COLORADO SAGA (JAMES A. MICHENER)
Le résumé du livre
Du magma en fusion des premières pages de l’ouvrage, le lecteur passe aux ancêtres des chevaux montant au Nord pour franchir le détroit de Béring beaucoup plus large à l’époque, puis aux bisons qui suivent l’itinéraire inverse avant d’en arriver à l’homme dont nul ne sait quand il s’installa au Colorado. Quelques tribus indiennes ayant sans doute suivi le même itinéraire commencèrent donc à s’installer dans l’Ouest. Parmi lesquelles, « Notre Peuple », celle de Castor Eclopé qui vit enfin son destin changer quand enfin elle disposa des premiers chevaux volés à une tribu voisine. Puis ce fut l’arrivée des premiers trappeurs européens avec Pasquinel, le Français qui avait une femme indienne et quelques enfants métis dans la prairie et une femme blanche en ville. Il constitue une fine équipe avec un grand Ecossais aussi roux que sérieux dénommé McKeag. Mais un jour, les castors trop chassés commencèrent à disparaître. C’est alors que le lecteur assiste à la longue, lente et pénible progression vers l’Ouest du couple improbable formé par Elly l’orpheline et Levi, le Mémmonite mis au ban de sa communauté pour n’avoir pas su se comporter correctement avec une « allumeuse »… Bientôt, la fièvre de l’or s’empare des lieux à cause de deux balles de ce métal fondues par un Peau Rouge innocent. Mais très vite, elle retombe, laissant la place aux immenses exploitations d’élevage de taureaux. Le lecteur suit une équipe de cowboys ramenant du Texas sur plus de 3000 km de pistes hostiles un immense troupeau de bovins. L’élevage amena la culture, d’abord sur des parcelles irriguées puis sur d’immenses plaines sèches, avec des résultats mitigés. Quelques belles récoltes et des saisons catastrophiques par manque d’eau ou tempêtes de vent (le fameux « dust bowl ») qui ruinèrent les paysans qui s’y risquèrent…
Ma critique
« Colorado saga » est une immense fresque historique aussi vivante que passionnante s’étalant sur plusieurs siècles et millénaires et sur près de mille pages. Un pavé qui est très loin d’être indigeste tant les évènements, les rebondissements et les personnages sont nombreux. Michener a fait œuvre d’historien de vulgarisation. Il nous raconte toute l’histoire d’un État américain et même de pratiquement tout l’Ouest, mais de manière vivante et non académique. Il se sert de personnages emblématiques, hauts en couleurs et bien pétris d’humanité pour nous faire comprendre les différentes vagues d’immigration, les difficultés de la cohabitation avec les allogènes, ou les problèmes de gestion des ressources naturelles qui finissent par se poser. Celui de l’eau en particulier qui est traité à la fin reste particulièrement prégnant aujourd’hui. Donc rien de lassant ni de rébarbatif, la partie romancée permettant de maintenir l’intérêt selon les bonnes vieilles méthodes de notre cher Alexandre Dumas. Le lecteur apprendra mille choses passionnantes sur cette « conquête de l’ouest » qui se fit souvent dans le sang, la sueur et les larmes avec de courageux trappeurs et agriculteurs, mais aussi avec de fieffées crapules comme l’escroc comédien qui dépossédait les fermiers en se servant de son épouse dans l’arnaque du mari berné ou avec de gros abrutis inconscients qui chassaient le bison, le chien de prairie, l’aigle blanc ou l’ours juste pour faire des cartons ou pour avoir un trophée empaillé sur un mur. Les questions indiennes puis mexicaines sont traitées avec honnêteté, même si Michener considère que certaines colonisations comme l’australienne furent pires que l’américaine qui fut plus brouillonne et moins systématique dans l’éradication. Un génocide, quelle que soit la manière dont il fut pratiqué, restera toujours un génocide dans les siècles des siècles.
Ma note
4,5/5