HORREURSCIENCE-FICTION

LE GOÛT DE L’IMMORTALITÉ (CATHERINE DUFOUR)

Le résumé du livre

En Chine, en l’an de grâce 2213, au 42e étage d’une des tours gigantesques de la ville de Ha Rebin, se cache un ancien entomologiste appelé c-matic. Dans une longue lettre adressé à un vieil homme, une jeune handicapée, victime d’une intoxication au plomb, raconte sa vie et celle de quelques autres personnages. Elle-même souffre de graves lésions de la peau, d’une certaine forme de rachitisme et d’une vision en noir et blanc. Seule une potion infecte procurée par une voisine plus ou moins sorcière et trafiquante de chair humaine lui permet de se maintenir en vie. La narratrice ne survit que grâce à une indemnité de misère. Sa propre mère a dû se prostituer pour leur permettre de suivre. C-matic avait été envoyé avec son assistant shi en Polynésie française pour enquêter sur une étrange épidémie provoquée par un moustique manipulé. À cet étage de l’immeuble, chacun survit difficilement, mais dans les profondeurs des sous-sols, dans le monde des refugee, c’est bien pire. Cela ressemble même au dernier cercle de l’Enfer de Dante !

Ma critique

« Le goût de l’immortalité » est un roman d’anticipation dystopique très noir et même très gore par moment. La description du monde des refugee est d’une monstruosité glaçante et à fortement déconseiller aux âmes sensibles. On y viole, on y tue, on y torture et on y trafique de la chair humaine sous la férule d’une entité totalement diabolique ! Si le style de Catherine Dufour frôle l’excellence, il comporte néanmoins quelques caractéristiques qui n’aident pas à la compréhension et au plaisir du lecteur. Pas de majuscules aux noms propres (coquetterie inutile à mon sens) et surtout une accumulation de concepts et de techniques définis par un nom fabriqué de toute pièce sans la moindre définition. Du point de vue de l’intrigue, le lecteur a l’impression d’avoir affaire à deux nouvelles accolées, n’ayant que peu de rapport l’une avec l’autre. Si on y ajoute un parti pris de noirceur et de pessimisme à couper au couteau, on comprendra que le lecteur ait eu énormément plus de plaisir à lire l’autre Catherine Dufour, l’auteure de « Blanche-Neige et les lance-missiles », notre Pratchett ou Gaiman française.

Ma note

3,5/5

HORREURHUMOUR

H.P.L (ROLAND C. WAGNER)

Le résumé du livre

Dans le sauvage Ouest sauvage, une patrouille de tuniques bleues est attaquée par des guerriers Peaux-Rouges d’autant plus déchaînés qu’ils bénéficient de l’appui de monstres martiens à quatre bras qui disposent d’armes à rayons laser particulièrement meurtrières. De défaites en défaites, les Américains perdent du terrain devant l’avancée indienne. La Frontière recule de plus en plus, jusqu’à ce que des Vénusiens débarqués de leurs énormes engins spatiaux, ne mettent un coup d’arrêt aux victoires des Martiens et des Peaux-Rouges. L’ennui, c’est que ces Vénusiens sont de grandes créatures aux anatomies d’insectes coriaces qui risquent de se retourner un jour contre leurs alliés. Lévèque, savant d’origine française, tente de trouver une explication à cette arrivée de monstres dans un livre maléfique, le terrible « Nécronomicon », découvert dans une bibliothèque de la ville de Providence…

Ma critique

« Celui qui bave et qui glougloute » est une longue nouvelle ou novella d’une centaine de pages en forme de parodie amusante de l’univers de Lovecraft transposé dans un Ouest fantasmé. Roland C. Wagner fait intervenir dans son histoire plutôt déjantée tous les héros de son enfance, Kit Carson, Buffalo Bill, les frères Dalton, Calamity Jane, Wyatt Earp, Nat Pinkerton (la fille) et quelques autres. L’ouvrage est précédé par « H.P.L.», biographie imaginaire et un brin fantaisiste du célèbre Lovecraft qui aurait vécu 101 ans. Et il s’achève sur deux interviews de l’auteur expliquant la genèse des deux textes. L’ensemble est amusant et divertissant, sans plus. On n’atteint pas des sommets dans l’humour, mais ça se lit avec un certain plaisir.

