POLICIERROMAN

LE SONNEUR NOIR DU BAGAD QUIMPER (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

Non loin des Glénans, le cadavre d’un homme noir flottant entre deux eaux est repêché par un équipage de sauveteurs en mer. L’écrivain public Gwenn Rosmadec et son épouse Soazic sont en train de fêter l’anniversaire de Gwenn quand l’adjudant-chef de gendarmerie Irène Le Roy leur téléphone pour leur demander de venir reconnaître le cadavre du noyé inconnu à la morgue de Pont l’Abbé. Rosmadec ne le reconnaît en aucune manière. Pourtant, le décédé, qui n’avait aucun papier sur lui, gardait quand même dans la doublure de sa veste un petit morceau de carton avec le nom et la profession de l’écrivain public. Un peu plus tard, à la fin d’un concert donné dans le cadre du festival interceltique de Lorient, Gwenn a la stupéfaction de voir et d’entendre jouer un sonneur noir qui est la copie conforme, le sosie parfait de l’inconnu de la morgue. Il l’invite à boire une bière, histoire d’en savoir un peu plus. Le sonneur noir lui apprend qu’il est originaire de l’île de Mayotte, qu’il a été adopté et ramené en France par un couple de Bretons et que son frère jumeau, qu’il a perdu de vue depuis longtemps, est resté au pays. Il n’en faudra pas plus pour que le trio se lance dans une enquête qui les emmènera jusqu’à Mayotte…

Ma critique

« Le sonneur noir du Bagad Quimper » est un roman policier de facture très classique, mais avec quasiment aucune fausse piste. Son principal intérêt réside dans les descriptions de ce confetti de l’Océan Indien où se pratique un véritable trafic de chair humaine dans les tristement célèbres « kwassas-kwassas ». Le style n’est pas désagréable, un brin descriptif, mais assez vivant quand même en raison de nombreux dialogues. L’intrigue pêche un peu par un certain nombre d’invraisemblances. C’est incroyable le nombre de Bretons que Gwenn rencontre un peu partout, bien entendu à tous les postes clés et qui tous contribuent de bon cœur à son enquête. Jusqu’à la Marine Nationale qui est mise à contribution. Et, autre originalité qui laisse un peu pantois : les immigrés ne sont pas de pauvres Comoriens en quête de meilleures conditions de vie, mais des Chinois dont on se demande quelle lubie leur a pris de passer des Comores à Mayotte pour finir en Grande-Bretagne en passant par la Bretagne ! Difficile de faire plus improbable comme itinéraire. Ouvrage de divertissement sans plus.

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

DEUX ENFANTS TRISTES (CHARLES EXBRAYAT)

Le résumé du livre

En juin 1922, à Beltonville, petite cité pourrie du New Hampshire, cohabitent un maire corrompu, Red Torphins, et une forte communauté italienne tenue de main de fer par Salvatore Busselo, parrain de la mafia locale, assisté de son « capo », Guilio Alcamo. Mais Bruce, le fils du maire, a séduit et engrossé Gelsomina, fille d’un très modeste cordonnier italien, lequel vient demander réparation au maire qui le renvoie illico comme un malpropre. Pourtant Bruce est prêt à se marier avec Gelsomina, mais son père, ne voulant pas entendre parler de la moindre mésalliance, l’éloigne en l’envoyant étudier à Harvard. Comme le parrain ne veut pas non plus se mêler de cette affaire, histoire de garder de bonnes relations avec le maire, le cordonnier s’énerve et menace de faire justice lui-même, ce qui lui fait perdre tout appui mafieux. Craignant pour sa réélection si ce scandale est étalé sur la place publique, Torphins a alors les mains libres. Il décide de faire liquider le bonhomme et sa fille. Mais les quatre tueurs, hommes de main de la police locale, arrivant dans la famille en pleine célébration d’anniversaire, font un véritable carnage en laissant la bagatelle de huit morts sur le carreau. Seuls, deux jumeaux âgés d’une dizaine d’années échappent à ce massacre. Ils sont récupérés par un ami de la famille qui les cachent dans une autre ville. Mais dix années plus tard, les voilà qui réapparaissent à Beltonville…

Ma critique

« Deux enfants tristes » est un roman policier de bonne facture tel qu’on en produisait dans les années 70 de l’autre siècle. En fait, c’est plutôt un roman noir ou un thriller, tant les morts sont nombreux. C’est même une sorte de fable ou de parabole sur la justice immanente, le fait que la vengeance se mange froide et que nos actes nous suivent toujours. Les deux enfants témoins de l’horreur ont été tellement traumatisés par ce qu’ils ont vu qu’ils n’ont survécu et grandi que pour pouvoir assister à la manifestation d’une justice divine qu’ils appellent de tous leurs vœux. Et il est étonnant pour le lecteur de voir que leur seule apparition dans la petite ville suffit à déclencher un processus d’auto-destruction des méchants qui finissent tous soit par s’entretuer, soit par devenir fous, soit par être enfin mis en taule par la police fédérale. Un ouvrage agréable, divertissant, facile à lire et qui n’a pas pris une ride en raison de la qualité du style d’Exbrayat, auteur prolifique et à grand succès, sans oublier l’intemporalité du thème. Que demander de plus ?

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

SÉVICES COMPRIS (MICHEL DE ROY)

Le résumé du livre

Jessica est une jolie prostituée occasionnelle à qui il peut arriver certains ennuis quand elle tombe sur des clients peu respectueux. Elle est sous la coupe d’un souteneur nommé Jonathan, petite frappe avec qui elle monte l’enlèvement de Florian Balmont, libraire à Montpellier, pour le compte d’un mystérieux commanditaire. Le malheureux est enfermé dans une cave lugubre, nu et dépourvu de tout objet personnel. Mais bizarrement, aucune rançon n’est réclamée et le captif est même relâché assez rapidement. Craignant d’avoir à nouveau affaire à eux, vu qu’il a eu quelques faiblesses pour Jessica, le libraire demande l’aide de Marc, demi-frère de son épouse Virginie, journaliste de son état, et de Rémy de Choli, son cousin détective privé. Lequel se retrouve bien vite assommé d’un coup de batte de base-ball derrière le crâne. Un message lui intime d’ailleurs de ne plus se mêler de cette affaire. Et tout se complique encore quand Rémy découvre avant la police le cadavre de Jonathan baignant dans son sang à son domicile avec deux balles de gros calibre dans la tête…

Ma critique

« Sévices compris » est un roman policier aux limites du thriller. Un enlèvement, quatre macchabées et un psychopathe œuvrant en coulisse, le compte est bon pour la recette du genre. L’ennui viendrait plutôt de l’intrigue assez alambiquée et qui vogue à plusieurs reprises aux limites du vraisemblable. L’auteur mélange un peu les registres en passant du récit de narrateur, au témoignage direct du privé, et en navigant du présent au passé en permanence, histoire de mieux aborder les problèmes d’un enfant souffre-douleur, victime de dédoublement de la personnalité, et devenant peu à peu un dangereux sociopathe. Si on y ajoute un style assez approximatif rempli de redites et de rappels souvent inutiles des épisodes précédents ainsi qu’un bizarre parti pris de re-francisation de termes franglais (« kidnappage » pour éviter « kidnapping » alors qu’ « enlèvement » ou « rapt » existent, ou « debreffage » en lieu et place de « debriefing » alors qu’un recours à « rapport » ou « compte-rendu » aurait suffi), on obtient un petit roman de divertissement qui se lit assez facilement, mais sans grand plaisir.

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

GLACE (BERNARD MINIER)

Le résumé du livre

Au sortir du téléphérique privé les amenant à leur centrale hydroélectrique juchée à plus de 2000 mètres d’altitude dans les Pyrénées, quelques ouvriers découvrent horrifiés le cadavre d’un cheval décapité et dépecé accroché à un portique… Diane Berg, jeune psychologue suisse, vient prendre son premier poste à l’Institut Wargnier, centre psychiatrique de très haute sécurité, spécialisé dans la détention de tous les pires sociopathes et psychopathes d’Europe, dont la direction est assurée par un certain docteur Xavier, psychiatre venu de Montréal, qui l’accueille tout à fait froidement… Le pur-sang sacrifié était la propriété d’Eric Lombard, PDG fort influent d’une multinationale, lequel exige qu’une enquête approfondie soit immédiatement diligentée. Et l’affaire se complique lorsqu’un randonneur découvre un homme complètement nu pendu par les bras et par le cou sous la voûte d’un pont tout proche… Si on y ajoute une vieille affaire de suicide collectif inexplicable d’ados âgés de 15 à 18 ans, on se retrouve devant une enquête bien délicate que devront conjointement mener Martin Servaz, flic divorcé, trouillard et hypocondriaque, et Irène Ziegler, capitaine de gendarmerie, dynamique, casse-cou et lesbienne…

Ma critique

« Glacé » est un thriller à la française s’étirant sur plus de 730 pages qui se lisent assez rapidement, mais pas non plus à une vitesse folle. On n’est pas vraiment dans le page-turner yankee. Le suspens n’est pas très haletant. L’histoire, écrite d’une manière plus punchy et plus « close to the bone » aurait pu aisément tenir sur 300 pages ! L’intrigue démarre sur des chapeaux de roues aussi improbables qu’invraisemblables. Imagine-t-on un milliardaire sacrifier son yearling préféré, un animal lui ayant coûté une fortune, juste pour éloigner les soupçons de la police ? Après une enquête un peu poussive suivie de la découverte capillotractée d’une première coupable fort peu crédible, le lecteur en arrive à une fin logique mais nullement surprenante. Cet ouvrage reste dans le style polar de divertissement comme nos bons éditeurs français nous en produisent à la pelle. Seule originalité de son auteur : sa propension à nous gratifier d’un nombre impressionnant de proverbes en latin !

Ma note

3/5

POLICIER

LA PEAU DE CÉSAR (RENÉ BARJAVEL)

Le résumé du livre

À Nîmes, le commissaire Mary reçoit une lettre anonyme des plus étranges : « Ce soir, les conjurés tueront vraiment César ». Le papier sur lequel les lettres découpées dans un journal ont été collées provient de l’hôtel Imperator, endroit où séjourne une troupe de comédiens professionnels venus interpréter la pièce de Shakespeare « Jules César » dans le cadre d’un festival. Le metteur en scène appelé Bienvenu a reçu le même message. Mary demande à Bienvenu de garder le secret vis-à-vis de la troupe et surtout de Faucon qui joue le rôle de César, histoire de ne pas le déstabiliser. Il exige que deux de ses flics, habillés en soldats romains, montent sur la grande scène des arènes, pour être en mesure d’intervenir facilement et efficacement si la menace n’est ni un simple coup de bluff ni une plaisanterie de mauvais goût…

Ma critique

« La peau de César » est un roman policier de facture assez peu classique avec cette histoire de meurtre prévu pour se dérouler en pleine représentation théâtrale et devant des centaines de spectateurs. Plutôt spécialisé dans la science-fiction, l’anticipation et le fantastique, Barjavel s’y essaie à ce genre assez peu familier pour lui. Le résultat est loin d’être inintéressant. La description qu’il nous livre de la vie quotidienne d’une troupe de comédiens en tournée avec ses intrigues, ses mesquineries et autres rivalités est pleine de vérité. L’auteur ne prend pas la peine d’égarer le lecteur sur plusieurs fausses pistes comme le faisait Agatha Christie et comme le pratiquent toujours des centaines d’autres auteurs. Il laisse le lecteur complètement dans le noir et ne révèle le nom de l’assassin qu’à la toute fin. Cette histoire assez sombre, mais ne tombant pas non plus dans le style « thriller », permet à l’auteur d’aborder certains côtés sombres du mouvement de libération sexuelle des années 60/70 (orgies, pédophilie, drogues et prostitution des actrices pour obtenir un rôle). Un bon polar qui se lit facilement sans être le meilleur titre de Barjavel.

