, bien sûr refusée, pour pouvoir en placer une plus acceptable. Et ça marche alors que la réussite est bien moindre sans ces deux manœuvres. Il aborde également, mais un peu trop brièvement, tout ce qui concerne la culpabilisation. Il prouve également l’extrême importance du non-dit, du geste (un simple toucher de la main ou du bras, même furtif, peut changer la donne), du regard (extrêmement important pour la confiance) et du sourire qui fait immédiatement entrer en empathie. Rien sur les manipulations par la peur. D’une lecture un peu laborieuse en raison de la multiplication des exemples et des études, cet ouvrage reste cantonné aux comportements sociaux, aux rapports individuels, aux petits gestes du quotidien (donner plus ou moins de pourboire, signer ou non une pétition, rendre un service ou non, etc.) Le lecteur restera sur sa faim sur les manipulations de masse, la propagande médiatique, les « psyops », les travaux des cabinets dits « de conseil », des instituts de sondages et autres narratifs soigneusement distillés par les différents pouvoirs pour manipuler et soumettre à une bien plus grande échelle.
Ma note
3,5/5
LE QUAI DE WIGAN (GEORGE ORWELL)
Le résumé du livre
Dans les années 30, à Wigan (Grande-Bretagne), tout comme dans les bassins houillers du Lancashire et du Yorkshire, une très importante partie de la classe ouvrière vit dans des conditions particulièrement déplorables. Chômage, pauvreté, crasse, manque d’hygiène. Se retrouvant plus ou moins par la force des choses en immersion, Orwell commence par décrire la vie dans une pension de famille tout à fait minable, tenue par un couple de marchands de sommeil assez odieux et faisant également profession de tripiers presque sans clients vu le manque de fraicheur des denrées en question. Ils offrent des conditions de logement indignes à de pauvres miséreux, chômeurs, trimardeurs, handicapés suite à un accident dans la mine ou autres placiers de journaux à la commission. Puis, il descend dans les mines, ce qui lui permet de proposer une description des conditions de travail dantesques des mineurs de l’époque, très comparable à celles décrites par Zola dans « Germinal ». Les salaires des mineurs leur permettent tout juste de survivre dans des logements sales, insalubres, où on peut s’entasser à 7 dans deux pièces, sans eau courante, ni sanitaires et avec les latrines dans la cour de derrière !
Ma critique
« Le quai de Wigan » est un ouvrage un peu particulier dans l’œuvre du grand George Orwell. En effet, la première partie se présente comme un véritable reportage d’investigation sur une réalité sociale douloureuse à une époque où l’Empire britannique est encore, mais plus pour longtemps, à son apogée. C’est la partie la plus intéressante du livre aussi bien du point de vue historique que social. On n’est pas bien loin du monde de Dickens tant la misère des classes laborieuses est encore énorme. La seconde partie est complètement différente. C’est un essai sur le socialisme, le communisme et son opposition avec le fascisme qu’Orwell voit en pleine expansion. Il reconnaît ne pas faire partie lui-même de la classe sociale des prolétaires, mais plutôt de celle des classes moyennes pas très élevées, celles qui, comme lui, ont bénéficié d’une sorte de bonus de classe en allant travailler dans les colonies. Ils dominaient les autochtones et pouvaient même bénéficier de serviteurs, chose inaccessible en métropole. Orwell reconnaît s’être vite lassé de ce statut en Birmanie et avoir tout quitté sur un coup de tête, avant de rentrer au pays. Bien que nombre de considérations soient encore valables de nos jours (il imagine l’évolution des gens de gauche partant du communisme, virant au socialisme et finissant dans le boboisme actuel) beaucoup sont datées, voire obsolètes, en particulier tout ce qui relève de l’évolution du fascisme et autres idéologies totalitaires.
Ma note
4/5
L’EAU DE MER, MILIEU ORGANIQUE (RENÉ QUINTON)
Le résumé du livre
Notre organisme est composé au trois-quart d’éléments liquides. Tous les organismes animaux ont une origine aquatique du fait qu’ils tirent leur origine d’une cellule qui est nécessairement un élément aquatique. Une étude raisonnée des différents modes respiratoires montre que seul le mode trachéen est véritablement aérien. Les trois autres, le cellulaire, le tégumentaire et le branchial restent fondamentalement aquatiques. De même, des quatre principaux habitats des animaux (les eaux de mer ou d’eau douce, les milieux organiques (parasites), les terres, les vases, les sables et tous les lieux humides, seule la surface des terres elle-même peut être considérée comme vraiment aérienne. Et que l’on remonte jusqu’à l’embryon et aux premières cellules, on en revient toujours à un milieu originel aquatique, fort proche de celui de l’eau de mer. Pour étayer sa théorie, Quinton raconte d’ailleurs une expérience tentée sur des chiens. Même en leur injectant de grandes quantités d’eau de mer, ceux-ci ne sont nullement importunés. Ils seraient même en meilleure forme avant qu’après…
Ma critique
« L’eau de mer, milieu organique » est un essai scientifique de 520 pages édité au tout début de l’autre siècle (1904). C’est très technique, d’une lecture laborieuse, vu que l’auteur étudie une à une toutes les espèces animales sous cet angle très particulier. Nul doute que sa découverte aurait pu révolutionner nos approches de la santé et bouleverser la médecine, mais pour cela, il aurait fallu plus s’intéresser au terrain qu’aux microbes et autres virus. Cela dit, l’ouvrage très technique, sans doute trop pour notre comprenette un peu réduite, nous a vite tombé des mains. Heureusement qu’il existe d’autres livres de vulgarisation sur l’eau de mer d’abord plus facile.
Ma note
3,5/5
DICTIONNAIRE DES EMMERDEUSES (PATRICK GOFMAN)
Le résumé du livre
Ce dictionnaire est un catalogue « raisonné » (précise l’auteur) des vies plus ou moins remarquables de toutes sortes de femmes. On passe de Laure Adler à Clara Zetkin, de la première représentante du beau sexe, Eve et son fruit défendu à l’une des dernières en date à la une des tabloïds, Paris Hilton, célèbre non pour son intelligence ou ses engagements sociaux ou politiques, mais pour ses frasques et caprices de fille gâtée de milliardaire dans l’hôtellerie, en passant par Eva Joly, Louise Michel, Françoise Sagan, Lady Di, Caroline Rousseau, Messaline et de nombreuses autres. En fait, le lecteur a l’impression d’un vaste fourre-tout de 681 pages où se côtoient illustres inconnues et authentiques célébrités, simples auditrices de la célèbre Macha et femmes politiques importantes comme Madeleine Albright ou Hillary Clinton ou célébrités de périodes plus reculées comme Olympe de Gouges ou Frédégonde…
Ma critique
Cet ouvrage assez original présente chacune de ces femmes dans une assez courte notice retraçant brièvement sa vie, ses exploits ou ses turpitudes avec un certain humour et même parfois une certaine « vacherie » (« qui aime bien châtie bien »). Ainsi apprend-on que « sainte » Clotilde, épouse de Clovis et responsable de la conversion de ce chef un brin « barbare » n’était sans doute pas aussi « séraphique » que ce que raconte sa légende. Elle n’aurait pas manqué d’une certaine cruauté. On pourra regretter que l’auteur ait ajouté à son inventaire à la Prévert des êtres légendaires ou mythique (fée Morgane), des personnages de bande dessinée (la Castafiore), des biographies d’actrices porno (Linda Lovelace et Tracy Lord) et même des associations aux financements troubles comme « Ni putes, ni soumises ». Dans cet ouvrage finalement assez polémique (toutes ces femmes sont à classer dans les « emmerdeuses, emmerdantes ou emmerderesses », selon Paul Valéry et Georges Brassens), on apprend entre autres choses qu’il y a en France 14 millions de célibataires ou veufs, plus 4 millions d’individus en couples non cohabitants pour 27 millions d’actifs et que 80% des divorces sont demandés par les femmes. Ouvrage intéressant, agréable à lire pour son ton décalé et un brin désabusé, mais qui ne plaira sans doute pas à tout le monde…
Ma note
4,5/5
RENTRE AVANT LA NUIT (LISA JEWELL)
Le résumé du livre
Dans la petite ville d’Upfield Common (Grande-Bretagne), un jeune couple, Tallulah et Zack (19 ans), s’offre une soirée de détente au pub du coin pendant que Kim, la mère de Tallulah, garde Noah, leur nourrisson. Assez tard dans la nuit, Kim reçoit un message lui annonçant qu’ils ne rentrent pas tout de suite, car ils veulent continuer la soirée chez des amis. Kim répond que tout va bien et qu’ils peuvent y rester le temps qu’ils souhaitent. Mais le lendemain matin, les deux jeunes ne sont toujours pas rentrés à la maison. Très inquiète, Kim essaie de les appeler au téléphone. Aucun ne répond. Elle se rend alors chez Meg, la mère de Zack, dans l’espoir qu’ils soient chez elle. Mais il n’en est rien. Le barman du pub où ils ont commencé la soirée lui apprend qu’ils sont partis finir la fête dans la belle propriété des parents de Scarlett. Celle-ci lui confirme que la bande de jeunes est bien venue chez elle et que Tallulah et Zack sont restés parmi les derniers. Elle précise même qu’ils sont repartis en disant qu’ils avaient appelé un taxi. L’ennui, c’est qu’aucune des compagnies de taxis de la région n’a chargé de couple à cet endroit cette nuit-là…
Ma critique
« Rentre avant la nuit » n’est pas vraiment un roman policier classique, ni un thriller, ni même un roman noir. Ce serait plutôt un drame sentimental. L’intérêt ne vient pas vraiment de l’enquête en elle-même. Elle piétine tout au long des 454 pages de ce bouquin par ailleurs assez facile à lire grâce à de nombreux dialogues, un style léger et surtout de continuels allers et retours entre l’avant et l’après pour une affaire qui traine sur presque deux années. Pas non plus de fausses pistes, pas de fin surprenante et pas d’accumulation de cadavres si l’on oublie un troisième meurtre en toute fin, bâclé quelques pages, voire un brin invraisemblable d’ailleurs. Madame Jewell a préféré privilégier la psychologie, la description de sentiments, d’états d’âme de personnages assez stéréotypés et s’est complu dans une affaire de romance entre filles aussi paumées chez les riches que chez les pauvres, avec en prime des relations sexuelles saphiques qui tournent mal. Elle qualifie elle-même son style de « cosy ». On pourrait même dire « softly » voire « girly », de sorte qu’on n’est plus très loin de la fameuse « chicklit » qui a un important public dont nous ne faisons pas partie. Les amateurs de « punchy » et de « close to the bone » pourront éviter ce « jewel » (« joyau »). Clinquant pseudo qui peut agacer…
Ma note
3/5
L’EAU ROUGE (JURICA PAVICIC)
Le résumé du livre
Le 23 septembre 1989, dans la petite ville de Misto (Croatie), une jeune fille de 17 ans, Silva, disparaît sans laisser la moindre trace. La dernière fois que quelqu’un l’a vue ce fut lors d’une fête de village. Elle dansait avec un jeune homme qui n’était pas son petit ami habituel. Quand elle apprend la disparition de sa fille, Vesna, sa mère est effondrée. Elle reste à pleurer des heures entières dans sa chambre. Yakov, le père et surtout son frère jumeau Mate se lancent à sa recherche. La police est prévenue. Des battues sont organisées dans toute la région. En vain. Tout le monde s’interroge : A-t-elle été kidnappée ? L’a-t-on assassinée ? A-t-elle simplement fait une fugue ? Le fiancé est arrêté puis relâché sans être inquiété. Il a un alibi et a résisté au détecteur de mensonges. La famille couvre la région d’affichettes dans l’espoir que quelqu’un quelque part sait quelque chose. Et voilà qu’une jeune femme nommée Elda déclare l’avoir rencontrée le dimanche suivant alors qu’elle-même achetait un billet au guichet de la gare routière. Ainsi débute une très longue recherche qui durera la bagatelle de 26 longues années.
Ma critique
« L’eau rouge » est un roman policier assez particulier. Il ne se passe pas grand-chose pendant plus des trois quarts du récit d’une recherche aussi décevante qu’interminable qui amènera Mate à aller enquêter à Trieste, Graz, Barcelone, Gênes, Ljubljana et même jusqu’à Göteborg pour rien du tout. Dans cette partie de l’ouvrage, l’auteur semble s’intéresser surtout au délitement de la Yougoslavie après la mort de Tito et la fin du communisme dans les pays de l’Est et à celui de la famille de la disparue (divorces, adultère). Ce n’est que dans les tout derniers chapitres que le lecteur aura droit à la clé de l’énigme avec un double rebondissement pas particulièrement crédible qu’il ne faut bien évidemment pas révéler. Pas de plaisir particulier dans cette lecture un peu laborieuse. Pourtant cet ouvrage sans originalité particulière, sans style flamboyant ni humour ravageur, s’est vu décerner rien moins que cinq prix littéraires, ce qui interroge quand même sur la validité de ces récompenses trompeuses qui n’existent peut-être que pour soutenir le marketing.
Ma note
3,5/5
FAUX FRÈRE (PAUL C. DOHERTY)
Le résumé du livre
À Londres, à l’époque du roi Edouard 1er, Ragwort, ancien soldat devenu cul-de-jatte et mendiant, dort dans la rue, non loin des potences. Il est témoin de l’égorgement d’une femme en pleine nuit. Puis c’est au tour d’Isabeau la Flamande, ribaude patentée, d’être assassinée chez elle de la même manière, tout comme quatorze de ses consœurs avant elle. L’opinion publique est en émoi. Pour calmer les craintes des bourgeois de Londres, le roi Edouard charge Master Hugh Corbett de mener l’enquête, de très vite retrouver l’assassin et de le faire pendre sans attendre. Il en profitera pour surveiller les agissements de deux agents du roi de France Philippe le bel, de Craon et de Nevers, récemment débarqués dans la capitale. Aidé de son serviteur Ranulf, il découvre que les meurtres ont toujours lieu le treize de chaque mois et que les femmes ont leurs organes génitaux découpés au couteau à l’exception de Lady Somerville. Autre cas particulier : la mort louche du père Bénédict, brûlé vif dans sa chapelle, avec la clé de la porte à la main. Peu de temps auparavant, le religieux avait envoyé une courte lettre au shérif pour l’informer qu’un sacrilège allait être commis prochainement. L’enquête s’annonce difficile. S’agit-il d’une affaire de sorcellerie et de magie noire ? Le tueur est-il un psychopathe haïssant les femmes en général et les prostituées en particulier ? N’y en a-t-il pas plusieurs à retrouver ?
Ma critique
« Faux frère » se présente comme un roman policier médiéval comme en produit la très bonne collection « Grands détectives » de 10/18. Tout comme d’autres auteurs nous plongent dans la Chine ancienne ou d’autres civilisations exotiques, Paul C. Doherty nous propose ainsi un voyage dans l’Angleterre médiévale avec sa sauvagerie, sa cruauté, ses moines paillards, ses ribaudes et autres traine-savates. Des bas-fonds de Londres, le lecteur se retrouvera aussi à la cour d’Edouard Ier et à celle de Philippe le Bel, avec leurs ambitions, leurs rivalités et les intrigues de l’époque (conquête des Pays-Bas). C’est certainement l’aspect le plus intéressant d’un ouvrage bien écrit et très agréable à lire. Plus faible demeure le côté policier. Il ne se passe pas grand-chose avant les deux tiers du texte. L’enquête semble piétiner avant que la clé de l’énigme n’arrive sans tarder. On est loin des finesses d’une Agatha Christie ou d’un Conan Doyle. Doherty a surtout produit un travail d’historien de grande qualité, à l’exception d’un petit bémol de plus d’un siècle sur l’usage du sucre de canne en Angleterre. Et finalement, en note de fin d’ouvrage, le lecteur apprend que toute cette histoire est un fait historique authentique et que même le personnage de Corbett a réellement existé : il s’appelait John de Droxford. Etonnant non ?
Ma note
4/5
BUSHCRAFT, LE GUIDE DU BIVOUAC POUR CUISINER EN PLEINE NATURE (DAVE CANTERBURY)
Le résumé du livre
Vivre au plus près de la nature procure souvent un sentiment de bien-être. Pour le citadin pris entre béton et goudron, c’est toujours un plaisir et un certain dépaysement de randonner, de bivouaquer et de cuisiner quelque temps à l’extérieur. Et même de se sustenter de ce qu’il peut éventuellement trouver à disposition. Selon les saisons, quelques cueillettes sont possibles (châtaignes, glands, baies sauvages, champignons, ail des ours), mais chasse et pêche peuvent se révéler aussi réglementées qu’aléatoires. Se déplaçant à pied et ne disposant que d’un sac à dos, notre chasseur-cueilleur 2.0 se retrouve également limité par le poids qu’il peut transporter. D’où la nécessité de fabriquer, avec ce qu’il trouve sur le terrain, le matériel ou les ustensiles nécessaires à son projet. Mais quels sont ceux qu’il doit impérativement emporter, ces cinq objets de survie indispensables au bushcrafteur ? Quels habits emporter ? Quel sac à dos ? Quel matériel de couchage, de cuisine, de chasse, de pêche, etc ?
Ma critique
Relativement bien illustré de dessins et croquis, cet ouvrage peut être d’une certaine aide pour qui veut se lancer dans cette aventure en milieu naturel, en autonomie et en toute saison. Il fait suite à un autre titre éponyme, plus général, celui-ci s’attachant plus à la cuisine en plein air, mais présentant aussi d’autres aspects de cette discipline assez récemment venue d’outre Atlantique. Selon la définition de Wikipédia, « le bushcraft, plus rarement woodcraft, ou art des bois, est une activité de loisir qui consiste à mettre en pratique des compétences et connaissances permettant de vivre de manière agréable dans la nature, en la perturbant de façon minimale et de la manière la plus autonome possible. ». Un certain nombre de notions et de réalités restent cependant très américaines (animaux, plantes, environnement, réglementations). L’éditeur aurait pu proposer, ne serait-ce qu’en notes de bas de pages, des « adaptations » ou explications pour le public et l’environnement européen, en ne se contentant pas de simplement traduire un texte intéressant, bien écrit et sans doute très utile à qui voudra se lancer à vivre ainsi quelques jours ou plus dans la nature. À noter également la présence de nombreux « Trucs et astuces du Bushcrafteur » parfois peu connus comme ce thé d’aiguilles de pin obtenu en plongeant de jeunes pousses d’épicéa, pin, sapin ou mélèze, mais non de thuya (toxique) dans le l’eau bouillante ou comme ce filtre à eau monté avec les moyens du bord (herbes sèches, charbon de bois, cailloux et sable fin avec éventuelle adjonction d’un filtre à café en papier).
Ma note
4/5
LE CHEMIN DES ECOLIERS (MARCEL AYME)
Le résumé du livre
À Paris, pendant l’occupation allemande, Michaud, et toute sa famille subissent avec patience les restrictions alimentaires. Pourtant, un matin, au petit déjeuner, lui et ses deux fils mangent sans le faire exprès, une tartine beurrée de plus que leur part. Du coup, son épouse souffrante et sa fille s’en retrouvent privées d’autant. Avec son associé Lolivier, Michaud s’occupe d’un cabinet de gestion immobilière, affaire devenue nettement moins rentable qu’avant-guerre, en raison des loyers impayés et des appartements inoccupés des Juifs enfuis à l’étranger ou déportés en Allemagne, sans oublier le million de prisonniers de guerre retenus dans des camps. Un des fils, Antoine, à quelques semaines de passer son bac, est devenu l’amant d’Yvette, femme mariée dont le conjoint est détenu en Allemagne. Trafiquant sur le marché noir de tout et de n’importe quoi comme d’une quantité phénoménale de cercueils, le jeune homme gagne déjà fort bien sa vie. Tout comme le fils de Lolivier qui lui, fait déjà partie de la pègre. Michaud a des doutes sur les fréquentations de son fils, alors que Lolivier ne se doute de rien…
Ma critique
« Le chemin des écoliers » est un roman social, basée sur une galerie de portraits de gens plus ou moins modestes, plus ou moins compromis avec l’occupant et plus souvent collaborateurs que résistants. Le regard malicieux de Marcel Aymé sur ses personnages est toujours détaché, mais non sans une certaine et juste sévérité. « Qui aime bien châtie bien », dit-on. Il raconte, mais ne juge pas. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage des femmes de prisonniers qui trompent leur ennui et leur frustration entre les bras de petits jeunes ou de blonds guerriers teutons, des fortunes obtenues en un temps record grâce à des affaires louches et de petites gens en être réduits quasiment à la misère à cause des privations. Une période particulièrement difficile de notre histoire décrite avec intelligence, finesse et humanité. Le style est toujours parfait et agréable à lire avec une originalité : des notes de bas de page (parfois assez longues) pour décrire le destin, la plupart du temps tragique, de personnages complètement secondaires. Les amateurs d’Histoire, d’humour et de beau langage ne pourront qu’aimer ce charmant opus du grand Marcel !
Ma note
4,5/5
URANUS (MARCEL AYME)
Le résumé du livre
À Blémond, petite ville normande partiellement détruites par les bombardements anglo-américains, Archambault, ingénieur de profession, écoute sa fille Marie Anne jouer un air d’Edith Piaf au piano. Il est si fier de sa fille qu’il s’imagine que c’est du Chopin. Celle-ci s’est amourachée du fils Monglat issu d’une famille enrichie dans les trafics et le marché noir, mais résistante de la onzième heure. L’ingénieur a été contraint par la mairie d’héberger René et Maria Gagneux, couple d’ouvriers communistes et leurs quatre enfants. La cohabitation est déjà difficile, les deux femmes se disputant souvent au sujet de la cuisine. Et comme si cela ne suffisait pas, dans l’appartement déjà bien occupé, s’est ajouté un autre réfugié, Watrin, prof de maths sentencieux et un brin philosophe qui avait vu sa maison détruite dans un bombardement. C’est le temps de l’Epuration, de la chasse aux collabos. Il s’en trouve d’ailleurs un qu’Archambault, très imprudemment, autorise pour un temps à se cacher chez lui…
Ma critique
« Uranus » est un roman social se déroulant à une époque assez terrible, où les Français ne s’aiment plus, où l’on dénonce à tout-va, où les femmes sont tondues pour avoir eu une faiblesse avec un soldat allemand, où un milicien se retrouve sauvagement torturé en public, les yeux crevés par une petite frappe laquelle s’en prend ensuite à Léopold, brave cafetier du coin, ancien lutteur de foire et grande gueule, outrée de se retrouver, sans la moindre raison, derrière les barreaux. Le lecteur devine dès le début que toute cette histoire ne pourra finir que par un drame. Les personnages sont fort bien campés, tous pleins d’humanité. Il n’y a pas vraiment de héros, rien que de petites gens avec leurs qualités et leurs défauts. Aymé montre parfaitement que dans les périodes difficiles, ce n’est pas le courage et encore moins l’altruisme qui règnent en maîtres, mais plutôt la lâcheté, les petits calculs, l’égoïsme et le conformisme moutonnier. Très agréable à lire (même et surtout à notre époque…) ne serait-ce que pour l’intérêt historique et pour le style inimitable de l’auteur, un des très grands de la littérature française du XXè siècle.
Ma note
4,5/5
COMPRENDRE LE MONDE ACTUEL ET LE NOUVEL ORDRE MONDIAL (CLEMENT MOUSSIE)
Le résumé du livre
Certains croient encore qu’en France le gouvernement décide et dirige vraiment le pays. Il n’en est rien. 80% des lois de chaque pays européen sont décrétées par Bruxelles, le FMI ou la Banque Centrale de Francfort. 30 000 lobbyistes influencent en permanence les décisions du Parlement européen, du Conseil et de la Commission européenne. En France, il a été prouvé que même le Conseil Constitutionnel se trouve souvent sous leur influence. De plus, les médias de masse sont tous entre les mains d’un tout petit nombre de milliardaires (1% seulement des élites de l’Occident). Ils manipulent l’opinion à leur guise et répercutent largement le « narratif » gouvernemental. On y cherche en vain un véritable débat sur la plupart des sujets essentiels. La liberté d’expression est ainsi battue en brèche et les principes démocratiques sont menacés.
Ma critique
« Comprendre le monde actuel et le nouvel ordre mondial » est un petit opuscule de lecture assez facile, disponible en libre téléchargement, qui balaie un large spectre des réalités politiques et sociales de notre époque. Il s’adresse à toutes celles et tous ceux qui se posent des questions ou qui ont déjà pris conscience que le monde dans lequel nous vivons est assez différent de ce que la propagande oligarchique à jet continu impose aux opinions publiques. Le principal intérêt de cet ouvrage d’investigation réside dans les très nombreuses références qui étayent le discours et dans tous les renvois vers des sources officielles ou des sites de ré-information, des vidéos de débunkage, de révélations historiques (comme l’opération « Paperclip » qui permit aux Etats-Unis de récupérer environ 1600 savants nazis dont le célèbre Werner von Braun à la fin de la seconde guerre mondiale par exemple), d’informations politiques ou autres permettant de poursuivre les recherches et d’approfondir les sujets abordés. Un petit bémol cependant : trop de fautes d’orthographe et autres coquilles regrettables gâchent un peu le plaisir de lecture.
Ma note
4/5
LA CHUTE DU TEMPLE DE JÉRUSALEM (LUCIEN POZNANSKI)
Le résumé du livre
En avril 70, suite à diverses révoltes du peuple juif (principalement due aux Zélotes et aux Sicaires), Titus organise le siège de la ville de Jérusalem. Le 25 mai, les Romains parviennent à s’emparer du premier rempart, puis du second quelques jours après. Ce n’est que le 24 juillet que la forteresse Antonia est enlevée. Les révoltés se retranchent dans le Temple, lieu le plus sacré de la ville. Et ce n’est que le 30 août qu’il est investi puis brûlé et finalement totalement détruit. En 135, l’insurrection de Bar Kokhba, dernier soubresaut de la révolte des Juifs contre l’Empire romain, s’achève par la soumission totale de toute la région. Les Juifs sont alors définitivement vaincus. L’empereur Hadrien transforme Jérusalem en « Aelia Capitolina ».
Ma critique
« La chute du temple de Jérusalem » est un essai historique facile à lire tout en restant de grande qualité. L’auteur, s’appuyant sur les textes de Flavius Josèphe, donne une très bonne présentation des évènements historiques. Il montre combien cette destruction fut cruciale pour les peuples juifs puis chrétiens. Les premiers considérèrent que Dieu les avaient abandonnés et se rabattirent sur les synagogues en pensant que le Temple ne serait reconstruit qu’à la venue du Messie. Les seconds y virent une preuve de la nouvelle alliance divine. Actuellement une mosquée s’élève à son emplacement exact et les Juifs se recueillent devant le mur des Lamentations qui n’est qu’un vestige des remparts et non du Temple lui-même. Ouvrage intéressant, même si les conséquences sociales, politiques et religieuses de cet événement auraient méritées de plus amples développements. À noter un intéressant chapitre sur l’historien juif très romanisé Flavius Josèphe, une très importante bibliographie (une vingtaine de pages d’ouvrages de référence permettant d’approfondir la recherche sur le sujet) et une chronologie bien utile également.
Ma note
4/5
L’EUROPE BUISSONNIÈRE (ANTOINE BLONDIN)
Le résumé du livre
Sorte d’ado un brin attardé, Muguet fut élevé et déniaisé par une jeune athlète polonaise qui lui servit de nourrice dans ses jeunes années. Un soir de beuverie, son ami Benjamin l’entraine dans un bordel, rue Chauchat, qui tient « du sous-marin, de la fumerie d’opium et du musée Gévin ». Il y rencontre une prostituée dont le visage ne lui est pas inconnu. Il s’agit de Maria Broudic, une des nounous qui l’a connu tout bébé. Cela calme immédiatement ses ardeurs… En pleine débâcle, le commandant Baptiston, dépouillé de ses bottes et de son uniforme par un rôdeur, se retrouve contraint de s’accoutrer avec les vêtements pris sur le cadavre d’une vieille femme. Ceux-ci lui semblent étonnamment lourds. En effet, ils cachent tout un trésor cousu dans les poches, les plis et les ourlets. Ce qui va permettre à Baptiston d’acheter la voiture du ministre de la météo et de filer jusqu’à Dax avec l’armée allemande sur les talons…
Ma critique
« L’Europe buissonnière » est un roman picaresque traitant d’une période douloureuse de notre Histoire, la seconde guerre mondiale, la débâcle, le STO et la vie dans les camps en Autriche. Le roman repose sur les aventures désopilantes de trois personnages, Muguet (sans doute un avatar de l’auteur qui se retrouva lui-même assujetti au Service du Travail Obligatoire), Baptiston et Superniel. Au hasard des chapitres, ils se croisent, se perdent de vue, se retrouvent dans des lieux improbables, au fil d’une intrigue pas très construite, mais plutôt faite d’impressions fugaces. Tout l’intérêt de ce livre, en plus du fait que c’est un document historique de première main, repose sur le style inimitable de Blondin. C’est léger, pétillant, humoristique, à la limite du déjanté, de la parodie avec pas mal d’ironie gentille. « L’esprit » français, dans toute sa singularité, dans toute sa finesse et son intelligence, n’avait rien à voir avec le « non-sense » britannique, ni avec l’humour absurde juif ou lourdingue américain. Il était unique, il était différent ; il a malheureusement disparu. Dans ce récit qui part un peu dans tous les sens, l’auteur a accumulé pour notre plus grand plaisir les situations rocambolesques et paradoxales tout en nous gratifiant de traits d’humour, de fulgurances ou de jeux de mots amusants (« Le baron Aycard de Langage » par exemple). L’ouvrage, paru en 1949 n’a pas pris une ride. C’est un véritable régal. Il faut lire ou relire Blondin !
Ma note
4,5/5
20 INITIATIVES QUI FONT BOUGER LA FRANCE (J.L. ETIENNE & G. VANDERPOOTEN)
Le résumé du livre
Avez-vous déjà entendu parler de M2i Life Sciences, d’Acta Vista, de Divertimento, de Hemarina, de Qwant, de Rasodee-Mines Albi, du Micro des Ailes, des Espérances Banlieues, de Jolokia, de Simon de Cyrène ou des Reporters d’Espoirs ? Pas forcément. Pourtant, ce sont des initiatives innovantes, des projets originaux qui, à partir de rien ou de peu de choses, créent des richesses, des emplois ou de la solidarité, permettent d’ouvrir des voies nouvelles, de bâtir l’avenir et donc de faire bouger une France qui ne manque pas d’idées pour sortir du marasme, de la désindustrialisation, du chômage de masse et de la pauvreté. De nombreux domaines sont abordés : le « Made in France » avec SEB, Armor et les Jeans 1083, la transition écologique, le patrimoine culturel, la haute technologie avec un moteur de recherche français, un ver marin qui peut sauver des vies et des déchets dangereux enfin valorisés, sans oublier la démocratie active, la citoyenneté et la solidarité avec le collectif des SDF de Lille entre autres…
Ma critique
« Vingt initiatives qui font bouger la France » est un ouvrage d’enquête journalistique assez court et assez agréable à lire. Chaque domaine est introduit par un petit texte du docteur Jean-Louis Etienne, célèbre explorateur des pôles, qui sert un peu de fil rouge pour toutes les initiatives. Celles-ci sont présentées de façon un peu succincte en quelques pages se terminant toutes sur une adresse internet qui devrait permettre aux plus curieux de continuer à s’informer plus complètement sur le sujet. Certaines initiatives sont plus intéressantes ou inspirantes que d’autres. On découvrira par exemple l’adaptation que lança la firme SEB pour en finir avec l’obsolescence programmée. Enfin des appareils ménagers réparables facilement, ce qui nécessite la formation de personnels qualifiés, la mise à disposition d’un stock de pièces détachées, et la transformation de tout le processus de fabrication (qualité des composants et accessibilité pour d’éventuelles réparations). L’histoire de la redynamisation du petit village de Faux-la-Montagne est assez touchante et mérite à elle seule le détour. À lire pour sortir de la morosité et du pessimisme. Oui, on peut encore créer, innover et même faire des découvertes dans notre beau pays !
Ma note
4/5
JARDINAGE ET POTAGER FACILE POUR DÉBUTANTS (LUC BRUYERRE)
Le résumé du livre
Réussir son jardin potager bio, l’entretenir mois après mois et être récompensé par la production de beaux et bons légumes est une entreprise aussi passionnante que gratifiante mais qui peut sembler pleine d’embûches pour le débutant. Mais un peu de courage, de soin et de patience peuvent assez facilement amener à la réussite à condition de respecter certaines règles : bien choisir l’exposition de son carré de potager (légumes et plantes ont besoin de 6 à 8 heures d’exposition au soleil chaque jour d’avril à octobre, donc attention à l’orientation et à l’ombre portée par la végétation alentour) ; disposer d’un sol de bonne qualité (40% de sable, 40% de limon et 20% d’argile, si ce n’est pas le cas, l’amender par des apports divers), avoir quelques bons outils (fourche bêche, binette, serfouette, grelinette, râteau, sécateur, etc), savoir quand, quoi et comment semer (rechercher les graines paysannes, les variétés anciennes et fuir les hybrides F1 non reproductibles), planter au bon moment, associer les cultures, faire des rotations, arroser intelligemment, gérer les attaques de parasites pour enfin finir par récolter et conserver…
Ma critique
Cet ouvrage qui se veut didactique et qui s’adresse en priorité à des débutants reste quand même assez technique, précis et de si grande qualité que même le jardinier confirmé pourra y trouver quantité d’utiles recommandations et de précieux conseils. On sent que l’auteur domine son sujet et a su parfaitement détailler la démarche en restant assez exhaustif et en évitant de survoler le sujet comme c’est souvent le cas dans ce genre d’ouvrage. Ce livre est une vraie boite à outils et à idées pour tous les jardiniers. Il est enrichi de nombreuses photos, dessins et illustrations. On notera aussi la présence de petits encarts présentant toutes sortes de trucs et astuces, comme avoir une idée du ph de son sol en observant la couleur des hortensias par exemple. Tout est bio avec une bonne dose de permaculture (travail des buttes, compostage, mulching, technique du mille feuilles). Mais on reste dans le simple et le compréhensible sans aller jusqu’à aborder les arcanes de l’influence de la lune, voire de la biodynamique. Le lecteur trouvera également en fin d’ouvrage de très utiles tableaux présentant les périodes de culture, le regroupement des légumes pour les rotations, les associations de légumes et les plages optimales de ph pour de nombreuses plantes. Au total, un livre à conseiller à tous, débutant comme averti, voire chevronné, vu que da ns ce domaine, on ne cesse jamais d’apprendre.
Ma note
4,5/5
MARCHE AU DÉSERT (ANTOINE DE SUREMAIN)
Le résumé du livre
Réalisateur d’une émission de découverte de la France à destination des enfants et aventurier bien connu des réseaux sociaux, Antoine de Suremain décide en octobre 2022 de se lancer un nouveau défi : parcourir à pied le chemin de Saint Guilhem, soit 240 km d’itinérance entre Aumont-Aubrac et Saint Guilhem-le-désert, en 9 étapes et en se nourrissant uniquement avec ce que peut lui offrir la nature. Il veut tenter en quelque sorte une expérience de retour à l’état de chasseur-cueilleur du paléolithique, mais sans la chasse. Il emmène juste un peu d’huile de sel et de vinaigre, histoire de compenser les pertes de sels minéraux causées par la transpiration et d’améliorer un peu son ordinaire de pissenlits, d’orties, de champignons et de châtaignes…
Ma critique
« Marche au désert » est un récit d’expédition très agréable et très rapide à lire. Ce carnet de bord de randonnée survivaliste ne comporte qu’environ 150 pages, toutes bien revigorantes. Il est complété par plusieurs annexes sur les coulisses du chemin, une sorte de « making of », expliquant les tenants et aboutissants de cette aventure, et donnant conseils et références pour ceux qui voudraient suivre l’exemple d’Antoine. L’ouvrage se termine par les interventions assez intéressantes également de trois autres marcheurs, Henri d’Anselme, randonneur des cathédrales et héros « au sac à dos » de la tuerie d’Annecy, Jean-Marie Miss, président des Amis du chemin de St Guilhem et Vianney Claveul, promoteur du glanage d’herbes, fruits et plantes sauvages. Ouvrage passionnant, plein d’humanité et de transcendance qui nous amener à réfléchir sur notre condition de consommateur compulsif et surtout à nous donner une furieuse envie de boucler le sac à dos, de mettre les chaussures de marche et de partir vers les grands espaces et l’aventure qui se trouve tout autant dans les Cévennes qu’au bout du monde.
Ma note
4,5/5
QUAND LE DORMEUR S’EVEILLERA (H.G.WELLS)
Le résumé du livre
Isbister, jeune peintre en villégiature à Boscastle, part à pied faire le tour de la baie de Pentargen, quand, au détour d’un chemin, il rencontre un certain Graham qui lui raconte que depuis six jours et six nuits, il n’arrive plus du tout à dormir. Il en devient dépressif et pas très loin du suicide. Il ne veut pas prendre de somnifères. Il a beau s’épuiser à faire du sport, cela n’arrange rien. Il trouve même que l’exercice physique ne fait qu’aggraver les choses en ajoutant de la fatigue physique à la détresse morale. Il lui avoue également vivre en solitaire, sans femme ni enfants. Il s’en faut de peu qu’il ne se décide à sauter de la falaise pour en finir. Peu de temps après, il tombe dans une sorte de catalepsie et n’arrive plus à se réveiller cette fois. Il ne reprendra vraiment conscience que presque trois siècles plus tard dans un monde tout à fait différent, particulièrement étrange, en pleine révolution. La violence, la guerre et l’agitation règnent partout. Un des puissants, Ostrog, lui annonce qu’il est une sorte d’élu, que le peuple le révère et n’attend qu’un mot de lui. Il serait le « Maître » et possèderait une considérable fortune…
Ma critique
« Quand le dormeur s’éveillera » est un roman de science-fiction un brin fantastique datant de 1898, bien écrit et encore intéressant à lire même à notre époque. L’intrigue basée sur une plongée dans un monde troublé et quasi absurde après une interminable durée de sommeil est assez étonnante. La chute est surprenante quoique logique au bout du compte. Le lecteur sera surtout intéressé par les intuitions de Wells sur l’avenir de nos sociétés. Il a la prémonition de la montée des totalitarismes (nazisme, fascisme, communisme), de l’affaiblissement des religions et de la spiritualité au profit de l’individualisme, de l’hédonisme et du culte de l’argent-roi. Il sourira sans doute de l’émerveillement de Wells face aux premières machines volantes et s’étonnera sans doute de découvrir que celui-ci ne voyait d’autre avenir pour l’humanité que dans un gouvernement unique au niveau mondial. À noter de nombreuses réflexions sur la sottise des masses, leur incapacité à s’organiser vraiment, leur propension à se laisser mener, berner, manipuler par des leaders pas forcément recommandables. Mérite le détour bien que ce ne soit pas et de loin le meilleur opus de Wells.
Ma note
3/5
UN PEU D’AIR FRAIS (GEORGE ORWELL)
Le résumé du livre
Années 30 en Grande-Bretagne : le bon gros George Bowling, affligé de fort mauvaises dents, vient de se voir doté d’un beau dentier qui lui change la vie. Le bonhomme mène une vie tranquille et bien rangée. Il travaille comme représentant d’une société d’assurances, « la Salamandre Volante ». Son épouse Hilda, qu’il trompe d’ailleurs assez régulièrement, se dessèche sur tige en se souciant trop de choses insignifiantes comme l’augmentation du prix du beurre. Et c’est tout juste s’il supporte la présence encombrante de ses deux enfants Billy 7 ans et Lorna 11 ans. Il se souvient de sa propre enfance, quelques années avant la première guerre mondiale. Quand celle-ci éclate, il est incorporé dans l’armée et se retrouve vite sur le front, dans l’enfer des tranchées. Une blessure assez légère lui permet d’échapper à la mort. En effet, quand il sort de l’hôpital, il se retrouve affecté à surveiller un dépôt de réserve de nourriture, comme oublié dans un coin perdu de la côte sud de l’Angleterre. Il y restera à bouquiner jusqu’à l’armistice. Pour l’heure, il souhaite s’octroyer une petite semaine de vacances pour retourner seul dans la ville de son enfance où il n’a pas mis les pieds depuis au moins 20 ans…
Ma critique
« Un peu d’air frais » est un roman naturaliste et social retraçant une partie de la vie d’un anti-héros, personnage relativement sympathique en dépit de ses nombreux défauts (lâcheté, égoïsme entre autres). Par certains aspects, il pourrait même être un lointain avatar de l’auteur qui eut une vie bien différente d’ailleurs. Avec cette histoire simple et un brin nostalgique, le lecteur se retrouve assez loin de l’univers oppressant de totalitarisme de « 1984 » et pourtant… Orwell y analyse très finement les problématiques sociales de l’époque comme le drame des petits boutiquiers condamnés à disparaître avec l’arrivée de pimpants magasins à succursales multiples, ou comme la propagande de guerre qui fit imaginer comme fraiche, juste, courte et joyeuse une guerre qui ne fut qu’une horrible, monstrueuse et interminable boucherie. Survivant de ce suicide collectif, le héros en devient imperméable aux arguments bellicistes d’un jeune conférencier alertant contre le danger représenté par la montée en puissance d’un certain chancelier allemand. Livre très bien écrit. Très agréable à lire et très intéressant d’un point de vue historique et social, car très objectif sur la réalité de la « Belle époque » dans la classe des petites gens honnêtes. Une plongée dans un monde disparu.
Ma note
4,5/5
OH VOUS SAVEZ (LUDOVIC SALMON)
Le résumé du livre
Kevin a trompé sa petite amie Elsa à trois reprises. Très fâchée, celle-ci se sépare de lui sur le champ… Les Lovers 2000 sont une catégorie assez particulière d’androïdes. Prévus comme partenaires de sexe ou comme simple personnels de compagnie, ils sont si proches de leurs modèles humains qu’ils en arrivent à éprouver des sentiments et à s’attacher à leurs maîtres au point que ceux-ci les renvoient à l’expéditeur en demandant un échange standard pour un modèle moins sophistiqué. Abandonné dans la nature, l’un d’eux décide un jour de quitter la forêt où il a trouvé refuge en compagnie de quelques autres et de marcher droit devant lui. Il se retrouve dans sa ville d’origine, sous les fenêtres de Kevin, lequel est en train de jeter dans la rue le pendentif préféré d’Elsa…
Ma critique
« Oh vous savez » relève de la science-fiction parodique, foutraque voire déjantée. Le lecteur y trouvera une femme téléportée sur une autre planète, un garagiste rock-star surnommé « Cheval Fougueux » célèbre dans toute la galaxie, excepté sur Terre, un pilote de fusées de courses qui se crashe un peu trop fréquemment et même un banc misanthrope qui parle tout seul. En gros, une histoire sans queue ni tête, sans doute un peu trop écrite au fil de la plume. Bien qu’amusante et facile à lire en raison de nombreux dialogues, cette histoire aurait mérité de bénéficier d’une intrigue plus étoffée. Le plaisir du lecteur reste aussi un peu gâché par un style lourd, assez répétitif (« frapper un sac de frappe »), verbeux à force de vouloir être trop précis (« Il l’attrapa par un de ses bras et la retourna d’un geste brusque pour qu’elle lui fasse face ») et entaché de nombreuses approximations langagières et d’autant de pléonasmes (« voyageur non conducteur »), sans oublier l’omniprésence un brin agaçante du narrateur qui interpelle le lecteur pour lui raconter qu’il va boire un café. On sent que Ludovic Salmon a dû apprécier les films des Monthy Pythons et lire les grands spécialistes anglo-saxons de la fantaisie délirante et de la SF barrée. Mais n’est pas Pratchett, Adams ou Gaiman qui veut. Un premier petit roman bien sympathique, sans nul doute. C’est donc prometteur, mais l’élève va devoir pas mal bosser pour arriver à la cheville des maîtres !
Ma note
3/5
SUR LA DOULEUR (ERNST JÜNGER)
Le résumé du livre
Qu’est-ce que la douleur, la peine, la souffrance ? De sa naissance à sa mort, la vie de l’homme n’en est-elle qu’une longue suite, parfois interrompue de courtes et passagères périodes de répit ? La noblesse de la condition humaine n’est-elle pas de supporter vaillamment la douleur, de surmonter les épreuves, de faire preuve de courage, de patience et d’abnégation ? La vie moderne n’a-t-elle pas tenté de masquer la douleur, de la rendre moins prégnante, plus supportable, tout en niant en contrepartie à l’homme toute identité individuelle, toute singularité et toute liberté. Comme patient entre les mains de chirurgiens et d’anesthésistes, le voilà devenu tel un morceau de viande. Comme élément d’un régime totalitaire, il ne peut plus penser que comme le veut la ligne générale. Et comme soldat, il ne peut qu’aller au combat et donc à la mort qu’en marchant au pas, sans renâcler, n’étant plus qu’un rouage d’une machine de guerre lancée par les puissants contre des ennemis qu’il ne connait même pas.
Ma critique
« Sur la douleur » est un court essai philosophique et politique du grand écrivain allemand Ernst Jünger. Contrairement à nombre de ses autres ouvrages, ce texte reste un peu aride d’abord, même si les considérations présentées, déjà évidentes pour son époque, le sont encore plus pour la nôtre. Le lecteur y découvrira comment les concepts de douleur, de liberté et de tyrannie sont étroitement liés. À titre d’illustration, Jünger s’élève contre la création du permis de conduire, instauré pour lutter contre la mortalité routière. Déjà le fameux principe de précaution. Que ne dirait-il pas du permis à points et de l’installation de ces milliers de radars sur les routes ? Jünger a une vision héroïque du monde ainsi qu’une conception originale, volontariste et intellectualiste de l’homme. Le lecteur s’entend dire : « Dis-moi quel est ton rapport à la douleur et je te dirai qui tu es. » Intéressant sans plus.
Ma note
3/5
DEMAIN LES BARBARES (FRANCK POUPART)
Le résumé du livre
À la fin du premier quart du XXIᵉ siècle, la France, qui doit assumer une dette s’élevant à 400% de son PIB, se retrouve contrainte par le FMI d’appliquer un plan de rigueur drastique appelé « Lois temporaires de sauvegarde nationale ». Ce plan comporte des licenciements massifs dans la fonction publique, une hausse drastique de la fiscalité, une suppression de toutes les aides sociales, une privatisation de l’assurance maladie et un gel des salaires et des retraites. Les riches se réfugient dans des zones sécurisées comme l’hypercentre de la capitale alors que les pauvres sont abandonnés à leur triste sort dans les périphéries. Et quand l’Etat ne fut plus en mesure de verser les salaires des policiers ni les soldes des militaires, ce fut l’explosion. Des zones entières déjà sous influence islamique firent sécession. Des milices para-militaires se créèrent pour tenter de récupérer ces territoires perdus de la République. Et en 2028, l’Union Européenne n’existe plus. Deux flics, Alex et Lucas patrouillent encore un peu dans les rues de Paris. Juste devant eux une voiture piégée explose. En même temps, une brasserie est mitraillée rue de Lappe, une école juive est prise pour cible. Une trentaine d’enfants y trouvent la mort. Et un fou d’Allah kamikaze déclenche sa ceinture d’explosifs devant le musée d’Orsay. Ainsi débute une guerre civile ethnique dont personne ne peut imaginer la fin…
Ma critique
« Demain les barbares » est un roman d’anticipation dystopique dans lequel l’auteur a basé toute son intrigue sur les conséquences prévisibles de réalités qui existent déjà. Il a continué de tracer les lignes de force d’une tendance et poussé à l’extrême la logique tout ce que nous vivons ou avons déjà vécu (Charlie-Hebdo, Bataclan, Stade de France, égorgements de prêtres ou de profs, attentat de Nice, etc.) Les tueries, les viols, les tortures, les actes de barbarie en tous genres (émasculations) se succèdent dans cette histoire qui fait froid dans le dos. Toutes ces horreurs, que l’on déconseillera aux âmes sensibles et à tous ceux qui vivent dans le déni de réalité, alternent avec de nombreuses scènes de sexe particulièrement torrides. Les personnages sont assez stéréotypés, tel ce président de la république déchu portant le nom de « François », pleutre, incapable et trouillard qui semble la simple démarque d’un certain autre. Le style de l’auteur est assez vivant malgré quelques approximations langagières et une tendance à abuser des pronoms personnels, ce qui oblige le lecteur à deviner de qui l’on parle et parfois d’y arriver à grand peine. Si les katibas islamistes sont décrites de manière assez réaliste et vraisemblable (simple reprise de l’actualité), leur pendant « Rempart » avec leur leader charismatique Cyrus Rochebin, sorte de cocktail 2/3 Soral, 1/3 Zemmour, relève de la fiction la plus totale. Ce mouvement est aussi caricatural qu’improbable, même s’il s’appelle « Renaissance et Partage » (cf « Egalité et Réconciliation »). En lisant cet opus, on peut même se dire que le futur sera sans doute pire que ce que l’auteur nous raconte. Pour qu’il y ait guerre civile, il faut deux factions en présence, sinon il s’agit plutôt d’une épuration ethnique, d’un génocide. Et l’histoire du monde est déjà pleine d’invasions, de tueries et d’appropriations indues de territoires. Et ça peut ne pas arriver qu’aux autres. Glaçant, mais donnant à réfléchir sur notre destin.
Ma note
3,5/5
LES NOUVELLES AVENTURES DU BRAVE SOLDAT CHVEÏK (JAROSLAV HASEK)
Le résumé du livre
Au cours d’un voyage en train en compagnie de son lieutenant, le brave soldat Chvéïk fait une remarque déplacée sur le crâne chauve d’un autre voyageur du compartiment qui s’avère être leur général en tournée d’inspection. Placé dans le couloir dans l’attente de sa sanction, il tire presque sans le vouloir sur la sonnette d’alarme. Le train s’arrête immédiatement. L’étourdi encourt une amende de 200 couronnes. Il n’en a pas la moindre. Le contrôleur le fait descendre à la gare suivante. Un brave homme paie l’amende à sa place et lui fait la charité d’un petit billet pour payer son train. Mais le soldat préfère aller déjeuner et tout dépenser en boisson au café de la gare en compagnie d’un soldat hongrois de passage. Et le voilà bientôt embarqué au poste par une patrouille de la police militaire qui l’a surpris sans le moindre papier sur lui. Et sa situation empire peu à peu. Le lieutenant qui l’a arrêté le soupçonne aussi d’espionnage au profit de l’ennemi…
Ma critique
« Les nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk » est le deuxième tome de la trilogie de ces aventures humoristiques datant du début de l’autre siècle. Journaliste anarchiste un brin alcoolique, Hasek a voulu proposer au lecteur une caricature de la vie militaire, une satire, une parodie désopilante et au bout du compte une démonstration de l’absurdité de la guerre qui broie les petits pour le plus grand bénéfice des puissants qui n’y vont jamais bien entendu. Le personnage du héros est celui d’un niais, d’un candide, d’une sorte d’idiot du village, très respectueux de son lieutenant, cherchant toujours à bien faire, mais accumulant les gaffes et bévues au point d’attirer toutes les catastrophes sur sa petite personne. Mais les pires situations finissent toujours par se retourner et Chvéïk s’en tire toujours sans trop de casse. Le style est très agréable à lire et très vivant sans doute grâce à une grande abondance de dialogues bien enlevés. Le lecteur y découvrira également l’antipathie réciproque des Tchèques et des Hongrois qui se retrouvent à devoir ensemble se battre sous le drapeau autrichien contre les Russes et en arrivent parfois à se tirer dessus ! Une armée de Bourbaki, une palanquée d’ivrognes et de toquards commandés par des officiers crétins et bornés qui ne redoutent qu’une chose, être amenés sur le front. Heureusement pour eux, les chemins de fer sont si mal organisés qu’ils pourront se retrouver à l’autre bout du pays après avoir attendu leur train des jours entiers en gare. Désopilant. À ne pas manquer !