Ma note

4/5

DARK-FANTASYFANTASTIQUEHORREUR

COMME UNE BÊTE (PHILIP JOSE FARMER)

Le résume du livre

À Los Angeles, Harald Childe, détective privé, a perdu de vue son associé Matthieu Colben, disparu mystérieusement alors qu’il enquêtait sur une banale affaire d’adultère. La police lui fait visionner un film d’amateur que quelqu’un lui a envoyé. Il y voit avec horreur la mort ou plutôt l’exécution de Colben dans une sorte de rituel sexuel fort peu ragoûtant. L’inspecteur Bruin, sorte de gros ours mal léché assez indifférent à la souffrance humaine, est chargé du dossier. Mais cette affaire semble des plus délicates à élucider. Un spécialiste de l’étrange et du paranormal finit par orienter Childe sur un riche original possédant une immense propriété dotée de rien moins que de deux murs d’enceinte…

Ma critique

« Comme une bête » est un roman – premier d’une trilogie – assez difficile à classer vu qu’il se trouve aux limites du fantastique, de l’horreur et du pornographique. Les scènes de sexe sont nombreuses et fort répétitives. Le contraire eut été étonnant. Certaines sont si poussées qu’elles relèvent quasiment de la parodie voire de la farce potache. L’horreur est également bien présente avec toute une galerie de monstres dont le lecteur ne sait pas trop d’où ils sortent : fantômes, goules et surtout une femme avec un très long serpent lui sortant du sexe pour finir dans la bouche. La présence de vampires venus de Transylvanie et d’un lointain descendant du comte Dracula ajoute un côté fantastique à cette histoire au bout du compte assez simple pour ne pas dire simpliste. Dans sa post-face, Theodore Sturgeon attire à très juste raison l’attention des lecteurs sur le côté fable et même conte philosophique de ce bouquin. Le style n’est ni vif, ni léger, un tantinet trop descriptif et presque tirant à la ligne à notre goût. Pas le meilleur de cet auteur.

Ma note

3/5

HORREURROMAN

LE FOSSOYEUR (ADAM STERNBERGH)

Le résumé du livre

Dans un New York post-apocalyptique, Spademan, ancien éboueur devenu tueur à gages, se voit proposer un contrat nouveau : liquider Perséphone, fille du richissime pasteur Harrow. Même s’il est grassement payé pour faire ce genre de boulot, Spademan a quelques principes. Il ne fait pas n’importe quoi. Il tue de préférence les salopards et jamais d’enfant ! L’ennui c’est que sa future proie a tout juste dix-huit ans et surtout qu’elle est enceinte de plusieurs mois… De tueur, Spademan se mue alors en protecteur. S’il bénéficie de l’aide de quelques amis fidèles, il se retrouve en butte aux sbires d’Harrow et en particulier au terrible Simon le magicien…

Ma critique

« Le fossoyeur » relève du roman cyberpunk très noir. Le monde décrit est assez proche du nôtre. Au-delà d’une violence omniprésente et quasi gratuite, le virtuel est devenu l’alpha et l’omega de cette société. Les gens ne peuvent plus supporter le réel. Ils vivent couchés en permanence sous perfusion de substances hypnotiques, tous accros à la limnosphère. L’intrigue est simple mais efficace. Les personnages peu fouillés et presque des ombres ou des zombies. Le style de Sternbergh est très « close-to-the-bone », punchy, rentre dedans, avec un maximum de dialogues sans le moindre signe de ponctuation (tirets ou guillemets), ce qui ne facilite vraiment pas la lecture. Un texte comme un direct au foie, un peu moins travaillé ou abouti que « Population 48 ». Normal c’était le premier roman de l’auteur.

Ma note

4/5

FANTASTIQUEHORREURTHRILLER

LE MANTEAU DE NEIGE (NICOLAS LECLERC)

Le résumé du livre

Dans une ferme isolée du Jura, Etienne, un vieil agriculteur, vit dans un isolement sauvage avec sa femme léthargique qui passe toutes ses journées, immobile sur un fauteuil depuis une vingtaine d’années. Un jour, elle sort sans la moindre raison de cette torpeur et le prend par surprise. Elle se lève brusquement de son fauteuil, prend un couteau et tranche la jugulaire de son mari… La jeune Katia est haptophobe. Elle ne supporte aucun contact physique avec quiconque, même avec les membres de sa propre famille. Cette particularité lui vaut quolibets et sarcasmes de ses camarades de collège. Mais un jour, la souffre-douleur se rebiffe. Une grande violence s’empare d’elle et elle agresse une élève qui la persécutait. C’est la petite fille d’Étienne, lequel a fait d’elle son héritière…

