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LA FRONTIERE (MAURICE LEBLANC)

Le résumé du livre

Sur la ligne de crête des Vosges, au début de l’autre siècle, le vieux Morestal, vétéran de la guerre de 70, constate qu’un poteau marquant la frontière côté allemand a été abattu. Dans sa maison de maître située à quelques encablures, il attend avec son épouse la venue de leur fils Philippe, accompagnée de son épouse Marthe. Farouche patriote, Morestal, qui a réussi comme patron d’une petite scierie, vit dans la honte de la défaite de 1870 et dans l’espoir d’une nouvelle confrontation avec les Prussiens qui, cette fois, pourrait tourner à notre avantage et nous permettre de récupérer l’Alsace et la Lorraine. Professeur à Paris, son fils Philippe a des idées diamétralement opposées. Pacifiste convaincu, il a écrit deux livres sur la question dont le dernier est paru anonymement pour ne pas froisser ses proches. Philippe rêve d’un monde où l’amour de l’humanité ne s’arrête pas aux frontières d’un pays. Mais quand un certain Dourlowski, colporteur un peu louche, prévient Morestal qu’un soldat alsacien, Jean Baufeld, s’apprête à déserter pour rejoindre la Légion, le drame se noue. Morestal qui connait la région comme sa poche et peut aider Baufeld à trouver les points de passage se met en route de nuit avec son fils et un ami…

Ma critique

« La frontière » est un roman de fiction prémonitoire publié en 1911. Il ne s’agit pas d’un roman policier comme en produisit tant Maurice Leblanc, mais d’une projection dans un futur proche. L’auteur imagine ce qu’un simple incident de frontière pourrait engendrer comme conséquences si les deux parties campaient sur leurs positions tranchées voire de mauvaise foi et en arrivaient logiquement et par paliers jusqu’à un conflit mondial. À cette époque, une simple étincelle suffisait pour faire exploser le baril de poudre Il y ajoute une histoire d’amour assez dramatique et bien pétrie de faiblesse humaine. Il se montre fin psychologue et parfait narrateur. Le style est d’une telle qualité et d’une telle fluidité que l’ouvrage se dévore en un temps record. Un des nombreux intérêts de ce livre qui n’a pas pris une ride réside surtout dans la présentation des points de vue antagonistes des patriotes et des pacifistes (style Jaurès ou Anatole France). Bien qu’étant lui-même radical-socialiste et libre-penseur, Leblanc a la finesse de ne pas prendre parti ni pour le père ni pour le fils. Il se contente de présenter les arguments, laissant la liberté au lecteur de se faire une opinion sur une problématique qui se pose malheureusement encore aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard. Il faut lire et relire Maurice Leblanc et pas seulement les « Arsène Lupin » !

Ma note

4,5/5

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