Ma note
4,5/5
EXTENSION DU DOMAINE DU CAPITAL (JEAN-CLAUDE MICHEA)
Le résumé du livre
Depuis près de trois siècles, le capitalisme ne fait que croître et prospérer en dépit de toutes ses crises et de tous ses krachs. Il se retrouve comme condamné à s’accroître dans tous les domaines de la vie et à se développer jusqu’au bout du monde, faute de quoi il serait condamné à périr. Mais cette fuite en avant perpétuelle, cette expansion continue, l’amenant à monter ces pyramides de Ponzi que sont ces bulles spéculatives de richesses virtuelles représentant plusieurs fois le total des PIB mondiaux ne peut l’amener qu’à devenir de plus en plus totalitaire de plus en plus intrusif au point d’en arriver à réguler progressivement toutes les sphères de l’existence humaine. L’espace réservé à la démocratie se réduit comme peau de chagrin tout comme celui des libertés individuelles (liberté d’expression, de se soigner comme bon vous semble et même de faire pousser quelques légumes dans un petit potager familial…) Cette fuite en avant démentielle n’a aucune chance de déboucher sur un quelconque avenir radieux pour les populations (excepté les 0,1% d’ultra-riches et des 10 ou 20% de classes moyennes supérieures CSP++ métropolitains), si un grain de sable ne vient pas enrayer cette machine devenue folle (wokisme, transhumanisme et autres genrismes intersectionnels). « La catastrophe, c’est lorsque les choses suivent leur cours », (dixit Walter Benjamin)…
Ma critique
« Extension du domaine du capital » est un essai de sociologie politique basé sur deux interviews données par l’auteur à des publications locales, complétées par une trentaine d’articles. Sur divers aspects du problème La particularité de la présentation des idées de Michéa vient surtout des notes et des notes de notes. Ainsi, un article d’une page sur un thème peut-il donner lieu à plusieurs pages de notes et de renvois à toutes sortes d’ouvrages d’autres auteurs. Il faut une bonne dose de constance pour ne pas trop se perdre dans cet étrange labyrinthe intellectuel. La condamnation du capitalisme devenu « néo-libéralisme », sa forme la plus « chimiquement pure », autant dire la plus sauvage et la plus inhumaine, n’épargnant ni les hommes ni la nature, est totale et sans appel. Michéa en bon penseur de gauche appuie sa démonstration sur Marx, Engels, Mauss et une kyrielle d’autres. Il fait aussi beaucoup référence à Orwell qui ne fit pas que critiquer le stalinisme. S’étant réfugié il y a quelques années dans un petit village des Landes à 10 km de la première boulangerie et à 20 du dernier médecin de campagne, Michéa a pu toucher du doigt la réalité de la France périphérique de Guilluy sans se comporter en prêcheur ou en colon, mais avec le désir de s’intégrer en respectant les us et coutumes du coin. Ses traits les plus aigus sont d’ailleurs réservés à la gauche post-mitterrandienne qui a abandonné le social au profit du sociétal et qui est ainsi devenue une alliée objective du capitalisme qui mène une sorte de révolution permanente. Aymeric Caron, Sandrine Rousseau et quelques autres écolo-bobos médiatisés en prennent d’ailleurs pour leur grade. Mais si le constat de faillite est pertinent et difficilement discutable, le lecteur reste sur sa faim sur la conduite à tenir pour sortir de ce piège.
Ma note
3,5/5
SEPTENTRION (LOUIS CALAFERTE)
Le résumé du livre
Ouvrier qui se morfond dans une sinistre usine, Louis rêve de devenir écrivain mais n’arrive pas vraiment à concrétiser son projet et à se lancer pour de bon dans l’écriture du roman de sa vie. Il finit par laisser tomber son boulot et se retrouve vite dans la dèche la plus noire. Un jour, il séduit Nora Van Hoeck, une Hollandaise plus âgée que lui et un brin nymphomane qui accepte de l’entretenir. Elle le rhabille, le nourrit, lui donne de l’argent. Mais quand elle lui propose d’habiter à plein temps chez elle, toute cette passion vire au cauchemar pour Louis qui ne voit plus que les défauts de Nora, commence peu à peu par la détester et finit par partir en claquant la porte. Il retourne à ses petits hôtels miteux, à ses gargotes et à sa procrastination. Il ne se décide pas plus à chercher du travail qu’à écrire le chef-d’œuvre littéraire qu’il imagine. Il en est donc réduit à taper ses amis et connaissances et à quémander leur hospitalité avec des résultats parfois décevants…
Ma critique
« Septentrion » est un roman autobiographique qui ne brille pas par son intrigue tout à fait banale et mille fois racontée, mais par un style narratif assez punchy, assez proche de ceux d’Henry Miller et de Louis-Ferdinand Céline. L’un pour le côté imprécateur, révolté, et écorché vif et l’autre pour le côté érotique pour ne pas dire pornographique. On n’est d’ailleurs pas loin de l’obsession sexuelle. C’est d’ailleurs cette obscénité omniprésente qui a fait interdire de parution cet ouvrage pendant environ 20 ans à une époque où la morale était plus sévère que maintenant. Il n’en demeure pas moins que si toutes ces descriptions de relations sexuelles ne choquent plus, elles finissent par lasser à la longue. Il peut même arriver que le bouquin tombe quelquefois des mains. Il ne reste de cette lecture que quelques fulgurances sur l’amour physique, la mort et la condition humaine. Mais tout ça manque quand même de souffle et d’élévation. Avec Calaferte, on patauge un peu trop dans la crasse, la caricature machiste et le sperme… N’est pas Céline ou Miller qui veut…
Ma note
3/5
RÉCITS DE SCIENCE-FICTION TOME 2 (J.H.ROSNY-AINE)
Le résumé du livre
Dans un futur très lointain, les peuplades plus ou moins primitives survivant sur Terre doivent subir l’invasion d’étranges créatures, les Xipéhuz. Tels des cyclopes, ils ne disposent que d’un seul œil qui brille comme une étoile dans la nuit. Ils ont entrepris d’exterminer les derniers humains en se servant d’un rayon lancé depuis leur unique orbite faciale. Après de nombreuses tentatives infructueuses de riposte à l’aide de lance-pierres ou d’arcs, Bakhoun, un des chefs de tribus, finit par trouver un moyen de les vaincre. Il imagine un arc amélioré, une sorte d’arquebuse et vise l’œil. Et là les intrus tombent morts, pétrifiés. Un combat sans merci, s’engage alors… Après une catastrophe « nucléaire » provoquant éruptions volcaniques et séismes en grand nombre, les humains survivants se sont regroupés en petites unités dans des oasis de déserts. Mais leur plus gros problème reste le manque d’eau. Ils ne peuvent y pallier qu’en organisant une euthanasie planifiée…Une expédition menée par le capitaine Devreuse aux confins de la Sibérie orientale et de la Chine fait d’étranges découvertes : un tigre géant à dents de sabre, tout droit sorti des temps préhistoriques, puis des peuplades d’Hommes-des-Eaux à la peau verdâtre capables de rester des heures sous l’eau…Sévère et Luce assistent à un étrange phénomène astronomique : l’arrivée de la Roge Aigue, dévorant sur son parcours étoiles et Lune et répandant partout des lueurs rouges d’incendie sans chaleur ni consumation…
Ma critique
« Récits de science-fiction » est un recueil de quatre nouvelles et novellas sur un thème post-apocalyptique pour deux d’entre elles, catastrophique pour une autre et d’aventures fantastiques pour la dernière. Le style est de belle facture, précis et descriptif et les histoires sont étonnamment modernes. Le lecteur découvrira d’ailleurs que Rosny-Aîné fut un visionnaire dans la mesure où il imagina une catastrophe nucléaire à une époque où les recherches en ce domaine n’en étaient qu’aux balbutiements ! Mis à part l’écriture excellente mais datée, ces nouvelles restent d’un grand intérêt ne serait-ce que pour découvrir que la plupart des thèmes de SF ou de fantastique avaient déjà été explorés dès le début de l’autre siècle. Depuis cette époque, les auteurs n’ont fait que broder dessus. Tout comme Jules Verne avec qui il a de nombreux points de convergence, Rosny-Aîné fut un précurseur et un maître du genre ! Le monde se porterait mieux si les puissants écoutaient poètes et romanciers…
Ma note
4/5
LE PAYS DE RÊVE (DAVID DIOP)
Le résumé du livre
Quelque part dans un pays que l’on devine d’Afrique noire, Rêve, jeune orpheline dont les parents ont été tués par quelques soldats désœuvrés, a été recueillie par sa grand-mère. Pour que la beauté de l’enfant ne suscite pas les convoitises, elle la cache dans un bidonville, la revêt de haillons et la nourrit de ce qu’elle trouve dans les poubelles du Palais du Grand Désœuvré. Ainsi protégée, Rêve grandit et devient une jolie jeune fille qui rêve d’un destin meilleur. Un jour, la grand-mère lui montre deux anneaux d’or, les alliances des parents de l’enfant, qui devraient lui permettre de sortir de la misère en temps utile. Mais elle ne devra les recevoir qu’après sa mort, quand viendra le moment de se lancer dans le monde. Rêve ne l’entend pas de cette oreille. Elle voudrait récupérer son bien sans attendre. Même une seule bague en or lui suffirait…
Ma critique
« Le pays de Rêve » est un très court conte, présenté comme « initiatique sur l’injustice du monde », peut-on lire sur la couverture. Effectivement le texte est bref, l’ouvrage ne comportant que 54 pages dont on peut retrancher une vingtaine en comptant les en-têtes et les présentations de chapitres occupant chacune deux pages blanches. Le style de l’auteur se veut minimaliste et un brin allégorique. En dehors de Rêve, aucun personnage n’a de nom, aucun lieu non plus. L’Afrique donne l’impression d’être une sorte de vaste décharge publique, un tas d’ordures plein de vêtements « pulvérulents ». La corruption et la violence gratuite semblent omniprésentes avec tous ces soldats désœuvrés, mal-payés et sans doute prêts à tous les crimes et à tous les viols. Dans un tel contexte, le lecteur ne peut éprouver que de la compassion pour les deux héroïnes. La fin de cette histoire triste laisse un goût assez amer. Le salut de Rêve, tout comme celui de tout le continent serait-il impossible en dehors de l’émigration vers l’Europe ? L’auteur ne le dit pas ouvertement, mais le laisse supposer. Le lecteur ne peut donc que rester avec ses interrogations.
Ma note
3,5/5
RÉCITS DE SCIENCE-FICTION (ROSNY-AÎNE)
Le résumé du livre
En Hollande, dans un milieu plutôt modeste, nait un enfant assez bizarre. Sa peau est presque verdâtre, ses yeux sont étranges et ses membres longs et très fins. En grandissant, ses particularités physiques ne font que s’aggraver. Il devient de plus en plus grand et de plus en plus maigre. Il parle tellement vite et tellement étrangement, il écrit si mal, que personne ne parvient à le comprendre. Il ne distingue pas vraiment les couleurs mais est capable de voir à travers les murs. Il dispose de facultés extraordinaires comme la télépathie. Il est capable également de courir plus vite que les plus rapides des animaux. Et il ne peut rien ingérer d’autre que de l’alcool dilué. Il vit donc solitaire et rejeté par tous. Et à l’âge adulte, il consulte un médecin dans l’espoir de comprendre pourquoi il est si différent de tous ses semblables… L’équipage du « Stellarium », vaisseau spatial français disposant d’une énergie nouvelle, parvient à atteindre la planète Mars et même à s’y poser sans encombre après un voyage spatial de trois mois. Les Terriens y découvrent, en plus d’une absence d’eau et d’atmosphère, toutes sortes de créatures animales bizarres, vaguement zoomorphes, en formes de longues lanières gluantes, de reptiles géants ou de mille-pattes immenses qui les intriguent beaucoup. Ils doivent même utiliser des rayons pour les éloigner. Et l’affaire se corse encore quand ils se retrouvent en présence d’humanoïdes à trois jambes qu’ils baptisent Tripodes…
Ma critique
« Récits de Science-fiction tome 1 » est un recueil comportant quatre nouvelles parues entre 1898 et 1930. Les deux premières sont assez longues (quasiment des novellas) et les deux dernières beaucoup plus courtes. Seule « Les navigateurs de l’infini » peut vraiment être classée dans la catégorie science-fiction pure. Les trois autres relèvent plus du fantastique ou de l’étrange. Écrivain belge francophone, l’auteur, surtout célèbre pour sa fameuse « Guerre du feu », fut aussi l’un des fondateurs de la science-fiction qui fut européenne avant d’être américaine. (Avec entre autres le roman « Xipehuz », datant de 1888). Le lecteur peut trouver un certain plaisir à lire ces textes bien écrits, même s’ils sont marqués d’une certaine naïveté et d’une crédulité sans faille dans le développement perpétuel et bienveillant de la « science ». On notera également une appétence pour les monstres, les créatures horribles et dangereuses paradoxalement couplée avec des amours séraphiques, une sexualité sans contact, par échanges de fluides et même une nutrition par osmose. Ses Martiens sont bienveillants, accueillants et même reconnaissants envers les Terriens pour leur aide. Intéressant pour ceux qui veulent explorer l’enfance de la SF !
Ma note
4/5
LA MYSTIQUE DE LA LAÏCITE (YOUSSEF HINDI)
Le résumé du livre
La République est née avec la Révolution de 1789 dont le but avoué était d’en finir avec l’absolutisme royal et l’obscurantisme religieux. (Constitution civile du clergé, prêtres et évêques élus par le peuple, saisie des biens de l’Eglise). En 1905, la religion catholique semblant vouloir regagner du terrain, Ferdinand Buisson poursuivit l’œuvre en instituant la séparation de l’Eglise et de l’Etat et en cherchant à évacuer la religion de l’enseignement et de la vie publique. Mais comment donner aux valeurs républicaines une armature durable si ce n’est en instaurant une nouvelle religion, une nouvelle mystique pour remplacer l’ancienne ? La laïcité ne peut pas être la neutralité totale, ni le vide intégral. Elle crée donc un culte de l’Être Suprême, prône l’universalisme en plus de la Liberté, l’Egalité et la Fraternité. Le projet révolutionnaire et républicain est d’abord mystique avant d’être politique. La Révolution fut d’ailleurs inspirée par Junius Frey, apparenté à Jakob Frank. La secte messianique frankiste qui prônait la venue de temps nouveaux par la destruction de tous les ordres établis et même de la morale élémentaire ainsi que les loges franc-maçonnes tenues par la bourgeoisie, la noblesse et même par certains membres de la famille royale (Philippe d’Orléans) eurent une plus grande influence sur son avènement et ses principes que les fameux « Illuminatis ». En effet, comme le précise Vincent Peillon, philosophe et homme politique ayant beaucoup étudié le sujet, il ne faut pas confondre anticléricalisme et anti-religiosité. La laïcité serait-elle donc une autre forme de religion avec ses dogmes, ses rites, son clergé, ses saints et sa nouvelle inquisition pourchassant impies et blasphémateurs ?
Ma critique
« La mystique de la laïcité » est un essai philosophico-religieux qui s’attache à partir du passé (Rome aurait été sauvée de la décadence grâce au christianisme qui lui aurait permis de garder son influence plusieurs siècles supplémentaires) pour envisager en toute fin un avenir possible pour ce genre de régime édifié en opposition à cet ordre ancien. L’analyse des tenants et aboutissants de la Révolution française, ses aspects sous-jacents montre le côté artificiel et imposé par le fer et le feu (génocide vendéen). Il va même jusqu’à écrire que « l’Histoire démontre que la République est une sorte d’organe étranger rejeté à intervalle régulier par la France ; la greffe n’a jamais pris et ne prend toujours pas. La solution ne se trouve pas dans une régénération de la Révolution ou une expiation kabbalistique ou illuministe, mais par la refondation d’institutions familières à l’Histoire du pays. Ce qu’ont défait les révolutionnaires à partir de 1789 doit maintenant être rebâti. » Il prédit même un effondrement dans le style de celui de l’Union Soviétique quand dirigeants et peuple n’y croiront plus. Reste à savoir si, au-delà de cette explication simpliste, il n’y aurait pas eu d’autres causes cachées. Les peuples ont toujours eu les régimes et les dirigeants qu’ils méritaient. Quant aux Révolutions ; elles ne furent pas l’émanation du seul génie populaire. Bien d’autres forces y contribuèrent, beaucoup plus puissantes, beaucoup plus influentes. Livre intéressant pour le parallèle entre République et religion. Analyse plus légère des causes et conséquences. Impression mitigée dans l’ensemble…
Ma note
3/5
INSTRUCTIONS SPIRITUELLES (SERAPHIM DE SAROV)
Le résumé du livre
Dieu nous montre son amour du genre humain non seulement quand nous faisons le bien, mais aussi quand nous l’offensons, méritant sa colère… Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle… Il ne l’a pas envoyé pour condamner le monde, mais pour le sauver… Rien ne contribue plus à la paix intérieure que le silence et, si possible, la conversation incessante avec soi-même et rare avec les autres…
Ma critique
« Instructions spirituelles » est un recueil d’enseignements, de pensées, du plus grand mystique de l’orthodoxie, Séraphim de Sarov ainsi que de citations de l’Evangile ou d’apophtegmes d’autres grands saints. Tout un enseignement destiné aussi bien aux laïcs qu’aux religieux. Cet ouvrage peut être d’une grande aide à la prière, à l’oraison et à la méditation en ces temps de matérialisme et d’hédonisme triomphants. L’homme ne vit pas que pain et de jeux. Le lecteur découvrira aussi un mysticisme un peu différent de celui du catholicisme romain, quelque chose à la fois de plus éthéré et de plus concret comme les techniques ayant recours à la « prière du cœur » qui a des points communs avec les mantras. Il découvrira aussi que Dieu est sagesse et réconfort et qu’il se manifeste par une sensation de chaleur alors que le diable est folie, mensonge et confusion et donne une impression de froid glacial.
Ma note
4/5
LES DOSSIERS DU VATICAN (PAUL WILLIAMS)
Le résumé du livre
Alors que tous les premiers évêques de Rome étaient morts en martyrs, le 32e, Miltiade se retrouve convoqué un jour par l’empereur Constantin. Alors qu’il s’attend à subir le même sort, le voilà au contraire reçu avec tous les honneurs. Pour remplacer ses guenilles, on le revêt de riches atours. On lui offre une première belle demeure puis une seconde. Il est même question de construire une basilique sur l’emplacement de la tombe de Simon Pierre. En effet, Constantin vient subitement de se convertir suite à un miracle sur le champ de bataille. Il veut faire du christianisme la nouvelle religion d’Etat, voilà pourquoi il comble d’honneurs ce pauvre Miltiade qui de « père » des chrétiens (« papa ») devient ainsi « Pontifex Maximus » (« Grand Pontife »), c’est-à-dire « Pape » avec toutes les nouvelles prérogatives et les nouveaux honneurs y afférant… Quelques siècles plus tard, au Moyen-Âge, le Vatican a accumulé une fortune considérable. Rien qu’en Sicile et en Calabre, ses revenus annuels s’élèvent à 35 000 florins d’or. La papauté possède ainsi d’immenses propriétés et même des villes qui doivent lui verser l’impôt. Mais en 1929, l’Eglise est complètement ruinée. Les révolutions sont passées par là (Garibaldi en Italie), plus de terres, plus d’impôts. Les caisses sont vides. Le Palais du Latran tombe en ruines, les toitures prennent l’eau, des rats courent un peu partout. Pie XI, alors âgé de 71 ans, en est réduit à signer un Concordat avec Mussolini, sorte de nouveau pacte avec le diable. En compensation des pertes de territoires, il obtient une somme de 90 millions de dollars en espèces et en bons du Trésor ainsi que le versement du salaire des prêtres. Il en signera ensuite un second tout aussi avantageux avec Hitler…
Ma critique
« Les dossiers noirs du Vatican » sont une enquête historique et journalistique très sérieuse sur les aspects cachés et les compromissions du Vatican depuis Miltiade jusqu’à Jean-Paul II. Depuis l’instauration d’une religion d’Etat, donc une alliance permanente avec le pouvoir quel qu’il soit (« le sabre et le goupillon »), jusqu’à des dérives de plus en plus inquiétantes. Le soutien des Etats devenant défaillant au sortir de la seconde guerre mondiale, le Vatican dut se reconvertir dans les « affaires » pas forcément très « catholiques » (Banque du Vatican), confier ses intérêts à des personnages de plus en plus douteux et finalement tomber entre les mains de la Mafia. Un seul exemple à titre d’illustration : la Banque du Vatican déclare un déficit de 78 millions de dollars alors que ses avoirs seraient de plus de 10 milliards de dollars (selon certaines estimations). Le livre décortique bien toutes sortes d’affaires peu ragoûtantes comme celles de Licio Gelli, de la loge P2, de la banque Ambrosiano, mais également de la mort très suspecte de Jean-Paul Ier qui fut sans doute empoisonné alors qu’il voulait mettre fin avec la collaboration mafieuse, sans oublier tous les scandales de prêtres ou de prélats pédophiles. L’enquête s’arrête au pontificat de Jean-Paul II dont l’image de « saint » en est un brin écornée (affaire Marcinkus). Et la situation est loin de s’être amendée depuis ! L’auteur ne présente que des faits avérés. Le lecteur pourra même lire en annexes les textes complets des deux Concordats. Aussi intéressant que désolant.
Ma note
4/5
LE SONNEUR NOIR DU BAGAD QUIMPER (ALEX NICOL)
Le résumé du livre
Non loin des Glénans, le cadavre d’un homme noir flottant entre deux eaux est repêché par un équipage de sauveteurs en mer. L’écrivain public Gwenn Rosmadec et son épouse Soazic sont en train de fêter l’anniversaire de Gwenn quand l’adjudant-chef de gendarmerie Irène Le Roy leur téléphone pour leur demander de venir reconnaître le cadavre du noyé inconnu à la morgue de Pont l’Abbé. Rosmadec ne le reconnaît en aucune manière. Pourtant, le décédé, qui n’avait aucun papier sur lui, gardait quand même dans la doublure de sa veste un petit morceau de carton avec le nom et la profession de l’écrivain public. Un peu plus tard, à la fin d’un concert donné dans le cadre du festival interceltique de Lorient, Gwenn a la stupéfaction de voir et d’entendre jouer un sonneur noir qui est la copie conforme, le sosie parfait de l’inconnu de la morgue. Il l’invite à boire une bière, histoire d’en savoir un peu plus. Le sonneur noir lui apprend qu’il est originaire de l’île de Mayotte, qu’il a été adopté et ramené en France par un couple de Bretons et que son frère jumeau, qu’il a perdu de vue depuis longtemps, est resté au pays. Il n’en faudra pas plus pour que le trio se lance dans une enquête qui les emmènera jusqu’à Mayotte…
Ma critique
« Le sonneur noir du Bagad Quimper » est un roman policier de facture très classique, mais avec quasiment aucune fausse piste. Son principal intérêt réside dans les descriptions de ce confetti de l’Océan Indien où se pratique un véritable trafic de chair humaine dans les tristement célèbres « kwassas-kwassas ». Le style n’est pas désagréable, un brin descriptif, mais assez vivant quand même en raison de nombreux dialogues. L’intrigue pêche un peu par un certain nombre d’invraisemblances. C’est incroyable le nombre de Bretons que Gwenn rencontre un peu partout, bien entendu à tous les postes clés et qui tous contribuent de bon cœur à son enquête. Jusqu’à la Marine Nationale qui est mise à contribution. Et, autre originalité qui laisse un peu pantois : les immigrés ne sont pas de pauvres Comoriens en quête de meilleures conditions de vie, mais des Chinois dont on se demande quelle lubie leur a pris de passer des Comores à Mayotte pour finir en Grande-Bretagne en passant par la Bretagne ! Difficile de faire plus improbable comme itinéraire. Ouvrage de divertissement sans plus.
Ma note
3/5
LES APPRENTIS SORCIERS (ALEXANDRA HENRION CAUDE)
Le résumé du livre
Qu’est-ce que cet ARN messager inclus dans les injections qui furent pratiquées pour protéger les populations de la pandémie de Covid ? Comment fonctionne-t-il ? Peut-il se combiner avec notre ADN ? Quelles peuvent en être les conséquences pour notre santé ? 70% environ de l’humanité a été plus ou moins forcée de recevoir une ou plusieurs injections au risque de ne plus pouvoir avoir de vie sociale, d’être suspendu sans salaire, ni indemnités, ni droits au chômage, comme les professions de santé, les pompiers et les militaires. Chaque jour, la propagande répétait : « Tous vaccinés, tous protégés… Vaccinez-vous pour éviter les effets graves… » Et pourtant ce « vaccin » n’a pas stoppé l’épidémie, ni empêché d’attraper le Covid, ni d’infecter les autres, ni d’éviter de mourir du Covid. Quant aux effets secondaires indésirables, ils se comptent par milliers, même le laboratoire Pfizer le reconnaît. Les injectés auraient-ils servis de cobayes à grande échelle ? Leurs défenses immunitaires en ont peut-être été amoindries. Au total, les risques ont été pour les peuples et les bénéfices pour Big Pharma. En février 2022, Pfizer a annoncé que l’entreprise prévoyait de réaliser la bagatelle de 54 milliards de chiffre d’affaires grâce à la vente de ses vaccins et de ses traitements anti-Covid. Juteuse affaire, cette pandémie !
Ma critique
« Les apprentis sorciers » est un essai scientifique bien écrit, facile à lire, compréhensible par tout le monde et parfaitement sourcé (Une douzaine de pages de références sur toutes sortes d’études sérieuses sur le sujet). Quand on veut vraiment s’informer, il est toujours préférable de s’en référer aux meilleurs spécialistes dans ces domaines et non à des « médecins de plateaux télé », à un neurologue n’ayant jamais exercé ou à des bateleurs d’estrades. L’auteur est une généticienne de renom qui fut directrice de recherche de l’INSERM dans plusieurs hôpitaux, lauréate du prestigieux prix Eisenhower Fellowship aux Etats-Unis et découvreuse de l’implication de l’ARN dans différentes maladies génétiques de l’enfant et de l’existence des ARN MitomiR. On peut difficilement trouver plus qualifiée. Et ce qu’elle nous explique fait quand même froid dans le dos. Nous aurait-on menti, roulé dans la farine, manipulé, en nous cachant la réalité de ces injections à base d’ARN messager ? Comment a-t-on pu bricoler un vaccin en quelques semaines alors qu’il fallait auparavant une dizaine d’années pour en lancer un ? Comment l’OMS et les gouvernants ont-ils pu faire confiance à des laboratoires déjà de nombreuses fois condamnés par la justice à de lourdes peines pour les effets secondaires délétères de leurs « médicaments » ? Et surtout pourquoi tout ça ? Il faut absolument lire ce livre pour découvrir tout ce qu’on nous a caché sur cette affaire inquiétante.
Ma note
4,5/5
LE CLIMAT PAR LES CHIFFRES (CHRISTIAN GERONDEAU)
Le résumé du livre
Les émissions annuelles de CO2 de notre pays ne représentent que 1/20 000e de la masse de CO2 atmosphérique et celles de toute l’Union Européenne que 1/2000e. La masse mondiale actuelle de 3200 milliards de tonnes n’a rien de dramatique. Elle fut beaucoup plus importante du temps des dinosaures. La végétation était luxuriante. On oublie aussi de dire que le CO2 est bon pour la croissance des plantes. Les efforts gigantesques demandés aux pays, aux entreprises et aux citoyens pour réduire leurs émissions de gaz dits « à effets de serre » ne servent donc pas à grand-chose, d’autant plus que les plus gros producteurs (Chine, Inde, Etats-Unis et autres pays du tiers-monde) promettent beaucoup mais agissent peu. Contrairement aux affirmations mensongères du GIEC, la température terrestre moyenne n’a pas connu de « réchauffement accéléré » depuis les accords de Paris de 2015, mais plutôt une légère baisse. Tout au long de l’Histoire, les températures ont toujours varié avec des périodes plus douces (Moyen Âge) ou de petits âges glaciaires (XVIe-XIXe siècle). Les Nordiques baptisèrent le Groënland (Terre verte) car ils y cultivaient et des arbres y poussaient à leur époque… Très bien équipée en réacteurs nucléaires et en barrages, la France ne devrait même pas avoir besoin de recourir aux éoliennes et aux panneaux photovoltaïques. Quand il y a trop de vent ou de soleil, nous nous retrouvons en surproduction, nous sommes alors obligés d’exporter 80% du surplus à vil prix et même de freiner nos centrales ! Energies vertes et nucléaires sont incompatibles. Et on oublie de dire que 6 millions d’enfants meurent chaque année dans le Tiers-monde par manque d’accès à l’électricité et à l’énergie. Jamais les dirigeants des pays pauvres n’accèderont aux demandes des pays riches…
Ma critique
« Le climat par les chiffres » est un court essai direct, bien étayé et bien écrit qui remet les pendules à l’heure et l’église au milieu du village. Christian Gerondeau renverse trente ans d’intimidation intellectuelle en prouvant, sur la base des chiffres officiels que les affirmations des plus hautes autorités au sujet du climat sont infondés pour ne pas dire mensongères. Toute la première partie de l’ouvrage présente une batterie de graphiques officiels avec commentaires et explications qui laissent rêveur. Nous aurait-on menti depuis si longtemps ? Tout ce narratif répété, martelé à longueur d’émissions et de bulletins météo (présentés sur fond rouge pour faire plus chaud) ne serait donc que fantasmes et science-fiction ? Mais alors quel en serait le but ? Instaurer une écologie punitive ? Créer les conditions d’un appauvrissement généralisé des pays qui participent à cette « dé-carbonisation » ? L’auteur ne répond pas à ces questions. Il n’entre ni dans la politique ni dans les polémiques. Il se contente de présenter des faits et des chiffres. La réalité. Et elle ne colle pas vraiment avec la fiction réchauffiste…
Ma note
4,5/5
DEUX ENFANTS TRISTES (CHARLES EXBRAYAT)
Le résumé du livre
En juin 1922, à Beltonville, petite cité pourrie du New Hampshire, cohabitent un maire corrompu, Red Torphins, et une forte communauté italienne tenue de main de fer par Salvatore Busselo, parrain de la mafia locale, assisté de son « capo », Guilio Alcamo. Mais Bruce, le fils du maire, a séduit et engrossé Gelsomina, fille d’un très modeste cordonnier italien, lequel vient demander réparation au maire qui le renvoie illico comme un malpropre. Pourtant Bruce est prêt à se marier avec Gelsomina, mais son père, ne voulant pas entendre parler de la moindre mésalliance, l’éloigne en l’envoyant étudier à Harvard. Comme le parrain ne veut pas non plus se mêler de cette affaire, histoire de garder de bonnes relations avec le maire, le cordonnier s’énerve et menace de faire justice lui-même, ce qui lui fait perdre tout appui mafieux. Craignant pour sa réélection si ce scandale est étalé sur la place publique, Torphins a alors les mains libres. Il décide de faire liquider le bonhomme et sa fille. Mais les quatre tueurs, hommes de main de la police locale, arrivant dans la famille en pleine célébration d’anniversaire, font un véritable carnage en laissant la bagatelle de huit morts sur le carreau. Seuls, deux jumeaux âgés d’une dizaine d’années échappent à ce massacre. Ils sont récupérés par un ami de la famille qui les cachent dans une autre ville. Mais dix années plus tard, les voilà qui réapparaissent à Beltonville…
Ma critique
« Deux enfants tristes » est un roman policier de bonne facture tel qu’on en produisait dans les années 70 de l’autre siècle. En fait, c’est plutôt un roman noir ou un thriller, tant les morts sont nombreux. C’est même une sorte de fable ou de parabole sur la justice immanente, le fait que la vengeance se mange froide et que nos actes nous suivent toujours. Les deux enfants témoins de l’horreur ont été tellement traumatisés par ce qu’ils ont vu qu’ils n’ont survécu et grandi que pour pouvoir assister à la manifestation d’une justice divine qu’ils appellent de tous leurs vœux. Et il est étonnant pour le lecteur de voir que leur seule apparition dans la petite ville suffit à déclencher un processus d’auto-destruction des méchants qui finissent tous soit par s’entretuer, soit par devenir fous, soit par être enfin mis en taule par la police fédérale. Un ouvrage agréable, divertissant, facile à lire et qui n’a pas pris une ride en raison de la qualité du style d’Exbrayat, auteur prolifique et à grand succès, sans oublier l’intemporalité du thème. Que demander de plus ?
Ma note
4,5/5
L’ENTRAIDE, UN FACTEUR D’EVOLUTION (PIERRE KROPOTKINE)
Le résumé du livre
Au cours de ses voyages en Sibérie, Pierre Kropotkine a pu observer de nombreuses situations d’entraide chez toutes sortes d’animaux confrontés aux rigueurs d’un climat extrême qui ne leur permettrait pas de survivre sans elle. Il se demande s’il n’en est pas de même chez les humains et également si l’entraide n’a pas été déterminante dans le processus d’évolution de nos sociétés. Ces impitoyables luttes pour la vie, constatées chez les animaux, ou même ces luttes de chaque « sauvage » contre tous les autres puis de chaque être « civilisé » contre tous les autres ne sont-elles pas compensées, transcendées par une solidarité et une entraide généralisée ? Le monde moderne ne reposerait-il que sur le « chacun pour soi et l’Etat pour tous » ? À l’occasion de migrations, de défense naturelle ou de chasse, très rares sont les espèces qui ne la pratiquent pas. L’auteur poursuit son étude avec les peuplades primitives de la Préhistoire et d’endroits reculés de la planète. Bien avant la famille mono-nucléaire, la tribu, la bande furent les toutes premières formes de vie sociale la pratiquant systématiquement pour survivre. Puis il étudie toutes les périodes historiques jusqu’à nos jours pour voir comment ce phénomène a évolué…
Ma critique
« L’entraide, un facteur d’évolution » est un essai sociologique et historique passionnant, paru d’abord sous forme d’une suite d’articles dans un journal britannique « 19th Century ». Très bien écrit et parfaitement documenté (nombreuses notes et appendices en fin d’ouvrage), il n’a pas pris une ride en dépit de son grand âge (1906). L’étude s’achève avant la révolution bolchévique sur le constat que le monde moderne (enfin celui de l’époque) a réduit comme peau de chagrin la solidarité et l’entraide, même s’il en trouve encore quelques traces avec les syndicats ouvriers ou les associations diverses et variées (type loi 1901). Principe de base de toute société humaine, l’entraide qui était vitale et systématique chez les tribus primitives a donné naissance aux communautés villageoises et aux villes libres qui ne dépendaient que d’elles-mêmes, organisaient leurs échanges, leur commerce, leur justice et disposaient même de terres en propriété collective. Il constate le début de la fin vers les XIVe et XVe siècle quand les paysans, un peu négligés par les bourgeois des villes, pensèrent trouver aide et protection auprès de seigneurs ou de prélats qui profitèrent de la situation pour commencer à s’enrichir en privatisant d’importantes portions du territoire. La Révolution de 1789 acheva le processus en interdisant les guildes, les corporations et toute forme de regroupement en dehors d’elle-même (Loi Le Chapelier). Toutes les Jacqueries, révoltes, mouvements populaires et même la Réforme protestante ne furent que des tentatives pour revenir au principe de solidarité d’antan. Le lecteur termine sa lecture en se demandant ce que le prince Kropotkine, idéaliste et grand inspirateur de l’anarchisme, pourrait dire aujourd’hui de notre société atomisée, où le citoyen ne connait pas son voisin de palier mais attend tout de l’Etat-Providence.
Ma note
4/5
L’OCCULTISME DANS LA POLITIQUE (GÉRARD & SOPHIE DE SEDE)
Le résumé du livre
À Crotone, Pythagore fonda une société secrète limitée à 300 membres. Elle comportait trois niveaux d’initiation : au sommet, on y trouvait les mathématiciens-philosophes, au centre, les nomothèques, chargés d’enseigner la doctrine et à la base, les politiques responsables de sa mise en pratique. Et le tout, uniquement sur cooptation… À Jérusalem, l’ordre des Templiers, appelés également « les pauvres chevaliers du Temple » qui se rendirent indispensables lors de la conquête de la Terre Sainte, sut s’y maintenir en profitant des rivalités entre Arabes et Turcs et même en s’alliant avec les Ismaéliens du « Vieux de la Montagne » en lutte contre les mêmes. Ne dépendant que du Pape et établis dans toute l’Europe, ils devinrent rapidement de grands propriétaires terriens et même les plus importants banquiers de l’époque (grâce à la mise en place des lettres de change) au point de faire de l’ombre aux rois eux-mêmes, ce qui précipitera leur chute… Et que sait-on vraiment du royaume chrétien secret des Nestoriens, établi quelque part aux confins de l’Iran et de l’Inde, et de leur fondateur le prêtre Jean ? Légende ou réalité historique ?
Ma critique
« L’occultisme dans la politique » est un essai historique sur un thème qui ne peut que laisser songeur. Secrets, conjurations, complots, pratiques occultes, magie blanche ou noire n’ont en effet cessé de marquer de leur sceau un grand nombre de séquences historiques. Le couple de Sède en a sélectionné quelques-unes depuis la plus lointaine antiquité grecque jusqu’à nos jours. Le lecteur y croisera nombre de personnages célèbres comme Saint Louis, Jeanne d’Arc, Louis XIV, le comte de Saint-Germain, Cagliostro (Joseph Balsamo), le baron Ungern, etc. Il découvrira plusieurs évènements peu connus ou présentés différemment par l’Histoire « officielle », comme cette improbable alliance ratée entre Saint Louis et les Mongols pour une reprise de Jérusalem et des révélations un peu sujettes à caution comme l’origine royale de Jeanne d’Arc qui aurait été une demi-sœur bâtarde de Charles VII ou comme celle de Louis XIV, l’enfant du « miracle », qui serait en fait celui de Mazarin et d’Anne d’Autriche. L’ouvrage est intéressant, mais on peut lui reprocher de ne pas avoir suffisamment approfondi le chapitre sur l’occultisme nazi. La société de Thulé, la secte du Vril, l’Aggartha ne sont évoquées qu’assez superficiellement. Quant à celui qui clôture le livre en traitant de notre époque où il y aurait tant à dire, il ne fait qu’évoquer encore plus superficiellement la secte Moon, la loge P2, l’affaire Gladio et l’Opus Déi. Conclusion : on se trouve plus dans la vulgarisation et l’ouvrage de divertissement que dans la recherche historique approfondie. Utile juste comme première approche de ce phénomène.
Ma note
4/5
OLYMPUS, TEXAS (STACEY SWANN)
Le résumé du livre
Dans la petite ville d’Olympus, coin perdu du Texas profond, vivent June et Peter, couple dans la quarantaine et parents de trois enfants « officiels », plus quelques « bâtards » issus des frasques extra-conjugales de Peter, agent immobilier plutôt prospère. Un matin, Hayden, le frère de Peter, l’appelle pour lui annoncer que March, leur benjamin, est de retour en ville après deux années d’exil sans donner la moindre nouvelle. Il souhaite venir déjeuner chez ses parents dans l’espoir de renouer avec eux. Mais son frère aîné, Hap, lui en veut toujours autant d’avoir osé coucher avec son épouse, Véra. Alors qu’il les imaginait séparés ou divorcés, March découvre qu’Hap et Véra vivent toujours ensemble et qu’ils ont même eu un enfant… Et quand March se présente chez ses parents, sa mère le reçoit très froidement. Puis Hap surgit, s’empare d’une masse, commence à démolir le 4X4 de March avant de lui casser la figure. Le retour du fils prodigue s’annonce plus difficile qu’il ne l’imaginait et ce n’est que le tout début de tous les ennuis qui attendent la famille…
Ma critique
« Olympus, Texas » se présente comme un drame familial et non une saga vu que la situation empire assez rapidement pour se dénouer en l’espace de moins d’une semaine, du vendredi au jeudi suivant. Rien ne va plus dans cette famille texane de la classe moyenne. Tromperies et trahisons ont été nombreuses, les rancœurs se sont exacerbées et pour ne rien arranger un accident de chasse dont on ne révélera pas les tenants et aboutissants pour ne pas trop déflorer l’intrigue amène à une situation paroxystique qui va faire rien moins qu’imploser toute la famille Briscoe. La plume de Stacey Swann, qui signe ici un premier roman d’excellente facture, est alerte et agréable, même si elle se révèle descriptive et un brin minutieuse voire méticuleuse à certains moments. Les personnages sont attachants même si les situations ne sont pas particulièrement originales, l’accumulation des péripéties maintenant l’intérêt du début à la fin. Le lecteur aura l’impression de découvrir l’œuvre d’une émule du talentueux Richard Russo (« La chute de l’Empire Whiting » et « Quatre saisons à Mowhawk », entre autres). Il appréciera la finesse des analyses psychologiques et sentimentales, mais cherchera en vain, l’humour, la malice et la causticité promises sur la 4ᵉ de couverture. En prime, plusieurs citations du poète Ovide, auteur des « Amours » et de « l’Art d’aimer », car on l’aura compris, toute cette histoire repose sur l’amour, mais aussi sur le désamour, l’infidélité et la haine. Une bonne surprise de voir cette forme de « naturalisme » américain toujours bien vivant…
Ma note
4,5/5
JAKOB FRANK, LE FAUX MESSIE (CHARLES NOVAK)
Le résumé du livre
Qui fut vraiment Jacob Frank, l’initiateur du mouvement frankiste ? L’historien Heinrich Graetz (1817-1891) le qualifie de menteur, d’imposteur et de traitre et son mouvement de plus « nauséabond de toute l’histoire juive ». Le frankisme aurait fait du tort aux Juifs et même empêché leur émancipation. Gershom Sholem considère ses disciples comme des hérétiques qui ne s’intéressent qu’au côté obscur du judaïsme, la Kabbale. « C’est en violant la Torah qu’on l’accomplit », proclamait en effet Frank. Né en 1726 à Korolowka en Podolie, Frank voyage beaucoup. Sa famille s’installe d’abord en Bucovine, puis à Bucarest, à Smyrne et à Salonique. Frank a une vision de Sabbataï Svi, son grand inspirateur, Juif converti à l’Islam et fondateur des Dönmehs turcs, qui lui donne son prénom de Jacob. Il a ensuite une seconde vision, celle d’Elie et de Jésus qui lui ordonne de rentrer en Pologne. Il se déclare alors « Messie », commence à prêcher et à être suivi par de nombreux disciples. On dit qu’il aurait fait des miracles. Il annonce être venu pour « abolir toutes les lois et les religions et apporter la vie au monde et ainsi faire arriver la fin des temps, lorsque la société sera totalement dépravée. » La rédemption devra passer par le péché, le chaos et la destruction d’Edom. (Rome) « Je ne suis pas venu pour élever, je suis venu pour tout détruire », proclame-t-il.
Ma critique
« Jacob Frank, le faux Messie », se situe aux limites de l’essai historique et de la biographie. Ce volet de l’ouvrage laisse d’ailleurs assez à désirer. Le lecteur aurait aimé en apprendre nettement plus sur ce personnage vraiment hors du commun qui, pour mieux assumer son judaïsme, rejette toutes les obligations de la Torah, applique certains aspects sombres de la Kabbale au pied de la lettre, se convertit à l’Islam et organise des orgies sexuelles pour sauver les âmes. Ses adeptes se convertiront en masse au christianisme pour mieux accomplir une judéité intégrale. Ils seront protégés par les dignitaires religieux et les puissants et très souvent anoblis avant de s’enrichir assez rapidement et atteindre des postes clés. Toute la première partie du livre développe toutes sortes de thèses sur la déviance de la Kabbale et sur les théories du complot qui accompagnent ce mouvement, sans trancher dans un sens ou un autre, même si l’auteur semble assez compréhensif envers le frankisme. Le versant historique également aurait mérité de plus amples développements. Le lecteur reste sur sa faim en ce qui concerne la participation des Frankistes à la Révolution française, des diverses tentatives de sauver la famille royale, du rôle des Francs-Maçons et des Illuminatis et également de celui de Meyer Amshel Rothschild qui est présenté comme franc-maçon et financier de la secte. Juste deux phrases sur ce personnage-clé, difficile d’être plus discret. On aurait aussi aimé en apprendre plus sur les répercussions actuelles du mouvement. Mais là, rien. Au total, un ouvrage assez décevant, l’auteur ayant sans doute voulu trop étreindre sans choquer personne. Dommage.
Ma note
2,5/5
LA MAFIA D’ÉTAT (VINCENT JAUVERT)
Le résumé du livre
« L’Etat a ses chasses gardées, ses réseaux occultes qui évoquent facilement une mafia », écrivait il y a près d’un demi-siècle Pierre Viansson-Ponté. On peut à juste titre se demander si cette situation de copinage et d’entre soi particulièrement malsaine ne serait pas pire aujourd’hui qu’hier. Cette mafia de grands commis de l’Etat, de hauts fonctionnaires et d’hommes politiques de haut niveau représente une caste de dignitaires hors sol qui ne songe qu’à défendre ses intérêts particuliers en se cooptant et en s’entraidant dans le but d’accroître pouvoir et revenus. Au fil de cet ouvrage, le lecteur découvrira nombre de grands commis de l’Etat qui bénéficient de retraites-chapeaux dépassant parfois le million d’euros par an… Des personnalités politiques qui jouissent de jetons de présence dans de grands groupes pouvant atteindre jusqu’à 250 000 € par an ; Des conseillers d’Etat, des inspecteurs des finances, des membres de la Cour des Comptes qui peuvent profiter d’émoluments pouvant atteindre 30 000 € par mois. Un seul exemple : Jean-Dominique Comolli privatise la Seita, ferme de nombreuses usines, fait perdre plus de 3000 emplois, fusionne ensuite avec les Tabaccaleras espagnoles tout en restant à son poste de président. Et quand le consortium est racheté par les Anglais, Comolli est recyclé chez Engie en dépit de sa gestion catastrophique contre l’avis d’Arnaud Montebourg alors ministre, puis chez Air France par la grâce d’Emmanuel Macron…
Ma critique
« La mafia d’Etat », troisième volet d’une trilogie (après « Les Intouchables », et « Les Voraces ») est une enquête d’investigation journalistique basée sur les témoignages de nombreuses personnalités et sur les chiffres officiels qui ne sont d’ailleurs disponibles que depuis peu (présidence Hollande) et ne concernent que le patrimoine des politiques, mais pas encore celui des hauts fonctionnaires. Le lecteur y découvrira tout un petit monde sélectionné dès les grandes écoles (ENA, Polytechnique, Sciences Po, Mines, Ponts et chaussées, etc.) qui investit les grands corps de l’Etat avec des salaires déjà très conséquents, se lance ensuite dans la carrière politique sans jamais démissionner, se recycle dans le monde des affaires et ne cesse de pratiquer nombre d’aller et retour entre ces trois univers. Ainsi a-t-on vu récemment un ancien premier ministre, Edouard Philippe, immédiatement recyclé chez Atos et son successeur Jean Castex en faire de même à la direction de la RATP. La liste est longue de ces profiteurs et pantouflards émargeant la plupart du temps dans la fourchette des 200 000 € par an. Quelques noms rencontrés au fil des pages de cet ouvrage : Guillaume Pépy, Florence Parly, Louis Schweitzer, Anne-Marie Idrac, Nicolas Bazire, Jean-Pierre Jouyet, Muriel Pénicaud, parmi des dizaines d’autres. En lisant cet ouvrage salutaire mais un peu déprimant quand même, on comprend pourquoi tous ces gens se retrouvent si loin du peuple, du réel et des difficultés quotidiennes des gens. Ces privilégiés, ces petits marquis de la République en rappellent étrangement d’autres. Subiront-ils le même sort ? On peut en douter. L’auteur conclut d’ailleurs par cette phrase quelque peu désabusée : « La mafia d’Etat, peut-être affaiblie par ces réformes, a donc encore de beaux jours devant elle. »
Ma note
4/5
DE LA SOCIÉTÉ PHARMACO-PUNITIVE AU CRÉDIT SOCIAL (ALEXIS HAUPT)
Le résumé du livre
Un pays où la population se méfie de ses médias et redoute la police n’est plus vraiment une démocratie. Les journalistes devraient avoir pour mission d’informer objectivement le peuple et non d’être de simples vecteurs d’une pensée unique virant à la propagande gouvernementale. La police devrait servir et protéger la population et certainement pas se comporter en garde prétorienne du pouvoir. Certains objecteront que nous sommes quand même en démocratie, car nous glissons de temps en temps un bulletin dans une urne. L’ennui, c’est que nous votons pour désigner des représentants, mais que nous n’avons aucun moyen de contrôle sur leurs décisions. Si celles-ci sont mauvaises et même contraires aux souhaits ou intérêts de la majorité comme on a pu s’en rendre compte tout au long de ces dernières années, elles passent quand même quitte à abuser d’un certain article dispensant le pouvoir de l’aval du parlement. Ainsi de reculs de la représentativité en grignotages des libertés fondamentales, glisse-t-on insensiblement dans une pure et simple tyrannie. Et le pire, c’est que beaucoup de gens n’en ont même pas conscience. « Élire des représentants sans pouvoir les révoquer revient à avoir le simple droit d’élire des maîtres », note Haupt.