Ma note

3,5/5

POLICIERSCIENCE-FICTION

MORTELLE EST LA NUIT (ISAAC ASIMOV)

Le résumé du livre

Louis Peyton envisage d’assassiner un certain Albert Cornwell, fourgue à la petite semaine. Celui-ci lui dit connaître une cachette de « chante-cloches » qui se situerait quelque part sur la lune. Ils décident d’y partir en exploration le 10 août prochain. Peyton pilotera l’astronef et Cornwelle fera office de passager. Après plusieurs jours de recherches infructueuses, ils finissent par en découvrir une douzaine. Une vraie aubaine. Chacune peut rapporter cent mille dollars au minimum. Mais au moment de les charger, Peyton sort son fulgurateur et désintègre Cornwell. Comme ce crime est le premier qui soit perpétré sur notre satellite, l’inspecteur Davenport chargé de l’enquête demande conseil au Dr Urth, célèbre extraterrologiste… Edward Talliafero revient de la lune. Il retrouve ses amis, Kaunas, Ryger et Villiers, lequel leur fait part d’une découverte qui pourrait révolutionner les voyages spatiaux. Quelque temps plus tard, il est retrouvé mort d’une crise cardiaque. Ce décès lui semblant suspect, le doyen Mandel entame une enquête préliminaire auprès des trois amis avant de faire appel au fameux Dr Urth…

Ma critique

Cet ouvrage est un court recueil ne comportant que deux nouvelles (« Chante-cloche » et « Mortelle est la nuit ») relevant à la fois de la science-fiction et de l’enquête policière, cocktail assez peu fréquent s’il en est. Le lecteur devine que le grand Asimov a dû s’amuser à pasticher la célèbre Agatha Christie avec un certain Dr Urt dans le rôle d’Hercule Poirot. Le polar l’emportant sur la SF, le lecteur prendra un certain plaisir à suivre ces deux enquêtes presque parallèles. La seconde semble mieux menée que la première, car elle respecte tous les critères du genre avec fausses pistes, bras de fer psychologique et découverte surprenante du coupable après interrogatoires serrés. Amusant et divertissant, sans chercher plus…

Ma note

3,5/5

HUMOURPOLICIER

UN ÉLÉPHANT ÇA TROMPE (SAN ANTONIO)

Le résumé du livre

Prêt à partir en vacances d’été, San Antonio tombe par hasard sur son adjoint Bérurier installé à la terrasse d’un café en compagnie de son cousin Evariste Plantin. Béru envisage un petit séjour à Embourbe le Petit, village dont Evariste est le maire. Mais pas question de s’installer chez son cousin vu qu’il doit héberger une délégation de Britanniques venus pour un jumelage. Alors Béru trouve un prétexte imparable pour s’imposer quand même : il prétend causer couramment le british. Quelque temps plus tard, à la cérémonie d’accueil, alors que le Gros pérore dans un anglais plus qu’approximatif, tombent deux nouvelles surprenantes : Kiki la vinasse, la clocharde du village vient d’accoucher de jumeaux dans le hangar de la pompe à incendie, performance devenue rarissime dans le coin, et Moïse Assombersaut, directeur du service des eaux de la région, a été retrouvé assassiné d’une balle de révolver dans son petit pavillon de pierres meulières…

Ma critique

« Un éléphant ça trompe » est un des innombrables romans policiers picaresques, parodiques et décalés dont nous gratifia pendant des années le très regretté Frédéric Dard, alias San Antonio. Même à un demi-siècle de distance, c’est toujours un plaisir de lire ou de relire une des aventures du célèbre commissaire et de son peu reluisant adjoint. L’intrigue, basée sur un complot de néo-nazis tentant de stériliser la population en empoisonnant l’eau de la ville, est bien menée et toujours d’actualité. Mais le plus intéressant reste quand même le style de l’auteur, cette langue verte, pleine de tournures argotiques ou inventées, de jeux de mots, de trouvailles et d’humour goguenard. Le vrai esprit français fait d’ironie, d’intelligence, de dérision et de légèreté. On s’amuse beaucoup à lire cet ouvrage, comme tous les autres San Antonio d’ailleurs. Un excellent dérivatif, sans prétention, pétillant et amusant à souhait. À consommer sans modération, pour se détendre entre deux ouvrages sérieux ou pour oublier la noirceur ambiante…

Ma note

4,5/5

FANTASTIQUEPOLICIER

TRAQUE EN DEUX TEMPS (MICHEL CHERCHI)

Le résumé du livre

En août 2018, au Nicaragua, Rob Sterling et Alex Garcia, tous deux agents de la CIA, tombent dans une embuscade. Leur guide Ramiro est abattu. Rob et Alex se réfugient dans une grotte où ils comptent défendre chèrement leur peau dans l’attente des secours. Mais un tir de roquette fait s’effondrer leur refuge sur eux. Une équipe, intervenue en hélico pour les sauver, arrive juste à temps pour les transférer en bien piteux état à l’hôpital militaire de Managua. Deux mois plus tard, Sterling se retrouve au quartier général de la CIA à Langley dans le bureau de Shaeffer, le directeur, qui lui annonce qu’Aljarith, le tueur à gages terroriste qu’il pourchasse depuis des années, vient enfin d’être abattu au Mozambique. Rob Sterling n’en croit rien. Un peu plus tard, son ami Yorell Lincoln, reporter du journal « The Independent », l’informe que différents phénomènes paranormaux se dérouleraient autour du siège de la NASA. Ils décident de se rendre sur les lieux. Ils y rencontrent le professeur Evrett, prix Nobel de physique, qui leur explique que ce dont ils ont été témoins est une sorte de fracture dans le continuum espace-temps, ce qui expliquerait la facilité avec laquelle Aljarith parvient toujours à s’échapper une fois ses crimes accomplis…

Ma critique

« Traque en deux temps » se présente comme un roman d’espionnage avec un important volet fantastique. Toute l’intrigue, assez simple au demeurant, repose sur le va-et-vient entre deux mondes, celui de maintenant et celui à venir, 91 ans plus tard. Pas mal apparenté aux agents secrets bien connus comme James Bond ou OSS 117, le héros est un superman chevaleresque, mais sans grande épaisseur romanesque ni véritable humanité. Quelques petites manies, quelques lubies ou quelques hobbies originaux les lui auraient procuré. Le style est simple, efficace et agréable à lire. La preuve, le livre se lit en une journée, tellement le lecteur n’a pas envie de le quitter même s’il a parfois l’impression de lire une BD ou d’être pris dans un jeu vidéo plein de péripéties et de rebondissements. Ouvrage de détente et de divertissement agréable et détendant, bien qu’entaché que quelques coquilles, anglicismes (ou américanismes) et autres erreurs grammaticales ou lexicales qui auraient dû être corrigées.

Ma note

4/5

HISTORIQUEPOLICIERTHRILLER

JEAN DIABLE (PAUL FEVAL)

Le résumé du livre

À Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l’aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu’il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d’être assassinée d’une assez étrange manière, par simple compression d’un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu’il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n’étant pas plus avancé, décide d’envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L’Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d’un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l’attelage s’est emballé. De l’autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l’un à Lyon, l’autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c’est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage…

Ma critique

« Jean Diable » est le premier tome d’un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C’est à la fois un roman d’aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l’un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s’accumulent dans cette sombre affaire et on connait l’identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L’ambiance générale est assez proche de celle des « Mystères de Paris » ou des « Mystères de Londres ». Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d’aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu’il pourrait s’y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c’est un vrai régal que de lire une œuvre d’aussi grande qualité, à plus d’un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l’époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !

Ma note

4,5/5

POLICIER

AUTOPSIE D’UN VIOL (S.A. STEEMAN)

Le résumé du livre

Dans la petite ville américaine de Vale Heights, George Lamont rentre chez lui dans son pavillon de banlieue appelé « Dolce Vita ». Après une journée de travail, au volant de sa Chevrolet, il pense retrouver à la maison Barbara, son épouse avec qui il s’est marié cinq ans plus tôt. Mais à son arrivée, quelque chose lui semble étrange : il y a deux verres et une bouteille de Tim Collins sur la table du séjour. Il appelle sa femme. Personne ne répond. Il grimpe quatre à quatre à l’étage et la découvre morte, étendue sur son lit. Il surprend un inconnu qui lui tire dessus avec un révolver avant de s’enfuir à toutes jambes. Blessé, Lamont a la force de téléphoner à la police. L’enquête s’annonce d’autant plus difficile qu’à un premier suspect s’en ajoutent deux autres qui viennent spontanément se dénoncer au shérif.

Ma critique

« Autopsie d’un viol » est un roman policier original et fort bien conçu. De bout en bout, le suspens est parfaitement ménagé. Le lecteur est minutieusement « promené » du début à la fin, tout au long d’une intrigue si bien ficelée qu’il faut attendre les toutes dernières pages pour découvrir une fin tout à fait surprenante et quasi improbable. Déjà pas mal ancien (1964), ce titre est encore aujourd’hui fort agréable à découvrir. Style fluide, personnages intéressants, rebondissements divers et variés. Le parfait cocktail pour une lecture addictive. On ne s’étonnera pas de noter qu’un bon nombre d’ouvrages de cet auteur furent adaptés au cinéma. Il n’y a jamais de fumée sans feu !

Ma note

4/5

POLICIER

TOTAL KHEOPS (JEAN-CLAUDE IZZO)

Le résumé du livre

Marseille, années 90, quartier du Panier et autres lieux populaires plus vraiment pagnolesques. Ugo revient sur les lieux de son enfance. Il est accueilli par Lole, la belle gitane qui vient de perdre Manu, l’ami d’Ugo, descendu par on ne sait qui. Ugo n’a plus qu’une idée : se venger sur la personne de l’éventuel commanditaire, Zucca, gros bonnet de la pègre marseillaise. Ugo emprunte une mobylette à de jeunes maghrébins pour aller le descendre froidement en pleine rue. Mais, l’affaire conclue, il trouve deux flics qui l’attendent devant chez Lole. Bien qu’il se soit débarrassé de son arme peu avant, les flics le croyant armé, l’abattent sans sommation. Fabio Montale est chargé de l’enquête. Celle-ci lui tient d’autant plus à cœur que les deux victimes font partie de ses amis d’enfance. Un peu plus tard, une autre amie de Montale, Leïla, une jolie beurette qui ne le laissait pas indifférent, est abattue de trois coups de révolver après avoir été violée…

Ma critique

« Total Khéops » est plus un roman noir qu’un roman policier. Izzo ne s’attache pas vraiment à emmener son lecteur dans une enquête classique avec suspects, hypothèses, contre-hypothèses, pistes et fausses pistes. Il préfère décrire le décor et l’ambiance de la capitale phocéenne et surtout les états d’âme et la vie quotidienne de son héros, Montale. Le lecteur saura tout de lui. Ses amours, ses emmerdes, son incapacité à garder une femme, ses goûts musicaux, ses plats, ses vins et ses alcools préférés sans oublier ses loisirs comme ses parties de pêche sur sa barcasse aux abords des îles du Frioul ! Mais comme peintre d’ambiance, n’est pas Simenon qui veut. Il importe de rester dans la réalité. Et là, Izzo nous la baille belle avec sa merveilleuse ville. Il a pour elle les yeux de Chimène. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil au royaume de la diversité heureuse… Le lecteur en arrive à se demander comment les morts peuvent s’accumuler pareillement. La réponse est évidente et bien dans la logique d’une doxa qui n’est pas à une invraisemblance près : Marseille regorge de néo-nazis et autres crypto-fascistes tous encartés dans un parti particulièrement nauséabond dont le nom rime avec « haine ». Cette conformité au politiquement correct peut agacer les uns et réjouir les autres. On ne tranchera pas. Mais quel intérêt peut-on trouver à lire une telle fable si ce n’est vouloir se contenter d’un charmant mensonge devenu une vérité d’Evangile par la magie d’une répétition « ad nauseam » ?

Ma note

2,5/5

POLICIER

DERNIER BUS POUR WOODSTOCK (COLIN DEXTER)

Le résumé du livre

Dans la région d’Oxford (Grande-Bretagne), deux jeunes femmes attendent un bus qui doit les amener à Woodstock. Malheureusement, il est déjà tard et le seul bus qui passe ne s’y rend pas. Il ne leur reste plus qu’à faire du stop. Une voiture rouge s’arrête et les embarque. Quelque temps plus tard, la plus sexy des deux auto-stoppeuses est retrouvée morte, le crâne défoncé par un démonte-pneu, dans la cour du « Black Prince », pub assez chic du coin. L’inspecteur Morse et son adjoint Lewis se retrouvent chargés de l’affaire. Mais dès le début, il leur semble que la seconde jeune femme, Jennifer, leur ment effrontément et cherche à cacher quelque chose. En étudiant les courriers des collègues de la compagnie d’assurances où travaillaient les deux femmes, Morse découvre une lettre anonyme assez étrange qui semble codée. L’enquête s’annonce délicate et compliquée. Et pour ne rien arranger, voulant boucher un trou dans un mur de son appartement, Morse tombe du haut de son escabeau et se foule le pied…

Ma critique

« Dernier bus pour Woodstock » se présente comme un roman policier de facture tout à fait classique. Un meurtre. Un deux trois suspects. Autant de fausses pistes et de rebondissements possibles. Du début à la fin, ce diable de Colin Dexter, en parfait émule de la très grande Agatha Christie, nous balade d’hypothèse en hypothèse au gré de l’intuition et de l’imagination débordante de Morse, son enquêteur vedette. Fantasque, un brin caractériel voire sadique envers son partenaire souffre-douleurs, celui-ci se révèle comme un personnage atypique et attachant car pétri d’une humanité un brin bougonne. L’intrigue subtile et intelligente est si brillamment menée que le lecteur ne peut que suivre sans jamais vraiment pouvoir anticiper ni même deviner où on l’entraine. Les personnages secondaires sont intéressants et bien campés. Une mention spéciale pour Lewis. Après Holmes et Watson, Poirot et Hastings, voici donc un duo, Morse et Lewis, qui fonctionne parfaitement ! Le style est agréable et facile à lire. L’intérêt ne faiblit jamais vu le nombre de péripéties savamment distillées. Au total, un très agréable moment de lecture et de divertissement.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

POPULATION : 48 (ADAM STERNBERGH)

Le résumé du livre

Quelque part dans le désert texan, se trouve Caesura, alias « Blind Town », une toute petite ville close et entourée de barbelés. Y séjournent une quarantaine d’anciens détenus pour toutes sortes de crimes. Une fondation leur a proposé un étrange programme de réhabilitation en circuit fermé. On a effacé de leur mémoire tout souvenir de leurs forfaits passés. À leur arrivée, ils ont dû changer de nom et se voir attribuer un bungalow. Parmi eux, se trouvent peut-être quelques témoins innocents qu’il serait nécessaire de protéger de vengeances du monde extérieur. L’expérience a déjà huit années d’une existence relativement satisfaisante. La petite communauté vit sous la houlette bienveillante du shérif Cooper, ancien maton, seul homme armé et avec la caution médicale de la doctoresse Holliday. L’ennui, c’est qu’un des résidents vient de se suicider, puis qu’un autre a été froidement abattu d’une balle dans la tête dans le petit débit de boissons de l’endroit.