Ma critique

« Le manteau de neige » est un roman d’horreur et de fantastique basé sur toutes sortes de phénomènes paranormaux comme les hantises, les esprits frappeurs, les fantômes et autres revenants. Trois générations de drôles de loustics se succèdent dans ce récit très sombre. La haine, la perversité et le mal sont omniprésents du début à la fin. Les cadavres s’accumulent au fil d’une intrigue assez bien tournée quoi que pas mal controuvée. La clé de l’affaire remontant à la seconde guerre mondiale (avec juifs, résistants et collabos) manque totalement d’originalité. Ce genre d’histoire a déjà été racontée des centaines et peut-être des milliers de fois. Nicolas Leclerc y rajoute une sorte de « fatum », de malédiction de transmission de père en fils de l’instinct et de la jouissance de tueur tortionnaire. L’ensemble laisse une impression assez malsaine. Le lecteur peine à croire que pareils monstres aient pu exister dans la réalité et sévir pendant des dizaines d’années sans jamais se faire prendre ! Trop c’est trop. On patauge dans l’invraisemblable et on finit par ne même plus y croire. Âmes sensibles et cartésiens s’abstenir !

Ma note

2,5/5

FANTASTIQUEHORREUR

LA NUIT DU FORAIN (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

En Pennsylvanie, Ellen vit dans une caravane avec son mari Konrad et leur fils Victor qui semble souffrir d’un important handicap. Issu du milieu des gens du voyage, ce qui n’est pas le cas d’Ellen, Konrad aime beaucoup son fils aussi repoussant soit-il. Ellen cherche oubli et réconfort dans l’alcool. Elle en arrive à craindre les crises de colère du nourrisson repoussant de laideur. Un jour, c’est le drame. L’enfant l’agresse et la griffe si fort qu’elle réagit violemment et le tue par accident. Konrad en devient fou furieux. Il frappe sa femme, manque de la tuer, puis finalement se calme. Il se contente de la bannir de la tribu en lui promettant que si un jour elle a des enfants, il la retrouvera à quelque endroit qu’elle se trouve sur cette planète pour leur faire subir le sort du malheureux Victor. Quelques années plus tard, Ellen a refait sa vie. Elle a d’abord eu Amy puis le petit Joey. De son côté, Konrad, toujours patron du Train Fantôme, est le père de Gunther, un colosse aux facultés intellectuelles plus que limitées, mais dont il veut qu’il soit l’instrument de sa monstrueuse vengeance. Parviendra-t-il à ses fins ?

Ma critique

« La nuit du forain » est un roman de terreur aux limites du gore, du fantastique et du satanique. On n’est pas loin du thème de « Rosemary’s baby » avec ce bébé monstrueux plein de griffes et de poils avec des allusions à « Frankenstein » avec ce géant débile et dangereux terrorisant les gens avec son masque de Boris Karloff. Un excellent Dean Koontz qui se dévore comme un véritable « page-turner ». On tremble pour la petite Amy et pour le gentil Joey. On est plein d’empathie pour la pauvre Ellen en dépit de son penchant nettement trop important pour la vodka orange et de son obsession pour les bondieuseries. Celles et ceux qui aiment se faire peur, être la proie de sensations fortes apprécieront certainement ce divertissant ouvrage.

Ma note

4,5/5

HORREURROMANTHRILLER

L’ESCALIER DU DIABLE (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Toujours à la recherche des responsables de l’étrange épidémie de suicides dont son mari a été victime, Jane Hawk sollicite l’aide de Sarah Holdsteck qui a fait fortune sur le marché immobilier avant de subir un divorce des plus cruels. Son ex, Simon Yegg s’est vengé de manière particulièrement déplaisante… Trois inconnus s’introduisent dans le pavillon du jeune Sanjay et s’apprêtent à lui injecter le fameux liquide contenant les funestes nano-particules quand sa jumelle, Tanuja, intervient à temps en les arrosant d’insecticide. Mais ce n’est que reculer pour mieux sauter… Les informations données par Sarah permettent à Jane de remonter jusqu’à un certain Hendrickson qui se placerait au plus haut niveau de la société secrète responsable de toute cette monstrueuse manipulation…