Ma critique
« De la société pharmaco-punitive au crédit social » est un essai philosophique, politique et social de belle qualité, bien écrit sous forme de courtes démonstrations ou articles bien écrits qui peuvent se lire en diagonale. Et comme ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, tous plutôt convaincants les uns que les autres. Pour étayer ses démonstrations, Alexis Haupt se réfère entre autres à la sinistre expérience de Milgram sur la soumission à l’autorité ainsi qu’à l’œuvre de La Boétie qui avait déjà démonté le mécanisme de la servitude volontaire au temps de la Renaissance. Il est remarquable de constater qu’à plusieurs siècles de distance, les réactions des gens n’ont guère évolué sur ce plan. La tyrannie, sans doute plus « soft » (l’auteur la qualifie de « rose »), plus pernicieuse et encore plus efficace grâce au matraquage des médias, est toujours présente et l’esclave ne veut toujours pas reconnaître son état de servitude. Il la nie, il la réclame, il s’y complait parfois. Le lecteur remarquera qu’Alexis Haupt reprend aussi à son compte la brillante démonstration d’Etienne Chouard qui prouve la réalité du simulacre de démocratie dans lequel nous nous trouvons et promeut le référendum d’initiative citoyenne ainsi que les assemblées constituantes. Espérons que cet essai qui se lit comme un roman permettra à Alexis Haupt de toucher un plus grand public que celui de X Twitter où il diffuse des analyses nettement plus pertinentes que celles de nos pseudo-philosophes et vrais propagandistes plastronnant sur les plateaux télé pour diffuser leur pensée unique…
Ma note
4,5/5
LA CONTRE-HISTOIRE DE MICHEL ONFRAY (JONATHAN STUREL)
Le résumé du livre
Personnage incontournable de la scène médiatique, auteur prolifique d’une bonne soixantaine d’ouvrages de compilations philosophiques plus ou moins digestes, qui est réellement Michel Onfray, ex-prof de lycée technique à Argentan, aujourd’hui philosophe de plateaux, penseur de gauche reconnu avant de dériver vers la droite voire une certaine forme de populisme ? Est-il vraiment le rebelle anti-système, le révolutionnaire qu’il s’imagine ? Avec ses convictions fluctuantes, ses prises de positions contradictoires et son athéisme rabique, il est pourtant un très bon client des médias qui se servent de lui comme représentant d’une opposition contrôlée pour ne pas dire instrumentalisée voire muselée. En retour, ceux-ci assurent la promotion de ses livres qui se vendent bien grâce à cette exposition exceptionnelle et lui assurent des revenus conséquents. Ne serait-il en fait qu’un simple rouage d’un mécanisme de propagande parfaitement au point. Il n’y a sans doute que lui et les naïfs pour s’imaginer qu’il puisse représenter la moindre menace pour l’ordre établi…
Ma critique
« La contre-histoire de Michel Onfray » est un essai critique qui parvient très aisément à démontrer l’imposture que représente ce genre de personnage qui sous des apparences trompeuses du rebelle n’est qu’un des plus efficaces gardiens du temple de la pensée unique tout autant que ses collègues Enthoven, Glucksman ou BHL. Onfray est un athée hédoniste combattant la religion dans un monde où celle-ci est à terre et où l’hédonisme et le « jouir et faire jouir » triomphe comme jamais dans l’Histoire. Pour étayer son discours si peu coruscant, il n’hésite pas à détruire ce qu’il a mis sur un piédestal en fonction de la tendance du moment. Ainsi après avoir porté aux nues le « divin » marquis de Sade, le voue-t-il aux gémonies pour complaire aux féministes. Même chose pour Freud mis à mal suite aux dernières découvertes des neuro-sciences et aux révélations sur des mœurs peu compatibles avec le mouvement MeToo. Dans sa préface servant de mise à jour de son texte, l’auteur se réjouit de la dérive droitière du grand penseur. Sans doute un peu trop vite, les dernières prises de positions très covidistes lors de la dernière « crise sanitaire » l’ayant définitivement classé comme opposant en carton bouilli de la pensée unique.
Ma note
4/5
LA PREUVE PAR L’ÂME (FRANCOIS DE WITT)
Le résumé du livre
La clé de compréhension de notre univers, c’est l’information. (« Au début, était le Verbe ») Elle circule partout, entre nous, entre le vivant et nous, mais également entre ici-bas et là-haut. Et ce qui nous rattache, nous relie, nous permet de communiquer, est une entité immatérielle, impalpable et indescriptible, nichée au plus intime de tout être humain et qu’on peut appeler « âme ». Au-delà de l’inné et de l’acquis se pose d’ailleurs la question de l’intuition, potentialité des plus mystérieuses. « Nous devons être reconnaissants au ciel de posséder une fonction qui nous octroie quelques lumières sur ce qui est par-delà des choses », disait Jung. Et « il n’est d’autre conscience qu’intuitive », ajoutait Sartre. Mais d’où nous vient cette intuition ? « L’intuition est la voix de votre Soi profond, le murmure de votre âme », concluait Krishnamurti. Même si la science moderne montre quelques réticences avec ce genre de concepts, des chercheurs matérialistes se sont risqués à certaines expériences dont la principale consistait à vouloir la peser. Elle accuserait seulement 21 grammes sur la balance…
Ma critique
« La preuve par l’âme » est un essai dans lequel, François de Witt, un polytechnicien sérieux, donc a-priori ni un farfelu ni un illuminé, a voulu démontrer notre immortalité par le biais de l’existence de l’âme, de l’au-delà et d’une autre vie après la mort. Pour mieux explorer ces frontières floues de la connaissance, de Witt fait appel à la psychanalyse, au paranormal, aux neurosciences, à l’astrophysique, à la mécanique quantique, mais aussi aux intuitions des philosophes et même aux fulgurances des mystiques. Le chapitre sur les expériences de mort imminente (NDE) est particulièrement intéressant et même assez troublant. Discrètement, notre âme nous accompagne tout au long de notre vie terrestre. À notre mort physique qui n’est pas une fin, elle passe dans une autre dimension d’où parfois elle peut encore communiquer avec les vivants (dans certaines circonstances bien particulières). L’essentiel, c’est qu’elle n’a qu’un seul et unique message, celui de l’Amour universel. En lisant ce livre très bien écrit et d’abord facile, le lecteur fera de nombreuses découvertes dont certaines peuvent prêter à caution. En effet l’auteur ne croit ni au jugement dernier ni à l’enfer, tels que l’enseignent les religions. Confrontées à cet autre monde, les âmes « mauvaises » pourraient rejeter un certain temps le divin salut et s’exclure d’elles-mêmes avant de changer d’avis. De plus, si Dieu est infiniment bon, il ne peut se placer en juge et condamner à perpétuité une âme corrompue. Donc, si on en croit de Witt, un jour où l’autre, Hitler, Mao, Staline, voire Landru se retrouveront tous un jour au Paradis ! Ouvrage passionnant néanmoins qui devrait tous nous intéresser que nous soyons croyants ou athées.
Ma note
4,5/5
LE SANG DU TEMPS (MAXIME CHATTAM)
Le résumé du livre
En 2005, Marion, 40 ans, se retrouve embarquée par trois agents de la DST qui la mettent en sécurité au Mont Saint Michel pour une durée indéterminée. Elle y est accueillie par sœur Anne, une religieuse de la communauté qui a l’habitude de rendre ce genre de service aux autorités. Elle a néanmoins l’impression d’être encore en danger et à tout le moins espionnée en permanence. Secrétaire à l’Institut médico-légal de Paris, elle aurait vu ou fait quelque chose qui l’aurait mise dans cette situation. Et au matin, elle découvre sur son lit une enveloppe contenant un message chiffré en forme d’énigme à résoudre. Puis, emmenée par un frère aux archives de la ville d’Avranches, elle tombe par hasard sur le journal intime d’un détective privé anglais, Jeremy Matheson basé au Caire. Il y relate une enquête assez étrange remontant au mois de mars 1928. Tout avait commencé avec la découverte des cadavres de trois enfants issus des quartiers pauvres atrocement mutilés, « martyrisés à mort, griffés, mordus jusqu’à amputation de morceaux de chair. » Il se raconte dans la ville que le célèbre monstre des Mille et une nuits, la Goule, serait réapparu et aurait à nouveau frappé…
Ma critique
« Le sang du temps » est un thriller assez bien mené et comportant les habituels ingrédients du genre, barbarie, sadisme, meurtres en série. Cependant l’intrigue est menée de façon assez surprenante. Le lecteur croit au départ que le personnage principal est Marion. Il se fourvoie et doit d’ailleurs attendre la page 269 pour enfin savoir la raison de sa mise à l’isolement. À part des descriptions de parties plus ou moins fermées au public, des allées et venues furtives et pas mal de courant d’air, il ne se passe pas grand-chose pendant les deux tiers de la narration. L’intérêt se tourne alors vers l’histoire de Jeremy. Et là encore, le lecteur va se retrouver avec toutes sortes de fausses pistes et surtout une fin complètement surprenante, paradoxale, voire invraisemblable, avec rien moins que trois hypothèses possibles qu’on ne révèlera pas pour ne pas trop gâcher le plaisir d’un éventuel lecteur. L’impression générale que donne la lecture cet ouvrage de divertissement est celle d’une narration un brin poussive, tirant parfois un peu trop à la ligne. Cet opus est loin d’être le meilleur de maître Chattam…
Ma note
3/5
SITES SACRES SECRETS (MARTIN GRAY)
Le résumé du livre
Avez-vous déjà entendu parler du Grand Zimbabwe, ruine archéologique datant de la fin de l’âge du fer qui servait sans doute de lieu de culte et d’observatoire astronomique ? Connaissez-vous le temple penché d’Huma, dans l’Odisha (Inde) dédié à la déesse Shiva ? Ou le mausolée de Hasan al-Basri dans le centre-ville de Bassora (Irak) ? Ou le site d’El Infiernito, étonnant ensemble constitué de deux lignes de 36 pierres levées et orientées selon leur position par rapport aux astres et au soleil et de 30 hautes colonnes de pierres en forme de phallus situées non loin de Villa de Leyva (Colombie) ? Ou encore le sanctuaire shinto Futami Okitama-jinja, deux rochers sacrés situés en mer à environ 15 kilomètres à l’est du grand temple d’Ise (Japon). Reliés par une grosse corde, ils symbolisent Izanami et Izanagi, le couple divin à l’origine du monde ? Et 130 autres lieux tout aussi étranges, imposants monuments, modestes édifices, grottes secrètes voire humbles tombeaux, peu connus des masses touristiques et souvent uniquement fréquentés par les autochtones ?
Ma critique
« Sites sacrés secrets » est un beau livre doté d’une couverture de très belle qualité, d’un joli papier et de magnifiques photos. Passionné de voyages, de photo et d’archéologie, l’auteur a choisi ces lieux de cultes particuliers voire étonnants pour leur originalité et leur confidentialité en évitant bien sûr tous les grands classiques du tourisme religieux. Pas de cathédrale de Reims dans ce livre, mais le sanctuaire de Notre-Dame de La Salette, nettement moins connu que celui de Lourdes, où la Vierge Marie apparut également en 1864. Pas d’alignements de Carnac ni de site de Stonehenge, mais les cercles de pierres du tumulus d’Anund (Suède) en forme de bateau, dédiés au dieu nordique Freyr. Pas de Taj Mahal, mais le site sacré de Ramkund à Nashik, dans le Maharashtra (Inde)… Chacun est présenté sur deux pages avec une courte explication en plus des photos. Toutes les religions, tous les continents sont représentés. On notera aussi une très intéressante introduction. De quoi donner envie à plus d’un d’aller découvrir un ou plusieurs de tous ces sites humbles ou imposants, témoins de la foi millénaire de toute l’humanité. Le lecteur y découvrira toutes sortes de similitudes plus ou moins étranges entre les religions et mysticismes divers et variés. Un magnifique ouvrage qui ravira les amateurs d’archéologie, de lieux secrets et de voyages.
Ma note
4,5/5
L’AUTRE CÔTE DE LA VIE (PHILIPPE RAGUENEAU)
Le résumé du livre
La très chère épouse de Philippe Ragueneau, Catherine Anglade, ancienne actrice et productrice d’émissions télévisées, subit une première très lourde intervention chirurgicale avec ablation d’une partie de l’œsophage et de la totalité de l’estomac. Elle espère avoir ainsi vaincu son cancer, mais il n’en est rien. Elle souffre encore de divers symptômes. Quelque temps plus tard, elle doit repasser sur le billard, car le foie est lui aussi atteint. Et quand le chirurgien découvre qu’il est perdu et qu’il y a des métastases partout, il referme sans intervenir et annonce à Philippe que Catherine est condamnée… Il dira à sa patiente que l’opération a réussi pour qu’elle ne se laisse pas aller et poursuive sa lutte. Mais celle-ci ne se fait pas d’illusions. Elle sait qu’elle va mourir. Mais avant de partir, elle promet qu’elle continuera à communiquer avec Philippe même depuis l’au-delà… Et quelques mois après son décès, c’est ce qu’il se produit. Philippe commence à ressentir sa présence immatérielle à ses côtés et même ses interventions alors qu’il séjourne dans sa résidence secondaire dans le Luberon. Il parvient peu à peu à esquisser un incroyable dialogue.
Ma critique
« L’autre côté de la vie » est un témoignage troublant et réconfortant sur une expérience extraordinaire de contact avec l’au-delà. Le style de Philippe Ragueneau est très fluide et très agréable à lire. Le lecteur sent qu’il a affaire à un honnête homme ressentant un amour éternel pour sa femme. Il note avec précision tous les dialogues, toutes les interventions et tous les faits étranges qui émaillent sa vie de veuf inconsolable. Il n’est d’ailleurs pas le seul à sentir la présence de Catherine. La femme de ménage en est aussi témoin. Et même les chats qui ont des comportements bizarres. Pourtant Philippe reste un homme rationnel avec les pieds « bien sur la terre », pas du tout un mystique enflammé, ni un illuminé. Même s’il peut rester un doute raisonnable, (Ne s’agit-il pas d’auto-suggestion ? Ces conversations ne sortent-elles pas de son imagination ? Ne fait-il pas les questions et les réponses), le lecteur a envie de le croire. La mort n’est pas une fin, mais le début d’autre chose, un passage dans une dimension merveilleuse que les religions appellent « paradis », n’en déplaise aux matérialistes. « Un merveilleux message d’espoir pour tous ceux qui ont perdu un proche », lit-on en couverture. On ne peut qu’approuver…
Ma note
4,5/5
LE LIVRE DES SECRETS D’ENOCH (ANDRÉ VAILLANT)
Le résumé du livre
Enoch nous propulse dans le monde si lointain de Sumer, celui de la toute première écriture de l’humanité. Faisant partie de la race des Patriarches de la Bible, il vécut 365 ans et son fils, Mathusalem 965. La légende raconte qu’il fut emporté au ciel par deux anges qui lui refroidirent le visage pour qu’il puisse supporter la splendeur rayonnante du Très Haut, lequel reconnut sa sainteté et lui ordonna de revenir sur Terre achever sa mission en écrivant le livre qu’Il lui inspirerait. Ce livre fut écrit entre 3000 et 1200 ans avant J.C., donc bien avant l’Ancien Testament, sur des tablettes en écriture cunéiforme sumérienne. Même si l’on trouve des pans de cet ouvrage dans la Bible, il disparut totalement pendant plus de 1400 ans avant de reparaître sous deux formes (sumérienne et slavonique). Mais aucune de ces deux versions (très proches d’ailleurs) ne fut acceptée par l’Eglise et intégrée à la Bible. Certains exégètes parlèrent même de l’œuvre d’un faussaire. Mais la découverte et l’étude des manuscrits de la Mer morte au début de l’autre siècle changèrent totalement la donne. Le texte était bien authentique.
Ma critique
« Le livre des secrets d’Enoch » se présente comme un texte d’inspiration biblique. L’auteur nous en présente une traduction avec assez peu de commentaires et même un moment avec les deux versions en parallèle. Il se lit sans difficulté particulière et se caractérise par l’impression étrange de « déjà-lu quelque part ». Une sorte de version proto-historique de la Génèse avec une création du monde assez poétique, un Dieu presque plus proche des hommes et moins vengeur que Yahvé, avec autour de lui toute une cour d’anges et d’archanges dont certains se rebellent contre son pouvoir et d’autres arrivent même à épouser les filles les plus charmantes de la Terre pour engendrer une race de géants. Le lecteur qui se retrouve donc en pleine mythologie, découvrira que les mythes ont la vie dure, vu qu’ils se retrouvent au fil des millénaires dans les récits de Gilgamesh, puis dans la Bible et finalement dans le Coran sous des formes assez voisines. Donc pas mal de découvertes en perspective pour les esprits curieux. Un seul exemple : il n’y aurait pas eu un seul et unique déluge comme le dit la Bible avec Noé comme personnage central, mais au moins quatre majeurs en – 9000, – 5600, – 3000 et – 2100 et les rescapés n’auraient pas gardé dans l’arche des paires d’animaux, mais des douzaines ! Au-delà de l’aspect religieux voire mystique, on peut toujours en conclure que la sagesse est éternelle.
Ma note
4/5
SÉVICES COMPRIS (MICHEL DE ROY)
Le résumé du livre
Jessica est une jolie prostituée occasionnelle à qui il peut arriver certains ennuis quand elle tombe sur des clients peu respectueux. Elle est sous la coupe d’un souteneur nommé Jonathan, petite frappe avec qui elle monte l’enlèvement de Florian Balmont, libraire à Montpellier, pour le compte d’un mystérieux commanditaire. Le malheureux est enfermé dans une cave lugubre, nu et dépourvu de tout objet personnel. Mais bizarrement, aucune rançon n’est réclamée et le captif est même relâché assez rapidement. Craignant d’avoir à nouveau affaire à eux, vu qu’il a eu quelques faiblesses pour Jessica, le libraire demande l’aide de Marc, demi-frère de son épouse Virginie, journaliste de son état, et de Rémy de Choli, son cousin détective privé. Lequel se retrouve bien vite assommé d’un coup de batte de base-ball derrière le crâne. Un message lui intime d’ailleurs de ne plus se mêler de cette affaire. Et tout se complique encore quand Rémy découvre avant la police le cadavre de Jonathan baignant dans son sang à son domicile avec deux balles de gros calibre dans la tête…
Ma critique
« Sévices compris » est un roman policier aux limites du thriller. Un enlèvement, quatre macchabées et un psychopathe œuvrant en coulisse, le compte est bon pour la recette du genre. L’ennui viendrait plutôt de l’intrigue assez alambiquée et qui vogue à plusieurs reprises aux limites du vraisemblable. L’auteur mélange un peu les registres en passant du récit de narrateur, au témoignage direct du privé, et en navigant du présent au passé en permanence, histoire de mieux aborder les problèmes d’un enfant souffre-douleur, victime de dédoublement de la personnalité, et devenant peu à peu un dangereux sociopathe. Si on y ajoute un style assez approximatif rempli de redites et de rappels souvent inutiles des épisodes précédents ainsi qu’un bizarre parti pris de re-francisation de termes franglais (« kidnappage » pour éviter « kidnapping » alors qu’ « enlèvement » ou « rapt » existent, ou « debreffage » en lieu et place de « debriefing » alors qu’un recours à « rapport » ou « compte-rendu » aurait suffi), on obtient un petit roman de divertissement qui se lit assez facilement, mais sans grand plaisir.
Ma note
3/5
L’EMPRISE DU MONDIALISME (CHRISTIAN ROUAS)
Le résumé du livre
Toute la médecine allopathique actuelle se base sur les théories plus ou moins erronées de Louis Pasteur comme il le reconnut lui-même en confiant peu avant sa mort à son ami le docteur Renon : « Bernard avait raison : le microbe n’est rien, c’est le terrain qui est tout. » À l’inverse, celles d’Antoine Béchamp, beaucoup plus pertinentes, mais insuffisamment médiatisées et bien moins « rentables », ont malheureusement été ignorées voire rejetées. Pour lutter contre virus et microbes, les vaccins comportent pourtant dans leurs adjuvants entre autres de l’aluminium, cause de nombreuses allergies, syndromes divers (Guillain-Barré) et même d’autisme chez les enfants (phénomène inconnu chez les Amishs qui refusent toute vaccination). De plus, les dérivés de mercure particulièrement toxiques sont toujours utilisés dans les injections anti-grippales. La liste des effets indésirables de celles-ci est plus longue qu’un jour sans pain, mais les impératifs commerciaux et la corruption sont tels que la faculté persiste à nier tout lien de cause à effet. (Quid des morts subites de jeunes sportifs injectés ? De la multiplication des myocardites et péricardites d’adolescents ? De celle des fausses couches et autres problèmes gynécologiques des femmes ?) Un seul exemple : en 2009, la Suède suspend l’utilisation du Pandemrix, vaccin antigrippal fabriqué par Glaxo-Kline-Smith, en raison d’une explosion de cas de narcolepsie. La commission européenne refuse d’en tenir compte…
Ma critique
« L’emprise du mondialisme » est un essai à charge sur les pratiques de Big Pharma et les erreurs ou malversations de la médecine dominante. Son sous-titre résume parfaitement son propos « Hérésie médicale et éradication de masse ». L’auteur que certains pourront taxer de « complotisme » ne se contente pas de dénoncer les méfaits des vaccins et de nombreux médicaments inutiles ou dangereux, ce qu’il fait longuement et arguments à l’appui dans une première partie très intéressante. Le lecteur y découvrira par exemple un étrange pari datant de 2001, jamais relevé par personne. Un riche homme d’affaires américain a offert une prime de 200 000 dollars à tout médecin diplômé ou à tout représentant d’une firme pharmaceutique s’il acceptait de boire une fiole ne contenant que les additifs vaccinaux (sans aucun agent pathogène) correspondant à son poids. Vingt ans plus tard, il tient toujours ! La seconde partie traite du plan de destruction des défenses immunitaires et de réduction de la démographie, par les pandémies occasionnées par les virus manipulés en laboratoires, véritables armes biologiques et par les vaccinations contraintes ou obligatoires, sans oublier les épandages de toutes sortes. Les faits présentés relevés dans le Tiers-Monde (en Afrique, en Inde et en Asie du Sud-Est) avec des injections massives entrainant des stérilités, décès et handicaps, sous la houlette de l’OMS et du grand philanthrope Bill Gates demeurent troublants. L’ouvrage édité en 2015, ne tient pas compte bien sûr de la dernière crise Covid. Pourtant, en démontant l’affaire du H1N1 où s’illustra si bien notre charmante Roselyne Bachelot, le lecteur découvrira que tous les pions étaient déjà en place pour la suite.
Ma note
4/5
LES FANATIQUES DE L’APOCALYPSE (NORMAN COHN)
Le résumé du livre
Du nord de la France jusqu’en Bohème en passant par les Pays-Bas et l’Allemagne, on vit se répandre de très nombreux mouvements millénaristes du XIe au XVIe siècle. Professeur au King’s College de l’Université de Durham à Newcastle, Norman Cohn, pour éviter sans doute de trop se disperser, a pris le parti de se cantonner à ce territoire particulier et à cette période précise, même si ces mouvements et ces idéologies ont existé à d’autres époques et ailleurs dans le monde. C’est dans l’Ancien Testament que ces acteurs ont puisé l’essentiel de leurs théories eschatologiques et révolutionnaires. Pour eux, l’univers est dominé par une puissance maléfique et tyrannique dont la capacité de nuisance et de destruction semble infinie. Elle est envisagée comme surhumaine et démoniaque. Elle inflige à l’humanité des souffrances perpétuelles (guerres, famines, grandes épidémies) jusqu’à ce que l’Eternel vienne mettre fin à son règne. Alors arrivera un âge d’or de paix, bonheur et prospérité pour au moins mille ans. Mais pour hâter ce retour du divin, l’homme doit se retrousser les manches et commencer lui-même le travail de nettoyage (liquidation du clergé, des riches, des nobles, des puissants, abolition des taxes et impôts et même mise en commun de tous les biens…)
Ma critique
« Les fanatiques de l’Apocalypse » est une étude historique assez fouillée des innombrables courants millénaristes et révolutionnaires qui secouèrent l’Europe du Nord à de très nombreuses reprises. L’ennui, c’est que qui trop embrasse mal étreint. Tous ces mouvements sont survolés presque trop vite tant il y en a (Montanus et le montanisme, Tanchelm, Eudes de l’Etoile, Tafur, Fulk de Neuilly, le Maître de Hongrie et la croisade des Pastoureaux, Joachim de Flore, Conrad Schmid et les Flagellants, Amaury de Bène et les communautés de l’Esprit Libre, Pierre Valdo et les Vaudois, Guillaume Cornelis, Marie de Valenciennes, Quintin, Jean Boullan, Jean Huss, Bohm, Joss Fritz, Muntzer, Jean de Leyde, pour ne citer que les principaux). Tout part en général d’un individu qui déclare avoir reçu une inspiration divine, être une sorte de nouveau Messie. Il réunit autour de sa personne des groupes de gens du petit peuple, des artisans, paysans et autres vagabonds ou miséreux. C’est toujours dans des périodes de misère, de famine ou d’épidémies comme la peste noire que cela se produit. Le meneur promet de faire arriver l’âge d’or en liquidant le clergé et les nantis, en abolissant l’argent et la propriété privée et en mettant tous les biens en commun et parfois même les femmes. Et quand le mouvement rencontre un certain succès, les révolutionnaires s’emparent de villes ou de régions entières. Les princes, les rois et les évêques finissent par réagir. Et tout s’achève dans un bain de sang. Le pseudo-messie finit brûlé. Bien qu’un peu indigeste à lire, cet ouvrage reste fort intéressant, car il montre un aspect assez peu étudié de l’histoire du Moyen-Âge et de la Renaissance et permet de mieux comprendre que tous ces mouvements furent les précurseurs de nos grandes et terribles idéologies modernes, le nazisme, le communisme et même le mondialisme, mélange paradoxal et détonnant des deux précédents. Tout trois promettant d’ailleurs le paradis sur terre par la grâce d’un état de nature égalitaire, sans argent, ni propriété privée. « Vous ne possèderez rien et vous serez heureux », dixit Klaus Schwab. Ouvrage à lire pour mieux comprendre les ressorts du fanatisme religieux ou idéologique, de l’obscurantisme et de l’esprit moutonnier et si facilement manipulable du petit peuple.
Ma note
4/5
LE TRÉSOR DE M. BRISHER (HERBERT GEORGE WELLS)
Le résumé du livre
M.Bisher n’a jamais été marié. Tout juste fut-il un temps fiancé avant de découvrir un trésor et de finir par s’enfuir. Jane, la jeune fille qu’il fréquentait était pourtant charmante et très amoureuse de lui. Issue d’un milieu aisé mais un peu strict, elle jouait aussi fort bien du piano. Mais le futur beau-père ne voulait pas entendre parler de mariage tant que le prétendant ne bénéficiait pas d’une bonne situation. Pour montrer ses capacités et sa bonne volonté, Brisher a l’idée de composer une jolie rocaille dans le fond du jardin des parents de sa fiancée. Et voilà qu’en creusant le sol, il découvre un gros coffre rempli de milliers de demi-couronnes bien brillantes. Mais comment arriver à s’emparer discrètement d’une telle fortune sans éveiller les soupçons ?
Ma critique
« Le trésor de M. Brisher » est une courte nouvelle fort bien écrite du grand H.G. Wells qui ne relève ni de la science-fiction ni de l’anticipation, mais plutôt du naturalisme voire du réalisme. Quelque chose d’assez proche du style et de l’esprit des nouvelles de Guy de Maupassant, teinté d’un brin d’humour anglais en prime. La fin aussi surprenante qu’amusante en reste la meilleure illustration. Le lecteur n’est jamais déçu avec ce grand auteur que fut Wells !
Ma note
4,5/5
CHASSEURS ALPINS DES VOSGES AUX DJEBELS (JEAN MABIRE)
Le résumé du livre
Le corps des chasseurs qui portait alors le nom de « compagnie de chasseurs d’essai » fut créé en 1837 par le duc d’Orléans, fils de Louis XVIII, qui voulait en faire un bataillon d’élite. Il s’appellera ensuite « chasseurs à pied », puis pour un temps, « Chasseurs d’Orléans », en hommage à leur créateur. Leur premier fait d’armes a lieu en Algérie en 1845, du côté de Sidi-Brahim où ils durent se battre à un contre cent face aux guerriers de l’émir Abd-El-Kader. Retranchés dans un fortin, les derniers survivants vécurent un équivalent de ce que fut Camerone pour les légionnaires. Ils se battirent jusqu’au dernier, jusqu’à la dernière cartouche sans jamais accepter de se rendre. Le 24 décembre 1888, un projet de loi fixe à 12, le nombre total de bataillons de chasseurs à pied, affectés spécialement à la défense du massif alpin. Leur nom officiel sera « Bataillon alpin de chasseurs à pied » que l’usage simplifiera en « Chasseurs alpins » (BCA). Ils s’illustrent dans de très nombreux combats lors de la pacification des djebels marocains. Puis ils se retrouvent dès le début de la guerre de 14 dans les Vosges, en première ligne face aux Allemands. Ils y paient un très lourd tribut. Pendant la seconde, ils sont sur tous les fronts, à Narvik, dans les Vosges, dans la Somme, et les derniers à essayer de bloquer le déferlement de la Wehrmacht avec les Cadets de Saumur. Ils font ensuite partie de l’armée d’armistice. Et quand elle est dissoute, ils entrent dans la Résistance. Ils se battront sur le plateau des Glières, dans le Vercors et dans la région de Grenoble. Ils participeront ensuite aux guerres d’Indochine et d’Algérie en restant toujours fidèles à leur devoir.
Ma critique
« Chasseurs alpins » est une étude historique particulièrement intéressante d’un corps d’élite particulièrement prestigieux au sein de l’armée française. L’ouvrage, parfaitement documenté est illustré de nombreux documents photographiques. Le style de l’auteur est très vivant. Il comporte de nombreux dialogues et se lit comme un roman. L’auteur consacre une très grande partie de son propos aux deux guerres mondiales (les exploits dans la résistance et les batailles inégales et sans espoir aux Glières et dans le Vercors sont particulièrement émouvantes). Le lecteur lambda et pas particulièrement « fana mili » pourra y trouver de beaux exemples de courage, de témérité, de bravoure, d’abnégation, d’esprit de sacrifice au service de la patrie, autant de qualités dont on se demande où elles sont passées aujourd’hui. Les jeunes Résistants des années 40 voulaient égaler leurs pères, les Poilus de 14, quitte à se battre avec des pétoires contre des Allemands lourdement équipés et bien supérieurs en nombre. La liste est longue de tous ces soldats qui y laissèrent la vie. Autrefois, ils étaient considérés comme des héros et montrés en exemple. Cet ouvrage passionnant, mais qui aurait pu s’étendre un peu plus sur les deux derniers conflits, s’achève par un rappel détaillé de tous les combats de chacun des bataillons.
Ma note
4,5/5
UNE MAISON DE FAMILLE (MICHEL TESTUT)
Le résumé du livre
Au printemps 2020, l’auteur, Michel Testut, 78 ans, se retrouve confiné chez lui, dans sa maison de famille de Dordogne à cause d’un très dangereux virus prénommé Corona dont on dit qu’il rôde à travers villes et campagnes mettant en danger de mort toute l’humanité. Seul chez lui, Michel se demande comment employer ses journées. Appeler ses amis au téléphone ? Ecouter la radio ? Regarder la télé ? Ranger ses nombreuses bibliothèques ? Tout cela l’ennuie un peu. Vider toutes les bonnes bouteilles de sa cave ? Sans amis pour trinquer avec lui, il craint d’avoir le vin triste. Il opte pour relire Colette et en particulier « La maison de Claudine ». Et pourquoi ne pas s’intéresser à la sienne ? C’est une très vieille maison de famille, construite sous le Second Empire par ses ancêtres, qui a vu défiler pas moins de six générations qui toutes ont laissé « des réserves d’amour, de joie et d’espoir dans tous les placards. »
Ma critique
« Une maison de famille » se présente comme un récit personnel, un « inventaire sentimental » et un témoignage de gratitude à l’égard d’un bâtiment, d’une demeure ancestrale, une maison de maître avec un joli parc et quelques hectares de terres attenantes dont l’auteur hérita dans sa jeunesse, où il vécut avec son épouse, éleva ses enfants, tout comme le firent ses parents, ses grands-parents et toute sa lignée, même si beaucoup n’en usèrent que comme résidence secondaire bien agréable pour les vacances, mais nettement plus inconfortable en hiver vu son manque de chauffage et même d’eau courante installée seulement dans les années 60 de l’autre siècle. La maison sert de prétexte à évoquer toutes sortes de souvenirs d’enfance ou de vie au fil de la description de toutes les parties de la demeure et même du domaine. Tout y passe. Le vestibule, le salon, la salle à manger, la cuisine, les trois chambres et même le grenier, la cave, la grange, le parc et les « cabinets ». Tout est tellement chargé de souvenirs et d’émotions. L’écriture de Testut est précise et agréable à lire. Ses observations sont fines, intelligentes et souvent touchantes. Elles sont même pleines d’une certaine nostalgie qui rappellera aux anciens des époques depuis longtemps disparues, celles où l’on semait, binait et récoltait sans machine et où on allait en calèche de la station de chemin de fer à ce charmant domaine de Mareynou, perché sur sa colline. À conseiller.
Ma note
4,5/5
L’ART SUBTIL DE S’EN FOUTRE (MARK MANSON)
Le résumé du livre
L’air du temps, les médias et la pub poussent chacun d’entre nous à être toujours plus performant, plus intelligent, plus beau, plus riche, plus sexy, plus convivial, etc. Et par la même occasion, nous faire prendre conscience que nous ne le sommes pas autant que nous le souhaiterions. D’où la nécessité de consommer plus de services ou de produits pour atteindre ces objectifs chimériques. Il faudrait donc toujours chercher à se procurer le dernier smartphone, la dernière voiture, le dernier parfum sorti, suivre la nouvelle tendance à la mode, acheter la lotion amincissante la plus performante, les tenues les plus branchées, sans parler des destinations de vacances, des stages de ressourcements divers et variés et autres coaching en tous genres. Mark Manson, lui, conseille d’arrêter de toute urgence cette course du rat qui ne mène qu’à toujours plus de frustration, de se moquer de ces modes et tendances aussi sottes qu’artificielles et de nous assumer tels que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts. La vie n’est qu’une suite de choix plus ou moins heureux. On apprend plus de ses erreurs que de ses réussites…
Ma critique
« L’art subtil de s’en foutre » est une sorte de manuel de bien-être un peu comme il en sort des milliers chaque année. Il se démarque assez des autres par son ton simple et familier et son parti pris de ne justement pas donner de conseils ou de directives précises. Son sous-titre « Un guide à contre-courant pour être soi-même » en est la plus belle illustration. Et il est moins trompeur que son titre qui pourrait faire imaginer une ode à la nonchalance, à l’indifférence, à la paresse ou au je m’en foutisme ritualisé. Non, il s’agit simplement d’assumer ses choix, d’aller au bout de ses décisions et expériences. Manson illustre son propos de faits divers souvent connus, comme cette histoire de soldats japonais continuant à tenir leurs postes dans la jungle des années après la fin de la seconde guerre mondiale par fidélité à leur empereur et aussi de beaucoup d’épisodes de sa propre vie. Il reconnaît avoir fait lui-même énormément d’erreurs, avoir beaucoup voyagé, couru les filles, bu et pris de la drogue et ne pas lui-même être toujours certain de ce qu’il avance ou préconise. Et c’est là que réside le plus grand intérêt de ce livre, dans ce parler franc et ces confidences intimes. Le lecteur a souvent l’impression d’écouter un ami bienveillant et compréhensif. C’est dans doute la principale raison du succès mérité de cet ouvrage léger, réconfortant (car non culpabilisant) et bien agréable à lire.
Ma note
4,5/5
DERNIER GUEULETON AVANT LA FIN DU MONDE (JONAS JONASSON)
Le résumé du livre
Johan, jeune homme pas très futé, sert plus ou moins de domestique pour son frère Frédérick. Tous deux partagent un immense appartement familial dans la rue la plus huppée de Stockholm. Johan est nul en tout sauf en cuisine où il se révèle un chef hors pair. Mais quand Frédérick se retrouve nommé troisième secrétaire de l’ambassadeur de Suède à Rome, il vend l’appartement et offre un camping-car à Johan qui n’a même pas le permis de conduire. Pétra, ex-institutrice et astrophysicienne autodidacte, a calculé que la fin du monde devait arriver dans 11 jours. Mais pourquoi attendre plus ? Autant en finir tout de suite, vu que personne ne la croit. Une corde autour du cou, la voilà dans sa caravane, cherchant un crochet pour se pendre. Quant à Agnès, veuve de 75 ans aux cheveux mauves, elle a vendu son usine de sabots et de canots pour aller vivre sur une île proche avant de découvrir le plaisir de voyager virtuellement autour du monde en la personne de son avatar. Ainsi fait-elle rêver de voyages bidons des millions de followers sur les réseaux sociaux.
Ma critique
« Dernier gueuleton avant la fin du monde » est un roman humoristique bien dans la ligne des précédents (« Le vieux qui ne voulait pas souhaiter son anniversaire », « L’analphabète qui savait compter » ou « L’assassin qui rêvait d’une place au paradis »). Cette histoire pleine de rebondissements incroyables reste dans le cadre d’une sorte de road-trip picaresque plein d’humour grinçant et déjanté. Les personnages sont caricaturaux à souhait. L’intrigue complètement improbable pour ne pas dire invraisemblable. Mais il faut accepter les critères de la fable et de la parodie pour trouver un vrai plaisir à lire ce pavé de 522 pages qui part un peu dans tous les sens. L’auteur a voulu y glisser pas mal de piques sur les travers de nos sociétés contemporaines pleines de préjugés et d’a-priori. Autant il tombe juste quand il s’attaque aux défauts individuels, autant il reste mesuré quand il aborde les sujets généraux, politiques ou sociaux. Là, l’humour n’est plus vraiment transgressif. Il rentre même discrètement sur les rails de la ligne officielle de la bien-pensance. Obama est un homme charmant. Bill Gates est dépensier mais délicieux. Trump un fieffé crétin et Poutine un stalinien très très méchant. À notre époque, on ne peut plus rire de tout et de tout le monde, même si l’on sort des satires désopilantes tirées à des millions d’exemplaires. Au total, ce dernier opus, bien que n’étant pas vraiment le meilleur de Jonasson, reste néanmoins divertissant et agréable à lire.
Ma note
4/5
APOCALYPSE À LA LUMIERE DES SAINTS PROPHÈTES DE L’ÉGLISE (REMI DECHAMPLAIN)
Le résumé du livre
Selon l’auteur, les mœurs sont si dépravées qu’elles finissent par en devenir bestiales, ce qui n’est pas très juste en ce qui concerne les animaux. Le culte de l’argent (Mammon), l’hédonisme et le matérialisme dominent partout. Le rejet de Dieu et de toute spiritualité en général est massif. Et comme l’avait écrit Dostoïevski, « si Dieu est mort, tout est possible ». Et surtout le pire. Le monde pourra-t-il descendre encore plus bas ? Peut-être, mais pour peu de temps. Si l’on s’en réfère à l’Apocalypse de Saint Jean, nous serions parvenus à la 7e et ultime étape de l’odyssée chrétienne, celle de l’Eglise de Laodicée avec toutes ses tribulations et son règne de l’Antéchrist. Une ère de désolation absolue marquée par les guerres, les épidémies et toutes sortes de catastrophes naturelles et de calamités diverses et variées. Arriveraient les dernières épreuves avant le Jugement Dernier et le retour du Christ en gloire. Seuls les justes et les fidèles, ceux sur qui les forces démoniaques déchainées n’ont pas eu de prise, ceux qui ont refusé à tout prix la marque de la Bête, sans laquelle nul ne peut vendre ni acheter, seront sauvés alors que tous les autres n’échapperont pas à la damnation éternelle. Et cette période trouble passée, l’humanité débarrassée de ses démons connaîtra mille ans de paix, de bonheur et de prospérité dans l’amour de Dieu…
Ma critique
Cet ouvrage d’accès facile est un essai de vulgarisation eschatologique qui se base en premier lieu sur le livre de l’Apocalypse. Ce texte reste pourtant d’un accès difficile. Les interprétations en furent nombreuses et parfois contradictoires. L’auteur s’est efforcé de reprendre verset par verset la totalité du texte en en proposant une explication assez simple, évidente et quasi littérale. Le lecteur y apprendra que le Grand Monarque sera l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse et que les prophètes Elie et Enoch reviendront sur terre pour contrer l’Antéchrist, tenter de convertir l’humanité avant d’être exécutés. Remi de Champlain a surtout l’intelligence de ne pas dater, même approximativement, les évènements prévus ni de donner de noms pour l’Antéchrist ou pour le pape apostat ou pour la capitale qui sera détruite totalement (Rome, Jérusalem, New York ou Paris ?). Il a aussi l’originalité (et cela constitue sans doute le plus grand intérêt du propos) de prendre à témoin un certain nombre de saints et de bienheureux (Hildegarde de Bingen, Marie Julie Jahenny, Saint Jean Bosco, Saint François d’Assise, Anne-Catherine Emmerich, sœur Lucie de Fatima ou les visions des petits bergers de la Salette) en citant de larges extraits de leurs prophéties qui toutes appuient ou éclairent le message de Jean. Oui, nous sommes bien dans les derniers temps. Et ils ne seront certainement pas une partie de plaisir…
Ma note
4/5
POURQUOI COURIR ? (HENRI MACE)
Le résumé du livre
Chacun a de bonnes raisons d’enfiler un tee-shirt, de mettre un short et de chausser une paire de runnings pour aller courir en ville, à la campagne ou à la montagne… Pour Alix, étudiante, c’est pour rester maîtresse de son image, pour Amandine, mère de famille, c’est pour appréhender le monde. Pour Emmanuel, conseiller patrimonial, c’est pour une révélation chiffrée. Pour Arnaud, banquier, c’est pour prendre de la hauteur. Pour Baptiste, ingénieur mécanique en biomasse, c’est pour être un dans le présent. Pour Bastien, architecte, c’est pour connaître son corps et se sentir vivant. Pour Christophe, restaurateur, c’est pour se sentir fort. Pour Emilie qui voyage en Bolivie, c’est pour partager avec l’Autre. Guillaume, informaticien, veut casser les frontières… Julie veut se voir autre et invincible. Marcel, marin, veut se sentir bien. Quentin cherche un sentiment d’appartenance. Pierre souhaite se laisser guider. Mathilde, DRH, privilégie la sérénité post-course. Quant à Romain, il s’entraine dans l’espoir de courir un jour un marathon…
Ma critique
« Pourquoi courir ? » n’est pas un ouvrage technique sur le footing, le jogging et autre trails plus ou moins ultras. Il n’aborde pas les questions techniques et ne donne aucun conseil ni programme d’entrainement comme le font tant d’autres ouvrages. En dépit de son sous-titre accrocheur, « Quinze histoires pour quinze raisons », ce n’est pas non plus un recueil de nouvelles. Les quinze personnages sont à peine esquissés, tout juste sait-on leur nom, leur âge et leur profession, pas toujours d’ailleurs. N’ayant ni véritable histoire ni anecdote à raconter, ce ne sont que des artefacts, des prétextes, des illustrations servant à introduire les développements philosophiques, psychologiques voire sociologiques de l’auteur. Lequel s’attache surtout à décortiquer les motivations qui sont aussi nombreuses que diverses, mais aussi à décomposer un à un tous les mouvements du corps pendant la course, à décrire toutes les impressions et tous les ressentis du coureur avec une précision chirurgicale et un pointillisme frisant la méticulosité. Le lecteur trouvera dans cet essai un hymne à la joie de courir en tout temps et en toute circonstance qu’il appréciera s’il fait abstraction d’une certaine verbosité et de coquilles un peu trop nombreuses à notre goût. On notera aussi la présence de quelques expressions savoureuses comme « joujou à jambes » ainsi qu’une bibliographie en fin de volume ne comportant en tout et pour tout que 6 ouvrages !
Ma note
4/5
NEMESIS MÉDICALE (IVAN ILLICH)
Le résumé du livre
Le taux de mortalité de la tuberculose avait fortement décru alors que Koch était encore en train de cultiver ses premiers bacilles. Son éradication n’a donc pas été obtenue uniquement grâce à la vaccination généralisée. Même chose pour le choléra, la dysenterie et la typhoïde qui ont atteint leur maximum de la même manière avant de disparaître en échappant à toute action médicale. 90% de la diminution de la mortalité pour la scarlatine, la diphtérie, la coqueluche et la rougeole s’est produite avant l’arrivée des antibiotiques et l’immunisation à grande échelle. Une meilleure hygiène de vie, une meilleure alimentation et de meilleures conditions de logement ont eu plus d’influence sur la santé des populations que les médications. Il suffit d’observer la situation du tiers-monde pour s’en convaincre. Etrangement, plus une société se médicalise, plus elle donne de l’importance aux médecins, moins bien elle se porte. Il faut des médicaments et des vaccins pour tout et n’importe quoi. À croire que les industriels de la pharmacie et les médecins n’ont qu’un but, nous maintenir dans des états de santé médiocre pour engranger le plus de profit possible. Et que dire des maladies iatrogènes provoquées par des traitements inadaptés ou des médicaments aux effets indésirables ou des maladies nosocomiales contractées lors de séjours à l’hôpital…
Ma critique
« Némésis médical » est un essai que vulgarisation scientifique datant des années 80, mais qui n’a pas pris une ride. Ivan Illich se place à la fois en historien de la médecine, en sociologue et même en philosophe. Après un réquisitoire sévère mais juste sur la médecine, il propose de longs développements sur la douleur puis sur la mort. Comment ces deux réalités de la condition humaine ont été perçues et vécues au cours des âges. Pourquoi l’homme moderne, aveuli dans son confort et médicalisé à outrance, n’accepte plus d’affronter la souffrance, et pourquoi il cache la mort de toutes les manières possibles. La partie consacrée à la paradoxale contre-productivité de la médecine allopathique moderne est certainement la plus intéressante. Elle fut même révolutionnaire en son temps. Illich participa à la prise de conscience générale et à l’essor des médecines parallèles dites « douces » que l’on croyait alors promises à un bel avenir. Presque un demi-siècle plus tard, il est assez triste de constater que nous en sommes toujours au même point. Nous avons peut-être même un peu reculé. L’horreur sanitaire de la crise covid avec son rejet de l’immunité naturelle en constitue malheureusement la nouvelle preuve.
Ma note
4/5
4000 ANS DE MYSTIFICATIONS HISTORIQUES (GERALD MESSADIE)
Le résumé du livre
La Grèce n’a pas inventé la démocratie. Des conseils de clans ou de tribus existaient bien des siècles auparavant. Néron n’a pas fait incendier Rome. La bataille de Poitiers qui vit la victoire de Charles Martel sur l’armée d’Abderahman ne fut qu’une escarmouche non décisive. Bien d’autres combats furent nécessaires pour libérer le territoire. Les rois mérovingiens et carolingiens étaient polygames. Ainsi Charlemagne eut-il 9 épouses qui lui donnèrent 19 enfants dont un seul, Louis le pieux, restait vivant au moment de la succession. Charlemagne n’a pas non plus « inventé » l’école. La papesse Jeanne n’a jamais existé. Marco Polo n’est pas allé en Chine. Ses voyages n’ont pas dépassé Sébastopol. Son « Livre des Merveilles » n’est qu’une compilation de récits d’autres voyageurs de l’époque. Jeanne d’Arc était une enfant bâtarde de lignée royale. Christophe Colomb ne fut pas le premier à « découvrir l’Amérique ». Au Xᵉ siècle, les Vikings Erik le Rouge et Leif Erikson y abordèrent et y implantèrent une première colonie. Et en 1421, une importante expédition maritime chinoise avait longé les côtes américaines et abordé sur le continent…
Ma critique
« 4000 ans de mystifications historiques » est un gros pavé dans lequel l’auteur s’est donné pour objectif de corriger un certain nombre d’erreurs historiques. Le lecteur y trouvera de tout : quelques énormes scoops comme le fait que Saint Paul n’était pas juif ou que la dépouille de Napoléon Ier aux Invalides n’est pas la sienne. Des informations connues sur la santé de certains présidents comme Pompidou ou Mitterrand qui cachèrent leurs maladies. Moins connues comme l’état mental avancé du président américain Wilson qui influa sur sa politique (création de la Fed, entrée en guerre de 1917). Malheureusement, il restera sur sa faim sur d’autres affaires comme l’assassinat des frères Kennedy (en dehors de la présence certaine d’un second tireur à Dallas, rien de nouveau), ou l’agression japonaise de Pearl Harbour (Roosevelt n’était au courant de rien, dixit Messadié) et sur les attentats du 11 septembre (il note juste que beaucoup de monde était au courant !). L’auteur semble tellement craindre de tomber dans le complotisme, qu’il ne va jamais au fond des choses et se contente de petites corrections à la marge. Il donne dans le révisionnisme de détail. Pourtant l’Histoire du monde n’est bien souvent qu’un tissu de mensonges, de falsifications et de mystifications au service des idéologies, celles des puissants et des vainqueurs bien entendu. Il y a l’Histoire officielle, celle qu’on enseigne à l’école, celle qui laisse dans l’ombre les tireurs de ficelles cachés dans les coulisses et l’autre, celle des chercheurs de Vérité. Messadié se veut de ceux-ci, mais il ne soulève trop souvent qu’un tout petit coin du voile. Un peu décevant dans l’ensemble.
Ma note
3,5/5
MENACE SUR NOS LIBERTES (JULIAN ASSANGE)
Le résumé du livre
Redoutable auxiliaire du totalitarisme mondialiste, Internet que l’on crut un temps vecteur de liberté et d’information se muerait-il peu à peu en menace contre les libertés de l’humanité toute entière ? L’universalité du réseau ne pourrait-elle pas le transformer en un terrible outil de surveillance et de contrôle des masses ? Et qui dit contrôle, dit répression et asservissement. Ce qui aurait pu être un extraordinaire moyen de libération de l’expression deviendrait-il le summum le plus abouti et le plus insidieux de l’oppression ? Le scandale des révélations du site Wikileaks (avec blocus de ses comptes bancaires) et le long chemin de croix subi par Julian Assange (accusation d’espionnage, affaire d’agression sexuelle bidon, réclusion volontaire à l’Ambassade d’Equateur suivie d’une interminable incarcération en Grande-Bretagne qui débouchera sans doute sur son extradition vers les Etats-Unis et son internement à vie dans un lieu genre Guantanamo…) en sont la plus belle démonstration.