Ma critique

« Population : 48 » est un roman difficilement classable vu qu’il se situe aux limites du roman policier, du thriller, du roman noir et du roman d’anticipation. Le lire ou plutôt le dévorer (c’est un véritable « page-turner » presque impossible à lâcher tant le rythme narratif est haletant !) représente une sacrée expérience. Le volet policier maintient l’intérêt jusqu’aux trois quarts du livre. Il est relayé par l’aspect thriller quand les cadavres s’accumulent de façon apparemment incohérente. La fin totalement dantesque relève vraiment du roman noir quand le passé des uns et des autres ressurgit dans toute son horreur. Mais le plus frappant et le plus troublant est sans doute toute la manipulation psychologique et sociale induite par cette expérience étrange et inquiétante qui s’achève d’une façon à la fois surprenante et réconfortante. Une sorte de verset biblique revient comme un refrain sibyllin (« Il se peut que Dieu pardonne, mais Il exonère rarement »). En fait le pire n’est jamais certain, dira-t-on pour ne rien déflorer. Ouvrage majeur, distrayant et invitant à la réflexion sur la condition humaine. À ne surtout pas rater !!!

Ma note

4,5/5

POLICIERTHRILLER

CHASSE À TOURS (PHILIPPE-MICHEL DILLIES)

Le résumé du livre

De nuit, une jeune femme reprend conscience dans un parc. Elle n’a plus aucun habit sur elle et ne se souvient de rien. Au cimetière de Tours, Charles Wenz vient rendre un dernier hommage à son ami, Bernard Wooz, détective franc-maçon décédé apparemment de crise cardiaque. Oscar Kerlok, commandant de police grand admirateur de Sherlock Holmes est nommé au SRPJ de la ville. Il s’y présente chevauchant une énorme Harley-Davidson et investit les lieux avec tout un mobilier personnel de style victorien. Dans une remorque abandonnée, un cadavre est retrouvé. C’est celui d’une jeune femme sans le moindre sous-vêtement, le corps criblé de piqûres d’insectes. Un peu plus tard, c’est au tour d’un clochard d’en découvrir un second en semblable état.

Ma critique

« Chasse à Tours » est un thriller de facture classique, bien mené et fort agréable à lire même si le lecteur se doute dès le début de la manière dont toute l’histoire va se terminer. La singularité de cet ouvrage tient sans doute aux descriptions de la ville de Tours et de quelques autres sites de la région. Les personnages sont classiques et sans grande originalité si ce n’est une propension à se délecter des whiskies les plus rares. Tout ça est un peu insuffisant pour sortir du lot. Mais ça reste néanmoins distrayant comme un roman de gare, vite lu, vite oublié.

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

DARK WEB (DEAN KOONTZ)

Le résumé du livre

Jane Hawk, inspectrice du FBI, a trouvé son mari, ancien militaire de la Navy, mort dans leur salle bains. Il se serait lui-même tranché la jugulaire, ce que Jane n’arrive pas à croire plausible. Persuadée qu’il s’agit d’un meurtre et non d’un suicide, elle prend un congé sans solde et entame une enquête personnelle qui l’amène à se pencher sur d’autres cas de suicides aussi peu vraisemblables. Son mari n’était pas dépressif, il aimait la vie et n’avait aucune raison objective de mettre fin à ses jours. Très vite, Jane se retrouve confrontée à toutes sortes de personnages louches que ses recherches semblent déranger. Comme ils menacent de s’en prendre à son fils, elle le cache chez un couple d’amis. Elle change de véhicule, se sépare de son GPS, de son ordinateur et de son smartphone pour ne plus utiliser que des portables prépayés. Elle surfe sur le net uniquement dans des bibliothèques publiques. Elle fait tout ce qui est humainement possible pour se rendre indétectable. Mais l’enjeu est tellement énorme que ses ennemis ne lâchent jamais leur traque. Parviendra-t-elle à découvrir la vérité cachée derrière cette recrudescence étrange de suicides ?

Ma critique

« Dark web » est un thriller plutôt original autant par le fond que par la forme. C’est un thriller dans la mesure où les cadavres s’accumulent tout au long du parcours de l’enquêtrice fugitive. Mais c’est également une enquête d’investigation dans la mesure où il y a recherche d’un complot mené au plus haut niveau avec des conséquences potentielles terribles pour toute l’humanité. Mais le format utilisé, la saga en plusieurs tomes, n’est guère habituel dans ces deux genres. Le premier volet de cette affaire s’achevant sans que rien ne soit vraiment dévoilé, le lecteur se retrouve frustré et n’a qu’une envie c’est de lire la suite, tant ce début est bien mené, haletant, plein de suspens et de rebondissements. Un ouvrage de divertissement sans doute, mais avec un thème incitant à la réflexion sur toutes sortes de sujets comme le « dark net », les réseaux secrets de trafics et de prostitution et surtout sur les manipulations mentales. Si on y ajoute une héroïne attachante bien qu’un tantinet « superwoman », on s’aperçoit que toutes les cases du best-seller addictif sont cochées. Pas étonnant de la part de notre diabolique Dean, grand maître du genre !

Ma note

4/5

JEUNESSEPOLICIER

LANGELOT ET L’INCONNUE (VLADIMIR VOLKOFF)

Le résumé du livre

Le sous-lieutenant Langelot est chargé par son service secret, le SNIF (service national d’information fonctionnelle) de protéger une jeune femme, Graziella Andronymos, fille du président en exercice de la Côte d’Ebène. Alors qu’il commence par fouiller son appartement parisien, Langelot se retrouve surpris par quatre malfrats chargés par un certain Bellil de kidnapper Graziella. Ceux-ci ne se connaissant pas les uns les autres, l’agent secret arrive à se faire passer pour l’un d’entre eux après en avoir neutralisé un. Mais il ne peut empêcher que Graziella ne soit chloroformée et enfermée dans une malle avant d’être cachée dans une cave puis embarquée sur un bateau. Mais la donzelle a plus d’un tour dans son sac. Ne voulant pas jouer les victimes, elle ne tarde pas à prendre l’initiative. L’affaire risque d’avoir de graves conséquences pour le maintien de bonnes relations diplomatiques entre la France et la Côte d’Ebène pays producteur d’uranium.

Ma critique

« Langelot et l’inconnue » est un roman d’espionnage pour adolescents un peu dans la lignée des OSS 117, mais avec un héros quasi-juvénile. Bien écrit et distrayant sans plus, cet ouvrage ne datant pourtant que de 2001 a déjà un peu vieilli. Trop de naïvetés, d’invraisemblances et de personnages ou situations se rapprochant de la bande dessinée lui donnent un petit air suranné. Loin d’être le meilleur livre du regretté auteur, celui-ci relève plus du roman de gare, vite lu, vite oublié et qui ne fera même pas date dans la littérature de divertissement. On ne voit même pas quelle adaptation télévisuelle ou cinématographique il serait possible de tirer de pareille œuvrette.

Ma note

2,5/5

POLICIER

CORROMPU (PATRICK NIETO)

Le résumé du livre

Le 21 octobre 2011, en Libye, Mansour Al-Shamikh apprend la nouvelle de l’assassinat de Mouammar Kadhafi pour lequel il devait exécuter une mission spéciale. Ce proche du Raïs sait que les traitrises vont se multiplier et qu’il va vite se retrouver dans un rôle de proie comme il le vit dans le terrible cauchemar qui hante ses nuits… Le 12 avril 2012, le capitaine Arnaud Rossignol se trouve en planque tout en haut d’une grue du port de Bassens près de Bordeaux. Avec quelques collègues de la brigade des stupéfiants il assiste à une livraison de marchandise qui tourne plutôt mal pour un gang de malfrats, les Zaoui…

Ma critique

« Corrompu » se présente comme un roman policier de belle facture. Commandant de police, l’auteur sait de quoi il parle. Ses personnages et l’ambiance dans les services sans parler de la guerre des polices et la rivalité avec le service des douanes sentent bien leur vécu. L’intrigue de cette histoire est basée sur des faits réels, ce qui donne un intérêt supplémentaire à une narration passionnante. Le style de Patrick Nieto est de belle qualité, c’est-à-dire vif, nerveux et bien rythmé. Les évènements et rebondissements de cette dramatique affaire s’enchainent tellement vite qu’il est bien difficile de lâcher ce livre qui se dévore allègrement. De plus, le personnage de Rossignol, flic corrompu, ripoux atypique, plus victime que véritable voyou, pose honnêtement la problématique des méthodes policières et des risques de dérive d’un métier utile mais dangereux. Si on y ajoute un dénouement fort bien amené et tout à fait surprenant, on est pas loin du carton plein. Un excellent polar, tout à la fois, noir, social et réaliste. À conseiller aux amateurs !

Ma note

4,5/5

POLICIERROMAN

LA PETITE GAULOISE (JÉRÔME LEROY)

Le résumé du livre

Dans un futur proche, une grande ville portuaire de l’Ouest se retrouve quasiment au bord de la guerre civile ethnique. Le capitaine de police Mokrane Méguelati se fait descendre au fusil à pompe par un policier municipal facho qui le prend pour un dangereux terroriste. Deux commandos islamistes font un carnage dans un troquet avant de s’en prendre à une classe de lycée de banlieue recevant une auteure pour la jeunesse dans un Algeco leur servant provisoirement de classe. Calme et apparemment innocente au milieu de toute cette barbarie, Stacy Billon, 17 ans, surnommée « la petite gauloise » est le pivot de toute cette histoire. Détail qui a toute son importance, la mairie de la grande ville portuaire de l’Ouest a été récemment conquise par le « Bloc Patriotique ».

Ma critique

« La petite gauloise » se présente comme un roman noir fortement imprégné de politique et de social. Bien que cochant toutes les cases du politiquement correct, l’auteur n’arrive pas à développer une intrigue qui tienne vraiment la route. Tout semble surfait, fabriqué, incohérent, invraisemblable dans cette intrigue capillotractée. Et dans ce domaine, la chute qu’on ne dévoilera pas histoire de laisser le lecteur aller au bout de l’écœurement, en est un magnifique exemple. Le style de l’auteur se veut efficace, nerveux et rythmé avec quelques tics agaçants comme la répétition ad lib du nom complet du personnage en ignorant l’utilisation des pronoms personnels. Caprice d’ancien prof sans doute. S’il faut chercher quelques qualités à cette œuvrette sans envergure, on n’en trouvera que deux : une amusante mais réaliste description de l’ambiance d’une classe de première commerciale et surtout le peu d’ampleur de l’ouvrage, 142 pages en gros caractères qui seront aussi vite lues qu’oubliées…

Ma note

2,5/5

HISTORIQUEPOLICIER

MEURTRE A BILLOM (PIERRE MAZET)

Le résumé du livre

En 1784, à Billom, le jeune Guillaume Trinquard, fils de Robert, marchand-drapier récemment enrichi, s’apprête à partir pour les Amériques. Il a beaucoup entendu parler des Insurgents et d’un certain La Fayette, célèbre gentilhomme du voisinage. Il compte s’installer en Louisiane, y acquérir un domaine avec le pécule que lui a confié son père et y cultiver dans un premier temps du tabac et de la canne à sucre et ensuite du coton, plante promise à un bel avenir. Mais en chemin, dans une auberge, il rencontre un certain Jean auquel il a la sottise de parler de son projet et des lettres de créance qu’il a sur lui. Il n’en faut pas plus pour que Jean ait la diabolique idée de se débarrasser du pauvre Guillaume et d’usurper son identité. Mais pourra-t-il longtemps se faire impunément passer pour sa victime ?

Ma critique

« Meurtre à Billom » se présente comme un roman policier à contexte historique. L’intrigue est plutôt simple et classique. La chute, attendue dès le début de l’affaire, n’est guère surprenante. Plus agaçant est sans doute la manipulation opérée par l’auteur sur les tractations supposées au moment de la mise en accusation et de la chute de Robespierre. Il est difficile d’avaler que le vote reposa sur la seule voix d’un obscur député, de plus simple personnage de roman. Si le style est correct et agréable à lire, il n’en est pas de même de l’édition qui pêche par un grand nombre de coquilles, de mots oubliés et d’erreurs typographiques si nombreuses qu’elles rendent presque désagréable la lecture de ce livre divertissant mais sans grande ambition ni envergure.