Ma critique

Suite de « Dark Web » et de « La chambre des murmures », « L’escalier du diable » est le troisième volet des aventures de Jane Hawk. On reste dans le registre du thriller, mais cette fois avec un côté nettement plus gore que dans les deux précédents. On franchit encore quelques degrés de plus dans l’horreur avec cet escalier grand guignolesque. L’affaire prend de l’ampleur à tous points de vue. Le lecteur subodore un complot d’envergure avec des retentissements insoupçonnés. Le suspens est toujours aussi présent, les rebondissements toujours aussi nombreux et le rythme de narration toujours aussi haletant. Le livre ne se lit pas, il se dévore ! Un authentique « page-turner » ! Ce diabolique Dean ne relâche jamais la pression. Et à mon avis, il doit encore en avoir sous la pédale car cet opus n’est pas du tout le dernier de la série. Il semble qu’il y en ait encore deux à venir : « The forbidden door » et « The night window », déjà parus aux Etats-Unis. À moins d’aller vite les lire dans la langue de Mark Twain, il va nous falloir attendre que « L’Archipel », l’éditeur français, veuille bien nous les traduire et nous les proposer, pour enfin découvrir le dénouement de cette saga hors norme.

Ma note

2,5/5

HORREUR

ZOMBIE STORY, L’INTEGRALE (DAVID WELLINGTON)

Le résumé du livre

En Somalie, Dekalb, ancien inspecteur des Nations Unies, est fait prisonnier par un groupe d’enfants soldats qui acceptent de lui laisser la vie sauve s’il parvient à leur fournir un médicament pour soigner leur chef Mama Haléma atteinte du sida. Il devra leur laisser en otage sa petite fille Sarah. On lui promet qu’elle sera bien traitée car c’est une « sœur de couleur ». Dekalb a beau faire fouiller tous les hôpitaux d’Afrique, tous les camps de réfugiés de l’ONU, il ne trouve rien. Il faut dire que suite à un cataclysme mondial de grande ampleur, tous les pays les plus développés ont été ravagés puis envahis par des hordes de zombies cannibales et que seule quelques très rares enclaves épargnées par le phénomène subsistent. Dernière chance pour Dekalb : aller à New-York chercher le fameux médicament au siège des Nations Unies. Quand enfin ils y parviennent sur l’antique remorqueur d’Osman, impossible d’aborder tellement le fleuve est rempli de centaines de milliers de cadavres de zombies tous achevés d’un coup de pic dans le front et flottant à la dérive…

Ma critique

« Zombie story » est un roman d’horreur et d’épouvante dans la lignée de « Word war zombie » (WWZ) et « Walking dead », mais quelques crans au-dessous surtout au niveau des intrigues. Cette intégrale regroupe trois romans « Zombie island », « Zombie Nation » et « Zombie planet ». Le premier et le dernier tome bénéficient d’une véritable intrigue avec des personnages servant de fil rouge comme Dekalb et Ayaan dans le N°1 ou Sarah et Ayaan dans le N°3. Idem pour la progression en chapitres assez courts et relativement bien construits. Ce n’est pas le cas du N°2 qui semble beaucoup plus brouillon avec un tas de personnages secondaires et d’anecdotes accumulées sans fil directeur ni véritable progression, rendant la lecture nettement plus laborieuse. Le lecteur est vite lassé de cette histoire qui se résume à une accumulation de cadavres, à tout un grand guignol sanguinolent qui vire à l’invraisemblable quand il faut tuer plusieurs fois un personnage lequel survit à une balle dans la tête, puis à un coup de sabre, à la noyade et enfin à une crémation en bonne et due forme. Cet ouvrage laisse une impression détestable, celle d’une sorte de fascination macabre de l’auteur pour tout ce qui touche à la mort, à l’enfer, à la damnation. Goules, liches, sorciers et autres loups-garous sont également de ce sabbat littéraire. Si on y ajoute un style très moyen, lourd et répétitif, on obtient le complet combo de la médiocrité. Conclusion : ouvrage à fortement déconseiller aux rationalistes et aux âmes sensibles !

Ma note

3/5