Ma critique
« Menace sur nos libertés » est la retranscription d’une longue conversation sur le thème de la liberté battue en brèche sur Internet, entre Julian Assange et trois de ses amis Jérémie Zimmerman (fondateur de « La quadrature du Net »), Andy Muller-Maguhn et Jacob Apfelbaum, tous plus ou moins hackers et développeurs de logiciels libres. Selon eux, la solution à cette terrible menace pourrait se situer dans la cryptographie, les fournisseurs d’accès sécurisés genre TOR, les échanges commerciaux via les cryptomonnaies (Bitcoin et autres), sans d’ailleurs se faire trop d’illusions. Toute avancée pouvant être immédiatement récupérée par les pouvoirs pour la retourner en leur faveur (cryptomonnaies de banques centrales par exemple). Paru en 2013, cet ouvrage relativement intéressant, car posant les bonnes questions sur ce sujet brûlant, date déjà un peu, la situation s’étant considérablement aggravée en une petite décennie. Se considérant comme « cypherpunk » (pour les uns comme combattant de la liberté ou lanceur d’alerte et pour d’autres comme espion ou pirate informatique, car il a osé révéler, preuves à l’appui, les crimes perpétrés par l’armée américaine en Irak et ailleurs) se retrouve dans une position pire que s’il était un criminel ou un terroriste. « Le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… », chantait le gentil poète Guy Béart en son temps…
Ma note
3/5
OUVRONS LES YEUX ! (BERTRAND DE LA BOURDONNAIS)
Le résumé du livre
En 2022, la dette de la France s’élevait à 2800 milliards d’euros, soit 42 000 euros par Français. L’endettement public qui ne dépassait pas 5% du PIB dans les années soixante atteint maintenant les 115% et file allègrement vers les 120%. Nous vivons à crédit en ne remboursant que les intérêts de cette dette. Jusqu’à quand un tel système peut-il perdurer ? De plus, notre pays souffre d’un chômage de masse et d’une paupérisation généralisée qui ne fait que s’aggraver du fait de l’inflation et du renchérissement des prix de l’énergie. Le taux de natalité (1,7 enfant par femme) ne permet plus le renouvellement des générations, même si l’allongement de la durée de la vie et une immigration massive de peuplement masquent un peu la réalité démographique. La famille est attaquée de toutes parts. La violence gangrène les rapports sociaux. La drogue fait des ravages. L’école part à vau-l’eau. Tel Mammon, l’argent est roi. La vie n’est plus respectée (euthanasie, avortement). Ne serait-il pas temps de redresser la barre ? « Jusqu’où peut amener la démagogie, dit l’auteur ; à l’anéantissement d’une nation. »
Ma critique
« Ouvrons les yeux » est un essai économique, sociologique, politique et même philosophique qui tente de brosser un panorama relativement exhaustif de la situation de notre pays. Un très grand nombre de sujets sont abordés avec plus ou moins de pertinence : la drogue, l’immigration, la fracture sociale, l’argent, le dérèglement climatique, l’endettement, les « avancées » sociétales, la bio-éthique et autres… En général, La Bourdonnay analyse avec intelligence et finesse la situation calamiteuse dans laquelle nous nous trouvons. Parfois, il lui arrive de ne pas aller au fond des choses et de s’en tenir un peu trop à la doxa des médias mainstream. On ne peut pas parler sérieusement de la dette sans évoquer la loi de 1973 (Pompidou-Giscard) obligeant l’état à se financer auprès de banques privées en leur versant des intérêts, ni le problème de l’euro, monnaie artificielle et néfaste pour notre économie car calée sur le Deutschmark. Evoquer la crise sanitaire sans aborder le problème des effets secondaires des injections (fausses couches, myocardites et morts subites inexpliquées) et en restant simplement sur la ligne « tous vaccinés, tous protégés » laisse un peu rêveur également. Rien non plus sur la désindustrialisation du pays par le biais des délocalisations, ni sur les conséquences de la mondialisation et des grands enjeux internationaux. Le bilan de la première partie est très intéressant néanmoins, même s’il reste un brin incomplet. La seconde tente d’élever le débat en passant au niveau de la nécessité du retour d’une morale qui serait plutôt d’essence chrétienne, alors que l’auteur pense que les religions ont paradoxalement « fait leur temps ». Il en appelle à la raison, au bon sens, à la bonne volonté et au discernement entre le bien et le mal, illustrant son propos avec deux lettres bien envoyées à un croyant et à un athée en fin d’ouvrage. L’ennui, c’est que tout cela reste un peu trop au niveau du volontarisme, de l’engagement individuel et ne tient pas assez compte d’un certain nombre de facteurs déterminants, comme la propagande d’état, la manipulation mentale des masses, la corruption généralisée des élites, le rôle des multinationales et des organismes internationaux, etc. Oui, « la maison brûle et nous regardons ailleurs ». Ne serait-ce que pour ce cri d’alarme si justifié, cet important ouvrage (650 pages) mérite toute notre attention.
Ma note
4/5
LEGENDES DE LA MYTHOLOGIE NORDIQUE (JEAN MABIRE)
Le résumé du livre
Beaucoup moins connue que les mythologies grecques et latines, leurs homologues nordiques sont assez différentes, tout en ayant néanmoins bien des points communs. (La création du monde, les personnalités des dieux, les incarnations du Mal (Loki) et du Bien (Balder), la fin du monde, le Ragnarok, cette terrible Apocalypse du Septentrion, etc.) Toutes ces légendes commencent par un meurtre. Aidé de ses deux frères Vili et Vé, Odin tue le géant Ymir. Son petit-fils Bergelmir réussit à s’enfuir avec toute sa famille sur un navire voguant sur des eaux écarlates. Il donnera naissance à de nouveaux géants élevés dans la haine et l’esprit de vengeance. Du corps du géant Ymir va naître la terre. Le sol est formé de sa chair, l’océan de son sang, les montagnes de ses os, les forêts de ses cheveux et les cailloux de ses dents. Son crâne donnera le ciel et son cerveau les nuages. Et les dieux fabriqueront à partir de deux arbres, le premier homme Ask (le frêne) et la première femme Embla (l’orme). Ils sont dotés d’un beau teint clair et de cheveux blonds qui les distinguent de la race si sombre des géants. Et pour ne rien gâter, tous deux sont beaux, bons et sages…
Ma critique
« Légendes de la mythologie nordique » est un essai de vulgarisation sur un sujet rarement abordé. Les dieux de l’Asgard ayant été à la fois méprisés et ignorés dès l’arrivée du christianisme, l’auteur est retourné aux sources, les « Eddas » islandaises et les sagas danoises et norvégiennes pour nous présenter une mythologie tourmentée, bien à l’image des peuples et des climats qui en furent la matrice. Le lecteur aura sans doute un peu de peine à s’y retrouver dans la multitude de dieux, de géants (leurs perpétuels ennemis), mais aussi d’elfes, de nains et de monstres en tous genres. Ces histoires pleines de bruit et de fureur n’en demeurent pas moins relativement poétiques, et surtout terriblement symbolique, même si la lutte, le combat, la violence, en marquent quasiment tous les épisodes. Il est aussi noble pour les dieux de brandir une épée que de vider une corne à boire. Ce qui est ignoble, c’est la lâcheté, le mensonge et le parjure. Cet ouvrage agréable à lire pourra servir de référence pour qui veut s’initier aux anciens mystères du Nord. On y trouve d’ailleurs en fin de volume un important index regroupant une courte présentation de tous les intervenants qui sera très utile pour s’y retrouver dans ce foisonnement.
Ma note
4/5
LE PORTE-MONNAIE, UNE SOCIETE SANS ARGENT (JEAN-FRANCOIS AUPTITGENDRE)
Le résumé du livre
Entre 2029 et 2040, Jacques Durieux, ancien notaire, note au jour le jour ses impressions sur le passage d’une société marchande, capitaliste, consumériste, à une société de l’accès, du don, de la gratuité, de l’égalité et de la liberté par la magie de la disparition totale de l’argent. Dans son immeuble de la Faisanderie, il cohabite avec un menuisier, un ancien commissaire de police, une institutrice, un mécanicien, un ingénieur, un archéologue et un petit escroc. Dès l’annonce de la disparition de l’argent et donc du commerce et de l’instauration d’une économie durable et solidaire, les magasins ont été pillés et la pagaille s’est installée un peu partout. Beaucoup ont cru pouvoir trouver refuge à la campagne. Leurs habitations ont aussitôt été investies par des squatteurs, la propriété privée n’ayant plus lieu d’être… Tout était parti d’un krach boursier phénoménal, d’une succession d’explosions de bulles spéculatives, d’une inflation galopante et de dévaluations inutiles. Ruinés, affamés, les peuples se soulevèrent un peu partout dans le monde, attaquèrent les banques, neutralisèrent les bourses. Au Brésil, les gens commencèrent à brûler des brouettes de billets et de titres qui ne valaient plus rien. Et le mouvement fit tache d’huile…
Ma critique
« Le porte-monnaie, une société sans argent » ne peut pas être considéré comme un véritable roman, même si l’auteur a cherché à illustrer son propos en convoquant quelques personnages sans grande consistance d’ailleurs. Il s’agit plutôt d’une parabole, d’une fable ou d’une allégorie, relevant du rêve, de l’utopie ou de la pure et simple fantaisie. Dans cette histoire fort peu crédible, le fait de faire disparaître l’argent et tous les moyens de paiement, permettrait de parvenir à une société solidaire, égalitaire et respectueuse de l’environnement. Plus de gâchis, plus de gaspillage, plus de dépenses inutiles comme la publicité. Rien que de l’entraide, du partage, de la bienveillance et de la gratuité. Après le grand Soir, le paradis sur terre. Sortant parfois de son rêve anarchiste, l’auteur conçoit qu’il puisse y avoir de-ci, de-là, quelques difficultés. Mais qu’à cela ne tienne, il y a toujours la solution de réunir un comité de discussion, une conférence internationale. Les palabres, les tractations, les blablablas interminables doivent toujours tout résoudre. À une époque où l’argent n’a jamais été aussi puissant au point qu’on en est arrivé aux crypto-monnaies de banques centrales qui vont faire disparaître le cash et nous faire basculer dans des sociétés de contrôle total, il est malheureusement facile de constater que cette histoire est aux antipodes de la triste réalité. Pour ceux qui veulent rêver d’un monde de Bisounours où la disparition de la richesse entrainerait celle de la pauvreté…
Ma note
3/5
KUBARK (LE MANUEL SECRET DE MANIPULATION MENTALE ET DE TORTURE DE LA CIA)
Le résumé du livre
Datant de l’époque de la guerre froide, Kubark est le nom de code d’un manuel d’interrogatoire destiné aux agents de la CIA. Très inquiets des résultats obtenus par les communistes russes et chinois, les Américains ne voulaient pas être à la traine dans les techniques de lavage de cerveau et d’extorsion de renseignements. Ils découvrent que l’on peut pratiquer une violence aseptisée et manipuler de toutes sortes de manières le psychisme d’un individu pour arriver à le faire craquer et à obtenir aveux ou informations. Ainsi commencent-ils à mettre en place, à une échelle individuelle, tous les éléments de ce qu’on a appelé ensuite « la stratégie du choc » pratiquée plus tard par le néo-libéralisme mondialiste à l’échelle de sociétés entières et tout récemment à celle de l’ensemble de la planète lors de la crise du Covid. Il s’agit de provoquer brutalement un état de régression psychique en agitant des peurs pour mettre le sujet sous emprise. Tous les moyens sont bons. L’isolement sensoriel est sans doute le plus important. La CIA expérimentera même un caisson d’isolement dans lequel un humain est attaché dans une sorte de cercueil rempli d’ouate où il ne peut rien voir, ni entendre, ni sentir. Il peut en résulter des perturbations graves du psychisme (amnésies, hallucinations ou désintégration totale de l’identité). Elle pratiqua également les électrochocs, l’hypnose, le détecteur de mensonges et l’administration de drogues. (dont le LSD distribué à grande échelle qui ne donna pas grand-chose si ce n’est le psychédélisme du mouvement hippie avec des gens comme Leary, Ginsberg ou Kesey…)
Ma critique
« Kubark » est un document récemment déclassifié, brut de décoffrage et relativement peu agréable à lire. De nombreux passages sont encore caviardés, rendant parfois la compréhension difficile. Le texte est précédé d’une très longue introduction qui représente un bon tiers de l’ouvrage et qui résume toute la suite. Le style est administratif, lourd, redondant. On sent que l’auteur patauge un peu. Ça bidouille de tous les côtés et, avec honnêteté, la plupart du temps ça reconnaît que toutes ces méthodes de manipulation du psychisme ne marchent pas vraiment bien. Que des aveux ou des révélations obtenus d’une façon aussi cruelle (même si la torture physique ne devient que secondaire) ne valent pas grand-chose. La CIA voulait pouvoir interroger des agents secrets étrangers ou vérifier la sincérité de transfuges. Elle se situait donc dans le simple contre-espionnage qu’elle appelle d’ailleurs « contre-renseignement » et n’avait pas tout à fait le même objectif que ses adversaires communistes qui se plaçaient sur le terrain politique et visaient la soumission, voire la désintégration psychique des opposants. Le lecteur pourra constater que ces méthodes ont bien empiré depuis ces années 50 et 60 en comparant ce qu’il lira dans cet ouvrage avec ce qu’il sait des horreurs pratiquées à Guantanamo et à Abou Grahib entre autres…
Ma note
3/5
LE ROMAN DE BUDAPEST (CHRISTIAN COMBAZ)
Le résumé du livre
Bâtie sur des grottes et dans un emplacement stratégique, Buda fut pendant trois siècles le bastion le plus avancé de la paix romaine contre les assauts des Barbares venus des terres slaves et même du lointain Iran. Territoire des Magyars, peuple turbulent venu du Nord, la Hongrie devient assez vite un royaume chrétien avec son premier roi, Istvan, fils de Geza, qui l’impose par l’épée et reçoit du Pape une couronne surmontée d’une croix qui restera longtemps le symbole du royaume. Mais arrivent bientôt les invasions tatares qui ravagent la ville et tout le pays alentour. Quand ceux-ci finissent par se retirer, le château royal est reconstruit par les Français (Angevins). Un peu plus tard, la ville tombe aux mains des Turcs de Soliman le magnifique qui la brûle et la ravage totalement. La Hongrie restera occupée par les Ottomans pendant 150 longues années. Grâce au sacrifice des Hongrois et à leur résistance acharnée, la Sublime Porte ne parviendra jamais à s’emparer de Vienne en dépit de toutes ses tentatives. Mais cet épisode terminé n’apportera pas encore la liberté au pays qui tombera ensuite sous la tutelle des Habsbourg jusqu’à la première guerre mondiale. La Hongrie subira une première révolution communiste, puis une occupation nazie pendant la seconde guerre mondiale et finalement une autre occupation, soviétique celle-là, qui durera quarante ans et verra en 1956 un soulèvement populaire qui sera réprimé de la plus cruelle manière. Il faudra attendre la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique pour que la ville et le pays retrouvent la liberté…
Ma critique
« Le roman de Budapest » est un ouvrage historique passionnant permettant au lecteur de faire un survol fort instructif de l’histoire de la Hongrie en prenant sa capitale comme base d’observation. Le lecteur découvrira que le destin de Budapest qui fut la réunion de deux villes (Buda, ville royale et Pest, ville plus populaire) fut particulièrement tragique. Placée en première ligne face à toutes les invasions, les habitants pourtant ouverts et tolérants, eurent beaucoup à souffrir de toutes sortes d’envahisseurs (Tatars, Turcs) aussi cruels que destructeurs. La ville et le pays furent également bien longtemps sous tutelle (autrichienne, allemande et russe) et sous influence française au XVIIIe siècle et anglaise au XIXe. Son architecture baroque et variée malgré toutes les destruction amenées par les guerres en témoigne. Au fil du temps, le récit vivant et agréable à lire de Combaz nous permet de faire plus ample connaissance de personnages comme Matyas Corvin, Istvan Széchenyi, Lajos Kossuth, François-Joseph, Sissi, Franz Liszt, Sandor Petofi, Tibor de Nagy, le cardinal Mindszenty longtemps prisonnier, Imre Nagy, Janos Kadar ou l’amiral Horthy qui marquèrent en bien ou en mal une Histoire tourmentée. Ouvrage aussi passionnant que le « Roman de Saint Pétersbourg », agrémenté de deux beaux cahiers d’illustrations et de photographies.
Ma note
4,5/5
SORTIR DE L’EUROPE (ALAIN FALENTO)
Le résumé du livre
Les deux « pères » de l’Union Européenne furent Jean Monnet et Robert Schuman. Le premier fut conseiller de Roosevelt, agent de la CIA et richissime homme d’affaires aux Etats-Unis. Le second qui fut 14 fois ministre de nombreux gouvernements, officia sous Pétain, se cacha dans des monastères pendant la guerre et se retrouva frappé « d’indignité nationale » à la Libération. Dès le départ, il aurait fallu se méfier. Mais cette « construction » européenne se pratiqua à petits pas pour ne pas choquer les opinions publiques, bribe par bribe, un peu selon la tactique du « voleur chinois » en commençant par une certaine CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier, chacun sait aujourd’hui ce qu’il est advenu de ces deux filières), puis en progressant par étapes, au fil des traités, pour en arriver à une sorte d’accomplissement avec la création de l’euro, en passant par la Pac, les accords de Schengen, les entrées successives de nouveaux pays avides de subventions communautaires, les traités de Maastricht et de Lisbonne et la mise en place de Frontex qui devait défendre les frontières extérieures de l’Union. À Lampédusa, Vintimille, Algesiras, Calais et jusqu’en Pologne, chacun a pu admirer son efficacité. Alors quelques années après le Brexit qui a fait la démonstration que la Grande-Bretagne n’a pas connu le chaos annoncé partout, tout citoyen un brin averti peut se poser la question : pour ce « machin » de Bruxelles (dixit de Gaulle), stop ou encore ? Frexit ou pas ? Qu’avons-nous à perdre ou à gagner dans les deux cas de figure ?
Ma critique
« Sortir de l’Europe » est un essai en forme de réquisitoire fort bien argumenté qui présente la liste interminable des inconvénients, des risques et des dangers que nous avons à rester dans cette entité qui nous coûte plus cher qu’elle ne nous rapporte. On nous l’a vendue comme étant facteur de paix, de sécurité, de plein emploi et de prospérité. Un demi-siècle plus tard, il est difficile de ne pas constater que ces promesses étaient toutes fallacieuses à moins de considérer que nous vivons dans un monde orwellien où la paix c’est la guerre (Ukraine), la sécurité ce sont les agressions à chaque coin de rue et la prospérité c’est la désindustrialisation, le chômage de masse, le naufrage de notre agriculture, les tarifs démentiels des énergies et la paupérisation rampante par le biais d’une inflation et d’une dette impossibles à maîtriser. Fallait-il perdre toute indépendance, toute souveraineté jusqu’à celle de battre monnaie en échange de ça ? Nos dirigeants et nos chefs d’État n’ont plus aucun pouvoir réel. Ils ne font qu’entériner toutes les décisions européennes. Le Parlement européen lui-même n’est qu’une chambre d’enregistrement. Le véritable et unique lieu de pouvoir est la Commission Européenne dans laquelle un certain nombre de technocrates coaché par une dirigeante teutonne recyclée décident aussi bien du diamètre des roues de bicyclettes que de nous faire participer à une guerre sans jamais avoir été élus et sans jamais nous avoir demandé notre avis. Livre à faire lire à tous ceux qui ne sont pas encore convaincus qu’il est grand temps d’en finir !
Ma note
4,5/5
LE GUIDE DU BIEN-ÊTRE SELON LA MÉDECINE CHINOISE (YVES REQUENA & MARIE BORREL)
Le résumé du livre
Pour la médecine chinoise, les éléments ne sont pas au nombre de quatre (terre, feu, air et eau), mais de cinq : le bois, le feu, la terre, le métal et l’eau, lesquels entrent en correspondance avec les saisons (excepté la terre), avec la nature et avec le corps humain. Contrairement à l’occidentale et en particulier l’allopathique qui est surtout réparatrice dans la mesure où elle s’attache à traiter les symptômes, c’est une médecine de prévention qui cherche à maintenir le « terrain » en harmonie et donc à permettre au patient de rester le plus longtemps possible en bonne santé. On dit qu’autrefois on cessait de payer son acupuncteur ou son médecin quand on tombait malade. Et non l’inverse comme chez nous ! Les saveurs sont elles aussi cinq : l’acide, l’amer, le doux, le piquant et le salé. Reste à découvrir de quel élément chacun de nous dépend. Les moyens employés, tous adaptés à chaque cas sont fort nombreux et complémentaires : acupuncture, moxas, massages, alimentation, plantes, huiles essentielles, élixirs floraux et exercices de Qi Gong.
Ma critique
Ce guide de bien-être de qualité n’en demeure pas moins un exercice de vulgarisation voire d’initiation ou d’introduction au monde complexe et très pragmatique de la médecine chinoise. Il tente d’être exhaustif en s’attachant à étudier séparément les cinq éléments, histoire « d’être bien dedans ». Tout démarre d’un test assez simple comportant 40 questions plus une étude de la main permettant de classer le patient dans l’élément qui le caractérise. Le lecteur peut se retrouver classé dans deux éléments, ce qu’admettent les auteurs, cette recherche nécessitant bien d’autres paramètres. D’autres ouvrages tiennent compte de beaucoup plus de critères comme la force du visage, celle du nez, le positionnement des yeux, les pouls et autres caractéristiques physiques pouvant aider plus finement à ce classement. Cet ouvrage de très belle qualité éditoriale (papier glacé, reliure solide) dispose de nombreuses et très belles illustrations ainsi que de photographies particulièrement utiles pour s’initier aux postures de Qi-Gong. Intéressant pour qui veut bénéficier d’une première approche du sujet, mais qui, bien sûr, ne pourra jamais remplacer un maître de Qi-Gong et à fortiori un acupuncteur…
Ma note
4/5
ESCLAVES CHRÉTIENS, MAITRES MUSULMANS (ROBERT C. DAVIS)
Le résumé du livre
Peu étudié et même souvent négligé, l’esclavage des Blancs dans le monde méditerranéen fut pourtant numériquement plus important que celui des Noirs au XVIᵉ et jusqu’à la moitié du XVIIè avant que la tendance ne s’inverse. Mais quelle fut l’ampleur d’un phénomène qui frappa tout le pourtour de la Méditerranée et s’étendit même jusqu’aux lointains rivages de l’Angleterre et de l’Irlande ? Comment les Barbaresques et les Turcs se procuraient-ils leurs esclaves blancs ? Tout simplement en attaquant les navires de commerce ou de simple pêche, en ravageant les villes et villages des côtes espagnoles, françaises, italiennes et autres, en pratiquant de terribles razzias avec pillages et destructions systématiques et capture de prisonniers avec une préférence pour les enfants, les femmes jeunes et les hommes de bonne constitution. Le sort qui attendait ses malheureux n’était guère enviable. Les galères avec la chiourme ou le travail harassant dans les carrières ou dans les champs pour les hommes, les harems et les tâches de servantes pour les femmes. Un enfermement dans des « bagnes » (anciens établissements de bains dont les plus nombreux étaient situés à Alger) dans une promiscuité délétère, sans la moindre hygiène, avec une nourriture infecte et des épidémies de peste récurrentes. Le taux de mortalité des esclaves était de 15 à 20% dès la première année. Et les conséquences en furent terribles pour toute une population chrétienne, toute une société sans cesse agressée qui doit faire face aux ravages de cette piraterie et à ces coupes sombres de population par ces mises en esclavages qui durèrent pendant plus de trois siècles et ne prirent vraiment fin qu’avec la prise d’Alger.
Ma critique
« Esclaves chrétiens, maîtres musulmans » est un essai historique très bien documenté (les nombreuses notes de bas de pages en attestent) et fort intéressant sur une traite beaucoup moins connue et dont on parle beaucoup moins que la transatlantique et qui ne fonctionna pas du tout de la même façon. L’auteur américain fait d’ailleurs de très pertinentes comparaisons en mettant en parallèle un système purement économique de recherche de main d’œuvre et un autre basé sur le vol, le pillage, la prédation et la haine religieuse. Les souffrances des uns n’effaçant pas les souffrances des autres, le lecteur ne peut que ressentir de l’empathie pour tous ces malheureux esclaves privés de libertés, ces galériens enchainés à vie à leur banc de rame, battus et humiliés en permanence. Les maîtres musulmans cherchaient à obtenir des rançons souvent exorbitantes qu’ils ne pouvaient obtenir que des très rares riches personnages qu’ils capturaient parfois. Ils exigeaient néanmoins de tout esclave une redevance pour la nourriture et l’hébergement tout en profitant de sa force de travail. Malgré tous les efforts de congrégations religieuses comme les Trinitaires et les Mercédaires et toutes les collectes d’argent dans les paroisses, le taux de rachat des esclaves chrétiens ne dépassa jamais les 7 à 8%. Autant dire que l’espoir d’être un jour libéré de cette servitude pire que celle du goulag soviétique ou des camps nazis était plus que minime. Ouvrage passionnant pour qui veut bien se pencher sur cette page d’Histoire dont il ne reste que peu de traces, si ce n’est quelques noms de lieux (comme le Massif des Maures) et une tête sur le drapeau corse, région qui eut beaucoup à en souffrir tout comme l’Italie, particulièrement bien analysée d’ailleurs.
Ma note
4,5/5
APPROCHES, DROGUES ET IVRESSE (ERNST JÜNGER)
Le résumé du livre
Comment résumer ce livre qui part un peu dans tous les sens ? Il porte très bien son titre. Ce sont bien des « approches », des esquisses sur le thème des drogues et de l’ivresse. La recherche de la perte de contrôle, du rêve, de l’ailleurs par toutes sortes de moyens allant des plus bénins aux plus dangereux. L’auteur y a rassemblé en un grand nombre de très courts chapitres (plus de 300), en réalité de notes, toutes sortes de réflexions, méditations, pensées diverses et variées, citations d’auteurs, extraits de poèmes. Il ne s’agit en aucun cas d’une étude circonstanciée ni d’un traité exhaustif. Par exemple, Jünger compare les ivresses obtenues par la bière et le vin en amenant sa réflexion sur les différences civilisationnelles entre les pays du nord et ceux du sud, entre les terres de houblon et celles de vignobles et les mentalités qui vont avec. Il a expérimenté sur lui-même la plupart des produits dont il parle (haschich, cannabis, cocaïne, morphine, LSD, éther, chloroforme, peyotl, champignons hallucinogènes, etc.) Dans certains chapitres, il note même heure par heure et parfois minute par minute ses impressions. Les expérimentations sont parfois étonnantes, parfois décevantes…
Ma critique
« Approches drogues et ivresse » pourrait se classer dans les essais, mais ce n’est pas vraiment le cas, car ce livre n’est pas vraiment une étude, ni même un véritable retour d’expérience, ni même un témoignage au sens classique du terme. C’est plutôt une conversation à bâtons rompus où le thème principal autorise toutes sortes de digressions sociologiques, ethnographiques, mythologiques, historiques, linguistiques, mycologiques, pharmaceutiques, phytochimiques, etc. L’auteur en appelle à Baudelaire, Maupassant, Hoffmann, Poe, de Quincey, Cocteau, Novalis, Goethe, Mirbeau, Loti, Nietszche, Michaux, Huxley, Orwell et tant d’autres qui y ont touché de près ou de loin. Il analyse l’attitude des états et des religions vis-à-vis du tabac et de l’alcool (Islam et prohibition aux Etats-Unis). C’est intelligent, brillant, même si ça dérive un peu beaucoup. Nul doute que le plus intéressant pour le lecteur lambda restera surtout les anecdotes de la jeunesse de l’auteur dans les années 30 et 40.
Ma note
3,5/5
AUTOPSIE DU MYTHE GAULLISTE
Le résumé du livre
Militaire et homme politique hors normes, Charles de Gaulle a bâti autour de sa personne et de son action une légende fabuleuse de libérateur de la France et de tout premier résistant du pays grâce à son célèbre « Appel du 18 juin ». Il voulut rendre sa dignité et son indépendance à notre pays qui, sans lui, aurait été relégué au rang de puissance de troisième ordre. Encore aujourd’hui, longtemps après sa mort, il reste une référence obligée à droite et même dans certains cercles de gauche et plus d’un se demande encore ce qu’il aurait fait dans telle ou telle circonstance. Mais cette image d’Epinal garde quand même quelques côtés obscurs et peu glorieux comme l’Epuration avec ses procès iniques, ses femmes tondues et les vengeances mesquines de résistants de la 25è heure, le procès Pétain avec la condamnation à mort muée en détention à perpétuité du plus âgé prisonnier politique du monde (mort à 95 ans), l’alliance objective avec Staline, la réhabilitation du PCF compromis par le pacte germano-soviétique et son implantation durable dans de nombreux rouages de l’État (éducation, médias, services publics), sans oublier diverses liquidations (réussie pour Darlan ou ratée pour Giraud…)
Ma critique
« Autopsie du mythe gaulliste » est un essai historique donnant plutôt dans le procès à charge d’un personnage historique majeur de notre Histoire. Le lecteur y découvrira que tout ne fut ni tout blanc ni tout noir dans une période troublée et que toute cette saga dont on a édulcoré les côtés sombres ou même ridicules, a eu aussi des aspects nettement moins reluisants et des conséquences jusqu’à nos jours. Il y apprendra qu’il y eut en fait deux appels du 18 juin et non un seul et que le premier est assez différent du second, que le général avait songé à faire fusionner la France et l’Angleterre en un territoire unique où tout ressortissant français serait devenu britannique et réciproquement. Mal accepté par les Anglo-saxons qui lui auraient préféré quelqu’un de plus représentatif comme Weygand ou Giraud, il avait même envisagé de quitter Londres pour Moscou. Le livre est assez court, met beaucoup l’accent sur les côtés négatifs voire déplaisants du personnage et se cantonne à la période de la guerre, de l’Epuration et de son premier gouvernement qui ne fit pas de merveilles (le rationnement alimentaire dura jusqu’en 1949) et qu’il quitta bien vite. L’affaire d’Algérie, Mai 68 et ses conséquences n’y sont pas traités. C’est un peu dommage. Il y aurait eu tant à dire…
Ma note
3/5
INTENSITÉ (DEAN KOONTZ)
Le résumé du livre
En Californie, deux étudiantes en psychologie, Laura et Chyna, sont invitées à passer le week-end dans la résidence des parents de Laura. Si celle-ci a eu la chance de bénéficier d’une enfance heureuse et équilibrée, ce ne fut pas le cas de son amie Chyna qui grandit sans père, avec une mère alcoolique, instable, sans emploi et souvent accompagnée de personnages peu recommandables. Elle a passé toute son enfance et sa jeunesse dans la peur, souvent en se cachant dans les endroits les plus improbables pour échapper aux avances des amis ivrognes ou drogués de sa mère. Accueillie chaleureusement par la famille, Chyna monte se coucher et peine à trouver le sommeil. Et soudain, elle entend un cri strident dans la nuit, suivi d’un bruit de chute bien inquiétant. Elle entend aussi des pas dans le couloir et en conclut qu’un inconnu s’est introduit dans la maison. Elle a l’excellent réflexe de se cacher sous son lit. Un inconnu aux bottes tachées de sang entre dans sa chambre mais ne la trouve pas. Quand le calme revient, elle sort de sa cachette. Mais c’est pour découvrir que toute la famille a été sauvagement assassinée et que son amie vient d’être violée. Le tueur l’embarque dans son camping-car. Chyna s’y glisse également dans l’espoir de sauver la vie de Laura. Mais quand elle s’aperçoit que celle-ci est déjà morte, il est déjà trop tard pour s’enfuir…
Ma critique
« Intensité » est un thriller d’assez bonne facture avec tous les ingrédients du genre : meurtres, tortures physiques et psychologiques, psychopathe aussi inquiétant que répugnant et suspens soigneusement entretenu. Peur et écœurement garantis presque à tous les chapitres. Dommage que tous ces ingrédients ne soient en fait que de grosses ficelles. L’intrigue manque de finesse et parfois même de rythme. Le lecteur tremble avec l’héroïne et est révulsé par le sadisme et la cruauté malsaine du tueur fou. Mais parfois la lassitude vient avec le dégoût. Trop, c’est trop… On patauge un peu trop dans l’hémoglobine et les sanies et tous les ressorts psychologiques sont autant usés qu’outrés. À déconseiller aux âmes sensibles bien évidemment. Mais également aux amis du rationalisme et de la vraisemblance. Sans parler des connaisseurs en psychologie humaine. À vouloir trop forcer le trait, on tombe dans l’outrance et la caricature. L’intrigue démarre assez lentement après une intro bien gore, puis monte crescendo pour une fin dantesque de bataille avec une meute de dobermans dressés à tuer. Dean Koontz est un maître du genre. Il maitrise son sujet. Mais là, il a sans doute trop chargé la mule. Conclusion : pas le meilleur de ses opus !
Ma note
3/5
LA VERITABLE HISTOIRE DES CRISTEROS (HUGUES KERALY)
Le résumé du livre
Qui donc étaient dans les années 20 et 30 ces « Cristeros » mexicains ? De simples paysans fauchés à la mitrailleuse lourde par l’armée gouvernementale alors qu’ils récitaient des « Ave Maria »… De jeunes étudiants battus à mort parce qu’ils portaient une médaille de la Sainte Vierge autour du cou… Des enfants de 14 ans fusillés ou pendus pour avoir reçu la communion solennelle… Des prêtres « réfractaires » dénudés, émasculés, dépecés vivants et crucifiés devant leurs paroissiens horrifiés… Dès 1924, le président Callès, marxiste franc-maçon, entreprend de faire disparaître du pays tout culte chrétien. Il lance une grande campagne de « défanatisation ». Il donne carte blanche à son armée très anti-théiste et bénéficie de l’aide massive des Etats-Unis qui lui fournissent argent, armes et munitions pour mener à bien cette sinistre besogne. Ceux-ci y voient un bon moyen d’affaiblir le Mexique et de le maintenir pour longtemps dans une extrême pauvreté. Le pouvoir commence par interdire aux prêtres d’exercer leur sacerdoce, ferme les écoles chrétiennes, détruit les églises à coups de canons, s’empare des biens du clergé, expulse les congrégations religieuses, et jette en prison moines et moniales. Le peuple proteste d’abord en priant devant les églises fermées puis en manifestant pacifiquement devant les palais des gouverneurs. Le pouvoir n’hésite pas à faire tirer sur la foule à la mitrailleuse lourde. La résistance s’oriente ensuite vers le boycott économique des magasins d’état puis le clergé organise une suspension générale du culte. En bon Staline mexicain, Callès ne cède pas. Alors, c’est tout un peuple qui se dresse aux cris de « Viva el Cristo Rey ! », armé de machettes, de manches de pioches et de vieux tromblons et qui doit affronter des régiments lourdement armés qui arborent des drapeaux noirs ornés de tibias entrecroisés et qui hurlent en retour « Viva el Demonio ! »
Ma critique
« La véritable histoire des Cristeros » est un ouvrage historique de grande qualité, illustré de nombreux documents d’époque et basé sur des témoignages recueillis sur place, qui a le mérite de sortir un peu de l’oubli un épisode peu glorieux de l’histoire du Mexique et d’une certaine façon de l’histoire du marxisme en général. Le lecteur fera bien des découvertes surprenantes en le lisant. Même si le peuple s’était levé en masse, même si les Cristeros, avec pour seules armes celles saisies sur l’ennemi, avaient réussi à libérer plus des trois quarts du pays (Callès ne tenant plus à la fin que la capitale, quelques villes de garnison et les principaux axes), il fut volé de sa victoire par les « Arreglos », accords de paix obtenus par l’ambassadeur américain en forçant la main de deux prélats bien naïfs. Ce fut un véritable marché de dupes, une reddition en rase campagne. Le pouvoir ne céda pas un pouce de terrain dans sa persécution religieuse. Par obéissance à un ordre qu’ils crurent venu du pape, les Cristeros déposèrent les armes par obéissance. Les bolchéviques purent tout à loisir continuer leur liquidation physique des chrétiens mexicains. Le bain de sang fut encore pire après qu’avant. Il se poursuivit même durant des années dans le silence et l’indifférence des opinions publiques internationales. Cette « Vendée » mexicaine serait restée ignorée à jamais si le pape Jean-Paul II n’avait pas commencé à béatifier en 1979 les 38 premiers martyrs mexicains. Un ouvrage essentiel, très émouvant. Surtout le chapitre « Place aux martyrs » qui résume chronologiquement la vie et la fin tragique de ceux-ci.
Ma note
4,5/5
ENFANTS SANS FOI NI LOI (CHRISTIAN COMBAZ)
Le résumé du livre
Christian Combaz vient d’un monde où l’on obéissait à ses parents, où l’on recherchait l’approbation des professeurs et où les bons élèves étaient enviés voire admirés. Puis est arrivé Mai 68 qui fut une véritable révolution culturelle avec ses « interdit d’interdire » et ses « plages sous les pavés ». On commença, sous couvert d’hédonisme et de libération des mœurs à déboulonner le patriarcat, à s’affranchir de toutes règles et contraintes. La famille en subi les conséquences : explosions du nombre de divorces, famille recomposées ou monoparentales. L’enfant devint une sorte de petit tyran domestique qui pouvait tout faire, n’ayant plus de garde-fou paternel le plus souvent. Il commença à exercer une violence de plus en plus inquiétante : agressions qui tournent au lynchage, « tournantes », pour ne pas dire viol en réunion, délinquance (deal de drogues, trafics divers et variés). Cette violence est attisée par les jeux vidéos de type « Kill them all ! », le cinéma (« Orange mécanique », « Mad Max », « Les valseuses »), la littérature (Stephen King) et tous les médias. Sans oublier que cette violence se retourne parfois contre ses auteurs sous forme d’auto-destruction, de suicides plus ou moins conscients : alcoolisme (pratique des « shots »), drogues (cannabis mais aussi héroïne, cocaïne, crack et extasy) voire rodéos urbains se terminant tragiquement.
Ma critique
« Enfants sans foi ni loi » est un essai sociologique et littéraire sur un phénomène social d’abord encouragé puis devenu au fil des années de plus en plus inquiétant. C’est quand on permet aux enfants de ne plus respecter les parents, les enseignants, et n’importe quelle autorité qu’en toute naïveté ils se transforment en loups plus ou moins dangereux et que le pire totalitarisme s’en vient. Le nazisme n’a pu croitre et embellir que grâce à la jeunesse, rappelle Combaz. Publié il y a plus de vingt ans, cet ouvrage fort bien écrit n’a pas pris une ride. Il semble même prémonitoire vu que la situation n’a fait qu’empirer avec le temps. L’analyse de l’auteur est fine, nuancée et difficilement contestable. Il ne s’agit pas vraiment d’un essai, car les anecdotes ne manquent pas et surtout on suit un certain Steve, prototype de délinquant élevé par une mère célibataire et persécuteur d’un vieux toubib à la retraite qui d’ailleurs l’avait mis au monde. C’est court, lucide, bien observé et non dépourvu d’un certain humour. Seule faiblesse : pas le moindre début de commencement d’une thérapie possible. Comment mettre un coup d’arrêt à cette machine infernale ? Comment éviter le bain de sang ? Comment retrouver une société apaisée, vivable où femmes, enfants et vieillards pourront sortir dans la rue sans avoir la peur au ventre ? Comment redonner des repères, une morale, des valeurs à tous ces « petits anges » ?
Ma note
4,5/5
L’INCROYABLE HISTOIRE DE GEORGES SOROS (ANNE-MARIE ROCCO)
Le résumé du livre
Dzjchdzhe Shorash, dont le nom a été anglicisé en George Soros, naquit le 12 août 1930 à Budapest (Hongrie) dans une famille juive aisée. En 1947, il part s’installer en Grande-Bretagne où il étudie à la prestigieuse London School of Economics. En 1953, il décroche un premier emploi de trader dans la City chez Singer & Friedlander. En 1956, il décide de s’exiler aux Etats-Unis. Il aura plusieurs employeurs à Wall Street avant de s’installer à son compte en 1973. Il lance son premier fonds spéculatif suivi de plusieurs autres qui se révèleront être les plus performants du marché. En 1979, après avoir fait fortune en spéculant surtout sur les monnaies, devenu multi-milliardaire, il se lance dans la création de sa fondation philanthropique « l’Open Society Institute ». Il veut « abolir les frontières et changer le monde ». Pour y parvenir, il a dépensé plus de 2 milliards de dollars d’abord pour soutenir les dissidents des pays de l’Est, puis pour agir un peu partout. Il est devenu l’égal de David Rockefeller, d’Andrew Mellon ou d’Andrew Carnegie, les plus grands philanthropes américains. Personnalité controversée, il se décrit lui-même comme un « homme d’État sans état », il distille ses précieux conseils aux chefs de gouvernements et est une vedette du Forum Economique Mondial. Cela n’empêche pas certains de dire « qu’il n’est pas Robin des Bois. Il prend aux pauvres pour remplir ses propres poches. »
Ma critique
« L’incroyable histoire de George Soros » est une biographie d’une indulgence rare sur la vie d’un personnage sulfureux que l’auteur cherche manifestement à rendre sympathique. Le lecteur est trompé sur la marchandise dès le titre « l’incroyable histoire de… ». Il n’y a pas grand-chose d’incroyable dans cette vie de milliardaire, spéculateur et mécène. Aucune véritable enquête d’investigation. Le lecteur qui voudrait en savoir un peu plus sur le personnage en reste pour ses frais. Tout juste apprend-il que le sieur Soros s’est marié deux fois, qu’il a eu trois enfants d’un premier lit et deux de sa seconde épouse de 25 années sa cadette. Qu’il fait gérer par ses services la bagatelle de 15 milliards de dollars d’actifs, ce qui est énorme mais finalement très inférieur aux encours de « Black Rock » et autres fonds de pensions américains. Qu’il influe sur la politique de nombreux pays grâce à ses fondations qui emploient 1400 permanents alors qu’il ne lui en faut que 200 traders pour gérer ses fonds Quantum. Qu’il est très bien implanté en Hongrie son pays d’origine. Qu’il a remporté un vif succès en Pologne, subi un échec retentissant en Chine et une déroute financière importante en Russie. Tout le narratif se résume en fait à une sorte de résumé complaisant de ce que raconte l’individu dans son propre livre « Soros on Soros ». Pas de recherche personnelle, pas de sources, pas de notes. Rien sur les côtés obscurs du personnage (collaboration pendant la guerre, implication dans les diverses révolutions de couleur, financement des « Femen » et autres associations LGBT, immigrationnistes, etc.) Mais comme ce « requin de Wall Street », ce prédateur financier, ce disciple de Popper, se déclare de gauche, démocrate, ultra libéral, soutien du clan Obama-Clinton, il peut pratiquer la « philanthropie » à l’américaine qui permet surtout d’optimiser la fiscalité en se parant des plumes du bon samaritain. On perd vraiment son temps à lire ce bouquin inutile et sans grand intérêt.
Ma note
2/5
ERMITES DANS LA TAÏGA (VASSILI PESKOV)
Le résumé du livre
En 1978, dans les montagnes perdues du Khakaze, au fin fond de la taïga sibérienne et à 250 km du premier village, des géologues en mission découvrent les Lykov, une petite famille qui vit depuis plus de quarante ans totalement coupée du monde. Deux des quatre enfants n’ont jamais vu d’autres êtres humains que leurs parents et leurs aînés et ne connaissent le monde extérieur que par oui-dire. Karp Ossipovitch, l’ancien, le père de famille vit en compagnie de ses deux filles âgées d’une quarantaine d’années dans une cabane plus que rudimentaire avec de minuscules ouvertures et des murs noirs de suie et de crasse. Ses deux fils habitent à quelques kilomètres plus loin dans un abri encore plus misérable. Ils se consacrent à la chasse. La mère est décédée depuis plusieurs années. Tous sont vêtus de guenilles ou de chasubles faites de toile à sac rapiécée de partout. L’été, ils marchent pieds nus. L’hiver ils sont chaussés de bottines en écorce de bouleau. Ce sont de lointains descendants de Vieux-Croyants, persécutés depuis la réforme orthodoxe de 1666, menée par le patriarche Nikon, qui se sont enfoncés de plus en plus loin en Sibérie pour pouvoir vivre leur foi selon leurs anciennes traditions. Dans ces confins, ils ont pu trouver un peu de liberté jusqu’à ce que Staline, en 1945, envoie dans la région des militaires pourchasser les déserteurs. Pour leur échapper, les Lykov ont dû abandonner tout voisinage pour aller se terrer en un lieu où l’on ne peut accéder qu’en hélicoptère.
Ma critique
« Ermites de la taïga » est un récit, une sorte de reportage, relatant toutes les visites qu’un journaliste leur fit quand il découvrit le destin de ces malheureux qui bientôt se retrouvèrent à seulement deux, Karp et Agafia, la fille cadette, quand coup sur coup décédèrent l’autre fille et les deux fils suite à diverses maladies. Le lecteur ne peut que ressentir émotion et empathie quand il découvre les conditions de vie dantesques que ces « ermites » ont subi pendant si longtemps pour ne pas se retrouver dans un monde dont ils rejettent à peu près tout. Toute cette histoire qui ne manque pas de nouvelles épreuves, même après la découverte et en dépit de toute l’aide qu’ils reçoivent, se lit avec grand intérêt, un peu comme une parabole ou une allégorie qui pose toutes sortes d’interrogations existentielles. Jusqu’où peut mener l’extrémisme religieux ? Ne sommes-nous pas chacun l’extrémiste de quelqu’un ? Peut-on vraiment survivre en dehors de tout lien avec la société ? Quel est le véritable prix de la liberté ? Quelles sont les limites de l’autonomie ? Peut-on vraiment survivre complètement seul dans une nature sauvage ? Car tel est, au bout du compte, le destin de la pauvre Agafia. Une très belle histoire vraie, bien écrite, agréable à lire, qui est en même temps une magnifique leçon de vie, de courage et de résilience.
Ma note
4,5/5
L’EMPIRE COLONIAL FRANÇAIS DE RICHELIEU A NAPOLÉON (BERNARD GAINOT)
Le résumé du livre
La saga de ce premier empire colonial débuta grâce aux efforts de marins et pêcheurs des provinces de l’Ouest qui avaient l’habitude d’aller pêcher le long des côtes de Terre-Neuve ou de bourlinguer dans les Antilles pour y arraisonner les galions espagnols chargés d’or, d’argent et autres minerais plus ou moins précieux comme corsaires, flibustiers, voire pirates. La première étape de la colonisation consista en l’établissement de comptoirs provisoires ou permanents permettant de commercer avec les autochtones des deux côtés de l’Atlantique et dans l’Océan Indien. Ainsi échangeait-on des fourrures en Nouvelle-France, du tabac puis du sucre aux Antilles, du « bois d’ébène » au Sénégal et des épices à l’Île-Bourbon. Le flamboyant et richissime Nicolas Fouquet commence même à se monter sa propre compagnie de commerce entre sa base de Belle-Île et Sainte-Lucie. Il est rapidement évincé par Colbert qui créé les toutes premières compagnies de commerce en s’inspirant des compagnies des Indes néerlandaises. Tout autant que l’intérêt commercial, le désir d’évangélisation reste un moteur essentiel avec la Compagnie de Jésus à la manœuvre tout au moins dans un premier temps, car avec l’arrivée de la Révolution, l’accent sera plutôt mis sur l’émancipation des peuples et sur l’abolition de l’esclavage.
Ma critique
« L’empire colonial français de Richelieu à Napoléon » est un essai historique de très bonne qualité, sourcé et mesuré dans ses analyses. Chacun des chapitres présente les évènements d’une manière aussi brute que factuelle et se termine par de courtes biographies de personnages plus ou moins célèbres (Makandal) dont il a été question précédemment. Plus quelques documents d’époque, lettres, articles, textes de loi qui illustrent parfaitement le propos. Le lecteur remarquera entre autres découvertes que la France fut le premier pays au monde à abolir l’esclavage dans ses colonies, que le pays n’avait pas vraiment les moyens de sa politique (marine de guerre insuffisante, logistique souvent défaillante, faiblesse des peuplements quelques dizaines de milliers de francophones face à plus de 200 000 anglophones au Canada et en Louisiane), que nous ne nous maintenions que grâce à des alliances et un fort métissage avec les locaux et surtout que l’Angleterre n’eut de cesse de nous déloger de partout avec une certaine perfidie et par tous les moyens, même les moins loyaux. Si l’insurrection dominicaine qui tourna en révolution et en massacre (Toussaint L’Ouverture) et la longue lutte pour l’abolition de l’esclavage (abbé Grégoire) sont très minutieusement traité, le lecteur regrettera un peu que certains évènements marquants sont éludés en quelques lignes comme le traité de Paris qui fut désastreux, la vente de la Louisiane (en fait de tous les territoires allant de la Nouvelle-Orléans au Saint-Laurent en passant par tout le bassin du Mississippi, autant dire une immensité territoriale) pour quelques malheureux millions et surtout l’effondrement final avec la perte manu militari de la totalité des territoires y compris toutes les îles des Antilles, la Réunion, les Seychelles, les comptoirs du Sénégal et l’île Maurice en deux années (1809-1810). Un ouvrage de référence très intéressant néanmoins.
Ma note
4/5
LES DOUZE MENSONGES DU GIEC (CHRISTIAN GERONDEAU)
Le résumé du livre
Comme autant d’apôtres de la nouvelle religion climatique, les mensonges du GIEC sont au nombre de douze : 1- Le GIEC agit pour le bien de l’humanité. (Pourtant moins un pays émet de CO2, plus il est pauvre et plus il compte de morts…)
2- Les énergies renouvelables peuvent et doivent remplacer le pétrole et toutes les autres énergies fossiles. (Pourtant elles ne représentent au mieux que 2% de la production mondiale d’énergie…)
3- Le pétrole va bientôt manquer. (Pourtant le monde dispose toujours de 100 ans de consommation à minima et peut-être nettement plus… En 1973, la fin du pétrole était déjà prévue pour l’an 2000.)
4- Les océans et les mers vont monter au point de submerger les Maldives voire Manhattan. (En fait, elle n’a été observée que pour moins de 2 mm par an aux endroits les plus sensibles.
5- Les températures vont s’élever dramatiquement. (En fait d’environ 0,6° sur un siècle !)
6- Les réfugiés climatiques vont déferler par millions. (La misère et les guerres y pourvoient déjà.)
7- Le changement climatique est responsable de toutes les catastrophes. (À toutes les époques même les pré-industrielles, on a aussi constaté quantité de cataclysmes.)
8- Les ours blancs sont en danger. (Faux, ils sont plus nombreux qu’au milieu du siècle dernier avant les mesures de protection de l’espèce.)
9- Le CO2 pollue. (Faux, il est bénéfique pour la végétation, les cultures et les récoltes.)
10- L’écologie favorise l’emploi et la croissance. (Elle commence par en détruire beaucoup, génère des taxes et impôts nouveaux et crée donc de la pauvreté.)
11- Le GIEC est un groupe d’experts scientifiques. (Faux. Il a été créé par trois militants verts allemands sans qualification particulière. C’est une instance politique tenue par les gouvernements.)