Ma note

2,5/5

AVENTURESPOLICIER

LE TRAIN PERDU (SOUVESTRE & ALLAIN)

Le résumé du livre

Dans une guinguette des bords de Marne, Beaumôme, Oeil-de-bœuf, Bec-de-gaz et quelques autres apaches et rôdeuses de barrière découvrent qu’un mystérieux personnage semble les espionner depuis un salon particulier du premier étage. Ils s’apprêtent à lui faire un mauvais sort quand ils découvrent que le présumé roussin n’est autre que leur patron, le redoutable Fantômas. Lequel leur propose un nouveau contrat : dérober la rondelette somme de cinq millions de francs convoyée en Angleterre par le prince Vladimir, aristocrate russe, chargé de l’achat d’une île du Pacifique pour le compte d’une principauté d’Europe centrale. Une première tentative échoue lamentablement dans le train menant à Calais. Une deuxième sur le ferry-boat fait flop également. Il faut dire que diverses grèves de dockers et de cheminots compliquent à plaisir la manœuvre des voyous…

Ma critique

« Le train perdu » est un des 44 épisodes des aventures de Fantômas, « le génie du crime, le maître de l’épouvante ». Paru en 1912, ce roman feuilleton parfaitement dans le goût de l’époque rencontra un immense succès sous forme de fascicules vendus 65 centimes (le Livre de Poche avant l’heure). Dans la lignée des Rocambole et autres Arsène Lupin, le héros, sombre incarnation du mal n’a de cesse de faire frissonner de peur les lecteurs de l’époque. Y a-t-il un intérêt à lire aujourd’hui ce genre de texte écrit au kilomètre, quasiment sans relecture, sans le moindre souci de style ? Oui, sans aucun doute, mais pour des raisons différentes des originales. Tout d’abord pour la plongée dans le monde de la Belle Epoque avec toute sa galerie de personnages étranges ou truculents. Ensuite pour l’intrigue délirante, abracadabrantesque, pleine de rebondissements souvent cousus de fil blanc et frisant sans cesse l’invraisemblance. Mais qu’importe ! Le lecteur pourra également mesurer les progrès qui ont été faits en littérature (roman noir, thriller, fantastique) depuis cette œuvre de précurseurs sans prétention qui n’avaient qu’un but : distraire le lecteur et vivre de leur plume.

Ma note

3/5

POLICIER

UNE FILLE DANS UN CAVEAU (RUTH RENDELL)

Le résumé du livre

Le corps d’une jeune fille est découvert dans un caveau du cimetière de Kenbourne Vale, dans le quartier ouest de Londres. Il s’agirait d’une certaine Loveday Morgan, agée d’une vingtaine d’années, et domiciliée à Garmisch Terrace. C’est un des gardiens du cimetière, Mr Edwin Tripper qui a découvert le cadavre étranglé à l’aide d’une écharpe de soie de prix alors qu’il procédait à l’inspection mensuelle du caveau en question. Le superintendant Howard Fortune chargé de l’enquête pense qu’il s’agit d’un crime crapuleux, mais ne dispose que de fort peu d’éléments. Loveday vivait en solitaire, ne fréquentait personne et son nom n’était qu’un pseudonyme pour mieux garantir son anonymat. Heureusement pour lui, il pourra bénéficier de l’aide de son oncle, l’inspecteur-chef Reginald Wexford, fin limier et héros récurrent des romans policiers de Ruth Rendell. Suite à un accident, il a quitté sa campagne pour venir se reposer dans sa famille londonienne.

Ma critique

« Une fille dans un caveau » se présente comme un roman policier de facture tout à fait classique avec les questions habituelles : à qui profite le crime ? Qui était la victime ? Quel fut son parcours pour en arriver là ? Et bien entendu une ou deux fausses pistes pour égarer le lecteur. Du sous- Agatha Christie en quelque sorte. Pour ne rien arranger le style n’est ni très vivant ni très léger. Ruth Rendell multiplie les descriptions de lieux, sites et paysages. L’action étant située dans les sixties, cela lui permet d’évoquer toute une jeunesse aussi paumée que hippie, flower people, peace n’ love etc, avec un certain nombre de personnages hauts en couleurs voire un tantinet caricaturaux. Ouvrage qui peut encore se lire avec une certaine constance et assez peu d’agrément. Cette impression est peut-être due à une piètre qualité de traduction, mais il n’en demeure pas moins que seul le côté social présente un certain intérêt de nos jours.

Ma note

2,5/5

POLICIER

MEURTRE EN PÉRIGORD (MARTIN WALKER)

Le résumé du livre

Dans le paisible petit village périgourdin de Saint-Denis, Benoît Courrèges dit « Bruno », ancien militaire ayant opéré en Bosnie, exerce les fonctions de policier municipal. Pour la première fois de sa nouvelle carrière, il se trouve confronté à un crime lui qui, d’habitude, ne doit traiter que des affaires mineures comme celle de ces pneus crevés sur les voitures de fonctionnaires trop tracassiers de l’Union Européenne. Hamid Al Bakr, ancien sergent de l’armée française s’étant illustré en Indochine et en Algérie, décoré de la médaille militaire, a été retrouvé par son petit-fils, ligoté, éventré et lacéré de nombreux coups de couteaux. Et comble de l’abomination, une croix gammée a été gravée sur son torse dénudé. Ainsi débute pour Bruno une enquête délicate qui va se révéler beaucoup moins évidente qu’elle pouvait sembler au premier abord avec une trop évidente double arrestation dans les milieux d’extrême droite…

Ma critique

« Meurtre en Périgord » se présente au premier abord comme un roman policier classique. Un mort. Une enquête. Deux suspects pour une fausse piste. Mais en réalité l’intrigue dérive très vite sur tout autre chose. Le lecteur comprend vite que Martin Walker est plus intéressé par la description des mœurs d’un petit village périgourdin. L’ennui c’est que l’auteur n’assume pas vraiment le côté terroir de son propos dans la mesure où tous les lieux géographiques et tous les personnages sont imaginaires. La caricature, les clichés, les idées reçues de même que l’approximation historique ne sont pas loin. Si on y ajoute un très (trop) grand intérêt pour la cuisine locale, la gastronomie périgourdine, truffes, foies gras et magrets de canard, ainsi qu’un agaçant parti pris de supériorité britannique tous azimuts, il apparaît que l’intrigue policière au dénouement décevant car invraisemblable et convenu sert de prétexte à un autre récit finalement assez peu passionnant.

Ma note

2,5/5

POLICIER

UN CRIME TRÈS ORDINAIRE (MAX GALLO)

Le résumé du livre

En juin 1980, rue des Carmes, à Paris, Michel Farges, écrivain issu de milieu modeste mais ayant atteint une notoriété certaine, est retrouvé mort, dans le caniveau, entre deux voitures. Il a été abattu de deux balles en pleine tête. Qui pouvait bien en vouloir à un homme respectable et si bien introduit dans le milieu littéraire germano-pratin ? A-t-on affaire à un crime crapuleux, à un acte gratuit ou à quelque chose de plus grave impliquant plus sérieusement les hautes sphères politico-médiatiques ? C’est ce que se demande Sylvie Mertens, jeune enseignante provençale, qui fut le temps d’un été l’amante de Farges. La malheureuse tente de mener une enquête avec le peu d’éléments dont elle dispose. Et tout va se compliquer quand une des maîtresses de Farges sera renversée et tuée par un chauffard et qu’elle-même sera agressée et échappera de peu à la mort…

Ma critique

« Un crime très ordinaire » se présente comme un roman policier ou un thriller sur fond socio-politique. Il semble vouloir traiter de tous ces crimes inexpliqués, de ces suicidés se tirant deux balles dans la tête. Le lecteur pensera à l’affaire Boulin, à l’assassinat de Goldman, à la disparition étrange de Jean Edern-Hallier et de tant d’autres. L’ennui, c’est que la fameuse enquête piétine dès le début, qu’il ne se passe strictement rien à part des broutilles de vie quotidienne sans le moindre intérêt et que très vite l’ennui s’installe. Il faut pas mal de constance et de persévérance au lecteur pour arriver à découvrir une fin fort attendue mais aussi déplaisante que décevante. Rien ne sera révélé. Si on y ajoute un style assez lourd et une narration manquant particulièrement de rythme, on en arrive à la conclusion que cet ouvrage est loin d’être le meilleur de Max Gallo et que le regretté auteur aurait sans doute mieux fait de rester cantonné dans le registre des ouvrages historiques, domaine où il excellait.

Ma note

2,5/5

POLICIER

DOUCEURS PROVINCIALES (CHARLES EXBRAYAT)

Le résumé du livre

Guillaume Norrey, agent des services secrets français, est convoqué par son patron, M. Dumolard, dans son appartement discret du quatorzième arrondissement de Paris. Dans son laboratoire de Poitiers, le professeur Montanay est en passe de découvrir une formule révolutionnaire de carburant pour fusées spatiales. Le problème c’est que des fuites se sont produites. Une puissance étrangère risque de s’emparer du fruit de recherches aussi secrètes que prometteuses. Mais qui trahit ? Quelqu’un de l’entourage ou de l’équipe du professeur, composée d’un Yougoslave bourru, d’un Anglais mutique et amateur de chats et de son futur beau-frère ? Tout va encore se compliquer quand Guillaume va découvrir que Madeleine, l’épouse du professeur n’est autre qu’une ancienne amante très regrettée puis que le concierge est retrouvé poignardé après s’être vanté dans un café d’avoir gagné beaucoup d’argent…

Ma critique

« Douceurs provinciales » est un roman policier et d’espionnage de facture tout à fait classique. C’est bien écrit, bien mené, bien bâti. En son temps, le prolifique et regretté Exbrayat fut un maître dans ce registre particulier. Le lecteur erre de fausses pistes en fausses pistes et ne découvrira le pot aux roses qu’en toute fin d’ouvrage, juste à l’avant-dernière page. Vite lu, vite oublié, cet ouvrage de simple divertissement, pour ne pas parler de « roman de gare », ne se classe pas dans les meilleurs du maître, car il lui manque la petite étincelle d’humour qui caractérisait souvent la narration, en particulier dans les « Imogène ».

Ma note

4,5/5

POLICIERROMAN

ÉTRANGE CADAVRE EN PAYS COUTANÇAIS (MICHEL HEBERT)

Le résumé du livre

Un lundi matin, jour de grand calme en province, un cadavre est découvert par un passant sur le parvis de la cathédrale de Coutances. Il s’agit de celui d’un plombier bien connu dans le coin et de très bonne réputation. Personne n’a rien remarqué alors que l’homme a pris plusieurs balles dans la tête. De plus, sa position semble indiquer qu’il sortait du lieu de culte alors que celui-ci était fermé. Autant dire une enquête qui s’annonce fort compliquée pour l’inspecteur Vebert de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières…

Ma critique

« Étrange cadavre en pays coutançais » se présente comme un roman policier de facture et de structure tout à fait classique. Le lecteur suit pas à pas une piste qui mène le héros sur la trace d’un terrible gang de trafiquants d’œuvre d’art helvète (original !). Dès le début, il se demande ce que vient faire ce gabelou de haut vol dans cette histoire de meurtre de plombier. L’auteur résout cette difficulté par une pirouette en provenance de la haute administration. Ce démarrage un peu laborieux mis à part, la narration est agréable, bien rythmée, vivante, (beaucoup de dialogues) et la fin bien construite avec un faux coupable (obligatoire dans ce registre) et une poursuite en apothéose. Le style de l’auteur est honnête sans plus (à noter quelques coquilles et lourdeurs). Il ne lui manque qu’une chose : un peu plus d’humour lequel permettrait de rendre encore plus agréable la lecture de ce gentil ouvrage de divertissement. Un seul trait au dernier paragraphe : « La montre, à elle seule, paierait les frais dus à l’Etat, ce grand gourmand qui n’était jamais rassasié ! », c’est maigre !

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

LE DRAGON DE CRACOVIE (SAN ANTONIO)

Le résumé du livre

A Berchtesgaden, en novembre 1937, Adolf Hitler sympathise avec une jeune infirmière blonde qui, bizarrement porte le même nom que lui. Il finit par se jeter sur elle et par la trousser comme l’eût fait un feldwebel. De cette étreinte furtive, neuf mois plus tard, naîtra un gros bébé qu’on prénommera Richard et qui n’aura aucune ressemblance avec son géniteur. Il devint boucher, se maria et eut lui-même en 1970 un fils qu’on prénomma Adolf et qui se retrouva doté de nombreux points communs avec son tristement célèbre grand-père. Tout jeune, il commença une carrière de tueur sadique et sans le moindre état d’âme en trucidant le riche homosexuel qui l’avait recueilli chez lui avant de le mettre dans son lit. La suite de l’histoire se résume à une accumulation de cadavres jalonnant le parcours de ce psychopathe qui finira par intéresser la redoutable Camorra sicilienne…

Ma critique

« Le dragon de Cracovie » se présente comme une sorte de thriller parodique doublé d’uchronie, car il va sans dire que Frédéric Dard se permet bien des fantaisies avec l’Histoire tout au long d’une intrigue alternant lourdement copulations et liquidations pour finir sur une fin en apothéose abracadabrante. Le lecteur cherchera en vain l’humour et le picaresque présents dans de nombreux autres titres. Ils ont totalement disparu et c’est bien dommage car seuls le sadisme, la paillardise et une sorte de désenchantement généralisé subsistent. Aussi répétitifs et lassants les uns que les autres. Au total, pas le meilleur titre du grand Frédéric Dard, et de très loin.