12- Les scientifiques sont unanimes. (Un grand nombre de savants de premier plan qui ont contesté les affirmations du GIEC se sont vus interdits de parole. Une pétition de 30 000 scientifiques aux USA et d’autres en représentant 500 venus de divers pays ont été signées pour proclamer que le climat avait toujours varié, que le réchauffement était beaucoup plus lent qu’annoncé, qu’il n’avait pas accru les désastres naturels et que la politique devait respecter les réalités scientifiques et économiques.
Ma critique
« Les douze mensonges du GIEC » est un essai scientifique court, bien écrit et solidement étayé qui représente le deuxième volet de « La religion écologique » et qui peut être lu indépendamment. L’auteur part d’un événement majeur datant du 21 novembre 2021, à la séance de clôture de la COP 26 à Glasgow, où l’Inde et la Chine ont clairement déclaré qu’elles n’appliqueraient pas la résolution de décarbonation totale de la planète pour 2050 et que leurs deux pays, poids lourds démographiques avec leurs 3 milliards de ressortissants, iraient à leur vitesse et refuseraient de sacrifier leurs populations sur l’autel de l’écologie. Et c’est là, l’argument massue de l’auteur. Il est techniquement impossible d’arriver au moindre développement économique sans un recours important aux énergies fossiles. Celles-ci répondent encore aujourd’hui à plus de 80% des besoins de l’humanité. Elles permettent à des pans entiers de la population de sortir de la pauvreté, ce qui a des répercussions directes sur la vie et la mort des humains. Entre autres exemples, il cite d’ailleurs la fin du « dirty cooking » (cuisson très polluante des aliments sur des feux de branchages, déchets et autres bouses de vaches) responsable de millions de morts dans les pays du Tiers-Monde. Un ouvrage de raison et de bon sens à lire et à faire lire à nos dirigeants pour sortir un peu du narratif anxiogène des médias stipendiés, du catastrophisme échevelé des écolo-bobos style Greta Thunberg et de l’obscurantisme quasi religieux d’une écologie dévoyée qui ne se rend même pas compte qu’elle roule pour une oligarchie délétère et égoïste qui rêve d’une planète débarrassée d’êtres « inutiles ». Une démonstration magistrale.
Ma note
4,5/5
LE NEGRIER DE ZANZIBAR (LOUIS GARNERAY)
Le résumé du livre
En 1802, Napoléon ayant signé un traité de paix à Amiens avec l’Angleterre, c’en est fini de la vie de corsaire pour le jeune Louis Garneray, 20 ans. Comme il ne souhaite pas rentrer en France, il s’engage en qualité de lieutenant sous les ordres du capitaine Lafitte sur le brick « La petite Caroline », navire de commerce qui opère sur les côtes de l’Inde. Ils embarquent à leur bord une famille de Portugais qui voyagent avec une très grosse somme d’argent. Mais bientôt les voilà attaqués par un praw de pirates indiens. La bataille navale qui s’engage est des plus rudes et des plus sauvages. Les Français se battent avec l’énergie du désespoir, car ils savent que s’ils sont pris, aucune torture ne leur sera épargnée avant leur exécution. Les pirates tentent de monter à l’abordage. L’équipage parvient à les repousser au prix de très lourdes pertes. Le praw finit par couler. Mais « La petite Caroline » a tellement été endommagée qu’elle tarde pas à l’imiter. Les survivants doivent se réfugier sur une île et même s’y retrancher, car ils se retrouvent très vite aux prises avec d’autres pirates. Ils ne devront leur salut qu’à l’intervention d’un brick britannique qui leur prêtera main forte en y perdant d’ailleurs une partie de son équipage avant de les amener en Inde. Ruiné dans cette affaire, Louis devra s’enrôler comme simple matelot sur un cargo qui lui permettra de rentrer à l’île Bourbon où bien d’autres aventures l’attendront…
Ma critique
« Le négrier de Zanzibar » est le second tome d’une trilogie de récits d’aventures vécues dans les mers du sud. Tout aussi passionnant et agréable à lire que « Corsaire de la République », ce second opus ne se lit pas. Il se dévore, tant les combats, péripéties et rebondissements sont nombreux. Cette fois encore, la réalité dépasse la fiction. Aucun auteur de romans n’aurait pu imaginer pareille succession de naufrages, batailles, et catastrophes en tous genres. En plus de l’agrément apporté par ce récit d’aventures incroyables, le lecteur trouvera un intérêt plus historique sur la vie des équipages au tout début du XIXè siècle et surtout sur la réalité de la traite négrière du côté de Zanzibar. Celle-ci n’a pas grand-chose à voir avec ce que l’on peut s’imaginer aujourd’hui et même à l’époque (Garneray le souligne lui-même). Et comme son témoignage est de première main, il est difficile de ne pas lui faire confiance quand il explique que cette pratique faisait partie intégrante des us et coutumes africains et ne concernait pas que les prisonniers de guerres tribales. N’importe qui, s’il perdait un procès, pouvait se retrouver du jour au lendemain esclave d’un roitelet africain. Les marchands juifs et arabes n’étaient que des intermédiaires profitant de l’aubaine. Et les Européens ne s’y greffèrent qu’en dernier, en trafiquant avec les « revendeurs » principalement pour peupler leurs nouvelles colonies et les fournir en main d’œuvre. Les chapitres sur la traite du « bois d’ébène » sont les plus émouvants, les plus dramatiques et les plus tragiques quand le navire négrier marqué par une poisse incroyable doit essuyer une révolte des esclaves qui s’imaginent que les Blancs vont les tuer pour boire leur sang ! Ouvrage tellement passionnant que le lecteur se demande pourquoi ces aventures n’ont toujours pas été adaptées au cinéma.
Ma note
4,5/5
LE VOLEUR (GEORGES DARIEN)
Le résumé du livre
Au tout début de l’autre siècle, George Randal, jeune homme de bonne famille et orphelin ruiné par un oncle indélicat, décide de devenir voleur professionnel. Dès sa première tentative, il réussit un coup énorme en dérobant 400 000 francs de bijoux et de valeurs diverses en forçant le secrétaire de Madame de Montareuil, sans la moindre effraction grâce à la complicité d’une servante. Son oncle, qui avait organisé le mariage de sa fille Charlotte avec le fils Montareuil, débauché notoire, annule sa promesse à cause de la ruine de la famille. Bientôt, Georges séduit Charlotte qui se retrouve vite enceinte. Conséquence immédiate : l’oncle la chasse de chez lui. Un ami de notre voleur, Issacar, homme d’affaires israélite un peu louche, emprunte 20 000 francs à Georges pour les placer dans une affaire au Congo avant de lui faire rencontrer un industriel belge qui se vante sottement de garder toute sa fortune chez lui dans un coffre-fort scellé dans un mur de son bureau. Avec l’aide de son premier complice, un jeune voyou blond appelé « Roger-la-honte », le cambriolage de l’homme d’affaire imprudent ne sera qu’un jeu d’enfant pour Georges…
Ma critique
« Le voleur » est un roman à thème ou à « message » datant de 1898. Le lecteur peut à juste titre se poser la question de l’intérêt de le lire encore à notre époque, plus d’un siècle plus tard. Certains considèrent cet opus comme un « classique », autant dire un livre qui peut se lire avec plaisir ou intérêt à n’importe quelle époque. Il semblerait que ce ne soit que très partiellement le cas. L’intrigue basée sur une suite de vols et de cambriolages divers n’est pas d’une grande originalité. Elle ne sert d’ailleurs que de prétexte à l’auteur pour exposer ses théories. Le style de l’écrivain n’est ni particulièrement fluide ni extrêmement vivant en dépit de fort nombreux dialogues. En effet, tout est ralenti dans ce pavé de plus de 500 pages par de longs développements politico-sociaux plus ou moins indigestes, même s’ils reposent sur des observations souvent fort pertinentes des réalités sociales. De ce point de vue, l’ouvrage est profondément ancré dans une époque marquée par l’anarchisme et l’anarcho-syndicalisme. Toute la société repose sur le vol. Et les voleurs en col blanc, les escrocs boursicotiers et autres politiciens corrompus ne restent pas moins redoutables que les apaches à casquettes et rouflaquettes. L’ennui, c’est que tout cela implique le recours aux « actions » violentes de type « Ravachol » ou « Bande à Bonnot » qui a discrédité toutes ces théories pour longtemps. Darien se pose en moraliste et en censeur d’une société à la dérive, pétrie d’hypocrisie, de faux semblants, de fausses valeurs et de fausse démocratie. Sur ces points, l’avenir lui a malheureusement donné raison. On ne partagera pas forcément toutes ses positions violemment anti-cléricales, anti-capitalistes et anti-sociales de l’auteur (médecins, juges, flics, politiciens ou bourgeois en prennent tous pour leur grade). Le côté « Don Juan » irrésistible du jeune héros, avatar de l’auteur, est aussi agaçant que peu vraisemblable. Sans parler des idées un brin machistes sur la sottise et la vénalité de la gent féminine, elles datent tellement qu’elles en sont devenues inaudibles. D’où cette impression mitigée…
Ma note
3/5
DOCTEUR BLOODMONEY (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
Sur la rue principale d’une petite ville de l’Amérique profonde, Fergesson, revendeur de postes de télé, remonte les bretelles à Stuart McConchie, son employé black, à qui il reproche de trop rêvasser, appuyé sur son balai. Il vient aussi d’embaucher un nouveau réparateur, un certain Hoppy Harrington dépourvu de bras et de jambes et se déplaçant dans une caisse à roulettes, mais pourvu de prothèses électroniques lui permettant de très bien se débrouiller. De l’autre côté de la rue, le docteur Stockstill, psychiatre, est en pleine consultation avec un patient qui se présente sous le nom de monsieur Tree et ne supporte plus les regards et les commentaires des gens sur les imperfections de son visage irradié ni sur l’impression qu’ils lisent dans ses pensées. En réalité, il s’appelle Bloodmoney ou Bluthgeld et traine derrière lui l’insupportable culpabilité d’avoir à lui seul déclenché quelques années plus tôt une catastrophe nucléaire qui a renvoyé l’humanité des années en arrière, donné des pouvoirs bizarres à certains individus et fait muter des animaux au point d’en faire parler certains. Si les rescapés mangent parfois du rat et n’ont plus d’électricité, ils arrivent quand même à capter les émissions radios diffusées depuis un satellite bloqué en orbite au-dessus de la terre alors qu’il devait emporter un couple d’astronautes sur Mars pour y établir une colonie.
Ma critique
« Docteur Bloodmoney » est un roman de science-fiction post-apocalytique qui a malheureusement assez mal vieilli. Le lecteur se retrouve à suivre quelques personnages improbables comme cette petite fille qui croit avoir son frère à l’intérieur de son ventre, ce handicapé, victime du drame de la Thalidomide sans aucun doute, qui, d’homme à tout faire bienveillant, se transforme peu à peu en démiurge de plus en plus inquiétant, sans parler de Tree qui croit avoir déclenché la catastrophe finale. Tous ont plus ou moins un grain, mais cela n’est pas le plus gênant. Dès le début, l’histoire est assez longue à se mettre en place. Et après un démarrage plutôt poussif et quelques incidents et tribulations diverses comme la liquidation à distance de Bloodmoney par Hoppy, on se retrouve avec une fin ouverte, sans développement d’une véritable intrigue bien construite, sans retournement, sans chute surprenante, juste avec la vie qui continue presque comme avant dans cette petite rue d’une petite ville pleine de petites gens qui mènent leur petite vie presque comme si rien ne s’était passé. En dehors de quelques trouvailles amusantes ou fulgurances abracadabrantesques de-ci de-là, vraiment pas le meilleur opus du génial Philip K. Dick.
Ma note
3/10
DE LA BÊTE HUMAINE AU TGV (GUY ROQUES)
Le résumé du livre
Un voyage en TGV qui démarre de la gare Saint-Lazare avec l’évocation d’un Emile Zola amoureux fou de sa jeune et accorte lingère, Jeanne, jolie bourguignonne qui lui donnera deux enfants alors qu’il termine son roman « La bête humaine » avec ses deux héros Lantier, le forçat du rail et sa locomotive à vapeur, la Lison. Puis, nous voilà arrivés gare de Lyon avec sa tour asymétrique, et l’évocation des travaux titanesques descendant jusqu’à vingt mètres en dessous du bassin alluvial de la Seine pour pouvoir mettre en place la nouvelle gare TGV et la plate-forme du réseau urbain. Le train prendra ensuite un peu de vitesse pour gagner Sens, l’Auxerrois, la Bourgogne viticole, Dijon, Mâcon, puis, passé Lyon, ce sera la descente tout le long de la vallée du Rhône afin de pouvoir arriver à destination à Marseille…
Ma critique
« De la bête humaine au TGV » ne se présente ni comme un essai, ni comme un roman, mais comme une sorte d’OLNI (Objet littéraire non identifié), une invitation au voyage, une rêverie, pleine de digressions le long de la ligne PLM (Paris-Lyon-Marseille) sur le thème de l’épopée ferroviaire de notre fameux train à grande vitesse, voulu par De Gaulle, mis en place sous Pompidou et Giscard et inauguré en grandes pompes à l’époque par Mitterrand. Le lecteur trouvera de tout un peu dans cet ouvrage. Bien entendu pas mal de considérations techniques (très abordables) sur l’implantation des voies et des infrastructures, les avantages et les inconvénients des différents substrats, calcaire, argile et autres, les techniques particulières avec ces rails de 288 m de long soudés sur place et ces traverses en béton très particulières. L’auteur nous gratifie également de descriptions type guide touristique sur différents sites comme la petite ville de Noyers sur Serin, la cathédrale de Sens ou l’abbaye de Cluny qui faisait en son temps de l’ombre à Rome. Les anecdotes historiques ne manquent pas (Chevalier d’Eon, Vauban, l’épopée d’Alexandre le Grand ou la saga de la famille Schneider au Creusot). Les références littéraires sont fort nombreuses allant de Zola à Kessel en passant par Larbaud, Madame de Sévigné, Lamartine et Vincenot. Sans oublier les détours par le cinéma et en particulier par un film à la gloire de TGV réalisé par Daniel Vigne et ceux par la poésie ou la chanson (« Les roses blanches »). L’ouvrage s’achève par quelques chapitres évoquant une mission préparatoire d’implantation du TGV en Afghanistan qui en resta là. Projet qui, sans nul doute sera repris un jour par les Chinois, promus aujourd’hui grands maîtres mondiaux d’une technique pourtant inventée par nous. Un glossaire des sigles administratifs et ferroviaires en toute fin peut être d’une certaine utilité pour le lecteur. Au total, un ensemble un peu brouillon mais intéressant néanmoins pour certains aspects peu connus comme la découverte du site archéologique de la ville de Bactries perdue dans l’immensité afghane, immense et splendide bastion avancé de la conquête d’Alexandre le Grand.
Ma note
4/5
DANS L’ŒIL DU CYCLONE (OUVRAGE COLLECTIF)
Le résumé du livre
Un chêne tricentenaire se retrouve jeté à terre au fond d’un jardin suite à une tempête particulièrement violente… Un volcan qui se réveille soudainement raye de la carte la petite ville de Varnesbürgh… D’où viendra la fin du monde ? Sera-t-elle causée par l’inversion des pôles ou par la collusion avec un astéroïde géant venu du fond de l’espace ou par autre chose ?… En 7953, les robots ont remplacé les humains. Ils se sont réfugiés sur la lune et autres planètes, mais ne sont pas à l’abri de tempêtes solaires… La tempête de 1999 a ravagé de nombreux arbres du parc du château de Versailles, lesquels avaient sans doute vu passer la reine Marie-Antoinette quelque temps avant qu’elle-même ne soit décapitée… Sur une terre ravagée, le tout dernier homme rencontre la dernière femme… Deux randonneurs sont surpris par une violente tempête de neige en haut des pistes d’une station de ski. Arriveront-ils à regagner leur hôtel ?
Ma critique
« Dans l’œil du cyclone » est un recueil de 27 textes variés produits par une vingtaine d’auteurs sur le thème des catastrophes naturelles, tempêtes, typhons, tornades, séismes, éruptions volcaniques, etc. Le lecteur y trouvera un peu de tout, descriptions, poèmes, nouvelles et même quelques photos de cyclones prises depuis l’espace et illustrant la puissance phénoménale des forces de la nature. Comme toujours dans ce genre d’ouvrage, l’ensemble reste très inégal. Il y a de l’excellent, du bon et du nettement moins bon pour ne pas dire plus. Un certain nombre d’auteurs restent cantonnés dans le descriptif sans grand intérêt et même dans la logorrhée ou le verbiage type « small talk ». On pourra oublier pour mieux s’intéresser à ce qui ressort du lot comme les jolis poèmes de Bruno Kroll et trois nouvelles qui méritent le détour : « 21/12/2012 » de Jean-Baptiste Foucau pour son humour un brin sarcastique, « Tremblement de terre » de Nicolas Gramain pour son style familier et goguenard et « Alerte au géocroiseur » de Maxime Ukronus, nouvelle de science-fiction d’excellente qualité. J’entends par là, bien construite, avec une vraie intrigue, un développement logique et une chute si possible surprenante, ce qui malheureusement devient de plus en plus rare dans les productions actuelles. Le bon Maupassant doit s’en retourner dans sa tombe…
Ma note
3/5
CORSAIRE DE LA REPUBLIQUE (LOUIS GARNERAY)
Le résumé du livre
En 1796, le jeune Louis Garneray, âgé de 13 ans et demi, fils d’un peintre et graveur parisien, quitte sa famille pour aller embarquer à Rochefort sur la frégate « La Flotte ». Sa vocation maritime lui est venue de son admiration envers son cousin Beaulieu-Leloup qui le présente au capitaine du navire. Pour faire son apprentissage, il sera confié à Kernau, solide matelot breton qui le quittera pour des raisons sentimentales quand ils feront escale à l’île de France alors que l’escadre fait route vers les Indes. Mais à l’époque, la maîtrise des mers est de plus en plus difficile du fait de l’omniprésence de la marine britannique. Très rapidement, Louis se retrouve au cœur de combats navals aussi violents que terrifiants. Les équipages, composés en majorité de « frères la Côte », se battent comme des lions, parfois à un contre trois, et font preuve d’un courage extraordinaire. Il faut dire qu’ils sont menés par des chefs prestigieux comme L’Hermite, de Sercey et Surcouf. Parallèlement, comme il est doté d’un très bon coup de crayon, Louis commence une carrière de peintre de marine en dessinant sur tout ce qu’il trouve, bouts de bois ou morceaux de voiles. Ce n’est que longtemps après toutes ses aventures en mer et à terre, lors de son retour définitif en France, qu’il prendra la plume pour en faire ce récit.
Ma critique
« Corsaire de la République » est un témoignage vivant et très agréable à lire sur les conditions de vie dans la marine à voile de la fin du XVIIIè siècle. La réalité y dépasse très largement la fiction. Que d’aventures arrivent à ce jeune garçon ! Que d’épreuves doivent subir les matelots ! Les combats navals avec canonnades, explosions, incendies et abordages tournant en terribles boucheries, sans oublier le scorbut, les fièvres et le manque d’eau douce lors des épisodes de calme plat. On ne s’ennuie pas un instant en lisant ce récit plein d’anecdotes authentiques toutes croquées sur le vif d’une plume alerte. Les épisodes en compagnie Surcouf, ses coups de génie et l’équipée au nord de Madagascar à titre d’ambassade auprès de la reine de Bombetoc méritent à eux seuls le détour. Sans parler de la description de personnages hauts en couleur, de capitaines courageux, fiers et loyaux, mais aussi de marins comme on n’en fait plus, gens de sac et de cordes, corsaires prêts à tous les sacrifices pour une part de butin, sortes de pirates légalisés qui vont oublier leur souffrance dans chaque port en la noyant dans l’alcool et en cherchant un peu de tendresse dans les bras de filles faciles. On quitte cet ouvrage passionnant également d’un point de vue historique, pressé de dévorer la suite de ses aventures avec « Le négrier de Zanzibar » et « Un corsaire au bagne ». Louis Garneray mériterait d’être aussi connu et autant lu que Dumas.
Ma note
4,5/5
REMÈDES MORTELS ET CRIME ORGANISE (PETER GOTZSCHE)
Le résumé du livre
Comment est-il possible qu’aux Etats-Unis et en Europe, les médicaments constituent la troisième cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires et les cancers ? Les sociétés pharmaceutiques feraient-elles passer leurs profits avant la santé des patients et ne se préoccupent-elles guère du fait que leurs actions puissent augmenter les décès et tous les effets secondaires handicapants ? Une chose est sûre : le marketing de Big Pharma consiste à arroser généreusement tous ceux qui peuvent l’aider à placer ses produits, les médecins, les agences du médicament, les hommes politiques, les revues médicales et les journalistes. Les multinationales se font quelquefois prendre la main dans le sac. Ainsi Pfizer a dû verser 2,3 milliards de dollars en 2009 pour marketing illégal de produits dangereux. Sanofi-Novartis a dû payer plus de 95 millions de dollars pour fraude en 2009. Glaxo-Smith-Kline en a été de 3 milliards de dollars en 2011 pour la même raison. Astra-Zénéca de 520 millions en 2010, Johnson et Johnson d’un milliard d’amende en 2012, Merck de 670 millions en 2007, Eli Lily de 1,4 milliards en 2009 et Abbott de 1,5 milliards en 2012. Des sommes énormes, mais finalement peu de choses en comparaison des bénéfices himalayens réalisés. La liste est longue des médicaments qui se révélèrent inutiles voire dangereux pour la santé humaine : Vioxx, Tamiflu, Oxycontin, Prozac (qualifié par l’auteur de « médicament abominable » en raison du nombre incroyable de suicides générés par sa prise), sans oublier le scandale de la Thalidomide avec ses bébés naissant sans bras ni jambes !
Ma critique
Cet ouvrage qui n’est pas un pamphlet, mais une enquête sérieuse et solidement établie sur des faits et rien d’autre (une masse impressionnante de notes et de références à la fin de chaque chapitre permet au lecteur d’aller vérifier tout ce qui est avancé) est aussi un des réquisitoires les plus sévères que l’on puisse lire sur une profession qui se comporte comme une véritable mafia avec la complicité de quasiment toutes les strates des états et des instances mondiales (OMS). Tous les profits pour Big Pharma qui n’hésite pas à retirer du marché un vieux médicament efficace et peu cher pour le remplacer par un nouveau bien pire, mais surtout beaucoup plus cher et tous les risques pour les patients. Lire cet ouvrage fait aller le lecteur de scandales en scandales au point d’en avoir le cœur au bord des lèvres. Bien que l’auteur reconnaisse que Big Pharma puisse se targuer d’un nombre de morts plus importants que la mafia, il annonce quand même que les choses évoluent dans le bon sens, mais trop lentement et beaucoup trop peu à son goût. Nous qui bénéficions de plus de recul, avec la poignée d’années depuis la parution de cet ouvrage, nous avons pu constater qu’avec l’horreur de la crise sanitaire que nous avons traversée, il se trompait sur ce point précis. Non seulement cela ne s’améliore pas, mais cela s’aggrave de façon dramatique. La corruption des élites n’a fait que s’étendre, la malfaisance de Big Pharma également.
Ma note
4,5/5
PILLEURS D’ÉTAT (PHILIPPE PASCOT)
Le résumé du livre
Peut-on vivre confortablement et fort longtemps de sa fonction d’élu de la nation ? Les fonctions de député, sénateur, conseiller départemental ou régional, maire d’une ville importante ne représentent-elles pas de plus ou moins grasses sinécures si recherchées et si intéressantes que nombre de nos politiciens s’y accrochent au point de faire de charges qui devraient relever du service dû à la population un pré carré jusqu’à devenir des professionnels toujours prêts à défendre leurs avantages acquis tant ils sont nombreux : grasses indemnités de fonction, exonération d’impôts, gratuité des trains et des avions, 13 semaines de congés payés au lieu de 5, retraites douillettes et cumulables (jusqu’à cinq !), faibles cotisations pour gain maximum, privilèges divers et variés, cumuls de mandats, reconversion simplifiée en avocat ou en préfet « hors classe », retour automatique dans la fonction publique, sans oublier les conflits d’intérêts, les activités plus ou moins bidons et nombre de petits arrangements entre amis. La liste des avantages est presque interminable et si l’on tente de faire le total de leurs gains réels, on peut en arriver à des rentrées mensuelles allant de 6000 jusqu’à 20 000 euros et parfois plus !
Ma critique
« Pilleurs d’Etat » est une enquête sans concession sur les avantages et privilèges de la classe politique française menée par Philippe Pascot, l’homme au petit chapeau, ancien assistant de Manuel Valls qu’il présente d’ailleurs comme une sorte de petit marquis très imbu de sa personne. La France peut se vanter d’avoir le plus grand nombre d’hommes politiques par rapport au nombre d’habitants, beaucoup plus que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou l’Allemagne. Est-elle mieux gérée ? Que nenni. Lois prises à la va-vite, sous le coup de l’émotion, absentéisme généralisé sur les bancs de l’assemblée, commissions « Théodule », etc. De plus, ces gens nous coûtent « un pognon de dingue » ! Et même si ces politiciens ne sont pas tous pourris (ce qui n’est d’ailleurs pas le sujet du livre, les affaires Cahuzac, Thevenoud et autres n’étant qu’évoquées au passage), tous profitent largement de leur statut, tous s’exonèrent de tout contrôle et veillent jalousement sur leurs avantages et leurs privilèges. Ils peuvent parfaitement être élus sans avoir besoin de présenter un casier judiciaire vierge et ne déclarer qu’une infime partie de leur patrimoine sans être inquiétés le moins du monde. Même si cette recension honnête et sans pitié date un peu (elle s’arrête en 2015), la lire aujourd’hui révolte toujours, d’autant plus que la situation est loin de s’être améliorée aujourd’hui. Euphémisme…
Ma note
4,5/5
CES PLANTES QUE L’ON MANGE (JEAN-MARIE PELT)
Le résumé du livre
Aux temps préhistoriques, quelques tribus de chasseurs cueilleurs découvrirent un jour que l’on pouvait récupérer les graines de céréales arrivées à maturité et les semer l’année suivante. L’agriculture était née. Puis les hommes commencèrent à stocker les graines récoltées, ce qui initia la fin du nomadisme et celle de la précarité alimentaire. Mais aussi amena l’édification des premiers hameaux, des premiers villages avec les premiers échanges des excédents de grains ou de plantes, ce qui permit d’améliorer la vie en diversifiant l’alimentation. Le commerce était né. Toute cette évolution entraina une explosion de la démographie, la population se multipliant très vite par un facteur mille… Le christianisme favorisa la culture du blé et de la vigne pour le pain et le vin nécessaires à la pratique du culte religieux. L’élevage relevant plus du paganisme (sacrifices d’animaux). Mais paradoxalement, les éleveurs s’enrichirent plus vite et plus facilement que les cultivateurs de céréales, car le blé fut toujours considéré comme une culture essentielle au maintien de la vie, au point de réglementer son prix de vente et même de faire procéder à des distributions gratuites en période de disette. Le régime des petites gens du Moyen-Âge consistait surtout en bouillies de céréales et en herbes sauvages et légumes au pot (chou principalement). Nombre de fruits et de légumes ne parvinrent chez nous qu’au fil de leurs découvertes en Orient ou dans le Nouveau Monde. Les légumes avaient d’autant plus de valeur et de qualités qu’ils étaient loin du sol. Les fruits étaient en haut de la hiérarchie vu qu’ils poussent sur des arbres. Idem pour les volatiles. Le canard et l’oie étant moins appréciés que le poulet et les rapaces qui pouvaient aider à la chasse tenaient donc le haut du panier…
Ma critique
« Ces plantes que l’on mange » est un essai de vulgarisation botanique comme sait si bien les produire Jean-Marie Pelt. Sans doute un peu moins fouillé que d’autres livres de l’auteur. Plus basique, plus généraliste. Il se veut exhaustif en abordant tout ce qui se mange de végétal aussi bien les fruits et les légumes que les céréales, les légumineuses, les huiles et les matières grasses, les épices et les aromates, le café, le thé, le chocolat et les sucres, sans oublier les plantes sauvages. Le tout aussi bien sous leur aspect historique, botanique, que nutritif et même diététique. Le lecteur éclairé n’apprendra pas grand-chose de nouveau sur ces sujets, mais appréciera les anecdotes amusantes ou non comme la saga de la pomme de terre qui eut quelques peines à s’imposer en Europe et surtout en France ou celle du chocolat, petite fève amère que les Indiens additionnaient d’épices et que les Européens marièrent au sucre et à bien d’autres choses pour en faire la denrée que nous connaissons. La plus étonnante est sans doute celle de ces trois condamnés à mort britanniques à qui l’on proposa la vie sauve à condition qu’ils ne se nourrissent plus que de chocolat, de café ou de thé. Celui qui choisit le chocolat ne survécut qu’un an, celui qui opta pour le café deux et celui qui prit le thé trois ! À noter aussi une profusion d’illustrations anciennes et beaucoup (trop?) de photos se voulant artistiques de Rob White.
Ma note
4/5
UNE HISTOIRE BIRMANE (GEORGE ORWELL)
Le résumé du livre
U Po Kyin, petit fonctionnaire birman dans la cinquantaine replète a réussi grâce à mille intrigues à gravir presque tous les échelons de la hiérarchie jusqu’à celui de magistrat sous-divisionnaire en attendant celui d’officier ministériel. Dans la petite ville de Kautkada, le Club est un lieu de détente strictement réservé à une quinzaine d’Européens qui tiennent absolument à rester entre eux alors qu’un peu partout ailleurs on commence à accepter la venue des premiers notables hindous ou birmans. Le toubib de l’endroit, Veraswami rêve pourtant de s’y faire admettre un jour, histoire de se retrouver hors de portée des calomnies et des manigances de son ennemi U Po Kyin qui voudrait bien se débarrasser de lui pour prendre sa place. Et voilà qu’une jeune et jolie Britannique fraîchement débarquée en ville jette son dévolu sur Flory, responsable de l’exploitation des bois et grand ami de Veraswami. Mais rien ne va plus quand la prétendante découvre que Flory a longtemps vécu avec une jeune indigène. Elle lui préfère un nouvel arrivant, Verrall, lieutenant de police de passage, plus jeune, plus fringant et plus riche que Flory…
Ma critique
« Une histoire birmane » est un roman classique et bien écrit dans le style riche et descriptif du début de l’autre siècle. Il mêle agréablement les observations politiques et sociales sur la réalité quotidienne de la colonisation à l’anglaise (on sent d’ailleurs que beaucoup de détails et de situations ont été croquées sur le vif, Orwell ayant été lui-même plusieurs années fonctionnaire territorial dans ces contrées lointaines), mais aussi les intrigues amoureuses plus ou moins ratées, la solitude de cette poignée de Britanniques, leurs attentes, leurs déceptions et jusqu’aux petitesses de leurs vies finalement pas si heureuses que cela. Orwell ne tombe pas dans le piège du manichéisme éculé. Pas de méchants colons d’un côté et de gentils colonisés de l’autre, mais des êtres de chair et de sang avec des bons et des nettement moins bons de chaque côté de la barricade. Et même de vraies crapules qui jettent de l’huile sur le feu et jouent les pompiers pyromanes ! On ne la fait pas à ce fin observateur qu’était Orwell. Ouvrage à conseiller ne serait-ce que pour découvrir ce qu’était vraiment la colonisation entre les deux guerres mondiales, ses véritables grandeurs et servitudes mais aussi ses lâchetés et ses mesquineries, sans parler du racisme des uns et des autres.
Ma note
4,5/5
LA MARCHE ROUGE (MARION SIGAUD)
Le résumé du livre
À Paris, sous le règne de Louis XV, éclate un scandale particulièrement horrible. Des enfants d’artisans, d’ouvriers et de gens du peuple se mettent à disparaître mystérieusement. La rumeur court que des exempts (équivalents de nos « forces de l’ordre ») les enlèveraient en pleine rue pour en faire de petits esclaves sexuels pour de grands seigneurs dépravés style Marquis de Sade. Il se dit même que ces enfants seraient torturés avant d’être tués. Certains récupéreraient leur sang pour des soins voire une régénération. Des émeutes très violentes se multiplient. Des parents fous de douleur pourchassent des voleurs d’enfants ou présumés tels dans les rues pour les tabasser. Ces manifestations sont dispersées dans le sang et les meneurs pendus haut et court. Pour calmer les esprits, une enquête est menée. Quelques lampistes écopent de très légères amendes. De sorte que ces histoires d’enlèvements ne feront que croitre et proliférer jusqu’à la Révolution et bien au-delà. Parallèlement à ce scandale s’ajoute celui de « l’hôpital général », organisme créé par Louis XIV pour régler une bonne fois pour toutes, pensait-il, celui de la misère et de la mendicité. Il s’agissait d’une structure qui devait recueillir mendiants, miséreux, enfants abandonnés, filles de joie en allant les rafler dans la rue. Ils étaient nourris et logés dans des conditions déplorables et soumis au travail forcé, ce que refusa l’Eglise. Louis XIV en donna la gestion à des laïcs jansénistes, la « Compagnie du Saint Sacrement », elle-même sous la responsabilité du Parlement de Paris, lequel était un organisme qui se voulait indépendant du pouvoir royal. Il passera d’ailleurs des simples « remontrances » au roi à l’opposition complète. L’hôpital général, ancêtre de nos services sociaux, fonctionnera longtemps hors contrôle, ce qui permettra toutes les dérives, les détournements de fonds, les maltraitances diverses et variées, les trafics d’enfants, etc.
Ma critique
« La marche rouge » est un essai historique de très grande qualité traitant d’un scandale plutôt méconnu de l’Ancien régime. Marion Sigaut a mené l’enquête en épluchant les registres de l’époque et est arrivée à des découvertes troublantes. Les enfants au nombre de plusieurs centaines par an disparaissaient bien de la circulation quasi-officiellement pour aller servir au peuplement de la Louisiane, pour une faible part d’entre eux, mais surtout pour servir de chair fraîche pour les pédophiles de l’époque, déjà forts nombreux chez les aristocrates, mais aussi parmi les bourgeois aisés. Louis XIV fut le premier à découvrir le pot aux roses. Il préféra laisser courir pour ne pas effaroucher le petit peuple qui ne pouvait même pas imaginer pareilles horreurs. Louis XV tenta de régler le problème en envoyant un évêque intègre remettre de l’ordre dans l’hôpital général et en obligeant les magistrats du Parlement à rentrer dans le rang en assumant vraiment leur rôle de juges. Mais étant lui-même impliqué de par ses mœurs dissolues, cela ne fut pas d’une grande efficacité. Quant à Louis XVI, il accumula les bévues en renvoyant son garde des sceaux, Maupéou, et en rétablissant par faiblesse et sottise les pouvoirs exorbitants du Parlement de Paris. Les révolutionnaires ne résolurent rien. Ils pratiquèrent même l’inversion accusatoire en incriminant l’Eglise et en blanchissant les juges pourtant complices voire bénéficiaires de ces trafics. Ce scandale rampant fut une des causes profondes de la Révolution. N’a-ton pas dit que le poisson pourrissait toujours par la tête et qu’il fallait toujours agiter le peuple avant de s’en servir ?
Ma note
4,5/5
LE ROMAN DE JEANNE D’ARC (PHILIPPE DE VILLIERS)
Le résumé du livre
Qui ignore aujourd’hui le destin extraordinaire de Jeanne d’Arc, la petite bergère lorraine si joyeuse et si pieuse qui entendit un jour des voix divines lui ordonnant d’aller rencontrer le Dauphin Charles réfugié dans son château de Chinon alors qu’il voit son royaume écartelé entre Anglais, Armagnacs et Bourguignons et de l’accompagner pour le faire sacrer roi dans la cathédrale de Reims ? Qui a oublié la libération de la ville d’Orléans assiégée par les Anglais, toutes les batailles menées et gagnées avec l’aide de sacrés soudards comme La Hire ou le peu recommandable Gilles de Rais, puis son lâchage par le velléitaire Charles VII, son échec devant la ville de Paris restée fidèle aux Bourguignons et aux Anglais, sa capture non loin de Compiègne, son procès en sorcellerie et son martyre quand elle fut brûlée vive sur la place du marché de Rouen ? Les jeunes générations sans doute privés d’Histoire évènementielle par une Éducation Nationale à la dérive…
Ma critique
« Le roman de Jeanne d’Arc » est un ouvrage de vulgarisation historique dans la même veine que les autres (Saint Louis, Charrette). L’auteur a tenu à donner une image plus humaine à une icône assez vite réhabilitée par l’Eglise (1456), beaucoup plus lentement canonisée (1920) et récupérée par les politiques de tous bords à chaque fois qu’on appelait le bon peuple à bouter un envahisseur hors de France ! L’auteur fait parler son héroïne à la première personne du singulier, ce qui donne au récit une impression de témoignage direct et rend donc le texte d’autant plus vivant et agréable à lire. Lequel est parsemé de mots d’époque, mais en moins grand nombre que dans le « Roman de Saint Louis », ce qui n’est pas plus mal pour la compréhension. Le lecteur découvrira le « portrait d’une Jeanne loin des stéréotypes, celui d’une âme simple et portée par la grâce, toute entière vouée à la sincérité de son combat, à l’amour de son pays, la France. » Pour une fois qu’une quatrième de couverture rend justice au contenu d’un livre, il convient de la citer. Ouvrage fortement conseillé comme une bouffée d’espoir et de fraîcheur en ces temps difficiles.
Ma note
4,5/5
GÉNOCIDE EN VENDÉE 1793-1794 (JACQUES VILLEMAIN)
Le résumé du livre
Qu’est-ce qu’un génocide ? En quoi diffère-t-il d’un crime de guerre ou d’un crime contre l’humanité ? C’est qu’il relève d’une volonté politique claire et nette de vouloir exterminer tout ou partie d’une population en raison de sa race, sa religion, ses idées politiques ou autres prétextes. Que l’on peut constater l’existence de textes, lois ou décrets dans ce sens (ou non), d’une chaine de commandement allant du sommet de l’état jusqu’aux exécutants qui, bien sûr, diront qu’ils ont obéi aux ordres s’ils doivent un jour répondre de leurs crimes. Les guerres de Vendée (1793-1794) ont vu toute une population se voir tout retirer jusqu’au statut d’êtres humains parce qu’elle était catholique et royaliste, refusait la conscription et la constitution civile du clergé. La Convention et particulièrement le comité de salut public tenu par Robespierre donnèrent les ordres d’extermination en toute clarté. Des délégués nationaux veillèrent à ce qu’ils soient exécutés scrupuleusement par l’armée bleue (aux ordres de Carnot, Turreau, Carrier et autres…) Comme la Vendée ne se soumettait toujours pas, on passa par les armes les révoltés et même quelques patriotes au passage, et on déporta femmes, vieillards et enfants, passant ainsi du crime de guerre au crime contre l’humanité. Et quand la Convention, à bout d’arguments, ordonna la mise en place des colonnes infernales, brûlant, gazant (sans succès) et tuant tout ce qui était encore vivant sur son passage, il est difficile de ne pas admettre qu’on en arriva au génocide, même si le terme peut sembler un brin anachronique vu qu’il ne fut officiellement condamné qu’en 1948 alors que le fait avait déjà existé malheureusement dans l’histoire de l’humanité (Carthage, Arménie, Shoah…).
Ma critique
« Génocide en Vendée » est un essai très bien étayé et parfaitement argumenté dans lequel l’auteur ne se pose pas en historien, mais en juriste de droit international et donc en défenseur de la liberté d’opinion qui est la base de toutes les autres. Il se demande pourquoi ce génocide historique doublé d’un « mémoricide » n’a toujours pas fait l’objet d’une reconnaissance officielle par la République, ce qui aurait permis de réconcilier les mémoires tout en veillant à ce que pareilles dérives mortifères ne se produisent plus jamais dans notre pays. Il semble que nous en soyons assez loin vu le négationnisme d’essence robespierriste toujours présent dans l’université et les médias et que l’on peut même en constater d’autres formes plus atténuées de tous les côtés de l’échiquier politique. La République est l’héritière de 89 sans aucun doute, mais la Démocratie ne l’est pas de 93 bien évidemment. Dans cet ouvrage intéressant, le lecteur découvrira toutes sortes d’aspects peu évoqués du problème, comme l’étrange attitude de Louis XVIII qui décora le boucher Turreau de l’ordre de Saint Louis ou celle, non moins discutable, de Louis-Philippe de faire graver son nom en compagnie de celui de Carnot sur l’Arc de Triomphe de l’Etoile, tout en faisant détruire des monuments du souvenir en Vendée même. Un désir de réconciliation poussé sans doute trop loin. Mais génocide ou « populicide » restent là et bien là comme une tache de sang indélébile sur le fronton de la révolution. À noter, en fin d’ouvrage, plusieurs documents (textes de lois, arrêtés, décrets, correspondances, preuves accablantes indiscutables) et une abondante bibliographie permettant de creuser un peu plus la question.
Ma note
4/5
CHANGEZ D’ALIMENTATION (HENRI JOYEUX)
Le résumé du livre
« Que l’aliment soit ton seul médicament ! », avait préconisé Hippocrate il y a bien longtemps. Plus que jamais, ce précepte découvert intuitivement, et scientifiquement prouvé de nos jours est d’actualité dans un monde où fast-foods, grande distribution et malbouffe règnent en maîtres. Pour rester en bonne santé, il faut donner à notre organisme les aliments qui lui conviennent, tout comme il faut donner le carburant adéquat au moteur de notre voiture si nous voulons qu’elle fonctionne bien. Quels sont donc les aliments qu’il serait préférable d’éviter ? Quels sont ceux qu’il faut privilégier pour préserver voire améliorer notre santé ? Une bonne nutrition peut-elle freiner ou stopper les symptômes de certaines maladies ? Peut-on éviter le cancer, les maladies dites de civilisation ? Que penser du gluten, du sucre, des produits laitiers, de la viande, des régimes, des additifs, de la nourriture industrielle, des édulcorants, des sodas, etc ? Dans une approche holistique pleine de bon sens et de sérieux, le professeur Joyeux tente de répondre à toutes ces questions et à bien d’autres.
Ma critique
« Changez d’alimentation est un essai de vulgarisation diététique qui a rencontré un grand succès puisqu’il a été édité et réédité à plusieurs reprises et à chaque fois complété au fur et à mesure des avancées de la science. Tout est sourcé, les études sont là, avec nombreux graphiques et tableaux à la clé. Facile d’abord et de compréhension, même si parfois il peut devenir assez technique, ce texte est particulièrement éclairant et difficilement discutable. Il devrait être lu par le plus grand nombre et repris par le corps médical et par les médias. Notre santé ne s’en porterait que mieux, la sécurité sociale aussi. Les médecins seraient moins surchargés, les services hospitaliers aussi. Seul Big Pharma y perdrait. Une mauvaise alimentation est source de toutes sortes de maladies et autres ennuis de santé, car elle affaiblit notre immunité en empêchant notre organisme de fonctionner au mieux. Il suffirait de réduire drastiquement notre consommation de graisses saturées, de charcuteries, de sucreries, de viande rouge, de laitages, de café, d’alcool et manger plus de légumes, de crudités, de fruits, de poissons, de fruits de mer, d’amandes, de noix et de graines germées pour obtenir et maintenir la pleine santé. Le lecteur apprendra beaucoup dans cet ouvrage mesuré et raisonnable. Même si le professeur condamne fermement le véganisme et l’instinctothérapie, il n’est pas un ayatollah de la diététique vu qu’il permet et conseille même un bon verre de vin rouge par repas et un carré de bon chocolat noir le soir. Une somme très complète et indispensable. Un des meilleurs ouvrages sur la question.
Ma note
4,5/5
LE ROMAN DE SAINT LOUIS (PHILIPPE DE VILLIERS)
Le résumé du livre
Fils de Blanche de Castille, le futur Louis IX perd son père alors qu’il n’est encore qu’un très jeune enfant. Sa mère, désignée comme régente du royaume, doit faire face à la rébellion des ducs et barons de Bretagne, de la Marche et du Poitou qui refusent de se soumettre à l’autorité d’une femme. Blanche fait armer chevalier son fils alors qu’il n’a que 12 ans pour qu’il soit sacré roi avant de vraiment monter sur le trône dès ses 20 ans. Le royaume est en péril. Les Mongols menacent à l’est et les Musulmans sont toujours bien implantés au sud, bien que la Reconquista ait déjà commencé depuis la victoire de Las Navas de Tolosa. Louis se veut un roi juste et bon, proche du peuple qui le vénère et conciliant avec le Pape, l’Empereur d’Allemagne et le roi d’Angleterre. Très pieux, il achète fort cher la couronne d’épines et un morceau de la croix du Christ et fait construire la Sainte Chapelle qui doit être un reliquaire de lumière pour les recueillir dignement. Mais la Terre Sainte a été peu à peu reprise par les Turcs. L’empereur d’Orient l’appelle à son secours. À 30 ans, il décide de tout quitter et de partir en croisade pour délivrer Jérusalem et le tombeau du Christ. Mais son débarquement à Damiette en Egypte se soldera par un cuisant échec…
Ma critique
« Le roman de Saint Louis » n’est pas un roman comme son intitulé pourrait le faire croire. C’est un ouvrage historique très sérieux, très bien documenté et très agréable à lire. L’auteur a voulu, comme il le dit lui-même en post-face, « retrouver la trace et l’image d’un Saint Louis à l’humanité sensible, un Saint Louis de chair, à figure humaine ». Et il y a parfaitement réussi. Tout l’ouvrage est écrit à la première personne, un peu comme un témoignage, ce qui rend le récit d’autant plus vivant, même si, de-ci, de-là, il est parsemé de termes et d’expressions moyenâgeuses pas forcément évidentes pour un lecteur du XXIe siècle. Le lecteur découvrira toutes sortes de facettes méconnues de cette personnalité hors-norme, ce héros de la foi, ne songeant qu’au bonheur de son peuple, à son rayonnement sur l’Europe et le monde, considérant sa charge comme un service et l’assumant jusqu’au sacrifice de sa propre personne. Un ouvrage magnifique et passionnant que devraient lire tous les dirigeants de la planète, histoire de se rappeler qu’être au pouvoir ne signifie pas profiter de sa position pour soumettre les peuples, les écraser, les humilier et pas non plus pour se servir et s’enrichir à leur détriment…
Ma note
4,5/5
LE GUERRE DES BOERS (BERNARD LUGAN)
Le résumé du livre
En 1899, éclata en Afrique australe une guerre totale qui opposa les républiques « Boers » du Transvaal et de l’Orange à l’Empire britannique. Deux peuples blancs s’affrontèrent dans une lutte sans merci, l’un luttait pour sa survie, sa liberté et son indépendance et l’autre pour la suprématie coloniale de son empire sans oublier de faire main-basse sur les richesses du sous-sol (or, diamants). Très vite ce conflit prit des dimensions internationales. Face aux forces venues de tous les pays de l’Empire (Inde, Australie, Canada, etc.), les Boers obtinrent le renfort de volontaires allemands, italiens, français, russes, irlandais, américains, hollandais, scandinaves et autres, mais aucune aide des gouvernements européens. La cause plutôt désespérée des Boers déclencha un grand courant de sympathie en Europe. Héros de la gauche pour leur combat anti-colonialiste, ils le furent également de la droite pour leur défense de leur patrie menacée par le cosmopolitisme. Mais pour venir à bout de leur résistance acharnée, les Britanniques n’hésitèrent pas à vider les campagnes en enfermant les femmes et les enfants dans des camps de concentration (les premiers du genre) où ils moururent de faim, de maladies et de mauvais traitements et à pratiquer la politique de la terre brûlée en incendiant des dizaines de milliers de fermes.
Ma critique
« La guerre des Boers » est un essai historique de très grande qualité, une référence sur le sujet. Le lecteur y découvrira une page plutôt sombre de l’histoire de l’Afrique. Ces « Boers », descendants de Hollandais et de Français huguenots, avaient déjà dû fuir une première fois devant l’envahisseur anglais lors du grand Trek. Ils avaient fondé deux républiques pastorales et rurales, vivant en autarcie sur un territoire vierge, mais recélant des richesses insoupçonnées. Le lecteur découvrira que les méthodes de répression des régimes totalitaires sont toujours les mêmes que ce soit en France (Vendée), en Ukraine (Holodomor) ou en Afrique australe où les Britanniques pratiquèrent la première guerre totale contre des populations civiles, les soumirent par la faim et le feu et surtout inaugurèrent, presque un demi-siècle avant les nazis, les premiers camps de concentration qui n’eurent rien à envier à ceux-ci. Cette guerre ou plutôt ce génocide eut de graves conséquences sur la suite des évènements (prolétarisation du peuple boer, politique d’apartheid et ruine définitive à terme). Un ouvrage doté de nombreuses cartes pour mieux comprendre le déroulement des diverses batailles et d’un long index final comportant, outre une bibliographie conséquente, toute une série de biographies des principaux intervenants de ce drame qui donne toujours autant à réfléchir.
Ma note
4,5/5
COMMENT SE SOIGNER AVEC LE CHOCOLAT (HENRI JOYEUX & JEAN-CLAUDE BERTON)
Le résumé du livre
Où et comment le chocolat fut-il découvert ? Les Indiens d’Amérique du Sud avaient fait du cacao leur plante sacrée depuis des milliers d’années. Mais quand les premières graines furent présentées à Christophe Colomb, celui-ci ordonna de les jeter à la mer, car il les prit pour des déjections animales. Plus averti, Pizarre les garda pour sa consommation personnelle. Mais finalement, le cacao devenu chocolat finit par parvenir d’abord dans les cours royales qui l’adoptèrent à titre de médicament et surtout pour ses qualités présumées aphrodisiaques. Madame de Pompadour en buvait des quantités impressionnantes pour compenser la froideur légendaire que lui reprochait amèrement Louis XV. Puis, peu à peu, sa consommation finit par se démocratiser. La fabrication du chocolat, au départ pratiquée par des artisans chocolatiers, passa après la seconde guerre mondiale à l’industrialisation et à la concentration entre les mains de puissantes sociétés comme Cadbury, Lindt, Menier, Suchard, Poulain, et autres. Mais de valeureux maîtres artisans-chocolatier comme Jean-Claude Berton continuent la tradition de la qualité et même innovent avec des produits riches en fibres et en omégas 3 !
Ma critique
Cet ouvrage est une monographie ou un essai de vulgarisation sur le chocolat sous tous ses aspects. Entre les deux auteurs, Joyeux et Berton, c’est ce dernier qui se taille la part du lion. En effet, si l’aspect thérapeutique (celui qui intéressait au départ le lecteur) ne représente qu’à peine un petit quart de l’ouvrage, tout le reste est consacré à une présentation bio-géographique du chocolat, suivie d’une étude de celui-ci à travers l’Histoire et terminée par une présentation des différentes étapes permettant de passer de la cabosse de cacao à la plaque de chocolat. Le lecteur découvrira bien des choses dont il ne se doutait même pas sur les manipulations nécessaires, sur le travail des premiers chocolatiers, sur le Nutella, produit contenant plus de sucre et d’huile de palme que de cacao, et sur l’autorisation de l’introduction d’huiles végétales en lieu et place, dans une certaine proportion, du beurre de cacao. Les effets sur la santé du bon chocolat (noir avec fort pourcentage de cacao) semblent ne plus avoir à être démontrés. Le chocolat est bon pour le cœur, pour le transit intestinal, pour se libérer des addictions (tabac, alcool, haschich), pour lutter contre l’insomnie, pour stimuler la mémoire et même combattre les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. La liste est longue de tous ses bienfaits. Alors pourquoi se priver d’un ou deux carrés de bon chocolat noir chaque soir ? Dommage que cet ouvrage, intéressant par bien des aspects, tourne vers la fin au publireportage en faveur d’un produit sans doute de très haute qualité, mais pas à la portée de toutes les bourses, inventé par l’auteur chocolatier.
Ma note
3,5/5
LA VÉRITÉ SUR LES VACCINS (DIDIER RAOULT & OLIVIA RECASENS)
Le résumé du livre
La France est devenue le pays au monde qui se méfie le plus des vaccinations. C’est aussi l’un des rares pays qui a rendu obligatoire onze vaccins pour les nourrissons dont certains contre des maladies éradiquées et des MST. La variole a disparu, la poliomyélite est sur le point d’être éradiquée, la rougeole est maitrisée, le tétanos et la rubéole sont sous contrôle. Seule exception, la tuberculose qui est responsable de la mort d’un million de personnes chaque année dans le monde, mais dont le vaccin date d’un siècle et reste de faible efficacité. Quant au paludisme et au sida, toutes les recherches d’un vaccin sont restées illusoires. Pour certaines pathologies, l’amélioration des conditions d’hygiène ont plus apporté que les vaccins. Et pourtant ceux-ci sont toujours imposés ou interdits sans réelle concertation avec les professionnels de santé. On n’est plus dans le scientifique, mais dans le politique et même dans la croyance quand, en agitant les peurs, on en arrive à faire basculer les gens dans la névrose collective. Pour Raoult, il faut savoir raison garder et rester dans l’observation des faits au cas par cas.
Ma critique
« La vérité sur les vaccins » est un essai de vulgarisation médicale sur un sujet brûlant qui déclenche les passions surtout depuis les dernières crises sanitaires (H1N1 et Covid 19). Le livre datant de 2012, cette dernière n’est pas abordée. Il n’en demeure pas moins que beaucoup d’analyses restent pertinentes. Le lecteur découvrira que contrairement à ce qu’ont pu avancer les médias, Raoult est un farouche défenseur des vaccins, mais de façon intelligente. Il s’oppose à l’obligation vaccinale qui ne fait qu’exacerber les passions, dresser vax contre antivax, alors qu’il faudrait laisser les médecins s’informer et prescrire. Pour lui, la question de savoir si l’on est pour ou contre la vaccination n’a aucun sens. Il vaut mieux envisager chaque cas de figure, pouvoir peser sereinement le rapport bénéfices-risques et bien apprécier les situations sanitaires réelles pour chaque pays ou continent. Il est toujours préférable de convaincre plutôt que de contraindre. Un livre intéressant, loin des polémiques stériles, plein de bon sens, mais qui reste quand même à la surface des choses dès qu’on aborde le problème de la puissance de corruption de Big Pharma. Pour Raoult, la production de vaccins ne rapporterait que 11% du chiffre d’affaires des multinationales et serait plus source d’ennuis que de profits pour elles. Naïveté ? Angélisme ? Ou complicité ? Le lecteur pourra se perdre en conjectures sur ce point précis. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire…
Ma note
4/5
LE ROMAN DE CHARETTE (PHILIPPE DE VILLIERS)
Le résumé du livre
Breton de petite noblesse, François-Athanase Charette de la Contrie commence sa carrière militaire en 1779, comme garde de la Marine à Brest. Il participe à la guerre d’indépendance américaine, d’abord au large des côtes françaises, puis dans les Antilles. En mars 1793, des paysans révoltés contre la levée en masse et les mesures anti-religieuses viennent le chercher pour le placer à la tête de leur insurrection. Charette s’impose difficilement comme commandant des insurgés des régions de Machecoul et Legé. Le 30 avril, les différentes armées vendéennes s’unissent pour former l’Armée catholique et royale, mais dans les faits, Charette continue d’agir de manière indépendante. En septembre et octobre 1793, les républicains prennent l’avantage en occupant toutes les villes de la Vendée militaire et en ravageant le bocage. Charette passe alors à la guérilla et arrive même à contrôler pendant quelques mois l’île de Noirmoutier. Affaibli par plusieurs défaites successives à la fin de l’année 1793, Charette parvient à échapper aux colonnes infernales qui ravagent la Vendée dans les premiers mois de l’année 1794. Les massacres, les noyades et les incendies systématiques commis par les républicains poussent les paysans à se réfugier auprès de lui. En décembre 1794, Charette accepte d’entamer des pourparlers de paix avec les représentants de la Convention thermidorienne lors des négociations de La Jaunaye où on lui fait espérer la libération du Dauphin et une éventuelle restauration. Mais quand il apprend que l’enfant royal a été empoisonné, il comprend qu’il a été berné et reprend les armes. Mais la relance des hostilités tourne au désastre. Abandonné par ses hommes et grièvement blessé, Charette est capturé le 23 mars 1796. Condamné à mort, il sera fusillé six jours plus tard à Nantes.
Ma critique
« Le roman de Charette » est une biographie romancée très bien menée, très agréable à lire et parfaitement documentée. Ayant pu avoir accès à de nombreux documents et témoignages, Philippe de Villiers a vraiment pu faire œuvre d’historien tout en présentant la vie tout à fait extraordinaire d’un des héros de la Vendée sous la forme du roman, c’est-à-dire avec des dialogues, du rythme et toutes sortes de détails donnant humanité et épaisseur à un personnage qui se conduisit en héros et en martyr de la liberté autant dans sa participation courageuse à la guerre d’Indépendance américaine qu’à celle des atroces guerres de Vendée qui resteront comme une tache de sang indélébile au front d’une république qui se construisit sur la décapitation du couple royal, l’assassinat des nobles, le vol des « biens nationaux » et le massacre de pauvres gens perpétrés par d’autres pauvres gens. Dans cette guerre civile, Charette tenta de rester fidèle à sa foi et à ses idéaux. Même s’il ne prit pas toujours les meilleures décisions stratégiques, il alla au bout de ses convictions et jusqu’au sacrifice de sa vie. Ainsi, restera-t-il un héros aux yeux de la postérité. Tout comme le film « Vaincre ou mourir » qui fit un tabac dans les salles obscures, ce livre très réussi lui rend un très juste hommage.
Ma note
4,5/5
LA FAIM (KNUT HAMSUN)
Le résumé du livre
À Christiania (Oslo), le jeune Knut peine à vivre des gains de rares articles donnés à un journal local. Il a bien essayé de se faire engager chez les pompiers, mais il a été rejeté, car il portait des lunettes. Ses habits sont si sales et si misérables qu’il n’ose plus se présenter pour une place « convenable ». Il n’a même pas de quoi s’acheter un livre pour tromper son ennui. Et le pire, c’est que la faim le tenaille en permanence. Pour la calmer malgré tout, il en est réduit à mâcher des copeaux de bois. Et les rares fois où une bonne âme lui donne quelque chose à manger, son estomac rétréci le rejette systématiquement. Il tente d’obtenir un peu d’argent du Mont de piété en mettant en gage ses lunettes, une couverture prêtée par un ami et même les cinq boutons de sa redingote, mais le préposé les refuse. Et comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, se retrouvant sans toit, il est arrêté par la police et passe une nuit au poste, les articles dont il espérait beaucoup sont rejetés par son rédacteur en chef et il est renversé par la charrette du boulanger qui lui écrase le pied…
Ma critique
« La faim » est une autobiographie ou une autofiction assez émouvante et qui sent bien son vécu. Par petites touches assez impressionnistes, l’auteur nous fait partager le quotidien aussi glauque que pénible d’un jeune écrivain en voie de clochardisation. Pas d’intrigue à proprement parler, pas de développement romanesque. Même la rencontre de la belle inconnue reste du domaine de l’évanescence, presque de l’onirisme. Même chose pour la fin avec l’embarquement sur un navire russe. Hamsun se fait engager sur sa bonne mine alors qu’il ne connait strictement rien aux choses de la mer. Le capitaine le prend à l’essai en se réservant le droit de le débarquer en Angleterre s’il n’est pas à la hauteur de la tache. Le lecteur restera lui aussi sur sa faim, car il ne saura jamais si l’auteur a fini par s’en sortir. Il comprendra que l’auteur ne voulait pas lâcher son thème central, la faim et surtout l’échec qu’il attire comme l’aimant le fait de la limaille, car il est à la fois trop naïf, trop honnête et trop généreux. Il va donner son gilet à un miséreux, un gâteau à un gamin de la rue et un billet de dix couronnes qui aurait pu l’aider pour un bon moment à une pâtissière peu avenante. Cette « Faim » aurait aussi pu s’appeler « La poisse » ! Lecture un brin déprimante quand même…
Ma note
4/5
TOUT SAVOIR POUR ÉVITER ALZHEIMER ET PARKINSON (HENRI JOYEUX & DOMINIQUE VIALARD)
Le résumé du livre
La maladie d’Alzheimer est devenue la première cause de démence dans le monde et celle de Parkinson se maintient à la seconde place. Les femmes sont plus touchées que les hommes par la première. Eux seraient plus victimes de celle de Parkinson. Ces deux affections irréversibles sont redoutables. La première atteint 20% des octogénaires soit une femme sur 4 et même jusqu’à 40% au-dessus de 90 ans. Un homme sur 5 en souffre à partir de 85 ans. On compte 150 000 cas de Parkinson dans l’Hexagone et 8000 nouveaux chaque année. Ces maladies se développent de plus en plus rapidement dans les populations. On compte 1,3 million de malades aujourd’hui. Et on en prévoit 2 millions à l’horizon 2040. Leur nombre devrait même doubler tous les 20 ans ! De plus, les médicaments utilisés sont d’une efficacité douteuse et peuvent même se révéler nocifs en raison de graves effets secondaires. Et aucune molécule efficace ne se profile à l’horizon des prochaines années. Quel espoir nous reste-il ? La prévention…
Ma critique
Cet ouvrage est un essai écrit à quatre mains qui commence par un exposé de présentation de ces deux maladies. De la vulgarisation bien flippante qui remplit plus de la moitié de l’ouvrage. Les moyens pour éviter la catastrophe ne viennent qu’à la fin. Il faut réformer notre alimentation, manger moins de protéines animales, éviter barbecue et grillades, fuir la malbouffe et toute la production industrielle, (50% de risques éliminés). Faire de l’exercice de manière régulière. Marche, course, natation, vélo, etc (encore 50% de risques éliminés, mais il semble que cela ne soit pas cumulatif !). Ne pas oublier de faire fonctionner son cerveau en lisant, en faisant des mots croisés, des sudokus et autres. Garder un esprit positif et curieux. Au total, toutes sortes de petits et de grands conseils bien utiles que le lecteur devra mettre en pratique. Un ouvrage agréable, facile à lire et sans doute bien utile qui commence fort sombrement pour s’achever sur une note d’espoir. Nous irons tous au paradis (comme chantait l’autre), mais nous ne choperons pas tous ces deux saloperies…
Ma note
4,5/5
L’ÎLE DE TOUS LES VICES (JEAN-GABRIEL FREDET)
Le résumé du livre
En 2019, incarcéré dans l’attente d’un procès pour trafic de mineurs, et alors qu’il risque la perpétuité, Jeffrey Epstein est retrouvé pendu dans sa cellule. À la suite de multiples dysfonctionnements dans l’organisation de sa détention au moment de sa mort, deux enquêtes sont ouvertes dans le cadre de ce qui est décrit comme un « suicide apparent ». Comment un personnage issu d’un milieu social des plus modestes a-t-il pu se muer en scientifique de haut niveau (il a disposé pendant 20 ans d’un bureau dans la prestigieuse université d’Harvard), en milliardaire à la tête d’une fortune estimée à plus ou moins un millard de dollars, en décideur de premier plan (il a siégé des années au CFR et à la Trilatérale deux instances réunissant tous les plus grands personnages de la planète ? Comment a-t-il pu devenir l’ami intime de deux présidents américains (Clinton et Trump), d’un membre de la famille royale, le prince Andrew, et de nombre de célébrités comme Bill Gates, Leon Black, Kevin Spacey, Woody Allen et tant d’autres ? Comment pendant trente ans a-t-il pu, avec l’aide de ses deux principaux complices, Ghislaine Maxwell, fille du milliardaire agent du Mossad retrouvé noyé au large des Canaries, et Jean-Luc Brunel, agent parisien de mannequins, organiser un trafic sexuel sur mineures d’une telle importance, sur son île privée ou dans ses diverses propriétés, sans jamais être vraiment inquiété par la justice ? Et comment, finalement inculpé en Floride en 2008, a-t-il pu bénéficier d’un abandon des poursuites alors que des dizaines de victimes venaient témoigner contre lui pour viols ou agressions sexuelles ? Tout est étrange dans cette affaire, même son suicide, par étranglement à genoux dans sa cellule avec des surveillants endormis et des caméras de surveillance en panne !
Ma critique
« L’île de tous les vices » se présente comme une enquête de journalisme d’investigation bien menée, bien étayée et agréable à lire en se disant que la réalité dépasse souvent la fiction. Malgré un grand nombre de révélations obtenues par le témoignage de victimes ou de membres du personnel, un bon nombre de zones d’ombres subsistent. Bien des questions restent sans réponse. Qui était vraiment Epstein ? Un escroc à la Madoff ? (Quelques-uns l’accusent d’avoir détourné des fonds à son profit.) Un agent du Mossad ? (La question est abordée sans être vraiment traitée.) Un obsédé sexuel pédophile doublé d’un proxénète ? (Il aurait « essayé » un bon millier de gamines de moins de quinze ans dont son âme damnée Ghislaine Maxwell qui évolua ensuite en mère maquerelle.) Un maître-chanteur pour l’élite ? (Tous les ébats de ses « amis » étaient filmés par des caméras cachées un peu partout.) Le livre, honnête et passionnant par ailleurs, s’achève sur une note dubitative quand l’auteur avoue que ce monstre, responsable d’un des pires scandales de notre époque, a emmené dans sa tombe un grand nombre de ses secrets. Qu’il ait été « suicidé » pour ne pas dire « liquidé » n’est nullement invraisemblable. Quant à espérer que sa complice finisse par se mettre à table et à tout révéler, rien n’est moins sûr. L’élite se veut et se croit au-dessus des lois et de la morale. Et elle sait comment s’y maintenir !
Ma note
4,5/5
LA STRATÉGIE DU CHOC (NAOMI KLEIN)
Le résumé du livre
En Louisiane, avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire de la ville de la Nouvelle-Orléans comptait 123 écoles publiques. Après, il n’en restait plus que 4. Quant aux écoles privées qui n’étaient que 7 avant la catastrophe, elles passèrent à 31, grâce aux subventions versées pour la reconstruction. Une fois de plus le public subventionnait le privé. Une fois de plus, on privatisait les gains et on nationalisait les déficits. C’est un certain Milton Friedman qui avait théorisé cette nouvelle sorte de capitalisme, un capitalisme sauvage, sans freins ni garde-fou, un « capitalisme du désastre » que l’on appelle aussi « ultra-libéralisme » en Europe. Il s’agit pour les oligarques du système, avec la complicité de politiciens et de journalistes stipendiés, de profiter de l’opportunité d’une crise, d’un cataclysme, d’une révolution ou d’une guerre pour vendre à la découpe tous les services d’un état pendant que le peuple est encore sous le choc et donc peu apte à réagir. Ce modèle économique très particulier se révèle à l’usage assez peu compatible avec la démocratie. Il a même besoin de conditions plus ou moins totalitaires pour s’imposer dans son expression la plus pure, comme on l’a vu en Amérique Latine au Chili et en Argentine, en Grande-Bretagne sous la férule de Mme Thatcher, en Chine (Tien an Men), aux Etats-Unis sous Reagan et en de nombreux autres lieux. En fait, ces techniques de sidération des masses, de conditionnement des esprits trouvèrent leur source dès la fin des années 50 quand la CIA se lança dans d’étranges expériences sur de malheureux cobayes humains. L’auteur a ainsi pu obtenir le témoignage de Gail Kastner, une patiente du docteur Cameron, sorte de Mengele yankee qui lui fit subir nombre d’électrochocs, d’injections de substances plus ou moins nocives (insuline), de barbituriques à haute dose, de psychotropes et d’hallucinogènes comme le LSD dans l’espoir de vider son cerveau pour le reprogrammer. Ce monstre ne cherchait pas à soigner ses patients, mais à les recréer, leur causant toutes sortes de souffrances inouies et leur causant des pertes de mémoire irréversibles. Friedman voulut transposer cela en économie. Le résultat en fut catastrophique pour les peuples mais très lucratif pour l’élite !
Ma critique
« La stratégie du choc » est un essai géopolitique et historique de très belle facture. L’auteur démonte pan par pan toutes les tentatives que fit l’oligarchie au fil du temps pour parvenir à ses fins en commençant par l’Allemagne vaincue, mais relativement épargnée pour ne pas donner prise aux communistes, en continuant par le Chili de Pinochet et l’Argentine des colonels où on n’hésita pas à employer les méthodes les plus cruelles, puis la Bolivie, l’Afrique du Sud, la Pologne de Solidarnosc obligé de renier tous ses idéaux, la Russie d’Eltsine avec la main-mise des oligarques sur toutes les richesses du pays, Irak ravagé par la guerre et livré à Black Rock et à Halliburton, Sri Lanka ravagé par le tsunami et tant d’autres pays. Partout le même scénario : profiter d’une catastrophe pour privatiser le plus de domaines possibles, démanteler les services publics, licencier des fonctionnaires, faire disparaître les acquis sociaux et, sous prétexte d’apporter liberté et démocratie, faire plonger les peuples toujours plus loin dans la misère et le désarroi. Et si ceux-ci font mine de ne pas apprécier le traitement, ne jamais hésiter à frapper, enfermer, blesser ou tuer pour obtenir la soumission par la terreur. Ouvrage très éclairant sur la montée d’un phénomène fort inquiétant. Il commence à dater un peu. Et la conclusion de Klein, à la lumière des derniers développements de cette stratégie mortifère (crise sanitaire, climatique, guerre en Ukraine), semblera beaucoup trop optimiste. En effet, l’auteur constate l’échec complet de presque toutes les tentatives, une prise de conscience des peuples et même de très bonnes réactions de certains. Malheureusement, la machine libérale mondialiste ne renonce jamais. Si elle semble marquer le pas, ce n’est que pour mieux affiner ses techniques et relancer toujours plus fort et toujours plus loin son rouleau compresseur écrasant les peuples…
Ma note
4/5
LA VOIE DU RETOUR A LA NATURE (MASANOBU FUKUOKA)
Le résumé du livre
Masanobu Fukuoka, le célèbre fermier philosophe japonais, nous propose dans cet ouvrage de réunifier Dieu, la nature et l’homme. Encore faut-il bien définir ce qu’est Dieu, ce qu’est la nature et ce qu’est l’homme. Si l’homme ne se sauve pas lui-même en s’efforçant d’arrêter d’abimer la nature, personne ne le fera à sa place… Fort du succès de son livre « La révolution d’un seul brin de paille », il donne des interviews, des conférences et est invité un peu partout. « C’est une chose merveilleuse d’être tout simplement vivant », dit-il dans l’une d’elles. Il visite les Etats-Unis deux fois autant sur la côte est que sur la côte ouest. Pour lui, la Californie est en passe de devenir un désert alors que le Japon qui jouit d’une exposition géographique et d’une roche-mère semblables, profite encore d’un climat tempéré et de quatre véritables saisons et ne redoute pas une élévation exponentielle des températures en raison d’une agriculture plus traditionnelle. Il voit les causes du phénomène dans l’élevage extensif des débuts qui a commencé par appauvrir les sols, puis dans la monoculture avec engrais chimiques et pesticides qui a achevé de les stériliser. Il constate ensuite des faits semblables en Europe où il rencontre un succès d’estime alors qu’il se déplace partout simplement vêtu de l’habit traditionnel du paysan japonais avec socques de bois aux pieds…
Ma critique
« La voie du retour à la nature » est un essai composé de nombreuses parties. On y trouve deux introductions une pour l’édition européenne et une autre pour la japonaise. En plus d’interviews et de compte-rendus de ses visites aux Etats-Unis, en Europe et en Afrique (où il tentera d’appliquer ses méthodes en Somalie), le lecteur trouvera des chapitres sur certains problèmes spécifiques comme la rouille des pins japonais en raison de la disparition d’un champignon mykhoryse indispensable à la survie de l’arbre, ou une présentation succincte de son procédé qui va bien au-delà du simple bio et même de la fameuse permaculture. Fukuoka ne laboure jamais. Il se contente de semer à la volée du trèfle, puis de l’orge, puis du riz et laisse la nature faire. Il est même persuadé qu’il est possible de venir à bout de la désertification et de la stérilisation des terrains en semant massivement pour que tout finisse peu à peu par reverdir. Cette agriculture naturelle est en fait un retour aux sources, un laisser-faire de la nature et un non-interventionnisme de l’homme. Il est persuadé que les méthodes modernes de culture sont particulièrement nocives et ne mèneront qu’à la catastrophe sous toutes les latitudes. Il n’a qu’un regret : ne pas avoir été suffisamment entendu, ne pas avoir vraiment eu de disciples. Il compare les attitudes des Occidentaux et celles des Japonais trouvant ceux-ci nettement moins coopératifs que ceux-là ! Livre intéressant surtout pour son aspect pratique plus que pour ses aspects philosophiques et ses développements très personnels sur Dieu, la nature et l’homme.
Ma note
4/5
LE MYTHE DE LA SINGULARITE (JEAN-GABRIEL GANASCIA)
Le résumé du livre
D’après Stephen Hawking, physicien et cosmologiste britannique de renom, les technologies de l’intelligence artificielle pourraient très vite devenir incontrôlables au point de mettre en péril l’avenir de l’humanité entière. D’autres savants réputés comme Max Tegmark et Franck Wilizek du MIT ainsi que Stuart Russell, spécialiste de l’IA à l’université américaine de Berkeley partagent cette inquiétude. L’IA pourrait même « conduire à l’extinction pure et simple de la race humaine. » Déjà aujourd’hui Big Data parvient à gérer des masses incroyables de données. Rien que le poids des Twitts échangés quotidiennement par les utilisateurs de Twitter se compte en téraoctets. Pour Facebook, il s’agit de 500 To par jour, soit l’équivalent en quantité d’informations de dizaines de Bibliothèques Nationales de France ! Et pour le web dans son ensemble, on compte qu’il a stocké environ 7 zettaoctets en 2015 et 7 milliards de téraoctets en 2020, soit la valeur de 1,5 milliards de fois le contenu de la dite BNF ! Jusqu’où cela va-t-il aller ? Un jour, les ordinateurs arriveront-ils à devenir autonomes, pourront-ils se passer de nous et agir jusqu’à dominer le monde à nos dépens ? Ils sont déjà presque partout. Dans l’avenir le seront-ils encore bien plus, jusqu’à s’immiscer sous notre peau et peut-être dans notre cerveau, nous transformant en homme-machine, en cyborg, en semi-robot capable de prouesses spectaculaires, mais sans âme ni conscience ?
Ma critique
« Le mythe de la singularité » est un essai scientifique sous-titré « Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? », qui s’attaque à une question fondamentale, celle de l’avenir de l’humanité après la révolution informatique. L’auteur semble partir sur une recension assez exhaustive de tous les dangers d’un développement exponentiel de ces techniques avant de tenter de démontrer leur innocuité, sans y parvenir d’ailleurs. Et, finalement, de conclure sans conclure ! De sorte que, ayant achevé la lecture de cet ouvrage intéressant par ailleurs, le pauvre lecteur reste sur sa faim. L’étude de l’impact des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), sur les sociétés humaines, celui du déclin irréversible du pouvoir des états qui n’ont plus grand-chose de souverains et surtout l’histoire, le développement et les risques de la généralisation des crypto-monnaies, laissent énormément à désirer. Ces sujets étant beaucoup trop vite survolés. Au total, un livre ambitieux, un peu fourre-tout et qui reste trop souvent à la surface des choses. Donc finalement assez décevant, même si le lecteur y apprend pas mal de choses sur cette fameuse pseudo intelligence qui n’a peut-être pas que de bons côtés !
Ma note
3,5/5
LE MOYEN-ÂGE, UNE IMPOSTURE (JACQUES HEERS)
Le résumé du livre
En Histoire, certaines périodes sont portées aux nues comme l’Antiquité grecque et romaine alors que d’autres sont vouées aux gémonies comme le Moyen-Âge, considéré comme une longue période de ténèbres et d’obscurantisme qui s’achève à la Renaissance. De même, constate-t-on une différence de traitement entre l’avant 1789 et l’après, comme si un certain 14 juillet l’humanité était soudain passée comme par enchantement de l’ombre à la lumière et depuis n’avait cessé de progresser vers un avenir de plus en plus radieux. Il est aussi particulièrement difficile de situer le début de la période communément appelée « Moyen-Âge ». Doit-on le placer dès la chute de l’empire romain d’Occident ou après celle de Byzance ? Tout aussi peu évident est la datation de celui de la Renaissance. Doit-on s’en référer aux débuts de l’époque gothique ou à celle de la fin du gothique flamboyant, à l’époque de Dante, de Giotto ou de Boccace, donc au XIIᵉ, XIIIè, XIVᵉ, XVè siècle ou même après ? Les termes de « Moyen-Âge » et de « Renaissance » ne furent d’ailleurs que très tardivement utilisés par les historiens (vers 1800). Et c’est d’ailleurs en France que l’on parla en premier de Renaissance italienne alors que le terme était toujours inconnu en Italie. On comprend ainsi le côté artificiel de toutes ces notions !
Ma critique
« Le Moyen-Âge, une imposture » est un essai historique de grande qualité, très référencé, très documenté et taillant de jolies croupières aux tenants de l’Histoire des manuels républicains à la Michelet et autres Fernand Nathan qui servirent de références des maîtres d’école jusqu’aux maîtres de conférence pour distiller une Histoire assez éloignée de la réalité et même complètement déformée pour servir une idéologie. Quand la politique se mêle de réviser le passé, on peut s’attendre au pire… Jacques Heers, tout comme Régine Pernoud, autre référence sur le sujet, s’attache dans cet ouvrage remarquable à tordre le cou à un grand nombre d’idées fausses, de contre-vérités et mêmes de forgeries (comme l’histoire de la papesse Jeanne pour ne citer que la plus loufoque). Le lecteur découvrira un grand nombre de choses bien différentes de ce qu’on lui avait enseigné ou de ce qu’il avait entendu, lu ou vu un peu partout. Il est bon que des auteurs courageux remettent les choses du passé à leur juste place. Nous aurait-on menti, raconté des carabistouilles ? Une fois de plus, l’on constatera que si le mensonge prend l’ascenseur, la vérité ne peut prendre que l’escalier. Mais, au bout du compte elle finit quand même par apparaître un jour…
Ma note
4/5
LE DIABOLIQUE SECRET DES OVNI (JEAN-MICHEL LESAGE)
Le résumé du livre
Depuis des années, Jean-Michel Lesage et ses collègues du cercle d’études Ouranos étudient les phénomènes d’OVNI (Objets volants non identifiés). Ils ont découvert qu’au fil des années, les descriptions de ces engins ont évolué selon les avancées techniques des différentes époques. Ainsi des témoins crurent voir des bateaux volants au début de l’autre siècle, des formes de cigares ou d’obus ensuite pour en arriver aux fameuses « soucoupes » volantes des années 1947/50 et suivantes. De même, les témoignages se révèlent variés, fluctuants, souvent peu réalistes ou peu vraisemblables. Quant aux enlèvements d’humains par des extraterrestres qui s’empressent de les examiner alors qu’ils semblent déjà tout connaître de l’anatomie humaine, ils sont encore moins convaincants. Lesage en arrive à développer une explication psychologique et sociologique très intéressante, mettant en cause les dérives du « New Age », la psychanalyse et toutes les inversions de valeur de la fausse spiritualité moderniste qui revient à du satanisme plus ou moins déguisé.
Ma critique
« Le diabolique secret des OVNIS » est un essai bien documenté sur un phénomène étrange voire paradoxal. Il ne s’agit nullement de science, mais de croyance. Et pour l’auteur « ufologie » rime souvent avec « fumisterie ». Ces histoires plus ou moins loufoques baignent dans l’illusion, l’enfumage, la manipulation mentale et la suggestion. Nombre de « témoins » et autres « enlevés » (comme le tristement célèbre Raël) ne produisent que des témoignages peu fiables pour ne pas dire des forgeries montées de toutes pièces. Certains en arrivent à se muer en gourous de sectes. Tout ce cirque cosmique ferait partie de manœuvres et de manipulations mentales visant à hâter la venue du Nouvel Âge, l’ère du Verseau et surtout le triomphe du nouvel ordre mondial. Le lecteur trouvera en fin d’ouvrage divers addenda et témoignages (tel celui de Gérard Monast), plus un important chapitre sur le projet américain « Blue Beam » qui consisterait à envoyer dans le ciel toutes sortes d’hologrammes adaptés à chaque continent et à chaque religion pour faire croire aux naïfs qu’ils assistent en direct au retour du Christ, de Mahomet ou de Bouddha. Quelle dinguerie !
Ma note
4/5
LE ROMAN DE TRISTAN ET ISEUT (JOSEPH BEDIER)
Le résumé du livre
Orphelin de père et de mère, Tristan, fils du roi Rivalin, est élevé par son maréchal, Rohalt le Foi-tenant. Sa mère lui avait donné ce nom, car elle était triste à mourir d’avoir perdu son cher époux. Puis à l’âge de 7 ans, il fut confié au bon écuyer Gorneval qui lui enseigna tous les « arts qui viennent aux barons », ceux de la guerre, mais aussi le chant, la harpe et la vènerie. Mais un jour, il fut enlevé par des marchands norvégiens qui l’abandonnèrent sur le sable d’une plage suite à une tempête qu’ils crurent créée par lui. Il se retrouve sur les terres du roi Marc lequel doit payer aux Irlandais un très lourd tribut. Il doit leur fournir 100 chevaliers une année et 100 jeunes filles la suivante à moins qu’un volontaire courageux ne provoque en duel leur envoyé, un géant invincible nommé Morholt. Tristan parvient à le tuer non sans peine. Mais c’est l’oncle de la très belle Iseut la blonde que le roi Marc veut demander en mariage. Tristan réussit à la convaincre de prendre le bateau avec lui pour l’emmener se marier à la cour de Tintagel. Mais un peu par mégarde, alors qu’il fait très chaud, tous deux se désaltèrent en buvant un étrange philtre d’amour concocté par sa mère et destiné aux deux futurs époux…
Ma critique
« Le roman de Tristan et Iseut » est une extraordinaire histoire d’amour impossible comportant 19 chapitres rassemblés au début de l’autre siècle par Joseph Bédier à partir de textes anciens datant de plusieurs époques. Il a principalement pris pour sources Eilhat d’Oberg, Béroul, Thomas d’Angleterre et quelques anonymes, ce qui lui a permis de reconstituer cette affaire assez compliquée, pleine d’amour courtois, de sorcellerie, de combats chevaleresques et de luttes contre toutes sortes de monstres et de dragons. L’ensemble est passionnant bien qu’un peu hétéroclite, chaque auteur ayant mis l’accent plus sur le fantastique, sur les combats et le côté « chevalier sans peur ni reproche » ou sur les amours contrariés. Une liaison légendaire pleine de rebondissement finissant dans la peine, la souffrance et le désespoir comme tout amour impossible. Avec Roméo et Juliette et Héloïse et Abélard, Tristan et Iseut sont certainement les amants légendaires les plus connus et les plus attachants de la littérature ancienne. Leur histoire, malgré une prose un peu « médiévale », reste fort agréable à lire quand même, car totalement intemporelle.
Ma note
4/5
11 SEPTEMBRE, L’ULTIME VÉRITÉ (LAURA KNIGHT-JADCZYK & JOE QUINN)
Le résumé du livre
Personne n’oubliera jamais ces images d’avions de ligne percutant les buildings du World Trade Center. Ces attentats terroristes qui causèrent la mort de 2750 personnes le 11 septembre 2001 furent immédiatement attribués à une poignée de terroristes aux ordres du célèbre Oussama Ben Laden qui aurait tout commandé depuis une caverne cachée dans les montagnes d’Afghanistan. Mais très vite, le narratif officiel montra ses limites et ses incohérences. Transpondeur coupé, le vol 77 est ainsi resté 45 minutes en dehors des radars de l’aviation civile, mais non de ceux des militaires. Quand enfin la décision d’interception fut prise, les chasseurs partirent pour rien de la base de Langley et non de celle d’Andrews beaucoup plus proche… Le vol 93 qui était censé s’être écrasé au sol n’a laissé qu’un petit cratère de 3X4m, sans débris d’avion ni restes de corps humains. En revanche, on en retrouva jusqu’à 13 kilomètres de l’endroit, preuve qu’il fut abattu en vol… Les batteries anti-missiles dont étaient doté le Pentagone n’ont pas réagi, car elles ont interprété l’objet en approche comme « ami ». De plus, le trou d’impact ne correspondait pas à la taille d’un Boeing… En ce qui concerne l’effondrement des tours jumelles, il faut atteindre 1500° pour arriver à faire fondre les poutres centrales en acier qui forment l’armature du building. Le carburant et les fournitures de bureau qui brûlèrent de 10 à 15 minutes ne permirent d’atteindre que 500 à 800°. Il fallut donc y ajouter des explosifs de type super-thermites (pouvant générer jusqu’à 2500°) dans les sous-sols et à plusieurs niveaux pour obtenir une destruction contrôlée… Etc.
Ma critique
Cet ouvrage que l’on peut classer dans les enquêtes d’investigation ne dissèque vraiment les évènements de cette journée tragique que sur le premier tiers de l’ouvrage. Toutes les incohérences du discours officiel perpétuellement relayé par les médias dominants sont révélées une à une. Rien ne tient dans ce qu’on nous a raconté. De l’attaque du Pentagone sans débris d’avion, aux improbables appels par portable des otages, sans oublier la troisième tour qui ne fut même pas percutée et qui s’effondra exactement de la même manière que les deux autres, tout ne fut que fables et faux-semblants. Reste la question de savoir à qui le crime a vraiment profité. D’après les deux auteurs, au complexe militaro-industrie américain, à Georges Bush et à l’état d’Israël. Ce drame servit de prétexte aux guerres dites « contre le terrorisme » en Irak, Afghanistan et Syrie. Il permit aussi de mesurer l’état de soumission de l’opinion publique et de mettre en place le « Patriot Act » avec toutes les mesures liberticides qui suivirent. La faiblesse de cet ouvrage par ailleurs très bien documenté reste dans les deux derniers tiers consacrés à une étude du monothéisme comme racine de la violence universelle, aux secrets de la tombe de Toutankhamon qui remettraient en question certaines vérités sur les origines historiques du peuple juif. Abraham et Moïse ne seraient peut-être qu’une seule et même personne. Puis l’auteur continue à s’égarer dans les millénarismes, les fondamentalismes et la ponérologie (théologie du mal). Le lecteur a eu un peu de peine à faire la connexion entre tous ces éléments supplémentaires parfois superfétatoires !
Ma note
3/5
LE TAOISME (JULIUS EVOLA)
Le résumé du livre
Lao-Tseu (570-490 av JC) et Confucius (552-479 av JC) furent contemporains, le premier étant plus métaphysique et plus initiatique que le second lequel était plus moral et plus politique que le premier. Alors que Confucius privilégiait l’orientation rationnelle, Lao-Tseu se plaisait plus dans le paradoxe, l’énigmatique et le déconcertant, d’où la difficulté d’une compréhension profonde et absolue du véritable taoïsme. Si Confucius fut un personnage historique défini et attesté, il n’en fut pas de même pour Lao-Tseu (dont le nom signifie « le vieil enfant ») qui aurait peut-être été un « historiographe » ou un archiviste de la cour impériale qui aurait tout quitté pour passer la fin de sa vie dans la solitude, avant de partir vers l’Occident (le Tibet) après avoir fixé sa doctrine et ses préceptes dans un livre appelé « Tao Te King » (« Le livre de la voie et de la vertu », Evola préfère traduire « Le livre du Principe »). On se demande même si le nom générique « Lao-Tseu » ne recouvre pas plusieurs auteurs de plusieurs époques… Au fil des siècles, taoïsme et confucianisme se mêlèrent, s’imbriquèrent jusqu’à perdre leur singularité et jusqu’à évoluer vers une forme de dogmatisme religieux très éloigné de l’esprit originel.
Ma critique
« Le taoïsme » est un court essai d’une soixantaine de pages fort intéressant que l’on peut recommander pour une première approche de la question. La partie historique et légendaire est remarquable. La définition classique que l’on trouve un peu partout parle d’une mystique quiétiste, reprise par le bouddhisme chán (ancêtre du zen japonais), d’une éthique libertaire qui inspira notamment la littérature, d’un sens des équilibres yin yang poursuivi par la médecine chinoise, du Yi-king et même d’un naturalisme visible dans la calligraphie et l’art. L’auteur précise tous ces points un à un, mettant l’accent sur le volet ésotérique, paradoxal et traditionnel de cette « sagesse » qui n’est ni vraiment philosophie, ni morale, ni mystique, ni religion, mais un peu tout à la fois. Ouvrage qui pourra servir d’introduction pour des recherches plus approfondies sur le sujet.
Ma note
4/5
CITADELLE (ANTOINE DE SAINT-EXUPERY)
Le résumé du livre
Au soir de sa vie, un roi berbère veut enseigner certains préceptes à son fils qui doit bientôt lui succéder sur le trône. Le roi semble avoir fondé un empire dont la cohésion repose sur la force de son armée, la vigilance des hommes de guet placés sur les remparts et la solidité des murs de sa citadelle. La plupart du temps il en réfère à son propre père et en appelle au divin. Souvent sortent de sa bouche des paroles de sagesse souvent teintées de pessimisme réaliste du genre : « N’espère rien de l’homme s’il travaille pour sa propre vie et non pour son éternité. » Ou bien : « Force-les de bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux qu’ils se haïssent, jette-leur du grain. » Ou enfin : « Mauvais quand le cœur l’emporte sur l’âme, quand le sentiment l’emporte sur l’esprit. »
Ma critique
« Citadelle » est un ouvrage difficile à classer. Ce n’est ni un roman, ni un essai, ni une fable, ni un conte, mais plutôt une accumulation de préceptes philosophiques, moraux, politiques ou spirituels, écrits un peu au fil de la plume, jetés comme des notes en vue de quelque chose de plus travaillé. En effet, c’est une œuvre inachevée que l’auteur ne comptait pas du tout publier telle quelle. Il souhaitait rendre son texte plus concis et plus clair en se concentrant sur quelques thèmes majeurs. Le livre reste donc un pavé assez indigeste de 508 pages qui tourne à la méditation informelle sur la condition humaine et sur la manière de diriger les hommes. Les thèmes de la montagne, de l’arbre, du navire, du désert, de la forteresse, de la sentinelle, de la cathédrale, du silence, de la prière et de Dieu reviennent en boucle comme s’ils tournaient à l’obsession et comme si l’auteur voulait les reprendre pour les peaufiner de plus en plus. Le lecteur se retrouve face à une suite de métaphores, de paraboles et d’allégories plus ou moins évidentes, parfois un brin sibyllines, révélant une spiritualité omniprésente très marquée de christianisme syncrétique et souvent teintée de relativisme. On peut s’étonner aussi du statut particulier du locuteur : est-ce vraiment un roi, un empereur, voire Saint-Exupéry lui-même ? C’est selon. Parfois il semble parler comme Dieu lui-même et parfois être un humble pêcheur qui en appelle à Lui. On aura donc un certain mérite à lire cet ouvrage in extenso. Un index de fin d’ouvrage peut permettre de procéder en diagonale, de piocher selon sa fantaisie, ce qui est peut-être une moins inconfortable manière de l’aborder.
Ma note
3/5
PLUS DURE SERA LA CHUTE (PIERRE LADOUE)
Le résumé du livre
Bastien, 12ans, se comporte comme un cancre rétif à tout enseignement. Un jour d’averse assez violente, son professeur principal, Monsieur Martineau lui propose de le raccompagner chez lui en voiture. Un peu étonné, le jeune accepte, bien content d’éviter d’être trempé. L’ennui, c’est que le professeur ne prend pas du tout la bonne direction et qu’il l’emmène sur une route de campagne, car il veut lui montrer « un truc »… Inès, 17 ans a disparu un soir du domicile familial. Elle est partie faire un tour à bicyclette après le dîner et n’est jamais revenue. Les parents ont signalé sa disparition à la gendarmerie. Et c’est un jeune gendarme, en binôme avec un vieux briscard surnommé le moustachu, qui doit mener à bien une enquête qui s’annonce difficile. Et même inquiétante quand il découvre dans le journal intime de la disparue qu’elle est prête à se prostituer pour pouvoir s’offrir les implants mammaires dont elle rêve…
Ma critique
« Plus dure sera la chute » est un petit recueil (56 pages) composé de deux nouvelles que l’auteur présente comme « histoires brèves ». Elles mettent en scène deux jeunes bien de leur époque, ce qui permet à l’auteur de distiller quelques réflexions aigre-douces pour ne pas dire acerbes voire ironiques sur certaines dérives de notre société. La quatrième de couverture parle « style inimitable ». En fait, son originalité consiste à s’affranchir de toute ponctuation et à se priver de tout emploi de majuscules, artifices qui ne facilitent en aucun cas la lecture du texte. Le lecteur a même l’impression de lire la retranscription directe et sans aucun travail stylistique d’un témoignage enregistré au magnétophone. Si on y ajoute un certain nombre d’étrangetés orthographiques comme « ine fine » en lieu et place d’ « in fine » ou comme l’amusant « une série tévée », une accumulation aussi redondante qu’agaçante de conjonctions de coordination, « et or » revenant à plusieurs reprises sans parler de lourdeurs comme « dans l’internet » ou « et donc voilà et aussi », on obtient ce fameux « style à ne pas imiter » qui semble au pire du brut de décoffrage, au mieux un parti pris d’originalité discutable. Il n’en demeure pas moins que les histoires sont intéressantes, bien menées et surtout que les chutes sont surprenantes et donc parfaitement réussies, ce qui est essentiel dans ce genre littéraire particulier.
Ma note
3,5/5
LE BARON VAMPIRE (GUY DE CHARNACE)
Le résumé du livre
Tenancier d’une modeste taverne dans la Bohème du XIXe siècle, Pan Schmoul a réuni autour de la table familiale son épouse et la moitié de ses douze enfants. Il a également convié son ami le colporteur Mendel. Tout irait bien dans la petite famille si le seigneur des lieux n’avait pas interdit à leur fils Rebb âgé de 14 ans et demi de continuer à jouer avec sa fille dans le parc de son château. Ne supportant pas cette humiliation, le jeune amoureux décide de partir à l’aventure pour découvrir le monde au grand désespoir de ses parents. En chemin, il finit par retrouver le brave colporteur Mendel qui accepte de le prendre comme associé de son petit commerce. Quelque mois plus tard, il décède laissant à Rebb toute sa clientèle et même un petit pactole. Un peu plus tard, le jeune homme qui a bien réussi dans le colportage, se fait embaucher par Monsieur Cohn, important homme d’affaires de Vienne qui l’initie aux arcanes de la finance qui n’est après tout que l’art de plumer moins malin que soi. Petit à petit, Rebb grimpe tous les échelons de la société jusqu’à devenir à Paris le baron de Rakonitz, titre fantaisiste s’il en est, en n’oubliant jamais de mijoter une terrible vengeance pour effacer l’affront subi dans sa jeunesse…
Ma critique
« Le baron vampire » est un court roman social sur le thème de l’ambition, de la ségrégation de classe et de la rancœur de petites gens contre les nobles et les puissants de l’époque. Il y a du Rastignac et du Monte-Cristo dans le personnage de Reb Schmoul, arriviste pas spécialement sympathique tant il ne songe qu’à accroitre sa fortune pour mieux assouvir sa vengeance. Mais n’est pas Balzac ou Dumas qui veut. Le style de Charnacé laisse un peu beaucoup à désirer. Il manque d’originalité et de peps. Heureusement que le texte est court. L’éditeur y a ajouté un autre intitulé « Heurt et malheur », cette fois mettant en scène un autre arriviste, breton, celui-là, qui répand lui aussi le malheur autour de lui, mais par l’intermédiaire de son épouse, fille d’un homme d’affaires ruiné par de mauvais placements. On reste dans les histoires d’amours contrariés, de différences de niveaux sociaux, de nobliaux dans la panade et de problème de mariages sans dot. Tout ça reste très daté et a fort mal vieilli. On peut s’en dispenser sans problème.
Ma note
2,5/5
CE QUE TU AS BESOIN D’ENTENDRE AUJOURD’HUI (MARIANNE VIALLET)
Avec ce charmant petit ouvrage, on nage dans le bien-être, le « feel good » et la zénitude . Cette série de 141 conseils et recommandations bien marquées au coin du bon sens, de la psychologie et de la philosophie un brin teintée de bouddhisme devraient nous être bien utiles tant ils sont tous très judicieux pour cheminer sur la voie pas forcément évidente du bonheur qui est peut-être ailleurs que « dans le pré ».
À conseiller à celles et ceux qui sont en recherche d’un mieux-vivre et d’un mieux-être, autant dire à tout le monde !
Ma note
4,5/5
EN ROUTE VERS L’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE (ROBERT ELGER)
Le résumé du livre
Etre autonome, c’est arriver à se suffire à soi-même. Etre autosuffisant dans le domaine alimentaire, c’est produire tout ou partie de nos besoins en nourriture. Pour y parvenir, il faut disposer d’un peu de terrain (l’auteur propose 6 à 8 ares soit 600 à 800 m2). On y installera un verger, un potager (même modeste), une petite basse-cour, quelques ruches et pourquoi pas quelques cages à lapins. Si l’on veut devenir encore plus autosuffisant et donc récolter en plus ses céréales et ses protéagineux, il faudrait disposer d’un terrain nettement plus étendu (12 à 25 ares au minimum). Mais il est possible de fournir une famille en légumes presque toute l’année avec seulement 2 ou 3 ares. Cette quête demandera cependant quelques capacités dans de nombreux domaines : botanique, météorologie, agronomie, maraichage, arboriculture, aviculture et apiculture. Sans oublier l’outillage indispensable…
Ma critique
« En route vers l’autosuffisance alimentaire » est un guide de référence pour le jardinier et l’éleveur amateur. En plus de nombreuses photos et tableaux de toutes sortes, il y trouvera de nombreux conseils judicieux sur la conduite du jardin potager, un peu moins sur celui du verger (la taille des arbres fruitiers juste abordée, seule la greffe en écusson est proposée), beaucoup sur l’élevage des poules et à peine quelques lignes sur celui des lapins. Le paragraphe consacré à l’apiculture semble un peu léger également. Quant à la permaculture, en dehors du fait que c’est la méthode qui respecte le plus le processus naturel et demande le moins de travail au jardinier, elle n’est envisagée que sur le thème des cinq zones du terrain. Le lecteur restera donc sur sa faim sur certains sujets. Qui trop embrasse, mal étreint, dit-on. Cet ouvrage de vulgarisation bien conçu et fort intéressant permettra surtout d’avoir une première vision d’ensemble du sujet. Libre à chacun de creuser ensuite. Alors, à nos binettes et à nos fourches-bêches et au boulot !
Ma note
4/5
LES CHAINES DE L’AVENIR (PHILIP K. DICK)
Le résumé du livre
Irma, Louis, Franck et quatre autres humains doivent vivre reclus dans une bulle boueuse et spongieuse appelée « Le Refuge ». Ils sont considérés comme des mutants supérieurs. Personne ne les oblige à rester là. Mais ils savent que s’ils quittent l’endroit, il leur sera impossible de survivre à l’extérieur car leurs organismes sont trop faibles pour résister aux conditions de vie réelles. Un certain Floyd Jones qui prétend être en train de revivre une année d’une vie qu’il a déjà vécue fait des prédictions devant quelques badauds dans une foire. Il annonce à Cussick, agent des services secrets de la Polsec, la montée au pouvoir du chef du parti nationaliste. Floyd ayant de nombreux disciples et représentant un danger pour le pouvoir est vite jeté en prison. Pourtant, un grave danger menace la Terre, une invasion de « Dériveurs », sortes de protozoaires venus de quelque part dans l’espace, ressemblant à des poulpes ou à des méduses, mous, lents et sans véritable conscience ni consistance, mais terriblement dangereux quand même car capables de limiter les voyages spatiaux.
Ma critique
« Les chaines de l’avenir » est un roman de science-fiction du grand Philip K. Dick, publié en version française en 1976, mais écrit en 1954 et paru aux Etats-Unis en 1956. Le lecteur découvrira une œuvre de jeunesse avec toutes ses faiblesses mais aussi quelque chose de très daté et qui semble mal supporter l’épreuve du temps. À cette époque, le monde venait juste de découvrir avec les bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki, la possibilité pour l’homme de complètement détruire son environnement. Ce fut un épisode charnière pour la science-fiction à l’origine optimiste et faisant une confiance aveugle dans la science et le progrès qui découvrait soudain l’éventualité d’un futur beaucoup moins réjouissant et abandonnait toute naïveté. Dans cet ouvrage, Dick ne se montre visionnaire que pour avoir pressenti la nécessité du transhumanisme. Les humains même entrainés ne pouvant s’adapter aux conditions de vie d’une autre planète, il imagine qu’on pourra améliorer leurs capacités physiques en créant des êtres adaptés dès la conception comme ce bébé au génome trafiqué doté de mains et de pattes palmées ainsi que de narines pouvant se fermer à volonté. En dehors de ça, rien de bien original, juste une intrigue sans grande consistance, des situations assez mal développées et des personnages assez peu intéressants. Pas du tout le meilleur de Dick. Lu juste par curiosité pour la genèse d’une œuvre littéraire foisonnante et hors du commun.