Ma note

2,5/5

POLICIER

À CHACUN SON DÛ (LEONARDO SCIASCIA)

Le résumé du livre

Dans une petite ville de Sicile, Manno, pharmacien de bonne réputation reçoit une lettre anonyme fort inquiétante. Ne se connaissant pas d’ennemis et pensant n’avoir rien à se reprocher, il croit à une plaisanterie de mauvais goût. Mais quelque temps plus tard, au cours d’une partie de chasse, il est assassiné ainsi que son partenaire, le bon docteur Roscio. Craignant que l’enquête ne mène à rien, Laurana, professeur de son état et grand ami du docteur, décide de rechercher le coupable. Il fait alors quelques découvertes étonnantes sur la vie privée des deux notables et n’est pas loin de confondre le coupable du double meurtre. Mais rien ne se passe comme prévu.

Ma critique

« À chacun son dû » est plus une parodie de roman policier qu’un authentique « whodonit » style Agatha Christie. Sciascia se sert du motif criminel pour nous dépeindre une société sicilienne d’après-guerre gangrénée par les diverses mafias et apparemment encore nostalgique de l’époque mussolinienne. Sa plume est acérée et son esprit sarcastique a quelque chose de Simenon bien que lui-même soit plus influencé par Pirandello, auteur auquel il semble vouer une grande admiration, au point d’en imiter le style et même de mettre en scène le maître par le biais d’un personnage secondaire, Don Luigi. Ce dernier a même le tout dernier mot : « C’était un crétin ! » en parlant du pauvre Laurana. Humour et désenchantement sont au rendez-vous. Un bon moment de divertissement.

Ma note

3,5/5

POLICIER

LE BOUDDHA BIGOUDEN (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

Ancien journaliste devenu écrivain public, Gwenn Rosmadec se voit confier par une jeune femme prénommée Lenaïg la mission de raconter la vie de son père à titre de cadeau d’anniversaire. L’homme ayant passé de nombreuses années en Inde et ayant eu une existence riche en péripéties avant de regagner Sainte Marine, à l’embouchure de l’Odet, elle souhaite que l’ouvrage devienne un témoignage et serve de référence pour les générations suivantes. Mais Goulven de Kerdoncuff est un personnage bourru et pas particulièrement coopératif. Gwenn va devoir user de tout son charme et de toute sa diplomatie pour amener le vieux hobereau breton à collaborer…

Ma critique

« Le bouddha bigouden » se présente comme un roman policier classique avec une mise en place plutôt longue puisque le seul et unique crime n’intervient que vers la deux centième page. Cette histoire de bouddha de jade volé semble plus un prétexte que le nœud véritable de l’affaire. En effet, l’auteur se montre plus intéressé par nous décrire ce charmant petit coin de Bretagne que de ciseler une intrigue type Agatha Christie. Résultat : cette histoire se retrouve un tantinet cousue de fil blanc. Tout est évidemment révélé dans le dernier chapitre. Au total, un roman agréable et divertissant bien que manquant un peu de peps et d’originalité.

Ma note

3/5

POLICIERTHRILLER

LES ENGLOUTIS (DENIS LEPEE)

Le résumé du livre

1918. Ludmilla tente de fuir par la mer Saint-Pétersbourg ravagé par la révolution bolchévique. Il lui importe beaucoup de mener à bien la mission qui lui a été confiée, celle de sauver le « trésor » de la famille Koutouzov, mais son bateau est coulé au large de la Finlande…

2017. Tommaso Mac Donnell ravagé par la douleur d’avoir perdu sa femme et sa fille dans l’incendie de leur maison de Nantucket, débarque à l’aéroport d’Helsinski. Archéologue sous-marin, il vient évaluer un projet d’implantation d’éoliennes off-shore dans le golfe de Finlande, à deux pas de la zone russe et non loin de la petite ville de Kotka dont le maire est un ami de longue date…

Ma critique

« Les engloutis » est un roman original à plus d’un titre. D’abord parce qu’il n’est pas aisé à classer vu qu’il se situe aux limites de plusieurs genres : historique, aventures, policier et même espionnage (vu l’implication de divers agents secrets dont celle d’une jolie espionne du FSB russe). Autant le côté historique semble évident dès le début de l’intrigue, autant le côté policier se fait plus discret vu que le premier mort n’apparait qu’à la moitié du livre et que le personnage principal n’est ni inspecteur, ni détective privé, ni même journaliste, mais simple plongeur professionnel aux prises avec les fantômes de son drame personnel. Personnage avec lequel on ne peut qu’être en empathie immédiate d’autant plus que bien des déboires et des coups durs l’accablent, maintenant ainsi un intérêt soutenu tout au long d’une narration parfaitement menée. Si on y ajoute une plume de belle qualité, un cadre dépaysant et une parfaite connaissance du monde et des techniques de plongée, on obtient une totale réussite. Autre petit plus : dans les remerciements, Denis Lépée a l’élégance et l’honnêteté de faire la part entre l’historique et le romancé. Qu’il en soit remercié car peu nombreux sont les romanciers qui s’y plient !

Ma note

4/5

POLICIER

TOXIC STAR (HERVE CLAUDE)

Le résumé du livre

En Australie, sur l’immense plaine de Nullarbor, dans un endroit désertique à des kilomètres de toute piste, est retrouvé un 4X4 abandonné ainsi que les ossements blanchis d’un homme sans doute mort depuis au moins dix-huit mois. Les tests ADN permettent de découvrir qu’il s’agit des restes d’un certain Mathew Constant, australien d’origine roumaine, ancien champion de « footy », le foot-ball-rugby local où quasiment tous les coups sont permis. Journaliste au West Tribune, l’imposant Anthony Argos cherche à comprendre la raison de cette fin tragique. Son enquête va le mener jusqu’à Bucarest où il pourra bénéficier de l’aide de Christi, un ancien amant…

Ma critique

« Toxic star » se présente comme un polar relativement noir aux limites du thriller par le nombre de cadavres, mais avec l’énigme bien maintenue jusqu’au tout dernier chapitre. L’auteur, journaliste de télévision bien connu, familier de l’Australie, prend bien soin de maintenir le suspens et par là l’intérêt pour sa sombre histoire. Il ne perd pas le lecteur sur de fausses pistes comme dans un policier classique. Il préfère faire ressentir les ambiances d’un pays qu’il connait semble-t-il fort bien et surtout distiller bribe par bribe toutes les turpitudes d’un milieu frelaté, gangréné par le fric et infiltré par des hommes politiques dignes de mafieux. Les personnages manquent un peu d’épaisseur exception faite du héros totalement atypique, nouveau Rouletabille obèse et homosexuel, mais surtout tenace et obstiné. On saura gré à Hervé Claude, qui dispose d’un style agréable et fluide à souhait, d’avoir eu la finesse et l’élégance de ne pas trop s’appesantir sur les scènes les plus torrides. Dans l’ensemble, une œuvre de divertissement bienvenue pour un voyage en train ou pour une après-midi au bord de la piscine par exemple.

Ma note

3/5

POLICIER

FAMILLE PARFAITE (LISA GARDNER)

Le résumé du livre

Ancien marine, Justin Denbe a fait fructifier la puissante entreprise de BTP dont il a hérité à la mort de son père. Avec sa compagne Libby, ils ont eu Ashlyn, fille âgée aujourd’hui de 15 ans. Leur couple tient la route depuis 18 années et à première vue, à eux trois, ils donnent l’impression d’une famille exemplaire, bien que Justin ait donné quelques coups de canif dans le contrat. Un soir, de retour d’un repas au restaurant devant sceller leur réconciliation, le couple trouve ouverte la porte de sa riche demeure. Un colosse qui les attend à l’intérieur les neutralise à coups de taser pendant que deux complices maîtrisent Ashlyn. La disparition des trois membres de cette famille surprend tout le monde. Mais la détective privée Tessa Leoni est persuadée qu’il s’agit d’un enlèvement et non d’une fuite volontaire. Pourtant, on ne trouve ni effraction, ni vol, ni demande de rançon. Et pas le moindre témoin. L’affaire s’annonce compliquée : vengeance, extorsion de fonds, acte gratuit ?

Ma critique

« Famille parfaite » est un roman présenté comme un thriller alors qu’il ne respecte pas vraiment les critères du genre, à savoir présence d’un serial killer psychopathe, accumulation de cadavres et autres scènes de sadisme ou de tortures. Cousue de fil blanc, toute l’intrigue repose sur une histoire d’infidélité conjugale. Très vite le lecteur devine quelle sera la chute et perd ainsi la majeure partie de l’intérêt pour ce long pavé de 571 pages qui auraient largement pu tenir dans un volume trois fois moindre et même dans une nouvelle resserrée d’une quarantaine de pages. Trop de redites, trop de pages inutiles, en particulier tous les chapitres délayant à plaisir les états d’âme de Libby, la femme trompée partie à la dérive. On a même l’impression que l’auteur tire un tantinet à la ligne. Trop peu de péripéties, trop peu de rebondissements. Des personnages convenus : le patron ripoux, les mâles machos et violents et les femmes, pauvres victimes innocentes. On se demande comment pareil navet a pu figurer comme numéro un sur la liste des best-sellers du « New York times ». Toujours se méfier de la pub, même déguisée.

Ma note

2,5/5

POLICIER

EN CREVANT LE PLAFOND (JAMES HADLEY CHASE)

Le résumé du livre

Harry Griffin, pilote d’avion licencié par sa compagnie pour un comportement déplacé avec une hôtesse de l’air, n’a pas envie de se contenter de petits boulots pour survivre. Il préfère tenter un gros coup et ramasser le magot. Trois millions de dollars de diamants industriels vont transiter entre New-York et San Francisco à bord d’un avion de son ancienne compagnie. Avec quelques comparses, il pense être en mesure de braquer l’équipage et de filer avec le butin après avoir atterri quelque part dans le désert. Mais pour espérer une réussite complète, il a besoin de l’aide de Ben Delaney, un parrain de la mafia capable de fourguer les cailloux mieux que lui. Par chance, Glorie Dane, petite amie de Harry, est également une ex de Delaney. Elle les met en relation, force Harry à se grimer et à changer d’aspect physique pour ne pas être reconnu de ses anciens collègues. Malheureusement, rien ne se passe comme prévu. La présence d’un convoyeur de fonds n’ayant pas du tout l’intention de se laisser faire va complètement changer la donne…

Ma critique

« En crevant le plafond » est un roman noir d’excellente facture du prolifique auteur britannique. L’écriture est classique, de belle qualité et très agréable à lire. Bien que le lecteur se doute dès le début que tout ne peut qu’aller de mal en pis dans cette histoire, il reste accroché du début à la fin, car les péripéties ne manquent jamais jusqu’à une fin assez surprenante. Les personnages sont bien campés, bien pétris d’humanité et tout à fait crédibles. On tremble pour Harry même si le personnage n’est pas particulièrement sympathique. On remarque également l’importance de la psychologie féminine avec les deux héroïnes, aux antipodes l’une de l’autre mais réagissant de semblable manière devant la dérive du héros, tirer au mieux leur épingle du jeu. Finalement, elles sont les plus fortes, car les plus intelligentes voire les plus sournoises. Bien que datant un peu (1956), cet ouvrage permet encore de passer un très bon moment de divertissement.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

DES BABOUCHES À ESQUIBIEN (ALEX NICOL)

Le résumé du livre

À Saint Renan, au nord de la Bretagne, un tueur à gages provoque délibérément un accident envoyant au fond d’un étang une voiture avec son malheureux conducteur. Puis il abat d’une balle de révolver entre les deux yeux une vieille dame, chez elle, dans son jardin. Gwenn Rosmadec, ancien grand reporter devenu écrivain public et son épouse Soazic, par le biais d’un texte à fournir sur un étrange bienfaiteur de la commune, se retrouvent mêlés à cette affaire qui les mènera jusqu’en Arabie Saoudite où l’homme en question a longtemps travaillé et fait fortune avant de prendre sa retraite à Esquibien.

Ma critique

« Des babouches à Esquibien » est un roman d’aventures policières tilisant la plupart des codes du thriller. Il s’agit pour les deux héros d’empêcher que se produise un attentat contre un monument emblématique des Cornouailles. L’intrigue est bien menée quoi que le pot aux roses soit assez énorme et moyennement vraisemblable. L’auteur, grand amateur d’une certaine marque de whisky breton à base de blé noir, citée si souvent qu’on se demande s’il n’en est pas sponsorisé, connait parfaitement son sujet. Il décrit son petit coin de Bretagne avec autant de soin que la réalité de Djeddah. Rien que pour le dépaysement, cet ouvrage agréable à lire mérite le détour.

Ma note

4/5

POLICIER

L’ŒUVRE DES PIEUX (VALÉRIE LYS)

Le résumé du livre

Ayant à peine résolu une affaire dans la ville de Quimper, le commissaire Velcro est aussitôt récupéré par Delcourt, son collègue de Rennes alors qu’il espérait enfin rentrer à Paris pour profiter un peu de son canapé et de sa clarinette. Sur le lieu du crime, un appartement inoccupé, Velcro découvre un homme torse nu, agenouillé sur le sol, un rabot à la main, dans la posture d’un ponceur de parquet. Un pieu planté dans sa poitrine le maintient dans cette position particulière. La victime se révèle être l’adjoint du ministre de la Culture. Cet assassinat risque de faire du bruit en haut lieu. Ainsi démarre en terre bretonne une nouvelle enquête qui s’annonce compliquée pour Velcro.

Ma critique

« L’œuvre des pieux » est un roman policier de facture tout à fait classique avec un petit côté thriller très bienvenu dans la mise en scène des crimes. L’intrigue est menée de main de maître. Le lecteur se perd dans diverses pistes très plausibles mais qui toutes ne mènent à rien avant que ne soit révélée en toute fin la clé de l’énigme tout à fait inattendue. Il y a de l’Agatha Christie chez Valérie Lys. On ne lit pas son ouvrage, on le dévore, tant le rythme est soutenu et l’intérêt jamais pris en défaut. L’écriture est limpide, fluide et agréable. Les personnages sont intéressants. Velcro bien sûr, mais aussi Déborah, la stagiaire, hyper efficace et presque surdouée et même Gustave le photographe philatéliste. Ils sont même attachants parce qu’ambigus. Livre à conseiller à tous les amateurs de bons polars qui font bien travailler les petites cellules grises !

Ma note

4,5/5

AVENTURESPOLICIER

RETOUR À SHANGRI-LA (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

En exil depuis des années aux Etats-Unis, le vieux général Teng Tao, chef de la rébellion des Méos du Laos cherche à organiser un coup d’état dans son pays. Il s’agit de s’emparer du pouvoir à Vientiane en se débarrassant de la dictature communiste qui y règne depuis l’abandon des Américains à la fin de la guerre du Viet-Nam. Tao espère profiter d’un changement d’attitude de la CIA, laquelle commence par lui faciliter la tâche pour l’approvisionnement en armes de ses combattants. Pour mener à bien sa tentative, il compte également sur la passivité naturelle des Laotiens et surtout sur l’usure d’un régime au bout du rouleau. Malko Linge se retrouve à devoir faciliter la tâche du général en se faisant passer pour un marchand d’armes nommé Max. Mais il sait très bien que la tâche va être tout sauf aisée…

Ma critique

« Retour à Shangri-La » est un roman d’espionnage et d’aventures basé sur un complot mené sous fausse bannière dont les services secrets américains sont friands. Gérard de Villiers, en fin connaisseur de la situation du Sud-Est asiatique, nous entraine dans cette histoire pleine de coups tordus qui donne une bonne idée des capacités américaines en matière de trahison. Cet ouvrage a surtout le mérite d’évoquer le long calvaire des Méos, peuple fier et courageux, harkis de l’Asie, sacrifié deux fois sur l’autel de la « real politik ». Comme à son habitude, Villiers entrelarde son récit de scènes de sexe particulièrement torrides qui apportent un brin de piment mais sont loin d’être d’un intérêt exceptionnel.

Ma note

3/5

POLICIERROMAN

L’AGENDA KOSOVO (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

En 2007, au Kosovo, non loin du village de Decani, un monastère abritant quelques moines d’origine serbe est protégé par un détachement de bersaglieri italiens de la KFOR. Une nuit, Adile, une jolie kosovare, monte au monastère rejoindre un certain Beppo Forlani qui finit par lui faire l’amour dans un cabinet de toilettes. Pendant ce temps, un commando albanais, « les loups noirs du Kosovo » profite du relâchement de surveillance de Beppo et de son collègue Vanzetti pour s’introduire discrètement dans le monastère, kidnapper cinq moines, les emmener dans la forêt et les décapiter à la scie circulaire. Cet acte barbare déclenche immédiatement l’intervention magistrale du prince Malko Linge…

Ma critique

« L’agenda Kosovo » est un roman d’action et d’espionnage basé sur des faits réels et particulièrement bien documenté. L’intrigue n’est malheureusement pas très originale. Malko, pour tenter de découvrir qui a commandité le crime, doit remonter toute une filière en passant de témoin en témoin. La seule surprise réside dans le fait que cette affaire fonctionne sous « fausse bannière » et donc que les apparences peuvent être trompeuses. Sinon, le procédé de fabrication repose sur l’éternelle même recette : pas mal de violence entrelardée de scènes de sexe censées pimenter le propos. L’ennui c’est que les descriptions sont quasiment tirées au kilomètre au mot près et que la monotonie ne peut qu’engendrer l’ennui. Chacun sait ce qu’il peut attendre de ce genre de « littérature », autrefois dite « de gare » et ne doit pas s’attendre à autre chose qu’un peu de divertissement facile et sans conséquence.

Ma note

3/5

POLICIER

SAINT FREDO (ALPHONSE BOUDARD)

Le résumé du livre

Alfred Friteau, « Frédo » pour les intimes, est un truand à l’ancienne qui a connu les maisons de correction, les prisons centrales et même le bagne. Au total, environ 25 années derrière les barreaux. Il a partagé quelques-unes de ses galères pénitentiaires avec l’auteur. C’est la raison pour laquelle il reprend contact avec lui bien des années plus tard. Alphonse est un auteur connu. Il fréquente même le milieu du cinéma. Frédo lui, s’est trouvé un petit boulot d’éducateur à Rouen. Il se consacre à la réhabilitation de jeunes voyous. Un curé s’intéresse à lui. Il va même jusqu’à lui confier la direction d’un centre de réinsertion en région parisienne. Quelques personnages haut placés s’extasient sur une aussi extraordinaire reconversion. En réalité, Frédo n’en a pas complètement terminé avec tous ses vieux démons…

Ma critique

« Saint Frédo » se présente plus comme un roman social que comme un roman noir ou policier. Il se situe plutôt aux limites des trois genres. Le personnage haut en couleur de ce gangster d’un autre temps, celui des « vrais hommes » avec leur code d’honneur que Boudard relativise d’ailleurs, mérite à lui seul d’occuper toute l’intrigue. Tour à tour braqueur, perceur de coffre-forts, fourgue et proxénète, il profite de son retour à la liberté pour mettre les bouchées doubles autant sur la boisson que sur la nourriture ou les femmes. Un vrai jouisseur libidineux, ce faux « saint » ! Un régal que cet ouvrage autant pour le regard malicieux et plein d’humour que pour le style inimitable, truffé d’argot, d’images cocasses, de trouvailles lexicales d’un auteur comme on en fait plus.

Ma note

4,5/5

POLICIER

COMPTE À REBOURS (AUDREY ERSKINE LINDOP)

Le résumé du livre

Dans une petite ville de Grande-Bretagne, la jeune Wynne Kinch a été recueillie par sa tante Lucy Meakham laquelle vit avec Tom, le grand-papa, son fils George et les deux jumeaux Hélène et Len. Pour impressionner son amie Corinne, elle s’invente des aventures sentimentales à défaut de les vivre et finit par tomber dans la mythomanie. Et voilà que dans le quartier sévit un tueur en série qui s’en prend à de très jeunes filles que l’on retrouve étranglées à main nue dans les squares. Wynne commence à soupçonner George pour lequel elle a un véritable faible. Elle trouve intelligent d’essayer d’éloigner de lui les soupçons en faisant disparaître des indices et en s’embrouillant dans une longue chaîne de mensonges qui ne font que compliquer les choses et attirer sur elle l’attention de la police…

Ma critique

« Compte à rebours » aurait pu être un thriller haletant si l’auteure s’était focalisée sur le criminel. Mais ce n’est qu’un roman à suspens assez bien ficelé, assez psychologique, dans lequel seul le point de vue de la jeune héroïne importe. Comme dans toute intrigue policière classique, le lecteur, auquel on ne fournit les indices qu’au compte-gouttes, se perd en conjectures et s’égare sur de fausses pistes avant de se voir révéler la clé de l’énigme en toute fin d’ouvrage. Mme Lindop respecte complètement ce procédé et va même jusqu’à ne quasiment rien dire du véritable coupable. Bien écrit et agréable à lire, ce livre, qui obtint le Grand Prix de la littérature policière en 1967, a quand même un peu vieilli même s’il peut encore intéresser certains amateurs du genre.

Ma note

3/5

POLICIER

LES DISPARUES DE LA SAINT-JEAN (LAURENT CABROL)

Le résumé du livre

Au début des années soixante, à quelques années de distance, trois jeunes filles, Isabelle, Clémence et Adeline, disparaissent d’un petit village du Tarn au cours de la nuit de la Saint-Jean. Les gendarmes concluent à des fugues sans conséquence. Mais, Justin Gilles, journaliste localier, est certain que les trois filles ont été assassinées par un tueur en série qui sévirait sur le Causse. Ses articles obligent à relancer l’enquête. Les soupçons se portent alors sur un jeune berger, Christophe Solal, qui est rapidement incarcéré par un juge d’instruction. Est-il le véritable coupable ?

Ma critique

« Les disparues de la Saint-Jean » est un roman policier en milieu rural sans véritable enquêteur à la Maigret, Holmès ou Poirot mais sous la houlette d’un commandant de gendarmerie psychorigide et d’un juge d’instruction frustré. Avec pareils bras cassés, l’erreur judiciaire n’est pas très loin. Parfaitement écrit, ce roman se lit quasiment d’une traite tant l’ambiance campagnarde est bien rendue et le suspens magistralement maintenu. Laurent Cabrol, journaliste météo bien connu, se révèle également romancier de terroir de haut niveau. Ses personnages, excellemment décrits sont tous pétris d’humanité et cette histoire à la chute aussi réussie qu’inattendue est d’une noirceur et d’une réalité qui donne à réfléchir. Quand la justice s’emmêle les pinceaux, les dommages collatéraux s’accumulent.

Ma note

4,5/5

HUMOURPOLICIER

L’HOMME AU STYLO (MARCEL IDIERS)

Le résumé du livre

Le commissaire Poupart est appelé dans un théâtre parisien suite à l’assassinat de la comédienne Mona Stella. En réalité, celle-ci n’était qu’évanouie. Un individu lui a fait livrer une corbeille de roses, a soudoyé son habilleuse et s’est présenté sous le nom de Maxime Fontani, imprésario voulant lui proposer un contrat mirifique. Il en a profité pour lui injecter un somnifère et lui dérober ses bijoux. Les méthodes employées amènent Poupart à penser qu’il a affaire à l’insaisissable « homme au stylo ». Peu après, un jeune journaliste et un détective privé nommé Furet se lancent à leur tour sur la piste du voleur…

Ma critique

« L’homme au stylo » se présente comme un roman populaire et feuilletonesque dans l’esprit du célébrissime Arsène Lupin. En effet, le héros vole aux riches pour donner aux pauvres, ridiculise ses poursuivants et, tel un véritable Frégoli, change en permanence d’aspect et de déguisement, se rendant ainsi quasiment impossible à capturer. La trentaine, joli garçon, grand, mince et élégant, il habite un appartement trois pièces dans une rue calme d’un quartier chic du vieux Passy. Insaisissable et mystérieux, ce voleur gentleman, ne tue jamais et choisit ses victimes parmi les individus qui ont acquis leur richesse de façon peu recommandable. Adepte du déguisement, mais uniquement lorsqu’il n’est pas sur un coup, il a l’habitude d’opérer avec un stylo dissimulant une seringue Pravas qui lui permet d’injecter un liquide opiacé capable de provoquer un sommeil immédiat chez la personne qu’il a choisie de neutraliser. Datant de 1945, ce roman, bien écrit et qui n’a pas pris une ride, reste un agréable divertissement sans autre prétention.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

SABLES MOUVANTS À BENODET (SERGE LE GALL)

Le résumé du livre

À Sainte Marine, non loin de Bénodet, une jeune femme est violée puis mutilée sauvagement avant d’être achevée à l’aide d’un pied de parasol planté sous le sternum. Stéphanie Rannou et Lorraine Boucher, future magistrate, qui se promènent dans le coin, assistent à la fin de ce supplice barbare. Stéphanie tente d’intervenir, mais le tueur parvient à s’échapper grâce à un petit canot caché non loin de là. Un peu plus tard, elles s’invitent dans l’enquête menée par le commissaire Landowski qui les connait pour les avoir déjà rencontrées lors d’une précédente affaire…

Ma critique

« Sables mouvants à Bénodet » est un thriller à la française assez bien mené avec son habituelle kyrielle de cadavres, son serial killer psychopathe torturé et ses scènes gore répugnantes à souhait. Le style est agréable et efficace. Tous les ingrédients du genre sont réunis pour une narration plutôt distrayante. Le lecteur ne pourra faire qu’un seul et unique reproche : un certain manque de vraisemblance. Les évènements s’enchainent trop bien, les coïncidences sont trop parfaites. Dans la vraie vie des vrais gens, jamais rien ne se goupille comme ça. Ceci dit, le cadre est bien décrit, les personnages sont intéressants bien qu’un peu stéréotypés et l’intrigue permet un bon moment de divertissement, rien de plus. Les amateurs du genre apprécieront.