Ma note
2,5/5
FEU ET SANG (ERNST JÜNGER)
Le résumé du livre
Quelque part sur le front, dans le triangle Aras-Cambrai-Bapaume, le jeune Jünger s’éloigne un peu de la ligne de tir pour aller marcher dans une allée forestière, histoire de retrouver un peu de sérénité dans la nature, loin du fracas et de l’horreur des combats. Il constate mélancoliquement, qu’il ne se trouve plus dans l’enthousiasme et la fureur des débuts. Non, cette guerre de 14 n’est pas fraîche et joyeuse, se dit-il en évoquant la clairière recouverte de cadavres, découverte un peu plus tôt. En ce printemps radieux, il prend conscience de l’importance du « matériel », du pilonnage, de la préparation d’artillerie qui fait de terrible dégâts pour que l’infanterie puisse avancer de quelques mètres. Et à quel prix ! Seul un tout petit nombre de ses compagnons des premiers jours reste encore à ses côtés. Et voilà que se profile pour très bientôt l’assaut final, celui qui devrait être décisif et enfin mettre un terme à cette guerre cruelle…
Ma critique
« Feu et sang » est un court roman autobiographique sous forme de novella. C’est un témoignage précis, circonstancié, presque décrit minute par minute de quelques jours dans les tranchées côté allemand. L’assaut des lignes anglaises d’une barbarie absolue avec le mur de fer et de feu de l’artillerie est absolument dantesque. Les soldats tombent comme des mouches, se battent comme des lions souvent à la mitrailleuse lourde et finissent au corps à corps, à la baïonnette. L’auteur finit par être touché par une balle perdue alors que son groupe s’est victorieusement emparé d’un bout de tranchée. Il le sera quatorze fois au total ce qui lui vaudra la médaille de l’ordre « Pour le Mérite », la plus haute décoration militaire allemande. Cet ouvrage s’achève avec un second texte « La déclaration de guerre de 1914 », écrit 20 années plus tard dans lequel, jeune futur bachelier, Jünger raconte comme il a appris en vacances l’ordre de mobilisation générale et comment il s’est engagé volontairement. Il dut attendre trois jours pour pouvoir le faire tant les candidats étaient nombreux ! Un texte magnifique qui ne peut que faire réfléchir sur les réalités d’une guerre qu’on croyait la « der des der » à une époque où paradoxalement, Ukrainiens et Russes en reviennent quasiment aux mêmes « hachoirs à viande » que furent les guerres de tranchées, les drones et la technologie en plus !
Ma note
4,5/5
SARNIA (GERALD B. EDWARDS)
Le résumé du livre
Ebenezer Le Page a passé toute son existence sur l’île anglo-normande de Guernesey. Il ne s’est jamais marié et n’a eu aucun enfant, à sa connaissance. Un peu trop âgé et faisant déjà partie de la milice de l’île, il n’est pas parti faire la guerre de 14-18 en France alors que nombre de ses camarades n’en sont pas revenus comme Jim, son meilleur ami et presque son frère. Arrivé au soir de sa vie, il entreprend de raconter ce que furent environ 80 années d’une toute petite communauté vivant sur elle-même dans une tranquillité relative. Tout le monde y est plus ou moins cousin ou cousine de près ou de loin. Ebenezer évoque entre autres la vie de ses parents, de ses deux tantes Hetty et Prissy, de leurs époux et de sa sœur Tabitha avec laquelle il vivra assez longtemps, une fois ses parents décédés. En 39-45, l’île subira une occupation allemande assez rude. Puis, après la libération, l’île évoluera assez rapidement à cause du tourisme. Les gens partiront un peu partout. D’autres arriveront. Ebenezer, lui, ne quittera jamais sa petite maison, sa serre et son carré de tomates. Il n’ira jamais plus loin que la ville pour toucher sa pension, faire quelques courses, boire une bière au pub et pêcher en mer sur son petit bateau. Toute une vie de calme un peu égoïste avant l’arrivée de la télé qu’il exècre et de toutes les nouveautés technologiques ou sociétales qui firent de son petit univers un monde disparu.
Ma critique
« Sarnia » n’est ni un journal, ni un roman, ni un témoignage, mais un peu des trois. N’en déplaise à Maurice Nadeau qui avance dans son introduction qu’Ebenezer n’est en aucun cas G.B.Edwards, la sincérité, l’authenticité et la naïveté avec lesquelles toute cette saga ilienne est racontée laisse à penser qu’il y a au moins 90%, si ce n’est plus, d’Ewards chez Ebenezer. Il faut être de Guernesay, avoir vécu toute cette période, avoir connu tous les gens qui sont décrits pour pouvoir produire cet ouvrage un peu bizarre, mais tellement touchant. Il ne fut pas publié du vivant de l’auteur car refusé par tous les éditeurs de l’époque. Le temps a rendu justice à Edwards/Ebenezer qui savait si bien décrire ses contemporains. Il faut lire ce livre un peu long, mais jamais lassant ne serait-ce que pour les pages décrivant son amitié avec Jim, ses amours contrariés avec Liza (les deux s’aimaient sincèrement, mais n’arrivaient jamais à être en phase) et sa recherche éperdue d’un héritier à qui léguer sa maison, sa serre et le petit pécule en souverains d’or économisés sou à sou qu’il cachait dans coffre enterré dans son jardin. Les anciens pourront y retrouver la vie d’avant et les jeunes la découvrir.
Ma note
4,5/5
GLACE (BERNARD MINIER)
Le résumé du livre
Au sortir du téléphérique privé les amenant à leur centrale hydroélectrique juchée à plus de 2000 mètres d’altitude dans les Pyrénées, quelques ouvriers découvrent horrifiés le cadavre d’un cheval décapité et dépecé accroché à un portique… Diane Berg, jeune psychologue suisse, vient prendre son premier poste à l’Institut Wargnier, centre psychiatrique de très haute sécurité, spécialisé dans la détention de tous les pires sociopathes et psychopathes d’Europe, dont la direction est assurée par un certain docteur Xavier, psychiatre venu de Montréal, qui l’accueille tout à fait froidement… Le pur-sang sacrifié était la propriété d’Eric Lombard, PDG fort influent d’une multinationale, lequel exige qu’une enquête approfondie soit immédiatement diligentée. Et l’affaire se complique lorsqu’un randonneur découvre un homme complètement nu pendu par les bras et par le cou sous la voûte d’un pont tout proche… Si on y ajoute une vieille affaire de suicide collectif inexplicable d’ados âgés de 15 à 18 ans, on se retrouve devant une enquête bien délicate que devront conjointement mener Martin Servaz, flic divorcé, trouillard et hypocondriaque, et Irène Ziegler, capitaine de gendarmerie, dynamique, casse-cou et lesbienne…
Ma critique
« Glacé » est un thriller à la française s’étirant sur plus de 730 pages qui se lisent assez rapidement, mais pas non plus à une vitesse folle. On n’est pas vraiment dans le page-turner yankee. Le suspens n’est pas très haletant. L’histoire, écrite d’une manière plus punchy et plus « close to the bone » aurait pu aisément tenir sur 300 pages ! L’intrigue démarre sur des chapeaux de roues aussi improbables qu’invraisemblables. Imagine-t-on un milliardaire sacrifier son yearling préféré, un animal lui ayant coûté une fortune, juste pour éloigner les soupçons de la police ? Après une enquête un peu poussive suivie de la découverte capillotractée d’une première coupable fort peu crédible, le lecteur en arrive à une fin logique mais nullement surprenante. Cet ouvrage reste dans le style polar de divertissement comme nos bons éditeurs français nous en produisent à la pelle. Seule originalité de son auteur : sa propension à nous gratifier d’un nombre impressionnant de proverbes en latin !
Ma note
3/5
L’OBSOLESCENCE DE L’HOMME (GÜNTHER ANDERS)
Le résumé du livre
Sommes-nous de taille à nous mesurer à la perfection de nos produits ? Ce que nous fabriquons ne dépasse-t-il pas notre responsabilité et notre capacité de représentation ? Ne croyons-nous que ce qu’on nous autorise à croire ? Ne vivons-nous pas dans un narratif permanent, une réalité truquée, tronquée, pré-digérée, fantomatique ? Quel est le rôle des mass-médias dans la crétinisation et la passivité généralisée ? La télévision, en particulier, ne rend-elle pas l’homme passif et ne lui apprend-elle pas à confondre systématiquement l’être et l’apparence ? N’empêche-t-elle pas toute réflexion en privilégiant toujours l’émotion au détriment de la réflexion ? En un mot n’est-elle qu’un outil de propagande au service du pouvoir et des puissants ? Pour Anders, l’homme post-nucléaire est plus petit que l’homme lui-même. Il ressent de la honte vis-à-vis de la machine qui dispose de plus de mémoire, calcule plus vite et beaucoup mieux que lui. Paradoxalement, devenu omnipotent puisque capable, grâce à l’arsenal nucléaire, de faire disparaître sa planète, l’homme est devenu passif, indifférent, nihiliste et même « annihiliste » (néologisme de l’auteur). Il ne réagit plus, se contente d’obéir aux ordres sans réfléchir, devenant ainsi lui-même partie de la machine et donc à la racine du problème…
Ma critique
« L’obsolescence de l’homme » est un essai philosophique et moral, sous-titré « Sur l’âme à l’époque de la 2ᵉ révolution industrielle ». Il est suivi de deux autres textes : « Etre sans temps », une analyse très fouillée de la pièce de théâtre bien connue « En attendant Godot » et « Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’Apocalypse », étude des conséquences psychologiques, philosophiques et morales sur l’humain et sur la société en général de l’arrivée de cette arme de destruction absolue. Cet ouvrage publié en 1956 ne fut traduit en français qu’en 2002. Il n’en demeure pas moins d’une actualité encore plus frappante aujourd’hui. Même si sa lecture peut être parfois un peu laborieuse tant l’auteur a cherché à atteindre une précision presque scientifique de sa pensée et de ses concepts, le lecteur ne pourra qu’admirer la lucidité, l’intelligence et la perspicacité dont l’auteur a pu faire preuve. Plus qu’un visionnaire, Anders fut un analyste rigoureux, plein de fulgurances paradoxales, un des premiers à dénoncer les dérives du modernisme et en particulier la réification de l’homme ainsi que son aveuglement devant l’apocalypse. Il faut faire l’effort de lire Anders pour mieux comprendre notre étrange époque.
Ma note
3,5/5
LA FACE CACHÉE DU 11 SEPTEMBRE (ERIC LAURENT)
Le résumé du livre
Pour commencer son enquête, Eric Laurent se lance sur les traces d’Oussama Ben Laden dans les montagnes de Tora-Bora. Il aimerait bien y découvrir la fameuse base souterraine secrète d’Al Qaeda, hyper-équipée, avec des kilomètres de galeries, des salles de contrôle, de vastes entrepôts d’armes et de munitions et des entrées assez larges pour laisser passer des chars d’assaut. Mais les talibans ne lui montrent que quelques petites caches ou grottes où une poignée d’hommes peut trouver place en se serrant bien les uns contre les autres. Quant au « palais » de Ben Laden ce n’est qu’une pauvre maisonnette en pisé qui n’a même plus de toit ! Pas d’électricité. Pas de route. Aucun moyen de communication moderne. Comment une opération aussi sophistiquée que celle des attentats du 11 septembre aurait-elle pu être organisée depuis ces montagnes perdues ? Un premier doute s’empare du journaliste. Puis, quand il remonte une autre filière, celle de l’argent et des capitaux, il découvre un incroyable délit d’initiés couvert par la SEC, le gendarme de la bourse américaine. Quelques jours avant l’attentat et jusqu’aux dernières heures, des spéculateurs avaient pris des milliers de « putt open » (actions jouées à la baisse) sur « United Airlines » et « American Airlines » et empoché des millions de dollars. Comment avaient-ils été informés ? Pourquoi la SEC n’a pas réagi ? Et les doutes continuent de s’accumuler avec les listes des pirates de l’air données par le FBI et même celles des passagers des avions, toutes fausses. Les kamikazes auraient été entrainés sur des bases de l’armée de l’air américaine, ce que celle-ci rejette parlant, d’identités dérobées. En mai 2001, le MI6 britannique et les services secrets allemands avaient prévenu la CIA que des détournements d’avions étaient en préparation. Aucune réaction. Et quelques mois avant les faits, les Américains avaient organisés des exercices de simulation avec détournement d’avions et attaque du Pentagone et des tours du WTC. Bizarre, vous avez dit « bizarre » ?
Ma critique
« La face cachée du 11 septembre » est le résultat décevant de l’enquête d’un journaliste d’investigation qui est allé frapper à toutes les portes possibles des Etats-Unis à l’Arabie Saoudite en passant par l’Afghanistan, le Pakistan et le Qatar pour essayer de faire la lumière sur un drame qui coûta la vie à plus de 3000 personnes et détermina toute une suite d’évènements aux conséquences terribles (guerres, lois liberticides, reculs démocratiques, etc.) Il a interrogé des chefs d’État, des responsables de toutes sortes et nombre d’honorables correspondants de services secrets et n’a jamais obtenu de réponses satisfaisantes à toutes ses questions. Le NORAD était ce jour-là en alerte maximum en raison d’un exercice. Les avions de chasse pouvaient aisément intercepter et abattre les avions détournés. Aucune réaction non plus. Pourquoi l’ordre n’a-t-il pas été donné ? Idem pour le rôle particulièrement trouble de l’ISI pakistanais, des services secrets américains, CIA et autres. Le lecteur ressort de ce livre passionnant avec encore plus de doutes sur la version officielle qu’il n’en avait avant. Rien ne tient la route dans le narratif que les médias nous ont servi. Et encore l’auteur a-t-il laissé de côté tous les aspects techniques abracadabrantesques de cette sombre affaire ! Il termine d’ailleurs son enquête sur un aveu d’impuissance total, comparant ce drame à l’assassinat du président Kennedy : « L’assassinat du président américain en 1963 demeure un mystère entouré de mensonges ; le 11 septembre, lui, reste un ensemble de mensonges, entouré de mystères. » Saura-t-on un jour la vérité ? On peut raisonnablement avoir des doutes…
Ma note
4/5
HISTOIRE DES GUERRES DE VENDEE (EMILE GABORY)
Le résumé du livre
Le 12 juillet 1790, l’Assemblée constituante, se montrant plus antireligieuse qu’anti-monarchique, vote la « Constitution civile du clergé ». Evêques et prêtres seront élus par le peuple et devront prêter serment de fidélité à la République. Le clergé se retrouve aussitôt partagé entre « jureurs » et « réfractaires ». Bien qu’au départ très favorable à la Révolution, le petit peuple vendéen rejette « les jureurs » et à l’automne 1790, les premiers troubles éclatent dans le bocage vendéen. Des pétitions pleuvent, réclamant le retour de la liberté de culte. En vain. En août 1791, un décret permet de fondre les cloches des églises pour en faire des pièces de monnaie. Bientôt les paysans refusent de payer l’octroi, déplorant que la révolution qui avait promis de réduire les impôts n’ait fait que les augmenter. Les processions et les pèlerinages sont interdits. Des chapelles sont détruites. Et le 27 mai 1792, le pouvoir décrète la déportation de tous les prêtres réfractaires qui sont embarqués en Espagne ou en Angleterre. Les premières tentatives de révolte sont des échecs noyés dans le sang (500 morts à Bressuire). Et finalement, c’est la conscription et la levée en masse de 300 000 hommes qui mettra vraiment le feu aux poudres. Les Vendéens s’arment de fourches et de faux retournées et vont chercher dans leurs châteaux les quelques nobles un peu versés dans l’art militaire pour les mettre à leur tête. Ainsi Charette de la Contrie parvient-il à s’emparer pour un temps de Pornic. Puis ce sont d’Elbée, Bonchamps, les Sapinaud, La Rochejaquelein et tant d’autres qui se retrouvent contraints de suivre le mouvement. Ainsi débutèrent les guerres de Vendée qui s’achevèrent par le fer et par le feu sous les coups des terribles colonnes infernales de Turreau qui avait l’ordre écrit de la Convention de ravager le pays, de détruire les récoltes et les habitations et de trucider ceux qu’ils appelaient des « bandits », mais aussi les vieillards, les femmes, pour qu’elles ne produisent plus de rebelles, et les enfants, pour qu’ils n’aient jamais l’idée de venger leurs parents…
Ma critique
« Histoire des guerres de Vendée » est un essai historique d’une très grande qualité, précis, parfaitement documenté, antérieur aux travaux de Reynald Secher, l’historien contemporain qui fit le plus pour ramener à la surface l’histoire d’un génocide longtemps mis sous le boisseau. En effet, le « populicide » programmé, organisé, planifié par le comité de salut public et la Convention, fut doublé d’un « mémoricide ». Mais la vérité, même bien cachée au fond de son puits, finit un jour ou l’autre par revenir à la surface. Dans cet ouvrage qui est le condensé d’une œuvre monumentale de sept tomes, Emile Gabory ne fait qu’énumérer des faits tous indiscutables. Tout comme les Etats-Unis se sont construits sur le sang des Indiens, la République Française s’est établie sur celui des peuples de l’ouest qui avaient osé revendiquer la liberté de culte et donc s’opposer aux révolutionnaires. Il ne cache pas les nombreuses erreurs stratégiques que firent les Vendéens manquant de vigilance, d’organisation et de coordination. Il montre également le peu d’efficacité de l’aide des émigrés et du soutien de l’Angleterre (catastrophes de Quiberon et de l’île d’Yeu), la veulerie des princes, sans oublier le fatal franchissement de la Loire dans l’espoir fallacieux de faire alliance avec les Chouans de Bretagne et de Normandie et d’atteindre un port pour pouvoir continuer la lutte. Une « Virée de Galerne » qui sera aussi sanglante que fatale. Gabory termine cette tragédie avec la folle initiative de la duchesse de Berry en 1832 qui s’achèvera aussi dans le sang et enterrera pour toujours toute velléité de révolte dans l’Ouest. Entre temps, Napoléon avait ramené la paix religieuse en promulguant le Concordat. Un ouvrage majeur sur le sujet.
Ma note
4,5/5
L’EFFROYABLE IMPOSTURE DU RAP (MATHIAS CARDET)
Le résume du livre
Né au milieu des années 70 dans les ghettos noirs new-yorkais, le rap (signifiant entre autres « Rage against the police ») va rapidement s’imposer outre Atlantique comme le courant musical principal de la contestation. Dès les années 80, il envahit l’ensemble du territoire des Etats-Unis puis peu à peu celui de l’Europe en commençant par les banlieues défavorisées. Il devient le porte-parole des « sans-voix » qui peuvent enfin exprimer leur mal-être, leurs frustrations et leur rejet du système. Dans les années 90, il évolue en « gangsta rap », glorifiant les bienfaits des drogues, le bling-bling avec les grosses chaînes en or, les pétasses court-vêtues et les tueurs de flics. En ce qui concerne la France, ce sont quelques personnes branchées comme Bernard Zakri, correspondant à New-York du magazine « Actuel », Laurence Touitou, architecte et Sophie Bramly, photographe, qui l’importèrent et en firent la promotion. Ils passèrent le relais à Alain Maneval (Europe 1, émission « Pogo » et TF1 « Mégahertz ») qui commença à en diffuser sur les ondes croyant voir dans ce style musical un prolongement du mouvement « punk ». Une première tournée « Zulu Nation » fut un échec, le public préférant à l’époque le « rock steady ». Le succès finit par arriver en 1984 avec l’émission de télé « Hip-hop », NTM, IAM et autres Ministère Amer. Le rôle de Jack Lang, Jean-Paul Gaultier, SOS Racisme et Malek Boutih ne fut pas négligeable non plus…
Ma critique
« L’effroyable imposture du rap » est un essai sur un courant musical qui prédomina pendant plus de quarante années. Une incroyable longévité pour de la pseudo-poésie accompagnée de quelques riffs et scratchs de synthés, « rap » signifiant également « bavarder sur un fond rythmique » en argot noir américain. Si l’auteur, qui en fut grand fan avant de s’en éloigner, démonte bien le mécanisme de lancement d’un produit de consommation courante comme n’importe quelle lessive, s’il prouve que le but de l’opération était surtout de « calmer » les ghettos et ici les « banlieues » en y adjoignant une bonne dose de shit et qu’au bout du bout, que cette fausse « révolte » s’est terminée en consommation à outrance (basket, fringues, etc.) et donc en profits énormes pour ceux qui ont su en faire un bon filon (la fortune de Booba est évaluée à 40 à 60 millions de dollars), on se demande en quoi c’est plus une imposture que tout le reste et en quoi elle est effroyable, la récupération tout comme la marchandisation de tout et de n’importe quoi étant le principe même du capitalisme. Ouvrage intéressant si l’on veut s’informer sur les dessous de cette affaire, mais qui laisse un peu sur sa faim en raison de son titre racoleur.
Ma note
3/5
CONTES DE LA VIEILLE FRANCE (MAX JASINSKI)
Le résumé du livre
Au moment de passer un pont et de s’acquitter de son droit de passage comme tout un chacun, le roi Louis IX fait la connaissance d’un troubadour qui se plaint de ne pas pouvoir payer le péage. Le bon roi trouve une solution inattendue… À Pont de Briques, non loin de Boulogne, quelques moines vivent dans la solitude et la paix. Mais l’un d’eux se demande si, après une très longue période de béatitude, les élus ne finissent pas par s’en lasser quand même… L’acariâtre femme d’un pauvre paysan se plaint sans cesse de son sort. Et quand celui-ci rencontre un ânier qui fait obéir à coups de badine son animal rétif, il lui vient une idée… En enfer, Satan accueille l’âme pitoyable d’un pauvre poète. Il lui donne à pousser le feu de la chaudière où rôtissent les hôteliers qui le jetaient autrefois dehors… À Douai, Mme Elodie, épouse d’un riche drapier s’ennuie à mourir. Pour se distraire, elle invite à dîner trois bossus, tous très amusants, mais tous véritables fripouilles… Parti chasser, le jeune duc Désiré rencontre une jeune fée particulièrement jolie. Il en tombe amoureux et l’épouse aussitôt. Mais leur amour doit rester caché aux yeux des hommes… La mère Martin est si pauvre qu’elle finit par se faire saisir son unique bien, sa vache. Une voisine lui reproche de n’avoir pas su « graisser la patte » de son créancier. Cela lui donne une idée…
Ma critique
« Contes de la vieille France » est un recueil en comportant vingt-cinq, tous assez peu connus dans l’ensemble, quoi que de facture classique et comme inspirés des « Contes de Perrault » ou de « ma mère l’Oye ». Un conteur pourrait en régaler petits et grands au coin de la cheminée, devant une belle flambée un long soir d’hiver. Avec un égal bonheur, ils mettent en scène seigneurs et paysans, belles dames et bergères, tout comme bourgeois retors et avares et troubadours impécunieux. De temps à autres, apparaissent même de grands personnages ayant existé comme Charlemagne, Roland ou Saint Louis ou mythiques comme Merlin l’enchanteur ou la fée Viviane. Les textes sont courts, simples, efficaces et bien écrits donc tous très agréables à lire. Bien que publiés en 1920, ces contes n’ont pas pris une ride et peuvent parfaitement être lus et appréciés aujourd’hui, autant par les parents que par les enfants. Aucune mièvrerie, mais de la finesse et des histoires qui donnent à réfléchir sur les faiblesses et les vilenies humaines. À découvrir ou redécouvrir.
Ma note
4/5
JE SUIS PILGRIM (TERRY HAYES)
Le résumé du livre
Plongé dans une baignoire remplie d’acide type Destop, le cadavre de femme défigurée et avec toutes les dents arrachées est découvert par Pilgrim et son ami du FBI plongé dans une chambre de motel minable de la côte ouest. Pilgrim, qui cumule un nombre impressionnant d’identités différentes, fait partie de « La Division », une sorte de police des polices créée par le président Kennedy pour surveiller les multiples services secrets américains. Il en fut un des héros majeurs avant que celle-ci fut dissoute. Son ami, lui s’est distingué pendant les évènements du 11 septembre en sauvant un handicapé moteur bloqué dans les étages. À Djeddah (Arabie Saoudite) la décapitation au sabre de son père opposant au régime est à l’origine de la vocation de djihadiste du « Sarrazin » qui fut un héros de la guerre d’Afghanistan avant de diriger sa vengeance contre les Etats-Unis, meilleur soutien des Saoud. Il commence par énucléer le directeur adjoint d’un institut médical syrien, ce qui lui permet de voler des doses de vaccin contre la variole, maladie disparue depuis plus de trente ans mais qu’il veut répandre là-bas sous une forme nettement plus virulente…
Ma critique
« Je suis Pilgrim » est un roman d’espionnage à tiroirs dans lequel l’intrigue (une tentative de contamination par un virus « à gain de forme » se mêle à deux enquêtes policières adjacentes. Cet opus, premier roman de Terry Hayes, scénariste hollywoodien (« From hell », « Mad Max 2 ») spécialisé dans le spectaculaire et les effets spéciaux, se présente sous la forme d’un pavé de plus de 900 pages qui se lit relativement rapidement, mais sans être un véritable « page-turner », vu que le rythme s’essouffle parfois par manque de péripéties ou par des retours en arrière importants et même des histoires dans l’histoire. L’auteur a sans doute voulu trop en faire en privilégiant le gore et le spectaculaire au risque de tomber dans l’invraisemblance et le manichéisme. Le lecteur n’échappera pas au mythe du super-héros de chez Marvel qui sauve le monde à lui tout seul, qui se fait torturer à mort, mais arrive encore à se battre et à vaincre. Sans oublier le méchant qui arrive à bricoler un super virus dans un coin de garage avec quelques appareils d’occasion achetés sur internet et des tutos de même provenance. On y croit. Amateurs de vraisemblance, de nuance et de finesse, pourront s’éviter le pensum et en rester à John Le Carré et autres auteurs plus « sérieux ». Les autres apprécieront peut-être l’ouvrage pour son côté violent voire sadique, son spectaculaire et ses effets aussi faciles que clinquants.
Ma note
3/5
L’HOMME AUX GANTS DE TOILE (JEAN DE LA VARENDE)
Le résumé du livre
Sous Napoléon III, au fin fond de la Normandie, un homme dans la force de l’âge vit caché dans les bois où il bûcheronne rageusement. Bien qu’il ait des allures aristocratiques, il se fait appeler Monsieur Louis. Il semble vouloir expier quelque chose ou chercher à échapper à la police du régime. La plus jolie jeune fille de la région nommée Jacqueline, fille non reconnue d’un noble et d’une paysanne, s’attache à lui au point de venir chaque jour s’occuper de sa modeste demeure. Le hobereau du coin, le duc de Loigny, la tient plus ou moins sous sa protection. Il avait été page du comte d’Artois, puis aide de camp de Charrette et avait fini général d’Empire sous Napoléon Ier. Un soir, Monsieur Louis assiste par hasard à un coup de filet des gabelous contre des contrebandiers tentant de débarquer du tabac sur une plage. L’affaire tourne mal. Un homme grièvement blessé est récupéré par Monsieur Louis et ramené à sa famille. Il mourra le lendemain. Et quand les prisonniers devront être transférés au bagne, c’est un groupe de paysans qui viendra le solliciter de bien vouloir prendre leur tête comme au meilleur temps de la chouannerie pour organiser le coup de main qui devrait libérer leurs amis. Le faux bucheron accepte mais à la condition que les gueux ne se munissent ni d’armes à feu, ni d’armes blanches, mais juste de bâtons et de gourdins…
Ma critique
« L’homme aux gants de toile » est un roman que l’on pourrait classer dans le rayon « terroir » aujourd’hui. Publié en 1943, c’est surtout un livre nostalgique sur la fin de la petite aristocratie terrienne à peine plus riche que les paysans qui la servaient encore. Le style très travaillé et pas mal daté avec ses longues descriptions d’une méticulosité complètement inconnue de nos jours peut sembler un brin rébarbatif. D’autant plus que La Varende s’éternise un peu beaucoup dans la présentation de ses personnages qui ne sont que quatre pour les principaux si l’on inclut un certain Flammèche, colporteur trainant dans les campagnes, mais en réalité voyou parisien sans foi ni loi et surtout celui par qui le malheur arrive. À noter également quelques apparitions fugaces de Barbey d’Aurevilly que l’auteur a certainement dû fréquenter. Il le présente d’ailleurs comme nobliau de fraîche date, particulièrement attiré pour ne pas dire obsédé par l’étrange, le fantastique voire le « gore » comme on dirait aujourd’hui. Au total, un roman qui peut encore se lire surtout pour le dernier tiers où l’intrigue se déploie enfin, mais qu’on ne classera quand même pas dans les meilleurs du maître normand.
Ma note
3/5
LA TREIZIÈME TRIBU (ARTHUR KOESTLER)
Le résumé du livre
Au temps de Charlemagne, la partie de l’extrême est de l’Europe allant du Caucase à la Volga était dominée par un puissant état appelé l’empire Khazar, suzerain d’une vingtaine de petits royaumes bulgares, polonais, magyars ou rhus qui lui versaient tribu. À cette époque, les armées du califat, qui étaient parvenues à franchir les montagnes du Caucase, furent stoppées net par les armées khazars. Il s’ensuivit un conflit qui dura plus de cent ans. Ils permirent ainsi un certain répit à l’empire romain d’Orient en bloquant cette avancée à l’est pendant qu’à peu près à la même époque, Charles Martel en faisait autant à l’ouest du côté de Poitiers. Les Khazars étaient un peuple nomade. Ils avaient la réputation de ne jamais se laver, de porter les cheveux longs (blonds aux yeux bleus pour les « Khazars blancs » et bruns aux yeux sombres pour les « Khazars noirs ») et de pratiquer des sacrifices humains. Pris entre l’autorité de l’empereur byzantin chrétien et le calife musulman de Bagdad, la Khazarie finit par adopter la religion juive, histoire de conserver son indépendance. Mais la montée en puissance du peuple russe et surtout les grandes invasions mongoles signèrent la disparition de leur empire et leur éparpillement en Pologne et en pays magyar principalement.
Ma critique
« La treizième tribu » est un essai historique qui, s’il apprend pas mal de choses sur une des véritables origines du peuple juif, n’en demeure pas moins basé sur des sources peu fiables voire contradictoires (lettres de voyageurs, de diplomates, voire témoignages de seconde main…). Il reste certainement beaucoup à découvrir sur le sujet. Le lecteur y découvrira combien ces temps pouvaient être barbares. Ainsi les Khazars se débarrassaient-ils des gens qu’ils jugeaient trop intelligents. « Si tu en sais trop, on te pendra. Si tu es trop modeste, on te marchera dessus », disaient-ils. Il pourra revoir également pas mal d’idées reçues. À cette époque, le prosélytisme religieux était courant, la mixité aussi, tout comme les viols de captives. Résultat plus de peuple élu ni de race pure, mais une immense majorité de gens métissés. Koestler prouve ainsi que l’idée d’une « race » juive issue uniquement de Palestine est un leurre. Si les Séfarades (juifs d’Espagne puis du Maghreb peuvent se prétendre d’une lointaine origine moyen-orientale), les Ashkénazes (descendants directs des Khazars éparpillés en Europe de l’Est) sont d’ascendance turco-mongole, voire aryenne d’Inde. Rien n’est simple en ethnologie historique. Ouvrage intéressant pour une première approche du sujet.
Ma note
4/5
LA FRANCE CONTRE LES ROBOTS (GEORGES BERNANOS)
Le résumé du livre
De 1938 à 1945, Georges Bernanos, pressentant la catastrophe qui allait s’abattre sur la France, s’est exilé volontairement au Brésil avec toute sa famille. Il tentera sans grand succès de s’y reconvertir en éleveur, publiera de nombreux articles dans des journaux brésiliens et se rapprochera des cercles gaullistes de Français de l’étranger. Farouchement opposé à la politique de collaboration de Pétain, il renvoie dos à dos communisme et libéralisme, considérant que c’est bonnet blanc et blanc bonnet, un socialisme d’Etat pouvant très bien être le fait d’oligarques capitalistes. Il rejette toute « espèce de socialisme d’Etat, forme démocratique de la dictature. » Pour lui, la valeur suprême reste sans aucun conteste celle de la Liberté pleine et entière. Mais, dit-il « un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté ». Il se montre visionnaire quand il imagine les dérives que nous constatons aujourd’hui avec les QRCodes, les pass sanitaires et vaccinaux en attendant les pass « Carbone » et autres puçages sous la peau. « Et lorsque l’Etat jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer ou à la fesse comme le bétail. » Il démontre également l’impossibilité d’une coexistence entre Liberté et Egalité, cette dernière ne s’établissant qu’au détriment de la première. Sans oublier, les guerres de plus en plus techniques et meurtrières qui ne sont que les conséquences voulues et organisées du machinisme totalitaire. « Vos machines à fabriquer deviendront des machines à tuer », écrit-il.
Ma critique
« La France contre les robots » est un recueil de textes divers et variés tous sur le thème de la défense et illustration de la liberté. En plus du texte éponyme, le lecteur pourra découvrir diverses conférences et interviews donnés au Brésil, 16 lettres à des amis et un attirail de notes et variantes. Tout est limpide, prémonitoire et encore plus vrai aujourd’hui dans ces écrits datant de plus de trois quarts de siècle. Notre liberté chérie était menacée depuis longtemps. Bernanos en note les débuts avec la conscription obligatoire de la Convention, forçant tout Français à laisser l’Etat disposer de sa personne et de sa vie, ce qu’aucun roi ne se serait permis. Il regrette le temps où l’on pouvait quasiment faire le tour du monde sans le moindre passeport et pratiquement sans contrôle policier. (Seule la Russie et la Turquie l’exigeaient alors). Partout ailleurs, montrer une simple carte de visite suffisait à justifier de son identité. À l’époque de sa jeunesse, le relevé d’empreintes digitale n’était infligé qu’aux voyous et jamais aux honnêtes citoyens. Sans parler de l’impôt sur le revenu institué au début de l’autre siècle. Ainsi constate-t-il déjà qu’une à une, toutes nos libertés étaient grignotées au fur et à mesure que la Machine prenait de l’importance. Que ne dirait-il pas aujourd’hui ? Des textes fondamentaux que tous les amis de la liberté devraient lire ne seraient-ce que pour prendre la mesure de notre dégringolade !
Ma note
4,5/5
L’ENGRENAGE, MEMOIRES D’UN TRADER (JÉRÔME KERVIEL)
Le résumé du livre
Du 24 décembre 2007 au 24 janvier 2008, l’affaire Kerviel a fait éclater au grand jour la fragilité et les mensonges du monde de la finance. Quelques mois auparavant, le trader de la Société Générale Jérôme Kerviel avait fait gagner la bagatelle de 1,4 milliard d’euros à sa société grâce à des prises de risques assez insensées, mais encouragées par ses supérieurs tant que la banque ramassait la mise. C’est même le principe premier du bon trader : « Savoir prendre le maximum de risques pour faire gagner à la banque le maximum d’argent. » Comme son bilan de fin d’année a très largement dépassé le quota autorisé, il en reporte environ la moitié sur l’année suivante, espérant tout régulariser en quelques jours. Mais les marchés partent à la baisse et ne semblent plus vouloir remonter. Kerviel reste calme. Tant qu’il ne vend pas, il ne perd rien. Mais c’est à ce moment que les dirigeants se réveillent, le mettent en accusation, le licencient, portent plainte pour détournement de fonds, intrusion dans les systèmes informatiques et mise en danger de l’établissement bancaire. La Société Générale l’accuse de lui avoir fait perdre 4,9 milliards d’euros alors que toutes les ventes à perte pratiquées dans la hâte sur trois jours ont été le fait de ses collègues sur ordre de la direction. Et c’est le début d’un véritable chemin de croix pour le trader qui se retrouve en garde à vue puis en prison alors qu’il n’a pas détourné un seul centime à son profit…
Ma critique
« L’engrenage, sous-titré Mémoires d’un trader » est le témoignage sincère et touchant d’un homme honnête qui s’estime injustement accusé de malversations qui ne sont d’après lui que pratiques courantes dans le milieu bancaire. « Pas vu, pas pris » étant le principe premier du banquier. Il tente par cet ouvrage de se réhabiliter, de donner une image différente de celle des médias acharnés à sa perte. Il bossait de 7 heures du matin à 22 heures quasiment non-stop pour suivre l’évolution des marchés asiatiques, européens et américains. Il n’avait plus de vie personnelle, passionné qu’il était par son métier. Il était pris dans « l’enfer de la bonne gagneuse ». Pris dans un engrenage qui le dépassait, il fut traité comme une sorte de bouc émissaire et même de fusible au moment où la banque se trouvait dans de grandes difficultés. L’affaire tombait à point nommé pour faire oublier le scandale bien plus énorme des « subprimes ». Même si ce témoignage n’est plus d’actualité, il reste pertinent, vu qu’il permet de mieux comprendre ce qui se passe à l’intérieur des salles de marchés, comment les banques jouent au casino avec de l’argent qui n’existe pas (et même avec le nôtre, bien réel lui) et comment cette spéculation effrénée filant à la vitesse des octets peut créer des bulles, des krachs et de la misère et de la désolation partout dans le monde pour que Big Money et ses « banskters » s’en mettent plein les poches. Dans cet ensemble, le pauvre petit Kerviel ne fut qu’un lampiste qui le paya très cher quand même, 3 ans de prison ferme et 2 avec sursis (aménagés au bout de cinq mois) et surtout 1 million d’euros de dommages et intérêts toujours dus à la Société Générale. Comme le casino, la banque est toujours gagnante…
Ma note
4/5
LE TELEPHERIQUE ET AUTRES NOUVELLES (SYLVAIN TESSON)
Le résumé du livre
Un jeune couple part en voyage de noces en Chine, dans le Yunnan. Dans un village, ils rencontrent un Chinois francophone qui leur propose de les emmener visiter le gigantesque barrage des Trois Rivières, construit de main humaine et qui représente un million de kilomètres carrés de territoire noyé… Un millier de Russes vêtus d’uniformes de soldats de la Grande Armée veulent, comme chaque année, se réunir pour commémorer la bataille de Borodino (1812) qui fut pourtant une victoire napoléonienne. Mais le maire de la ville veut interdire l’évènement… À la mort de sa femme, un conducteur de tramway quitte son travail, vend son appartement et se bâtit une petite isba de rondins dans une forêt sibérienne pour tenter d’y vivre en ermite… Un jeune homme qui vient de jeter dans la boîte une lettre de rupture se met à regretter son geste. Il attend le facteur pour lui demander l’autorisation de récupérer sa missive… Le soir de Noël, deux employés de la compagnie de téléphérique du Cervin se retrouvent coincés volontairement dans une cabine de téléphérique bloquée sur son câble à plus de 2000 mètres d’altitude…
Ma critique
« Le téléphérique et autres nouvelles » est, comme son titre l’indique un recueil de sept nouvelles assez courtes, agréables à lire, dues à la plume de l’écrivain voyageur et aventurier Sylvain Tesson. L’air vif des montagnes suisses et des steppes sibériennes y souffle tout comme l’esprit mystique et un brin loufoque de nos amis russes. Toutes sont des histoires de la vie quotidiennes avec des chutes bien trouvées, souvent surprenantes, grinçantes ou ironiques. Quelques-unes illustrent l’éternelle aspiration de l’homme à une vie meilleure, à un regain de spiritualité, voire à plus de grandeur militaire. Selon moi, les trois meilleures sont « L’ermite », « La bataille » et « Le téléphérique », trois petits bijoux qui méritent vraiment le détour.
Ma note
4,5/5
LA MARCHE IRRÉSISTIBLE DU NOUVEL ORDRE MONDIAL (PIERRE HILLARD)
Le résumé du livre
Dans l’esprit des promoteurs du nouvel ordre mondial, il est indispensable d’abattre toutes les frontières et de démanteler complètement tous les états-nations pour atteindre leur objectif, le « village » global avec gouvernement unifié. Il est donc question dans un premier temps de créer de grands blocs géo-économiques continentaux, de les unifier, et de les standardiser aux normes américaines pour finir par arriver à une véritable gouvernance mondiale dans laquelle un tout petit nombre de ploutocrates milliardaires doit pouvoir décider de tout sans le moindre contrôle démocratique. L’humanité, préalablement conditionnée à aimer sa servitude, sera alors unie, mais aussi et surtout, nomade et interchangeable. Tout sera bon pour favoriser l’éclatement des états comme la submersion par le numérique, comme l’installation massive de populations extra-européennes, comme l’encouragement à des régionalisations (Catalogne, Pays Basque, Alsace-Pays de Bade, Belgique, Italie du Nord, Ecosse, etc.) et comme les délégations de pouvoirs régaliens divers et variés.
Ma crique
« La marche irrésistible du nouvel ordre mondial » est un essai géopolitique très bien documenté. La masse importante de notes, cartes, documents et annexes diverses en apporte la preuve. L’auteur s’attache particulièrement à la régionalisation comme arme de destruction massive des états-nations. Il s’agit de détruire avant de reconstruire selon le vieux principe de la table rase, de « l’ordo ab chaos » bien connu. Et tous ces remaniements ne touchent pas que l’Europe, les Etats-Unis, le Canada, le Mexique (Alena), mais même le Proche-Orient avec des projets de démembrement de la Turquie (mise en place d’un Kurdistan à cheval sur trois pays), de l’Irak, de la Syrie (déjà bien avancé) et même de l’Arabie Saoudite avec un territoire indépendant pour La Mecque et Médine, un Yémen renforcé et une grande Jordanie. En lisant cet ouvrage, on en vient à se demander si cette nouvelle construction style Tour de Babel n’est pas destinée un jour ou l’autre à finir de manière identique. Ouvrage très intéressant d’un point de vue historique, vu qu’il commence à dater un peu et que depuis sa parution, les évènements se sont pas mal précipités. Et cette marche est encore et toujours irrésistible aujourd’hui.
Ma note
4/5
LA SANTÉ GRÂCE AUX JUS FRAIS DE FRUITS ET DE LÉGUMES (CRISTINA & OLIVIER REBIERE)
Le résumé du livre
Ce petit ouvrage de 136 pages se présente sous la forme d’un guide pratique joliment illustré de photographies de fruits et de légumes tous faciles à se procurer. Il est composé de trois parties. La première rappelle l’intérêt pour la santé de consommer des légumes et des fruits frais si l’on veut bénéficier de tous les bienfaits des vitamines et de sels minéraux qu’ils peuvent nous dispenser. Frais, car la cuisson détruit tout ou partie des précieuses vitamines et sous forme de jus pour les concentrer et faciliter leur digestion en éliminant la pulpe. Les vitamines n’ont pas de valeur énergétique, mais elles jouent un rôle important dans notre organisme. Leur carence peut provoquer des déséquilibres lesquels peuvent induire toutes sortes de maux tels les problèmes de circulation sanguine, de cholestérol, d’anémie, de baisse d’énergie entre autres. Ainsi la vitamine A est-elle essentielle pour la peau et la vision, la B pour le système nerveux et les muscles, la C pour renforcer les défenses immunitaires, la D pour les os et la minéralisation, la E pour le sang et la vision et la K pour aider à la fixation du calcium. La deuxième partie présente les éléments nutritifs et les propriétés curatives d’un certain nombre de fruits et légumes, allant de l’ananas à la tomate. Et la dernière présente 73 recettes très simples avec en général deux ou trois ingrédients, jamais plus, et les effets espérés de leur ingestion régulière dans le cas d’acné, d’allergies, d’anémie, de cellulite, de chute des cheveux, de circulation sanguine, de cholestérol, de colite, d’insomnie entre autres.
Ma critique
D’un accès et d’une lecture facile, cet ouvrage peut représenter une première approche en douceur de tous les aspects d’une cure de jus de fruits ou légumes. On remarquera que les auteurs ont privilégié la simplicité, peu ou pas de fruits ou légumes exotiques, rares ou difficiles à se procurer, pas d’ajout d’épices diverses et variées et même un conseil astucieux pour ne pas gaspiller la pulpe qui ressort de l’autre côté de l’extracteur, conseil d’ailleurs répété à de nombreuses reprises. Cela donne envie de se lancer, mais sans trop s’illusionner sur les résultats « thérapeutiques ». À mon humble avis, ces jus, pris régulièrement, peuvent permettre de se maintenir en bonne santé si on l’est déjà et, éventuellement, améliorer sa santé et son confort de vie. Mais pour ce qui est de l’aspect purement curatif, on demande à voir…
Ma note
4/5
L’AMERIQUE EMPIRE (NIKOLA MIRKOVIC)
Le résumé du livre
Le grand sceau des Etats-Unis représente un aigle pygargue tenant dans sa serre gauche treize flèches symbolisant les treize états en guerre contre l’Angleterre et dans sa serre droite un rameau d’olivier, signe de paix. Le rapace tourne la tête vers la droite montrant ainsi qu’il préfère la paix à la guerre. Toute l’histoire des Etats-Unis a malheureusement montré l’inverse et ceci, dès le début, dès la conquête de l’Ouest, avec le génocide planifié des premiers occupants, les Indiens. Et au fil des années, les Etats-Unis, tout en se présentant comme les parangons de vertu, de liberté et de démocratie, se sont transformés en machine de guerre tous azimuts dont le but est de défendre certains intérêts financiers au détriment du bien commun national et de la paix mondiale. Ils furent en guerre contre une quantité incroyable de pays et intervinrent et interviennent toujours partout (Mexique, Haïti, Cuba, Hawaï, Porto-Rico, Chine, Japon, Corée, Vietnam, Afghanistan, Serbie, Irak, Libye, Syrie, pour n’en citer que quelques-uns). Depuis sa création, cet état n’a pratiquement jamais cessé d’être en guerre quelque part. Il dispose de plus de 700 bases militaires à l’extérieur de son territoire et mène grâce à l’OTAN et à des structures supranationales une politique de colonisation physique et culturelle d’un nouveau genre. Il prend le contrôle des élites, fait main basse sur les ressources, prélève sa dime, mais s’exonère de tous les fardeaux habituels du colonisateur ne construisant ni routes, ni hôpitaux, ni écoles dans les pays conquis. Un tel empire ne tenant que par la suprématie du dollar et la puissance militaire peut-il espérer durer éternellement ?
Ma critique
« L’Amérique empire » est un essai historique et géopolitique de très grande qualité et à ce titre il est particulièrement intéressant pour qui se passionne pour le sujet et se demande où va le monde si la finance globalisante arrive à prendre le dessus sur tout en se servant de la puissance de cet empire quasi universel, ce gendarme du monde aux pieds d’argile, ne vivant que de prédations (« yankee » signifiant voleur, prédateur et tricheur) et de crédit (le dollar monnaie mondiale lui permettant de faire tourner la planche à billets toujours plus vite). L’auteur remonte à la création du pays. Il nous montre une évolution logique basée sur la prédominance de l’argent et de l’économie sur la démocratie, la liberté et le bonheur des peuples. Cette politique qui ne profite qu’aux ultra-riches ne peut déboucher que sur le malheur ou le chaos un peu partout dans le monde et en premier lieu aux USA. L’auteur analyse fort judicieusement les réactions populistes étouffées dans l’œuf et l’éventualité de l’arrivée d’un ou plusieurs grains de sable pouvant détraquer la belle mécanique mondialiste (Russie, Chine, Inde, etc). À conseiller absolument.
Ma note
4,5/5
KAÏKEN (JEAN-CHRISTOPHE GRANGE)
Le résumé du livre
Le commandant Olivier Passan et son adjoint Philippe Delluc dit « Fifi » tentent une intervention coup de poing dans la cité du Clos Saint-Lazare de Stains (Seine Saint-Denis). Ils cherchent à obtenir un « flag », mais arrivent trop tard. Ils ne découvrent dans un hangar qu’une femme étripée avec son fœtus calciné. Guillard, le tueur surnommé « l’accoucheur », a réussi à leur échapper. Il se met à courir à travers champs. Mais Passan arrive à le rattraper, le roue de coups et manque de le jeter sous les roues d’un camion. Pour le juge Calvino du TGI de Bobigny c’est une bavure impardonnable. Non seulement Passan est intervenu sans mandat, mais en plus il n’a aucune preuve valable contre Guillard qui dispose par ailleurs d’alibis en béton. Il va pouvoir porter plainte une nouvelle fois contre le flic, mais cette fois pour agression et tentative de meurtre. Il devra donc être relâché et Passan dessaisi de l’affaire. Mais c’est mal connaître le policier que de croire qu’il va abandonner la traque aussi facilement…
Ma critique
« Kaïken » est un thriller des plus classiques, avec son habituel lot de crimes, de sadisme, de tortures et d’hémoglobine qui ravit tant les amateurs. Le personnage de Passan, flic rebelle et obstiné, n’a pour seule originalité que d’être admiratif du Japon, mari d’une très jolie Japonaise ex-top model et père de deux gentils métis eurasiens. L’intrigue est surprenante dans le sens où le lecteur découvre quasiment deux romans dans le roman. Jusqu’au deux tiers, on court derrière un psychopathe hermaphrodite qui veut se venger de la société en général et des femmes enceintes en particulier. Puis soudain, celui-ci disparaît en s’immolant par le feu. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Il n’en est rien. Grangé repart illico sur une seconde affaire, celle d’une mère porteuse en train de devenir folle. Ce pavé (476 pages) de divertissement morbide qui se lit aisément, reste quand même de la littérature de divertissement pour ne pas parler de « roman de gare ». Les amateurs de japonaiseries (avec samouraï, ronins, seppuku, bushido, kenjutsu, kaïken et katana) apprécieront sans doute beaucoup cette plongée dépaysante, les autres peut-être un peu moins.
Ma note
3/5
ROCK’N ROLL CIRCUS (SAM BERNETT)
Le résumé du livre
De juin 1969 à décembre 1972, le « Rock’n roll Circus », night-club fondé par Sam Bernett, fut le phare et la référence des plus folles nuits parisiennes. Au lendemain de mai 68, l’ambiance était à la liberté totale, au « jouir sans entrave » et à « l’interdit d’interdire ». Animateur sur RTL, assistant du célèbre « Président Rosko » de Radio-Caroline, Sam se trouvait aux premières loges pour suivre de près la scène rock en pleine explosion et mutation psychédélique. Il commence par reprendre en main « La Tour de Nesles », boîte à l’ancienne en perte de vitesse. Il y diffuse de la musique que l’on entend nulle part ailleurs, annonce qu’il est complet tous les soirs alors qu’il ne reçoit que ses amis, la bande de Johnny Hallyday, Dutronc et les Holgado. Et très vite, grâce au bouche à oreille, c’est un tabac d’autant plus retentissant quand Joe Cocker, encore inconnu, vient y chanter « With a little help from my friends » un an avant Woodstock. Le local devenant trop exigu, il ouvre le « Rock’n roll Circus » dans l’immeuble de « l’Alcazar » avec un décor de cirque en rouge et jaune. Les plus grands y firent le bœuf : Gene Vincent (à titre de dernier concert avant sa fin tragique et contre une caisse de bière), mais aussi les Beach Boys, Pink Floyd, Jimmy Page et Led Zeppellin, Johnny et Edgar Winter, Rory Gallagher, Eric Clapton, Jimmy Cliff, Soft machine, etc. Un succès fracassant, mais de bien courte durée…
Ma critique
« Rock’n roll Circus » est un livre de témoignage et de souvenirs très agréable à lire. Sam Bernett a cherché à rendre l’ambiance joyeuse, folle et créative de l’époque. Il a côtoyé les plus grands. Dans le cahier central rempli de photos de sa collection personnelle, on le retrouve en compagnie de Brigitte Bardot, Alain Delon, Mireille Darc, Polanski, Salvator Dali, Serge Gainsbourg ou Raymond Poulidor. Et pourtant les amateurs d’anecdotes croustillantes et de potins indiscrets en seront pour leurs frais. C’est tout juste si l’on apprend que l’herbe s’y fumait discrètement et que si l’héroïne et la cocaïne étaient encore assez peu répandues, le LSD et ses hallucinations pas toujours géniales circulait largement. Ces trois années de sexe, drogues et rock’n roll commencées dans la joie et allégresse s’achevèrent assez tristement. Jim Morrison, le leader des « Doors » vint y mourir d’une overdose d’héroïne trop pure et d’alcools trop forts dans les toilettes de l’établissement. Ses deux « amis » dealers embarquèrent le cadavre comme s’il avait été ivre. Sam se retrouva affublé d’un directeur incapable. Son meilleur ami, Dominique Petrolacci, se suicida et son excellent disc-jokey et déserteur américain, Cameron Watson, le quitta. Il était temps d’arrêter l’aventure et d’aller créer d’autres lieux comme le « Malibu » ou le « Bus Palladium ». Un livre que les anciens pourront lire avec nostalgie et les jeunes juste pour découvrir un temps où Paris était vraiment une fête !