Ma note

3/5

BIOGRAPHIESPOLICIER

SHARKO, HENEBELLE, COUPLE DE FLICS (FRANCK THILLIEZ)

Le résumé du livre

Franck Sharko est un flic qui a beaucoup souffert. Il a perdu sa femme Suzanne et sa fille Eloïse dans un accident de voiture. Pour ne rien arranger, il souffre d’une forme particulière de schizophrénie paranoïde. Son grand plaisir, c’est de voir rouler sur ses rails sa locomotive Poupette. Lucie Henebelle, mère célibataire de deux adorables jumelles Clara et Juliette, vient d’un milieu modeste. Elle est tout autant cabossée par la vie que son collègue et ami Sharko. Son compagnon l’a quittée à l’arrivée des jumelles et un psychopathe, Grégory Carnot, les a enlevées sur la plage des Sables d’Olonne alors qu’elles étaient parties s’acheter des glaces. Comme on n’a retrouvé que le corps calciné de Clara, Lucie s’imagine que Juliette est toujours vivante.

Ma critique

« Sharko, Henebelle, couple de flics », présenté comme une petite anthologie biographique, est composé d’une série d’extraits des principaux romans de Franck Thilliez (« Syndrome E », « Gataca », « Atomka » et autres…). Mis bout à bout, ceux-ci permettent de retracer la vie des deux héros récurrents de l’auteur, suivre leurs deux parcours, leur descente aux enfers et finalement leur reconstruction. Cela n’apprendra pas grand-chose aux lecteurs les plus attentifs et les plus fidèles mais permettra aux autres de bien se remémorer le « background » de ces deux flics si humains et si touchants. Intéressant et gratuit, pourquoi s’en priver ?

Ma note

4/5

POLICIER

SAS, LE DOSSIER K (GÉRARD DE VILLIERS)

Le résumé du livre

Plus de huit années après la fin de la guerre en Bosnie, Radovan Karadzic, président de l’éphémère République Serbe de Bosnie et criminel de guerre recherché par le tribunal international de La Haye, est toujours en cavale. Seul Sulejman Brancevo, un agent des services secrets bosniaques cherche encore à le capturer alors que toutes les tentatives précédentes ont échoué. Lui, comme tant d’autres, échouera dans des conditions dramatiques. Finalement, sur ordre direct du président américain, ce sera au prince Malko Linge, le célèbre SAS, de reprendre cette traque impossible dans un pays toujours hanté par ses vieux démons.

Ma critique

« Le dossier K » est le 165ème tome des aventures de l’espion aristocratique doublé d’un authentique playboy. L’intrigue laisse un peu à désirer, émaillée qu’elle est d’une longue suite d’échecs un peu lassants dans cette chasse à l’homme interminable. En superhéros récurrent, Malko échappe à toutes les embûches et à tous les pièges placés sur son chemin par les méchants nationalistes serbes et trouve quand même le temps d’une belle série de rapports sexuels minutieusement décrits. Ce côté racoleur mis de côté, le principal intérêt de cet ouvrage de grande consommation reste une documentation impeccable autant sur les faits historiques que sur le contexte géo-politique. La fin romanesque et les diverses péripéties amoureuses restent du domaine du simple divertissement.

Ma note

3/5

POLICIER

DES MORTS QUI DÉRANGENT (P.I. TAÏBO II – SOUS COMMANDANT MARCOS)

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Le résumé du livre

Un certain Alvarado, récemment assassiné, téléphone d’outre-tombe pour accuser une sombre crapule d’extrême-droite, Morales, de crimes, trahisons et de nombre d’exactions tant à Mexico qu’au Chiapas. Le sous- commandant Marcos nomme un indien, Elias Contrarios pour mener l’enquête et retrouver Morales. Il sera aidé dans sa tâche par Hector Belascoaran, détective borgne qui « voit seulement la moitié de ce que voient les autres mais de manière plus nette » et héros récurrent des romans de P.I.Taïbo II, ainsi que d’un groupuscule zapatiste appelé « Personne ».

Ma critique

Improbable roman policier ne s’encombrant pas trop de vraisemblance, ce livre écrit à quatre mains avec le célèbre sous-commandant Marcos, personnage emblématique de la contestation indienne, devrait rencontrer le succès de curiosité escompté par l’éditeur. Il est bien évident que l’intérêt d’un tel bouquin n’est ni dans son intrigue peu élaborée, ni dans le style de ses auteurs (langage parlé pour Taïbo et rapport type comité central pour Marcos) mais dans la description apocalyptique d’une société mexicaine en proie à mille maux: corruption, prévarication, assassinats, trahisons, tueries et saccages en tout genre. Si l’on croit ce qu’on nous raconte, c’est pire que tout ce qu’on peut s’imaginer vu d’ici. Bien entendu, ce genre de texte relève plus de la propagande que de la littérature avec son côté manichéen (les gouvernements sont tous pourris, les zapatistes tous charmants) un tantinet agaçant à la longue.

Ma note

2,5/5

POLICIER

DEBOUT LES MORTS (FRED VARGAS)

debout-les-morts

Le résumé du livre

Un matin, une ancienne cantatrice célèbre découvre dans son jardin un arbre qu’elle ne connaît pas. Elle s’inquiète, elle en perd le sommeil alors que son mari ne s’y intéresse pas le moins du monde. Elle finit par demander de l’aide à trois étudiants en Histoire qui habitent la maison voisine. Elle leur demande de creuser sous l’arbre, au cas où… Bien sûr, ils ne trouvent rien. Un peu plus tard, la cantatrice disparaît et on croit retrouver sa dépouille calcinée…

Ma critique

Ainsi débute une enquête policière menée par trois étudiants et un vieux commissaire ripoux et déchu, Vandoosler, sorte d’Adamsberg un peu plus âgé. Cette fois, Fred Vargas a vraiment travaillé son histoire. Les rebondissements et les fausses pistes ne manquent pas. Il faut vraiment aller jusqu’au bout pour découvrir le pot aux roses. Un roman policier de facture ultra classique, digne des grands spécialistes du genre. Seul léger reproche : le style est un peu verbeux, on se perd dans des détails inutiles, mais on passe néanmoins un bon moment… Pour les amateurs du genre…

Ma note

4/5

POLICIER

ANTITHESE (JEAN-BAPTISTE FERRERO)

antithese

Le résumé du livre

À l’université Paris XV, Thomas Fiera, enquêteur privé un peu désabusé, se présente au département linguistique en compagnie d’une certaine Héloïse, étudiante rencontrée en chemin. Il a rendez-vous avec Paul Dubreuil, le responsable de la recherche, qui s’inquiète d’un trafic de vrai faux diplômes. Les faussaires auraient bénéficié de diverses complicités à l’intérieur même de la faculté. Fiera, Héloïse et ses autres compères vont vite s’apercevoir que cette affaire débouche sur des rivages beaucoup plus crapuleux qu’ils ne l’imaginaient au début…

Ma critique

« Antithèse » est un roman noir et d’atmosphère policière qui se dévore quasiment sans possibilité de le lâcher. L’intrigue est assez mince et les développements plutôt faciles pour ne pas dire téléguidés. Fiera et ses amis, lancés sur les traces d’un réseau d’infâmes trafiquants de chair humaine en provenance des pays de l’Est, ne font pas dans la dentelle. Ils y vont franco au décarpillage et au sulfatage dans un registre très « Tontons Flingueurs » ! En fait, tout le plaisir du lecteur vient de la truculence de l’auteur qui a un style très personnel et tout à fait dans la ligne des plus grands de ce genre particulier de polar. Il y a chez lui du Frédéric Dard pour la gauloiserie, de l’Audiard pour le recours à l’argot et aux expressions imagées et de l’Alphonse Boudard pour le ton décalé et teinté d’humour noir. Sans parler de sa galerie de personnages, hauts en couleurs, caricaturaux jusqu’à l’improbable et marginaux bien déjantés. Un vrai régal à conseiller à ceux qui cherchent un roman de divertissement de bon aloi qui ne prend pas la tête.

Ma note

4,5/5

ESSAISHISTORIQUEPOLICIER

UNE SI JOLIE PETITE FILLE (GITTA SERENY)

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Le résumé du livre

En 1968, à quelque temps d’intervalle, deux petits garçons de 3 et 4 ans sont retrouvés étranglés à Newcastle on Tyne, en Grande-Bretagne. Très vite, les soupçons de la police se portent sur deux gamines de 13 et 11 ans, Norma et Mary Bell. Cette dernière sera seule condamnée à la perpétuité, placée dans un premier temps dans un centre d’éducation fermé, puis dans une prison pour femme dès ses 14 ans. Elle n’en sortira qu’en 1980, c’est-à-dire 12 années plus tard à l’âge de 23 ans. L’affaire ayant révulsé l’opinion publique, elle devra se cacher et bénéficier d’une nouvelle identité pour tenter de se bâtir une nouvelle vie. Trente années plus tard, l’auteure, ayant déjà écrit un premier livre sur celle-ci, retrouve Mary Bell, maintenant mariée et mère d’une petite fille.

Ma critique

Ce livre n’est en aucun cas un roman. C’est plutôt un long reportage, une longue et très fouillée enquête journalistique donnant à connaître dans ses plus infimes détails le parcours d’une enfant du peuple devenue meurtrière. En découvrant son enfance en compagnie d’une mère prostituée la livrant à des pédophiles et un père peu présent et n’étant d’ailleurs pas le sien, le lecteur comprendra les raisons profondes de ces gestes monstrueux. L’auteure ne les excuse évidemment pas. Elle préfère chercher des explications et surtout ne se cache pas pour condamner une société qui fait passer une enfant devant un tribunal pour adultes, ne lui propose aucun soin psy et ne lui laisse faire que fort peu d’études. D’une lecture un peu laborieuse et ne permettant pas d’entendre la voix des victimes, « Une si jolie petite fille » pose plus de questions qu’il n’en résout et laisse un goût amer une fois la dernière page atteinte.

Ma note

2,5/5

POLICIER

TANGO PARANO (HERVE LE CORRE)

tango-parano

Le résumé du livre

À Bordeaux, Elise Dulac, une jeune secrétaire médicale, est assassinée. Les capitaines Schmidt et Cousin, responsables de services secrets font appel à Henri Vallès, un ancien flic rayé des cadres suite à une longue maladie mentale. Ils lui proposent d’infiltrer une secte particulièrement pernicieuse. Vallès accepte en ne se faisant pas d’illusions sur la dangerosité de l’affaire. Il commence son enquête chez son propre psy qui aurait été un des plus farouches adversaires de la secte et croise la route d’une certaine Edmonde, beauté fatale dont il tombe immédiatement amoureux. Les cadavres vont s’accumuler, les coups tordus et les manipulations également…

Ma critique

« Tango Parano » est un polar plutôt atypique. Ce n’est ni un thriller à l’américaine, ni un roman policier à suspects multiples, ni un roman noir, mais quelque chose de parodique, de très français et d’assez proche de l’esprit des Frédéric Dard, des Alphonse Boudard et autres Michel Audiard. L’intrigue qui est plutôt secondaire, moyennement construite et avec une fin improbable, importe moins que le style à la fois descriptif, décalé et un tantinet humoristique. Le Magazine Littéraire parle d’une « écriture minutieuse et flamboyante », ce qui est bien vu. Le revers de la médaille est une certaine lenteur narrative et une bizarre fixation sur la nourriture et sur le sexe. Ces petits bémols précisés, cet ouvrage reste agréable et mérite l’attention des amateurs ne serait-ce que pour la très belle plume de Le Corre.

Ma note

3/5

POLICIERROMANCE

LE TOUTAMOI (ANDREA CAMILLERI)

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Le résumé du livre

Arianna est une très belle jeune femme qui a eu une enfance et une adolescence difficile. Elle est mariée en secondes noces avec Guilio, un riche industriel italien impuissant. Le couple a trouvé un subterfuge simple pour pallier cette difficulté sexuelle. Guilio choisit de jeunes hommes pour sa femme et assiste à leurs ébats. En général, Arianna ne couche qu’une fois ou deux avec chaque amant et en change une fois par semaine environ. Mais un jour, elle rencontre Mario, un jeune étudiant aussi efflanqué que fougueux, qui tombe amoureux d’elle et ne veut plus la quitter…

Ma critique

« Le toutamoi », présenté comme un roman noir, relève plutôt du registre sentimental ou érotique. En effet, l’intrigue, très peu policière, repose sur la description des rencontres et rapports physiques entre Arianna et ses jeunes amants d’un jour. Le personnage principal est intéressant, ne serait-ce que par son psychisme très particulier, ce besoin de tout maîtriser, ce désir de jardin secret, ce « touamoi », endroit étrange, gardé par un crâne de vache doté de pouvoirs maléfiques, dans lequel elle se réfugie pour jouer à la poupée. Le style de Camilleri est fluide et sa prose agréable à lire. Ce court roman atypique et un peu borderline peut donc se dévorer très rapidement, ce qui semble être sa plus grande qualité.

Ma note

2,5/5

HISTORIQUEPOLICIER

LA VILLE DES MORTS (SARA GRAN)

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Le résumé du livre

Dans la ville de la Nouvelle Orléans, sinistrée par l’ouragan Katrina, la détective privée Claire DeWitt se lance dans la recherche d’une personne disparue au lendemain de l’inondation, Vic Willing, célèbre procureur, à la demande de son neveu, Léon. L’enquête s’annonce longue et difficile et l’enquêtrice aussi fantasque qu’hors norme. Elle s’efforce de suivre les préceptes d’un certain Silette, privé français auteur d’un livre assez abscons sur le sujet, intitulé « Détection ». Elle n’hésite pas à chercher son inspiration dans le Yi-Jing et vit dans le regret de l’amitié perdue de ses deux complices de jeunesse Tracy et Kelly…

Ma critique

« La ville des morts » est plus un roman d’ambiance qu’un roman policier classique. Sara Gran fait merveille pour projeter le lecteur dans le monde dévasté de la ville submergée, nous fait rencontrer toutes sortes de personnages plus ou moins marginaux plus qu’elle ne nous mène de piste en piste, d’indice en indice ou de coupable potentiel en coupable potentiel. On l’aura compris Sara Gran n’a rien à pas grand-chose en commun avec Agatha Christie tout comme Claire DeWitt est à l’exact opposé du célèbrissime Sherlock Holmès. Avec cette sympathique paumée largement déjantée, foin de logique ou de cartésianisme, bonjour l’intuition, les baguettes chinoises et les rêves prémonitoires. Le lecteur est tellement bluffé par ses méthodes improbables qu’il ne s’étonnerait même pas qu’elle trouve l’inspiration dans le marc de café, les tarots ou les tables tournantes. Si on y ajoute le style fluide, agréable, vivant et le regard plein d’humanité de l’auteure, on obtient forcément un agréable moment de lecture finalement assez peu policière au sens propre du terme, mais qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse !

Ma note

3,5/5

POLICIER

LA MADONE DE NOTRE DAME (ALEXIS RAGOUGNEAU)

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Le résumé du livre

Le lendemain du 15 août, une jeune femme est retrouvée morte, étranglée, dans une chapelle de la cathédrale Notre-Dame à Paris. La veille, lors de la procession en l’honneur de la Vierge, elle s’était fait remarquer par une tenue provocante, tout de blanc vêtue, robe ultra-courte et hauts talons. Un jeune intégriste blond l’avait éjectée du cortège manu militari. Il n’en avait pas fallu plus pour l’inculper de meurtre. Mais comme il n’avoue pas et finit même par se suicider, le père Kern décide de reprendre l’enquête là où la police et la justice l’ont laissée, c’est-à-dire quelque part dans la poubelle des affaires classées.

Ma critique

« La madone de Notre-Dame » est un honnête roman policier de facture classique qui met en scène toute une galerie de personnages bien pétris d’humanité comme le père Kern, enquêteur ecclésiastique aussi souffreteux que maladroit, une magistrate stagiaire plutôt rigide, deux flics pas piqués des hannetons, un taulard étudiant le droit, une dame-pipi, un clochard polonais et quelques autres. L’intrigue est bien menée. Le récit est entrelardé de séquences se passant pendant la guerre d’Algérie dont le lecteur se demande au début ce qu’elles viennent faire. Ce n’est qu’à la fin, à l’énoncé du nom du sous-lieutenant, que tout s’éclaire. Le style de l’auteur est fluide et agréable. Ce livre, qui se dévore plus qu’il ne se lit, procure un très agréable moment de détente.

Ma note

4/5

POLICIERTHRILLER

LE MOINEAU ROUGE (JASON MATTHEWS)

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Le résumé du livre

De nos jours, à Moscou, Nate Nash, jeune agent de la CIA, se laisse surprendre par le contre-espionnage lors d’un contact avec MARBRE, général respecté et importante taupe agissant à l’intérieur des services secrets russes. Nate parvient néanmoins à regagner son ambassade sans que la taupe ne soit démasquée. Etant grillé, il doit quitter Moscou, être exfiltré vers la Finlande et rejoindre l’antenne de la CIA à Helsinki. Pendant ce temps, Dominika, ancienne danseuse, après une formation très particulière à l’école des « Moineaux », ces espionnes russes spécialisées dans les rapports sexuels avec des étrangers pour leur soutirer des renseignements, séduit un diplomate français et se laisse surprendre en pleins ébats. Scandale parfaitement mis au point et début d’une double manipulation particulièrement vicieuse.

Ma critique

Bien que racontant une histoire d’espionnage se déroulant sous le règne du nouveau tsar Poutine, « Le moineau rouge » est un ouvrage qui semble avoir été écrit dans les années soixante-dix, en pleine guerre froide, tant les méthodes des services secrets russes ressemblent trait pour trait à celles du KGB de la grande époque. Cet ouvrage donne l’impression d’être un vieux roman de John Le Carré surtout par le côté technique très bien documenté, ce qui n’a rien d’étrange, l’auteur ayant passé plusieurs décennies dans l’agence de renseignement américaine. Cette double affaire de taupes au plus haut niveau démarre assez bien mais l’intérêt retombe très vite, car le rythme narratif est beaucoup trop lent. Trop de détails, trop de descriptions de lieux ou de repas. Chaque chapitre est même terminé par une recette plus ou moins succulente. Au total, une bonne quarantaine, de quoi remplir un livre de cuisine. À noter également de nombreuses phrases en russe (phonétique) pas toujours traduites, ce qui ne facilite pas la compréhension si on ne comprend pas cette langue. Au total, un livre intéressant par son contexte, mais un peu ennuyeux par sa forme en dépit d’une légère accélération des évènements vers la fin.

Ma note

3/5

POLICIERSCIENCE-FICTION

BABYLON BABIES (MAURICE G. DANTEC)

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Le résumé du livre

Toorop, soldat de fortune et ex-mercenaire en Bosnie et au Kazakhstan, est chargé de convoyer d’Asie Centrale jusqu’au Canada Marie Zorn, une jeune schizophrène semi-amnésique porteuse d’une arme biologique révolutionnaire pour le compte d’un officier corrompu des services secrets russes qui lui-même travaille pour la mafia sibérienne. Réussira-t-il sa mission au milieu de sectes post-millénaristes, de scientifiques apprentis sorciers et de gangs de bikers déjantés qui se livrent à des guerres sans merci à coup de lance-roquettes ?

Ma critique

Le livre culte de Maurice G. Dantec nous entraîne dans une sorte de maelström d’anticipation où tous les grands thèmes sont abordés sur des bases plus ou moins scientifiques : le clonage, l’immortalité, l’intelligence artificielle, l’influence des drogues hallucinogènes, le phénomène sectaire, la transmission de pensée et la télépathie par le biais de machines devenues intelligentes. On l’aura compris, ce livre relève de la pure science-fiction. On se demande d’ailleurs pourquoi il est référencé comme « policier » par Gallimard… Malgré un aspect général brouillon et foisonnant, des personnages venus de nulle part qui apparaissent puis disparaissent et des évènements qui se produisent sans crier gare, l’auteur arrive à ménager un véritable suspens et à maintenir en alerte l’attention du lecteur qui ne peut lâcher le livre avant l’apothéose finale. À ne pas manquer.

Ma note

4/5

POLICIER

LES LOUPS BLESSES (CHRISTOPHE MOLMY)

 

les-loups-blesses

Le résumé du livre

Un braquage de fourgon blindé en région parisienne par une équipe composée de deux voyous de banlieue, Imed et Nordine Belkiche, et d’un Corse prénommé Doumé, tourne au drame. Attaqués à l’arme lourde, deux convoyeurs de fonds sont abattus froidement et tout cela pour un butin des plus modestes. Quand il apprend la nouvelle, Matteo Astolfi, voit rouge. Il en a assez des sottises de son jeune frère Doumé et voudrait bien lui-même finir en beauté. Renan Pessac, commissaire blanchi sous le harnais et relativement désabusé se retrouve chargé d’une affaire qui va tourner au bras de fer entre Matteo et lui, au combat à mort entre deux loups blessés.

Ma critique

« Les loups blessés » est plus un roman noir qu’un roman policier à énigme et suspects multiples, style « whodunit » (cf Agatha Christie et consoeurs). Ancien patron de la BRI, Molmy sait de quoi il parle et ce qu’il raconte sent le vécu. Il permet au lecteur d’assister à tout, aussi bien côté flics que côté voyous, ce qui est relativement intéressant, car on ne vit pas la même chose selon le camp où l’on se trouve. Quoique. Les caractères sont aussi bien trempés que bien décrits. L’intrigue est bien menée, intéressante, crédible. Seul bémol : dans un désir louable de précision technique, l’auteur décrit tout par le menu, jusqu’aux plus infimes détails d’une filature ou d’une planque, ce qui ralentit un peu trop à mon goût le rythme de la narration. Il n’en demeure pas moins que ce livre permet de passer un bon moment de lecture et pourrait certainement donner lieu à une belle adaptation cinématographique.

Ma note

3,5/5

POLICIERTHRILLER

UNE VRAIE FAMILLE (VALENTIN MUSSO)

 

Une vraie famille, Valentin Musso

 

Le résumé du livre

 » Il s’appelle Ludovic, c’est du moins le prénom qu’il a donné. Un jeune homme simple et sans histoires. En apparence. Les Vasseur, un couple de Parisiens retirés dans leur résidence secondaire en Bretagne à la suite d’un drame personnel, l’engagent pour quelques travaux de jardinage. Le mystérieux garçon sait rapidement se rendre indispensable et s’installe dans leur vie. Quand les Vasseur commencent à se poser des questions et à regretter de lui avoir ouvert leur porte, il est déjà trop tard. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que leur cauchemar n’a pas encore commencé. Car la véritable menace qui pèse sur leur maison n’est pas du tout celle qu’ils croyaient. « 

Ma critique

Non loin de Ploermel, en Bretagne, la voiture de François Vasseur, professeur à l’université en longue maladie est victime d’une crevaison. Alors que le conducteur peine à changer de roue sous une pluie battante, Ludovic, jeune chômeur venu du Nord, vient à son aide. Quelques jours plus tard, François et Mathilde, son épouse, le retrouvent et lui proposent quelques travaux de jardin dans leur maison isolée. Le jeune homme travaille si bien que le couple lui confie toutes sortes de travaux de rénovation et finit même par l’héberger en permanence. Mais qui est vraiment Ludovic ? Et quel drame secret cache ce couple de Parisiens venus se réfugier au fin fond de la lande bretonne ?

« Une vraie famille » se situe aux confins du thriller à la française et du roman noir. À l’exception d’une première scène particulièrement violente et dont on ne comprend l’importance que beaucoup plus loin dans la narration, tout démarre très en douceur, de façon agréable et policée et ne bascule dans le drame qu’à mi-course. L’une des grandes forces de ce roman réside dans l’effet de surprise assez époustouflant de ce premier rebondissement puis dans l’enchainement épouvantable qui s’ensuit. La seconde tient à la grande qualité des descriptions psychologiques des personnages, tous attachants avec leurs fêlures ou leurs blessures diverses et variées. Et la dernière, mais pas la moindre, se trouve dans la belle plume de Valentin Musso, à la fois élégante, sobre, précise et détaillée.

Ma note

4/5

Un ouvrage particulièrement réussi que l’on ne peut que conseiller à toutes celles et à tous ceux qui cherchent un polar original et de grande qualité qui aborde avec maestria les conséquences funestes des traumatismes post-attentats.

POLICIERTHRILLER

HYENAE (GILLES VINCENT)

 

 

Le résumé du livre

 » Dans les quartiers, les campagnes, aux abords des écoles, des fêtes foraines, des prédateurs rôdent, chassent et emportent nos enfants. Quatre ans que Camille a disparu. À la sortie de l’école, elle est montée dans une camionnette blanche, et depuis, plus rien. Quatre ans sans nouvelles, sans demande de rançon, sans la moindre piste. Et brusquement, une vidéo surgie de nulle part. Depuis quatre ans, Sébastien Touraine, détective privé, s’est coupé du monde. Depuis que cette gamine a été enlevée à Marseille. Depuis qu’il sait qu’elle n’est pas la seule… Pour aider la commissaire Aïcha Sadia, sa compagne, il va devoir replonger dans une enquête aux confins du supportable. Et pour débusquer le chasseur dont il est devenu la proie, plus d’autre choix que de jouer sa vie et celle des autres… « 

Ma critique

Dans les quartiers nord de Marseille, la commissaire Aïcha Sadia procède à une arrestation délicate, pendant laquelle ressurgit une cassette video pédopornographique surgie de nulle part. Aïcha se lance alors sur la piste d’un réseau qui pratiquerait des enlèvements d’enfants suivis de sévices et tortures de toutes sortes pour alimenter les fantasmes malsains de déséquilibrés et obsédés sexuels. Ainsi, quatre années plus tôt, la jeune Camille est montée dans une fourgonnette blanche et n’a jamais été retrouvée. Aidée de son compagnon, Sébastien Touraine, lui-même détective privé, Aïcha parviendra-t-elle à démanteler cette malfaisante filière ?

« Hyenae » est un thriller et un roman noir particulièrement réussi et magnifiquement écrit. Impossible de lâcher ce page-turner digne des plus grands (King, Thilliez, Chattam, Coben et autres). Le lecteur est scotché, glacé, épouvanté devant tant d’horreurs et de monstruosité. Il ne peut que se demander comment l’être humain peut se comporter aussi mal. Il n’est parfois pas très loin d’avoir le cœur au bord des lèvres. Les amateurs de sensations fortes ne manqueront pas semblable expérience. Quant aux âmes sensibles, elles pourront se dispenser. Il n’en demeure pas moins que Gilles Vincent rejoint grâce à ce livre le panthéon des grands maîtres de ce genre particulier de littérature.

Ma note

4,5/5