Ma note
4,5/5
LES CAVALIERS DE LA PYRAMIDE (SERGE BRUSSOLO)
Le résumé du livre
Antonus Crassus Samsala, vendeur de gladiateurs de profession, a décidé de partir en Egypte pour changer de vie et faire fortune. Et le voilà perdu en plein désert, lancé dans une course au trésor. Il doit d’abord franchir un défilé rocheux battu par des vents de sables si puissants qu’ils peuvent dépecer totalement un homme même couvert d’une peau de rhinocéros ! Puis il lui faudra trouver un obélisque aux faces couvertes de signes mystérieux qui pourraient lui servir pour la suite à condition d’arriver à les faire traduire. C’est un gladiateur mourant qui lui a révélé l’existence d’une pyramide pleine d’or enlisée dans des sables mouvants et toujours inviolée. L’ennui c’est que les premiers indices gravés sur l’obélisque ont été complètement effacés par l’érosion. Mais seule une jeune vierge aveugle appelée Tanita aurait la possibilité de les imaginer en les effleurant de ses doigts hypersensibles…
Ma critique
« Les cavaliers de la pyramide » n’est pas vraiment un « thriller antique » comme l’annonce la quatrième de couverture, mais plutôt un roman de fantaisie ou d’aventures historiques, tant le fantastique l’emporte sur l’historique. Le lecteur devra mettre cartésianisme et amour de la vraisemblance au vestiaire s’il veut vraiment profiter de ce roman bizarre et tout à fait charmant, plein de rebondissements, de situations abracadabrantes et de personnages hauts en couleurs comme cet improbable couple composé d’un cul-de-jatte fort comme un Turc, prénommé Shagan, et une géante ou femme-jument, Junia, qui a la particularité de souffrir du syndrome de la mante religieuse c’est-à-dire de se sentir obligée de dévorer le mâle, histoire de finir en beauté l’acte d’amour ! C’est très bien écrit, très facile à lire, vivant et bien rythmé. Que demander de plus pour des aventures aussi époustouflantes ?
Ma note
4,5/5
RIRE POUR NE PAS MOURIR (JEAN-MARIE BIGARD)
Le résumé du livre
Né à Troyes le 17 mai 1954, Jean-Marie Bigard est le benjamin d’une fratrie de quatre enfants. Issu d’un milieu modeste (père charcutier itinérant, mère et sœurs ouvrières), il est assez malheureux à l’école, mais finit par être révélé par un jeune prof qui encourage son jeune talent d’écriture. Mais il rechute assez vite pour se retrouver à 16 ans en lycée technique dont il ressort avec un BEP de mécanique générale. Refusant d’entrer à l’usine, il se lance dans le rafistolage de vieilles Tractions avant avec quatre copains. Il pratique le handball à un très bon niveau en National 2. Il n’a que 20 ans quand sa mère meurt suite à un cancer du pancréas. Il est alors barman à Troyes. Puis son père est assassiné chez lui, d’abord poignardé puis achevé à coup de carabine par un amant jaloux. Jean-Marie passe par le CREPS et devient prof de sport pendant trois ans dans un lycée de filles. Lassé de l’enseignement, il reprend un job de barman de night-club. Parallèlement, il commence à jouer à l’Atelier T, petit théâtre de centre-ville où il fait connaissance d’un premier humoriste, Tex. Son appartement ayant brûlé avec tous ses biens, le voilà filant vers Paris dans l’espoir de se faire engager dans la troupe du « Petit théâtre de Bouvard », qu’il ne pourra pas intégrer. Il devra se contenter de végéter dans la petite salle du « point Virgule » avant d’être accepté dans l’émission de Fabrice « La classe », ce qui enfin le fera connaître du grand public. On connait la suite. Le Splendid, puis l’Olympia, Bercy et l’apothéose au Stade de France…
Ma critique
« Rire pour ne pas mourir » est une autobiographie partielle et à quatre mains d’un humoriste qui fut particulièrement aimé du public. Dommage qu’elle s’arrête en 2007, c’est-à-dire au sommet de sa gloire avec son spectacle joué devant 52 000 spectateurs au Stade de France, prouesse qui lui coûta un million d’euros et que seule la vente de millions de DVD lui permettra de compenser. Le lecteur découvrira dans ce livre bien écrit et très agréable à lire que la vie du comique fut loin d’être un long fleuve tranquille, que les épreuves ne lui furent pas épargnées et même qu’il en accumula un nombre largement supérieur à la moyenne. La mort de ses parents, de ses amis, l’incendie de son appartement, les souffrances de son épouse, la dèche, les difficultés à percer l’ont marqué profondément. Comme tous les clowns, il est triste et a l’élégance de toujours vouloir faire rire ses semblables pour ne pas avoir à pleurer sur son sort ou sur le nôtre. Cette confession honnête, pleine de sensibilité, d’amour et de foi (Bigard n’a de cesse de proclamer sa confiance en Dieu malgré ou à cause de tout ce qu’il a dû subir), permet au lecteur de découvrir un homme bon, honnête, touchant, très loin du personnage un peu vulgaire voire graveleux que certains de ses sketchs pourraient laisser imaginer.
Ma note
4/5
LA VALSE DE L’ADIEU (PHILIPPE DE VILLIERS)
Le résumé du livre
8 août 1808 en Vendée : sept années plus tôt, Napoléon est parvenu à rétablir la paix civile en permettant la paix religieuse grâce au Concordat. La Vendée panse ses plaies et se rassemble, Blancs et Bleus côte à côte, aux Quatre Chemins de l’Oye, pour acclamer l’Empereur venu rendre visite au département meurtri. Il en profite pour demander aux soldats et villageois de quel bord ils étaient pendant la guerre. Et voilà que l’un de leurs maires, Jean Rognonille, frère de « La Hussarde », chouanne renommée, répond qu’il était « neutre » ! Il se fait aussitôt traiter de « Jean-Foutre », insulte et sobriquet qu’il va trainer honteusement bien longtemps. Craignant la mort sociale et manquant de clients dans son échoppe de luthier, il invente un nouvel instrument fait de bois peu chers qu’il baptise « violondaulne ». Il rencontre bientôt l’amour de sa vie, la Pibole, fille de meunier avec qui il souhaite se marier. Mais l’évêque non-concordataire de son village refuse de publier les bans, le trouvant trop « neutre » lui aussi. Puis c’est au tour du préfet de ressortir de vieux dossiers comme la disparition suspecte de registres paroissiaux ainsi que celle d’un arpenteur trop curieux. Jean se retrouve devant ce marché : la prison ou l’armée. Il devra partir un an comme musicien-gagiste en échange de l’immunité. Et le voilà donc intégré à la Grande Armée et embarqué dans la campagne de Russie…
Ma critique
« La valse de l’adieu » est un roman historique de belle facture basé sur des faits réels assez incroyables comme cette rencontre au fin fond de la Pologne entre un « ménestrier » vendéen et de très jeunes virtuoses polonais dont un certain Frédéric Chopin. Dans ce roman-fleuve (592 pages), Philippe de Villiers s’est attaché à faire revivre une période historique assez peu connue celle de l’après-guerre de Vendée avec la période napoléonienne, mais aussi la Restauration et même le retour sur le trône des Orléans et la tentative avortée de coup d’état inspirée par la Duchesse de Berry pour le compte du seul authentique prétendant, son fils, Henri d’Artois, comte de Chambord. Le lecteur découvrira que la Vendée très impliquée n’aura plus le ressort dont elle disposait avant le génocide. Sa description de l’invasion de la Russie, de la mise à sac de Moscou, de son incendie et de la retraite qui suivit avec le passage de la Bérézina qui sera fatal au personnage principal mérite à elle seule le détour. Elle est incroyablement dantesque. Il est difficile de s’imaginer toutes les souffrances que les grognards endurèrent. Cela dépasse l’imagination. Cet ouvrage est un authentique travail d’historien et d’ethnographe. Une bibliographie énorme en atteste. On ne peut que conseiller ce livre à tous les amateurs d’Histoire. Seul petit reproche : le texte est truffé de mots de patois vendéen pas toujours compréhensibles pour le lecteur lambda. Une traduction en note de bas de page aurait été la bienvenue.
Ma note
4,5/5
CHEMTRAILS, LES TRACES DE LA MORT (NENKI)
Le résumé du livre
Les chemtrails sont les trainées bizarres en X, en quadrillages et autres, laissées par les avions visibles quand les ciels sont clairs. Observés par tout un chacun depuis quelques années, seraient-ils composés d’autre chose que d’inoffensive vapeur d’eau ? Normalement les « contrails » (sillages de vapeur d’eau) se dissipent en environ 10 minutes. Ce n’est pas du tout le cas des chemtrails (trainées chimiques) qui restent beaucoup plus longtemps en suspension et finissent par former des nuages qui n’ont rien à voir avec les cumulus ou les cirrus. Les résultats d’analyse montrent que ces épandages peuvent contenir des produits chimiques, des minéraux, des sels, du baryum, de l’aluminium, du magnésium, de l’iodure d’argent, des polymères hydrophiles, et même des particules de champignons microscopiques, tous toxiques pour la faune et la flore. L’auteur constate même diverses conséquences sur sa propre santé et celle de sa femme après ces épandages comme des symptômes de grippe en plein été. N’y aurait-il pas un lien de cause à effet entre ces deux phénomènes ? Dans quel but les gouvernements et de grosses multinationales comme Raytheon se livreraient-ils à ce genre de couteux exercice ?
Ma critique
« Chemtrails, les tracés de la mort » est un essai basé sur une importante recherche réalisée principalement grâce à une compilation de documents trouvés sur de nombreux sites internets (tous mentionnés). Bien entendu leurs conclusions n’ont pas grand-chose à voir avec la doxa officielle d’ailleurs difficilement défendable, la vapeur d’eau et les dégazages de kérosène ne tenant pas la route. Les témoignages d’un mécanicien découvrant dissimulées à l’intérieur d’un avion de ligne d’étranges bonbonnes connectées aux évacuations extérieures d’eaux usées et d’un cadre de compagnie aérienne parfaitement informé d’une opération de ce genre (« Cloverleaf », « Redsky » et autres) sont tout à fait troublants. Mais pourquoi ces pulvérisations ? Volonté de modifier le climat à sa convenance (faire tomber la pluie ou non. La Chine s’en est vantée), travailler sur les ondes et les radiations, répandre des virus voire des vaccins (dixit Bill Gates), expérimenter des armes climatiques et chimiques ? (On se souvient des ravages de « l’agent orange » pendant la guerre du Vietnam). Enquête intéressante qui pose plus de questions qu’elle ne propose de réponses d’autant plus quand l’auteur relie ces arrosages aux réseaux du « projet Haarp », aux tours « Gwen », aux OVNI, (avec références bibliques et autres textes anciens), et même aux « petits gris ». On en prend et on en laisse, bien sûr…
Ma note
4/5
LES MORTICOLES (LEON DAUDET)
Le résumé du livre
Simple vannier, Félix Canelon ne veut pas rester toute sa vie dans son village, il a envie de découvrir le monde. Il décide d’embarquer comme matelot sur le « Courrier ». Mais après une longue traversée, le capitaine Sanot perd son cap dans la tempête et se retrouve sous la menace des canons d’un vaisseau battant pavillon noir à tête de mort et tibias entrecroisés au large du territoire des « Morticoles », des hypochondriaques étranges qui ont donné tous pouvoirs à une corporation de médecins tous plus tyranniques et déjantés les uns que les autres. Le « Courrier » n’a pas touché terre que déjà l’équipage est mis en quarantaine, douché au détergent et privé de ses vêtements et de ses quelques restes de nourriture. En échange, on lui fournit des biscuits bizarres au goût infâme. S’ensuivra un internement dans un hôpital pour nécessiteux pour Félix qui sera séparé de ses compagnons. Pour essayer d’obtenir un meilleur avenir, il tentera de devenir étudiant en médecine, échouera à un examen humiliant et finira par se retrouver domestique chez plusieurs médecins en rêvant toujours de pouvoir enfin rentrer chez lui, loin de ce territoire de tyrannie sanitaire.
Ma critique
« Les Morticoles » est un roman en forme de fable satirique, un réquisitoire implacable du monde médical dans tous ses états. Il faut préciser que Léon Daudet connaissait très bien ce milieu. Qui aime bien, châtie bien, dit-on. Là, il y va à gros traits, à grands coups de serpe. C’est un brin outré voire caricatural, mais non dépourvu de vérité quand même. Les Morticoles se veulent anticléricaux et athées militants. Ils ne veulent plus croire en Dieu, mais en la Matière. Ils se revendiquent de la science alors que la médecine est plus un art empirique qu’autre chose. Ne dit-on pas que le médecin soigne, mais que la Nature guérit ? On est tout à fait dans la veine humoristique grinçante des Diafoirus et autres fanatiques de la saignée et de la purge du génial Molière. Tous les aspects du problème passent à la moulinette du polémiste : la spécialisation à outrance, l’obsession de l’enrichissement personnel, la peine de mort, la stérilisation des masses (oblation des ovaires pour offrir plus de liberté sexuelle aux femmes riches), les expérimentations loufoques et cruelles sur humains et animaux, les trafics d’organes, les vaccinations bizarres, la justice corrompue, la prostitution, la psychiatrie avec toutes ses outrances et même les déviances sexuelles, mais de manière plus discrète. À noter les patronymes amusants des personnages : Cloaquol, Burnone, Loupugan, Lebide, Clapier, Cudane et autres Ligottin (spécialiste de la camisole de force et du jet d’eau glacée). Datant de 1899, ce texte bien écrit se lit toujours agréablement en se disant qu’avec les derniers exploits de la caste, rien n’a vraiment changé avec le temps !
Ma note
4,5/5
L’INVITE DU CIEL (ISAAC ASIMOV)
Le résumé du livre
Âgé de 12 ans, le jeune Jonathan arrive avec sa mère, inspectrice planétaire, sur Anderson 2, dernière conquête de l’humanité qui est peu à peu couverte de végétation grâce à des graines venues de la Terre. Au cours d’une promenade, il découvre une étrange créature, une sorte d’énorme roue mécanique qui s’approche d’un homme roux armé de cartouches de dynamite, prêt à faire exploser la chose. Jonathan tente de l’en dissuader. La roue se met à briller de mille feux et à lancer des éclairs. Un peu plus tard, Jonathan entre en communication télépathique avec une plus petite roue. Il est persuadé que ces choses sont des êtres vivants à part entière. Il tente de convaincre sa mère qui a le pouvoir d’autoriser ou d’interdire la conquête définitive d’Anderson 2. En effet, si une planète est habitée par des êtres vivants, les Terriens s’interdisent de la coloniser, sans doute pour ne pas perturber l’harmonie des sphères célestes. Le jeune garçon y parviendra-t-il ?
Ma critique
« L’invité du ciel » se présente comme un court roman ou plutôt une « novella » de science-fiction plutôt destinée aux ados, mais pouvant être lue avec plaisir par des adultes. On y trouve, outre le style du maître, beaucoup de poésie et de sagesse. C’est même une sorte de très joli conte de Noël tout à fait touchant de naïveté, de charme et de bons sentiments. Ces roues ne symbolisent-elles pas la nature saccagée par l’homme voire les animaux exploités, en voie de disparition et même les autres hommes génocidés, liquidés comme les Peaux-Rouges de l’Ouest américain, comme les aborigènes d’Australie et autres pour laisser place aux envahisseurs ? À conseiller bien évidemment.
Ma note
4,5/5
CALL-GIRL DU TOUT-PARIS (PATRICIA HERSZMAN & FREDERIC PLOQUIN)
Le résumé du livre
En 1975, Patricia, jeune fille de bonne famille âgée de 18 ans, est repérée par une recruteuse de Madame Claude sur le port de Saint Tropez. Motarde et adepte de l’amour libre, elle entre immédiatement dans le monde clos de la prostitution de luxe avec des tarifs de prestation allant de 600 à 1000 francs et nettement plus selon la générosité des clients, tous riches et célèbres. Parmi ceux-ci, on trouve son préféré, le très classieux Giovanni Agnelli, dit « l’Avvocato », cocaïnomane compulsif, qu’elle rejoint en jet privé à de nombreuses reprises à Milan ou à Rome. Elle échappe de peu à la mort quand deux de ses collègues dont sa meilleure amie acceptent une prestation proposée par deux diplomates pour le compte du chef d’état du Yémen. Elles seront retrouvées nues et assassinées dans une voiture abandonnée dans le désert. Patricia aurait dû faire partie du malheureux binôme. Quand Madame Claude est arrêtée pour fraude fiscale et son réseau démantelé, elle officie un temps rue Saint Denis, passant des ors et du marbre à la crasse et à la terre battue, puis continue à son compte, sans maquereau, mais grâce à quelques amis du milieu, autour de la place de l’Etoile. Elle finit par tomber dans la drogue. Héroïnomane, elle met quinze ans à s’en sevrer. Pendant ses heures de gloire, entre 1975 et 1980, elle devient une figure des nuits parisiennes qui côtoie Serge Gainsbourg et Jane Birkin, Alain Delon et Mireille Darc, Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Eddy Barclay et tant d’autres…
Ma critique
« Call-girl du Tout-Paris » est un récit de témoignages et de révélations un brin indiscrètes sur un monde assez particulier, celui de la prostitution, terme qu’elle rejette en ce qui concerne sa période chez Madame Claude. En effet, celle-ci avait mis en place un système très protecteur et très rémunérateur pour « ses filles ». L’auteur n’a de cesse de dresser des louanges à son ancienne Pygmalion et l’on comprend aisément pourquoi. Il faut dire qu’elle a pu faire la différence avec d’autres manières de monnayer son corps, plus glauques, plus contraignantes pour ne pas dire plus humiliantes. On est dans le même registre que celui des ouvrages de Gérard Fauré, le « dealer du Tout-Paris », qu’elle a connu et dont elle corrobore les révélations. Oui, la cocaïne coulait à flot depuis des décennies parmi les élites parisiennes. Patricia qui ne buvait pas, refusait la sodomie, finit par devenir quand même accro à l’héroïne. Son récit, facile à lire, sans doute par la grâce de son co-auteur Frédéric Ploquin, nous apprend pas mal de détails indiscrets sur les grands de ce monde qui font appel à ses services comme Samir Traboulsi, Gérard Oury, le shah d’Iran, le frère d’Hassan II, le prince du Qatar Al Thani, Adnaan Khashoogi, Raymond Lévy, Jean-Paul Blum, Pierre Kadji, Jacky Cohen, Claude Lelouch, Bernard Lavilliers (« un radin »), Claude Brasseur (« queutard partouzard ») et tant d’autres. Rien que du beau linge pas si reluisant que cela au bout du compte. Nous voilà donc tombés dans une littérature de « potins », finalement sans grand intérêt, mais qui peut plaire à certain(e)s…
Ma note
3/5
LA FIN D’UN MONDE (PATRICK BUISSON)
Le résumé du livre
Depuis la crise sanitaire, gérée de manière si catastrophique, jamais le mal-être collectif n’a été aussi grand. N’est-il pas lié à la perte de toutes les valeurs du monde d’avant ? On les appelait gratuité, solidarité, entraide, dévouement au bien commun, primat de la vertu publique sur le calcul égoïste, sentiment d’appartenir à une communauté nationale et volonté de la servir, même au mépris de son confort et de ses intérêts particuliers. Tout l’inverse du monde nouveau promu par Schwab, Macron et autres mondialistes pour qui seuls les intérêts et les profits des plus riches et des plus puissants importent. Pour Buisson, tout s’est joué en 1960 et 1975 (fin des Trente Glorieuses) pendant lesquelles, sous nos yeux ébahis, nous avons pu assister à la désertification des campagnes, au démantèlement du catholicisme traditionnel au profit d’un syncrétisme humaniste depuis Vatican II et à la destruction de la paternité ainsi que celle de la famille. La conséquence en fut une victoire du libéralisme, libertaire sociétalement et totalitaire politiquement et économiquement, du consumérisme effréné et de l’hédonisme, cette jouissance sans contrainte.
Ma critique
« La fin d’un monde » est un essai historique et sociopolitique de très grande qualité. Patrick Buisson, surtout connu comme conseiller particulier et éminence grise de Nicolas Sarkozy, est également un authentique intellectuel qui nous propose, dans cet ouvrage bien écrit et particulièrement fouillé, une étude des 15 années qui nous firent basculer lentement d’un monde dans un autre. Un véritable travail de sociologue, d’historien, d’économiste et d’ethnologue. Ses analyses et descriptions de la mort programmée du paysan, du croyant et du père sont d’une belle pertinence et d’une grande finesse. Un vaste attirail de notes et références bibliographiques attestent du sérieux de l’œuvre. L’auteur ayant sous-titré son ouvrage « Histoire de la révolution petite bourgeoise », on pourrait y ajouter celle d’une longue décadence, d’une inversion des valeurs et d’une disparition lente, insidieuse et organisée de toute une société. Autant l’auteur est précis et presque pointilleux sur le démantèlement du monde rural, de la chrétienté et de la paternité, autant il se fait discret sur l’invasion migratoire. Seule lacune de cet ouvrage par ailleurs aussi excellent que… déprimant.
Ma note
4,5/5
TOUT CE QUI EST SUR TERRE DOIT PÉRIR (MICHEL BUSSI)
Le résumé du livre
À Etchmiadzine, dans la plus ancienne cathédrale de la chrétienté, un commando s’empare d’une relique de l’arche de Noé après s’être rendu coupable d’un carnage parmi les fidèles présents. Dans « l’Enfer » de la bibliothèque apostolique du Vatican, Zak passe une nuit, enfermé dans un placard pour pouvoir photographier les pages de l’authentique livre d’Enoch. S’ensuit l’attaque d’une exposition dans la ville de Bordeaux puis le kidnapping d’une glaciologue de l’université de Toulouse le Mirail appelée Cécile. Sans oublier le vol rocambolesque d’une poutre de bois de l’arche en question dans un parc d’attraction de Hong Kong. Trainant en permanence à ses trousses les Nephilims, étranges commandos de tueurs kurdes et azéris, Zack arrivera-t-il à récupérer toutes les pièces du puzzle, tous les indices qui permettraient d’élucider le mystère de l’histoire mythique de Noé et du déluge ?
Ma critique
« Tout ce qui est sur terre doit périr » serait « un thriller ésotérique vraiment bien ficelé », si l’on en croit la quatrième de couverture. En fait de thriller, le lecteur n’aura que l’accumulation habituelle de cadavres. L’ésotérisme est bien présent avec une explication totalement farfelue de « l’anomalie d’Ararat » relevant de l’ufologie la plus niaise que l’on puisse trouver sur n’importe quel site ou blog internet de fans d’OVNI. En fait, Michel Bussi nous a gratifié avec ce livre d’un roman d’aventures de type BD, dans la lignée d’Indiana Jones saupoudré d’ingrédients style Dan Brown à la française, sans s’embarrasser ni de cohérence de l’intrigue ni de vraisemblance. Et on jettera un voile pudique sur la coquecigrue de ce parlement mondial des religions présidé par un évêque orthodoxe tout puissant et sur la fin aussi improbable que grand-guignolesque. On achève la lecture de ce pavé indigeste (764 pages) en poussant un ouf de soulagement. Bussi nous avait habitué à nettement mieux…
Ma note
3/5
M, LE BORD DE L’ABIME (BERNARD MINIER)
Le résumé du livre
Moira Chevalier, informaticienne chevronnée, débarque à l’aéroport de Hong-Kong. Elle vient d’être recrutée par la très importante société Ming, spécialisée dans les technologies informatiques de pointe dont l’intelligence artificielle. C’est également le deuxième fabricant de smartphones au monde derrière Samsung et devant Apple. Peu après, elle est accueillie en visioconférence par son patron qui lui donne pour mission de superviser « l’affective computing » de DEUS, le nouveau chatbot bien plus avancé que tous ceux de ses principaux concurrents Apple, Google, Amazon et Facebook. Il s’agit pour Moira de faire de DEUS le plus humain de tous les assistants virtuels. Mais, le soir-même, au fumoir de son hôtel cinq étoiles, elle est interrogée par trois flics de l’ICAC, la commission indépendante contre la corruption. De son côté, l’inspecteur Chan enquête sur le suicide louche d’une jeune femme travaillant pour Ming. Equipée d’un dispositif anti stress implanté dans le cerveau, elle s’est néanmoins jetée dans le vide depuis le toit d’un building. D’autres employées du consortium ont également été retrouvées assassinées. Que se passe-t-il vraiment chez Ming ?
Ma critique
« M, le bord de l’abime » est un thriller technologique dans lequel le lecteur s’aperçoit que la réalité actuelle des nouvelles technologies rejoint déjà la science-fiction et commence même à la dépasser. Même si l’intrigue a son lot de meurtres, crimes, tortures, sadisme et hémoglobine en tous genres, ce n’est pas du tout l’essentiel du propos. Bernard Minier nous entraine dans les arcanes d’une entreprise de la Big Tech qui pourrait être Google ou Microsoft. Il nous fait partager l’hybris pour ne pas dire la folie qui s’empare de dirigeants psychopathes quand ils s’imaginent faire l’œuvre de Dieu, n’avoir plus aucune limite autant dans leur pouvoir sur l’humanité que dans la capacité à l’asservir à tout jamais par le contrôle des nouvelles technologies, de l’internet des objets et de l’intelligence artificielle. La ville de Hong-Kong, cette mégapole dantesque, aussi étonnante qu’inquiétante et aussi avancée que dangereuse, est un personnage à part entière. Et le lecteur sent bien que l’auteur domine parfaitement ces deux sujets. Une importante et fort intéressante bibliographie en atteste en fin d’ouvrage. Nous serons un peu plus réservés sur l’histoire elle-même. Pas très originale, elle s’achève sur un rebondissement un brin capillotracté pour ne pas dire un peu trop invraisemblable. Mais tout cela est secondaire. L’essentiel est que nous ayons affaire à un thriller « intelligent », « éducatif » et un brin divertissant. Que demander de plus ?
Ma note
4/5
LA GUERRE DES PAUVRES (ERIC VUILLARD)
Le résumé du livre
Né vers 1490 à Stolberg dans une famille pauvre, Thomas Müntzer perdit très jeune son père, pendu pour avoir déplu à un comte. Il fit néanmoins de bonnes études de théologie à Leipzig et devint curé à Halberstadt et Brunswick. Partisan de Luther, souvent renvoyé de ses paroisses, il devient prédicateur à Zwickau en 1520. Il s’installa ensuite à Allstedt où il écrivit ses « Protestations ». Ses messes dites en allemand eurent un grand succès auprès des petites gens tout heureux d’enfin comprendre ce que racontaient les textes liturgiques. Une énième révolte paysanne se déclencha sur les terres du prince Albert de Mansfeld. De partout, les gens se rassemblaient formant une troupe hétéroclite, mal armée et mal ravitaillée, qui devait affronter des troupes de mercenaires disposant de canons. Müntzer prit la tête de la cohorte de gueux. Mais tout se termina dans un bain de sang. Cinq mille paysans furent passés par les armes. Le curé fut emprisonné et décapité le 27 mai 1525 à Mülhausen, devant toute la haute noblesse de la région…
Ma critique
« La guerre des pauvres » est court roman (92 pages) basé sur un fait historique relevant des révoltes paysannes qui furent fort récurrentes pendant de nombreux siècles en Allemagne tout comme en France avec nos « Jacqueries » et qui atteignirent leur apothéose avec la révolution de 1789 et toutes les autres, la guerre de Vendée, 1830, 1848 et la Commune de Paris en 1870. Tous ces soulèvements populaires contre l’oppression royale, ecclésiastique, ou républicaine s’achevèrent systématiquement dans des répressions féroces, le dernier en date étant le mouvement des « Gilets jaunes ». Le style de Vuillart est agréable, léger, facile à lire et un tantinet minimaliste. Pas de descriptions interminables, ni d’états d’âme alambiqués, juste l’essentiel, rien que l’essentiel. « Close to the bone », comme disent les Anglo-saxons. L’inconvénient de cette qualité c’est qu’on termine le livre en restant un peu sur sa faim. On aurait aimé en savoir un peu plus sur ce fou de Dieu révolutionnaire protestant finissant par contester Luther lui-même et sur ces révoltes populaires si peu ou si mal étudiées dans les cours d’histoire. Merci à Eric Vuillard d’avoir braqué son projecteur sur ce personnage assez peu connu chez nous.
Ma note
4/5
ÉCRITS POLITIQUES (GEORGE ORWELL)
Le résumé du livre
Après la première guerre mondiale, la Grande-Bretagne se retrouve avec un outil industriel obsolète. Elle s’est laissée distancer par les Etats-Unis et se retrouve soudain avec deux à trois millions de chômeurs, souvent d’anciens militaires à qui on avait promis un avenir radieux, une fois la paix revenue ! Ces gens bénéficient d’abord d’une indemnité chômage de misère qui ne dure que pendant 26 semaines, mais que certains leur reprochent. Le terme échu, il ne reste à ces malheureux que la perspective de la mendicité (d’ailleurs interdite), le vagabondage et l’asile de nuit où ils ne peuvent séjourner qu’une seule nuit sur trois mois, ce qui explique l’obligation de l’errance. Le lecteur remarquera par cette description que déjà dans les années trente, le capitalisme triomphant causait des dégâts sociaux énormes en mettant en compétition les économies. Ce chômeur en fin de droit devient par la force des choses un « tramp », un vagabond, un clochard, un SDF. Il n’a ni emploi, ni famille, ni domicile, il ne possède rien que les pauvres loques qui couvre mal sa carcasse. Il se nourrit de pain et de thé, fume des mégots et ne peut même pas s’offrir une bière s’il a soif. À l’époque, aucun mondialiste à la Klaus Schwab n’aurait osé prétendre « qu’il ne possédait rien, mais qu’il était heureux » !
Ma critique
« Écrits politiques » est un recueil de 44 textes écrits entre 1928 et 1949 et publiés pour les premiers sous le véritable patronyme de leur auteur, Eric Blair. Le lecteur y trouvera de la correspondance, des recensions d’ouvrages divers et variés, des articles plus politiques voire plus philosophiques, des analyses de partis et même des prédictions style almanach pour l’année 1946. Le tout complété par un glossaire, en fait un index avec biographie de tous les personnages évoqués, des ouvrages, journaux et partis politiques anglais et autres. Les principaux thèmes abordés sont : 1/ la guerre d’Espagne à laquelle Orwell participa dans les rangs du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste). Il y fut blessé à deux reprises et ne dut sa survie qu’à la fuite quand les communistes bolcheviques commencèrent à liquider ses compagnons de combat. Textes particulièrement intéressants du point de vue historique.
2/ la misère ouvrière, les problèmes sociaux et leurs éventuelles solutions.
3/ la défense de la liberté d’expression. Il précise bien que « 1984 » est une parodie, une satire, imaginée volontairement en Angleterre, car il visait tous les totalitarismes sans exception et surtout pas uniquement le communisme.
4/ le rejet et la condamnation sans appel du colonialisme. Là encore, il fut un témoin fort bien placé, ayant été fonctionnaire territorial en Inde avant l’indépendance.
5/ les rapports entre littérature et politique.
Même si certains textes sont datés, même si certains personnages évoqués sont pratiquement oubliés, même si l’on n’est pas toujours d’accord avec toutes les prises de position, ce genre d’ouvrage garde encore un intérêt à la fois historique, sociologique et politique, sans parler du style limpide et de la puissance de la pensée. Pour les fans du maître.
Ma note
4/5
COUP D’ÉTAT PLANÉTAIRE (LILIANE HELD-KHAWAM)
Le résumé du livre
Cet ouvrage est sous-titré « Comment une élite financière s’arroge le pouvoir absolu sur la captation universelle des ressources ». Parfait résumé du propos de cet ouvrage. En effet, cette main-mise s’effectua en trois stades. De 1960 à 1986, commença une accumulation de pétrodollars gérés principalement par la City de Londres et placés dans des paradis fiscaux. Les banksters préparaient leur force de frappe. Puis de 1986 à 2007, avec l’acte unique européen, et les échanges monétaires internationaux effrénés, gonfla une bulle spéculative énorme. S’y ajouta le scandale de la crise des subprimes doublée d’un endettement croissant des états qui se retrouvèrent peu à peu et de plus en plus sous le joug des oligarques. Et de 2007 à 2019, la crise systémique planétaire amena à une phase cruciale de la globalisation qui a permis de faire émerger une nouvelle société, homogénéisée, mondialisée et de plus en plus robotisée grâce à l’IA et au Big Data, bâtie autour de monopoles et d’oligopoles privés édifiés grâce à l’appropriation de la création monétaire. Le résultat est devant maintenant nos yeux éberlués : démantèlement des services publics, privatisation généralisée, dépossession de tout bien ou possession, contrôle accru des populations, disparition des garde-fous institutionnels, restriction des libertés et parodies de démocratie.
Ma critique
« Coup d’état planétaire » est un essai socio-politique qui vient compléter « Dépossession », précédent ouvrage de Liliane Held-Khawam. D’un abord plus difficile et d’une lecture un peu plus laborieuse, cette étude représente une somme essentielle sur la question avec une grande quantité de notes, d’annexes, de documents de toutes sortes, chiffres, graphiques, à l’appui. Rien ne manque à cette démonstration magistrale qui finit par faire froid dans le dos. Difficile de contester que nous entrons au forceps dans un nouveau monde que personne n’a vraiment envie de découvrir tant les inconvénients sont plus importants que les avantages. Sous couvert de « bonne gouvernance », de « développement durable », voire de PPP « partenariat public privé », les politiques font discrètement place aux oligarques des multinationales qui finissent par tout gérer à leur place. Le lecteur apprendra énormément de choses peu développées dans les médias. Un seul exemple, le RDIE (règlement des différends entre investisseurs et états) permet aux multinationales d’attaquer les états devant des juridictions indépendantes et obtenir des dommages et intérêts comme Longfire qui a demandé au gouvernement canadien de lui verser 250 millions de dollars de compensation pour les profits perdus en raison du moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste dans la vallée du Saint Laurent. Plus de 450 procédures de ce genre sont en cours dans le monde. Ouvrage majeur sur une question brûlante.
Ma note
4/5
OBJECTIF : ZÉRO SALE CON (ROBERT SUTTON)
Le résumé du livre
De qui parle-t-on quand on évoque les « sales cons » ? Le patron dictatorial et irascible qui humilie systématiquement sa secrétaire, le collègue arrogant qui coupe la parole en réunion, le médecin qui harcèle ses infirmières, le client jamais satisfait qui demande un remboursement indu ? Qui n’a jamais eu à souffrir de certains comportements pleins de hargne, d’irrespect, de morgue, de méchanceté, de dérision, de gestes déplacés et autres ? Qui n’est jamais allé au boulot à reculons en raison d’une ambiance délétère ? Mis en situation de pouvoir, certains individus ont tendance à en abuser. Mais le mal est plus profond : tout un chacun peut devenir le sale con qu’il exècre chez les autres. D’où la nécessité de lutter contre ce mal rampant. En effet, la présence de sales cons dans les entreprises représente un coût non négligeable du fait du détournement des efforts, de la perte de motivation et d’énergie, de la détérioration de la santé mentale, de l’absentéisme, d’une rotation élevée des personnels, du manque de coopération général et des pertes d’emploi qui s’ensuivent. La direction perd son temps, son argent et son énergie à apaiser les tensions, à calmer les conflits, à rassurer la clientèle et les fournisseurs, à réorganiser les équipes et à recruter des remplaçants après le départ des sales cons qu’il a bien fallu finir par virer !
Ma critique
« Objectif : zéro sale con » est un essai de psycho-sociologie appliquée prioritairement à l’entreprise, mais dont les analyses et les conclusions peuvent valoir pour bien d’autres groupes humains. En dépit d’un titre accrocheur qui peut laisser penser à un ouvrage humoristique, il s’agit d’une étude sérieuse menée par Robert Sutton, professeur à l’université de Stanford, grand spécialiste du comportement organisationnel. Illustré de nombreux exemples et anecdotes, le ton en est quand même léger et le style très agréable à lire. Le lecteur découvrira également plusieurs petits tests qui lui permettront de découvrir s’il lui arrive de subir les assauts de sales cons, s’il sait les gérer et même s’il a des risques de basculer lui aussi dans cette sinistre catégorie. Sous-titré « Petit guide de survie face aux connards qui plombent les entreprises », cet ouvrage est à la fois radical et mesuré, exigeant et réaliste, utopique et pragmatique. Un célèbre proverbe latin nous dit que « l’homme est un loup pour l’homme », c’est aussi souvent un vrai emmerdeur, pour ne pas dire un sale con !
Ma note
4/5
PADRE PIO, LE STIGMATISE (YVES CHIRON)
Le résumé du livre
Dans la vie de Padre Pio, le surnaturel surabonde : visions, guérisons miraculeuses, bilocation, « incendum amoris » (montée en température à près de 50°), odeur de sainteté, don des langues, prédictions et surtout les stigmates de la passion du Christ qui en ont été la manifestation de loin la plus spectaculaire. De son vrai nom, Francesco Forgione, il est né en 1887 à Pietreluna (Campanie), dans une nombreuse fratrie. Sa famille pas vraiment pauvre possède un terrain d’environ un hectare et une petite maison dans le village. Quand cette terre ne suffit pas à faire vivre la petite famille, le père part travailler quelques mois ou quelques années en Amérique. Dès son plus jeune âge, Padre Pio a des visions de la Vierge. Il ressent à ses côtés la présence de son ange gardien. Il part bientôt à Morcone pour entrer chez les capucins, un des ordres les plus rigoureux de la lignée franciscaine. Puis le 28 juillet 1916, il entre au couvent Santa Maria de San Giovanni Rotondo où il restera jusqu’à sa mort en 1968. Très vite, ses miracles et sa réputation de sainteté attireront des foules ferventes mais aussi bien des souffrances…
Ma critique
« Padre Pio, le stigmatisé » est certainement la meilleure biographie que l’on puisse lire sur la vie et l’œuvre du premier et jusqu’à aujourd’hui unique prêtre stigmatisé de l’histoire de l’Église. Portant dans sa chair pendant cinquante années les marques du supplice du Christ, sa vie fut un long calvaire, car il était lui-même de santé fragile et se donnait totalement à son sacerdoce, confessant près d’une centaine de personnes par jour, vivant une messe qui pouvait durer plusieurs heures et apportant aide et consolation à d’innombrables âmes en peine. Il fut à l’origine de la construction d’un immense hôpital doté du meilleur de la médecine et totalement gratuit pour les nécessiteux. Le lecteur apprendra énormément de choses sur le sujet et sera sans doute surpris par les réactions de sa hiérarchie, tour à tour bienveillante vis-à-vis de lui (Benoît XV, Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II) et parfaitement hostile (Pie XI et Jean XXIII) au point de l’obliger à vivre reclus dans sa cellule pendant des années, de lui interdire de dire la messe en public, de confesser, d’apparaître en public, de prêcher et de recevoir des pénitents. La sainte prudence se muant en tyrannie injuste.
Ma note
4,5/5
DÉPOSSESSION (LILIANE HELD-KHAWAM)
Le résumé du livre
Comment l’hyperpuissance d’une petite élite financière arrive-t-elle à mettre Etats et citoyens à genoux ? Par quel tour de passe-passe le montant global de la dette mondiale qui s’élevait à 87 000 milliards de dollars en l’an 2000 a-t-il pu passer à 230 000 milliards de dollars en 2018 (triple du PIB mondial) et ne cesser d’enfler de manière exponentielle ? Autant dire qu’elle sera impossible à rembourser à court, moyen ou long terme. Mais ne nous réjouissons pas trop vite. Un jour ou l’autre, il faudra payer. Les Etats seront réduits peu à peu à un statut d’entreprises, tous les services publics seront privatisés, tout comme les biens immobiliers nationaux, les œuvres d’art ou les infrastructures (ports, aéroports, autoroutes, ponts, etc.). Quant aux citoyens, ils ne seront plus propriétaires de rien, n’auront sans doute plus d’emploi et devront être heureux de leur statut d’assistés (revenu universel) pour ne pas dire de serfs. En effet, plus les états s’affaiblissent, moins les droits et les libertés des citoyens sont défendus. Avec la complicité des politiques, les banques font toujours mutualiser, c’est-à-dire payer par le contribuable, leurs pertes tout en privatisant leurs gains. Ce qui a été flagrant lors de la crise dite des « subprimes » de 2008.
Ma critique
« Dépossession » est un essai de grande qualité, sourcé, documenté, illustré de nombreux schémas et graphiques, tout en restant facile d’accès et agréable à lire. C’est un peu le « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le pouvoir toxique de Big Money », ou « L’économie capitaliste de prédation pour les Nuls. » Un homme averti doit s’intéresser à l’économie car celle-ci détermine son avenir. « La main qui prête est toujours au-dessus de la main qui reçoit », dit un adage célèbre. Et « il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé », ajoutait Roosevelt. Mais quand les deux se donnent la main, on est très mal barré. Le mal remonte à loin avec la création de la Banque d’Angleterre, puis avec celle de la Banque de France par Napoléon qui en donna la gestion à une poignée de banquiers privés. Plus tard, la réserve fédérale américaine procédera de la même manière. On va de découvertes déplaisantes en indignations horrifiantes dans ce livre, comme la fin de l’étalon-or (1971) qui garantissait la parité du dollar, l’obligation pour les états d’emprunter à des banques privées et au taux du marché, donc la perte du privilège de battre monnaie avec le résultat qu’on sait, une explosion de la dette (20 trillions de dollars rien que pour les Etats-Unis) et avec une bulle spéculative de 1 500 000 milliards de dollars de produits dérivés alors que le PIB mondial ne s’élève qu’à 73 500 milliards de dollars. Le tout entre les mains de Black Rock, Vanguard, Fidelity et State Street, gestionnaires d’une énorme partie des actifs de la planète, et tous américains. Ouvrage à lire absolument avant qu’il ne soit trop tard…
Ma note
4,5/5
LE HOLD-UP PLANÉTAIRE (ROBERTO DI COSMO & DOMINIQUE NORA)
Le résumé du livre
Bill Gates est-il une sorte de nouveau Big Brother qui chercherait à avoir le contrôle total sur toute forme de transmission et de contrôle de l’information, à avoir la main mise sur l’ensemble des transactions bancaires, sur les médias et même sur tous les pans les plus secrets de nos vies privées ?
On est bien obligé de reconnaître que sa société Microsoft se retrouve en situation de quasi-monopole pour les systèmes d’exploitation. Son système Windows équipe 85% des micro-ordinateurs de la planète. Cette position de force ne représente-t-elle pas un véritable danger pour la liberté et la démocratie dans la mesure où elle peut contrôler la quasi-totalité de la chaine de l’information et de la communication ? Dès 1993, le département américain de la justice s’en étant inquiété avait ouvert une procédure anti trust à l’encontre de Microsoft. Mais la montagne n’avait accouché que d’une souris. À peine un rappel à la loi, assorti d’une promesse de ne pas recommencer !
En fait, le but de cette multinationale américaine n’a jamais été de produire de bons logiciels, mais de faire le maximum de bénéfices et de régner sur tous les marchés dans lequel il entre et éliminant la concurrence par tous les moyens…
Ma critique
« Le coup d’état planétaire » est un essai sur les dérives d’une société devenue incontournable alors qu’elle n’aurait jamais du l’être. Un succès phénoménal basé sur le mensonge, la tricherie et des méthodes de gangsters. Deux exemples pour illustrer le propos : le fameux MSDOS, dérivé du DOS et point de départ de l’aventure n’est même pas sorti du cerveau génial de Gates, mais fut simplement racheté à son inventeur. Windows est bourré de failles, d’ouvertures et de… « fenêtres » permettant de laisser passer les virus, trojans et autres malwares. Faiblesse voulue qui permet de vendre des antivirus et d’organiser une obsolescence programmée avec toutes les versions se succédant très vite dans le temps. Présenté sous la forme d’une longue interview avec Di Cosmo dans le rôle du spécialiste et Nora dans celui de la journaliste un brin candide, cet ouvrage reste très intéressant bien qu’un peu daté (2006, tout va tellement vite dans ce domaine) surtout pour bien comprendre la genèse de cet empire de l’information, la naissance et le développement un brin malsain d’un des monstres de Big Tech. Un espoir cependant : les logiciels « libres » (Linux et autres)…
Ma note
4/5
MALÉFICES (MAXIME CHATTAM)
Le résumé du livre
Un employé des services de protection de l’environnement est retrouvé mort dans une clairière de l’Oregon. Il s’agit de Fleitscher Salhindro, frère de Larry, le gros flic ami de Joshua Brolin lequel se repose dans son chalet posé devant un lac situé en pleine nature à une demi-heure de Portand. Lors de l’autopsie du cadavre de Fleitscher, le médecin légiste lui découvre sur le cou une sorte de grosseur occasionnée peut-être par une morsure de serpent ou d’insecte. Les analyses montrent qu’elle fut occasionnée par du venin d’araignée, mais dans une concentration tout à fait anormale. Bizarrement, on constate également neuf morsures d’araignée dans le secteur en une seule semaine. Puis l’appel téléphonique d’un jeune homme amène Joshua Brolin et Annabel, venue de New-York pour le seconder, à découvrir le cadavre d’une femme enrobée dans un cocon constitué de fil de toile d’araignée accroché à un arbre, non loin d’une cascade, dans un endroit perdu de la forêt…
Ma critique
« Maléfices », dernier tome de la « Trilogie du mal », est un thriller qui peut se lire indépendamment des deux autres. Maxime Chattam a su y renouveler son inspiration autant du côté du profil du psychopathe (« la Chose ») que du motus operandi qui repose sur les mygales, les veuves noires et autres arachnides peu sympathiques et sources de phobie pour bien des gens. L’intrigue est alambiquée à souhait. Le lecteur se retrouve baladé de fausses pistes en cul de sac, ce qui est un des ressorts et des plaisirs du genre si tout cela est mené de main de maitre, c’est-à-dire avec rythme et humour, ce qui est loin d’être le cas. L’ensemble est un peu poussif, lambin, et donne même l’impression de tirer à la ligne. Sur les 640 pages de ce pavé, une bonne centaine aurait pu être élaguée. Trop de descriptions sans grand intérêt, trop de détails scientifiques sur les techniques de médecine légale, d’analyses diverses, de biologie animale ou de psychiatrie criminelle. Nul doute que l’auteur s’est grandement documenté pour cette étrange histoire. Il s’est basé sur des faits réels comme la production de soie d’araignée grâce au lait de vache ou comme les effets de la tétrodotoxine sur les humains. L’ennui, c’est que tous ces éléments accumulés donnent malgré tout une impression d’invraisemblance, d’improbabilité et même d’irréalité. Une histoire capillotractée ? Pourquoi pas ? Pour moi, quand même le meilleur des trois opus.
Ma note
3,5/5
LA CONJURATION DES IMBECILES (JOHN K. TOOLE)
Le résumé du livre
Il habite la Nouvelle-Orléans. Il a 30 ans. Il vit encore chez sa mère. Il est hypocondriaque, plutôt obèse et a des choix vestimentaires assez discutables. Son nom : Ignatius Reilly. Il joue du luth et de la trompette, remplit des cahiers d’écolier d’élucubrations qu’il présente comme un manifeste contre le monde moderne et a le don d’attirer sur sa tête quantité de problèmes en raison d’une attitude bizarre, souvent arrogante voire agressive. Sa brave femme de mère, lassée de ses frasques et de sa paresse, le pousse à aller chercher du travail. Ignatius est d’abord embauché comme simple employé de bureau dans une petite boite de confection de pantalons en train de péricliter doucement. Il se fait vite remarquer en organisant à sa manière une mutinerie assez ridicule avec les ouvriers noirs de l’atelier. Immédiatement viré avec pertes et fracas, il retrouve du boulot comme vendeur ambulant de hot-dogs où il ne réussit guère mieux…
Ma critique
« La conjuration des imbéciles » est un roman qui se veut humoristique, picaresque et distrayant. Beaucoup de situations sont cocasses et amusantes, mais le trait est plutôt outré et les personnages caricaturaux. Cette histoire improbable relève de la farce, de la satire, de sarcasme, de l’ironie grinçante et sans grande finesse. On est assez loin de l’humour anglo-saxon des Lodge, Sharpe ou Wodehouse. Ignatius est plus odieux qu’attachant et les personnages secondaires ne valent guère mieux. La mère est une ivrogne qui ne pense qu’à son intérêt. Levy, propriétaire de l’usine de pantalons, n’est qu’un égoïste incapable, Miss Trixie et Gonzalès deux abrutis sans consistance, le balayeur Jone, un noir aigri et râleur, Mancuso, un flic crétin et Myrna Minkoff, une étudiante hippy, féministe radicale et pionnière de la révolution sexuelle. Tous plus bêtes, sales et méchants les uns que les autres. Il faut dire que ce roman, rejeté par les éditeurs et cause du suicide de son auteur, fut écrit vers 1968, époque d’effervescence révolutionnaire s’il en fut. À l’époque, tout pouvait être sujet à remise en question. Et sous la plume de Toole, tout est passé à la moulinette, mœurs, politique (Ah ! Les communisses…), religion, sexualité, racisme, ségrégation et consommation. Agréable à lire (beaucoup de dialogues en langue « verte »), mais sans plus. Commence déjà à dater un peu.
Ma note
3/5